tirer [ tire ] v. <conjug. : 1>
• 1080; p.-ê. réduction de l'a. fr. martirier « torturer » (→ martyre)
I ♦ Exercer un effort sur..., de manière à allonger, à tendre, ou à faire mouvoir.
A ♦ V. tr. dir.
1 ♦ Amener vers soi une extrémité, ou éloigner les extrémités de (qqch.), de manière à étendre, à tendre. ⇒ allonger, distendre, étendre, étirer, raidir, 1. tendre. Tirer une corde. Tirer sa jupe vers le bas. Tirer ses chaussettes. ⇒ relever, remonter. — Se tirer les cheveux en arrière. Tirer les oreilles à qqn. Loc. Fig. Se faire tirer l'oreille : se faire prier. — Tirer la chaîne d'une sonnette. Tirer la sonnette d'alarme. Tirer les fils des marionnettes. — Loc. Tirer les cordes (vieilli) , les ficelles : faire agir, manœuvrer. L'Allemagne « tire les ficelles et fait agir l'Autriche » (Martin du Gard). — (Sujet chose) Le froid tire la peau. « Le sparadrap, collé sur sa joue, en tirait obliquement la peau tendue » (Flaubert).
♢ Techn. Étirer. Tirer du métal en fils (⇒ ductile) . — Loc. fig. Tirer (qqch.) en longueur : faire durer à l'excès. ⇒ allonger. Tirer sa flemme.
♢ Spécialt (h. XIIe « torturer ») Tirer un supplicié à quatre chevaux. ⇒ écarteler. — (1530) Région. Tirer une vache. ⇒ traire.
2 ♦ (v. 1150) Faire aller dans une direction, en exerçant une action, une force sur la partie qu'on amène vers soi (tout en restant immobile). ⇒ attirer. Tirer un tiroir, pour l'ouvrir. Tirer le frein à main. Tirer l'échelle, le haut de l'échelle, qui était appuyé (contre un mur, etc.). Il faut tirer l'échelle . — Tirer une porte derrière soi, sur soi. ⇒ fermer. — Tirer l'aiguille, l'amener, la ramener vers soi; par ext. travailler à l'aiguille, coudre. — TIRER (QQCH.) À SOI, l'accaparer, le prendre. Tirer la couverture à soi. « Ursus, se mettant de moitié dans le succès de Gwynplaine, et tirant la nappe à lui, comme on dit en langue cabotine » (Hugo). — Fig. Tirer (qqch.) à soi. ⇒ 1. amener, attirer. Tirer un auteur, un texte à soi (en l'expliquant),le solliciter, lui faire dire ce qu'on veut.
♢ Faire mouvoir latéralement pour ouvrir, fermer. « Les Turcs se couchent avec le soleil et tirent les verrous sur leurs portes » (Loti). Tirer les rideaux. Tirer le rideau, un voile sur qqch.
♢ Tirer le diable par la queue. — Tirer sa révérence à qqn.
3 ♦ Faire avancer, mouvoir; déplacer derrière soi. ⇒ traîner; entraîner. Tirer un enfant par la main. « Six forts chevaux tiraient un coche » (La Fontaine). Le remorqueur tire un paquebot. ⇒ haler, remorquer, touer. Tracteur qui tire une machine ⇒ tracter.
♢ Tirer la jambe. ⇒ traîner. « Tirant la jambe comme un insecte blessé, il arpenta la chambre » (Martin du Gard).
4 ♦ (fin XVe) Fig. et vx Attirer. Tirer l'attention, le regard. « Rien ne tirait l'œil; mais la veste noire était de soie » (Martin du Gard).
B ♦ V. tr. ind. ou intr.
1 ♦ (v. 1160) TIRER SUR... : exercer une traction, faire effort sur..., pour tendre ou pour amener vers soi. Tirer sur une ficelle. Loc. fam. Tirer sur la ficelle, sur la corde : exagérer, aller trop loin dans la recherche d'avantages. — Tirer sur les rênes, pour arrêter un cheval.
♢ Intrans. « Ses crocs s'enfonçaient dans le cuir de ma veste. Il tirait, glissait, tirait encore » (Bosco). Tirer de toutes ses forces. — Tirer à hue et à dia.
2 ♦ (déb. XXe) TIRER SUR : exercer une forte aspiration sur. ⇒ aspirer. « tirer tant qu'on veut sur le tuyau de sa pipe et amener à soi toute la quantité de fumée qu'on veut » (Ramuz).
♢ Absolt (av. 1850) Avoir une bonne circulation d'air. Poêle qui tire bien (⇒ tirage) .
3 ♦ V. intr. Subir une tension, éprouver une sensation de tension. La peau lui tire.
II ♦ Se mouvoir, aller dans une direction ou le long de; avancer, progresser dans le temps.
A ♦ V. intr.
1 ♦ (1170 « tendre vers ») TIRER À. Vx Aller vers. — Mod. Tirer au flanc, au cul (⇒ tire-au-cul, tire-au-flanc) .
♢ (1669; tirer à finXVe) Tirer à sa fin : approcher de la mort, être à l'agonie. — (D'une chose) Approcher de sa fin. ⇒ 1. toucher. L'hiver tire à sa fin.
♢ Fig. Cela ne tire pas à conséquence : cela n'est pas grave.
2 ♦ Fig. TIRER À (XIVe) , VERS, SUR, APRÈS (fin XVe; vx ou région. [Belgique]) :se rapprocher de (qqch.), avoir un rapport (de ressemblance, d'évocation). ⇒ ressembler (à). Un or « tirant un peu sur le beige » (Sarraute).
B ♦ V. tr. dir. (tirer la voie « s'acheminer » 1210)
1 ♦ Mar. Tirer des bordées.
♢ Vieilli Tirer l'eau : déplacer une certaine masse d'eau (en parlant d'un navire). ⇒ tirant.
2 ♦ (1789) Fam. Passer péniblement (une durée, un laps de temps). « Il pensait : Il a de la chance; moi, j'ai encore un an à tirer » (Sartre). ⇒ 1. faire. « c'était toujours un dimanche de tiré » (Camus).
III ♦ V. tr.
1 ♦ (1538) Allonger sur le papier (une figure) en écrivant, en dessinant, en gravant. ⇒ tracer. Tirer une ligne (⇒ tire-ligne) , un trait. Tirer une perpendiculaire. ⇒ abaisser. — Platebande tirée au cordeau. — Techn. Tracer sur le terrain, en creusant, etc. Tirer des canaux. — Tirer un plan, le tracer; fig. l'élaborer. Tirer des plans sur la comète. — Tirer l'horoscope, l'établir (⇒ astrologie) .
2 ♦ Vx ou plaisant Représenter ou reproduire graphiquement. « Diderot fut victime d'un petit accident [...] Garand en profita pour tirer son portrait à l'huile » (Billy). Se faire tirer le portrait : se faire dessiner, peindre, par ext. photographier. — (1898) Tirer une épreuve (gravure, lithographie). Tirer des épreuves photographiques (⇒ tirage) .
♢ Spécialt (1669) Imprimer. Tirer un livre à mille exemplaires. Par anal. Fabriquer en plusieurs exemplaires. — Journal qui tire à trente mille exemplaires. — (1835) BON À TIRER : mention portée sur les épreuves corrigées, bonnes pour l'impression. Subst. Les bons à tirer, ces épreuves. Les bons à tirer sont déjà chez l'imprimeur. (Abrév.b. à t.)
IV ♦ (tirar provenç. 1280)
1 ♦ Envoyer au loin (une arme de trait, un projectile) au moyen d'une arme (⇒ tir). Tirer une flèche, une balle. — Tirer un coup de revolver; de fusil, de canon. Tirer un coup de feu sur qqn. — (De l'arme) « C'était encore la petite pièce de canon [...] elle tirait cinq coups par minute » (Stendhal).
♢ V. intr. Envoyer un projectile avec une arme (cf. Faire feu). Tirez ! ⇒ 1. feu. Dégainer, viser et tirer. Allus. hist. Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! paroles des soldats français à Fontenoy (1745). — Par ext. Se servir d'une arme à feu. Apprendre à tirer. Tirer bien, mal. Tirer dans toutes les directions. ⇒ canarder, tirailler. Tirer à vue. Tirer sur une cible, à la cible; tirer au but : faire mouche. Tirer sur qqn. ⇒fam. allumer, flinguer. Ne tirez pas sur le pianiste. — Pronom. (récipr.) Se tirer dessus. — Tirer contre (un objectif).— Tirer dans le dos, dans les pattes, dans les jambes. — Tirer à bout portant sur qqn (au pr. et au fig.). Tirer en l'air. Tirer à blanc. — Tirer dans le tas, sur un groupe, sans viser d'individu.
♢ TIRER À, avec (telle arme). Tirer à l'arc, au fusil, au pistolet. — (Projectiles, explosifs) « Des compagnies de gardes françaises qui tiraient, à poudre d'abord, puis à balles » (Michelet). Tirer à boulets rouges sur qqn.
2 ♦ (1490) Faire partir (une arme à feu), faire exploser. ⇒ décharger. Tirer le canon. — Tirer des fusées. Tirer un feu d'artifice (⇒ pyrotechnie) .
3 ♦ (1490) Tirer un coup de feu, ou décocher un trait, de façon à atteindre, abattre (une personne, un animal). Tirer un oiseau au vol. « un talent naturel et singulier pour tirer les perdrix et les lièvres » (Stendhal). Ils m'ont tiré comme un lapin. « Mais oui, t'as tiré vingt parachutistes et tu as arrêté un tank à toi tout seul » (Sartre). ⇒fam. descendre.
4 ♦ Par anal. Lancer (la boule) de manière à heurter le cochonnet ou une autre boule. Tirer la boule, et absolt tirer. — Football Shooter. Tirer un corner. — Intrans. Tirer au but.
5 ♦ Loc. fam. Tirer un, son coup : avoir un rapport sexuel (homme).
V ♦ (1080) Faire sortir.
A ♦
1 ♦ Faire sortir (qqch.) d'un contenant. ⇒ extraire, retirer. Tirer un mouchoir de sa poche, de son sac. ⇒ prendre, 1. sortir. — Tirer des seaux d'eau d'un puits. ⇒ puiser. — Tirer les marrons du feu. — Tirer qqn du lit, le forcer à se lever. — Tirer la langue, l'allonger hors de la bouche. Ce chien tire la langue de soif. Fig. Tirer la langue. — Tirer une plante de terre (⇒ arracher) . — Tirer les vers du nez, une épine du pied. Tirer son épingle du jeu.
2 ♦ Faire sortir, faire couler (un liquide) en le faisant monter, en l'exprimant (⇒ exprimer, extraire). Tirer le jus d'un citron. Tirer une bière (à la pression) (⇒ tireuse) . Tirer le vin (du tonneau). PROV. Quand le vin est tiré, il faut le boire : il faut supporter les conséquences de ses actes. — Tirer au clair. — Tirer des larmes à qqn, le faire pleurer.
3 ♦ Spécialt Tirer l'épée du fourreau. ⇒ dégainer. Par ext. Tirer l'épée : se battre à l'épée. — Tirer des armes, les armes : faire de l'escrime. Absolt Il va tirer à la salle d'armes. « moi qui tirais très mal » (Goncourt).
4 ♦ (1580; des expr. tirer une carte du jeu, un billet d'un chapeau, etc.) Choisir parmi d'autres, dans un jeu de hasard. Tirer une carte, un numéro de loterie. Tirer le bon, le mauvais numéro. — Tirer les cartes : dire la bonne aventure, prédire l'avenir à l'aide des cartes, des tarots (⇒ cartomancie) . Se faire tirer les cartes. — Tirer la fève. Par ext. Tirer les rois, à l'Épiphanie.— Désigner, faire désigner ou être désigné par un procédé de hasard. Tirer les lots au sort. (1843) Tirer à la conscription. (1840) Tirer à la courte paille.
5 ♦ Enlever, ôter (un vêtement, un ornement). Tirer son chapeau (pour saluer). « Je lui tire tout de même ma casquette » (Aragon).
6 ♦ (Compl. personne) Faire cesser d'être dans un lieu, une situation où l'on est retenu. ⇒ délivrer. Tirer des blessés des décombres. ⇒ dégager. Tirer qqn de prison. Tirez-moi de là ! — (D'une situation pénible) Tirer du danger. Tirer d'affaire, d'embarras, d'un mauvais pas. ⇒ dépêtrer, 1. sortir. « Il les tire du sale pétrin où ils venaient de se fourrer » (Céline). — « Ce succès qui le tirait de l'obscurité » (Gautier).
♢ Fig. Faire cesser d'être dans un état. Tirer qqn du sommeil. ⇒ réveiller. Un bruit le tira de sa rêverie. — Tirer qqn du doute, de l'erreur (⇒ désabuser, détromper) .
B ♦ Spécialt Obtenir en séparant, en sortant de.
1 ♦ (v. 1370) Obtenir (un produit) en utilisant une matière première, une source, une origine. L'opium est tiré d'un pavot. ⇒ provenir. — Tirer des sons d'un instrument. ⇒ produire. Un cabanon « qui tire son jour de ces petites cours intérieures » (Balzac).
2 ♦ Obtenir (qqch.) d'une personne ou d'une chose. ⇒ gagner, recevoir , recueillir. « Savoir tirer de l'instant qui passe toutes les joies qu'il peut donner » (Louÿs). — Tirer avantage, parti, profit de... ⇒ profiter. Tirer gloire, vanité de (qqch.) :s'enorgueillir, se prévaloir de. « Il tirait argument et avantage de ce qu'il m'en coûtait de céder à mon désir » (A. Gide).
♢ Obtenir (des paroles, des renseignements) de qqn. « il interrogeait un député, dont il tâchait de tirer adroitement des nouvelles » (Zola). On ne peut rien en tirer : il reste muet. « il m'est impossible de rien tirer d'elle. Elle est plus fermée qu'une jeune fille » (Morand). — Par ext. Obtenir (un comportement, une action) de qqn. On ne peut rien en tirer, il n'y a pas grand-chose à en tirer.
3 ♦ Obtenir (de l'argent, un avantage matériel). ⇒ retirer. Tirer de l'argent de qqn. ⇒ extorquer (à), soutirer (à); racketter. Tirer un revenu, de l'argent d'un capital, d'un immeuble. ⇒ percevoir. Tirer sa subsistance de (un travail...). Il « tirait des appointements convenables de sa collaboration à la revue d'art » (Martin du Gard). ⇒ gagner. Je n'ai pas pu tirer grand-chose de ma vieille voiture.
♢ Pop. Voler. Se faire tirer son blouson.
♢ Fin. Tirer une lettre de change, un chèque, de manière à prélever une somme sur le crédit d'un compte. ⇒ chèque; tiré, tireur. — Ellipt Tirer sur le compte de qqn, sur qqn.
4 ♦ (1636) (Abstrait) Faire venir (une chose) de. ⇒ dégager; déduire, inférer. Tirer des conséquences d'une formule. Tirer des conclusions. ⇒ conclure . Il ne faudrait pas en tirer la conclusion que...
5 ♦ (1691) Emprunter (son origine, sa raison d'être [de] qqch.). ⇒ prendre. Tirer son origine, sa source de : descendre, venir de. ⇒ provenir. « Un héros. De lui la tribu tirait son nom » (Fustel de Coulanges). — Tirer sa force, son pouvoir, son importance de...
♢ Dégager d'un ensemble (un élément) pour l'utiliser. ⇒ prendre, puiser. « Tirer de tout ce qui passe dans la société matière à roman » (Sainte-Beuve). Tirer des citations d'un texte. ⇒ extraire. — (Choses) Les langues romanes tirent la plupart de leurs mots du latin. ⇒ emprunter.
♢ Élaborer, faire, en utilisant des éléments que l'on a extraits. Tirer une morale d'une doctrine. ⇒ dégager, interpréter. Tirer la leçon d'une expérience. « L'esprit philosophique sait tirer philosophie de toute chose » (Renan).
VI ♦ SE TIRER v. pron. (1265 « se rendre quelque part »)
1 ♦ Fam. Partir, s'en aller; s'enfuir. « Ah ! sur ce, je me tire... il est grand temps » (Sarraute). Se tirer en douce. « Reprends ton billet et tire-toi, avant que je me fiche en colère » (Sartre). — Se tirer des flûtes.
2 ♦ (1835) Fam. S'écouler lentement, en parlant d'une durée; toucher à sa fin, en parlant d'une tâche. Et ce stage ? — Ça se tire.
3 ♦ (v. 1500) SE TIRER DE... : échapper, sortir de (un lieu où l'on est retenu, une situation fâcheuse). Se tirer d'un endroit par miracle. ⇒ 1. sortir. Se tirer des pattes de qqn. ⇒ échapper. Se tirer d'affaire, d'un mauvais pas, fam. du pétrin. ⇒ 1. sortir (s'en sortir).
♢ Venir à bout (d'une chose difficile). ⇒ se débrouiller, se dépêtrer, se sortir. Se tirer avec habileté d'un sujet épineux.
4 ♦ (1642) S'EN TIRER : en réchapper, en sortir indemne. Il est très malade, mais il s'en tirera. Il s'en est tiré à bon compte. Réussir une chose délicate, difficile. Il s'en est bien tiré. ⇒ réussir. Ma famille « n'était pas riche. On s'en tirait, voilà tout » (Maupassant). « Vivre seule, on s'en tire, on s'y fait » (Colette).
♢ En être quitte pour. « Avec de la protection, tu t'en tireras avec dix-huit mois de service » (Aragon).
⊗ CONTR. Détendre, relâcher. Pousser. Éloigner, 1. repousser. — Enfoncer, entrer.
● Tirer au football, effectuer un tir.
tirer
v.
aA./a
rI./r v. tr.
d1./d Faire mouvoir, amener vers soi. Tirer un tiroir.
|| Traîner, tracter derrière soi. Cheval qui tire une charrette.
|| v. intr. Produire, développer une certaine puissance de traction. Ce moteur tire bien.
d2./d Mouvoir en faisant glisser, coulisser. Tirer le verrou. Tirer des rideaux.
d3./d Faire un effort pour tendre, allonger. Tirer une corde. Tirer ses chaussettes. Tirer ses cheveux en arrière.
— Pp. adj. Par ext. Tiré à quatre épingles.
|| TECH Tirer l'or, l'argent, les allonger en fils déliés.
— v. intr. Tirer sur une corde. Tirer de toutes ses forces.
d4./d Donner un aspect tendu, fatigué à. La maladie a tiré ses traits.
|| Loc. (Belgique) Fig., Fam. Tirer la tête: faire la tête.
— Tirer son plan: V. plan 2 (sens B, II, 1).
|| Loc. (Québec) Tirer au poignet: V. poignet (sens 1).
d5./d v. impers. (Belgique) Il tire, ça tire: il y a un courant d'air.
rII./r v. intr. Aspirer fortement. Tirer sur sa cigarette.
|| Absol. être parcouru par un courant d'air qui active la combustion. Pipe qui tire bien, mal.
aB./a Prendre, ôter, extraire.
rI./r v. tr.
d1./d Faire sortir, enlever, ôter d'un endroit, d'une situation. Tirer un mouchoir de sa poche. Tirer de l'eau d'un puits.
— (Comp. d'objet n. de personne.) Tirer qqn de prison.
— Délivrer, dégager. Tirer d'embarras.
|| v. Pron. Se tirer de (qqch) ou s'en tirer: sortir heureusement d'une maladie, d'une situation difficile; en réchapper.
d2./d Prendre au hasard. Tirer une carte. Tirer les numéros d'une loterie par ext., tirer une loterie.
|| v. intr. Loc. Tirer au sort: prendre une décision, effectuer un choix, en s'en remettant au sort (en lançant une pièce en l'air, tirer à pile ou face; en faisant choisir des brins de paille d'inégales longueurs, tirer à la courte-paille, etc.).
d3./d Extraire, exprimer. Substance que l'on tire des plantes.
— Loc. (Québec) Fam. Tirer les vaches, les traire.
|| Obtenir, recueillir.
— Loc. Tirer profit, avantage de qqch.
|| Tirer qqch de qqn: obtenir, soutirer qqch de qqn par un moyen quelconque.
|| COMM Tirer une lettre de change: faire un effet de commerce par lequel on charge un correspondant de payer la somme énoncée au porteur de cette lettre.
d4./d Tirer de: trouver l'origine de qqch dans, emprunter à. D'où tire-t-il cette arrogance? Les mots que le français tire du grec.
d5./d Déduire, conclure. Tirer des conclusions de certains faits.
rII./r v. Pron. Fam. S'enfuir, se sauver.
aC./a
rI./r v. intr.
d1./d Aller vers, s'acheminer. Tirer au large. Voiture qui tire à gauche, à droite.
|| (Dans le temps.) Loc. Tirer à sa fin. Tirer en longueur: se prolonger indéfiniment.
d2./d Tirer sur: tendre vers, avoir une certaine ressemblance avec (en parlant d'une couleur). Vert qui tire sur le bleu.
rII./r v. tr. MAR Tirer un bord: franchir une certaine distance sans virer de bord. Tirer des bords: louvoyer.
aD./a v. tr. et intr.
d1./d Tracer. Tirer un trait, une ligne.
|| Tirer un plan, le dessiner.
— Par ext., fig. Tirer des plans: élaborer, mûrir des projets.
d2./d Imprimer. Tirer un ouvrage sur papier bible.
|| v. intr. être reproduit, imprimé, gravé. Journal qui tire à un million d'exemplaires.
aE./a v. tr. et intr.
d1./d v. tr. Lancer (un projectile) au moyen d'une arme. Tirer une flèche.
— (En parlant de l'arme.) Le fusil qui a tiré cette balle.
|| v. intr. Se servir d'une arme; pratiquer l'art du tir. Tirer à blanc . Tirer au revolver.
d2./d v. intr. Faire feu. Tirer à bout portant, en l'air. Tirer sur qqn.
— Par ext. v. tr. Tirer un lièvre.
d3./d v. tr. Faire partir (une arme à feu, un explosif). Tirer le canon. Tirer un feu d'artifice.
d4./d v. tr. (Québec) Fam. Lancer (un projectile) à la main, sans arme.
|| v. Pron. Les enfants se tirent des roches.
— Loc. Tirer au but.
|| v. tr. (Québec) Fam. Lancer (qqch). Tire-moi la balle!
⇒TIRER, verbe
I. — Empl. trans.
A. — Tirer qqc./qqn
1. Amener après soi; traîner, derrière soi, en se déplaçant dans le même mouvement. Anton. pousser. Tirer un cheval par la bride. Et le chariot que tiraient malaisément les vingt chevaux de hussards parvint aussi (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 84).
♦ Tirer la jambe. Marcher difficilement. V. jambe A 1 c.
— MARINE
♦ Tirer un bâtiment à terre. ,,Le haler à terre, ou en général sur une cale dite de halage`` (GRUSS 1952). À six heures, en revenant des îles, Cyril tirait le bateau sur le sable (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 70).
♦ [En parlant d'un navire] Tirer (tant d'eau)/(tant de pieds d'eau). Déplacer telle quantité d'eau en avançant; enfoncer de tant de pieds dans l'eau. Synon. caler (v. caler1 I A). Les courans et les remoux sont moins violens, et il n'y a presque plus de danger, sur-tout pour des pirogues qui tirent aussi peu d'eau (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 318). La Reine-Élisabeth (...) ne tire que trois pieds d'eau (DUMAS père, Kean, 1836, III, 2, p. 138).
— Absol. Les chevaux tirent bien, ils tirent mal (Ac. 1935).
♦ Au fig., vieilli, fam. On aura bien à tirer dans cette affaire ,,On aura bien de la peine à la faire réussir`` (Ac. 1835, 1878).
2. Amener vers soi.
a) Déplacer dans une/sa direction en étant soi-même immobile. Tirer un tiroir. Il s'approcha du portail et tira la cloche qui tinta dans le silence dominical (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 682).
♦ Tirer le cordon. V. cordon I A 1 b.
♦ Tirer les ficelles. V. ficelle B 1.
— [Le suj. désigne un inanimé, le compl. d'obj. un animé] Attirer. Mais c'est surtout le terrible Christ aux outrages qui tire la foule (BLOY, Journal, 1892, p. 27).
b) Au fig.
— Tirer qqc. à soi. (Chercher à) tourner une situation à son avantage, à son profit. Il y a des esprits qui ne peuvent admettre et admirer les autres qu'en les tirant à soi (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 260). L'homme épouse une dot et une bonne tenue, la femme épouse une calèche et une frisure. De là un bonheur conjugal vraiment unique, chacun tirant à soi, tous deux trompés dans leurs espérances (TAINE, Nouv. Essais crit. et hist., 1865, p. 59).
♦ Tirer un texte à soi. Citer, interpréter un texte de manière non objective afin de lui faire dire ce que l'on souhaite. Synon. solliciter. [Joseph de Maistre] est érudit (...) il tire à lui les textes et les détourne (SAINTE-BEUVE, Caus. lundis, t. 15, 1860, p. 59). Incapable de renoncer au Christ comme il [Gide] l'était de renoncer à lui-même, il lui restait de tirer à lui chaque parole du Seigneur: ce fut un jeu où il excella. Son Retour de l'Enfant prodigue est, de ce point de vue, un chef-d'œuvre de gauchissement (MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 188).
♦ Tirer la couverture à soi (fam.). V. couverture I A 2.
— Tirer l'œil. V. œil II B 1. Tirer les yeux. Attirer l'attention. Une affiche, imprimée en lettres noires sur fond rose, tire nos yeux dans la salle à manger (BOURGET, Ét. angl., 1888, p. 16).
c) P. anal. Tirer les yeux, les traits. Faire mal aux yeux, leur causer de la fatigue; fatiguer, donner (aux traits) une expression de fatigue. La banale migraine, qui tire les traits et plisse le front (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 137).
3. Tendre quelque chose.
a) Chercher à tendre quelque chose par une extrémité, l'autre extrémité étant fixe, ou immobile, ou tirée dans l'autre sens. Tirer un câble, une courroie; tirer la moustache. Alors le monsieur fit descendre le seau et dit: Assieds-toi dedans. Il tire la corde et il remonte le seau qui n'était pas rempli qu'avec de l'eau, puisque le petit garçon était dedans (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 174).
♦ Tirer la porte, le battant. Fermer la porte ou l'ouvrir. Il fit tourner la clef et tira le battant (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 596).
b) Allonger pour tendre, étendre; ajuster. Tirer ses bas, son pantalon. Les efforts qu'il faisait pour tirer et rectifier les plis tirebouchonnants de son pantalon (RICHEPIN, Flamboche, 1895, p. 99). Ses traits étaient naturellement graves et doux, un peu durcis occasionnellement (...) quand Marie lui tirait les cheveux en arrière (GIDE, Si le grain, 1924, p. 455).
— Au fig. Tirer qqc. en longueur. Accroître sa durée, en retarder le dénouement, la conclusion. (Ds Ac. 1835-1935). Synon. traîner en longueur.
c) En partic. Rendre plus long, plus mince; étirer. Tirer l'or, l'argent. ,,Les allonger en fils déliés en passant à la filière`` (PEYROUX Techn. Métiers 1985). Les patrons fournissaient l'or en fil, tout allié; les ouvriers le passaient d'abord par la filière pour l'obtenir à la grosseur voulue (...). Sa sœur (...) avait de fameux bras, il lui avait vu tirer l'or aussi mince qu'un cheveu (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 426).
4. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animé ou une partie d'un animé]
a) Attirer quelqu'un à soi pour le dégager ou chercher à capter son attention. Tirer qqn par le bras, par la manche, par les pieds. Durant la montée, Bonaventure tirait Aymar par son manteau (BOREL, Champavert, 1833, p. 133).
— Au fig., fam. Tirer le diable par la queue. V. diable1 I C 2 a.
b) Exercer une traction sur une partie du corps en faisant mal. Tirer qqn par les cheveux; tirer la queue d'un chat. Il tire les cheveux de sa sœur (GDEL).
— Au fig., fam. Tirer les oreilles de/à qqn. V. oreille I C 1. Se faire tirer l'oreille. V. oreille I C 1.
c) Région. ou vieilli. Tirer les vaches. Les traire. [Ragotte] tire la vache (...) une tétine en chaque main, et d'un mouvement alternatif et doux: une, deux! une , deux! (RENARD, Nos frères farouches, 1910, p. 25). Tu donneras à manger aux hommes, Maria. Et ton père t'aidera à tirer les vaches si tu veux. Je ne suis bonne à rien ce matin (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 200).
5. Mouvoir, faire aller quelque chose latéralement, d'un côté à l'autre. Noémi recommença de coudre et tout le jour tira l'aiguille, la pensée vague (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 189).
— Tirer l'échelle. V. échelle A 4 b.
— Tirer le loquet, le verrou. Fermer ou ouvrir une porte de l'intérieur au loquet ou au verrou. [Bernier] avait eu soin (...) de tirer les verrous qui fermaient intérieurement l'unique porte faisant communiquer l'appartement avec le corridor (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 81). Sitôt qu'Annalena ouvrait son clavecin, je courais allumer les chandelles et tirer le loquet (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 168).
— Tirer le/les rideau(x). Le/les fermer. [Gobseck] tira un rideau de vieille tapisserie dont les anneaux crièrent sur la tringle (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 391). [L'enfant abandonnée] craint la nuit, la solitude, la maladie et la mort, elle tire les rideaux, le soir, sur la vitre obscure qui l'effraie (COLETTE, Vagab., 1910, p. 281).
♦ Au fig. Tirer le rideau sur qqc.
— Tirer le pied, la jambe. ,,Les porter en arrière de soi pour faire une révérence`` (LITTRÉ).
♦ Tirer sa révérence. V. révérence C 2 b.
— MAR. À VOILE
♦ Tirer un bord. ,,Pour un voilier, c'est, pendant le louvoyage, parcourir une certaine distance sous la même allure`` (GRUSS 1978).
♦ Tirer des bords. Naviguer en changeant de bords constamment de manière à remonter dans le sens d'où vient le vent, comme si celui-ci soufflait entre deux lisières (d'apr. LE CLÈRE 1960). Synon. tirer des bordées (infra). Finalement nous mâtons et hissons la voile pour tirer des bords, mais la mer est trop grosse, le courant contre nous (CHARCOT, « Pourquoi-Pas? » 1910, p. 52).
♦ Tirer des bordées. Aller d'un bord à l'autre; ,,louvoyer`` (GRUSS 1978). On voyait en rade plus de vingt grands navires qui tiraient des bordées en attendant la pleine mer (MALOT, R. Kalbris, 1869, p. 247):
• 1. Nous avions vent debout tout le temps à cause de la saison. Plévech et moi, on savait tous les deux vaguement qu'il existe une chose qui s'appelle tirer des bordées, et qui sert à faire avancer les bateaux à voiles, même quand le vent est contraire.
MILLE, Barnavaux, 1908, p. 92.
— Au fig., fam. Tirer une bordée. Faire la fête. Nous avions là, pour surveillant, un ancien notaire encore assez jeune, dont les yeux brûlants et la pâleur témoignaient des bordées qu'il allait tirer la nuit (JAMMES, Mém., 1922, p. 60).
— IMPR., vieilli, rare. Tirer (le barreau, une presse). [P. réf. au mouvement du barreau de la presse] Kolb se couperait la main plutôt que de tirer le barreau d'une presse chez les Cointet (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 562).
♦ [P. méton.] Reproduire à plusieurs exemplaires. Tirer des épreuves, des estampes, des photos. V. infra C 4.
B. — Tirer qqc./qqn (de qqc.)
1. Faire sortir quelque chose de quelque chose.
a) Enlever une partie d'un tout par pression, distillation. Synon. exprimer, faire sortir, extraire. Tirer le suc des herbes, le suc des viandes (Ac. 1798-1935). La pierre des maisons a été tirée du rocher et se confond avec lui dans la même teinte gris-rosâtre (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 223):
• 2. ... les colons n'avaient à leur disposition d'autre sucre que cette substance liquide qu'ils tiraient de l'érable, en faisant à cet arbre des incisions profondes. Il leur suffisait donc de recueillir cette liqueur dans des vases...
VERNE, Île myst., 1874, p. 204.
— En partic. Tirer du sang. ,,Saigner`` (Ac. 1798-1935). Il (...) se fit tirer du sang à deux reprises, afin d'entretenir sa pâleur, qu'il jugeait intéressante et singulière (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 89).
— Au fig.
♦ Tirer des larmes (des yeux) de qqn. V. larme I A 7.
♦ Il tire la quintessence de tout. [En parlant d'un homme ,,habile, adroit, qui fait d'une chose tout ce qu'on peut en faire, qui en tire tout l'avantage qu'elle peut procurer, qui pénètre jusqu'au fond d'une affaire`` (Ac. 1835, 1878)]
♦ Proverbes. Il tirerait de l'huile d'un mur. [En parlant d'un ,,homme qui sait tirer parti de tout`` (Ac. 1935)] On tirerait plutôt de l'huile d'un mur que de tirer de l'argent de lui. [En parlant d'un ,,homme avare et tenace`` (Ac. 1798-1935)]
b) Vieilli ou littér. Faire venir quelque chose d'un pays producteur. Les blés que Rome tirait de l'Égypte, de la Sicile (Ac. 1835-1935). C'est de la Louisiane qu'ils [les Espagnols] tirent les bois propres à la construction (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 220). Angers tire des bœufs du Poitou (MICHELET, Journal, 1831, p. 99). L'Asie centrale, d'où ils tiraient le jade, les chevaux, où ils établirent longtemps leurs marchés de soie (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 57).
c) Récolter; recueillir naturellement ou après culture, après recherche; exploiter les ressources. Les forêts voisines, d'où ils tirent les bois dont ils ont besoin (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 130). En 1889, le comte d'Épernay tira de son vignoble douze mille hectolitres (HAMP, Champagne, 1909, p. 128).
— P. ext. Tirer sa subsistance, sa nourriture de (qqc.). Vivre, manger en utilisant (quelque chose). Dans d'autres végétaux, ou plutôt dans leurs graines, dont les peuples civilisés tirent une grande partie de leur nourriture (CABANIS, Rapp. phys. et mor, t. 1, 1808, p. 203).
d) P. anal. Je sculpterai l'avenir à la façon du créateur qui tire son œuvre du marbre à coups de ciseau (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 51).
2. a) Ôter quelque chose de l'endroit où il est placé. Synon. retirer. Tirer ses gants; tirer les bottes de qqn. Quand elle sortait parée (...) je m'attachais à sa robe (...) alors elle rentrait, tirait ses habits de fête et restait avec moi (RENAN, Ma Sœur, 1862, p. 13). Elle lui tirait ses bas de laine et (...) tâtait à pleines mains les petits pieds froids (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p. 241).
♦ Tirer son chapeau à qqn. V. chapeau B 3 b.
♦ Fam., vieilli. Tirer ses chausses, ses grègues.
b) Faire sortir une chose d'une autre, quelque chose d'un contenant. Tirer son mouchoir, son portefeuille; tirer (qqc.) de sa poche, de son sac, de son sein; tirer son couteau; tirer (qqc.) de son gousset. Le capitaine tira de sa poitrine un second papier qu'il déploya (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 133). Les Princes du Nord n'osaient tirer leur montre (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 172).
— Tirer d'un sac deux moutures/tirer deux moutures d'un même sac. V. mouture B 2.
— Tirer la langue (à qqn). V. langue I A 1 c.
— Tirer de l'eau du puits, du vin d'un tonneau et, absol., tirer de l'eau, tirer du vin. Je descends à la cave tirer du vin (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 142). Les matins, pour se débarbouiller, il tirait un seau d'eau, dans lequel il barbotait, à la façon des vieux soldats (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 18).
♦ En partic. Tirer du vin au clair. ,,Le mettre en bouteilles quand il est bien reposé`` (Ac. 1835-1935).
— Absol. Ce vieillard, (...) accueille les brigands (...), va leur tirer à boire (BALZAC, Mme de La Chanterie, 1844, p. 320).
♦ Au fig., proverbe. Le vin est tiré, il faut le boire. L'affaire est engagée si avant qu'on ne peut plus reculer. Synon. fam. les carottes sont cuites (v. carotte D 1 a). Mathilde (...) commence à sentir qu'elle ne domine plus la situation, (...) mais, comme on dit, le vin est tiré... « Maintenant il faut le boire, c'est-à-dire tenir la promesse (...) » (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 218).
— P. anal. Tirer son jour de. Être éclairé par. Autrefois elle [la tribune de Saint-Savin] tirait du jour de la nef (MÉRIMÉE, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 69). Les écuries (...) avec (...) un pavé de marbre sarancolin (...) et un rang d'arcades vitrées du haut, dont la salle tirait tout son jour (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 96).
— Tirer l'épée (contre qqn). V. épée B 3 a.
♦ Au fig.
,,Tirer l'épée contre son prince. Se révolter contre son prince`` (Ac. 1798-1935).
[P. réf. à tirer un sabre au clair] Tirer une affaire au clair. Débrouiller une affaire, l'élucider. S'il faut tirer l'affaire Henry au clair, l'histoire du petit bleu doit être également mise en pleine lumière (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 240).
c) Arg. Voler à la tire; p. ext., voler. J'ai commencé à tirer les portefeuilles à toutes les personnes, jeunes ou vieilles (Libération, 13 mars 1978 ds CELLARD-REY 1980).
— [Sans compl.] On était dans le métro, on tirait (Libération, 13 mars 1978 ds CELLARD-REY 1980).
— [Le compl. désigne une pers.] Détrousser. Non content de tirer le bibard pendant qu'il ronflait on lui avait aussi coupé une de ses charmeuses (LE BRETON 1960).
3. [Le compl. d'obj. dir. désigne un être humain]
a) Tirer qqn de qqc. Éloigner, (faire) sortir, extraire quelqu'un d'un endroit, d'un état, d'une situation le plus souvent fâcheuse; dégager, délivrer quelqu'un. Tirer qqn de la boue, de l'eau; tirer qqn d'affaire, d'un mauvais pas, de prison; tirer qqn de la misère, de la peine; tirer qqn de sa rêverie, de son sommeil. Rien ne bougeait, l'air était aigre et froid. Le roulement d'une voiture tira Otto de ses réflexions (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 253). Pour tirer le pape d'embarras et le mettre à l'aise, le gouvernement de Charles VII trouva un biais (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 444). [Le docteur] m'a tiré d'une fluxion de poitrine l'autre année (L. DAUDET, Ariane, 1936, p. 27).V. pétrin B ex. de Céline.
♦ Tirer qqn des pattes de qqn. V. patte1 B 1.
b) Empl. pronom. Se tirer d'affaire, d'embarras, d'intrigue. Je me tirai ou plutôt on me tira encore du mauvais pas (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 10).
— Expr., vieilli
♦ Se tirer de/du pair. V. pair1 B 1.
♦ Il se tirerait d'un puits. [En parlant d'un homme ,,qui vient de sortir heureusement d'un danger, d'un embarras très grand; et, en général, (...) qui est ordinairement très-heureux ou très-habile`` (Ac. 1835, 1878)].
— Absol. S'en tirer (fam.). Parvenir à sortir d'une maladie, d'un procès, d'une difficulté. Comme il avait été menacé et que le mari a une sale presse, il s'en est tiré avec deux ans (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 141). Maintenant que les clients rappliquent tu ne peux plus t'en tirer toute seule (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 161).
c) Au fig. Tirer de l'ombre, de l'obscurité. M. Pugno fit une bonne action en tirant de l'oubli où il reposait un ouvrage de cette valeur (P. LALO, Mus., 1899, p. 428).
4. Au fig. Dégager un élément d'un ensemble.
a) Dégager un élément d'un ensemble dont les éléments sont de nature différente. Une statue qu'on tire de la terre (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 136).
— Loc. ou expr. Tirer une épine du pied. V. épine C 2 a. Tirer son épingle du jeu. V. épingle B 1 b. Tirer les marrons du feu. V. marron1 A 1. Tirer pied ou aile à qqn (vieilli). V. aile III B 4. Tirer une plume de l'aile à qqn. V. aile III B 4. Tirer une/des plume(s) à qqn. V. plume1 C 3. Tirer les vers du nez (fam.). V. nez I D 2.
b) Dégager un élément d'un ensemble composé d'éléments de même nature, en faisant intervenir le choix ou le hasard, le sort.
) Prendre au hasard des billets, des noms, des numéros parmi d'autres. Tirer les (noms des) jurés; tirer un billet à la loterie. Les biens et les maux sont une espèce de loterie où chacun, sans distinction, peut tirer un billet blanc ou noir (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 18). Cérizet (...) selon l'expression populaire, devait tirer à la conscription l'année suivante (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 559).
♦ Tirer un bon/mauvais numéro. V. numéro C. Des jeunes gens (...) fuyaient la Pologne ou la Russie, pour échapper au service militaire quand ils avaient tiré un mauvais numéro (THARAUD, Jument err., 1933, p. 101).
) [P. méton.] Tirer une loterie. Tirer les billets d'une loterie afin de savoir à qui écherront les lots. Nous avons tiré l'autre dimanche notre loterie mensuelle, c'est le plus pauvre qui a gagné le gros lot en argent (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, I, 4, p. 27).
) Tirer les cartes. V. carte II D 1.
5. Obtenir naturellement; recueillir, prendre, extraire.
a) Emprunter, puiser à la source. Tirer sa force de; tirer son origine de. La légende d'où est tiré le sujet [le Miracle de San Diego de Murillo] (...) est touchante dans sa simplicité (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 115). Le système triasique tire son nom de la division habituelle en trois termes (trias) qu'il présente dans la région classique de la Franconie (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 226). Il s'en faut que les concepts (...) tirent uniquement leur autorité de leur valeur objective (DURKHEIM, Formes élém. vie relig., 1912, p. 625).
b) Extraire de. On entendit d'abord la Chanson du blé, tirée des Saisons de Victor Massé (P. LALO, Mus., 1899, p. 72). Dans certaines paroisses, le Graduel (et l'Offertoire) sont psalmodiés, ce qui s'explique par le fait que les textes sont tirés des psaumes (DUPRÉ, Manuel accompagn. plain-chant grégor., s.d., p. 32).
c) Tirer des sons (d'un instrument de musique). Jouer (de cet instrument). La « Syringe » ou flûte de Pan (...) composée de roseaux d'inégale longueur (...) dont on tire des sons avec le souffle en promenant les lèvres sur le bord de chaque tuyau (SCHMITT, SIMON, GUÉDON, Nouv. Manuel organiste, 1905, p. 16). Un homme se tenait devant le clavier de l'orgue et en tirait des sons comparables à ceux du hautbois (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 104).
6. Obtenir, parvenir à, par un effort, une démarche de l'esprit
a) par déduction, raisonnement; inférer, conclure. Tirer des conclusions; tirer un enseignement, la morale (de l'histoire); tirer des indications, des présages. On doit les déplorer [ces cas], mais non point en tirer un argument contre le caractère expressif de la cantilène grégorienne (D'INDY, Compos. mus., 1897-1900, p. 80):
• 3. ... suivant l'espèce d'élément organique qui sera atteint, nous aurons une dislocation de l'organisme caractéristique et c'est de là que nous devrons tirer les caractères de la maladie.
Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 290.
b) par voie de conséquence; exploiter, utiliser à son profit. Tirer les conséquences; tirer parti/le meilleur parti de qqc./qqn; tirer avantage, bénéfice, profit; tirer gloire. Cette disposition [de la coupole Saint Georges de Salonique] ne fut pas oubliée par les architectes de l'église de Sainte-Sophie: ils en tirèrent au contraire des effets nouveaux (...) en multipliant à l'infini ces fenêtres (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 325).
c) Tirer qqc. de qqn. Obtenir quelque chose de quelqu'un par adresse ou en le sollicitant avec insistance. Tirer de l'argent de qqn; ne pas tirer un mot de qqn (qui ne veut pas répondre); tirer un éclaircissement, une promesse de qqn. Polydor (...) se destinait au métier d'ignorantin, pour flatter sa tante, dont il tirait des douceurs (ZOLA, Vérité, 1902, p. 321). [Des Italiens] ont préféré me berner, me tirer de petites sommes, et puis ils m'ont rejeté bêtement, me croyant à sec (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 216).
— Locutions
♦ Tirer qqc. de qqn. Permettre à quelqu'un, obtenir de quelqu'un, qu'il se comporte, qu'il produise selon ses capacités, ses dons, son talent. Ceux qui paraîtront s'intéresser à un débutant ne diront pas: « Il a du talent », mais: « Il y a quelque chose à faire avec ce garçon. On peut en tirer quelque chose » (RENARD, Corresp., 1884, p. 39). Il n'y a rien à tirer de ces brutes-là! On leur offrirait son âme toute brûlante, arrachée toute vive, qu'ils prendraient l'air soupçonneux d'un tripier qui regarde une pièce démonétisée (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 22).
♦ Tirer raison, tirer satisfaction. ,,Faire réparer l'injure, l'offense`` (Ac. 1835-1935).
Tirer raison d'un homme. ,,Obtenir de lui qu'il se porte à faire ce qu'il doit`` (Ac. 1798-1935).
♦ Tirer vanité de. S'enorgueillir de, en faire vanité. Il tirait vanité de sa place. Il était fier de tout, de son « panama » (...) de son gilet blanc crasseux (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 98). Secrètement, il tirait vanité de sa force, pour avoir, toute son enfance, souffert d'être plutôt chétif (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1318).
♦ Tirer vengeance. Se venger. Le psaume CXLIX: « Que la haute louange de Dieu soit dans leurs bouches et une épée à deux tranchants dans leurs mains. Pour tirer vengeance des païens, pour châtier le peuple » (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 221).
C. — Étendre sur une surface.
1. Allonger, mener une ligne, des traits continus, dans une direction; dessiner, tracer. Tirer des lignes, tirer un plan. Tirer une allée au cordeau (Ac. 1878, 1935). On tire à angle droit trois traits (MAUGIN, MAIGNE, Nouv. Manuel luthier, 1929 [1869], p. 63). Une fusée boche tire son trait blanc et éclate (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 94). Il sifflait sur la plaine en poussant sa charrue (...) parlait à ses bœufs (...) tirait droit son sillon (AYMÉ, Jument, 1933, p. 65).
— Tirer l'horoscope (de qqn). Tirer des plans. Faire des projets. V. plan3 B 1 b. Tirer des plans sur la comète.
— Tirer un trait sur qqc. (au fig.). Le considérer comme dénué de gravité, l'oublier. Synon. passer l'éponge sur qqc. La présence de cette... personne aux Laboratoires Trévière nous empêche de tirer un trait sur l'écart de conduite d'Olivier (AYMÉ, Quatre vérités, 1954, p. 153). Tirer un trait. [Pour indiquer qu'une affaire est terminée] Synon. de mettre un point final. [Le fiancé] avait demandé à Suzanne d'assurer leur chasteté par l'absence: ils s'attendraient à distance. Elle avait préféré tirer un trait (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 233).
2. Vx. Tirer le portrait de qqn, tirer qqn en portrait, et, p. ell., tirer qqn. Dessiner, peindre et, p. anal., sculpter quelqu'un. Il avait fallu (...) qu'elle se montrât nue (...) au peintre, afin que celui-ci pût la tirer si bien; non, rien de plus saisissant que ce chef-d'œuvre (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 376).
— Faire tirer son portrait. Je saisirai cette occasion pour faire tirer mon portrait, dit madame Crémière. En province on dit encore tirer au lieu de faire un portrait (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 168).
3. BANQUE, COMM., FIN. Tirer une lettre de change, un chèque sur qqn et, p. ell., tirer sur qqn. Établir, rédiger une lettre de change, un chèque. (Dict. XIXe et XIXe s.). P. anal. V. lettre III B 2 b ex. de Balzac. P. métaph. Confier le placement de l'huile de noisette à ce précieux metteur en œuvre des inventions marchandes, (...) n'était-ce pas tirer une lettre de change sur la fortune (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 153).
4. P. anal. Reproduire par la technique de l'imprimerie; imprimer. Acheté les quatre cent quarante-deux rames de papier pour tirer à quinze mille la troisième édition (MICHELET, Journal, 1858, p. 448). Bon à tirer. V. bon III B 1.
— Absol. Léon Bloy. « Qu'est-ce qu'un « scatologue »? C'est un auteur qui ne se vend pas. Un romancier qui tire à cent mille n'est jamais un scatologue (...) » (BLOY, Journal, 1893, p. 90).
— Reproduire à plusieurs exemplaires. Tirer des épreuves; tirer une estampe. On tire de moi cent photos (SARTRE, Mots, 1964, p. 19).
♦ Absol. Cette estampe fait partie d'une suite de sept planches que je possède en anciennes épreuves. Et il faut se méfier: car on a tiré depuis avec les vieux cuivres (A. FRANCE, Mannequin, 1897, p. 203).
— Empl. pronom. passif. Vereker nous est dépeint comme un romancier à grand succès, dont les livres (...) se tirent à des milliers d'exemplaires (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 169).
— Tirer une copie, tirer la copie, tirer copie d'un acte, d'une lettre, d'un dessin. ,,Les copier`` (Ac. 1935).
— Tirer les parties d'une partition. ,,En copier à part les différentes parties d'orchestre`` (Ac. 1935).
D. — 1. Vieilli. Aller, marcher, poursuivre, aller le long de; se diriger d'un certain côté. Il fallait traverser la ville dans toute sa largeur. Jeanne qui, depuis trois jours, parcourait les rues d'Orléans, tira son chemin tout droit (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 334).
♦ Tirer pays. V. pays1 A 2 a.
2. Pop., fam., empl. pronom. S'en aller, se sauver; partir. Tu veux te tirer! Tu veux repartir en vadrouille! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 522). [Angélo] avait remarqué une haie très bourrue et très épaisse qui courait entre des saules. Il se tira de ce côté (GIONO, Hussard, 1951, p. 194).
♦ Se tirer des flûtes. V. flûte1 B 2 d.
3. Fam. [Le compl. désigne une durée] Passer une période considérée comme longue en raison de son caractère pénible; en partic., passer un temps de service ou de condamnation. Tirer cinq ans de prison. J'ai pensé que c'était toujours un dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j'allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n'y avait rien de changé (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1142).
— Empl. pronom. Ça se tire. Cela se termine, la durée qu'il reste à faire diminue. — Ça se tire, hein? Plus que treize jours (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 60).
E. — 1. Vieilli. Tirer un coup. Asséner un coup; p. ext., lancer un projectile à la main ou à l'aide d'une arme. Tirer une/des flèche(s). Bientôt les Anglais s'avancèrent (...). Quand leurs archers furent arrivés à la portée du trait, ils commencèrent à tirer une grêle de leurs fortes flèches, qui avaient trois pieds de long (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 74).
2. Faire usage d'une arme de trait. Tirer l'arbalète. Vous ferez une demi-lieue (...) puis, arrivés à la place où l'on tire l'arc, vous prendrez à droite (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 579).
— Trivial. [Pour un homme] Tirer un/son coup. Avoir un rapport sexuel avec une femme. Il est midi, je n'ai pas encore déjeuné. J'ai tiré ce matin six coups à la Galand... (GONCOURT, Journal, 1860, p. 765). V. coup A 3 b ex. de Goncourt.
3. Faire usage d'une arme à feu. Tirer un coup de canon, de fusil, de pistolet; tirer des coups de feu, de revolver; tirer des salves d'artillerie. Un navire est là sur la côte; il tire le canon de détresse (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 270). Tu pourrais crier ici tout ton saoul, tirer le pistolet, je veux être pendu si on t'entendrait du presbytère (BERNANOS, Crime, 1935, p. 744).
— [Le suj. désigne l'arme à feu] Tirer des bombes, des boulets, des obus. La mitrailleuse tirait sept balles, dix balles, s'arrêtait (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 495).
— Tirer sa poudre aux moineaux. V. moineau A.
— P. anal. Tirer un feu d'artifice. ,,Tirer des pétards, des fusées`` (Ac. 1798-1878). Mes tuteurs (...) ont tiré un feu d'artifice et dressé un mât de cocagne (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 207):
• 4. Soudain on entendit une pétarade. En face, sur le pont-tournant, Raoul tirait le feu d'artifice; alternativement, une fusée, un soleil, éclaboussaient le ciel. Au bout d'un quart d'heure, il alluma des feux de bengale; une lueur d'incendie se refléta dans l'eau sombre, s'étendit...
DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 174.
4. (Chercher à) atteindre avec un(e arme de) trait, un projectile; viser.
a) Empl. pronom. Se tirer une balle dans (la tête/le cœur). Se suicider à l'aide d'une arme à feu. Il y a trois mois, j'ai voulu me tirer une balle dans la tête et c'est ce qui vous explique ce bandeau sur le front (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 155). J'ai connu un suicidé jeune. Je ne sais plus quel chagrin d'amour l'avait poussé à se tirer soigneusement une balle dans le cœur (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 167).
b) CHASSE. Diriger son arme à feu sur, tirer sur. Tirer un oiseau, un lièvre, une perdrix. Demain, au saut du lit, nous irons battre nos bruyères et tirer quelques lapereaux (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 161):
• 5. ... le père Gonse me prêta un vieux fusil et me conseilla de me distraire en abattant du gibier, si j'en trouvais. J'allai tirer les choucas qui nichaient dans les pierres du vieux château. J'en abattis un. Je le vis tomber, une aile immobile...
A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 408.
5. Vieilli. Tirer l'estocade, une estocade à qqn. ,,Porter, pousser une estocade à celui contre qui on fait des armes, on se bat`` (Ac. 1798-1878).
— Au fig. ,,Demander de l'argent à quelqu'un en sachant qu'on n'a ni la possibilité, ni l'intention de lui rendre`` (Ac. 1798-1878).
6. SPORTS
a) JEU DE BOULES. Tirer une boule. ,,Lancer directement sa boule sur la boule ou le but qu'on cherche à déplacer`` (PETIOT 1982).
b) JEUX DE BALLON. Expédier le ballon en direction du but adverse. (Ds PETIOT 1982). Tirer un corner (Ds PETIOT 1982).
II. — Empl. intrans. ou trans. ind.
A. — 1. Exercer une traction sur une extrémité. Tirer sur une amarre (Ac. 1935). C'est toujours les mêmes qui tirent sur les rames. Ceux du quartier de misaine, ils font semblant, comme d'habitude (AYMÉ, Vogue, 1944, p. 123). Arg. Tirer sur le bout de bois. Exercer une traction sur l'aviron. (Ds PETIOT 1982). [Sans compl.] Même sens (Ds PETIOT 1982).
2. [Le suj. désigne une partie du corps] Faire éprouver une sensation de tiraillement. La peau me tire. Mais, monsieur, est-ce qu'à mon âge (...), avec des yeux qui me tirent le soir, je devrais encore travailler? (BALZAC, Ferragus, 1833, p. 110).
3. Tirer sur qqc. Exercer une aspiration sur quelque chose. Tirer sur sa pipe, sa cigarette. On a beau tirer tant qu'on veut sur le tuyau de sa pipe et amener à soi toute la quantité de fumée qu'on veut: faute d'être vue, elle est comme si elle n'existait pas (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 17).
4. Qqc. tire. Avoir une bonne circulation d'air. Poêle qui tire, qui tire bien. Mais, à cause de l'entrée commune qui donnait même air aux deux pièces, les deux cheminées ne pouvaient tirer ensemble, et, par les temps froids, quand on faisait du feu dans l'une, on faisait de la fumée dans l'autre. Les jours où il voulait faire du feu, Tityre prit donc l'habitude d'ouvrir sa fenêtre (GIDE, Prométhée, 1899, p. 337).
— Région. (Belgique, Est de la France). Ça tire. ,,Il y a un courant d'air`` (PIERREH. Suppl. 1926).
5. TECHNOL., AUTOMOB. [Le suj. désigne une voiture, un moteur] Tirer bien. Avoir une forte puissance. (Dict. XXe s.).
B. — 1. Fam. Aller, s'acheminer, se diriger. Tirons de ce côté (Ac. 1835-1935). Jésus tirait vers un pays très loin où professait un docteur fameux, du nom de M. Mauve (A. DAUDET, Port-Tarascon, 1890, p. 97). Quand ils avaient beaucoup discuté, ils se séparaient maussades, et tiraient chacun de son côté, dans la nuit triste (THARAUD, Ville et champs, 1907, p. 20). Les uns rentrent aux États-Unis, les autres en sortent, tirent au sud, vers Santa-Fé, ou au nord (CENDRARS, Or, 1925, p. 48).
— Tirez, tirez. ,,Terme dont on se servait autrefois pour chasser au chien`` (Ac. 1835-1935).
— Tirer à sa fin. V. fin1 A 4 b.
— Tirer au large. ,,S'enfuir`` (Ac. 1798-1935). ,,Se diriger vers la haute mer`` (DG).
— Tirer de long (vieilli). ,,S'esquiver, s'enfuir`` (Ac. 1835, 1878). ,,Apporter des délais dans une affaire`` (Ac. 1835, 1878).
— Tirer en longueur. ,,Se prolonger, ne pas se terminer. Cette affaire tire en longueur. On dit aussi absolument Tirer. Cette négociation tire beaucoup`` (Ac. 1935).
— Tirer à la ligne/à la page/au volume (fam.). Allonger un article, un écrit, un ouvrage de manière à être mieux payé, le prix étant payé en fonction du volume ou du nombre de lignes. (Ds Ac. 1878, 1935, DG). Pas d'âme dessous [dans les Mauprat de George Sand] ni de vrai art... De la facilité de talent et de l'abus pour tirer à la page et gagner tout l'argent à Buloz (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 2, 1837, p. 180). V. ligne II D 3 e pédag. en partic. ex. de Aymé:
— Au fig. Tirer à conséquence.
2. ÉQUIT., CAVALERIE. [Le suj. désigne le cheval]
— Tirer à la main. Résister à la bride. (Ds Lar. 19e-GDEL).
— Tirer au renard. S'arc-bouter pour tirer violemment sur la longe en vue de se libérer (d'apr. St-RIQUIER-DELP. 1975). Le cheval, un instant, tire au renard... s'écarte... (VIALAR, Éperon arg., 1952, p. 53).
— Tirer au vent. Relever la tête et par conséquent ne plus répondre/obéir à la main du cavalier (d'apr. RIGAUD, Dict. arg. mod., 1881, p. 366).
— Argot
♦ Tirer au cul. Reculer (dans les brancards); refuser d'avancer. Au fig., pop., vulg. V. cul I A 1 f fig.
♦ Tirer au flanc. Se dérober de côté. Au fig., fam. V. flanc I A 1 b fig.
3. Tirer + prép. + compl. Se rapprocher de...; avoir quelque rapport, quelque ressemblance avec...
— Tirer de qqn. Ressembler à quelqu'un; tenir de quelqu'un par quelque trait, quelque caractère. Je la trouve [sa sœur] très jolie. Elle a évidemment nos traits de famille, ce gros modelage qui vient de mon père, de ma grand'mère justement (...). Moi, je tire aussi de ma grand'mère par le corps (GIONO, Eau vive, 1943, p. 74).
— Tirer sur (qqc.). Approcher de..., se rapprocher de... Il tirait sur la cinquantaine (...) il était difficile de se le représenter en Didon, ou en Galathée, sans avoir grande envie de rire (SAND, Consuelo, t. 3, 1842-43, p. 108). La journée tirant sur le tard, le facteur avait déjà traversé le chemin creux (FABRE, Chevrier, 1867, p. 302).
— [En parlant de couleurs] Tirer à/au, sur, vers. Se rapprocher de...; être mêlé de... Le ciel de ce lundi de Pentecôte avait toutes les délicatesses de l'Île de France et tirait plus vers l'argent que vers l'or (L. DAUDET, Rech. beau, 1932, p. 72). Déjà la mer tirait sur le noir. Planier allumait ses feux à éclipse et le ciel se piquait d'étoiles (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 102).
C. — S'en remettre à la décision du sort. (Ds Ac. 1835-1935). Tirer au sort. V. sort D 1. Tirer à la courte paille. V. paille I A 4 a.
— Vieilli, au fig., fam. Tirer au bâton, tirer au court bâton avec quelqu'un. ,,Contester avec lui d'égal à égal`` (Ac. 1798-1878).
— JEUX. Tirer à qui fera. ,,À qui commencera, à qui donnera les cartes`` (Ac. 1835-1935).
D. — 1. ESCR., vieilli
♦ Tirer des armes et, absol., tirer. S'exercer au maniement des armes (épée, fleuret, sabre); faire des armes. Tirer de tierce, de quarte. Tirer en tierce. Tirer à la muraille (Ac. 1798-1935). Tirer au mur. Il tire bien (Ac. 1835-1935).
♦ Tirer sur le temps. ,,Tirer au moment où l'adversaire se prépare à tirer lui-même; et, figurément, saisir prestement l'occasion de dire ou de faire quelque chose`` (Ac. 1798-1878).
2. [Le suj. désigne une pers.]
a) Envoyer au loin, lancer une arme de trait, un projectile; faire usage, se servir d'une arme à feu; la faire partir. Tirer en l'air (Ac. 1798-1935). Tirer bien, mal; tirer à vue (ROB. 1985).
♦ Tirer à bout portant. V. bout I A 2 a.
♦ Tirer au jugé/au juger. V. jugé III.
♦ Tirer au vol, tirer en volant. ,,Tirer un oiseau lorsqu'il vole`` (Ac. 1798-1935).
b) Tirer + à/de + subst. (désignant l'arme). Envoyer des traits, des projectiles à l'aide de...; faire partir un trait, un projectile au moyen de... Tirer à balle (Ac. 1935). Tirer à poudre (Ac. 1798).Tirer au pistolet, à la carabine (Ac. 1935). Tirer de l'arc, de l'arbalète (Ac. 1798-1935).
c) Tirer + à + subst. (désignant ce qu'on cherche à atteindre). Diriger son arme, son projectile vers...; viser. Tirer aux perdrix (Ac. 1798-1935). Je n'ai aperçu qu'un gentleman qui tirait aux bécasses et aux pigeons (NERVAL, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 84).
— En partic. Tirer à l'oiseau. ,,Chercher à atteindre un oiseau de bois en haut d'une perche`` (Ac. 1798-1935).
d) Tirer sur qqn/qqc. Le prendre comme cible, chercher à l'atteindre. Tirer sur un arbre, un oiseau, un ennemi. V. cible ex. 1.
— Au fig.
♦ Tirer sur ses gens/sur ses troupes. Dire ou faire quelque chose qui va à l'encontre de ses propres intérêts, qui attaque ses partisans:
• 6. Je vois d'ici les articles que l'on va publier, en contradiction directe avec ceux qui ont paru et l'on disait qu'il fallait éviter les hommes des Cent-Jours. Dans leur effarade, ils ont avoué notre système et tiré sur leurs propres troupes, car enfin, le citoyen Molé est, je pense, un pair des Cent-Jours.
CHATEAUBR., Corresp., t. 2, 1817, p. 13.
♦ Loc. fam. Ne tirez pas sur le pianiste.
e) Tirer dans + subst. désignant une partie du corps. Au fig. Tirer dans la/les jambe(s), dans les pattes de qqn. Chercher à lui nuire, généralement par des moyens détournés. Qui m'empêchait d'aller dans les boums? Qui me tirait sans arrêt dans les pattes (J. LANZMANN, Le Lama bleu, 1984 [1983], p. 142 ds BERNET-RÉZEAU 1989, s.v. patte). Ne tirons pas dans la jambe du pauvre (Le Figaro, 17 sept. 1992, Le Fig. éco, p. 10).
3. [Le suj. désigne une arme à feu] Partir, détoner, faire explosion. (Ds LITTRÉ, Ac. 1835-1935). Le canon tire (Ac. 1798-1935). Le fusil tire (Ac. 1798-1878). Tout près de l'endroit où tirait le fusil-mitrailleur, une fusée monta dans le ciel magnifique. Le train blindé cessa de tirer (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 488). Les carabines tiraient (COCTEAU, Théâtre poche, 1949, P. 136).
♦ Un fusil qui tire juste. Un fusil ,,qui ne fait point dévier la balle ou le plomb de la direction dans laquelle on a voulu les lancer`` (Ac. 1835-1935).
REM. Tirement, subst. masc. Action, fait de tirer, d'être tiré. Des masques japonais (...) avaient le même rire lointain, le même tirement d'yeux que ces femmes birmanes aux ongles d'or (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 148). Personne ne vient à moi, continue la mère Agnès, si mon Père qui est aux cieux ne le tire. Il faut donc attendre ce tirement et ne pas nous lever devant le jour, comme dit le prophète... (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 221).
Prononc. et Orth.:[], (il) tire []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) ) Ca 1100 tirer « faire sortir une chose avec un grand effort » (Roland, éd. J. Bédier, 2283); ca 1365 « faire sortir (l'épée du fourreau) » (Bérinus, éd. R. Bossuat, 417); 1459 tirer l'épée sur qqn « lever (une arme) contre (quelqu'un) » (A.N. JJ 188, f° 86 v° ds GDF. Compl.); 1611 tirer des armes « faire des armes » (COTGR.). 1832 tirer l'épée (RAYMOND); 1640 tirer l'estocade à qqn « demander (à quelqu'un) de l'argent à emprunter sans avoir l'intention de le lui rendre » (OUDIN Curiositez, s.v. estocade); ) fin XIIIe s. [date du ms.] tirer qqn (d'une fosse) « faire sortir, faire cesser d'être (dans un lieu où l'on est retenu) » (MARIE DE FRANCE, Fables, De vidua, apr. v. 36, éd. K. Warnke, leçon propre au ms. H, v. Anhang I, XXV, p. 331); 1549 se tirer hors de la boue (EST.); 1671 tirer qqn de la misère (POMEY); 1690 tirer qqn de la boue (FUR.); ca 1500 soy tyrer d'un mauvais pas « sortir heureusement (d'une mauvaise affaire) » (COMMYNES, Mémoires, I, 10, éd. J. Calmette, t. 1, p. 67); 1642 s'en tirer (CORNEILLE, Le menteur, II, 6); 1835 se tirer de là (Ac.); ) ca 1410 tirer en exemple « proposer comme modèle (au moral) » (Le livre des fais ... de Bouciquaut, IV, 6, éd. D. Lalande, p. 414); ) ca 1500 tirer argent « se faire donner de l'argent par quelqu'un à force de sollicitations, de poursuites » (COMMYNES, op. cit., VIII, II, t. 3, p. 142); 1538 tirer qqc. de qqn « tirer quelque chose de la bouche de quelqu'un, faire dire quelque chose à quelqu'un » (EST.); 1665 tirer les larmes des yeux (LA FONTAINE, Contes, I, 1, 50); 1694 tirer les larmes des yeux de qqn (Ac., s.v. larme); ) 1550 tirer du feu des pierres à feu « en faire sortir du feu en le frappant » (La Saincte Bible, Louvain, Second Livre des Machabées, ch. 10, 3); 1690 « tirer (des sons d'un instrument) » « faire rendre à » (FUR., s.v. son); ) 1538 tirer hors « faire sortir au hasard de la boîte qui les contient, des billets, des numéros, etc. » (EST.); 1559 tirer au sort « s'en remettre à la décision du sort » (AMYOT, Vies, Theseus, f° 5 v°); 1680 tirer une loterie « tirer les numéros d'une loterie » (RICH.); 1690 tirer l'horoscope de qqn(FUR.); 1798 tirer les cartes (à qqn) (Ac., s.v. carte); ) 1636 tirer (une conséquence) « inférer, conclure » (MONET); 1691 tirer son nom de « devoir son nom à » (OZANAM, p. 349); b) ) 1365 tirer « extraire des métaux de la terre » (ORESME, Monnaie, éd. L. Wolowski, X); ca 1500 « extraire des pierres d'une carrière » (COMMYNES, op. cit., I, 9, t. 1, p. 62); 1690 tirer la racine carrée (FUR.); ) 1530 tirer de l'eau « puiser de l'eau » (PALSGR., p. 528); 1549 tirer l'eau « s'imbiber de (en parlant d'une chaussure) » (EST.); 1690 « faire eau (en parlant d'un navire) » (FUR.); ) 1530 tirer « extraire (le lait du sein d'une femme) » (PALSGR., p. 636); 1538 tirer du sang à « saigner » (EST., s.v. detrahere); ) 1580 tirer le bonnet « ôter (pour saluer quelqu'un) » (MONTAIGNE, Essais, I, 23, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 111); 1660 tirer les bas, les vêtements à qqn « (les lui) ôter » (OUDIN Fr.-Esp.); 2. a) ca 1100 tirer « arracher (la barbe) » (Roland, 2414); 1155 « s'arracher (les cheveux) » (Brut, 6057 ds T.-L.); b) 1459 « extraire (du vin) d'un tonneau » (A.N. JJ 188, f° 108 v° ds GDF. Compl.). B. 1. a) ) Ca 1150 tirer « mouvoir quelqu'un vers soi » (Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 1374); ca 1150 tirer la barbe (à aucun) (ibid., 1332); ) ca 1160 tirer (les rênes) (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 6496 ds T.-L.); 1617 tirer ses bas, ses gants « les étendre sur son corps de manière qu'ils ne fassent pas de plis » (CRESPIN); ) 1534 « être tendu (en parlant du ventre) » (RABELAIS, Gargantua, XX, éd. M. A. Screech et V. L. Saulnier, p. 134); ) 1573 [éd.] se faire tirer l'oreille « avoir de la peine à consentir à quelque chose » (LARIVEY, Facetieuses nuicts de Straparole, VIII, V ds GDF. Compl.); ) 1580 tirer qqc. à (ou en) conséquence « s'autoriser de quelque chose à l'avenir pour quelque chose de pareil » (MONTAIGNE, Essais, II, 18 et I, 48, t. 1, p. 667 et 289); ) 1611 tirer la couverte de son côté « prendre plus que sa part » (COTGR.); 1640 tirer la couverture de son côté (OUDIN Curiositez); 1798 tirer la couverture à soi (Ac.); b) ) ca 1365 tirer aucun a une part « emmener hors d'un groupe de personnes » (Berinus, éd. citée, 495); 1401-02 tirer aucun a part (COUDRETTE, Roman de Mélusine, éd. E. Roach, 3015); ) 1530 tirer son alayne « respirer » (PALSGR., p. 527); 1559 tirer « souffler impétueusement (en parlant du vent) » (AMYOT, Vies, Fabius, f° 124 v°); ) 1630 tirer une lettre de change, etc. sur qqn « signer un effet de commerce par lequel on charge un correspondant de payer la somme énoncée à celui qui présentera cette lettre » (KUHN, p. 133); ) 1690 tirer du pied « boîter » (FUR.); 1765 tirer de la jambe (Encyclop.); 1893 tirer la jambe (DG); c) ) 1534 bien tyré « ajusté avec soin et de manière à paraître craindre de déranger son ajustement » (RABELAIS, Gargantua, XIIII, p. 100); 1690 tiré à quatre épingles (FUR.); ) 1572 tirer qqc. par les cheveux « amener de loin, d'une manière peu naturelle » (AMYOT, Œuvres morales, Comment il faut lire les poètes, 13 ds LITTRÉ, s.v. cheveu); ) 1699 visage tiré « abattu, qui témoigne de fatigue » (FÉNELON, Télémaque, VIII ds LITTRÉ); ) 1860 tiré subst. masc. « celui sur qui une lettre de change a été tiré » (M.-D. GARNIER, Répertoire général: La Loi civile et la Loi de l'Enregistrement comparées, s.v. Effet de commerce, 5237); 2. a) ca 1165 tirer as avirons « peser sur les avirons, chercher à s'éloigner » (Troie, 1134 ds T.-L.); ca 1165 tirer (à qqc.) « tendre vers » (Troie, éd. L. Constans, 15143); ca 1180 tirer de (aucun) « se détacher de quelqu'un » (THOMAS, Tristan, éd. J. Bédier, 82); b) 1456-67 tirer à fin « faire mourir » (Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F. P. Sweetser, 20e Nouvelle, 169); 1669 tirer à sa fin « être près de mourir » (WIDERHOLD Fr.-All.); 3. ca 1229 tirer « endurer (une peine) » (GERBERT DE MONTREUIL, Violette, éd. D. Buffum, 388); 1636 tirer peine « souffrir » (MONET); 4. a) 1422 tirer « lancer des armes de trait (une flèche, etc.) » (ALAIN CHARTIER, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p. 20); ca 1480 tirer « faire usage d'une arme de trait » (Le Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35747); b) 1490 tirer (une personne) « chercher à atteindre avec une arme » (J. AUBRION, Journal ds GDF. Compl.); c) ca 1500 tirer « partir, être tiré (en parlant d'un coup de canon) » (COMMYNES, Mémoires, VIII, 10, t. 3, p. 180); ca 1500 tirer ung coup (ID., ibid.); 1569-77 le tirer de l'harquebouserie (MONLUC, 1. V (II, 447) ds HUG.); 5. ca 1495-98 tirer (les vaches) « traire (les vaches) » (ANDRÉ DE LA VIGNE, Voyage de Napples, éd. A. Slerca, 2117); 6. apr. sept. 1496 tirer aprés (qqc.) « avoir de la ressemblance avec » (JEAN MOLINET, Voiage de Naples, 85 ds Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 281); 1538 tirer sur l'or (en parlant d'une couleur) « avoir quelque rapport, quelque ressemblance avec telle couleur » (EST., s.v. declinare); 7. a) 1529 tirer « tracer, écrire » (M. D'AMBOISE, Complainctes, 40 r° ds HUG.); 1559 tirer (une muraille) « construire en longue ligne » (AMYOT, Vies, Alcibiades, f° 135 r°); b) 1536 portraict tiré sur le vif (RABELAIS, Lettre à Monseigneur de Maillezais ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 356); 1538 tirer qqn « faire le portrait de » (EST., s.v. deliniare); 1550 tirer « dessiner » (LA GRISE, tr. GUEVARA, I, 3 ds HUG.); 1904 tirer qqn « photographier » (Nouv. Lar. ill.); 1949 tirer un portrait de qqn (Nouv. Lar. univ.); c) 1669 tirer un ouvrage « imprimer » (WIDERHOLD Fr.-All.); 1694 tirer copie « copier » (Ac., s.v. copie); 1835 bon à tirer (Ac.); 1845 photogr. tirer des copies (VALICOURT, Nouv. man. complet de galvanoplastie ou éléments d'électro-métallurgie, ch. Procédé ferrocyanotype de M. Hunt, p. 2 ds QUEM. DDL t. 31). Mot d'orig. très discutée (FEW t. 6, 1, pp. 418-420). Selon Wartburg, tirer serait une réduction de l'a. fr. martirier « martyriser, torturer (en général) » (XIIe s. ds T.-L.), dér. de martyre. Le part. prés. de martirier, martirant, aurait été interprété comme comp. de l'a. adv. mar « malheureusement » (du lat. mala hora « à la mauvaise heure ») et de tiranz, nom habituel du bourreau au Moyen Âge, lui-même issu du lat. tyrannus (tyran), une torture fréquente était en effet la dislocation des membres par étirement ou écartèlement. Tirer s'est substitué à traire dans la plupart de ses empl. en m. fr. Fréq. abs. littér.:21 971. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 27 228, b) 30 799; XXe s.: a) 30 943, b) 35 092.
DÉR. Tireuse, subst. fém., technol. a) Appareil, système permettant de remplir des bouteilles de vin, de lait après l'avoir soutiré de la futaille, du bidon. La tireuse [à vin] s'arrête d'elle-même dès que le liquide est arrivé à la hauteur voulue [dans la bouteille], ne laissant que la place nécessaire au bouchon (BRUNET, Matér. vinic., 1925, p. 479). L'embouteillage du lait [stérilisé] ou sa mise en boîtes s'effectue rapidement au moyen de rampes à robinets ou de tireuses à siphon (POURIAU, Laiterie, 1895, p. 71). b) ,,Appareil de photogravure permettant de copier par contact, un négatif pour obtenir un positif ou inversement`` (COMTE-PERN. 1963). Cette tireuse optique universelle présente le grand avantage d'être manipulée en pleine lumière (Ciné Amateur, nov. 1936). — []. — 1res attest. a) ) 1671 « celle qui tire du vin d'un tonneau » (LA FONTAINE, Contes, Rémois, 166), ) 1895 tireuse à siphon « appareil pour remplir les bouteilles de lait » (POURIAU, loc. cit.), 1925 tireuse « appareil pour remplir les bouteilles de vin » (BRUNET, loc. cit.), b) 1921 « appareil pour le tirage des films positifs » (La Science et la Vie, 2 oct., p. 439 d'apr. Lar. Lang. fr.); de tirer; suff. -euse (-eur2).
BBG. — MEIER (H.). Neue lateinisch-romanische Etymologien. Bonn, 1980, pp. 245-266; Anmerkungen zu Pierre Guirauds Dict. des étymol. obscures. Rom. Forsch. 1984, t. 96, n° 1/2, p. 73. — QUEM. DDL t. 1, 4, 6, 10, 19, 27, 30, 38.
1. tirer [tiʀe] v.
ÉTYM. XIe; tirer sa barbe, 1080, Chanson de Roland; orig. discutée; selon Wartburg réduction de l'anc. franç. martirier « torturer » (→ Martyre), dans l'expression : le martirans « le bourreau » — mar = mal, adv. mais cette hypothèse est peu vraisemblable; tirer et tire « rangée, file » viennent probablement d'un germanique teri, p.-ê. par le néerlandais (t. de filature).
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I Exercer un effort sur…, de manière à allonger, à tendre, ou à faire mouvoir.
A V. tr. dir.
1 Amener vers soi une extrémité, ou éloigner les extrémités de (qqch.), de manière à étendre, à tendre. ⇒ Allonger, détirer, distendre, étendre, raidir, tendre. || Tirer une corde, une courroie, une ficelle… — Tirer un drap, le tendre. || Tirer sa jupe vers le bas (→ Gêner, cit. 4). || Tirer ses bas, ses chaussettes. — (Sujet n. de chose). || Élément, pièce qui tire. ⇒ Tirant.
1 (…) le sparadrap, collé sur sa joue, en tirait obliquement la peau tendue.
Flaubert, Mme Bovary, II, VI.
2 Avant de quitter la pièce, il jeta vers la glace un bref regard d'ensemble, et tira ses manchettes.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 10.
♦ ☑ Loc. fig. Tirer la moustache de qqn, tirer sa moustache. || Tirer la moustache à qqn, lui tirer la moustache. ⇒ Tirailler (→ 1. Niche, cit. 2). || Tirer les cheveux. — ☑ Loc. Tirer les oreilles. Fig. Se faire tirer l'oreille : se faire prier. ⇒ Oreille (cit. 34 et 35). — Tirer la queue (1. Queue, cit. 2) à un chien. — Spécialt || Tirer la chaîne d'une sonnette, le cordon (cit. 3) de la porte. Par ext. || Tirer le cordon (⇒ Concierge). || Tirer la sonnette d'alarme. || « Tirez la chevillette, la bobinette (cit. 1) cherra ». || Tirer les fils des marionnettes. — ☑ Fig. Tirer les cordes, les ficelles (cit. 3) : faire agir, manœuvrer, avoir la situation en main. — Tirer la corde d'un arc, d'une arbalète (⇒ Bander, I., 2.).
♦ Techn. Étirer. || La ductilité est la propriété que possède un métal de se laisser tirer en fils. ⇒ Ductile (→ Malléabilité, cit.). || Tirer l'or, l'argent. || Tirer l'or à l'argue (arguer).
♦ (1530). Régional. || Tirer une vache. ⇒ Traire.
2.1 — Ça aussi, Moïra, c'est le goût de mon enfance. Je n'ai rien oublié. Je regardais ma mère, et je me demandais comment elle faisait. Tiens, je me rappelle qu'on disait : « tirer les vaches » dans mon pays. J'étais gosse, et pas très adroit. Je n'ai jamais réussi à tirer grand-chose !
Jean Joubert, l'Homme de sable, p. 154.
♦ ☑ Loc. fig. (Du sens « allonger, étirer »). Tirer en longueur : faire durer à l'excès. ⇒ Allonger. (Tirer en longueur s'emploie aussi intrans.) — ☑ Tirer un article à la ligne. Absolt. || Ce journaliste tire à la ligne.
2 (V. 1150). Faire aller dans une direction, en exerçant une action, une force (⇒ Traction) sur la partie qu'on amène vers soi. ⇒ Attirer, saquer (vx).
a (En restant immobile). || Tirer un tiroir, pour l'ouvrir. || Tirer un fardeau à soi (→ Peine, cit. 28), vers soi, de son côté… || Tirer l'échelle, le haut de l'échelle, qui était appuyé (contre un mur, etc.). ☑ Loc. fig. Après celui-là, il faut tirer l'échelle. ⇒ Échelle (cit. 9). — Tirer une porte derrière soi, après soi. ⇒ Fermer (→ Empoigner, cit. 3). || Tirer la porte sur soi (→ Peau, cit. 8). — ☑ Loc. Tirer l'aiguille, l'amener, la ramener vers soi. Travailler à l'aiguille, coudre (→ Fourmi, cit. 8; retaper, cit. 2).
♦ Tirer (qqch.) à soi : accaparer, prendre. ☑ Loc. Tirer la couverture à soi.
3 (…) Ursus, se mettant de moitié dans le succès de Gwynplaine, et tirant la nappe à lui, comme on dit en langue cabotine.
Hugo, l'Homme qui rit, II, III, III.
♦ Fig. || Tirer (qqch.) à soi. ⇒ Amener, attirer (→ Laisser, cit. 31). || La ville tire à soi (cit. 18) la vie des villages. || Tirer un auteur, un texte à soi (en l'expliquant), le solliciter, lui faire dire ce qu'on veut (→ Exégète, cit. 2).
♦ (1855, in Petiot). Absolt. Sports (aviron). Exercer une traction sur l'aviron. ☑ Loc. argotique. Tirer sur le bout de bois (même sens).
♦ Faire mouvoir latéralement (pour ouvrir, fermer). || Tirer le verrou (→ Emparer, cit. 13). || Tirer les rideaux. ☑ Loc. fig. Tirer le rideau, un voile sur : oublier. || « Il faut passer l'éponge (1. Éponge, cit. 7) ou tirer le rideau. » || Tirer un voile sur ses yeux. ⇒ Ramener.
4 (…) les Turcs se couchent avec le soleil et tirent les verrous sur leurs portes.
Loti, Aziyadé, II, XXI.
♦ Tirer qqn par le bras, par la manche (1. Manche, cit. 9 et 11). ☑ Loc. fig. Tirer le diable (cit. 18 et 19) par la queue. || Quelque chose qui vous tire par les pieds (→ Enlisement, cit. 1). — Le poids (cit. 3) de sa chevelure tire sa tête en arrière.
♦ Tirer le pied, la jambe, les porter en arrière pour saluer. — Par ext. ☑ Tirer sa révérence. ⇒ Révérence (cit. 7 à 9).
♦ ☑ Loc. Vx. Tirer ses chausses, tirer ses grègues : s'enfuir.
b (V. 1150). Faire avancer, mouvoir; déplacer derrière soi. ⇒ Traîner; entraîner. || Tirer une charrette, un chariot (→ Sel, cit. 5), une voiture. || « Six forts chevaux tiraient un coche » (4. Coche, cit. 1, La Fontaine). || Tirer la charrue. ⇒ Tracteur. — Tirer un navire, une remorque. ⇒ Haler, remorquer, touer. || Tirer les navires à terre (→ Radoub, cit. 1). — Tirer qqn près du feu (→ Frictionner, cit. 2). — Tirer qqch. après soi (→ Espérance, cit. 3, par métaphore).
♦ Sports (cyclisme; 1905). || Tirer un coureur : se dit d'un entraîneur qui emmène un coureur roulant très près de sa roue arrière. || Se faire tirer.
♦ (Automobile). || Se faire tirer : « se placer dans le sillage d'une autre voiture pour aspiration (en circuit) ou profiter (circuit et rallye) de l'expérience d'un pilote plus compétent » (Voc. de l'automobile, in la Banque des mots, no 8).
♦ ☑ Loc. Vx. Tirer le pied (→ Boiteux, cit. 2, La Fontaine). || Tirer la jambe (→ Débandade, cit. 2). ⇒ Traîner.
5 (…) il se releva, poussa du pied un journal, marcha jusqu'à la porte, et, pendant quelques minutes, tirant la jambe comme un insecte blessé, il arpenta la chambre (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 81.
3 (Fin XVe). Fig. Attirer. || Tirer l'attention, le regard, l'œil (→ Frapper, cit. 35.). ⇒ Tire-l'œil.
5.1 Mais en route, Léopold eut une idée : « Tu ferais peut-être bien, avant d'aller chez le notaire, de passer une ou deux serviettes dans la ceinture, ça tirera l'œil et ça vaudra mieux. »
Maupassant, l'Héritage, Pl., t. II, p. 62.
6 Rien ne tirait l'œil; mais la veste noire était de soie; la chemise molle était de fine batiste.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 172.
4 (Abstrait). Solliciter, amener à une attitude. || Les sentiments contradictoires qui le tirent. ⇒ Écarteler, tirailler.
1 (V. 1160). || Tirer sur… : exercer une traction, faire effort sur…, pour tendre (ci-dessus A., 1.) ou pour amener vers soi (ci-dessus 1., 2.). || Tirer sur une corde (→ Force, cit. 63), une ficelle, un lien (→ Liage, cit.). ☑ Loc. fig., fam. Tirer sur la ficelle : exagérer, aller trop loin. — Les chiens aboyaient (cit. 1) en tirant sur leur chaîne. — Tirer sur les rênes, pour arrêter un cheval.
2 Absolt ou intrans. || Tirer de tous ses muscles (→ Piège, cit. 1). || Tirer de toutes ses forces (→ 1. Rame, cit. 2). || Le mulet (1. Mulet, cit. 1) tirait à plein collier. — (Avec un compl. directionnel). || Tirer en arrière → Prolonger, cit. 4. || Tirer sur le côté (→ Tirer au cul, au flanc). || Cheval qui tire à hue, à dia (vers la droite, vers la gauche). — ☑ Fig. Tirer à hue et à dia (cit. 1 et 2).
7 (…) les malheureux chevaux de la remonte des fleuves, qui ne reposent pas, même quand ils s'arrêtent, et qui tirent toujours, quoiqu'ils cessent de marcher.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, Préface.
8 (…) ses crocs s'enfonçaient dans le cuir de ma veste (…) Il tirait, glissait, tirait encore; il s'arc-boutait de ses grands ongles dans ce sol friable; il gémissait; et cependant ses longs muscles bandés me tiraient peu à peu de la terre; il me hissait toujours plus haut (…)
H. Bosco, Hyacinthe, p. 143.
♦ (1913, in Petiot). Sports (haltères). || Tirer sur (l'haltère), le lever. — Absolt. Lever les haltères. || Il tire chez les mi-lourds.
3 (Déb. XXe). D'abord en parlant du vent. || Tirer sur… : exercer une forte aspiration sur (qqch.). ⇒ Aspirer. || Tirer sur sa pipe.
9 On a beau tirer tant qu'on veut sur le tuyau de sa pipe et amener à soi toute la quantité de fumée qu'on veut : faute d'être vue, elle est comme si elle n'existait pas.
C.-F. Ramuz, la Grande Peur…, II.
♦ (Av. 1850). Intrans. Avoir une bonne circulation d'air, un mouvement ascensionnel. || Poêle qui tire, qui tire bien. ⇒ Tirage. — Régional (Belgique). || Ça tire : il y a un courant d'air.
9.1 (…) mais, à cause de l'entrée commune qui donnait même air aux deux pièces, les deux cheminées ne pouvaient tirer ensemble, et, par les temps froids, quand on faisait du feu dans l'une, on faisait de la fumée dans l'autre. Les jours où il voulait faire du feu, Tityre prit donc l'habitude d'ouvrir sa fenêtre.
Gide, le Prométhée mal enchaîné, in Romans, Pl., p. 337.
4 V. intr. Subir une tension, éprouver une sensation de tension. || Ça tire. — (Avec un compl. pron.). || La peau lui tire.
5 Techn. (autom.). || Tirer court, long : avoir un rapport court, long entre la boîte de vitesses et le pont.
———
1 a Vx. Aller, s'acheminer vers. || Tirons de ce côté (Molière, l'Étourdi, III, 13). || Nous tirâmes vers Valence (Lesage, Gil Blas, VI, 2). ⇒ Partir.
♦ Absolt, vx. || Tirez !, allez-vous-en (terme employé pour chasser les chiens : cf. Racine, les Plaideurs, III, 3).
b Tirer à… : aller vers. || Tirer au sud. — (En conduisant un véhicule). || Tirez à gauche. — (D'un véhicule). || Cette voiture tire à droite, à gauche.
9.2 Les uns rentrent aux États-Unis, les autres en sortent, tirent au sud, vers Santa-Fé (…)
B. Cendrars, l'Or, p. 48.
♦ ☑ (1881-1883). Loc. fam. Tirer au flanc (se dérober sur le côté), au cul (en arrière) : chercher à échapper à un travail, à une corvée. ⇒ Tire-au-cul, tire-au-flanc.
♦ ☑ (1669; tirer à fin, XVe). Par métaphore. Tirer à sa fin : approcher de la mort, être à l'agonie. → aussi Pâle, cit. 1. Par ext. Approcher de sa fin. ⇒ Toucher. || Le spectacle tire à sa fin.
10 — (…) Et ces restes de paille qui sont encore sur la grange, qu'attends-tu pour les relever ? — On les relèvera demain. — Ce que nous en avons tire à sa fin; et tu aurais beaucoup mieux fait de les relever aujourd'hui (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 515.
♦ Fig. || Tirer à conséquence (cit. 2). → aussi Forme, cit. 70.
2 Fig. Avoir un rapport de ressemblance, de convenance. ⇒ Ressembler.
b Tirer vers. Vieilli. || L'extrémité rouge (cit. 16) du spectre tire vers l'orangé.
d (1538). Cour. || Tirer sur (→ Ressembler, cit. 10). || « Un homme de moyen âge (cit. 37) Et tirant sur le grison » (La Fontaine).
11 Il était blond, et sa barbe tirait sur le roux (…)
Rousseau, les Confessions, IX, (1757).
11.1 (…) le rideau en velours vert et le mur d'un or comme celui de la meule, mais plus étouffé, tirant un peu sur le beige (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 8.
B Trans. dir. (Tirer la voie « s'acheminer », 1210).
1 Vx (compl. sans déterminant). Aller le long de…, suivre. || Tirer chemin. — S'en aller dans… || Tirer pays.
2 Mar. Vieilli. || Tirer l'eau : déplacer une certaine masse d'eau (en parlant d'un navire). ⇒ Tirant (3.).
3 (1789). Fam. Passer péniblement (une durée, un laps de temps). || Tirer six mois de prison. ⇒ Faire (infra cit. 52). || Plus qu'une heure à tirer.
12 Boris ne répondit pas, il pensait au soldat. Il pensait : Il a de la chance; moi, j'ai encore un an à tirer.
Sartre, le Sursis, p. 269.
13 J'ai pensé que c'était toujours un dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j'allais reprendre mon travail.
Camus, l'Étranger, p. 39.
13.1 Je balance le couteau dans mon sac et je sors de l'atelier, sans un regard pour la bibine qui refroidit lamentablement dans la gamelle, ni pour ce décor où je viens de tirer sept mois.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 322.
13.2 Sartre repartit, et je tirai de mon mieux le dernier trimestre.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 194.
C V. tr.
1 (1538). Allonger sur le papier (une figure), faire s'allonger dans une direction, en écrivant, en dessinant, en gravant. ⇒ Tracer. || Tirer une ligne (⇒ Tire-ligne). ☑ Tirer un trait. || Tirer des parallèles à des lignes (→ Entrecouper, cit. 4). ⇒ aussi Régler. || Tirer une perpendiculaire, abaisser. Par métaphore. || Tirer une ligne de séparation entre le règne animal et le règne (cit. 1) végétal. — Spécialt. || Tirer une allée au cordeau. || Des arbres, bien alignés, tirés au cordeau. — Par ext. Tracer (sur le terrain, en creusant, etc.). || Tirer des canaux entre des rivières (→ Inondation, cit. 1).
2 Par ext. ☑ Loc. Tirer un plan, le tracer; et, fig., l'élaborer (⇒ 3. Plan, cit. 5). ☑ Tirer des plans sur la comète. — Tirer l'horoscope, l'établir (⇒ Astrologie).
3 (Av. 1585, R. Boutrays in la Bibliothèque d'Antoine du Verdier : « Le peintre y a tiré [dans un tableau] d'une main tres-experte Une espesse forest »). Vx ou par plais. Représenter ou reproduire graphiquement. || Tirer le portrait de qqn, à qqn. ☑ Se faire tirer le portrait : se faire dessiner, peindre, photographier. — Reproduire en dessin, en peinture (→ ci-dessous cit. 15 et 16). — (1842, cit. 14.1 ci-dessous). Pop. || Tirer qqn, qqch., le photographier (→ cit. 16.1). || Tirer qqn en portrait, en pied. — (1898, in Année sc. et industr. 1899, p. 77). || Tirer une épreuve, une contre-épreuve (gravure, lithographie, etc.). || Tirer des épreuves photographiques. ⇒ Tirage (→ Exposer, cit. 15). — Vx. || Tirer la, une copie d'un acte, recopier. ☑ Loc. Tirer copie.
14 (…) je demanderai toujours, sur quelle minute le commis de le-Jay a-t-il donc tiré sa copie ?
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 96.
14.1 — Vous êtes-vous fait tirer, M. Mouillé ?
— Non, madame (…) je n'aime pas les portraits noirs (…) je préfère la couleur (…) comme je suis assez frais, je pense que je perdrais beaucoup au daguerréotype.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 197.
15 — Allez chercher vos amoureuses, dit l'artiste. Je vais les croquer (…) L'opinion fut que le Parisien tirait bien les ressemblances (…)
France, le Chat maigre, XII, Œ., t. II, p. 244.
16 Dans la semaine qui suivit, Diderot fut victime d'un petit accident (…) Garand en profita pour tirer son portrait à l'huile.
A. Billy, Vie de Diderot, p. 201.
16.1 Je bricole un peu le dimanche, avec une vieille boîte… Oh ! ce n'est pas bien passionnant ! Je tire des maisons, des vieilles boutiques, des petites rues… C'est Barnivel qui m'a donné ce goût-là !
♦ ☑ Loc. métaphorique. Vx. Tirer qqn, qqch. en exemple : dépeindre pour proposer en exemple (Corneille, Saint-Évremond, in Littré).
♦ (1669). Spécialt. ⇒ Imprimer. || Tirer une forme (→ Impression, cit. 6). || Faire tirer un certain nombre d'exemplaires (→ Prétendre, cit. 17). || Tirer un livre à tant d'exemplaires. Par anal. Fabriquer en plusieurs exemplaires (2. Exemplaire, cit. 7). — Journal qui tire à trente mille, qui imprime trente mille exemplaires (→ Courtier, cit. 3; 2. exemplaire, cit. 4).
♦ (1835). || Bon à tirer : mention portée sur une épreuve d'imprimerie corrigée et jugée bonne pour l'impression. → Imprimeur, cit. 2. — Adj. || Épreuves bonnes à tirer. — N. m. || Donner le bon à tirer. — Par métonymie. Épreuve bonne à tirer. || Les bons à tirer sont déjà chez l'imprimeur. || Vérifier les films d'après les bons à tirer. — Abrév. : b. à t. [beɑte].
17 Le bon à tirer de la feuille d'un livre (…) On lit, on relit sa feuille, ne pouvant s'en détacher, retardant toujours le moment où vous abdiquez la correction, la retouche, où vous cessez d'être maître de la faute, de la bêtise, de l'ineptie qui se cache si bien dans l'épreuve, et qui vous saute aux yeux dans le livre.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 8 février 1877, t. V, p. 232.
———
III (Déb. XVe; tirar, provençal, 1280).
1 Envoyer au loin (une arme). a Vx ou spécialt. Envoyer, lancer (une arme de trait). || Tirer un javelot. ⇒ Lancer.
b Mod. Envoyer au loin (un projectile) au moyen d'un dispositif de propulsion (arc, arbalète), et, spécialt, d'une arme à feu. ⇒ Tir. || Tirer une flèche, une balle de fusil. — Tirer un coup (cit. 26) de pistolet, de revolver; de fusil, de canon (→ Équilibre, cit. 4; fièrement, cit. 2; salve, cit. 1). || Tirer un coup de feu sur qqn. — (Le sujet désigne l'arme) :
18 C'était encore la petite pièce de canon (…) et à peine arrivée, mise en batterie par les canonniers de Leipsick, elle tirait cinq coups par minute, comme si les Prussiens eussent été devant elle.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XVIII.
c Absolt. || On le fait coucher en joue, tirer (→ Baguette, cit. 8). || Tirez ! ⇒ 1. Feu (supra cit. 50). || Ils ont commencé à tirer. || Dégainer et tirer. || Il tire vite. || Tirer au jugé. || Tirer à vue. || Tirer à blanc. ☑ Allus. hist. Messieurs les Anglais, tirez les premiers, paroles attribuées aux soldats français à Fontenoy (1745).
18.1 Ils sont toujours les fils de ceux qui, à Fontenoy, au lieu de tirer les premiers, mettaient le chapeau à la main, et, courtoisement, disaient aux Anglais : Non, Messieurs, tirez vous-mêmes.
Taine, les Origines de la France contemporaine, I, t. I, p. 260.
♦ (Sujet n. de l'arme). || Le canon tirait sans discontinuer (cit. 3).
♦ Par ext. Se servir plus ou moins bien d'une arme à feu. || Apprendre à tirer. || Tirer bien, mal. || Il ne sait pas tirer, il tire comme un pied (fam.).
d (Avec un compl. désignant la cible, la direction du tir). || Engins servant à tirer au loin (→ Arbalète, cit. 1). || Tirer dans toutes les directions. ⇒ Canarder, tirailler. || Tirer sur une cible. — ☑ Loc. Tirer à la cible; tirer au but : faire mouche. — Tirer sur un oiseau, sur un ennemi (→ Rater, cit. 1 et 6). || Faire tirer sur le peuple (→ 1. Quarteron, cit. 2). — ☑ Loc. fam. Ne tirez pas sur le pianiste (→ ci-dessous cit. 19). — Par métaphore. || Tirer sur qqn, l'attaquer, chercher à l'abattre. — Tirer dessus (cit. 9). — Tirer contre (un objectif). → Servir, cit. 19. — ☑ Tirer dans le dos (→ Coup, cit. 44, au fig.), dans les pattes (cit. 9), dans les jambes, aux jambes. — ☑ Tirer à bout portant sur… (au propre et au fig.). — Tirer en l'air. — ☑ Tirer dans le tas. — Tirer de but en blanc.
19 Ce poète (Oscar Wilde), aux récits invraisemblables, nous fait un tableau amusant d'une ville du Texas, avec sa population de convicts, ses mœurs au revolver, ses lieux de plaisir, où on lit sur une pancarte : Prière de ne pas tirer sur le pianiste qui fait de son mieux.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 5 mai 1883, t. VI, p. 182.
20 (…) rien n'irritait tant Mademoiselle Verdure que le ton persifleur qu'il prenait alors; elle se découvrait à tous coups et l'abbé tirait dans le vif.
Gide, Isabelle, VI.
21 Les soldats tiraient sur lui, rechargeaient leurs armes, tiraient de nouveau avec un acharnement de brutes. Ils se battaient pour avoir leur tour, défilaient devant le cadavre et tiraient toujours dessus, comme on défile devant un cercueil pour jeter de l'eau bénite.
Maupassant, l'Horrible, Pl., t. II, p. 116.
♦ Mod. || Tirer à (une arme). ⇒ Tir. || Tirer à l'arc. || Tirer à la carabine, au fusil, au pistolet. — (Projectile, explosif). || Tirer à poudre, à balles, à mitraille (⇒ Mitrailler). ☑ Fig. Tirer à boulets rouges sur qqn.
22 On envoyait de temps à autre des compagnies de gardes françaises, qui tiraient, à poudre d'abord, puis à balles.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, I.
♦ (Sujet n. de l'arme) :
23 Les deux pièces tiraient maintenant à boulet sur le centre du barrage afin d'y faire une trouée, et, s'il était possible, une brèche, pour l'assaut.
Hugo, les Misérables, V, I, XVIII.
2 Faire partir (une arme à feu), faire exploser. ⇒ Décharger. || Tirer le canon. || Tirer des pétards (cit. 2), des fusées. || Tirer un feu d'artifice (⇒ Pyrotechnie). ☑ Loc. Tirer sa poudre (infra cit. 16) aux moineaux.
3 Par anal. (au jeu de boules). Lancer (la boule) de manière à heurter le cochonnet ou une autre boule (par oppos. à pointer). ⇒ Tir (I., B., 1.). || Tirer la boule, et, absolt, tirer. — (1932, in Petiot, au football). Envoyer (la balle) en direction des buts adverses. || Tirer la balle. || Tirer un corner. — Intrans. || Tirer au but (se dit aussi au basket, etc.). ⇒ Shooter.
23.1 Peu après, Adrien Delatouche descendait tout le terrain la balle aux pieds et tirait au but adverse sous un angle impossible.
René Fallet, le Triporteur, p. 96.
4 (XVe). || Tirer un coup de feu, décocher un trait sur…, contre… ⇒ Descendre. || Tirer un oiseau, le gibier…, à la chasse (→ Choucas, cit. 1; déranger, cit. 5). || Guillaume Tell tira une pomme (cit. 5) sur la tête de son fils. || Tirer un oiseau au vol.
24 J'ai eu (…) un talent naturel et singulier pour tirer les perdrix et les lièvres et, à Brunswick, un corbeau d'un coup de pistolet à quarante pas, la voiture allant au grand trot (…)
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 42.
25 Le Blondinet se retourne vers le sergent : Mais oui, papa, mais oui, t'as tiré vingt parachutistes et tu as arrêté un tank à toi tout seul. Je peux en dire autant : il n'y a pas de preuves.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 210.
♦ Rare, ou par allus. aux animaux. || Tirer qqn. || On s'est fait tirer comme des perdreaux.
5 Vx. Assener, décocher. || Tirer une ruade.
25.1 Ce mulet prend le temps, et du grand coup qu'il tire
Lui enfonce la tête (…).
Mathurin Régnier, Satires, III.
6 ☑ Loc. fam. Tirer un, son coup : avoir un rapport sexuel, avoir un orgasme avec un, une partenaire (le sujet désigne le plus souvent un homme, mais peut également désigner une femme, avec une intention stylistique : discours des féministes, revendication d'un libre choix dans les conduites sexuelles, etc.).
25.2 Eh bien, tu peux tirer ton coup sans te presser.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 89.
———
IV (1080, Chanson de Roland). Faire sortir.
1 a Faire sortir (une chose) d'un contenant. ⇒ Extraire, retirer. — Tirer (qqch.) de (qqch.). || Tirer un calepin (cit. 2), un mouchoir, un porte-monnaie (cit. 1) de sa poche, de son sac (→ 1. Flûte, cit. 3; quoi, cit. 17). ⇒ Prendre, sortir. || Tirer qqch. d'une boîte, d'un placard (→ Peindre, cit. 13). — Tirer des seaux d'eau du puits. ⇒ Puiser. — Tirer de l'argent de la caisse. ⇒ Décaisser. — ☑ Loc. Tirer les marrons (cit. 4) du feu (au fig. ⇒ Marron). — Tirer les écrevisses (cit. 2) des pierres. — Tirer qqn du lit (→ Fournée, cit. 7), le forcer à se lever.|| Tirer qqn des draps.
26 (…) Quelle heure est-il ? Tenez. Tirez ma montre de mon gousset.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 55.
♦ (Sans compl. de provenance). || Il tira sa montre pour regarder l'heure.
♦ Tirer la langue, l'allonger hors de la bouche. ☑ Tirer la langue de soif, et, fig., tirer la langue : avoir très soif; manquer cruellement de ce qu'on souhaite (⇒ Languir).
♦ Par métaphore. || Tirer les yeux : fatiguer la vue. || Les petits caractères lui tiraient les yeux hors de la tête (→ 1. Lire, cit. 2).
♦ Spécialt. || Tirer… de… : faire sortir (ce qui était assemblé, engagé, enfoncé). || Tirer un oiseau de la broche (→ Fumet, cit. 1; 1. point, cit. 43). || Tirer à qqn un poil du nez (⇒ Arracher). || Tirer une plante de terre (⇒ Déraciner). (Sans compl. second). Régional. || Tirer les navets, les pommes de terre (→ ci-dessous, cit. 27.1). — ☑ Loc. Tirer une épine (supra cit. 13) du pied (à qqn). ☑ Tirer les vers du nez à qqn. ☑ Tirer son épingle (cit. 6) du jeu. ☑ Tirer une plume de l'aile.
27 Il a fallu t'arracher cette parole du gosier comme on tire le bouchon d'une bouteille de vin de Bordeaux ! Il y a donc un secret dans cette maison ?
Balzac, Vautrin, I, 5.
27.1 Elle s'arrêta du côté où l'arrachage des navets avait déjà entamé le champ (…) Elle tirait rapidement les navets, et la manière dont elle les rangeait sur la brouette montrait son habitude aux travaux des champs.
Marie Gevers, Paix sur les champs, p. 10.
♦ Littér. || Tirer qqch. des mains de qqn, arracher. Par métaphore :
28 Est-ce lui qui naguère aux dépens de sa vie
Sauva des ennemis votre empereur Décie,
Qui leur tira mourant la victoire des mains (…)
Corneille, Polyeucte, I, 3.
♦ Spécialt (et sans compl. en de). Cout. || Tirer les fils, les dégager pour faire des jours. — Par métonymie. || Tirer des jours.
b Faire venir, faire couler (un liquide) en le faisant monter, en l'exprimant (⇒ Exprimer, extraire). || Tirer le jus d'un citron. || Tirer de l'eau du puits. — (Sans compl. en de). || Tirer de l'eau à la pompe. || Piquer (cit. 5) et tirer du sang goutte à goutte. || Tirer le lait (⇒ Téter), en suçant. — Tirer le vin (du tonneau). ☑ Prov. Quand le vin est tiré, il faut le boire (1. Boire, cit. 43). — Par ext. || Tirer un liquide, l'absorber, s'en imbiber.
♦ ☑ Loc. Tirer un liquide au clair, le rendre plus clair en le filtrant, en le décantant. Fig. Tirer une affaire au clair. ⇒ Clair (cit. 24); éclaircir (B.). — ☑ Tirer des larmes, des pleurs à qqn, le faire pleurer (cit. 9 et 11). || Tirer des soupirs, des gémissements à qqn (→ aussi Douleur, cit. 6). — ☑ Loc. On tirerait plutôt un pet (infra cit. 5) d'un âne mort (→ ci-dessous cit. 39).
2 Vx. Mettre à jour; montrer. || Tirer qqch. à qqn. || Il me tire cette petite boîte… (→ Pompadour, cit. 2; et aussi opération, cit. 5).
3 Spécialt. || Tirer l'épée du fourreau, son épée (cit. 8) hors de la gaine. ⇒ Dégainer. — Par ext. ☑ Tirer l'épée (cit. 9) : se battre à l'épée. || Tirer le couteau.
♦ (XVIe). || Tirer des armes (cit. 38), les armes : faire de l'escrime. Absolt. || Il va tirer à la salle d'armes.
29 (…) je le connaissais avec sa paresse de corps et son horreur pour les exercices violents et l'escrime, destiné à rester sur le terrain, tandis que moi qui tirais très mal, qui ne tirais pas du tout, j'avais cependant un jeu difficile, déconcertant même pour ceux qui tiraient bien.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 25 janv. 1889, t. VIII, p. 12.
4 (1580; dans des expressions; du sens 1 : tirer une carte du jeu, un billet d'un chapeau). Choisir parmi d'autres, dans un jeu de hasard. || Tirer une carte (→ Jeu, cit. 63), un billet, un numéro de loterie. || Tirer le bon, le mauvais numéro. — ☑ Loc. Tirer les cartes : dire la bonne aventure, prédire l'avenir à l'aide des cartes, des tarots (⇒ Cartomancie). — Tirer la fève. — Par ext. ☑ Tirer le gâteau (cit. 2) des rois, et, ellipt, tirer les rois, à l'Épiphanie.
30 Donc, au jour de l'Épiphanie, Madame Bavretel conviait les amis d'Armand à venir tirer les rois
Gide, Si le grain ne meurt, I, VI, p. 180.
♦ Par ext. Désigner, faire désigner ou être désigné par (un procédé de hasard). || Tirer les lots (cit. 2) au sort. ⇒ Sort. — (1843). || Tirer à la conscription. — (1840). || Tirer à la bûchette, à la courte paille (cit. 9 et 10).
31 D'ailleurs, Cérizet, qui, selon l'expression populaire, devait tirer à la conscription l'année suivante (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 894.
5 Enlever, ôter (un vêtement, un ornement). || Tirer son chapeau. Spécialt. ☑ Tirer son chapeau à qqn, le saluer, et, fig., lui rendre hommage. — Tirer les bottes à qqn, les lui ôter (→ Habiller, cit. 16). ⇒ Tire-botte.
32 Sa mort n'a rien à voir avec sa vie, avec ce qui fait que je lui tire tout de même ma casquette.
Aragon, les Cloches de Bâle, III, IV.
33 (…) après lui avoir tiré, à Hugo l'immense, un immense coup de chapeau.
Gide, Attendu que…, p. 57.
6 Tirer (qqch.) de… : enlever (une partie d'un tout). ⇒ Extraire. || Des copeaux tirés d'une pièce de chêne (→ Menuisier, cit. 2). — ☑ Loc. Tirer pied ou aile (d'une volaille, et, fig., de qqn), en tirer un avantage (syn. mod. : tirer qqch. de qqch.).
34 (…) j'ai toujours pensé que l'arrivée de ce neveu m'en ferait tirer pied ou aile.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, II, I.
7 (V. 1180, « délivrer »). Compl. n. de personne. || Tirer (qqn) de… : faire cesser d'être (dans un lieu, une situation où l'on est retenu). ⇒ Délivrer. || Tirer des blessés des décombres. ⇒ Dégager. || Tirer qqn de prison (→ Faiseur, cit. 13). ☑ Par métaphore. Tirer qqn de la boue, du ruisseau, extraire d'une condition vile. — (Situation dangereuse). || Tirer du danger (→ Ami, cit. 24), du pétrin (→ Fourrer, cit. 29). || Tirer qqn d'affaire, d'embarras (→ 2. Expédient, cit. 4), d'un mauvais pas. ⇒ Dépêtrer, sortir. || « Il n'est pas indigne (cit. 11, Pascal) de Dieu de tirer l'homme de sa misère. » ⇒ Sauver. || Tirer qqn de l'abjection. ⇒ Décrasser (fig.). — REM. Tirer, dans ce sens, avait des emplois plus larges dans la langue classique (« tirer qqn d'un pays, de l'armée », Racine), etc., et n'impliquait pas l'idée de danger ou de contrainte.
♦ Par métaphore. || Tirer qqch. du néant. ⇒ Création, créer (→ Émanation, cit. 1; homme, cit. 51). — Tirer les morts d'un éternel (cit. 24) oubli. || Tirer qqn de l'ombre (→ Moquer, cit. 4). || Le succès qui tire qqn de l'obscurité (→ Jurer, cit. 7).
35 Profondeurs de la conscience
On vous explorera demain
Et qui sait quels êtres vivants
Seront tirés de ces abîmes
Avec des univers entiers
Apollinaire, Calligrammes, p. 20.
♦ Fig. Faire cesser d'être dans un état. || Tirer qqn de l'engourdissement (→ Maillot, cit. 1), de la prostration (→ Coup, cit. 28), du sommeil (→ Furieux, cit. 10. ⇒ Éveiller, réveiller), de la torpeur (→ Reprendre, cit. 5); de la contemplation (→ 1. Garde, cit. 47), de sa méditation (→ Plonger, cit. 5). — Tirer qqn du doute (cit. 17), de l'erreur (⇒ Désabuser, détromper), de l'indécision. ⇒ Ôter (2.). || Tirer qqn de sa peur (→ Invective, cit. 3), d'une obsession (⇒ Guérir, II.). Vx. || « Trop heureux que ma main vous ait tiré de peine » (Molière, les Fâcheux, III, 5).
B Tirer… de… (sauf 3., b). Spécialt. Obtenir en séparant, en sortant de…
1 (V. 1370). Obtenir (un produit) en utilisant une matière première, une source, une origine. || Tirer de l'huile des olives. ⇒ Extraire. || Tirer le fer (1. Fer, cit. 1) de la mine. || Tirer le sel de l'eau par ébullition (cit. 2). ⇒ Produire. || Les anciens tiraient du poisson deux assaisonnements (→ Garum, cit. 1). || Être tiré de… ⇒ Provenir. || Tirer l'énergie électrique de bornes métalliques (→ Plot, cit. 1). — ☑ Loc. Tirer d'un sac deux moutures.
♦ Tirer des sons d'un instrument. ⇒ Produire (→ Langue, cit. 48; rang, cit. 1). — Tirer des étincelles du feu, d'un silex. || Pièce, chambre qui tire son jour, sa lumière d'une cour, d'un préau (cit. 1). → Cabanon, cit. 2.
2 (Fin XVe). Obtenir (qqch.) d'une personne ou d'une chose. ⇒ Gagner, obtenir, recevoir, recueillir. || Tirer de l'instant qui passe (cit. 61) toutes les joies. || Tirer de force qqch. de qqn. ⇒ Extorquer.
36 (…) puisque Dieu peut du mal tirer du bien, et que sans Dieu on tire le mal du bien ?
Pascal, Pensées, VII, 499.
♦ Tirer avantage (cit. 46 à 49), parti (cit. 1 à 4; et supra), profit (cit. 5 et supra) de… ⇒ Profiter. — Tirer argument (cit. 10) et avantage de… — Tirer gloire, orgueil (→ Impératrice, cit. 2), vanité de… : s'enorgueillir, se prévaloir de… — Tirer vengeance de… : se venger. || Tirer raison, satisfaction d'une offense.
3 a Obtenir (de l'argent, un avantage matériel) de qqn, de qqch. ⇒ Retirer. || Tirer de l'argent de qqn, d'un capital, d'une terre. ⇒ Soutirer. || Tirer un intérêt de ses capitaux (→ 1. Secret, cit. 2). || Tirer des appointements (cit. 2) d'un travail. ⇒ Gagner (→ aussi Honnêtement, cit. 1; méritoire, cit. 2). || Tirer un gain d'un travail. || Tirer sa subsistance de (une action, un travail, etc.). || Tirer argent (cit. 57) de tout. || Tirer dix mille francs de qqch. ⇒ Vendre (→ Racler, cit. 3). || Je n'ai pas pu tirer grand-chose de ma vieille voiture. — ☑ Loc. fam. Tirer une carotte à qqn.
37 Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette.
Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête,
Il faut que l'on en vienne aux coups,
Il faut plaider, il faut combattre.
La Fontaine, Fables, II, 7.
b Fin. (p.-ê. par infl. du sens de « prélever »). Sans compl. en de… || Émettre, tirer une lettre de change, un chèque (sur qqn, sur le compte de qqn), de manière à prélever une somme sur le crédit d'un compte. ⇒ Chèque; tireur, tiré, traite. — Ellipt. || Tirer sur le compte de qqn, sur qqn.
38 — (…) pendant deux ans, le sieur du Croisier a constamment laissé tirer sur lui pour de fortes sommes par monsieur le comte d'Esgrignon. Nous produirons des traites pour plus de cent mille écus, constamment acquittées par lui (…)
Balzac, le Cabinet des Antiques, Pl., t. IV, p. 448.
c Obtenir (des paroles, des renseignements) de qqn. || Tirer quatre paroles de qqn. ⇒ Parler (faire); → Engager, cit. 20; et aussi retrouver, cit. 20. || Tirer de qqn des éclaircissements (→ Porteur, cit. 4), des explications. || On ne peut rien en tirer : il reste muet ou sans réactions. — Vx. || Tirer parole, promesse de quelqu'un.
39 (…) et ne fut possible de tirer de lui une parole non plus qu'un pet d'un âne mort.
Rabelais, Gargantua, XV.
40 (…) il interrogeait un député, dont il tâchait de tirer adroitement des nouvelles, au sujet d'un mouvement de Bourse qu'il flairait (…)
Zola, Nana, III.
41 (…) il m'est impossible de rien tirer d'elle. Elle est plus fermée qu'une jeune fille, qu'un prêtre.
Paul Morand, l'Europe galante, p. 12.
♦ Obtenir (un comportement, une action) de qqn. || Il refuse de nous aider, de travailler; on ne peut rien en tirer. || Il n'y a pas grand-chose à en tirer (→ Indécrottable, cit. 3). — Tirer qqch. de soi-même (→ Incroyable, cit. 13; pastiche, cit. 2).
d (V. 1970). Spécialt. Voler (qqch.) à la tire. || « J'ai commencé à tirer les portefeuilles à toutes les personnes, jeunes ou vieilles » (Interview d'un jeune tireur, in Libération, 13 mars 1978, p. 20). — Absolt. || « On était dans le métro, on tirait… » (Interview d'un jeune tireur, in Libération, 13 mars 1978, p. 20).
4 (1636). Abstrait. Faire venir (une chose) de… ⇒ Dégager; déduire, inférer. || Tirer des conséquences décisives d'une formule (→ Dieu, cit. 10). || Tirer une induction (→ 1. Droit, cit. 12), des conclusions (cit. 3) de qqch. ⇒ Conclure (→ Suggérer, cit. 1). || Il ne faudrait pas en tirer des conclusions hâtives. || Tirer une conjecture de… || Tirer bon augure (2. Augure, cit. 9 et 10) d'une réponse. || Tirer argument de…
♦ Arithm. Vieilli. || Tirer la racine carrée. ⇒ Extraire.
5 Emprunter (son origine, sa raison d'être… de qqch.). ⇒ Emprunter, prendre. || Tirer son origine, sa source de… : descendre, venir de… ⇒ Provenir (→ Forme, cit. 38). || Tirer son nom de… (→ Fluidité, cit. 2; héros, cit. 6; phalanger, cit.). — Un sobriquet (cit.) tiré de leur profession. — Tirer sa force, son pouvoir, ses qualités, son importance de… ⇒ Recevoir.
6 Dégager d'un ensemble (un élément) pour utiliser. || Tirer des exemples (cit. 34) de l'histoire. ⇒ Prendre, puiser. || Tirer des événements matière (cit. 26) à roman (→ aussi Exploiter, cit. 8). || Tirer des citations d'un texte. ⇒ Extraire. || Tirer la quintessence d'une œuvre. — Tirer de la culture (cit. 1) tout ce qu'elle peut donner. — (Sujet n. de chose). || Les langues romanes tirent la plupart de leurs mots du latin. || Le français a tiré chez du substantif casa. ⇒ Dériver (→ Préposition, cit. 1).
♦ Par ext. Élaborer, faire, en utilisant des éléments que l'on a extraits. || Tirer des lois (1. Loi, cit. 58) un système de règles. || Tirer des fables une moralité (cit. 6). || Tirer une morale d'une doctrine. ⇒ Dégager (→ Positif, cit. 2). || Tirer une leçon (cit. 19) du malheur. — Tirer un livre de documents (→ Séducteur, cit. 2). || Tirer une découverte de tout ce qui se présente (→ Cristallisation, cit. 4).
42 L'esprit philosophique sait tirer philosophie de toute chose.
Renan, l'Avenir de la science, X, Œ. compl., t. III, p. 875.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se tirer v. pron.
ÉTYM. (V. 1100, au sens B, 1).
A (Sens passif).
1 (Au sens I). Être tiré; pouvoir être tiré. || Corde, élastique qui se tire. || Ce verrou doit se tirer. || Cette charrette se tire difficilement. || Le côté où les bateaux se tirent (→ Halage, cit. 2).
2 (Au sens II). || « Livres… qui se tirent à dix mille exemplaires » (Zola, Thérèse Raquin, p. 10). — (1935). Fam. (En parlant d'une durée qui s'écoule lentement, d'une tâche fastidieuse). || Ça se tire !
3 (Au sens IV). || Se tirer de… : se retirer, provenir de…
42.1 (…) s'il est un orgueil pardonnable, après celui qui se tire du mérite personnel, c'est celui qui se tire de la naissance.
Rousseau, les Confessions, III.
B (Sens réfléchi).
43 Et tirez vous tout droit au temple (…)
Villon, Jargon et Jobelin, Ballade, II.
44 Prenez la peine de vous tirer un peu plus loin (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, et note.
b (Repris XIXe; sans compl.). Fam. || Se tirer : partir, spécialt, mod., s'esquiver, fuir (cit. 1). ⇒ Enfuir (s'). || On s'est tiré en douce, on s'est tiré vite fait. — ☑ Se tirer des flûtes.
44.1 Allons donc, m'sieur le commissaire, fit la prisonnière, moi me tirer ? c'est pas la peine. Au Ballon ou à la boîte où vous m'avez emballée, c'est kif-kif.
Goron, l'Amour à Paris, t. II, p. 1024 (1900).
45 (…) Reprends ton billet et tire-toi, avant que je me fiche en colère.
Sartre, la P… respectueuse, I, 2.
46 Tirez-vous !… Allez-vous vous tirer, oui !…
46.1 Ses mains lâchent ses chevilles, il se déploie, son long corps efflanqué se dresse sur ses pieds… « Ah, sur ce, je me tire… il est grand temps… »
N. Sarraute, le Planétarium, p. 98.
♦ (Avec compl.). || Il est temps de se tirer de ce bled.
2 (Au sens III). || Se tirer un coup de revolver (→ Humiliation, cit. 12), une balle dans la tête (→ Impuni, cit. 3). — (Sens récipr.). || Se tirer dessus.
3 (Au sens IV). Se tirer d'un lieu où l'on est retenu, d'une situation fâcheuse. || Se tirer de prison. ⇒ Évader (s'). || Se tirer du milieu d'une armée en déroute (→ 2. Pékin, cit. 1). || Se tirer d'un endroit par miracle. ⇒ Sortir (→ Ronde, cit. 4). || Se tirer des mains, des pattes (cit. 12) de qqn. ⇒ Échapper. || Se tirer d'affaire (cit. 43), d'un mauvais pas (⇒ 1. Pas, III., 2.), d'une maladie, du pétrin (fam.). ⇒ Sortir (s'en). || Se tirer de la mauvaise fortune (→ Adversité, cit. 4), d'une contrariété (→ Paraître, cit. 47)… || Dont on ne peut se tirer. ⇒ Inextricable.
♦ Venir à bout d'une chose difficile. ⇒ Débrouiller (se), débourber (se), dépêtrer (se), sortir (se). || Se tirer avec habileté d'un sujet épineux (→ Habile, cit. 12). || Se tirer à merveille d'une besogne aride (cit. 7). || Se tirer d'une phrase (cit. 16).
♦ S'en tirer : en réchapper, en sortir indemne; réussir une chose délicate, difficile. || Il s'en est tiré à bon compte (cit. 10). || Il s'en est bien tiré; il a réussi à s'en tirer. — S'en tirer avec grâce (→ Apprêt, cit. 2), habilement.
47 Et Suzon ? — Elle s'en tira. — Mal ? — Non; les femmes s'en tirent toujours bien quand on ne les a pas surprises en flagrant délit (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 685.
48 Ma famille (…) n'était pas riche. On s'en tirait, voilà tout.
Maupassant, Miss Harriet, « Mon oncle Jules ».
49 Vivre seule, on s'en tire, on s'y fait (…)
Colette, la Vagabonde, p. 66.
49.1 S'il avait été un écrivain célèbre au lieu d'être le second personnage d'une République déboulonnée, peut-être s'en fût-il tiré lui aussi.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 165.
♦ Se tirer de…, s'en tirer (à une condition) : en être quitte pour… || Il s'en est tiré avec une petite amende.
50 Tu as fait deux ans de médecine, fiston. Il t'en reste deux à faire, et avec de la protection, tu t'en tireras avec dix-huit mois de service.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, VII.
——————
tiré, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1534).
1 (Au sens I). Qui a été tiré, tendu, ajusté. || Un bas bien tiré (→ Jarretière, cit. 1). || Des courtepointes bien tirées (→ Poupée, cit. 5). — Cheveux tirés en arrière (→ Filet, cit. 11). Par ext. ☑ Être tiré à quatre épingles.
51 Sa coiffe était bien fine, bien plissée et bien épinglée; ses cheveux, qu'elle portait un peu à la mode des artisanes, étaient bien reluisants, bien peignés, bien tirés en alignement (…)
G. Sand, François le Champi, XVI.
♦ (Fin XVIIe, Fénelon). Par ext. Allongé, amaigri par la fatigue. || Visages tirés (→ Grelotter, cit. 5). ⇒ Maigre. || Mine tirée (→ Malingre, cit. 2). || Les traits tirés (→ Dolent, cit. 4). ⇒ Fatigué.
52 La petite figure maigre et tirée du neveu favori de l'académicien était hideuse en ce moment.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, IV.
52.1 (…) il fait sombre en elle de nouveau comme avant, comme toujours… son pauvre visage tout tiré sous le fard… son œil où aucune lueur ne brille (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 173.
♦ Par anal. || Des yeux tirés, bridés (→ Saugrenuité, cit.).
♦ ☑ (1669). Loc. fig. Tiré par les cheveux (cit. 32). — Vx. || Tiré : affecté, recherché; forcé, trop subtil.
2 (Au sens II). Qui a été tiré, tracé. || Lignes tirées au cordeau (→ Espace, cit. 17). || Profil tiré à vue (→ Silhouette, cit. 1).
♦ Spécialt. Qui a été tiré (en imprimerie). — ☑ Loc. Tiré à part. || Exemplaires tirés à part. N. m. (1680). || Un tiré à part : extrait d'un article de revue ou extrait d'une revue provenant d'un tirage à part destiné à l'auteur et formant brochure.
52.2 (…) cet ancien camarade de lycée (…) qui m'envoyait les « tirés à part » de ses articles parus dans la Revue de Métaphysique et de Morale.
Gide, Carnets d'Égypte, in Souvenirs, Pl., p. 1064.
♦ Reproduit. || Un objet tiré à des milliers d'exemplaires.
3 (Au sens III). Qui est tiré (projectile, coup de feu). || Coups de mousquet tirés au hasard (→ Fascine, cit. 2). — N. m. || Un tiré. Chasse au fusil. || « Il n'y a pas de tiré plus difficile » (que celui de la bécassine) Buffon, in Littré.
♦ Spécialt. Lieu d'un terrain de chasse réservé au tir. || Layons pratiqués dans un tiré.
4 (Au sens IV). Qui est tiré, que l'on a tiré d'un lieu, d'un ensemble. || L'eau tirée du puits. — La langue un peu tirée (→ Polissoire, cit.; pourceau, cit. 2).
♦ Obtenu, extrait de… || Citations tirées des auteurs (→ Sottisier, cit. 1). || Un sujet tiré du Roi Candaule (→ Improviser, cit. 3).
♦ (Personnes). Que l'on a tiré d'une situation. || Tiré du danger, de l'indécision. — Tiré d'affaire.
♦ Spécialt. || Épée tirée. ☑ Loc. Être à couteaux tirés (rare au sing.) :
53 (…) je déteste Poirier et j'ai toujours été à couteau tiré avec lui.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La bonne peinture », p. 174.
5 Chèque tiré sur qqn, émis de façon à prélever une somme sur son compte. Par ext. || La personne tirée. N. m. (1872, Littré). || Le tiré : la personne désignée comme devant effectuer le paiement à l'échéance. || Le tireur et le tiré (d'un chèque, d'une lettre de change).
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CONTR. Détendre, draper, froisser, relâcher. — Pousser. — Éloigner, repousser. — Entrer, enfoncer, abîmer; cacher.
DÉR. Tir, tirade, tirage, tirailler, tirant, tirasse, tiraude, 2., 3., 4. tire, tirée, tirelle, tirerie, tiret, tiretaine, 1. tirette, 2. tirette, tireur, tireuse, tiroir.
COMP. Attirer, contre-tirer, détirer, étirer, retirer, soutirer (et leurs dér.); tire-au-cul, tire-au-flanc, tire-balles, tire-bonde, tire-botte, tire-bouchon, tire-bourre, tire-bouton, tire-braise, tire-bras, tire-cale, tire-cartouche, tire-clou, tire-comédon,tire-crins, tire-douille, tire-fesses, tire-feu, tire-fil, tire-filet, tire-fond, tire-joint, tire-jus, tire-laine, tire-laisse, tire-lait, tire-larigot (à), tire-ligne, tire-lisse, tire-l'œil, tire-nerf, tire-pied, tire-plomb, tire-point, tire-sève, tire-sou, tire-veille, tire-veine, — V. Tire d'aile (à).
HOM. 2. Tirer.
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2. tirer [tiʀe] n. m.
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HOM. 1. Tirer.
Encyclopédie Universelle. 2012.