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promener

promener [ prɔm(ə)ne ] v. <conjug. : 5>
XVIe; pourmener XIIIe; de mener
I V. tr.
1Faire aller dans plusieurs endroits, pour le plaisir. Promener un ami étranger à travers Paris. « Il nous promena pendant près d'une heure » (Larbaud). Promener son chien. Fam. Cela vous promènera : cela vous fera faire une promenade (en parlant d'une course à faire).
Faire se déplacer (qqn) inutilement. On nous a promenés de guichet en guichet.
(Compl. chose) Promener dans les rues une pancarte, une statue.
2Déplacer, faire aller et venir (qqch.). Promener un archet sur les cordes. Promener ses doigts, sa main sur qqch. caresser, passer. « Je promène au hasard mes regards sur la plaine » (Lamartine).
Par ext. « il promena ses vieux rhumatismes sur le champ de bataille détrempé » (Maurois). Promener partout son ennui, sa tristesse.
II ♦ SE PROMENER v. pron. (1485)
1Aller d'un lieu à un autre pour se détendre, prendre l'air, etc. déambuler, voyager; fam. se balader, vadrouiller. Se promener à pied. Se promener en voiture, en bateau. Se promener dans sa chambre, de long en large. marcher. Je vais me promener. 1. sortir. « Au troisième rendez-vous, ils se promenèrent bras dessus bras dessous » (Ch.-L. Philippe).
Loc. Vieilli « Allez vous promener. — Va-t'en te faire pendre » (Molière).
(Avec ellipse du réfléchi se) « Quelquefois il la menait promener » (France). Mener promener son chien.
2Loc. Fam. Envoyer promener qqch., qqn, repousser sans ménagement (cf. Envoyer dinguer, balader, paître, péter [vulg.], valser). « Comme je me suis retenu pour ne pas t'envoyer promener de la façon la plus brutale ! » (Flaubert). Envoyer tout promener. abandonner, renoncer.
III V. intr. Vx ou région. Se promener. « J'étais allé promener dans le parc » (Dorgelès).

promener verbe transitif (ancien français pormener, de mener) Conduire quelqu'un en divers endroits pour l'agrément, le plaisir : Promener un ami à travers Paris. Familier. En sports, obliger un adversaire à se déplacer sur le terrain ; le dominer largement au cours d'un match. Affecter une attitude de manière constante : Il promenait son insolence dans tous les salons. Faire aller quelque chose, le faire passer sur quelque chose, sans but précis : Promener un regard distrait sur les assistants.promener (expressions) verbe transitif (ancien français pormener, de mener) Promener son chien, le faire aller dehors pour lui donner de l'exercice ou lui permettre de faire ses besoins. Familier. Promener quelqu'un, le mener en bateau, l'induire en erreur. ● promener (synonymes) verbe transitif (ancien français pormener, de mener) Conduire quelqu'un en divers endroits pour l'agrément, le plaisir
Synonymes :
- balader (familier)
- piloter
- traîner
- véhiculer
Affecter une attitude de manière constante
Synonymes :
- porter
- transporter
Faire aller quelque chose, le faire passer sur quelque chose, sans but...
Synonymes :
- laisser errer
promener verbe intransitif Familier Envoyer promener quelqu'un, se débarrasser de lui rudement. Envoyer tout promener, renoncer à son entreprise par exaspération, fatigue. ● promener (expressions) verbe intransitif Familier Envoyer promener quelqu'un, se débarrasser de lui rudement. Envoyer tout promener, renoncer à son entreprise par exaspération, fatigue.

promener
v.
rI./r v. tr.
d1./d Conduire, faire aller, faire sortir (un être animé) pour le distraire ou lui faire prendre de l'exercice. Promener un enfant, un animal.
d2./d Transporter, traîner avec soi (qqch). Il a promené toute la journée cette lourde valise.
|| Fig. Il promène toujours un air blasé.
d3./d Fig. Déplacer doucement çà et là. Promener les yeux, le regard sur quelqu'un.
rII./r v. Pron.
d1./d Aller (à pied, en voiture, etc.) pour se distraire ou pour prendre de l'exercice.
d2./d Fam. (Avec ellipse du Pron. réfléchi.) Envoyer promener qqn, le renvoyer avec impatience.
Abandonner. Il a tout envoyé promener.

⇒PROMENER, verbe
I.Empl. trans.
A. —[Le suj. désigne une pers.] Mener dehors pour prendre l'air, pour distraire, pour voir des choses, pour flâner.
1. Qqn1 promène qqn2. C'est moi qui suis chargé de promener les étrangers dans Paris et de leur détailler les beautés de la capitale (MEILHAC, HALÉVY, Vie paris., 1867, I, 7, p.9). Mme Pichon promenait Lilitte, alors âgée de dix-huit mois, dans une petite voiture d'osier (ZOLA, Pot Bouille, 1882, p.62). Il me promenait avec lui dans Paris, en me tenant par la main, lui vieux garçon coureur et sanguin, moi petit gamin qui en avais grand peur (LÉAUTAUD, In memor., 1905, p.215).
Loc. verb. [Le compl. d'obj. désigne un attribut de qqn1] Synon. de parcourir. Promener sa personne. Nous promenions nos pas dans les sentiers solitaires de ces forêts inconnues (CRÈVECOEUR, Voyage, t.1, 1801, p.82). En France, en Allemagne, en Angleterre, en Amérique, j'ai promené ma carcasse d'un bout du monde à l'autre (ZOLA, Travail, t.2, 1901, p.247).
P. anal. Emmener dehors. Une grosse poule gloussante promenait un bataillon de poussins (...) à travers le petit jardin (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Reine H., 1883, p.831).
2. Qqn promène un animal. Il y avait du monde, sur les bancs, (...) des flâneurs qui regardaient les navires, (...) des vieilles femmes qui promenaient en laisse leur compagnon à quatre pattes (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p.245).
Promener un cheval. Faire marcher lentement un cheval soit en le montant, soit en le tenant par la bride. L'aga déjeunait. Ses esclaves promenaient ses chevaux (LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.64).
B. —1. [L'agent se déplace] Faire aller (d'un côté, de l'autre); déplacer, emmener avec soi (d'un endroit à un autre).
a) Qqn1 promène qqn2. C'était Marcoux. Du matin au soir, il promenait des gens à travers les services (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.206). Il avait l'héroïsme court; promener Andrée dans les réunions, plutôt mourir (MONTHERL., J. filles, 1936, p.956).
Empl. factitif. Il est encore fréquent, dans les [mairies des] villes importantes, de promener les gens de guichet en guichet, d'étage en étage (FONTENEAU, Cons. munic., 1965, p.133).
Au fig. Emmener avec soi par l'imagination. Ce genre de poésie est vénéneux (...). Le volume commence par l'érotisme pour finir par le suicide, et promène le lecteur de la sensualité oublieuse au désespoir morne (AMIEL, Journal, 1866, p.57). Le Londres de Shakespeare, où l'action nous promène de Westminster à Whitehall (MORAND, Londres, 1933, p.13).
b) Qqn promène qqc.
[Qqc. désigne un inanimé concr.] On se contente, dans les grands logis comme dans les églises, de promener un chariot de feu, chargé d'une braise de charbon de bois (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.161):
1. ... un professeur de cosmographie, pour expliquer à des enfants la rotation de la terre autour du soleil, promène une orange autour du poêle central de la classe, qui représente le soleil, il reconstitue à sa façon le mécanisme réel...
RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p.237.
En partic. [Qqc. désigne une partie, un attribut de qqn sur lequel on attire l'attention] Roubaud promène entre les tables son petit ventre rondelet (COLETTE, Cl. école, 1900, p.197). Après leur tour de chant, ces dames doivent promener leur grâce et leur sourire dans le jardin ou autour des tables où sautent les bouchons de champagne (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p.82). La servante ne s'éveillait que deux heures après s'être levée. Elle promenait sa voix de somnambule par toute la maison. Mithridate. —«Mithridate est mort», criait-elle (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p.145).
[Qqc. désigne un inanimé abstr.] Ce vetéran de la fatuité va de boudoir en boudoir promener d'insipides hommages que plusieurs jeunes femmes écoutent encore par respect pour la mémoire de leurs grand'mères (JOUY, Hermite, t.3, 1813, p.83). Elle promène tous les petits racontars de son quartier de maison en maison (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.159).
En partic. [Qqc. désigne un affect de qqn] Je promenais partout ma peine vagabonde (GAUTIER, Comédie mort, 1838, p.44). Parvenu à son grade à coups de rengagements, de larmoiements et de platitudes, il promenait à travers la vie l'âpre conscience de sa non-valeur (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., II, p.16). Son train était à neuf heures. Où promener jusque-là sa mélancolie? (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p.105).
c) P. métaph. Qqc. promène qqc.2 [Qqc.2 désigne une partie de qqc.1] Les scènes calmes et splendides où la lune promenait ses lueurs au-dessus des eaux et des neiges (LAMART., Confid., 1849, p.300).
2. [L'agent ne se déplace pas] Laisser aller, déplacer (d'un côté et d'autre).
a) Qqn promène qqc.
[Qqc. désigne un obj. concr. auquel on imprime un mouvement] Un vieillard qui promenoit régulièrement sur une espèce de guitare, garnie d'une seule corde de crin, un archet grossier (NODIER, J. Sbogar, 1818, p.103). Il en avala de dépit la couleur du pinceau qu'il promenait sur une aquarelle (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p.242). Il promena le rasoir sur sa joue gauche (AYMÉ, Jument, 1933, p.248).
En partic. [Qqc. désigne une partie du corps de qqn] Promener ses regards. Elle promenait machinalement ses lèvres sur le tissu satiné de ses bras fins et dodus (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p.837):
2. Mademoiselle de Balder était tout heureuse d'avoir provisoirement la jouissance d'un piano; depuis que Bastien était parti, elle s'était assise devant l'instrument et n'avait cessé de promener ses belles mains sur le clavier, répétant tous les morceaux qui lui rappelaient son enfance.
PONSON DU TERR., Rocambole, t.1, 1859, p.326.
b) P. métaph. Qqc.1 promène qqc.2 [Qqc.2 désigne une partie de qqc.1] L'Eurotas promenoit son cours tortueux dans cette riante solitude (CHATEAUBR., Martyrs, t.2, 1810, p.187). La vallée a pris dès lors la forme et les proportions d'un grand cirque. La Seine y promène ses méandres (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.131).
C.Au fig., vieilli. Duper par des promesses vaines. Mener enfin la vie des grandes plumes du temps, avoir des créanciers et les payer aussi peu que possible, promener mes éditeurs (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.68). Mon oncle (...) lui avait donné rendez-vous pour régler son compte... —Voilà six mois que vous me promenez, aujourd'hui je comptais sur votre parole (MALOT, R. Kalbris, 1869, p.70).
II.Empl. pronom.
A. —1. [Le suj. désigne une pers.] Aller dehors pour prendre l'air, se distraire, flâner. À peine étions-nous descendus de voiture pour nous promener à pied, que nous apercevons un jeune homme (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1555). Nous nous promenons, nous jasons, nous allons au hasard; nous sommes bien quand nous sommes ensemble (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.211). Ce soir, pour la première fois, je me promène avec plaisir au Quartier Latin (RENARD, Journal, 1906, p.1031).
Allez vous promener, va te promener! [Manifestation d'humeur adressée à quelqu'un] (Dict. XIXe et XXes.). V. envoyer promener (infra III B).
♦[Comme réaction à une situation présentée (par l'énonciation de va te promener) comme pénible] Synon. malheureusement, hélas, va te faire fiche (pop.). J'avais repris mon petit train-train. Et puis va te promener, voilà ma femme qui tombe malade! (BARRIÈRE, CAPENDU, Faux bonsh., 1856, IV, 2, p.149):
3. La vieille crut qu'on voulait se moquer d'elle, et (...) tomba sur le héros à coups de parapluie. Tartarin, un peu confus, se défendait de son mieux, parait les coups avec sa carabine, suait, soufflait, bondissait, criait: —«Mais Madame... mais Madame...» Va te promener! Madame était sourde, et sa vigueur le prouvait bien.
A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.74.
2. P. anal. [Le suj. désigne un animal] Circuler, déambuler. Vals, forêts, marécages où se promènent les buffles et les hérons (QUINET, Ahasvérus, 1833, 2e journée, p.157). Dans une mare immobile (...) des insectes à grandes pattes se promenaient sur la feuille des nénuphars (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p.254).
B. —[Le suj. désigne une pers.] Se déplacer d'un côté, d'un autre, en marchant. J'allais dans sa chambre (...) pendant qu'il se promenait de long en large, toujours vif, animé, tantôt s'arrêtant, tantôt précipitant le pas (RENAN, Souv. enf., 1883, p.252). Il m'arrive quelquefois de me promener dans la bibliothèque de la Chambre des députés (BARRÈS, Cahiers, t.6, 1908, p.340).
C.P. anal. ou au fig.
1. Littér. Se déplacer, avancer avec lenteur.
a) [Le suj. désigne un inanimé concr.] La rivière (...) paraît plus limpide, plus paresseuse: elle se promène (GOZLAN, Notaire, 1836, p.97). Une vieille lune usée se promène dans le bas du ciel (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.32).
Empl. pronom. Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.357).
b) [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Où est donc ce niveau de la loi qui, dans une république, se promène également sur toutes les têtes? (DESMOULINS ds Vx Cordelier, 1793-94, p.236).
2. SPORTS, p.iron. [Le suj. désigne une pers.] Gagner avec facilité, sans faire d'efforts. À Monaco Fangio a gagné en se promenant (TRINTIGNANT, Pilote de Courses, 1957 ds PETIOT 1982).
III.Empl. intrans.
A. —Synon. (vieilli) de se promener. J'ai fait ma toilette en attendant le dîner, et après nous avons été promener dans la ville (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.205). Alors, ne reste pas dans ce trou sans air, qui pue la colle... va promener un peu! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.717).
B. —[À l'inf., après les verbes faire, laisser, mener] Se promener. Madame de Pontcarré nous menait promener et jouer chez sa mère, qui avait un appartement au rez-de-chaussée et un jardin (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.383). Les colonnes de pâles lycéens, en uniformes de prisonniers, que des surveillants d'internat mal nourris mènent encore promener, les jeudis et les dimanches dans les clairières suburbaines (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.125). Mon boulot consistait encore, d'autre part, avant l'heure des cours, à faire promener et pisser les chiens de garde du magasin (CÉLINE, Voyage, 1932, p.128).
Envoyer promener qqn. V. envoyer I B 1.
REM. 1. Pourmener (se), verbe pronom., arch. plais., synon. de se promener. Je me pourmène en canot avec Achille (FLAUB., Corresp., 1844, p.150). 2. Promener, subst. masc., hapax. Histoire qui m'est demeurée des lectures de mon enfance et qui me revient dans mes promeners solitaires (E. DE GUÉRIN, Journal, 1838, p.234). 3. Promenette, subst. fém. Nom donné à plusieurs systèmes différents utilisés dans l'apprentissage de la marche aux bébés; en partic., petit véhicule à roulettes à l'intérieur duquel on place le bébé qui peut alors se déplacer seul grâce à ses jambes. Ceintures à bretelles, dite promenette, pour bébé no 1. On met cette ceinture aux petits enfants pour les soutenir et les empêcher de tomber, alors qu'on leur apprend à marcher seuls (La Poupée modèle, avr. 1880, p.118).
Prononc. et Orth.:[], (il) promène [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. Trans. 1. 1365 «mener, faire aller en différents lieux» (Psautier lorr., éd. Fr. Apfelstedt, 79, 1: qui moinnes et promoinnes Joseph comme une berbis); 2. 1587 promener la haine (Fr. DE LA NOUE, Discours pol. et milit., 75 ds LITTRÉ); 3. 1639 [éd.] «déplacer, faire aller et venir quelque chose» (MAIRET, Le Grand et dernier Solyman, I, 3, Paris, A. Courbé, p.12); 1668 (BOILEAU, Satire, VIII, éd. A. Cahen, p.115, 288: il promene sa veuë). B. Pronom. 1. a) ca 1485 «aller d'un lieu à un autre (pour se détendre, prendre l'air ou sans intention définie)» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, indication scénique suivant le vers 42157); b) ) 1656 Qu'il se promène (MOLIÈRE, Le Dépit amoureux, IV, 2, 1193, éd. E. Despois, t.1, p.481); ) 1665 envoyer promener (ID., Dom Juan, IV, 5, t.5, p.179); ) 1676 allez vous promener (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre du 1er juin ds Corresp., éd. R. Duchêne, t.2, p.306); 2. 1600 [éd.] «s'attacher successivement à (en parlant du regard, de la pensée)» (O. DE SERRES, Théâtre d'agriculture, Paris, Jamet Métayer, p.17: les yeux s'y [és montaignes] promenans à l'aise); 3. 1674 «aller çà et là (en parlant d'une chose)» (BOILEAU, Art poétique, chant I, 167, éd. Ch. H. Boudhors, p.86). C. Intrans. 1530 «se promener» (PALSGR., p.770b). Réfection, d'apr. les nombreux verbes commençant par pro-, de l'anc. verbe pourmener «mener, faire aller en différents endroits» (ca 1150, Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 2763), formé à partir de pour- et de mener. On trouve, en 1640, dans OUDIN Ital.-Fr., s.v. spasso: le François dit envoyer paistre, envoyer pourmener. Fréq. abs. littér.:7858. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 11460, b) 15034; XXes.: a) 12007, b) 8358. Bbg. QUEM. DDL t.14, 30.

promener [pʀɔmne] v. [CONJUG. lever.]
ÉTYM. XVIe; pourmener, XIIIe; de mener.
———
I V. tr.
1 Faire aller (qqn) dans un lieu et dans un autre. Transporter. || Blessé qu'on promène sur des brancards (→ Ambulance, cit. 1).Spécialt (pour faire plaisir, pour faire prendre l'air, pour faire faire de l'exercice, etc.). || Promener un hôte à travers Paris, sa femme aux Tuileries (→ Me, cit. 4). || Promener un visiteur d'atelier en atelier (cit. 2). || Le batelier qui les promène (→ Livrer, cit. 26). || « Quatre bœufs (cit. 3)… Promenaient dans Paris le monarque indolent » (Boileau).Par métaphore. || Promener son lecteur (→ Ovale, cit. 2).Personne chargée de promener des enfants. Promeneuse. || Promener son chien, le promener au bout d'une laisse (cit. 2).Par plais. || On la promène en laisse (→ Garder, cit. 10). || Elle promenait ses oies (cit. 1).
1 (…) une petite calèche de voyage passée de mode que Moreau fit repeindre, et dans laquelle il promenait sa femme, en se servant de deux bons chevaux, d'ailleurs utiles aux travaux du parc.
Balzac, Un début dans la vie, Pl., t. I, p. 676.
2 Il nous promena pendant près d'une heure, et enfin nous arrêta à la porte d'un garni, près d'une petite gare suburbaine.
Valery Larbaud, A. O. Barnabooth, Journal, II, 16 juin.
Fam. || Cela vous promènera : cela vous fera faire une promenade (en parlant d'une commission, d'une course à faire).
Sports. Dans les sports de combat, Faire se déplacer (son adversaire) contre son gré, sans qu'il puisse résister. || Il promenait son adversaire d'un côté à l'autre du ring.
(Compl. n. de chose). || Promener un mannequin (cit. 6), des statues (→ Idolâtre, cit. 2). || Ces orgues (cit. 3) que les Italiens promènent dans les rues. || Les mers où leurs vaisseaux promènent le pavillon étoilé (→ Expédition, cit. 14). || Promener un fanal (cit. 4). || Promener ses toilettes dans la rue (→ Façon, cit. 8; pinson, cit.). || Promener sa décoration (→ 1. Palme, cit. 7). || Promener sa carcasse (cit. 4).(Sujet n. de chose). || La lune promenant sa lumière argentine (→ Parsemer, cit. 3).
3 (…) leurs toilettes assorties, promenées à pied, à cheval, en voiture, avaient ensorcelé la ville.
Alphonse Daudet, Rose et Ninette, VI.
4 (…) les salons où je me fourvoyai, j'y faisais figure d'oiseau de nuit; j'y promenais, il est vrai, des redingotes assez bien faites (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, X, p. 279.
5 (…) le jour de la prise de Loos, il promena ses vieux rhumatismes sur le champ de bataille détrempé (…)
A. Maurois, les Silences du colonel Bramble, X.
2 Imprimer un mouvement à (qqch.), faire aller et venir, sans se déplacer soi-même. || Promener un archet sur les cordes. || Promener sa faux au ras du sol (→ Moissonner, cit. 2), la navette sur le métier (→ Peigner, cit. 3).(Le compl. désigne un partie du corps). || Promener ses doigts, sa main sur… Caresser, passer. || Promener ses yeux, ses regards sur… Regarder (→ Arracher, cit. 48; étincelant, cit. 3; frisson, cit. 23; montrer, cit. 1; 2. ouvreur, cit. 2).
6 Il promena sa vue de toutes parts, et la diversité des choses qui l'environnaient eut de quoi occuper longtemps sa curiosité.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, III.
7 Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Lamartine, Premières méditations, I.
8 Et, tout en promenant son petit doigt tremblant
Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc (…)
Rimbaud, Poésies, XX.
3 (XVIIe). Compl. n. de chose abstraite. Faire aller, porter avec soi en se déplaçant d'un lieu à l'autre. || Promener partout son ennui (cit. 14), sa tristesse. || Les lieux où on promène ses peines, ses chagrins (→ Engourdissement, cit. 4; humilier, cit. 36). || Il promène une vie médiocre et des rêves chétifs (cit. 5). || « De fleurs en fleurs, de plaisirs en plaisirs, promenons nos désirs » (→ Impie, cit. 2, Racine).
9 Il y a peu de temps qu'encor j'y promenais,
Vous le savez, mon goût de son clair paysage (…)
Verlaine, Dédicaces, XV.
4 Fig. Vx. || Promener qqn : le mener en bateau, le lanterner. || Au lieu de me payer ce qu'il me doit, voilà six mois qu'il me promène.
———
II V. intr. (1530). Vx ou régional. Se promener. || « J'étais allé promener dans le parc » (Dorgelès).
9.1 Quand il lui arrivait de sortir avec l'un d'eux, d'emmener l'un d'eux « promener », il serrait fort, en traversant la rue, la petite main dans sa main chaude (…)
N. Sarraute, Tropismes, p. 51.
REM. 1. Cet emploi, fréquent chez les classiques, se trouve chez G. Sand, Veuillot et, plus récemment, chez Dorgelès, Green (in Grevisse, Problèmes de langage, p. 276-278, qui écrit : « Ce n'est pas qu'aller promener soit, dans l'usage actuel, de mise partout…; dans la langue littéraire et soignée, on dira “aller se promener” »).
2. Pour mener, envoyer… promener, voir ci-dessous se promener.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
se promener v. pron.
ÉTYM. (V. 1465, se premener).
1 Aller d'un lieu à un autre pour se distraire, prendre l'air, faire de l'exercice, voir du pays… Baguenauder (2.), balader (se), circuler, voyager; ambuler (vx). || Se promener à pied. Déambuler, marcher. || Se promener à cheval (cit. 20), en voiture. || Se promener en barque, en bateau, en canot (→ Guide, cit. 1; passer, cit. 99)… || Se promener à grands pas, à pas lents (→ Pensif, cit. 1). || Se promener dans sa chambre (→ Allée, cit. 1), de long en large (→ Journée, cit. 2; nerveux, cit. 11). || Se promener dans une ville, dans les rues (→ Chanter, cit. 11; entretenir, cit. 16), à la campagne (→ Divin, cit. 7)…Vx. || S'aller promener, s'en aller promener. Mod. || Aller se promener. Sortir (→ Cercle, cit. 5; faire, cit. 197; 1. flanquer, cit. 7).Se promener seul, avec un ami, une femme… (→ Badiner, cit. 1; garrotter 1., cit. 5). || Se promener au lieu d'aller en classe : faire l'école buissonnière. ( Buissonner). || Viens te promener avec papa (cf. lang. enfantin : mener-mener).
10 Car si l'après-dînée est plaisante et sereine,
Je m'en vais promener tantôt parmi la plaine,
Tantôt en un village, et tantôt en un bois,
Et tantôt par les lieux solitaires et cois (…)
Ronsard, Disc. des misères de ce temps, « Réponse aux injures et calomnies ».
11 Quand j'étais chez quelqu'un à la campagne, le besoin de faire de l'exercice et de respirer le grand air me faisait souvent sortir seul, et m'échappant comme un voleur, je m'allais promener dans le parc ou dans la campagne (…)
Rousseau, Rêveries…, 8e promenade.
12 (…) monsieur le philosophe se promenait de long en large sur le pont, les mains dans les poches, la tête au vent.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, IV.
13 Au troisième rendez-vous, ils se promenèrent bras dessus bras dessous, et elle consentit à entrer avec lui dans un café de l'avenue du Maine.
Ch.-L. Philippe, Bubu de Montparnasse, I, II.
Loc. fig. Allez vous promener, va te promener ! (manifestation d'impatience, de mauvaise humeur, envers qqn dont on veut se débarrasser, qu'on n'a plus envie de voir) : Allez vous-en ! Va-t'en ! Ficher (va te faire fiche; fiche le camp), foutre (va te faire foutre; fous le camp), lanlaire (va te faire). Dans le même sens. || Qu'il aille se promener ! Renvoyer.
14 Allez vous promener. — Va-t'en te faire pendre.
Molière, Mélicerte, I, 3.
14.1 Quand ils me parlent, ces monstres-là (…) et que je sens sur ma nuque le piquant de leur barbe et la chaleur de leur haleine (…) va te promener ! (…) je suis plus qu'une chiffe (…) et c'est eux, au contraire, qui ont de moi tout ce qu'ils veulent (…)
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 21.
(Avec ellipse de se). || Mener promener les élèves d'un lycée (cit. 1). || Mener (cit. 10) promener son chien. || Faire promener les chiens de garde (1. Garde, cit. 14). — ☑ (1640). Envoyer (cit. 12) promener qqn (→ Goguenard, cit. 2; insistance, cit. 3) : repousser sans ménagement (cf. Envoyer balader, dinguer, paître, au bain, aux pelotes).
15 Avant-hier, en vous embarquant au port de Côme, n'avez-vous pas envoyé promener l'inspecteur de police qui vous demandait votre passeport ? Eh bien ! aujourd'hui, il vous empêche de vous promener.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, I, V.
16 (…) ta voix qui m'interpellait à chaque minute et surtout tes attouchements sur l'épaule pour solliciter mon attention me causaient une douleur réelle. Comme je me suis retenu pour ne pas t'envoyer promener de la façon la plus brutale !
Flaubert, Correspondance, 379, 31 mars 1853.
17 (…) il s'arrangeait pour déjeuner presque tous les jours avec elle, et quelquefois il la menait promener.
France, le Lys rouge, I.
Fam. Envoyer promener qqch., l'envoyer dinguer, valser. — ☑ Fig. Envoyer tout promener. Abandonner, renoncer.
18 Elle envoya promener sa chaise d'un coup de pied et sortit en clanquant la porte.
Sartre, le Sursis, p. 176.
18.1 (…) la rejetant (une brochure) ou plus exactement la jetant, l'envoyant promener d'un geste qu'animait non pas tellement la grossièreté, le défi, l'apparente brutalité, mais cette même sorte de violence fébrile apparemment sans objet (…)
Claude Simon, le Vent, p. 162.
2 (1669, concret; 1600, abstrait). Se déplacer.(Choses). || « Un ruisseau qui sur la molle arène (cit. 3)… se promène » (Boileau). || Le soleil se promène autour de ma cellule (→ Pénétrer, cit. 1).Par métaphore, fig. (Personnes ou choses). || Se promener dans le labyrinthe (cit. 6) des consciences, dans le passé… || Laisser promener ses idées. Errer (→ Consolation, cit. 3).
19 Je (…) connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde : il se plaît à se promener de liens en liens (…)
Molière, Dom Juan, I, 2.
20 La flamme qui dansait dans les branchages du foyer faisait promener au plafond noir leurs ombres agrandies.
Loti, Pêcheur d'Islande, IV, V.
DÉR. Promenade, promenette, promeneur, promenoir.

Encyclopédie Universelle. 2012.