voyou [ vwaju ] n. m.
• 1832; de voie et suff. pop.
1 ♦ Homme du peuple, ayant des activités délictueuses. ⇒ chenapan, garnement, vaurien. « Cet accent des voyous parisiens qui semble un râle » (Nerval). Les voyous des banlieues. ⇒fam. loubard, loulou; blouson (noir), hooligan. — En appellatif Petit voyou !
2 ♦ (1871) Individu de mœurs et de moralité condamnables. ⇒ arsouille, crapule, fripouille, gouape; 2. frappe (cf. Mauvais garçon). « Traînant dans tous les mauvais lieux [...] en compagnie de voyous » (Aymé).
3 ♦ Adj. (1875) Elle est un peu voyou; rare un peu voyoute . « Des termes d'argot si voyous et criés si fort » (Proust). Un air, un accent voyou.
● voyou nom masculin (de voie, d'après filou) Individu de mœurs crapuleuses, qui fait partie du milieu. Garçon qui traîne dans les rues, plus ou moins délinquant. Enfant terrible, garnement : Petit voyou. ● voyou (difficultés) nom masculin (de voie, d'après filou) Orthographe Plur. : des voyous. Accord En emploi adjectif, voyou prend la marque du pluriel, mais non celle du féminin : des allures voyous. Remarque Le féminin voyoute, employé surtout par plaisanterie, est familier. ● voyou (synonymes) nom masculin (de voie, d'après filou) Individu de mœurs crapuleuses, qui fait partie du milieu.
Synonymes :
- canaille
- crapule
- fripouille (familier)
- malfrat (populaire)
- truand
Garçon qui traîne dans les rues, plus ou moins délinquant.
Synonymes :
- chenapan
- galopin
- vaurien
● voyou
adjectif
Propre aux voyous : Un air voyou. (On trouve parfois le féminin voyoute).
● voyou (synonymes)
adjectif
Propre aux voyous
Synonymes :
- canaille
- vulgaire
voyou
n. m. et adj.
rI./r n. m.
d1./d Enfant, jeune homme mal élevé qui vagabonde dans les rues; jeune délinquant.
d2./d Individu vivant en marge des lois. Syn. (Afr. subsah.) bandit.
rII./r adj. Qui est propre aux voyous.
⇒VOYOU, subst. masc. et adj. masc.
I. — Subst. masc.
A. — Homme généralement jeune au comportement grossier et provocant, de mœurs douteuses et sans moralité. Synon. apache (vx), arsouille, frappe2, gouape (pop.). Accent des voyous de Paris; voyou notoire; voyous en casquette. Le vin coulait en ruisseaux, mouillait les pieds, les voyous buvaient dans des culs de bouteille, et vociféraient en titubant (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 114). Par-dessus la cloison vitrée, un voyou accoudé au comptoir l'observait curieusement, d'un regard tout luisant d'une naïveté poignante, insondable (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 976).
— En partic.
♦ Gamin des rues mal élevé, malpropre; p. ext., enfant, adolescent qui se conduit mal. Synon. chenapan, vaurien. Penses-tu que je ne devine pas le genre de tes conversations avec tous ces petits voyous de l'école? (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 504). V. escarpe2 ex. de HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 861.
♦ Voyou femelle. Jeune femme dévergondée, de moralité douteuse. Synon. voyouse, voyoute (infra rem.). La femme Voblat (...) traversa les tables, bousculée et ahurie par tous les voyous femelles qui se pendaient à son caraco (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 11).
— Gén. en apostrophe
♦ [Avec une connotation injurieuse] Espèce de voyou. Vous êtes un voyou et un sacripant, indigne de porter l'uniforme! (AYMÉ, Cléramb., 1950, IV, 7, p. 227).
♦ [Avec une connotation fam. ou affectueuse] Petit voyou. Le drôle de petit voyou [Hélène] ! la drôle de petite fille, déconcertante de monstruosité naïve et de candide perversité! (COURTELINE, Linottes, 1912, VIII, p. 126).
B. — P. anal. Homme sans scrupules ni moralité. Synon. canaille, crapule, fripouille. Politique de voyous; gouaillerie, physique, vocabulaire de voyou. Albiot (...) prend le parti — après s'être retranché derrière un bureau — de me renier complètement. Cet incontestable voyou parle même de la Charité chrétienne (!!!) qui m'interdit les injures (BLOY, Journal, 1894, p. 110). « Le surréalisme en 1929 » (...) est moins que jamais du goût de quelques voyous de presse, pour qui la dignité de l'homme est tout au plus matière à ricanements (BRETON, Manif. Surréal., 2e Manif., 1930, p. 102).
II. — Adj. masc.
A. — Qui est de moralité, de mœurs douteuses. Dans les bars, il connaît des jockeys considérables, de célèbres entraîneurs et des baronnets ventrus, des ducs filous et voyous qui sont la crème de ce fumier et la fleur de ce crottin (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 336). Dites-moi, cher Bernard, est-ce qu'il n'est pas trop enfoncé [mon chapeau]? J'ai peur de paraître un peu voyou (AYMÉ, Vaurien, 1931, p. 180).
— En partic. [En parlant d'un gamin des rues et, p. ext., d'un enfant qui se conduit mal] Qui a de mauvaises manières. Clemenceau eut un geste d'enfant voyou, se retournant, lançant à son collègue:— Alors, nous voilà deux! (BARRÈS, Leurs fig., 1901, p. 270).
♦ En apostrophe. [Avec une connotation fam. ou affectueuse] Ah! le petit bandit voyou!... qu'elle s'écrie... oh! le sale crapaud répugnant! Viens vite ici que je te nettoie (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 224).
B. — [P. méton.] Qui est propre à une personne de ce genre, à son comportement. Air, face, figure, regard, ton voyou; refrain voyou. Une fille aux yeux brillants, rieurs (...), qui poussait une bicyclette avec un dandinement de hanches si dégingandé, en employant des termes d'argot si voyous (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 793). Son accent voyou qui plaisait à Léon, parce qu'il y sentait le peuple (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 790).
REM. Voyouse, voyoute, subst. fém. et adj. fém., rare. a) Subst. fém. Femme de mœurs douteuses; gamine délurée, dévergondée. Après avoir eu, leur vie durant, les restants des voyous, c'était leurs femmes [des hobereaux] qui possédaient maintenant les restes des voyoutes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 285). b) Adj. fém. Qui est propre, qui appartient au monde des voyous. Expression voyoute. Quant au Coppée, il est extraordinaire comme verve voyoute, et c'est un feu d'artifice, pendant toute la soirée de drôleries à la fois canailles, à la fois délicates et fines (GONCOURT, Journal, 1892, p. 177). Demain je saliverai (...) aux amours voyouses dessous des baldaquins de lilas (H. PICHETTE, Les Épiphanies, 1948 ds RHEIMS 1969).
Prononc. et Orth.:[vwaju]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) 1832 subst. (Ch. NODIER, let. à Alex Duval ds QUEM. DDL t. 18: Je ne sais si vous savez ce que c'est qu'un voyou, car l'académie ne l'a pas dit. C'est ce que nous appellerions plus élégamment à Paris un gamin de bas étage); b) 1866 subst. fém. (DELVAU: Voyoute. Petite drôlesse qui s'accouple avec le voyou avant l'âge de la nubilité); 2. 1872 (LARCH.: Par extension, voyou se dit de l'homme qui a tous les vices du peuple sans en avoir les qualités); 3. 1875 adj. (GONCOURT, Journal, p. 1080: frottements de main voyous). Dér. de voie, littéral. (cf. sens originel 1 a supra) « celui qui court les rues, enfant des rues », avec finale peut-être d'apr. filou (v. FEW t. 14, p. 373 et p. 380, note 13). Fréq. abs. littér.:379. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 4, b) 658; XXe s.: a) 855, b) 740.
DÉR. 1. Voyouterie, subst. fém., rare. Acte, parole de voyou. Je le regardais [Coppée] dire ses voyouteries à l'oreille de Daudet (GONCOURT, Journal, 1885, p. 467). — []. — 1re attest. 1857 (ID., ibid., p. 319); de voyou, suff. -erie. 2. Voyoutisme, subst. masc., rare. Manière de vivre, de se comporter des voyous et, p. anal., de ceux qui se comportent comme des voyous. La femme qui, pour tout mérite et tout chic, a mis à la mode la Thérésa de l'Alcazar et le voyoutisme de la musique (GONCOURT, Journal, 1864, p. 72). — []. — 1re attest. 1864 id.; de voyou, suff. -isme.
BBG. — DUB. Pol. 1962, p. 444. — QUEM. DDL t. 18, 38 (s.v. voyoute).
voyou [vwaju] n. m.
ÉTYM. 1832, au sens 2.; répandu v. 1870; 1844, au sens 1.; de voie, et suff. pop., p.-ê. d'après filou.
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1 Gamin des rues, déluré et mal élevé. ⇒ Chenapan, galapiat, galopin, garnement, vaurien. || Accent des voyous parisiens (→ Quoi, cit. 36). || Bande de voyous. || Les voyous des banlieues, des stades. ⇒ Loubard, loulou, sauvageon (3.); anglic. hooligan.
1 Un être lugubre, c'était Montparnasse. Montparnasse était un enfant; moins de vingt ans, un joli visage (…) C'était le gamin tourné en voyou, et le voyou devenu escarpe.
Hugo, les Misérables, III, VII, III.
1.0 (…) l'on vit alors sous l'uniforme des enfants de quinze à dix-sept ans, que l'eau-de-vie attirait et que tentaient les aventures. Tous ces êtres chétifs, malsains, moitié loups et moitié furets, que la libre vie en commun a prématurément dépravés, que des poètes mal inspirés ont essayé de glorifier, qui tirent l'étymologie de leur nom banal de la voie publique, où ils vaguent, comme des chiens errants, tous les « voyous » en un mot, se jetèrent dans le combat avec la curiosité, l'insouciance et l'entrain de leur âge.
Maxime Du Camp, Paris : ses organes, ses fonctions…, t. VI, p. 341-342.
♦ En appellatif. || Petit voyou !
2 (1871). Homme (souvent, jeune homme), d'une classe sociale en général moyenne ou basse, de mœurs et de moralité condamnables. ⇒ Apache (anciennt), arsouille, crapule, fripouille; → Rixe, cit. 1. || Jeune voyou. ⇒ Gouape; 2. frappe. || De la graine de voyou. || Fréquenter des voyous (→ Peau, cit. 20). T. d'injure. || Espèce de voyou ! || Avoir des procédés de voyou.
1.1 (…) il nous présentait un jeune voyou en nous murmurant à l'oreille d'une voix extatique : « C'est un dur de dur », « c'est un cambrioleur ! » et même une fois : « C'est un assassin ! »
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 519.
1.2 Ce voyou sans cœur et sans honneur, ce bandit, ce débauché cynique adonné aux vices les plus honteux, la gloire du Paradis lui était offerte sans discussion.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 160.
2 (…) une vue de coulisses avec des danseuses en gaze rose, au repos, devant des portants barbouillés de verdures, des petites voyoutes exquises lutinant de grands dadais empesés dans leur tenue de bal (…)
Huysmans, En ménage, V.
3 Adj. (1880, Zola; parfois voyoute au fém.). || Il, elle est un peu voyou. — Par ext. Qui est digne d'un voyou (→ Canaille). || Un air, un accent voyou.
3 Oh ! une rouleuse de boulevard, rien du tout. Mais elle était si voyou, qu'on s'amusait à la faire causer.
Zola, Nana, I.
4 Quant à Coppée, il s'est montré tout à fait extraordinaire, comme verve voyoute : ç'a été un feu d'artifice pendant toute la soirée de drôleries, à la fois canailles, à la fois distinguées.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 7 janv. 1892, t. IX, p. 8.
5 (…) une fille (…) qui poussait une bicyclette avec un dandinement de hanches si dégingandé, en employant des termes d'argot si voyous et criés si fort (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. V, p. 37.
REM. La forme féminine voyouse est attestée isolément.
6 Comme il était bel homme avec une gueule d'ange un peu voyouse, il avait la conquête facile et trouvait également de jolies filles (…)
San-Antonio, Les Soupers du prince, p. 217.
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DÉR. et COMP. Voyouterie. Voyoucratie.
Encyclopédie Universelle. 2012.