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roue

roue [ ru ] n. f.
XIIIe; roe XIIe; a. fr. rode, refait sur rouer; lat. rota
1Disque plein ou évidé, tournant sur un axe qui passe par son centre, et utilisé comme organe de déplacement. Essieu, moyeu, jante, rayons d'une roue de véhicule. Les roues d'une voiture, d'une bicyclette. Véhicule à deux roues ( deux-roues) , à quatre roues. Roues avant, arrière. Roues motrices, directrices. Roues munies de bandages, de pneumatiques. Chapeau de roue : pièce qui recouvre, protège le moyeu. ⇒ enjoliveur. Loc. fam. SUR LES CHAPEAUX DE ROUES : à toute allure. Prendre un virage, démarrer sur les chapeaux de roues. Roue dans la roue : au même niveau qu'un autre concurrent, dans une course cycliste. Roue de secours. — ROUE LIBRE : dispositif d'entraînement d'un mécanisme qui n'entraîne pas en réaction l'organe moteur. Fig. En roue libre : sans prise, sans contrôle.
Loc. (1556) Pousser à la roue : aider qqn à réussir, le soutenir dans son effort; fig. faire évoluer un processus, une situation. « De là à pousser à la roue, à enfoncer ce pauvre type » (Mallet-Joris). Mettre des bâtons dans les roues. Être la cinquième roue du carrosse : être inutile, inopérant, insignifiant (dans une occasion donnée). « T'es la cinquième roue d'un carrosse, quoi. Tu comptes pas » (Guilloux).
2Disque tournant sur son axe, dans un assemblage mécanique. Roue de transmission. poulie. Roue de friction. Roue folle. Roue dentée. Les roues d'un engrenage. rouage. Roues élévatoires, à augets, à godets ( noria; roue-pelle) . Roue hydraulique d'un moulin à eau. Barre à roue (d'un bateau).
3Supplice de la roue, qui consistait à attacher le criminel sur une roue après lui avoir rompu les membres ( rouer) . — Ce supplice. Être condamné à la roue.
4Disque tournant. Grande roue : manège en forme de roue dressée, dans une fête foraine.
Roue de loterie, portant des numéros, que l'on fait tourner.
Fig. La roue de la Fortune : roue symbolique, emblème des vicissitudes humaines.
5(1870) FAIRE LA ROUE. Tourner latéralement sur soi-même en faisant reposer le corps alternativement sur les mains et sur les pieds.
Déployer en rond les plumes de sa queue (paon). Fig. Déployer ses séductions. se pavaner, se rengorger. « Je n'ai pas la force de soutenir ce rôle comique du mâle qui fait la roue » (Romains).
6Disque, cylindre. Une roue de gruyère. 1. meule.
⊗ HOM. Roux.

roue nom féminin (latin rota) Organe de forme circulaire, destiné à tourner autour d'un axe passant par son centre, et qui permet à un véhicule de reposer sur le sol et de s'y mouvoir. Histoire Supplice introduit en France au XVIe s. et qui consistait à rompre les membres du condamné, puis à l'attacher sur une roue. Mécanique Organe de forme circulaire permettant de transmettre le mouvement soit grâce aux dents dont son pourtour est garni, soit grâce à un lien flexible passant sur sa périphérie. ● roue (expressions) nom féminin (latin rota) Faire la roue, en parlant du paon, du dindon, déployer sa queue en éventail ; tourner latéralement sur soi-même en s'appuyant successivement sur les mains et les pieds ; prendre une attitude avantageuse pour séduire. Grande roue, dans une foire, roue verticale de fort diamètre mue par un moteur et munie de nacelles destinées au public. Pousser à la roue, aider à la réussite de quelqu'un ou à la continuation d'un processus. Roue de la Fortune, attribut de la déesse Fortune, symbole de l'incertitude des destinées humaines ; dans les anciennes loteries, tambour en forme de roue contenant les numéros à tirer au sort. Roue directrice, roue qui, par son mouvement, permet au véhicule de suivre le tracé de la route. Roue indépendante, roue articulée individuellement au châssis ou à la coque. Roue motrice, roue commandée par le moteur et qui assure la traction du véhicule. Roue de secours, roue supplémentaire destinée à remplacer une roue dont le pneu est crevé. Roue à aubes, propulseur de navire, portant des aubes, articulées ou fixes. Roue du gouvernail ou barre à roue, roue garnie sur sa circonférence de poignées, et fixée en son centre sur un axe autour duquel s'enroulent les drosses du gouvernail. Roue d'angle, roue dentée dont les dents, disposées obliquement, engrènent avec les dents d'une autre roue faisant un angle avec la première. Roue hydraulique, machine transformant l'énergie disponible d'une chute d'eau en énergie mécanique. Roue libre, dispositif permettant à un organe moteur d'entraîner un mécanisme sans être entraîné par lui. ● roue (homonymes) nom féminin (latin rota) roue forme conjuguée du verbe rouer rouent forme conjuguée du verbe rouer roues forme conjuguée du verbe rouer roux adjectif roux nom masculin

roue
n. f.
d1./d Pièce rigide, de forme circulaire, qui tourne autour d'un axe perpendiculaire à son plan de symétrie et qui permet la sustentation d'un véhicule ou l'entraînement d'un organe mécanique. Les roues d'une automobile. Roue de gouvernail d'un navire, qui commande le gouvernail.
|| Roue libre: dispositif permettant de suspendre l'action de l'organe moteur sur la roue menée, qui peut ainsi tourner librement. Roue libre d'une bicyclette. Descendre une côte en roue libre, sans pédaler.
|| ADMIN et cour. Deux-roues.
|| Loc. fig. être la cinquième roue du carrosse: être inutile.
Pousser à la roue: aider qqn à réussir ce qu'il entreprend.
Mettre des bâtons dans les roues.
d2./d Tambour en forme de roue contenant des numéros de loterie, ou grand disque monté sur pivot, comportant des cases numérotées.
Loc. fig. La roue de la Fortune, allégorie des vicissitudes humaines.
d3./d Faire la roue: en parlant du paon, du dindon, déployer sa queue en éventail; fig. en parlant d'une personne, se pavaner; en gymnastique, effectuer un tour complet sur soi-même latéralement, en prenant appui sur les mains puis sur les pieds.

⇒ROUE, subst. fém.
A. — Organe de forme circulaire, tournant autour d'un axe passant par son centre, qui a de multiples utilisations. L'Amérique est le pays de la ligne droite. Jusqu'à l'arrivée des Européens, la roue, le tour lui étaient inconnus (MORAND, Air indien, 1932, p. 22):
Il n'y a guère à hésiter pour qualifier la roue de « plus grande invention de tous les temps ». C'est elle, en effet, qui constitue la partie essentielle de la plupart de nos machines, le volant de nos moteurs, la turbine de nos centrales, l'engrenage, la roue dentée, la poulie, le pignon ou le boulon.
P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 15.
1. Organe de forme circulaire sur lequel repose un véhicule, et qui, en tournant, permet le déplacement de celui-ci. Nous voilà (...) lancés à une allure folle sur le pavé raboteux des petites rues. La jante ferrée des roues y fait un fracas de marteau et d'enclume (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 157). Au bout de quelques tours de roue, l'omnibus s'arrêta (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 89).
SYNT. Roue d'une brouette; roues d'une bicyclette, d'un tricycle, d'une charrette, d'un camion, d'une voiture; roue en acier, en bois; roue arrière; roue avant; roue ferrée; roue à rayons, pleine; roue porteuse, motrice, directrice; roue voilée; canon, grue, brancard sur roues; véhicule haut sur roues; véhicule à deux roues, à quatre roues; camion à roues jumelées; bandage, corps, cercle, chapeau, enjoliveur, jante, moyeu, pneu, tambour d'une roue; train de roues; braquage, blocage, patinage des roues; bruit, fracas, grincement des roues.
Roue folle. Roue indépendante de l'essieu sur lequel elle tourne librement. Pour le matériel des mines, une solution radicale (...) que l'on ne saurait employer sur les chemins de fer de grande vitesse (...) c'est l'indépendance des roues, rendues folles sur l'essieu (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 721). P. compar. Il mania les chardonnerets [blessés] les uns après les autres, et tous le troublèrent par leur effarement menu. Ses impressions tournèrent comme des roues folles (RENARD, Lanterne sourde, 1893, p. 62).
Roue libre. Dispositif d'une bicyclette qui rend le pédalier indépendant du mouvement de la roue. Descendre une côte en roue libre. Tribout (...) décrivait ainsi son invention, la roue libre: « Les pédales impriment le mouvement, mais ce mouvement ne les entraîne pas, et elles se transforment en étriers immobiles jusqu'à ce que le cavalier veuille presser ou reprendre le mouvement » (Jeux et sports, 1967, p. 1482). Au fig. En roue libre. ,,Sur la lancée, sans forcer`` (PETIOT 1982). Il éprouvait une impression curieuse; il était débrayé, en roue libre, et descendait sans effort, comme en rêve, dans une sorte de bien-être inconnu (MORAND, Homme pressé, 1941, p. 76).
Roue de secours. [Dans un véhicule automob.] Roue supplémentaire destinée à remplacer celle dont le pneu est crevé. Il disait [Pagnol]: « La roue de secours est la réhabilitation de la cinquième roue du carrosse » (R. CASTANS, Marcel Pagnol m'a raconté, 1975, p. 176 ds REY-CHANTR. Expr. 1979).
En compos. Roue-cage. Roue métallique associée à une roue motrice munie d'un pneumatique, permettant d'augmenter la surface portante d'un tracteur dans une terre détrempée dont l'adhérence est faible (d'apr. Lar. agric. 1981). Roue-squelette. ,,Roue métallique très large montée à la place d'une roue à pneumatique, motrice ou directrice, de tracteur ou de machine automotrice`` (Lar. agric. 1981).
P. méton., subst. masc. comp. Deux(-)roues. Véhicule à deux roues (bicyclette, vélomoteur, motocycle). V. deux I A 3 f. Voie réservée aux deux roues.
Expr. fam.
Pousser à la roue. V. pousser I A 1.
Sur les chapeaux de roues. Á toute allure. Démarrer sur les chapeaux de roues; prendre un virage sur les chapeaux de roues.
Mettre des bâtons dans les roues. Susciter des difficultés à quelqu'un, faire obstacle à quelque chose. V. bâton ex. 10.
La cinquième roue du carrosse.
Pop., vieilli. [P. réf. aux roues de voiture plus grandes à l'arrière qu'à l'avant] Roue de derrière, ou plus rarement, roue de charrette. Pièce de cinq francs en argent. (Ds ESN. 1966). Il avait étouffé deux roues de derrière, deux belles pièces de cent sous neuves, une dans chaque soulier (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 761). Tu te mets à passer en revue les faits et gestes de ton père (...), tu lui reproches les misérables roues de charrette qu'il offre à quelques amis crève-la-faim (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 187).
Vieilli. Roue de carrosse. Large plaque de fard sur les joues. Fardée en roue de carrosse. Madame Soudry se permettait un soupçon de rouge (...) mais cette légère teinte avait changé, par la force de l'habitude, en plaques de vermillon si pittoresquement appelées des roues de carrosses par nos ancêtres (BALZAC, Paysans, 1850, p. 270).
♦ [Sur le modèle d'autres expr.] Faire feu des quatre roues. V. feu1 I A 2 a loc. Á toutes roues. Très vite. V. à toutes jambes (v. jambe A 1 c loc.). Il se souvenait d'avoir été frôlé par un fiacre fuyant à toutes roues, comme il traversait le pont Louis-Philippe (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 23).
♦ Surtout dans le lang. sportif, en partic. cycl.
Roue à roue, roue dans roue. En peloton, en étant très près. V. allure ex. 9.
Sur la roue, dans la roue (de qqn). Immédiatement derrière. Finir dans la roue de qqn. Toujours Aïcha marchait sur ses talons. Et elle prenait le trot dans sa roue, sans un ordre, si Raboliot sautait en selle à la vue d'un képi bleu (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 160). Soudain X (...) secoue la meute et déclenche les hostilités (...). Y, flanqué de trois autres fuyards saute sur sa roue. Les cinq fugitifs creusent l'écart (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang. 1952, p. 176).
Prendre la roue (de qqn). Suivre. Vieux Jean, si tu veux arriver second, tu n'as qu'à prendre ma roue (L'Auto, 14 juill. 1933, p. 1 ds GRUBB Sports 1937, p. 64). P. anal. V. bolide A rem. ex. de Fallet.
Sucer la roue (de qqn). ,,« Coller » obstinément à la roue arrière d'un adversaire en refusant de le relayer`` (PETIOT 1982).
Montrer sa roue arrière. Battre un adversaire au sprint (d'apr. PETIOT 1982).
P. méton. Distance égale au diamètre d'une roue, utilisée pour évaluer l'écart qui sépare les concurrents. Gagner d'une roue, d'une demi-roue. À la hauteur de son pédalier, il sent qu'un nouveau rival regagne inexorablement du terrain. « D'où sort-il, celui-là? Il va me sauter? Non. Non. Je garde une roue d'av... [d'avance] » (Jeux et sports, 1967, p. 1530).
TENNIS. Roue de bicyclette. ,,Manche gagnée sans que l'adversaire ait pu gagner un jeu`` (PETIOT 1982). Victoire par deux roues de bicyclette 6-0, 6-0. Camille Benjamin (...) fut exécutée en l'heure de midi par Chris Evert-Lloyd qui lui infligea sans pitié une double « roue de bicyclette » (Le Monde, 9 juin 1984, p. 13).
2. Disque, cyclindre plat, entrant dans la construction d'un mécanisme, d'une machine, d'un outil, qui reçoit ou transmet un mouvement.
a) Disque, cylindre dont la circonférence est dentée ou présente une gorge, qui est entraîné par une autre roue dentée, une vis sans fin, une chaîne, une courroie, un arbre ou entraîne l'un d'eux. Roue du rouet; roue d'engrenage; roue d'horloge; roue d'échappement; roues dentées cylindriques, coniques; roues à denture droite, à denture hélicoïdale; roue folle; roue à gorge. L'axe moteur [de la bicyclette] porte (...) entre le moyeu et la manivelle, la roue dentée ou grand pignon (BAUDRY DE SAUNIER, Cycl., 1892, p. 203). Dans un engrenage, on appelle roue motrice la roue qui transmet le mouvement et roue menée celle qui le reçoit. Par ailleurs lorsque la différence entre les diamètres des deux roues est grande, on appelle pignon la plus petite et roue, l'autre (Encyclop. Sc. Techn. t. 5 1971, p. 211).
Roue d'angle. Roue dont les dents sont obliques et qui engrène avec une roue semblable dont l'axe fait un angle avec celui de la première. L'axe de rotation du moteur [électrique] est parallèle à la voie, et il attaque l'essieu [de la locomotive] par l'intermédiaire d'une roue d'angle (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 774).
Roue de friction. Roue transmettant le mouvement par frottement. La transmission par roulement pur, caractéristique des roues de friction (qui nécessitent toutefois des dispositifs particuliers pour éviter le glissement) (Encyclop. Sc. Techn.t. 5 1971, p. 211).
Roue à rochet. Roue qui porte à sa circonférence des dents inclinées entre lesquelles peut pénétrer un cliquet ou rochet mobile, ne permettant le mouvement de rotation que dans un sens. Le balancier n'est amorti par aucun organe inutile, tel que les roues à rochet et les aiguilles; il ne porte que l'échappement et un contact électrique (DECAUX, Mesure temps, 1959, p. 82).
MÉD. [P. anal. avec la libération successive des crans d'une roue dentée] Phénomène, signe de la roue dentée. ,,Série de saccades successives perçues lors de la mobilisation passive d'une articulation`` (Méd. Flamm. 1975). À l'examen, on constate une résistance à l'allongement d'une articulation en flexion; lorsque l'on force, l'articulation se relâche par saccades; ce phénomène est connu sous le nom de signe de la roue dentée (QUILLET Méd. 1965, p. 347).
Expr. pop., vieilli. Se graisser les roues. Boire. Sans doute que j'ai bu un coup! Quand l'ouvrage donne, faut bien se graisser les roues (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 462).
b) [Dans une calculatrice] L'un des disques portant dix dents correspondant aux dix chiffres, chaque disque commandant la rotation du suivant lorsqu'il a fait un tour complet. Les roues de la machine de Pascal portaient donc des séries de dix dents sur lesquelles étaient écrits les chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Chaque roue était affectée à un ordre décimal particulier: ordre 0 ou unités, ordre 1 ou dizaines, ordre 2 ou centaines, etc... (COUFFIGNAL, Mach. penser, 1964, p. 13).
c) [Dans un mécanisme d'impression] Roue d'impression, roue des types. Disque dont le pourtour porte en relief un jeu de caractères alphanumériques. L'axe du récepteur [du télégraphe imprimeur Hughes] est horizontal et porte une roue en acier sur laquelle sont gravées les lettres de l'alphabet, on l'appelle roue des types (...). Un électro est disposé près de cette roue de telle sorte que si un courant le traverse, il fasse appuyer au moyen de son armature, la bande de papier contre la roue des types (A. LECLERC, Télégr. et téléph., 1924, p. 138).
d) MAR. ,,Volant à rayons et à poignées remplaçant la barre pour manœuvrer à distance un gouvernail`` (MERRIEN 1958). L'homme de la barre n'aurait qu'à donner un tour de roue, et le yacht le Duncan voguerait aussi facilement vers Calcutta que vers Concepcion (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 58).
Rem. ,,Ce mot ne désigne que l'objet lui-même et non l'usage qu'on en fait, pour lequel on dit toujours barre: tenir la barre, l'homme de barre, donner de la barre`` (MERRIEN 1958).
e) Roue de cordier. Synon. de rouet. Là, le long d'une coquette muraille (...) se trouvaient le poteau pourri, la vieille roue et les piquets à râteaux qui constituent la fabrique d'un cordier de village (BALZAC, Paysans, 1844, p. 41).
f) Roue de potier. Plateau circulaire tournant sur lequel on place la matière à façonner. Synon. tour2. Wooley découvrit en 1930 à Ur, dans une couche archéologique de la période dite d'Uruk (vers -3250), des fragments d'une roue de potier (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 18).
g) Cylindre plat, massif dont le mouvement est utilisé pour broyer ou polir. Synon. meule. Roue du rémouleur, du lapidaire. Les objets [à polir] en acier sont adoucis au moyen de roues en émeri d'abord (H. FONTAINE, Électrolyse, 1885, p. 72). On casse les noix au maillet de bois pour en retirer les « tuches », qu'écrasera la roue de pierre dans l'auge pour en tirer l'huile (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p. 88).
h) Roue de poulie. Petit cylindre plat creusé d'une gorge à sa circonférence, qui fait partie d'une poulie et tourne dans la chape. Synon. réa, rouet. Si fracassé qu'eût été l'avant de la Durande, Gilliatt était parvenu à sauver les deux bossoirs avec leurs trois roues de poulies (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 270).
3. Grand cylindre dont la circonférence est garnie d'éléments utiles.
a) Grand cylindre plat dont la circonférence est garnie de palettes, d'augets, placé dans un cours d'eau dont il transforme l'énergie cinétique en énergie mécanique. Roue hydraulique, à eau; roue à palettes planes, à palettes courbes; roue à godets; roue à aubes. Un petit ruisseau, qui s'échappe sous la roue du moulin qu'il fait mouvoir, va ensuite arroser des prairies (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 365). V. meule1 A 1 ex. de Brunerie.
Roue en dessus/en dessous/de côté. Roue qui reçoit l'eau à sa partie supérieure/à sa partie inférieure/à la hauteur de son axe. Pour l'utilisation de la force hydraulique, on ne connaissait aux époques reculées que la roue en dessus (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 487).
b) Roue (élévatoire). Roue à eau utilisée pour élever l'eau jusqu'à un réservoir ou à un canal d'irrigation. Les roues élévatoires sont des engins (...) qu'on peut utiliser (...) pour des élévations ne dépassant pas quelques mètres. On emploie la roue à palettes, la roue à godets, ou la roue à tympans (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905p. 649). La grande nappe de l'Oronte où tournent en bourdonnant et en ruisselant d'eau les grandes roues qui montent l'eau jusqu'à des aqueducs pour la dispenser dans les champs (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1914, p. 362).
c) MAR. L'une des deux roues à aubes fixées de chaque côté d'un bateau. Vapeur à roues. Le bateau à roues, avec sa machine de Watt, commençait à donner satisfaction; comment eût-on osé substituer une hélice à cette mécanique qui marchait si bien? (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p. 248).
d) Roue pelleteuse ou roue-pelle. ,,Machine destinée aux parcs de minerai et de charbon dont l'organe de travail est constitué d'une roue à godets`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983).
4. Disque, cylindre tournant sur son axe.
a) Roue du pilori. V. pilori ex. de Hugo.
b) Cylindre placé dans une cage et qu'un animal peut faire tourner par le mouvement de ses pattes, sans avancer. Synon. rouet. Tout en s'agitant dans sa solitude comme un écureuil dans sa roue, il bâillait d'ennui et de langueur (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 5). V. cage ex. 5.
P. anal. Grande roue en bois, mue par un animal ou un homme, qui entraîne un treuil. Elle aime à voir, à la cuisine, tourner la broche des rôtis par un marmiton aux mains sales ou par un chien qui court sans avancer jamais, dans une grande roue (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 40). V. cage ex. 6.
c) MUS. Roue(-archet). Disque frotté de colophane, actionné par une manivelle, qui tient lieu d'archet dans certains instruments. Vielle à roue. [L'organistrum] ayant la forme d'une grande guitare (...) monté de trois cordes passant sur un chevalet et mises en vibration par le frottement d'une roue que l'on faisait tourner à l'aide d'une manivelle (GRILLET, Ancêtres violon, t. 1, 1901, p. XIX).
d) Grande roue. Manège formé de nacelles disposées sur une roue dressée. On est passé devant la grande Roue... Mais on a préféré encore les bords de la Seine (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 95).
e) Roue de loterie, ou vieilli, roue de fortune. Tambour contenant les numéros qu'on tire au sort; disque vertical, marqué de numéros sur son pourtour, le numéro gagnant étant désigné par une languette qui, lorsque la roue s'arrête, reste engagée entre les clous qui séparent les numéros. Un champ de foire convenablement fourni de chevaux de bois, de roues de fortune et de saltimbanques (GAUTIER, Italia, 1852, p. 7). La roue des loteries grinçait comme des étoffes qu'on déchire (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 230).
f) Partie mobile de la roulette. Il tire à lui les trois mille six cents francs et, toujours sans rien savoir du jeu, les place sur la rouge (...). La roue tourne. Il gagne encore (BALZAC, Goriot, 1835, p. 163).
B. — (Supplice de) la roue. Supplice qui consistait à étendre le condamné sur une croix de Saint-André, à lui rompre les membres et la poitrine avec une barre de fer et à l'exposer sur une roue de carrosse placée à l'extrémité supérieure d'un poteau. La décapitation est réservée aux gentilshommes. Le billot est un de leurs privilèges. Parmi les supplices roturiers, la roue me paraît l'emporter sur la vulgaire pendaison (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 470).
C. — P. anal. (de forme)
1. Objet de forme circulaire. À Yap, une île de la Micronésie, nous observons un phénomène également bizarre. Là les indigènes ont des coquillages-monnaies, mais prisent davantage des roues en calcaire dont le diamètre mesure de 60 centimètres à 1 m 90 (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 172).
En partic.
♦ Synon. moins usité de rouelle. Une figure représentant des juifs mutilant un enfant, et ils y sont reconnaissables à la roue ou rouelle de drap qu'ils portent sur leurs vêtements (A. FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 187).
♦ Meule de fromage. Une roue de gruyère. Voir LUQ.-BOUD. Lait. 1981.
BROD. Motif ajouré, rond. V. poinçon I A ex. de Colette.
2. Locutions
a) En roue. En forme de roue. Étaler sa queue en roue. Des cheveux roux en roues sur les oreilles (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p. 237).
b) Faire la roue
) [À propos de certains oiseaux] Déployer les plumes de la queue en éventail. La roue. La queue ainsi étalée. Les dindons se rengorgeaient, gloussaient en faisant la roue (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 135). Un paon de métal émaillé, dont il venait de donner la commande au maître ciseleur et dont il venait d'assortir lui-même toute la roue en pierreries (LORRAIN, Phocas, 1901, p. 5). Un porche de ferme s'ouvrit. Seul, sous la voûte, un paon apparut, en pleine roue (GIONO, Eau vive, 1943, p. 240).
Au fig. Se pavaner, parader, chercher à se mettre en valeur. Faire de l'embarras, du genre, du fla fla! Aujourd'hui, c'est la mode. On se jette de la poudre aux yeux, on fait la roue... on se gonfle... comme des ballons (LABICHE, Poudre aux yeux, 1861, II, 13, p. 395). Visite d'un jeune écrivain (...) qui, visiblement, se propose de m'éblouir, et rien ne me paraît plus ennuyeux que cette façon de faire intellectuellement la roue, car il n'y a guère que le parfait naturel qui m'éblouisse (GREEN, Journal, 1943, p. 21).
) GYMN. Tourner latéralement sur soi-même en s'appuyant alternativement sur les mains et sur les pieds. Il entrait ordinairement dans les coulisses où ses camarades étaient réunis, en faisant la roue sur les pieds et sur les mains, ou quelque autre tour gentil (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 142).
D. — [La roue en tant que symb.]
1. [Symb. solaire en raison de sa disposition rayonnante et de son mouvement] Jésus, à une certaine époque, a été identifié avec le soleil. Il s'inscrit au milieu de la roue à rayons. Son monogramme, dans le disque dérivé de la roue solaire, conserve un sens lumineux. Et l'antique roue solaire persiste dans maints types iconographiques du Moyen Âge (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 516).
2. [Symb. des cycles, des recommencements, des révolutions, en raison de son mouvement]
La roue de la Fortune. [Attribut de la Fortune, divinité du Hasard, symbole des vicissitudes de la destinée hum.] La Fortune à sa roue Attache mille ambitieux, Les précipite dans la boue Ou les élève jusqu'aux cieux (BÉRANGER, Chans., t. 3, 1829, p. 62). Dans le grand nombre d'idées et de projets d'amélioration qu'il [le marquis d'Argenson] a agités, le temps a fait son triage, et il en est vraiment qui, par un singulier tour de roue de la Fortune, semblent devenus des à-propos (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 14, 1859, p. 259).
La roue tourne. Les choses changent, évoluent. C'était encore un de ceux qui étaient toujours avec les vainqueurs, (...) il sentait bien que la roue tournait et prenait ses précautions: planquer quelqu'un comme elle, n'était pas une mauvaise garantie (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 231).
Vieilli. Être en haut/en bas de la roue. Être dans la prospérité/dans l'infortune. Frappé des merveilles réalisées par l'architecte Grindot, au moment où la fortune avait mis son patron en haut de la roue, Crevel, comme il le disait dans son langage, n'en avait fait ni eune ni deusse, quand il s'était agi de décorer son appartement (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 107).
Roue de fortune. Dixième lame du tarot qui symbolise le changement (d'apr. RIFFARD Ésotérisme 1983).
Littér. La roue du temps. Le passage inexorable du temps auquel on ne peut échapper. Si les ministres passent, les bureaux restent, et (...) ils sont les vrais ministres. Oui, sans doute, mais c'est précisément là qu'est le danger, car ceux qui les occupent, ne sont que trop enclins à ralentir la roue du temps, je veux dire, à perpétuer les routines pour se donner le moins de tracas possible (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 131).
[Dans le bouddhisme, p. réf. aux transmigrations] Mais cet enfer n'est point éternel (...) dès qu'elle y a subi sa peine, l'âme, mise dans la roue des métempsycoses, y prend la forme sous laquelle elle doit renaître sur la terre (A. FRANCE, Vie littér, 1891, p. 83). Ses yeux et sa bouche sont clos, ses pieds retirés sous lui et sa main qui pend dans le « geste du témoignage » indique la terre. Tel, sous l'arbre sacré, se conçut le parfait Bouddha: échappé à la roue de la vie, il participe à sa propre immobilité (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 28).
ASTROL. La roue des animaux, des signes. Le zodiaque. Le génie mystagogique a varié les emblêmes par lesquels on a désigné le monde et le zodiaque; cette grande roue est le zodiaque appelé par les Hébreux la roue des signes (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 587). Cette partie du ciel a été nommée par les Grecs zodiaque au sens de roue des animaux ou mieux roue de la vie (Divin. 1964, p. 185).
3. Roue d'Ixion. [P. réf. à Ixion qui pour avoir trompé Zeus fut lié à une roue enflammée tournant éternellement dans le Tartare] Ce Tantale, toujours prêt à boire cette eau, à saisir ces fruits qui le fuient toujours; cette pierre de Sysiphe, toujours remontée ou poursuivie; ce cercle, symbole éternel de l'éternité, écrit sur la roue d'Ixion, sont autant d'hiéroglyphes parlans (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 410).
4. Roue de flamme, roue enflammée. [P. réf. aux visions d'Ézéchiel (Éz, I, 15-21; X, 6, 19; XI, 22)] [Massillon] met sa gerbe en ordre et l'asseoit en quelque sorte sur les roues du char sacré (...) la parole de Bossuet se confond le plus souvent avec le char lui-même, avec la roue enflammée qui emporte le Prophète (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 9, 1853, p. 36). J'adore encore le Maître (...) et je pleure les jours où, me couvrant de mes ailes, je formais avec la multitude des enfants de la lumière, une roue de flamme autour de son trône glorieux (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 115).
Prononc. et Orth.: []. Homon. roux et formes de rouer. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIe s. rode « pièce de forme circulaire qui, en tournant sur un essieu, communique un mouvement » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 125); ca 1180 ruee dou char (Proverbe au Vilain, 33 ds T.-L.); d'où loc. a) XVe s. [éd. 1531] etre la quinte roue « être inutile » (Perceforest, t. 1, fol. 122 ds LITTRÉ); 1700 être la cinquième roue du chariot (SAINT-SIMON, éd. A. De Boislisle, VII, 142); b) 1559 poulser a la roue « aider à la réussite d'une affaire » (AMYOT, Pélop., 53 ds LITTRÉ); 2. a) ca 1155 röe « disque tournant » ici fig. (WACE, Brut, 1920 ds T.-L.: Fortune ad sa röe tornee); 1384 roue de la fortune « décoration représentant la roue de la Fortune » (Arch. du Pas-de-Calais A 541a ds GAY); d'où 1609 sur le haut de la roue « dans une grande prospérité » (RÉGNIER, Sat., XIV, 48, éd. G. Roubaud); 1666 au plus haut de la roue (BOILEAU, Sats., V, 66, éd. A. Cahen); b) 1690 rouë de Fortune « tambour où l'on enferme les numéros pour les tirer au sort » (FUR.); 3. a) déb. XIIe s. roe « au purgatoire, grande roue à laquelle sont accrochés des gens qui tournent à toute vitesse » (BENOIT, Voyage de St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1360); b) 1534 « roue où l'on attachait les condamnés » (Edit, janvier ds ISAMBERT, Rec. gén., t. 12, p. 400 [sens att. indirectement par le dér. enrouer « soumettre au supplice de la roue », déb. XIIIe s. JEAN BODEL, Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 537]); 4. a) 1174-76 « objet de forme circulaire qui entre dans la constitution d'une machine comme organe de transmission » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 223); b) 1757 roue de gouvernail « roue munie de poignées qui sert à manœuvrer le gouvernail » (Encyclop. t. 7, p. 782); 5. p. anal. a) 1269-78 faire la roe (d'un paon) et p. ext. « déployer en rond le bas d'un vêtement » (JEAN DE MEUNG, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 13538: et li souviegne de la roe Que li paons fet de sa queue: face ausinc du mantel la seue); d'où fin XIVe s. « se pavaner » (EUSTACHE DESCHAMPS, Balades, éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 4, 318); b) 1734 faire la roue « tourner sur soi-même » (CREBILLON Fils, L'Ecumoire, p. 232); 1870 gymn. (LITTRÉ); 6. 1725 roue de devant « pièce de deux francs » roue de derrière « pièce de cinq francs » (Le Vice puni ou Cartouche ds SAIN. Sources arg. t. 1, p. 336); 7. 1932 les deux-roues « terme générique désignant tout véhicule à deux roues » (L'Auto, 17 janv. ds PETIOT). Du lat. rota « roue, rouleau ». La forme roue, dont la forme anc. et rég. ruee, et reue qui existe encore dans les pat. du Nord, de l'Est et de l'Ouest, est due à une réfection sur le verbe rouer (du lat. rotare) et le dimin. rouelle (du lat. rotella). Voir FEW t. 10, p. 496a, note 36. Fréq. abs. littér.: 2 071. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2 038, b) 4 024; XXe s.: a) 3 830, b) 2 607. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 666. — QUEM. DDL t. 5, 9, 14, 16, 18.

roue [ʀu] n. f.
ÉTYM. XIIIe; anc. franç. rode, ruode, ruee, roe, refait sur rouer; du lat. rota.
1 Disque tournant sur un axe qui passe par son centre.
a Ce disque, utilisé comme organe de déplacement. || Les roues d'un véhicule. || Parties d'une roue. Boudin, esse, essieu (cit. 3), frette, jante, moyeu (cit.), œil, rai, rayon (cit. 11). || Ceinturage, embattage des roues. || Roue d'une brouette. || Les roues d'une voiture (→ Attelage, cit. 1; bouger, cit. 9; diligence, cit. 7; fourgon, cit. 1), d'une bicyclette, d'un motocycle (cit.), d'une automobile, d'une locomotive (→ Prise, cit. 25). || Roue de camion, d'engin. || Véhicule à deux roues, à quatre roues. || Roues avant, arrière. || Écartement des roues. Voie. || Roues motrices, directrices, couplées, jumelées, indépendantes, amovibles… || Automobile tout terrain, à quatre roues motrices. || Roues munies de bandages, de pneumatiques.Roue de sécurité : sur le matériel équipé de pneumatiques, Roue métallique auxiliaire, qui prend appui sur la voie en cas de crevaison d'un pneumatique.Roues pressées : dispositif de propulsion d'un véhicule à coussin d'air dans lequel deux roues horizontales motrices prennent appui de part et d'autre des flancs verticaux d'un rail central en forme de T renversé pour mouvoir le véhicule.
1 À chaque roue ils entent un moyeu
Douze rayons font passer au milieu
Jusqu'à la gente (jante) et autour de la gente
Mettent d'airain une bande pesante.
Ronsard, la Franciade, IV.
2 La roue en effet était gravement endommagée. Le choc de la malle-poste avait fendu deux rayons et labouré le moyeu dont l'écrou ne tenait plus.
Hugo, les Misérables, I, VII, V.
Les roues d'un avion. Train (d'atterrissage). → Rentrer, cit. 20. — Roues stabilisatrices des avions à train monotrace. Balancine.
Chapeau de roue, protégeant le moyeu (→ Enjoliveur).Fam. Virage, démarrage sur les chapeaux de roue, à toute allure.
2.1 Je l'ai accompagné jusqu'à son automobile (…) Je l'ai aidé à se mettre au volant. Il a baissé la glace. — « Vous viendrez dîner chez moi (…) Je me sens si seul (…) » Et puis il a démarré sur les chapeaux de roues.
Patrick Modiano, les Boulevards de ceinture, 1972.
Loc. fig. Argot anc. Roue de derrière : pièce de cent sous (Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. II, p. 182).
(1935). || Roue de secours : roue supplémentaire destinée à remplacer une roue en cas de crevaison.
(1897). || Roue libre : dispositif d'entraînement d'un mécanisme qui n'entraîne pas en réaction l'organe moteur permettant au cycliste de rouler sans pédaler.Fig. Être en roue libre : agir librement sans contrôle ou sans surveillance.
Loc. (Sports). Roue(s) à roue(s), roue dans roue : au même niveau qu'un concurrent.Sur sa roue, dans la roue : en suivant de très près un concurrent.Prendre la roue : se placer dans le sillage d'un coureur.Gagner d'une roue, d'une distance égale au diamètre d'une roue. || « F. a réussi à me prendre une demi-roue » (la Vie au grand air, 25 juil. 1908, in Petiot).Fig. et par plaisanterie :
2.2 Les vaches se remirent à vagabonder, suivies roue dans roue par le chien.
René Fallet, le Triporteur, p. 97.
Loc. Pousser à la roue (proprt, pour aider le cheval), aider qqn à réussir, le soutenir dans son effort.Par ext. Faire évoluer un processus, une situation (dans un sens ou un autre).
3 Aux élections, il voterait pour le socialiste. Parfaitement. Pour pousser à la roue. Et allez. Que tout craque une bonne fois, qu'on la porte à la poubelle, cette République. Une honte. Plus que ça irait mal et mieux que ça vaudrait.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XIV.
3.1 (…) je sais les difficultés de votre vie. Mais de là à pousser à la roue, à enfoncer ce pauvre type pour le plaisir de torpiller mon travail (…)
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, 1973, p. 249.
Mettre des bâtons dans les roues à qqn. — ☑ Être la cinquième roue du carrosse, de la charrette : être inutile, inopérant, insignifiant.
4 Mais il a bien l'intention de le traiter comme la cinquième roue du carrosse (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. X, XVII, p. 188.
(1932). Admin. et cour. || Deux roues : véhicule à deux roues (bicyclette, vélomoteur, scooter, moto). || Autoroute interdite aux deux roues.
b (V. 1190). Ce disque, servant d'organe de transmission, d'élévation, etc. || Roue de transmission. Poulie. || Roue de friction. || Roue folle. || Roue dentée, roues d'un engrenage. Engrenage, rouage. || Roue dentée entraînant le train de roulement des véhicules à chenilles. Barbotin. || Roues élévatoires, à augets, à godets… ( Noria). || Roue hydraulique (cit. 1; et → Marteau, cit. 5.1). || La roue d'un moulin à eau (→ Houille, cit. 5). Buse, rayère. || Roues-turbines. Turbine. || Roues d'un moulin à vent. Moulinet. || Roue de potier, de carrier.
5 (…) la Gère, petite rivière qui descend d'une haute vallée, et fait tourner les roues d'une quantité d'usines et de fabriques de draps (…)
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. I, p. 184.
6 Quelques cours de fermes ont encore à leur centre le pressoir à cidre et le vieux cercle de pierre creuse où roulait la roue à broyer les pommes.
Hugo, l'Archipel de la Manche, VII.
(1757). || Roue de gouvernail, qui commande, par l'intermédiaire des drosses, les mouvements du gouvernail. || Barre à roue (opposé à barre franche).
Techn. || Roue à pelles : grande excavatrice à pelles en circuit fermé. Roue-pelle.
c Ce disque, muni d'éléments perpendiculaires (aubes, palettes) servant d'organe de propulsion dans l'eau ou mû par l'eau.
(1858). || Roue à aubes : roue hydraulique à palettes. || La roue d'un moulin. || Bateau à roues, à roues à aubes ( Aube).
6.1 Le paquebot, soutenu sur ses larges roues, appuyé par sa forte voilure, roulait peu.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 207.
7 (…) le bateau de Southampton arrivait à toute vapeur (…) Ses roues rapides, bruyantes, battant l'eau qui retombait en écume, lui donnaient un air de hâte, un air de courrier pressé (…)
Maupassant, Pierre et Jean, I.
d (XIIe). Disque tournant. || Grande roue : attraction foraine, manège en forme de roue dressée.Roue de loterie : tambour en forme de roue contenant les numéros, ou disque vertical portant des numéros, que l'on fait tourner pour le tirage au sort.
7.1 Faites encor vos jeux ! clamèrent les forains.
Les roues lancées à bras tournaient, tournesols ivres,
Avec un bruit fou de crécelles. La lumière
Inspirait les joueurs suffisamment pour que
Leurs lèvres parussent murmurer des mots d'or.
Certains criaient : Je mise sur la liberté.
Henri Pichette, Apoèmes, Apoème 3.
(1858). Loc. La roue de la Fortune, roue symbolique, emblème des vicissitudes humaines (→ 1. Basque, cit. 2; prospérité, cit. 4).Littéraire :
8 (…) je regardais un de ces Juifs, vieillard septuagénaire, aveugle, demi-nu, occupé à faire tourner une roue au fond d'une échoppe qu'éclairaient les feux verts et jaunes des métaux qu'on étame (…) Il semblait là depuis des siècles, attelé à cette roue comme à la roue de l'infortune.
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, VII.
Absolt. || La roue : la roue de la Fortune.Être en haut, en bas de la roue, dans la prospérité, l'adversité.Que voulez-vous, la roue tourne !
9 Rien de stable dans ce monde : aujourd'hui au sommet, demain au bas de la roue. De maudites circonstances nous mènent, et nous mènent fort mal.
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 499.
La roue de l'Histoire : l'Histoire, conçue comme une succession de cycles, ou comme une force de propulsion (sens a).
9.1 Nous refusions de toucher à la roue de l'Histoire, mais nous voulions croire qu'elle tournait dans le bon sens. Sinon, nous aurions eu trop de choses à remettre en question.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 187.
2 (Av. 1778; roe, v. 1112). Spécialt. Instrument de supplice; supplice qui consistait à attacher le criminel sur une roue pour lui rompre les membres (ou après les lui avoir rompus). 2. Rouer (→ Lier, cit. 25). || Condamner qqn à la roue.
10 Près de saint Alexandre Nevski se trouve sainte Catherine, couronne au front, palme en main, ayant près d'elle la roue qui désigne son martyre (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, XV.
3 Loc. fig. Faire la roue. a (1802). Gymn. Tourner latéralement sur soi-même en faisant reposer le corps alternativement sur les mains et sur les pieds (→ Assujettir, cit. 18; clown, cit. 1).
b (1538; en parlant de certains oiseaux comme le paon). Déployer en rond les plumes de la queue (→ Fringant, cit. 7). 1. Rouer.(Fin XIVe). Fig. Déployer ses séductions. Beau (faire le), pavaner (se), rengorger (se).
11 Dans la colère son génie (celui de Mirabeau) faisait la roue et étalait toutes ses splendeurs.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, Sur Mirabeau, VI.
12 (…) je n'ai pas la force de soutenir ce rôle comique du mâle qui fait la roue, se démène, se dépense, pour mériter à terme une satisfaction physiologique qui est de plein droit.
J. Romains, le Dieu des corps, II.
4 Disque, cylindre. || Des roues de lumière. Spécialt. || Une roue de gruyère, d'emmenthal.
DÉR. Rouage, 2. rouer, rouet. — V. Rotation, rote, rotule, rouelle, rouler.
COMP. Bouteroue, chasse-roue, deux-roues, roue-pelle.

Encyclopédie Universelle. 2012.