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titre

titre [ titr ] n. m.
title XIIe; lat. titulus « inscription, titre d'honneur »
I
1Désignation honorifique exprimant une distinction de rang, une dignité. Titres de noblesse, titres nobiliaires ( noble, noblesse) . Titres de fonctions. « Comme tu es bien ainsi ! tu as l'air d'un vrai gentleman. Il ne te manque qu'un titre ! ajouta-t-elle, avec une nuance de regret » (Proust). Porter, prendre un titre. Conférer un titre ( titrer) . Titres de souverains (empereur, président, prince, roi). Grades et titres. Le titre de maréchal, de grand amiral.
Appellation d'une personne qui a un titre, ou à qui l'on veut marquer du respect en ne la vouvoyant pas (ex. altesse, éminence, excellence, grâce, grandeur, hautesse, honneur, révérend, sainteté, seigneur).
2Nom de charge, de fonction, de grade. Le titre de directeur, de président, de docteur, de professeur. Candidat à un titre. Titres universitaires. « le titre le plus mince, et pourtant le plus long à prononcer, y est donné et répété vingt fois dans le même repas » (Mme de Staël). « Monsieur le commissaire, dis-je alors (parce qu'il faut toujours donner leurs titres aux personnes) » (Nerval). Recrutement sur titre.
Loc. adj. EN TITRE : qui a effectivement le titre de la fonction qu'il exerce (opposé à auxiliaire, suppléant, honoraire, intérimaire) . Professeur en titre. titulaire. Par ext. Qui est reconnu pour tel à l'exclusion d'autres ayant le même emploi. Fournisseur en titre d'une maison. attitré. « on ne lui connaissait pas de maîtresse en titre » (Gautier). officiel.
3Qualité de gagnant, de champion (dans une compétition). Disputer, remporter un titre dans un championnat. Tenir, détenir le titre; défendre son titre. « Après avoir battu Tony Daniels, alors tenant du titre » (Morand). Match qui met un titre en jeu. Boxeur qui remet son titre en jeu.
4Littér. Nom qui qualifie. nom, qualification. « J'ai donc refusé la précieuse amitié et m'en suis tenu à mon titre d'Amant » (Laclos). Le titre de citoyen américain. « j'achevai le reste de mes études à Charlemagne, en qualité d'externe libre, titre dont j'étais extrêmement fier » (Gautier).
5Loc. prép. À TITRE DE : en tant que, comme. — (D'une personne) « il est presque impossible à l'homme d'agir uniquement à titre d'individu » (Martin du Gard). « il entra chez un marchand de toile, à titre de commis » (Zola). (D'une chose) Argent remis à titre d'indemnité. À titre d'essai, de curiosité, d'exemple (cf. En guise de). À ce titre : pour cette qualité, cette raison (le titre donnant un droit). « Suis-je son parent et puis-je, à ce titre, provoquer son internement dans une maison de santé ? » (Courteline). À quel titre ? de quel droit, pour quelles raisons ? À quel titre se permet-il de nous juger ?
♢ AU MÊME TITRE : de la même manière. Une hypothèse, un postulat sont au même titre des principes du raisonnement. Loc. conj. Au même titre que : de la même manière que, de même que. Cette comédie, « il la croyait nécessaire pour les débuts, au même titre qu'une publicité de lancement » (Romains) .
♢ À TITRE (suivi d'un adj.; valeur d'adv. de manière). À titre amical : amicalement. À titre temporaire, exceptionnel, personnel. À titre consultatif. « Mon compatriote à double titre » (Chateaubriand). À aucun titre : en aucune façon. À plus d'un titre, à plusieurs titres : pour plusieurs raisons.
II(Cause qui établit un droit.)
1Écrit qui établit le droit à un titre (I, 1o) de noblesse, à une dignité, à une fonction. brevet, parchemin; diplôme, patente.
(1283 « acte juridique ») Dr. Écrit qui constate un acte juridique ou un acte matériel pouvant produire des effets juridiques. 1. acte, certificat, document, instrument, papier, pièce. Authenticité d'un titre. Droit de titre. Enregistrement d'un titre. Titre exécutoire, permettant au bénéficiaire de recourir à l'exécution forcée. — Cour. Titre de propriété. En fait de meubles, possession vaut titre. Titres de transport. billet, carte, coupon, ticket; connaissement (cf. Lettre de voiture, de transport). Titres-restaurant. Titre de crédit, de créance. billet, 2. bon, effet, traite, warrant. Titre à vue. Titre interbancaire, titre universel de paiement (T. I. P., T. U. P.) : imprimé édité par le créancier, la signature du débiteur autorisant un prélèvement ponctuel sur son compte afin d'effectuer un paiement déterminé.
(1853; titre de monnaie mil. XVIe) Certificat représentatif d'une valeur de bourse. Titre de rente : action, obligation, part de fondateur. ⇒ valeur. Titre nominatif, qui mentionne le nom de son titulaire. Titre au porteur, transmissible par simple tradition. Titre à ordre, transmissible par endossement. Titre participatif. « Évidemment, le vieux avait des titres cachés, dont il touchait les coupons, chaque trimestre » (Zola). Vendre des titres. Gérer un portefeuille de titres.
2Loc. À JUSTE TITRE : à bon droit, avec fondement, raison. L'Anglais « considère, à juste titre, le jeu des idées comme une acrobatie spirituelle » (Maurois)(cf. Être fondé à...).
3Modalité d'un droit, manière d'aliéner et d'acquérir. Acquérir à titre universel (succession), à titre particulier (achat, etc.). Acquérir à titre lucratif (don), ou onéreux (paiement). Occupant à titre gratuit. À titre révocable; à titre précaire. Chose remise à titre de louage.
4Littér. Qualité ou service qui donne droit à qqch. « acquérir de nouveaux pouvoirs, ou même des titres à la considération publique » (Duhamel).
III(Désignation d'une proportion.)
1Proportion d'or ou d'argent contenue dans un alliage. aloi; 2. fin (II, 1o). Or au titre (autorisé par la loi). Titre d'une monnaie. Reconnaître le titre par la pierre de touche et le touchau.
2Chim. Rapport de la masse (ou du volume) d'une substance dissoute à la masse (ou au volume) de la solution. degré, titrage. « une solution de salicylate de soude dont il venait de modifier le titre avec soin » (Romains) .
3Masse linéique d'un fil ou d'une fibre. Le titre d'un fil se mesure en tex.
IV(Désignation d'un sujet.)
1Désignation du sujet traité (dans un livre); nom donné (à une œuvre littéraire) par son auteur, et qui évoque plus ou moins clairement son contenu. « Les titres des livres sont souvent d'effrontés imposteurs » (Balzac). Des « romanciers, qui se croient tenus, quand ils ont leur titre, d'écrire en supplément le roman lui-même » (Giraudoux). « Nous rassemblons sous le titre : Histoires extraordinaires, divers contes [...] de Poe » (Baudelaire). Deuxième titre d'un ouvrage. sous-titre. Titre d'un journal. Titre d'une pièce de théâtre, d'un film. Rôle-titre : rôle correspondant au nom propre servant de titre à l'œuvre ( éponyme) . Titre d'un poème, d'une chanson, d'une émission de radio, de télévision. Titre d'une œuvre picturale, musicale. Œuvre sans titre. Imprim. Page de titre, et par ext. titre : page qui porte le titre entier, le sous-titre, le nom de l'auteur, etc. — Faux-titre : titre simple sur la page précédant la page de titre. — Titre courant : titre imprimé en bas ou en haut de chaque page. Grand titre d'un ouvrage. frontispice.
Par ext. Livre. Les dix meilleurs titres de l'année.
2Nom d'un texte, d'une œuvre.
3Expression, phrase, généralement en gros caractères, qui présente un article de journal. rubrique. Titre sur cinq colonnes à la une. manchette. Cette affaire a fait les titres, les gros titres des journaux. « en première page, en gros titre » (Sarraute). Titre d'un paragraphe. intertitre. (Sur une affiche, un prospectus) « une affiche avec un gros titre : CANAILLES ! » (Aragon).
4Dr. Subdivision d'un recueil juridique, législatif, portant souvent un chiffre romain. Livres, titres, chapitres, sections et articles des codes français. « Je suis au titre XIV du IIe livre des Institutes » (Flaubert).

Titre élément essentiel de présentation des dépenses publiques dans le cadre de la loi de finances.

titre
n. m.
rI./r
d1./d énoncé servant à nommer un texte et qui, le plus souvent, évoque le contenu de celui-ci. Titre d'une pièce de théâtre, d'un roman. Titre d'un chapitre.
Page de titre ou titre: page comportant le titre, le nom de l'auteur, de l'éditeur, etc. Faux titre: titre abrégé imprimé sur le feuillet qui précède la page de titre.
|| Une des subdivisions de certains ouvrages juridiques. Titres et articles d'un code de lois.
d2./d Désignation analogue d'une oeuvre enregistrée, filmée, d'un morceau de musique, d'un tableau, etc.
rII./r
d1./d Dignité, qualification honorifique. Titre nobiliaire. Le titre de duc.
d2./d Qualification obtenue en vertu d'un diplôme, des fonctions que l'on exerce. Titres universitaires. Le titre de bachelier, d'avocat, de directeur.
|| En titre: qui exerce une fonction en tant que titulaire. Professeur en titre.
d3./d Nom donné à qqn pour exprimer sa qualité, son état. Le titre de père, d'ami.
d4./d état, qualité de vainqueur, de champion pour un sportif, un joueur. Remporter, détenir, mettre en jeu un titre.
d5./d Loc. Prép. à titre de: en tant que. à titre d'héritier. à titre de cadeau.
|| à titre (+ adj.): de façon... à titre bénévole.
à juste titre: justement, avec raison.
rIII/r
d1./d Acte écrit, document établissant un droit, une qualité. Titres de propriété.
|| Titre interbancaire de paiement (abrév.: T.I.P.): titre de paiement établi par l'organisme créditeur et utilisé comme chèque par le débiteur.
d2./d Valeur négociable en Bourse.
d3./d Fig. Ce qui permet de prétendre à qqch. Il a plus d'un titre à votre reconnaissance.
rIV./r
d1./d Proportion de métal précieux pur contenu dans un alliage.
d2./d CHIM Titre d'une solution: rapport de la masse d'une substance dissoute à la masse totale (titre massique) ou du nombre de moles d'un constituant au nombre total de moles (titre molaire).
|| Titre hydrotimétrique (abrév.: TH): nombre qui exprime la dureté d'une eau.
d3./d PHYS Titre de vapeur: rapport de la masse de vapeur à la masse totale du fluide.
d4./d TECH Titre d'un fil, numéro exprimant sa grosseur.

⇒TITRE, subst. masc.
I. — [Indication d'une distinction, d'une qualité]
A. — 1. Désignation honorifique et nominale indiquant une distinction de rang, une dignité. Titre ancien, récent; titre contesté, douteux, usurpé; titre prestigieux; titre militaire; titre de roi, de prince, de duc, de marquis; titre de maréchal, de grand-amiral; acheter un titre; avoir droit à un titre; conférer, donner un titre; porter, prendre le titre de. Le titre de comte de M. de Coantré pourrait éblouir quelques nigauds (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 824):
1. ... on annonçait toujours: Monsieur et Madame de Paturot! Je voulus faire quelques observations au sujet de cette particule d'emprunt; Malvina s'y opposa, et traita mes scrupules de puérils. En effet, d'autres invités se montraient moins rigoristes, et cette usurpation de titres semblait être la monnaie courante du lieu.
REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 196.
Titre de noblesse, titre nobiliaire. Désignation honorifique d'un noble, d'une noble. Le nom de Guermantes s'était maintenant incorporé à elle comme un émail mordoré et (...), qui qu'elle fréquentât, elle resterait pour tout le monde duchesse de Guermantes (ce qui était une erreur, car la valeur d'un titre de noblesse, aussi bien que de bourse, monte quand on le demande et baisse quand on l'offre) (PROUST, Fugit., 1922, p. 669). Il faisait profession de républicanisme, et il était ulcéré qu'on discutât ses titres nobiliaires (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 35).
P. métaph. L'homme du peuple (...) s'attribue comme un patrimoine la gloire nationale et s'identifie avec la masse qui a fait ces grandes choses. C'est son bien, son titre de noblesse, à lui (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 510).
P. méton. Acte, écrit authentifiant la noblesse d'une famille (infra II A 1).
2. [Lorsqu'on s'adresse, à la 3e pers., à une pers. qui a un titre, ou qu'on parle d'elle] Appellation correspondant au titre d'une personne. Donner le titre d'une personne. Silvia: (...) je ne sais encore de quel titre vous saluer (...). Piquillo: Je suis don Alphonse Olforno y Fuentes (DUMAS père, Piquillo, 1837, II, 7, p. 242). C'était un provincial très mondain qui avait l'habitude de donner leur titre aux gens quand il leur parlait, et d'appeler madame de Gueldre « marquise » (A. FRANCE, Vie littér., 1892, p. 270).
B. — 1. Nom d'une charge, d'un office, d'une fonction ou d'un grade. Titre universitaire; titre d'agrégé, de professeur, de docteur; titre de recteur, de conservateur; titre de directeur, de président; titre de député, de ministre, de secrétaire d'état, de sénateur, de maire; titre de général, de colonel. Il y eut un temps où mes ancêtres étaient fiers du titre de valet de chambre, de maîtres d'hôtel du Roi (PROUST, Sodome, 1922, p. 1062). Dites-donc, maintenant, vous êtes bien réellement docteur?... Parce qu'ici le titre est exigé (ROMAINS, Knock, 1923, I, p. 5).
Loc. adj.
DR. ADMIN. Sur titres. Fondé seulement sur les titres, en ne se fondant que sur les titres. Concours sur titres; recrutement sur titres. Les élèves titulaires sont admis sur titres ou par concours (Encyclop. éduc., 1960, p. 238).
En titre. [Apposé à un nom désignant une fonction, une charge et p. oppos. à auxiliaire, suppléant] Qui est effectivement titulaire de la fonction qu'il exerce. Synon. titulaire. Professeur en titre. Le bourreau: (...) Je me voyais déjà exécuteur en titre de la capitale (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 160). Il mettait sur la table de nuit les cinquante francs qu'il abandonnait à l'inspecteur en titre (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 734).
P. ext. [P. oppos. à occasionnel] Reconnu comme tel de façon stable et officielle. Synon. attitré. Fournisseur en titre. Léonard était le coiffeur en titre de la Cour (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 278). Elle était montée haut cependant, maîtresse en titre du duc Charles (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 205). Nul n'a plus fait pour elle [la rime] que M. de Banville. Il a été son amant de cœur et son protecteur en titre (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 10).
2. [Lorsqu'on s'adresse à une pers. qui a un titre à la 3e pers., ou qu'on parle d'elle] Appellation correspondant au titre d'une personne. Monsieur le commissaire, dis-je alors (parce qu'il faut toujours donner leurs titres aux personnes) (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 534).
C. — SPORTS. Qualité de vainqueur dans un championnat. Titre de champion toutes catégories; disputer un titre dans une compétition; concourir pour le titre; mettre son titre en jeu; détenir, tenir le titre; détenteur, tenant du titre. Le championnat du Monde ... pendant quelques années encore Jacques L'Aumône défendit son titre puis il y renonce volontairement (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 62). La France (...) remporta le titre des poids moyens avec Gance et celui des mi-lourds avec Ernest Cadine (Jeux et sports, 1967, p. 1283).
D. — [Constr. avec un compl. prép. de]
1. Nom ou expression qui qualifie une personne. Le titre d'ami, de bienfaiteur, de citoyen, d'époux, d'héritier, de père, de tuteur; s'attribuer, donner, mériter le titre de; prétendre au titre de. L'ancien charpentier de Castelnau-de-Berbéjac-en-Gascogne et l'ex-muletier des sierras castillanes (...) ne se gênaient pas pour lui décocher en plein visage coram populo le titre d'assassin (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 254). L'ambition brûlante de Nietzsche converge toute dans l'aspiration de mériter dans sa plénitude le titre de philosophe (DU BOS, Journal, 1924, p. 27).
2. Nom ou expression qui qualifie une chose. La commission qu'il avait créée fort anciennement sous le titre de commission des pétitions (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 400). La troisième [observation] (...) mérite vraiment le titre de pneumonie à forme éclamptique (CADET DE GASSICOURT, Mal. enf., 1880, p. 95).
Rem. Cet empl. est considéré comme abusif par certains dict. et gramm.
E. — Locutions
1. À titre de
a) [Le compl. prép. désigne une pers.] En tant que; en qualité de; en s'autorisant du titre de, de la fonction de, du rôle de. À titre de député. M. Bernard est ici à titre d'hôte (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 292). Lui-même, n'est-ce pas, encore que juge et en mission officielle aux Sables, n'est chez vous qu'à titre d'ami (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 124).
b) [Le compl. prép. désigne une chose] En tant que, en guise de. À titre d'exemple, de consolation; à titre d'information. Si j'invoque le souvenir de ces petites libéralités, c'est à titre de simples circonstances atténuantes (COURTELINE, Gend. sans pitié, 1899, 2, p. 158). À quoi reconnaît-on qu'une femme qui vit seule n'est pas une « grue »? On ne peut pourtant pas, à titre d'épreuve, lui proposer de l'argent (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 271).
2. À titre. [Constr. avec adj.]
a) [Précédé ou suivi d'un adj. à valeur quantitative] De façon(s), pour une raison, des raisons. À bien des titres, à divers titres, à double titre, à de nombreux titres, à plus d'un titre, à tant de titres. Elle était grandement émue, à plusieurs titres, car elle craignait, entre autres choses, de perdre sa place (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 105). Plusieurs de ces officiers venaient d'être en contact, à titres divers, avec les événements de Verdun; ou avec des témoins oculaires; ou encore avec des gens particulièrement bien informés (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 94).
b) [Suivi d'un adj. à valeur de compl. de manière] De façon, de manière. À titre exceptionnel, temporaire; à titre personnel, posthume; à titre officiel, officieux. Quelques membres des Sciences morales, venus à titre amical honorer la dépouille de leur confrère (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1356):
2. Vous savez combien il en est arrivé à la tranchée des chasseurs? Oui, sur les deux compagnies qui menaient la contre-attaque: dix! vous entendez, dix! Il paraît que de Pelleriès a été sublime. Il leur a fait chanter la Marseillaise. Il a été tué au milieu de la pente. Je vais lui faire donner la croix à titre posthume.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 279.
DR. À titre étranger. Les élèves étrangers reçoivent le diplôme de docteur vétérinaire à titre étranger (Encyclop. éduc., 1960, p. 234).
3. À ce titre. Pour cette qualité; pour cette raison. Les mariages inégaux d'âge ont quelque douceur, quand le plus âgé ressemble au père ou à la mère du plus jeune et peut être aimé à ce titre (MICHELET, Journal, 1857, p. 323). Quel que soit le rôle que tu aies joué dans cette affaire, Ferdinand est l'aîné, et, à ce titre, je le tiens pour responsable (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 167).
4. Au même titre (que). De la même manière, de la même façon (que). Je ne suis pas un pharisien qui se bat la poitrine parce qu'il se met dans un livre. Je m'y mets avec les autres et au même titre que les autres (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 204).
5. [Pour renforcer une négation] À aucun titre. En aucune façon. Le grand-père Pluvignec n'est à aucun titre, le chef de la famille (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 208).
II. — [Désigne ce qui établit un droit, le justifie ou détermine ses modalités]
A. — 1. Acte, document établissant le droit à un titre, à une dignité, à une fonction. Titres nobiliaires, titres de noblesse; titre conférant un grade; authentifier, rédiger un titre. J'ai reçu (...) mon diplôme d'académicien d'Amsterdam (...); seulement il m'est impossible de comprendre un seul mot de ce titre authentique (DELACROIX, Journal, 1854, p. 165).
2. DR. ,,Écrit rédigé en vue de constater un acte juridique ou un acte matériel pouvant produire des effets juridiques`` (CAP. 1936). Titre authentique, nul, primordial; titre exécutoire; titre de propriété; authenticité d'un titre; droit de titre. En fait de meubles, la possession vaut titre (Code civil, 1804, art. 2279, p. 415). En droit, si vous possédez les titres de toutes les créances dues par la maison Grandet, votre frère ou ses hoirs ne doivent rien à personne (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 139).
Titre de transport. Synon. de billet, ticket. Savez-vous que le transporteur n'est pas automatiquement responsable du préjudice causé aux voyageurs démunis de titre de transport valable? (La Vie du Rail, 9 nov. 1989, p. 41, col. 2).
3. BOURSE, FIN. Certificat représentatif d'une valeur de bourse. Titre de bourse; titre de rente; titre nominatif, à ordre, au porteur; coupon d'un titre; avance sur titre; acheter, liquider, vendre des titres. Il me demanda si la fortune était composée de titres ou d'argent liquide (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 207):
3. Mon père, qui devait gérer cette fortune jusqu'à ma majorité, consulta M. de Norpois sur un certain nombre de placements. Il conseilla des titres à faible rendement qu'il jugeait particulièrement solides, notamment les Consolidés Anglais et le 4 % Russe.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 454.
Titre Universel de Paiement (TUP). ,,Document par lequel le débiteur autorise un prélèvement ponctuel sur son compte pour réaliser le paiement déterminé`` (SOUSI-ROUBI Banque 1983).
B. — P. ext. Qualité conférant un motif légitime, une raison valable à faire quelque chose ou à être quelque part, qualité, mérite ou service donnant droit à quelque chose. Avoir des titres à la reconnaissance de qqn. Monsieur le marquis (...), j'ose vous prier de me faire l'honneur de passer chez moi. Je n'ai d'autre titre pour attendre cette grâce de vous, que l'infortune (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1660). Je suis ici en vacances et n'ai aucun titre à exiger de vous quoi que ce soit (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 124).
C. — Locutions
1. À titre. [Constr. avec un adj. ou un compl. prép. de indiquant les modalités d'un droit, la manière dont un droit s'exerce] À titre universel; à titre gracieux, onéreux; à titre lucratif; à titre révocable; à titre précaire; à titre de louage; légataire à titre particulier. Toute donation à titre gratuit est révoquée de plein droit pour cause de survenance d'enfant légitime, même posthume, du donateur (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 111).
2. Au fig.
a) À juste titre. À bon droit, avec raison. Locke jouissoit à juste titre de l'estime universelle (J. DE MAISTRE, Soirée St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 516). Les alcooliques passent, à juste titre, pour des « faibles » (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 138).
b) À quel titre. De quel droit. Il oubliait à quel titre le fils Stamply s'asseyait à sa table et à son foyer (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 197). De quel droit, à quel titre, pourquoi avez-vous fait ça? (HERMANT, M. de Courpière, 1907, IV, 8, p. 31).
III. — [Désignation d'un suj. ou d'un thème]
A. — 1. Inscription au début d'un ouvrage pour indiquer son sujet; nom donné par son auteur à une œuvre littéraire ou artistique et qui évoque plus ou moins son contenu, sa signification. Titre obscur, symbolique; titre révélateur, évocateur; titre d'un livre; choisir un titre; ouvrages classés par titres. La reliure, toute neuve, porte en lettres d'or ce titre attrayant:Histoire du Sieur Abbé comte de Bucquoy, etc. (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 587). Un petit volume cartonné à dos de toile bleue, qui portait sur le plat ce titre en papier gris: Racine, Esther et Athalie, tragédies tirées de l'Écriture sainte, édition à l'usage des classes (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 275).
IMPR., RELIURE
Faux titre. Titre simple figurant sur la page impaire précédant le grand titre. [Angélique] prenait l'in-quarto, relié en veau jaune, elle le feuilletait lentement: d'abord, le faux titre, rouge et noir, avec l'adresse du libraire (...) puis, le titre (ZOLA, Rêve, 1888, p. 24).
Grand titre. Synon. de frontispice. En terme général, le titre désigne les trois titres particuliers par lesquels débute un livre: le faux-titre, abrégé du grand titre, le grand titre et le titre de départ, répétition du faux titre (E. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1897, p. 259).
Titre courant. Titre imprimé en haut ou en bas de chaque page et rappelant le titre de l'ouvrage ou d'une partie de celui-ci. Il faut m'envoyer les épreuves avec les titres courants au haut des pages (HUGO, Corresp., 1862, p. 381). L'auteur doit donner les indications nécessaires pour les titres courants (titres placés au haut de chaque page), lorsqu'il a une intention particulière ou lorsque les titres, trop longs, doivent être abrégés (GOURIOU, Mémento typogr., 1961, p. 8).
Page de titre, ou p. ell. du déterm., le titre. Page portant le titre du livre, le sous-titre, le nom de l'auteur, etc. Les États-Unis n'accordent la protection du droit d'auteur qu'aux ouvrages comportant, au verso de la page du titre, la mention Copyright By (nom de l'auteur ou de l'éditeur) et le millésime de la publication, et déposés à la bibliothèque du Congrès de Washington (Civilis. écr., 1939, p. 16-8).
2. Nom d'un poème, placé en tête de celui-ci. Dans un poème qui a pour titre:Maison de vent, Louis-Guillaume rêve ainsi (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 64).
3. P. anal. Nom d'une chanson, d'un film, d'une pièce de théâtre, d'un tableau, etc. Le bistre original de Fragonard, dont la plaisante composition a été vulgarisée par l'aquatinte de Charpentier sous le titre:La Culbute (GONCOURT, Journal, 1894, p. 688). Pour l'édition projetée de ce « chef-d'œuvre des Variations », Beethoven propose un titre beaucoup plus cérémonieux (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 50).
En compos. Rôle-titre. [Au théâtre lyrique] Rôle du personnage dont l'œuvre porte le nom. [Dans « Alessandro » de Haendel] René Jacobs, incroyable d'aisance dans le rôle-titre (Le Monde loisirs, 30 nov. 1985, p. IX). Banc-titre. V. banc II c 5. Sous-titre.
B. — [Dans un journal] Texte bref présentant et annonçant le contenu d'un article. Titre sur cinq colonnes; faire les gros titres dans la presse. Le titre, imprimé en lettres grasses, d'un simple fait divers dont les lecteurs du Courrier de Bayonne prenaient sans doute à la même heure connaissance (BERNANOS, Crime, 1935, p. 871). Ouvrez votre journal: depuis le titre des articles (et leur esprit) jusqu'à l'annonce des dernières pages, tout vise à « faire sensation » (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 52).
C. — 1. [Désignation d'une partie d'un ouvrage, d'un chapitre] Le titre de ce chapitre est une contradiction, ou plutôt un accord de contraires (BAUDEL., Salon, 1846, p. 147). En feuilletant le volume, un titre de chapitre l'avait allumé: « Les courses de taureaux et l'Église » (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 511).
2. Subdivision (dans un recueil juridique, un texte de loi). Les règles de la prescription sur d'autres objets que ceux mentionnés dans le présent titre, sont expliquées dans les titres qui leur sont propres (Code civil, 1804, art. 2264, p. 413). Dans mon opinion sur le projet de loi relatif aux finances (21 mars 1817), je m'élevai contre le titre XI de ce projet (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 24).
IV. — [Indication d'un rapport, d'une proportion] Proportion de métal précieux contenu dans un alliage et exprimé en parties pour mille. Titre d'une monnaie; or au titre; titre d'une pièce d'orfèvrerie. Des objets en or à bas titre, pesant 96 dirhems (BERTHELOT, Orig. alchim., 1885, p. 237). En Angleterre, l'argent est à un titre plus élevé qu'en France, 958 et 925 millièmes au lieu de 950 et 800 millièmes (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 34).
CHIM. Rapport de la masse du corps dissous à la masse de la solution. Par son faible titre alcoolique, ses principes amers et son acide carbonique, la bière exerce sur l'organisme une action stimulante (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 3).
TEXT. [,,Désignation indiquant la grosseur d'un fil textile`` (Lar. encyclop.)] V. titrage B ex. de Thiébaut.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1170 title « inscription (sur un tombeau) » (Rois, éd. E. R. Curtius, 4e livre, XXIII, 17) — 1771 Trév.; d'où a) 1200 title « désignation du sujet d'un ouvrage » (Comment. du Psautier, B.N. 22892 ds BERGER, Bible fr. au moy. âge, p. 67); ca 1225 titre « chapitre, subdivision d'un ouvrage » (PEAN GATINEAU, St Martin, 9634 ds T.-L.); 1585 tiltre « subdivision employée dans les codes, dans les recueils de jurisprudence » (DE CHOLIÈRES, Œuvres, éd. E. Tricotel et D. Jouaust, t. 1, p. 64); b) mil. XIIIe s. title « signe abréviatif d'écriture » (HUON DE CAMBRAI, ABC, 419 ds T.-L.); 2. ca 1283 title « ce qui établit le droit » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon,222); p. ext. 1563 « qualités, capacités, services, travaux qui donnent droit à quelque chose » (BONIVARD, Advis et devis des Lengues, p. 63); mil. XIVe s. à bon titre (Dit de la Rébellion d'Angleterre ds Nouv. Rec. de Contes, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 74); 1340 a juste title (Charte ds Coutumes Lille, éd. Brun-Lavainne, p. 360); 1468 titre « pièce authentique servant à établir un droit, une qualité » (Acte ds Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t. 2, 244); 1853 (dépôt légal) bourse (PROUDHON, Man. du spéculateur à la bourse, p. 92 — 1854 — ds QUEM. DDL t. 16); 3. a) XIIIe s. title nom exprimant une charge, une fonction, un grade dont on est revêtu (Chron. de Fr., ms. Berne 590, f° 40c ds GDF. Compl.); 1690 en titre (FUR.); b) 1479 title désignation honorifique d'un nom indiquant un rang, une dignité (JEAN MOLINET, Faicts et dictz, éd. N. Dupire, t. 2, p. 134, 185); c) fin XIVe s. à quel title « selon quelle qualification » (FROISSART, Chron., éd. S. Luce, t. 1, p. 197, 23); d) 1539 titre « qualification qu'on donne aux personnes pour exprimer certaines relations » (EST.); 4. a) 1543 tiltre « proportion d'or ou d'argent dans les monnaies, dans les ouvrages d'or et d'argent » (LESPINASSE, Les métiers et corporations de la ville de Paris, t. 2, p. 22); b) 1841 titre (de soie) « longueur d'un fil de soie contenu dans un poids déterminé » (A. BAUDRIMONT, Dict. de l'industr. manufacturière, comm. et agric., t. 10, p. 211); c) 1872 (LITTRÉ: Titre. Poids fixe d'un réactif qui contient une liqueur titrée). Empr. au lat. titulus, -i « inscription », « titre d'un livre », « titre d'honneur », « honneur », également att. en lat. médiév. au sens de « droit » ca 1170 ds LATHAM. Fréq. abs. littér.:7 123. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 12 602, b) 9 319; XXe s.: a) 8 686, b) 9 316.
DÉR. Titrier, subst. masc. a) Vx. Religieux préposé à la garde des titres dans un monastère. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Impr. Typographe composant les titres. Synon. titreur. Certains de ces ouvriers typographes sont spécialisés: le titrier compose des titres (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 158). []. Att. ds Ac. 1778-1878. 1re attest. 1731 (CORNEILLE, Dict. des arts et des sciences ds Mél. Wartburg (W. von) t. 2 1768, p. 269: Titrier. Nom qu'on donne aux Procureurs des Moines qu'on accuse de tous tems de fabriquer des Titres); de titre, suff. -ier.
BBG. — GAMILLSCHEG (E.). Etymologische Miszellen. Rom. Jahrb. 1950, t. 3, pp. 296-297. — HOEK (L. H.). La Marque du titre. La Haye-Paris-New York, 1981, 368 p. — MONCELET (Ch.). Essai sur le titre en litt. et ds les arts. Le Coudre, 1972. — QUEM. DDL t. 16. — THOMAS (A.). Étymol. fr. Romania. 1900, t. 29, pp. 202-203. — TILANDER Essais 1953, pp. 81-110. — VIGNER (G.). Une Unité discursive restreinte: le titre. Fr. Monde. 1980, n° 156, pp. 30-40, 57-60.

titre [titʀ] n. m.
ÉTYM. Fin XIIe; title, v. 1170, au sens IV; XIIIe au sens I, 2; du lat. titulus « inscription, titre d'honneur », « titre d'un livre »; et aussi « écriteau, affiche », « honneur ».
———
I
1 (Fin XVe). Désignation honorifique exprimant une distinction de rang, une dignité. Dignité. || Le titre sacré d'Auguste (cit. 1), de César. || Titres prestigieux (→ Empire, cit. 14). || Les grands titres que vous portez (→ Affabilité, cit. 2). || Porter, prendre le titre de… (→ Prince, cit. 5). || Conférer, donner un titre. Titrer. || Les noms et titres du défunt (→ Inscription, cit. 1).Titres de noblesse (cit. 16); titres nobiliaires. Noble, noblesse; baron, chevalier, comte, duc, prince, vicomte; baronnet, burgrave, connétable, lord, magnat, pair || Le titre d'écuyer (cit. 2). || Titres de noblesse et titres de fonctions (→ Fonctionnaire, cit. 3). || Nom de terre attaché à la possession d'un titre. || S'acheter un titre (→ Comte, cit. 3). Anoblir. || Titre ancien, récent; douteux, contesté, usurpé (→ Noblesse, cit. 14 et 15). || Être fier de son titre. Blason.Titres de souverains, de hauts fonctionnaires qui gouvernent. Aga, archonte, bach-aga, bey, caïd, calife, cheik, chérif, consul, dame, dey, doge, éfendi, émir (cit. 1), empereur, exarque, gouverneur, hospodar, imam, inca, khan, khédive, maharadja, margrave, mikado, nabab, négus, pacha, patrice, pharaon, président, prince, rajah, régent, résident, rhingrave, roi, schah, shogoun, stathouder, sultan, tétrarque, tsar, vali, vizir, voïvode… || Titres de membres d'une famille royale. Dauphin, diadoque, infant, kronprinz, prince, tsarevitch; reine (mère); madame (I., 1.), mademoiselle (I., 1.), monsieur (1., spécialt). || Titres ecclésiastiques. Archidiacre, archiprêtre, aumônier (grand aumônier), doyen, gonfalonier, métropolite, patriarche…Titres militaires. || Grades et titres. || Le titre de maréchal, de grand amiral. aussi les noms de dignités commençant par Archi-, grand-, vice-.
0.1 (…) des Comtes, des Ducs, et des Marquis sont les pères de celles de vingt-trois, de celles de douze, de celles de trente-deux; pas une enfin qui ne puisse réclamer les plus beaux titres, et pas une qui ne soit traitée avec la dernière ignominie.
Sade, Justine,…, p. 172.
1 Comme tu es bien ainsi ! tu as l'air d'un vrai gentleman. Il ne te manque qu'un titre ! ajouta-t-il, avec une nuance de regret.
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 246.
Appellation d'une personne qui a un titre, ou à qui l'on veut marquer du respect en ne la vouvoyant pas. Altesse, béatitude, cavalier, dom, don, éminence, éminentissime, esquire, excellence, excellentissime, frère, grâce, grandeur, hautesse, honneur, honorable, illustrissime, madame, mademoiselle, maître, majesté, messire, milady, milord, monseigneur, monsieur, monsignor, père, révérence, révérend, révérendissime, sainteté, seigneur, seigneurie, sérénissime, sidi, sieur, sir, sire, vénérable…
2 (XIIIe). Nom de charge, de fonction, de grade. || Le titre de directeur (→ Dénomination, cit. 2), de président, de maire (cit. 1), de député, de ministre (→ Portefeuille, cit. 3), d'échevin, de coadjuteur, de magistrat, de notaire…, de docteur, de professeur, de recteur, de conservateur de musée. || Conférer un titre. Introniser, nommer. || Le titre de secrétaire général (1. Général, cit. 23). || Candidat à un titre. || Titres universitaires. || Diplôme qui atteste un titre. || Titre qui survit à une fonction. Honoraire. || Donner ses titres à qqn, l'appeler par ses titres (→ Palotin, cit.) en lui parlant, en lui écrivant (ex. : Monsieur le président, madame la directrice…).Recrutement sur titre, fondé seulement sur le titre.
2 Les anciennes formules de politesse qui sont encore en vigueur dans presque toute l'Allemagne s'opposent à l'aisance et à la familiarité de la conversation; le titre le plus mince, et pourtant le plus long à prononcer, y est donné et répété vingt fois dans le même repas (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XI.
3 — Monsieur le commissaire, dis-je alors (parce qu'il faut toujours donner leurs titres aux personnes), j'ai fait trois voyages en Angleterre, et l'on ne m'a jamais demandé de passeport (…)
Nerval, les Filles du feu, « Angélique », V.
(1690). En titre : qui a effectivement le titre de la fonction qu'il exerce (opposé à auxiliaire, suppléant, etc.). || Professeur en titre. Titulaire.Par ext. Qui est reconnu pour tel à l'exclusion d'autres ayant le même emploi (opposé à occasionnel, etc.). || Fournisseur en titre d'une maison. Attitré. || Le fou (1. Fou, cit. 11) en titre du roi. || La maîtresse en titre de Bonaparte (→ 2. Général, cit. 11; et aussi patriarche, cit. 3).
4 Pourtant on ne lui connaissait pas de maîtresse en titre, et il se montrait peu galant envers les femmes.
Th. Gautier, la Toison d'or, I, in Fortunio…, p. 176.
3 (1886, cyclisme). Sports. Qualité de gagnant, de champion dans une compétition. || Disputer, remporter un titre dans un championnat (jeux, sports). Champion. || Tenir, détenir le titre; défendre son titre. || Match qui met un titre en jeu. || Concourir pour le titre.
5 — Depuis combien de temps êtes-vous professionnel, Jack ?
— Depuis trois ans. Après avoir battu Tony Daniels, alors tenant du titre.
Paul Morand, Champions du monde, p. 101.
4 (Mil. XVIe). Littér. || Le titre de… Nom qui qualifie. Nom; caractère, qualification. || Le titre d'époux, d'héritier (→ Enfant, cit. 23). || Le titre d'allié des Romains (→ Bassesse, cit. 27), de citoyen américain (→ Réserve, cit. 18). || Mériter le titre de bienfaiteur (cit. 8) de la patrie. || Donner le titre de… Appeler, titrer (vx). || S'attribuer le titre de… Intituler (s').
6 Quelques titres honteux qu'en tous lieux on lui donne,
Son misérable honneur ne voit pour lui personne (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
7 J'ai donc refusé la précieuse amitié et m'en suis tenu à mon titre d'Amant.
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXX.
8 (…) j'achevai le reste de mes études à Charlemagne, en qualité d'externe libre, titre dont j'étais extrêmement fier (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Gautier ».
Titres cardinalices : désignation des cardinaux par le nom de leur église. Cardinal (II., 1.). || Cardinal du titre de Saint-Pierre-aux-Liens.
(Des choses; emploi abusif). || Le titre d'école libérale (cit. 10).
5 Loc. prép. (XVIIe). À titre, à titre de : en tant que, comme; en ayant la qualité de. (Personnes). || À titre de chef du culte domestique… (→ Autorité, cit. 16). || Je suis ici à titre d'ami (→ Notarié, cit.).(Choses). || Argent remis à titre d'indemnité (cit. 3; → Improductif, cit. 1; plaidoirie, cit. 2). || Dignité accordée à titre de consolation (→ Archichancelier, cit.). || À titre d'essai (→ Provisoire, cit. 2), de curiosité, d'exemple (→ 2. Que, cit. 39).
9 À dix-huit ans (…) il entra chez un marchand de toile, à titre de commis, il gagnait soixante francs par mois.
Zola, Thérèse Raquin, II.
10 (…) ne fallait-il pas admettre qu'il y a une loi morale collective, et qu'il est presque impossible à l'homme d'agir uniquement à titre d'individu ?
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 219.
À ce titre : pour cette qualité, cette raison (le titre donnant un droit). || À ce titre il fait partie de l'antichambre du pape (→ Prélat, cit.).
(V. 1360). À quel titre ? (→ Assassiner, cit. 2). || À quel titre se permet-il de nous juger, de quel droit.(Choses). → Excentrique, cit. 2.
Au même titre : de la même manière. || Une hypothèse, un postulat (cit. 2) sont au même titre des principes du raisonnement. — ☑ Au même titre que (loc. conj.) : de la même manière que, de même que. || Le mouvement (cit. 4), état naturel des corps au même titre que le repos (→ aussi 1. Glacier, cit. 1; partie, cit. 11).
11 Haverkamp ne se faisait pas d'illusions sur la médiocrité de cette comédie. Mais il la croyait nécessaire pour les débuts, au même titre qu'une publicité de lancement.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VI, p. 47.
À titre (suivi d'un adj. à valeur de compl. de manière). || Mon compatriote à double titre, puisqu'il est breton et malouin (→ Entremêler, cit. 1). || À des titres divers (→ Exempt, cit. 16).À plus d'un titre. || Participer à titre égal à la délibération des lois (→ Démocratie, cit. 4).(Choses). || Ce groupement ne saurait à aucun titre avoir une valeur… (→ Invertébré, cit. 1).Cette obligation pèse à titre principal sur le mari (cit. 2). || À titre temporaire, exceptionnel, personnel. || À titre officiel (→ Entente, cit. 3), officieux. || À titre amical (→ Qui, cit. 42).
Dr. || À titre étranger. || Légion d'honneur remise à un Anglais, à titre étranger.
REM. La forme à titre de… se retrouve au sens II, 2.
———
II (Cause qui établit un droit).
1 Écrit qui établit le droit à un titre (au sens I, 1) de noblesse, à une dignité, à une fonction. || Titre de noblesse. Brevet, parchemin. || Titre qui confère un grade. Commission, diplôme, patente.
(1283, « acte juridique »). Dr. et cour. « Écrit qui constate un acte juridique ou un acte matériel pouvant produire des effets juridiques » (Capitant). Acte, certificat, document, instrument, papier, pièce. || Authenticité d'un titre, titre authentique. || Droit de titre. || Titre primordial; titre nouvel (par novation). || Titre exécutoire; titre paré. || Archiviste des titres, dans un monastère. Titrier.Titres de propriété (→ Flambant, cit. 17). aussi Cartulaire, charte. || En fait de meubles, possession (cit. 2) vaut titre. || Juste titre : titre translatif de propriété dont le titulaire ignore les vices.Législ. fin. || Titres de mouvement (de produits soumis à des droits : douane, contributions indirectes). → Receveur, cit. 1. || Titres de transport. Billet, carte, ticket. || Titre combiné, permettant d'emprunter des lignes de nature différente. || Titres-restaurant. Ticket (restaurant), plus cour.Titres de crédit (cit. 17), de créance. Billet, effet, warrant.Titre universel de paiement ( T. U. P.) : imprimé édité par un organisme créancier, la signature du débiteur autorisant un prélèvement ponctuel sur son compte afin d'effectuer un paiement déterminé.
(1853, Proudhon; titre de monnaie, mil. XVIe). Certificat représentatif d'une valeur de bourse (action, obligation, part de fondateur). || Titre de rente. Valeur. || Titre nominatif, à ordre.(1872). || Titre au porteur (→ 1. Don, cit. 2). || Coupon (cit. 1) d'un titre. || La propriété des titres (→ Expliquer, cit. 19). || Vendre des titres (→ Exécution, cit. 17).
12 Évidemment, le vieux avait des titres cachés, dont il touchait les coupons, chaque trimestre, en profitant de sa visite à M. Baillehache.
Zola, la Terre, IV, II.
2 Loc. À titre (et adj.). a Modalité d'un droit, manière d'aliéner et d'acquérir. || Acquérir à titre universel (succession), à titre particulier (achat, etc.). || Legs (cit. 2) à titre universel. || Acquérir à titre gracieux, gratuit, lucratif (don), ou onéreux (paiement). → Concours, cit. 10. || Contrat à titre gratuit. || Tout ce qu'il reçoit et paie à quelque titre que ce soit (→ Journal, cit. 1). || À titre révocable (→ Bénéfice, cit. 6); non précaire (→ Possessoire, cit. 2). || Chose remise à titre de louage, de prêt à usage (→ Détourner, cit. 22).
13 (Le titre) désigne ici un acte juridique (…) Comme exemples on peut citer la vente, la donation, le legs, l'échange; ces actes sont des titres translatifs, parce qu'ils sont des manières d'aliéner et d'acquérir.
M. Planiol, Traité élémentaire de droit civil, t. I, §2291.
b (Fin XVe). Loc. fig. À juste titre : à bon droit, avec fondement, avec raison. || C'est à juste titre qu'on l'appelle ainsi (→ Identité, cit. 18). → Être fondé à… — ☑ (V. 1460). Vx. À bon titre, même sens (→ Maître, cit. 81). — ☑ Vx. À faux titres : sans y avoir droit (→ État, cit. 56).
14 Instruit dès l'école dans les préjugés qui devront guider sa vie, il (l'Anglais) considère, à juste titre, le jeu des idées comme une acrobatie spirituelle.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XXI.
3 Littér. Qualité ou service qui donne droit à qqch. || Amoureux, poète et musicien sont trois titres d'indulgence (cit. 4). || Les titres qui le désignent à la faveur de qqn (→ Arguer, cit. 2). || Ces soins (cit. 4) seront mes titres auprès d'elle. || « La République (cit. 11) a un titre à mes yeux… » Vertu. || Avoir des titres à la reconnaissance de qqn.
15 (…) acquérir de nouveaux pouvoirs, ou même des titres à la considération publique.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, XI.
(Choses). → Neutron, cit. 3.
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III (Désignation d'une proportion).
1 (1543). Proportion d'or ou d'argent contenue dans un alliage. Aloi (vx), loi. || Lingot d'un certain titre (→ Monnaie, cit. 3). || Titre d'une monnaie. || Pièces de monnaie de même poids et de même titre (→ Fongible, cit. 1). || Reconnaître le titre par la pierre de touche. Touchau. || Poinçon qui contrôle le titre d'une pièce d'orfèvrerie, d'un bijou.
Au titre : au titre légal. || Or au titre.
2 (Mil. XIXe). Chim. Rapport de la masse d'une substance dissoute à la masse ou au volume de solvant ou de solution. Degré, titrage.Agron. Proportion de principes fertilisants d'un engrais.
16 Il serrait dans sa main une grosse fiole, pleine d'une solution de salicylate de soude dont il venait de modifier le titre avec soin, selon des indications fournies par des épreuves précédentes.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XII, XVIII, p. 193.
tableau Vocabulaire de la chimie.
3 (1872). Techn. (filature). Grosseur (rapport masse-longueur) d'un fil exprimée par un numéro.
4 (Mil. XXe). Sc. || Titre pondéral, titre volumique.
———
IV (Désignation d'un sujet).
1 (V. 1200, title). Expression qui présente ou évoque le contenu d'un livre et correspond au nom de l'œuvre. || Le titre d'un roman, d'une pièce de théâtre, d'un recueil de poèmes. || Titre et sous-titre. || Donner à son ouvrage le titre de… (→ 3. Plan, cit. 9, Balzac). || Choisir comme titre… || Rassembler des contes sous un titre (→ Histoire, cit. 42, Baudelaire). || Le titre des Voix intérieures (cit. 3). || Il n'est pas de livre dont le titre soit plus vrai (→ Mélange, cit. 15, Valéry). || Le Rouge (cit. 19) et le Noir, titre qui pique la curiosité.
17 Les titres des livres sont souvent d'effrontés imposteurs. Qui n'a eu à maudire leurs mensongères annonces, et cet art de bateleur qui promet, pour ainsi dire, sur l'enseigne d'un ouvrage ce que l'on ne trouvera pas dedans.
Balzac, « Appendices », V, XXXII, in Œ. diverses, t. I, p. 638.
18 (…) nous ne commettons pas l'erreur des romanciers, qui se croient tenus, quand ils ont leur titre, d'écrire en supplément le roman lui-même.
J. Giraudoux, la Folle de Chaillot, I, p. 19.
18.1 (…) le titre (d'une œuvre) est une sorte de slip, de cache-sexe, de dignité (…)
R. Queneau, Bâtons, chiffres et lettres, p. 129.
Par ext. || Le titre d'un opéra.Rôle-titre. 1. Rôle, 2.
(1853). Par métonymie. Un ouvrage particulier. || Les dix meilleurs titres de l'année.
Imprim. et reliure. || Page de titre, qui porte le titre entier, le sous-titre, le nom de l'auteur, etc. Par métonymie. || Le titre : cette page elle-même.(1835). || Faux titre : titre simple sur la page précédant la page de titre.(1802). || Titre courant : titre imprimé en bas ou en haut de chaque page. || Titres et intertitres. Sous-titre. || Grand titre d'un ouvrage. Frontispice. || Titre d'une reliure, gravé au dos d'un livre.
2 Expression, phrase qui présente un texte court ou un élément de texte. || Le titre d'un poème, d'un chapitre. || Poème sans titre, désigné par son incipit.
19 Vous avez remarqué. On ne sait jamais les titres de Victor Hugo. Sauf pour l'Expiation. Le mouvement est tel que c'est toujours le premier vers, ou les vers conducteurs, qui mangent le titre, qui deviennent le titre.
Ch. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, p. 63.
Par ext. Nom (d'une chanson; d'un film, d'une émission radiophonique, télévisée). || Titre et générique.
(XIXe). Nom (d'une œuvre musicale ou picturale) donné par l'auteur lui-même ou par la postérité. || Les titres des sonates de Beethoven sont en général apocryphes. || Tableau, symphonie sans titre.
3 Expression, phrase (souvent elliptique) qui présente et organise le contenu d'un journal, d'un périodique, et est souvent chargée d'attirer l'attention. Rubrique (→ Information, cit. 3). || Un gros titre. || Titre sur cinq colonnes. ManchetteTitres, sous-titres et intertitres, opposés à textes (en argot d'imprimeur, de journaliste : la titraille). || Appel de titre, surmontant le titre principal.Cette nouvelle fera les gros titres dans les journaux.
19.1 Vous avez vu ça, dans l'Écho littéraire d'aujourd'hui ? C'est inouï… en première page, en gros titre…
N. Sarraute, le Planétarium, p. 188.
19.2 (…) le même gros titre s'étendant au haut et sur toute la largeur de la première page et répétant avec de légères variantes la même sanglante interrogation, épelant cette fois et à l'envers sur la première feuille (…)
Claude Simon, le Palace, p. 23.
19.3 Les titres sont, pour le maquettiste, plus importants que les textes. Ce sont eux, en effet, qui attireront l'attention du lecteur sur telle ou telle information. Ils occupent une place de plus en plus importante, au bénéfice, à la fois, de la commodité de lecture et de l'esthétique. Au moment de faire la maquette, il faut donc réserver à chaque information l'emplacement nécessaire pour le titre principal et ses annexes, en fonction de l'importance de la nouvelle, du nombre de ses éléments que l'on veut mettre en vedette, et du souci que l'on a d'« accrocher » le lecteur.
Philippe Gaillard, Technique du journalisme, p. 110.
(Dans un prospectus, sur une affiche…) :
20 Sur la table (…) il y avait un tas de journaux dépliés, une affiche avec un gros titre : canailles ! (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXI.
4 Désignation, en tête d'un chapitre, d'une division d'un livre (→ Sommaire, cit. 4).Dr. Subdivision du livre dans un recueil juridique, portant souvent un chiffre romain. || Divisions du Digeste (1. Digeste, cit.) en livres, titres et fragments (ou lois). || Livres, titres, chapitres, sections et articles des codes français (→ aussi Astreindre, cit. 4).
21 Je suis au titre XIV du IIe livre des Institutes et j'ai encore tout le Code civil dont je ne sais pas un article.
Flaubert, Correspondance, 59, 21 mai 1842.
———
V Techn. Signe d'abréviation. Petit trait horizontal au-dessus d'un mot écrit en abrégé (→ Tilde, même étym.).
DÉR. Titrer, titrier, titrisation, titriser.
COMP. Attitrer, banc-titre (V. Banc, II., 3.), intertitre, sous-titre, titrimétrie.

Encyclopédie Universelle. 2012.