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respirer

respirer [ rɛspire ] v. <conjug. : 1>
• déb. XIIIe; « revenir à la vie » 1190; lat. respirare, de spirare
I
1 V. intr. Aspirer l'air dans les poumons, puis l'en rejeter. expirer, inspirer, souffler. Respirer par le nez, par la bouche. Empêcher de respirer. asphyxier, étouffer , étrangler. Respirer avec difficulté. haleter, suffoquer. Respirer bruyamment en dormant. ronfler. Respirer longuement, profondément. Respirer à pleins poumons.
(1768; par anal.) Exercer la fonction de la respiration. Les cellules, les plantes respirent. Abusivt La peau respire, évacue de l'eau, des déchets. ⇒ perspiration.
Laisser passer l'air. Les vêtements de coton respirent.
Loc. Respirer à l'aise, librement : se sentir à l'aise. « Toutes les fois que j'entre à Paris, j'y respire à l'aise, comme si je rentrais dans mon royaume » (Flaubert). Loc. Il ment comme il respire, avec naturel, facilité. « Tout homme crée sans le savoir Comme il respire » (Valéry).
2(1546) Avoir un moment de calme, de répit, éprouver une sensation de soulagement. Je commence à respirer. Ouf ! on respire ! « Si l'on mettait cette racaille en prison, [...] les honnêtes gens pourraient respirer » (Camus).
II
1 V. tr. (XVIe; « exhaler [une odeur] » 1298) Avoir un air de, dégager une impression de. exprimer, manifester. Elle respire la santé, l'intelligence. « C'était un homme à cheveux gris, dont le visage respirait la courtoisie, la bénignité » (Duhamel).
2 V. intr. Littér. Se manifester. « Ces yeux si beaux où respirait l'ennui le plus profond » (Stendhal).
III V. tr. (fin XVIe; infl. de aspirer) Aspirer par les voies respiratoires. absorber, humer, inhaler. Respirer le grand air, l'odeur des bois mouillés. « on lui fit respirer tant de sels et de vinaigres, qu'il ouvrit les yeux » (Balzac). renifler. « Une odeur respirée jadis » (Proust).

respirer verbe intransitif (latin respirare) Absorber et rejeter l'air par les voies respiratoires : Respirer par le nez, à fond. Vivre, être en vie : Il a cessé de respirer. Reprendre haleine, marquer un temps d'arrêt ; souffler : Laissez-moi respirer cinq minutes. Reprendre espoir, reprendre vie, être rassuré : Il est sauvé ; enfin, je respire. Exercer la fonction de respiration. Littéraire. En parlant d'un sentiment, se manifester avec évidence : Un visage où respire la franchise.respirer (citations) verbe intransitif (latin respirare) Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Je vous reproche de ne pas respirer à la hauteur où je respire. La Reine morte, I, 3, Ferrante Gallimardrespirer verbe transitif Absorber de l'air, un gaz, le laisser pénétrer par les voies respiratoires : Respirer des vapeurs toxiques. Sentir une odeur, un parfum, les percevoir par l'odorat : Respirer les senteurs de la forêt. Littéraire. Laisser apparaître avec évidence tel sentiment, tel état : Des lieux qui respirent l'ennui. Il respire la santé.respirer (synonymes) verbe transitif Absorber de l'air, un gaz, le laisser pénétrer par les...
Synonymes :
- aspirer
- inspirer
Sentir une odeur, un parfum, les percevoir par l'odorat
Synonymes :
- flairer
- humer
- inhaler
- renifler
- sentir
Littéraire. Laisser apparaître avec évidence tel sentiment, tel état
Synonymes :
- afficher
- exhaler
- manifester
- montrer
- offrir
- présenter
- révéler

respirer
v.
rI./r v. intr.
d1./d Absorber de l'oxygène et rejeter du gaz carbonique (êtres vivants).
|| Spécial. Ce blessé respire encore, est encore en vie.
d2./d Fig. Avoir un peu de répit. Laissez-moi respirer.
rII./r v. tr.
d1./d Aspirer par les organes respiratoires. Respirer un parfum.
d2./d Fig. Donner tous les signes extérieurs de. Respirer l'honnêteté.

⇒RESPIRER, verbe
I. A. — Empl. intrans.
1. [Le suj. désigne un être animé]
a) Aspirer et rejeter l'air pour renouveler l'oxygène de l'organisme. Respirer bruyamment, facilement, longuement, péniblement, profondément, rapidement, régulièrement; respirer par la bouche, par le nez; respirer à l'aise, à cœur joie, à pleine poitrine, à pleins poumons, avec difficulté; respirer avec force/vivacité, sans effort/peine. J'éprouve en grimpant sur les hauteurs une peine extrême à respirer et je m'essouffle après quelques pas d'ascension au point de perdre haleine (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 168). Le professeur d'éducation physique (...) doit obtenir que tous [les enfants] se tiennent droits, et sachent respirer (Encyclop. éduc., 1960, p. 129).
[Dans une constr. factitive] Faire respirer (qqn) dans un spiromètre. Puisque nos habitudes veulent que nous entassions dans nos salons plus de monde qu'ils n'en peuvent contenir, il faudrait penser à faire respirer ces foules (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 296).
À l'inf., à valeur de subst., en compos. La maison [est] évidemment donnée comme la condition actuelle du mieux-vivre, du mieux-respirer, donc du mieux-aimer (Elle, 5 sept. 1977, p. 36, col. 1).
P. métaph. On manquait d'air, dans la peinture, avant qu'ils [les impressionnistes] vinssent — depuis eux on s'est senti respirer mieux, une aisance charmante s'est réveillée dans notre art (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 163). [P. méton. du suj.] Palpiter. Le Nœud de vipères, dénoué par Mauriac, a laissé respirer plus librement des cœurs qu'il avait étouffés (Arts et litt., 1935, p. 80-4).
Loc. Faire qqc. comme on respire. Faire quelque chose naturellement, spontanément. Mentir comme on respire. Pour le reste, il faut lire, et relire, « Mon corps et moi », « la Mort difficile » ou « Babylone ». Ce sont des livres uniques de sincérité et d'éclat moderne. Crevel n'y est aux prises qu'avec son tourment perpétuel, il y écrit comme on respire, comme on suffoque (Le Nouvel Observateur, 16-22 mars 1989, p. 128, col. 3).
[Le suj. désigne un animal, un végétal] Les végétaux respirent aussi bien le jour que la nuit. Après l'arrachage, la betterave continue à respirer, c'est-à-dire qu'elle prend de l'oxygène à l'air, et qu'elle lui rend de l'acide carbonique aux dépens du sucre (SAILLARD, Betterave, t. 2, 1923, p. 176). Pour détacher les tiques, qui respirent par la partie postérieure du corps, on les enduit d'un corps gras (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 202).
b) P. méton. Être en vie. Le général respire à peine. Le bruit court qu'il se trouve mal (CHINCHOLLE, 1889 ds Rec. textes hist., p. 88). Ne pas/plus respirer. Être mort ou comme mort. Il me vient une peur imbécile (...): « Il ne respire plus, il est mort! » (PAGNOL, Fanny, 1932, III, 6, p. 191).
Arg. Oublier de respirer. ,,Mourir`` (LACASSAGNE, Arg. « milieu », 1928, p. 262).
c) ) Littér. Vivre. Tout ce qui respire. À peine échappée cette part de son secret, elle ne respirait plus que dans la crainte qu'un hasard le révélât tout entier (BERNANOS, Crime, 1935, p. 869).
) Reprendre haleine; avoir un moment de répit. Tu ne me laisses pas respirer avec tes questions (MARAT, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 278):
Utilisez les intervalles entre deux campagnes pour reposer, regrouper et entraîner les troupes. Cette période ne doit pas être trop longue, car il ne faut pas laisser à l'ennemi le temps de respirer.
BILLOTTE, Consid. strat., 1957, p. 40-11.
[P. méton. du suj.] Se sentir soulagé. Ils convinrent de procéder immédiatement (...) à l'arrestation de cinq ou six apaches (...). En apprenant ces mesures énergiques, Paris respira (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 377).
) MUS. Marquer une pause. La musique se compose d'une série de phrases mises bout à bout, et qu'il importe de faire ressortir selon les intentions du compositeur, au lieu de les dévider platement sans respirer (LA LAURENCIE, Éc. fr. violon, 1924, p. 98). L'instrumentiste ou le chanteur reprennent haleine pendant les silences. Ils respirent un instant et ces respirations momentanées s'appellent soupirs (ROUGNON 1935, p. 107).
2. Au fig. [Le suj. désigne un inanimé; p. réf. notamment]
a) [au bruit de la respiration, du souffle ou de l'émission vocale] Marie [d'Agoult] et lui [Liszt] se sont installés à Bellagio (...). De leur maison ils entendent respirer le lac (POURTALÈS, Vie Liszt, 1925, p. 74). Pourquoi la voix est-elle le plus émouvant des instruments de musique (...). Les cors peuvent « cuivrer » comme elle; et, comme elle, respirent tous ces instruments [cuivres] (MIGOT, Lex. termes mus., 1935, pp. 144-145).
b) [à l'ouverture de la bouche pour aspirer l'air] Les quais étaient noirs et comme morts; quelques fenêtres seulement, ouvertes, respiraient (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 372).
c) [au besoin d'air frais, d'oxygène; ici, en constr. factitive] Les ouvriers font respirer les lampes en les plaçant au débouché des canars qui amènent l'air frais (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 681).
d) [à l'augmentation et à la diminution du volume thoracique] L'espace scénique (...) peut s'élargir ou se rétrécir, se resserrer ou se dilater, respirer au rythme du drame (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 72).
e) [à l'association d'idée vie/respiration] En tournant le coin de l'étroite rue de l'église, une échappée de vue s'est ouverte sur des collines éloignées: un peu de clarté respirait encore à l'horizon (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 205). Au fond d'elles [les sources] le soleil était sur le sable, en une poussière de clarté vivante qui respirait (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1385).
B. — Empl. trans. [Le compl. désigne soit l'air, l'oxygène, des corps d'où provient une odeur, soit, au fig., des idées, des doctrines présentées comme pénétrant en celui ou celle qui les adopte]
1. [Le suj. désigne un être animé] Respirer qqc.
a) [Qqc. désigne l'air ou ce dont il est chargé] Écoutez les entretiens de ces enfants: leur voix est rauque, sourde et comme voilée par les miasmes impurs qu'ils respirent dans les établissements cotonniers (L. BLANC, Organ. trav., 1845, p. 47). Mon cher Léon, pendant que vous menez douce et joyeuse vie dans votre royal pavillon de La Muette (...) respirant le frais sous les ombrages séculaires de la plus belle forêt de France (...) nous rôtissons sur l'asphalte des boulevards (LA HÊTRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 176).
Rare. Respirer qqc. + inf. Il attendait que le matin prît cette allée (...). Il le respirait venir (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1334).
[Dans une constr. factitive] Faire respirer un cordial, un flacon de sels, des liqueurs spiritueuses, des plantes à odeurs entêtantes. On peut (...) faire respirer la vapeur de la décoction de quelques plantes aromatiques (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 120).
Synon. de inhaler. Contre la grippe: un nouveau vaccin « à respirer » est à l'étude (Le Point, 12 juin 1978, p. 103, col. 2).
[P. méton. du suj.] Son corps entier entrait dans la possession de ce bout de nature (...); ses narines le respiraient (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1334). Je l'aime [la nuit] avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Nuit, 1887, p. 1138).
P. métaph. [Le docteur] respirait dans cette chambre un parfum du ciel (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 85). Les paysans rentrant par les plaines tranquilles Prennent au crépuscule un accent éternel; Et la tristesse passe, en respirant le ciel Vaguement lumineux dans les eaux immobiles (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 134).
SYNT. Respirer le grand air, l'air vivace et pur (d'une région), la (forte) odeur des bois mouillés, des fruits, des senteurs (robustes); éviter de respirer un air froid, une atmosphère fétide, des vapeurs délétères, des fumées (de poudre et) d'incendie, des vapeurs irritantes, des substances aromatiques.
b) [P. méton. de l'obj.] Synon. de humer, flairer, sentir. Et à je ne sais quelle odeur de vétusté et de poussière répandue sous ces arches funèbres, on croiroit respirer les temps passés, et pour ainsi dire sentir les siècles (CHATEAUBR., Corresp., t. 1, 1799, pp. 17-18). Il respirait ses cheveux; son parfum sentait le parfum, comme tous les parfums, mais chez elle ça semblait presque une odeur naturelle (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 274).
Respirer qqn dans (les yeux, les cheveux). Et lui renversant la tête à deux mains sur ses genoux, elle le humait, le respirait, dans les yeux, dans les cheveux, partout, comme un bouquet (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 29).
Empl. pronom. réfl. L'enfant (...) était devenue une jeune fille (...) et, à son coucher, quand ses regards glissaient sur la rondeur fleurie de ses seins, jusqu'à la tache d'encre qui ombrait son ventre vermeil, elle souriait, elle se respirait un instant comme un bouquet frais, heureuse de son odeur nouvelle de femme (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 857).
Au fig.
Respirer qqc. dans qqn. Mais point une Lisette comme celle d'ici, ni la paix et le clair de lune que j'y respire (DELACROIX, Journal, 1822, p. 3).
Respirer qqc. sur qqn. À seize ans, si on l'avait baisé, Alban n'avait baisé personne. Mais il la laissait dire pour ne pas paraître un nigaud: il sentait bien qu'elle les respirait sur lui, ces baisers inexistants, avec un reproche mêlé d'envie (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 503).
Empl. pronom. à sens passif, p. métaph. À Domremy Jeanne se respire encore (BARRÈS, Amit. fr., 1903, p. 182).
c) [Le compl. désigne un affect, une période de temps révolu] Respirer l'allégresse de la victoire, une atmosphère familiale. Tout est plein d'un calme que je respire avec les yeux (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 117).
d) [Le compl. désigne le jour; dans des tournures nég. ou avec des verbes tels que cesser] Cesser de respirer le jour. Synon. de mourir. Lorsque j'aurai cessé, dans la vie infidèle, De respirer le jour, les feuilles et les eaux, Je laisserai mon ombre aux nymphes immortelles (NOAILLES, Cœur innombr., 1901, p. 115).
e) [Le compl. est un nom abstr.] Nous pouvons confronter l'œuvre de Phidias avec les doctrines philosophiques qu'il respirait (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 70). Empl. pronom. à sens passif. Puis on revint aux idées d'art qui, dans ce pays, se respirent avec l'air (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 138).
2. [Le suj. désigne un inanimé] [Le toit] descend des quatre côtés par une forte et égale pente; sur aucune face, la maison ne respire le grand air (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 49).
II. A. — [Le compl. désigne un inanimé plus ou moins abstr.]
1. [Le suj. désigne une pers.] Désirer, souhaiter ardemment.
a) Littér. Respirer + subst. Et il se peignit horrible, respirant la haine et la fureur, enfin un esprit infernal (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 282). [En constr. restrictive avec ne ... que] Ce même peuple, qui ne respirait que la défaite des gardes du roi, n'attendit pas qu'eux soldats eussent tiré tout-à-fait (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 535). Les Chicachas sont de valeureux guerriers; ils montent supérieurement à cheval, et ne respirent que la guerre (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 54).
b) Vx. Respirer de + subst. Tous ceux qui avoient perdu des parents ou des amis respiroient de vengeance (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 289).
2. a) [Le suj. désigne une pers.] Synon. exprimer, manifester. C'était une princesse Qui respirait la tendresse Loin de l'éclat des cours. Venez, venez, venez, mes amours! (BÉRANGER, Chans., t. 2, 1829, p. 102).
b) [Le suj. désigne un écrit, une œuvre] Synon. exprimer, exhaler, être empreint de. Ouvrage qui respire la vertu; articles de journaux qui respirent l'évasion, la fantaisie; sa peinture respire une grande mélancolie. Un nouveau recueil de poésies, les Consolations. Tout le livre respire la piété la plus vive et la plus tendre pour Victor Hugo (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 301).
♦ [Le suj. désigne un trait caractéristique d'un ouvrage, d'une œuvre,...] Les recueils de nos fabliaux (...) sont pleins de traits qui respirent cette liberté de penser, ce mépris des préjugés (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 106). L'ardeur de sa foi en sa mission; il [Virchow] l'a concentrée dans une formule dont la simplicité respire la grandeur: « le médecin est l'avocat naturel du pauvre » (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 655).
3. Arg. [Le suj. désigne une pers.]
a) Boire. Respirer une bouteille (ESN. 1966). Quand il fera vache, tire-toi en camplouse (...) respire des terreuses (...) Quand il fera chaud, va à la campagne (...) bois des bouteilles de vin (HOGIER-GRISON, Monde où l'on vole, 1887, p. 296).
b) Supporter, encaisser. Un coup dur à respirer. Résultat [de l'opération de police]: quarante kilos de blanche [d'héroïne] envolés (...). Un coup moche à respirer (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 91). Quarante kilos de came cravatés (...) C'est duraille à respirer, non! (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 118).
[Le compl. d'obj. désigne une pers.] Subir. [Une maîtresse] dure à respirer longtemps (ESN. 1966).
♦ [Dans une constr. du type se faire qqn] Se respirer qqn. Synon. de se farcir qqn. De toute façon fallait que je me le respire, ce pansu à tronche de traître, que je me le tartine, me le tortore (A. BOUDARD, La Cerise, 1972, p. 258 ds CELLARD-REY 1980).
c) Soupçonner, renifler. J'ai respiré le charriage (ESN. 1966). Je les ai fait marrer [les deux policiers qui te demandaient], en leur annonçant qu'on t'attendait pour dîner; ils ont respiré le charre [= le charriage] instantanément (SIMONIN, Cave se rebiffe, 1954, p. 221).
B. — Se manifester, s'exprimer (dans); se dégager (de).
1. [Le compl. de lieu ou d'orig. désigne une pers., p. méton., sa représentation, une partie de son corps, ses vêtements] Noblesse qui respire en la personne (de qqn); une profonde tristesse respire dans les traits de qqn; tout en (telle personne) respire le manque d'éducation. Ces yeux si beaux, où respirait l'ennui le plus profond, et, pis encore, le désespoir de trouver le plaisir, s'arrêtèrent sur Julien (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 281). Elle avait beau rire: un animal orgueil respirait dans sa voix qu'elle avait haussé à peine (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 100).
2. [Le compl. de lieu ou d'orig. désigne une œuvre, une œuvre d'art, une constr.] Cette mélancolie [de Delacroix] respire jusque dans les Femmes d'Alger, son tableau le plus coquet et le plus fleuri (BAUDEL., Salon, 1846, p. 128). Jusque dans cet hôtel de ville (...) respire le contraste d'un passé guerrier (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 372).
Prononc. et Orth.:[], (il) respire [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin XIIe s. respirer de qqc. « reprendre vie après avoir supporté quelque chose de douloureux, de pénible » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 35, 25) — 1559, AMYOT ds GDF. Compl.; b) 1640 absol. « se reprendre, avoir un peu de répit après une épreuve » (CORNEILLE, Cinna, 6); 2. 1210-30 absol. « attirer l'air dans sa poitrine puis le rejeter » (GUILLAUME LE CLERC, Ste Madeleine, 343 ds T.-L.); 3. XIIIe s. fig. « se manifester » (Ysopet de Lyon, 3309, ibid.); 4. ca 1300 trans. « exhaler (une odeur) » (GUILLAUME DE ST PATHUS, Mir. St Louis, éd. P. B. Fay, p. 64); 5. 1601 absol. « être vivant » (MONTCHRESTIEN, Hector, éd. Petit de Julleville, p. 56); 6. 1601 « souhaiter ardemment » (ID., Les Lacenes, p. 178); 7. 1768 « fixer l'oxygène de l'air et dégager du gaz carbonique (des plantes) » (VALM. t. 3, p. 518, s.v. plante). Empr. au lat. respirare « respirer, reprendre haleine, exhaler » et fig. « se reposer, se remettre, avoir du répit ». Fréq. abs. littér.:6 077. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9 433, b) 7 849; XXe s.: a) 8 494, b) 8 478.
DÉR. 1. Respir ou respire, subst. masc. [Dans des loc. pop. ou patoisantes] Respiration, haleine, souffle. Le trot, en descendant, coupait le respire à la grosse sévère (SAND, François le Champi, 1848, p. 92 ds L. VINCENT, Lang. et style rust. Sand, 1916, p. 174). Jusqu'au dernier respir. Pas un mot, et retiens ton respir! (COULABIN, Dict. loc. pop. Rennes, 1891). [Dans un style recherché] Je ne me demandai plus pourquoi j'étais là (...) aux côtés d'un homme qui n'avait marqué, d'aucun petit mouvement, d'aucun respir prolongé, d'aucun éclaircissement du visage, qu'il eût du plaisir à ce que nous fussions seuls (COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, p. 41). P. métaph. V. matagot2 ex. de Giono. Ce n'est pas seulement l'harmonie de quelques maisons anciennes, des constructions d'Aalto et du « design » qui nous ont esbrouffés mais l'ensemble finlandais, une fraîcheur, une pureté, un certain état d'esprit venu d'un vaste « respir » (Le Nouvel Observateur, 6 juin 1977, p. 57, col. 1). []. 1res attest. 1543 « respiration, souffle » (MAROT, Métamorphoses d'Ovide, II, 1506, éd. C. A. Mayer, t. 6, p. 212), rare, ds GOTGR. 1611 et un ex. déb. XVIIIe s. (FÉNELON ds DG), resté vivant dans les parlers région. (v. FEW t. 10, p. 308), répertorié dans la lexicogr. dep. Ac. Compl. 1842 qui le qualifie de ,,vieux``; déverbal de respirer. 2. Respirateur, adj. masc. et subst. a) Adj. masc., vx. Qui sert à la respiration. Muscles, nerfs respirateurs (LITTRÉ-ROBIN 1855). b) Adj. et subst. masc. (Appareil) respirateur. ) Hyg., méd. du travail. ,,Masque formé d'une couche d'ouate interposée entre deux parois de fils métalliques, et que l'on prescrit aux ouvriers de certaines professions insalubres pour tamiser l'air avant l'inspiration`` (Lar. encyclop.). ) Appareil qui permet (à un sujet sain) de respirer dans un milieu anormal (atmosphère délétère, raréfiée,...). Respirateurs pour sujets sains. Le sujet respire de lui-même des gaz oxygénés fournis par un appareil soit de type scaphandre vrai (prise d'air à distance), soit d'un type autonome (plongée sous-marine) (Pt Lar. Méd. 1976). ) Thérap. ou méd. Appareil d'assistance respiratoire, qui permet une ventilation artificielle des poumons. Cette équipe est dotée d'un appareil respirateur portatif à dépression fonctionnant d'une façon autonome (Organ. hospit. Fr., 1957, p. 36). Après avoir absorbé un mélange de valium et d'alcool, Karen Ann une belle fille de vingt ans, tombe soudain dans le coma. Son petit ami Tom Flynn la réveille en pratiquant le bouche-à-bouche. Puis rechute, dont le respirateur de police-secours n'arrive pas à la tirer (Le Nouvel Observateur, 19 avr. 1976, p. 48, col. 1). []. 1res attest. a) 1802 subst. (LAVEAUX, Dict. de l'Ac. fr. augmenté: Respirateur antiméphitique), b) 1845 adj. (BESCH.); de respirer, suff. -eur2.
BBG. — PICOCHE (J.). Struct. sém. du lex. fr. Paris, 1986, pp. 29-31.

respirer [ʀɛspiʀe] v.
ÉTYM. 1298; v. intr., « revenir à la vie », 1190; lat. respirare, dér. de spirare; le plus ancien emploi du franç. respirer témoigne de l'attraction d'esprit « souffle; vie » (P. Zumthor, in F. E. W.).
———
I
1 V. intr. Absorber l'air dans la cage thoracique, puis l'en rejeter. Aspirer (II.), expirer, inspirer, souffler. || Respirer par le nez (cit. 1), par la bouche (→ Effort, cit. 4). || Empêcher qqn de respirer. Asphyxier, étrangler. || Respirer doucement (→ Haleine, cit. 7), régulièrement. || Respirer avec difficulté, avec peine, avec effort, d'une haleine courte… Anhéler, haleter (cit. 2); poussif (→ Dilater, cit. 6; enthousiasme, cit. 12; entreprendre, cit. 19). || Respirer bruyamment, en reniflant, en sifflant, en soufflant. aussi Ronfler. || Respirer bien, à l'aise.(En parlant d'un malade, d'un moribond). || Il respirait encore, d'un petit souffle pénible (→ Passer, cit. 74; et ci-dessous le sens 2).
1 (…) on finit par respirer librement dans un spectacle encombré par la foule, tandis qu'en entrant, on n'y respirait qu'avec effort.
B. Constant, Adolphe, I.
2 Il respira librement et à pleine poitrine pour la première fois depuis la visite de Javert. Il lui semblait que le poignet de fer qui lui serrait le cœur depuis vingt heures venait de le lâcher.
Hugo, les Misérables, I, VII, V.
Loc. Faire qqch. comme on respire, avec naturel, avec facilité. || On devrait écrire (cit. 52) comme on respire.Il ment (cit. 6) comme il respire, avec un parfait naturel et sans cesse.Par exagér.Craindre (→ Peur, cit. 38), oublier de respirer (→ Piaffer, cit. 1) : retenir son souffle.
3 Je chantais, mes amis, comme l'homme respire,
Comme l'oiseau gémit, comme le vent soupire (…)
Lamartine, Nouvelles méditations, V.
Fig. Respirer bien, à l'aise… quelque part : s'y sentir bien (→ ci-dessous 3.).
4 Toutes les fois que j'entre à Paris, j'y respire à l'aise, comme si je rentrais dans mon royaume (…)
Flaubert, Correspondance, 98, Fin juin-début juil. 1845.
Exercer la fonction de la respiration. || Les cellules, les plantes respirent.
5 Aussi faut-il donner à l'animal un point
Que la plante après tout n'a point.
Cependant la plante respire.
La Fontaine, Fables, IX, 20.
Avoir les mouvements rythmés de la respiration. || Une poitrine, un sein qui respire (→ Descendre, cit. 25).
2 (1636). Littér. Être en vie. Vivre (→ Foi, cit. 1; lion, cit. 5). || « Jusqu'à quand souffre-t-on que ce peuple respire… ? » (→ Profane, cit. 3). || « Que tout ce qui respire… » (→ Grandeur, cit. 13). || « Ceux par qui je respire » (Racine, Mithridate, II, 4) : mes parents.Respirer pour qqn : vivre pour lui.Respirer en qqn (Racine, Phèdre, II, 5) : revivre en lui.
3 (Déb. XIIIe; p.-ê. avec l'infl. de respit, répit). Avoir un moment de calme, de relâche, de répit (après ou avant un travail, une peine, un danger). || Je commence à respirer (→ Large, cit. 20). || Ouf, on respire ! (→ On se sent revivre). || « Respirons, maintenant… » : reposons-nous (→ Mouche, cit. 7, La Fontaine). || « Si l'on mettait cette racaille (cit. 3) en prison (…) les honnêtes gens pourraient respirer » (Camus).
6 Oui, je respire, Arsace, et tu me rends la vie (…)
Racine, Bérénice, III, 2.
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II (Fin XIIIe, dér. du premier emploi « répandre un souffle »).
1 V. tr. Vx. Exhaler, répandre (une odeur, un souffle…). || « Respirer une haleine de roses » (cf. Chénier, in Littré).Figuré :
7 Je respire à la fois l'inceste et l'imposture.
Racine, Phèdre, IV, 6.
(XVIe). Mod. Avoir un air de…, dégager une impression de… Exprimer (infra cit. 16), manifester, marquer. || Tout respirait la joie et l'amour partagé (→ Imprégner, cit. 7). || Figure qui respire un sentiment de paix (cit. 35) sereine. || Respirer la santé. || Respirer la franchise (cit. 15), la bonté (→ Mansuétude, cit. 1). || Tout, dans ses paroles, respirait la résolution (→ Ordre, cit. 49).
8 C'était un homme à cheveux gris, dont le visage respirait la courtoisie, la bénignité.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, VII.
2 V. intr. Se manifester. || Cet air de défi qui respirait en toute sa personne (→ Importer, cit. 29).
9 Ces yeux si beaux, où respirait l'ennui le plus profond, et, pis encore, le désespoir de trouver le plaisir, s'arrêtèrent sur Julien.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, VIII.
10 La mélancolie et la passion respiraient dans cette figure caractérisée par un teint olivâtre et mâle.
Balzac, le Bal de Sceaux, Pl., t. I, p. 98.
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III V. tr. (Fin XVIe, avec infl. d'aspirer).
1 Aspirer, attirer par les voies respiratoires. Absorber, humer, inhaler. || Respirer l'air, le bon, le grand air, un air… Air (cit. 1, 2 et 7); → Goulée, cit. 2; promener, cit. 11. || Respirer le frais. Prendre (→ Grelotter, cit. 1).Respirer une vapeur, un gaz. || Respirer de l'éther (→ Capiteux, cit. 2; flacon, cit. 2). Renifler. || Respirer une odeur, un parfum… Sentir (→ Effleurer, cit. 3; punition, cit. 7). || Respirer un poison (→ Perdre, cit. 4). || Respirer une fleur, une rose (→ Bruyamment, cit.; purpurin, cit.).Au p. p. || Une odeur respirée jadis (→ Essence, cit. 5).
11 Il eut tant de serviettes mouillées sur le front, on lui fit respirer tant de sels et de vinaigres, qu'il ouvrit les yeux.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 776.
12 (Il) allait passer deux heures chez Thérèse, heureux de la voir, de respirer l'air qu'elle respirait (…)
G. Sand, Elle et Lui, II.
13 (…) j'appuyais ma figure entre ton épaule et ton cou, je respirais cette petite fille en larmes. L'humide et tiède nuit pyrénéenne, qui sentait les herbages mouillés et la menthe, avait pris aussi de ton odeur.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, III.
Par métaphore ou fig. || Respirer une atmosphère (cit. 14) étrange… || Respirer l'air natal.
14 — La grâce de votre pensée, votre courage élégant, votre fierté spirituelle, je les respire comme les parfums de votre chair.
France, le Lys rouge, XVI.
15 (En France) l'enfant ne respire pas la musique autour de lui, comme il respire, en quelque sorte, le sentiment littéraire et oratoire.
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 86.
Fig. et vx. Respirer le jour : vivre (→ Appeler, cit. 16).
2 (1671). Fig. et vx. || Ne respirer que… : désirer ardemment. || Respirer qqch.Trans. ind. || Respirer de…, suivi de l'inf. (cf. Mme de Sévigné, in Littré).(1694). || Respirer après qqch. (Selon Littré, « respirer marque un désir plus ardent, une passion plus violente, que ne fait soupirer après »).
16 Ton ardeur criminelle à la vengeance aspire !
Ta bouche la demande, et ton cœur la respire !
Corneille, Horace, IV, 5.
3 Absolt. Aspirer. || Respirer longuement, profondément (→ Boire, cit. 28).
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
CONTR. Étouffer, suffoquer. — Mourir.
DÉR. Respir ou respire, respirateur. — (Du même rad. lat.) Respirable, respiration, respiratoire.

Encyclopédie Universelle. 2012.