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PHONOLOGIE
PHONOLOGIE

La linguistique a vécu, dans les années 1960, des heures de gloire qu’elle n’avait jamais connues auparavant. Considérée comme science pilote, elle était susceptible d’offrir, à l’ensemble des sciences humaines, des concepts généraux et des modèles d’analyses. Des chercheurs comme Claude Lévi-Strauss, Roland Barthes ou Tzvetan Todorov illustrent les emprunts faits à la linguistique dans des domaines aussi différents que l’ethnologie, la sémiologie des comportements humains, la littérature.

Ce succès, la linguistique le doit principalement à sa méthode structurale, énoncée par Saussure dans son Cours de linguistique générale publié en 1916, et mise en application par les développements de la phonologie au seuil des années 1930. La phonologie représente, encore, l’exemple le plus achevé de l’analyse structurale, analyse qui est à l’origine du structuralisme dans les sciences de l’homme.

En tant que discipline traitant de l’aspect phonique des langues naturelles, la phonologie s’est, dès le départ, opposée à la phonétique, discipline qui durant de longues périodes avait symbolisé l’attitude objective et scientifique au sein de la linguistique. En tant qu’inspiratrice de modèles, la phonologie est également à l’origine de nouvelles problématiques au sein des autres branches de la linguistique comme la morphologie, la lexicologie, la syntaxe ou la sémantique. L’extension, plus ou moins abrupte, de concepts et méthodes phonologiques à ces domaines s’est heurtée aussi bien à l’existence d’approches plus traditionnelles qu’à celle de nouveaux points de vue moins directement liés à l’essor phonologique.

S’il était possible d’établir des convergences entre les diverses écoles structurales (école bloomfieldienne aux États-Unis, école pragoise en Europe avec ces prolongements divergents que sont les écoles fonctionnalistes ou jakobsonienne), il a paru un temps moins simple de les comparer à la phonologie générative issue, dans les années 1960, de la grammaire générative de Chomsky.

À peu près à la même époque, la sociolinguistique s’est attachée à mettre en question la conception relativement homogène et quelque peu mythique de la langue, que laissaient supposer, chez certains auteurs, des descriptions phonologiques ne faisant aucune part aux variations régionales ou sociales chez les usagers, le système idéal prenant le pas sur la combinatoire réelle de systèmes en concurrence ou s’interpénétrant.

À partir des années 1980, la phonologie a connu de nouveaux développements, dont certains résultent d’une réflexion et d’un tri opérés sur les propositions des générativistes et la revendication des sociolinguistes, tandis que d’autres relèvent plus d’approfondissements théoriques exigés tant par les études diachroniques que par une considération attentive de faits phoniques attestés dans des langues non européennes.

Origines et problématiques de la phonologie

La phonologie est née presque simultanément en 1925, aux États-Unis, avec les travaux de Sapir puis ceux de Bloomfield et, en 1928, en Europe, avec les travaux du Cercle linguistique de Prague, dont Troubetzkoy et Jakobson furent les principaux animateurs.

Mais, avant ces débuts officiels, la phonologie avait été largement pressentie, soit par des précurseurs, comme Saussure ou Baudouin de Courtenay, soit par des phonéticiens comme Sweet ou Passy, soit, plus loin de nous, par les «inventeurs» d’écritures alphabétiques et par ceux qui, de tout temps, ont voulu décrire les sons d’une langue.

D’une manière générale, l’intuition des unités linguistiques minimales liée à de bonnes connaissances phonétiques a souvent conduit à présenter des systèmes phoniques proches de ceux que permet de dégager l’analyse phonologique.

L’une des origines de la phonologie réside donc dans sa relation à la phonétique. Avec le développement de la phonétique expérimentale et l’affinement des observations portant sur les caractéristiques physiques des sons apparaît un besoin de hiérarchisation. Ne pas se perdre dans les détails d’une analyse physique, qui voit ses limites constamment élargies par l’apparition de nouvelles techniques, est l’une des préoccupations majeures de phonéticiens comme Sweet ou Passy.

Mais c’est principalement par le concept de phonème et donc par la distinction phonème/son que la phonologie va organiser son point de vue et différencier ainsi analyse linguistique et analyse physique. Cette distinction phonème/son a d’abord été exprimée à travers l’opposition réalité psychique/réalité physique. Qu’il s’agisse de Saussure ou de Sapir, le phonème a donc été appréhendé, au départ, comme l’équivalent psychique du son, reprenant ainsi la problématique de Baudouin de Courtenay qui opposait la psychophonétique (la phonologie) à la physiophonétique (la phonétique). Ceux qui, au départ, ont pensé la phonologie plus en rupture qu’en continuité par rapport à la phonétique ont donc été tentés par une définition psychique du phonème. Ceux qui, au contraire, ont vu en la phonologie plus de continuité que de rupture ont été tentés par une définition matérielle du phonème.

Pour ces derniers, le phonème est alors une classe de sons présentant certaines propriétés physiques (D. Jones) et distributionnelles (écoles postbloomfieldiennes).

Seuls les linguistes de l’école de Prague ont tenté d’échapper à cette dichotomie. Pour rompre avec l’identification du phonème à sa matérialité, Troubetzkoy utilise dans un premier temps la distinction saussurienne entre langue et parole . La phonologie est ainsi une science des sons de la langue (les phonèmes) alors que la phonétique est la science des sons de la parole. Toutefois, il se différencie de Saussure dans la mesure où il refuse d’identifier les unités de la langue en termes de psychisme ou de conscience. Chez Troubetzkoy, le phonème n’est ni psychique ni physique. C’est l’une des valeurs d’un système linguistique, le système phonologique; quant à la matérialité de ses réalisations phoniques et aux traces qu’il laisse dans la conscience individuelle et collective des sujets, elles ne sont que les effets d’une réalité qui se situe d’abord sur le terrain linguistique. Cependant, quelles que soient leurs divergences, toutes ces phonologies peuvent être appréhendées comme une manière linguistique de conduire l’analyse phonétique. Ainsi A. Martinet, l’un des continuateurs de l’école de Prague, définit la phonologie comme «une phonétique fonctionnelle et structurale».

Les phonologies structurales

Divergences et convergences

Les divergences existant entre les différentes écoles structurales sont importantes, notamment celles qui opposent globalement les écoles américaines aux écoles européennes. Elles se manifestent dans le domaine théorique comme dans le domaine méthodologique et sont dues aussi bien aux pesanteurs du contexte théorique et idéologique, spécifique à chaque foyer, qu’aux différences de tâches descriptives à accomplir. Ainsi l’esprit de système, le poids du comparatisme et de la psychologie qui dominent les préoccupations de la vie linguistique européenne du début du siècle ne se retrouvent-ils pas avec le même impact aux États-Unis où la psychologie behaviouriste parvient, avec Bloomfield, à avoir de profondes répercussions sur les développements de la linguistique. Par ailleurs, la nécessité de conduire rapidement la description de nombreuses langues amérindiennes sans écriture a amené les linguistes américains à développer d’autres méthodes d’analyses qu’en Europe où les langues, relativement bien connues, avaient déjà fait, au cours du XIXe siècle, l’objet d’un classement généalogique.

Toutefois, ces écoles structurales partent de présupposés communs qui leur donnent à toutes un air de famille:

– d’une part, l’idée selon laquelle les phonèmes doivent faire l’objet d’une procédure de découverte, permettant à la phonologie de réorganiser en classes le matériel phonétique d’une langue; il en résulte que le phonème devra être défini en des termes qui lui confèrent une existence autonome par rapport au son;

– d’autre part, l’idée que le matériel phonique d’une langue relève d’un niveau spécifique d’organisation; ainsi les phonèmes d’une langue s’organisent en système, dont la connaissance doit permettre une analyse du fonctionnement synchronique et diachronique de cette langue.

Les procédures de découverte des phonèmes

Après avoir envisagé un instant la distinction phonologie/phonétique à partir de l’opposition saussurienne entre langue et parole, l’école de Prague l’a fondée sur une différence de point de vue: analyse physique pour la phonétique, analyse fonctionnelle pour la phonologie.

La phonétique est une science expérimentale qui traite des caractéristiques physiques du signal phonique ainsi que des conditions de sa production et de sa réception. La phonologie est une science humaine qui traite du fonctionnement du matériel phonique dans une langue déterminée. Cette analyse fonctionnelle repose sur le principe d’opposition et sur la commutation. Ainsi, l’opposition entre [p] et , en français, a une fonction dans la communication puisqu’elle permet à tout locuteur de distinguer [pa] «pas», de [ba] «bas» ou encore [po] «peau» ou «pot» de [bo] «beau». On dit d’une telle opposition qu’elle est distinctive.

En revanche, l’opposition entre [r] («r» roulé) et [ face=F3210 李] («r» non roulé) n’a pas de fonction en français dans la mesure où jamais un locuteur ne pourra l’utiliser pour distinguer des messages: [tri] et [t face=F3210 李i] renverront à une même signification «tri». On dira que cette opposition est non distinctive. L’analyse fonctionnelle invite à faire de / p / et / b / des phonèmes différents et de [r] et [ face=F3210 李] des réalisations phoniques d’un même phonème / r /. Savoir si une opposition, comme p / b, est ou n’est pas distinctive exige de recourir à des formes, comme [pul] «poule» / [bul] «boule», c’est-à-dire à des couples de mots, appelés paires minimales , qui ne se différencient que par la commutation de [p] par [b].

L’analyse fonctionnelle est donc subordonnée à la possibilité de trouver suffisamment de paires minimales pour pouvoir répartir en phonèmes la totalité du matériel phonique d’une langue. Or c’est loin d’être souvent le cas. D’une part, aucune langue n’épuise les possibilités de combinaison qui lui sont offertes au niveau des phonèmes, même dans le cas des mots monosyllabiques (ainsi / m&œtilde; / «mun», mot monosyllabique, qui pourrait exister en français, n’existe pas). D’autre part, des phénomènes de variance interdisent de pouvoir commuter certains sons (ainsi en français méridional [e] n’apparaît qu’en syllabe ouverte, et [ 﨎] qu’en syllabe fermée). Enfin, certaines influences entre les sons peuvent empêcher la paire minimale d’exister; ainsi l’harmonisation vocalique dans une langue à deux syllabes habituelles ne permet de repérer que [bele] face à [b 﨎l 﨎], mais n’attestera jamais [bel 﨎]. Il en résulte que le recours à la commutation de sons dans des paires minimales – qui caractérise l’analyse fonctionnelle – ne permet pas, le plus souvent, de découvrir tous les phonèmes d’une langue. L’analyse phonologique se poursuit alors en utilisant des méthodes, plus directement centrées sur l’analyse distributionnelle, qui ne se distinguent pas fondamentalement de celles qu’utilisent les écoles américaines.

Ces dernières organisent, en effet, leur analyse autour de ce que les Européens ont à traiter lorsque l’analyse fonctionnelle ne peut plus être conduite. Leur analyse est donc principalement distributionnelle et syntagmatique et non d’abord oppositionnelle et paradigmatique comme chez les Européens. Elle concerne l’analyse de la distribution de sons physiquement apparentés.

Ainsi, en anglais, les sons [l] et [ face=F3210 璘] («l» vélarisé) n’apparaissent-ils jamais dans les mêmes contextes: [l] n’apparaît que devant une voyelle ([laik] «like») et [ face=F3210 璘] que devant une consonne ([mi face=F3210 璘k] «milk») ou à la finale ([pi:p face=F3210 璘] «people»). Leur distribution est donc complémentaire.

L’analyse distributionnelle invite à regrouper deux sons en un même phonème si deux conditions sont réunies: être physiquement apparentés et être en distribution complémentaire. C’est le cas pour [1] et [ face=F3210 璘] qui sont donc deux allophones d’un même phonème anglais / l /. Lorsque les écoles européennes ont à traiter de ces phénomènes pour lesquels l’analyse fonctionnelle ne saurait être utilisée, elles procèdent de la même manière en recourant aux critères de parenté et de distribution. Elles diront alors que [l] et [ face=F3210 璘] sont des variantes combinatoires d’un même phonème anglais / 1 /.

Entre Américains et Européens, il y a donc inversion de priorités: analyse oppositive puis distributionnelle pour les Européens, analyse distributionnelle puis oppositive pour les Américains. Lorsque ces derniers ne peuvent poursuivre leur analyse distributionnelle et se voient contraints d’engager l’analyse oppositive, ils ne procèdent pas différemment des Européens, même si cette phase d’analyse n’est pas valorisée et si le recours au sens qu’elle implique est quelque peu dissimulé. Et lorsque Pike, dont l’ouvrage Phonemics est le plus célèbre manuel de phonologie de l’école américaine, présente la méthode phonologique selon l’ordre européen – analyse oppositionnelle puis distributionnelle –, on ne voit plus très bien en quoi, en dehors du discours théorique, ces méthodes seraient fondamentalement différentes. [b]

La neutralisation

Ce concept n’apparaît que dans les phonologies qui fondent leur analyse sur le principe d’opposition, à savoir la phonologie pragoise ou le fonctionnalisme d’A. Martinet qui lui fait suite.

En français non méridional, l’opposition e / 﨎 est distinctive à la finale du mot, puisque [p face=F3210 李e] «pré» s’oppose à [p face=F3210 李 﨎] «prêt», etc. En cette position, l’analyse permet de dégager deux phonèmes distincts / e / et / 﨎 /. Pourtant, ailleurs qu’à la finale du mot, nous n’avons plus la possibilité d’opposer les deux timbres: soit qu’en syllabe fermée on ne trouve que [ 﨎]; soit qu’en syllabe ouverte non finale, si les deux timbres peuvent commuter, leur commutation n’a pas d’effet sur le sens, puisque «maison» pourra être prononcé indifféremment [mez face=F3210 裡] ou [m 﨎z face=F3210 裡]. Partout ailleurs qu’à la finale du mot, l’opposition e/ 﨎 est donc neutralisée, et les timbres [e] ou [ 﨎] qu’on peut y rencontrer ne dépendent pas des phonèmes / e / ou / 﨎 / qui n’existent qu’à la finale, mais d’un archiphonème / E /, unité phonologique qui en ces positions coiffe les deux phonèmes / e / et / 﨎 /.

L’identification des phonèmes

Si les Américains se contentent le plus souvent de définir les phonèmes comme des classes d’allophones, les Européens poursuivent, quant à eux, l’analyse pour les identifier à des ensembles de traits distinctifs.

Le phonème se voit ainsi attribuer un trait distinctif définitoire chaque fois que ce trait lui permet, à lui seul, de rester distinct d’un autre phonème avec lequel il est en relation dans le système. Dans une langue où nous trouvons / p / et / b /, / p / sera défini comme sourd par rapport à / b /, car sans ce trait distinctif il y aurait confusion avec / b /. Toutefois, si, dans la langue où se trouve / p /, il n’y a pas de phonème / b /, le trait sourd qui caractérise les réalisations phonétiques de / p / ne pourra être retenu comme trait distinctif définitoire. Comme / p / dans une langue donnée n’entretient pas qu’une seule relation aux autres phonèmes du système, il se verra doté, au terme de l’analyse structurale, d’un ensemble de traits distinctifs. Ainsi, en français où il s’oppose notamment à / b /, / m /, / t / et / k /, le phonème / p / sera défini par la somme des trois traits distinctifs: bilabial , sourd et non nasal .

Si Troubetzkoy et Martinet définissent les phonèmes en traits distinctifs de nature articulatoire, Jakobson, quant à lui, recourt à des traits acoustiques dont il cherche par ailleurs à généraliser la portée. Ainsi le trait bémolisé caractérisera-t-il des phénomènes en apparence aussi différents que la labialisation et la pharyngalisation. L’opposition entre compact et diffus servira à opposer non seulement les voyelles ouvertes aux voyelles fermées mais également les consonnes postérieures aux consonnes antérieures. Dans cet effort de généralisation, les traits acoustiques, de descriptifs qu’ils étaient, tendent à devenir symboliques. Leur nombre se trouve ainsi réduit à tel point que Jakobson propose une liste universelle de douze oppositions binaires de type vocalique/non vocalique ou grave/aigu .

Si les diverses langues n’en utilisent généralement qu’une partie, certaines oppositions, de par leur grande généralité, semblent devoir être « incontournables» et former l’ossature minimale de tout système linguistique.

Les systèmes phonologiques

L’objectif de l’analyse phonologique ne se limite pas à la découverte et à la définition des phonèmes, mais implique également de trouver le système dans lequel ils sont organisés.

Si aux États-Unis le système phonologique n’est le plus souvent qu’un tableau phonétique simplifié, en Europe, grâce à l’impact de la notion saussurienne de système, la phonologie s’est attachée à étudier l’organisation et la dynamique des systèmes. C’est autour des corrélations et des oppositions proportionnelles qu’elle organise le système phonologique. Une corrélation est un ensemble d’oppositions présentant un même rapport entre deux traits distinctifs binairement opposés. Ainsi en français nous avons une corrélation de sonorité opposant une série de phonèmes sourds à une série de phonèmes sonores, aussi bien pour les occlusives, avec p t k / b d g, que pour les fricatives avec f s face=F3210 罹 / v z face=F3210 梨.

Le rapport sourd/sonore qui caractérise ainsi six oppositions est appelé corrélatif, car il oppose une qualité sonore à son absence ou, ce qui revient au même, à la seule qualité qui peut lui être opposée, à savoir sourd .

Le rapport bilabial/apical qui caractérise au moins deux oppositions p/t, b/d n’est pas corrélatif, car la négation de bilabial n’entraîne pas comme seule possibilité celle d’apicalité. Ces oppositions sont donc simplement proportionnelles. Corrélations et oppositions proportionnelles forment ainsi le cœur d’un système sur lequel viennent se greffer des phonèmes moins bien intégrés, qui peuvent être source d’instabilité.

Cette analyse menée par l’école de Prague ou l’école fonctionnaliste n’est généralement pas celle de Jakobson. Ce dernier en reste assez souvent à la présentation des résultats sous forme de matrice à deux entrées, l’une comportant la liste des phonèmes, l’autre celle des traits distinctifs utilisés. En face de chaque trait distinctif, le phonologue devra savoir si le phonème analysé est concerné par celui-ci. Dans l’affirmative, le phonème sera crédité d’un + s’il reçoit la qualité positive du trait, ou d’un 漣 s’il en reçoit la qualité négative.

Les propositions de Jakobson ont été largement discutées dans la suite, tant à propos de l’importance de l’acoustique face à l’articulatoire que du binarisme et du nombre de traits nécessaires pour rendre compte des faits dans l’ensemble des langues du monde. Assez curieusement, bien que des phénomènes historiques repérables attestent l’importance de l’acoustique, ces traits seront assez rapidement abandonnés au profit d’un retour à l’articulatoire. Le binarisme subira, quant à lui, une sorte de restructuration, lorsqu’il sera affirmé qu’un seul point des axes est réel, donc marqué, alors que son contraire n’est rien d’autre qu’une absence. De là naîtront des phonologiques dites scalaires, où les traits s’ajoutent les uns aux autres, certains phonèmes étant pourvus d’un seul trait et d’autres d’une accumulation de ces derniers.

Les faits prosodiques

Les phonologies se sont le plus souvent limitées à l’étude des unités minimales que sont les phonèmes et les tons . Par ton , il faut entendre les valeurs mélodiques à fonction linguistique qui, dans certaines langues (amérindiennes, négro-africaines ou du Sud-Est asiatique), portent sur une voyelle ou une syllabe. Ainsi en pékinois, le monosyllabe «ma» renvoie-t-il à quatre mots différents selon la nature de la valeur mélodique portant sur le / a /. Les tons, en nombre très réduit, sont fonctionnellement comparables aux phonèmes et constituent un sous-système spécifique.

Or l’analyse de l’aspect phonique du langage ne s’identifie pas à l’analyse des unités phoniques ultimes. Ainsi, l’accentuation ou l’intonation sont des phénomènes phoniques qui caractérisent des niveaux d’analyse plus larges que celui du repérage des unités minimales. Qu’un déplacement d’accent, dans certaines langues, puisse entraîner un changement de signification est une réalité qui met aussi en jeu l’ensemble de la courbe mélodique des mots. Ces faits prosodiques qui interviennent à un niveau supérieur à celui de la phonologie ont été souvent considérés comme marginaux. Une exception notable est celle de N. Troubetzkoy, dans son ouvrage majeur. Une autre exception peut être repérée chez les auteurs travaillant sur les langues à tons, qui ont dû assez tôt faire la part entre la valeur distinctive de la tonalité pour le lexique, et d’autres utilisations atteignant la syntaxe. Si «marginal» signifie «qui ne s’organise pas autour des unités minimales» (morphèmes et phonèmes), sans nul doute ces phénomènes sont marginaux. Mais, que penser alors d’une linguistique qui ne s’intéresserait qu’aux unités minimales par rapport à la prise en compte globale du fonctionnement langagier? Son point de vue ne risque-t-il pas d’être lui-même totalement marginal? L’intonation, par exemple, joue en fait un rôle considérable et fournit de nombreuses informations nécessaires au décodage des énoncés. Elle permet de saisir la nature de l’acte langagier accompli (valeur illocutoire), d’apprécier la subjectivité du sujet parlant et le type de distanciation qu’il entretient avec son message, de réinterpréter, parfois complètement, la signification des énoncés et de constituer un système de mise en valeur des différentes parties d’un discours.

D’un niveau plus abstrait à la phonologie générative

Dès les débuts de la phonologie, il est apparu que certains phénomènes, qu’ils soient de concaténation ou de position, se laissaient mal analyser par l’appareil de concepts élaborés pour la phonématique. Comment rendre compte, dans «j’ai fait un [b face=F3210 裡]», du fait que l’un des deux termes possibles, un «bon», renvoie à «bonne, bonifier, bonasse», tandis que l’autre, un «bond», est manifestement lié à «bondir», qui laisse supposer un | d | non prononcé dans certains contextes? Il est difficile de parler d’un phonème qui n’a aucune matérialisation. De même, entre [patine], (patiner), et [pat face=F3210 匿], (patin), il était curieux de parler d’une séquence de deux phonèmes / i-n / se «réalisant» comme un [ face=F3210 匿].

Bloomfield fut sans doute le premier à parler d’un niveau sous-jacent en phonologie, et à dégager de la combinatoire des formes audibles ce qu’il appelait les formes de base, ou théoriques, que d’autres nommeront ultérieurement les formes structurelles. Dans cette alchimie, la neutralisation dont on a parlé plus haut, mais d’une manière plus générale toutes les variations phoniques pouvaient recevoir une solution d’ensemble: des règles de transformation, d’altération descendaient du niveau structurel pour donner la représentation phonématique finale. Ainsi, le mot «fin» apparaissait-il au niveau structurel comme | fin | et recevait par des règles sa forme phonématique / f face=F3210 匿 /. On a dit que cette phonologie bloomfieldienne était de la morphophonologie, et lui-même l’appelait fréquemment ainsi, mais certaines règles – par exemple, d’harmonisation entre voyelles ou consonnes – ont peu à voir avec des contraintes grammaticales (exemple: seulement dans le verbe) ou avec la syntaxe. Le seul vrai problème, posé ultérieurement, a plutôt été de voir jusqu’à quel point certaines formes sous-jacentes postulées ne deviennent pas entièrement théoriques, au sens de purement conjecturales.

La phonologie générative des années 1960 est en fait une héritière de Bloomfield et de ses continuateurs, sauf probablement sur deux points. Le premier est qu’en intégrant la phonologie dans une théorie généralisée du langage Chomsky et d’autres générativistes s’obligeaient à poser quelque part un lexique théorique complet et à inscrire l’ensemble de ce lexique en formes sous-jacentes. Le second point est que l’attention portée prioritairement sur les règles d’altération a conduit les générativistes à faire l’impasse sur le niveau phonématique, celui de la valeur différentielle sensible de la phonie, pour passer directement du niveau théorique qui était le leur (le seul pertinent à leurs yeux) à des réalisations comprenant des règles que les premiers structuralistes appelaient sous-phonologiques: épenthèses purement mécaniques, variantes purement contextuelles, etc.

On peut donner un exemple des dispositifs, des générativistes, tels qu’ils sont utilisés dans ces années-là. Soit l’alternance:

Prenant comme formes sous-jacentes | sal, mar, klar |, qui existent en combinaison avec différents suffixes, S. A. Schane édictait la règle phonologique suivante: | a | accentué 礪 | 﨎 |, règle qu’il exprimait en traits:

En exprimant cette règle en traits plutôt qu’en phonèmes, les générativistes cherchent par généralisation à les utiliser également pour des phénomènes qui dépassent la simple prise en compte d’une alternance vocalique particulière.

L’objectif de la phonologie générative est particulièrement audacieux dans la mesure où les règles phonologiques qui régissent les variations de la structure des mots sont nombreuses et où leur champ d’application intervient le plus souvent dans des limites très étroites.

Même en ordonnant les règles des plus générales aux plus particulières, il paraît difficile d’imaginer qu’une liste de règles puisse produire la totalité des formes, tant le niveau morphologique symbolise encore pour beaucoup l’irrégularité, l’irrationnel et l’amoncellement en strates de conditionnements phonologiques ou morphologiques d’époques différentes.

Phonologie et sociolinguistique

Les phonologies structurales reposent sur un postulat, plus ou moins explicité, selon lequel les différents sujets d’une communauté ne peuvent espérer se comprendre qu’en possédant le même système linguistique et, notamment, le même système phonologique. Ce dernier est donc conçu comme un ensemble organisé d’invariants. De leur côté, les générativistes ont formulé des règles devant correspondre à la pratique linguistique d’un locuteur-auditeur idéal. Ce faisant, les uns et les autres ont travaillé sinon sur des objets mythiques, tout au moins sur des simplifications particulièrement sévères des réalités du fonctionnement linguistique.

Les sociolinguistes américains, à l’origine d’une telle critique, constatent qu’une langue implique hétérogénéité et variation. Si les sujets d’une même communauté parviennent à se comprendre, alors que leur langue évolue sans cesse, s’ils peuvent revendiquer l’utilisation de la même langue, alors qu’ils n’en possèdent ni les mêmes usages, ni les mêmes habitudes, ni les mêmes représentations, c’est que la structuration de cette langue ne saurait être aussi rigoureuse et homogène que le pensaient les linguistes.

Certes, des phonologues comme Martinet ou Jakobson avaient signalé, incidemment, la variabilité et la non-homogénéité des systèmes phonologiques, mais ces remarques étaient restées marginales face aux pressions de l’idéologie structurale. Partant du postulat selon lequel la langue est un phénomène social, les diverses phonologies avaient fini par constituer des structures, ou des séquences de règles, homogènes, dont le fonctionnement et le dynamisme ne pouvaient provenir que des dispositions internes à la langue, reproduisant en cela l’idéologie «animiste» de la linguistique historique du XIXe siècle.

La sociolinguistique a donc porté son attention sur la variation des faits linguistiques. Cette variation n’est pas un phénomène externe, occasionnel, marginal ou extrastructurel, mais la traduction directe dans le langage de sa nature et de sa fonction sociales. Elle doit donc être prise en compte de manière frontale, faute de quoi l’affirmation du caractère social du langage resterait une pétition de principe sans effet. Dans la mesure où elle est le résultat et la réactualisation de facteurs sociaux, cette variation doit être considérée comme l’un des moteurs du fonctionnement synchronique et diachronique de la langue. Les systèmes phonologiques, moins rigidement structurés qu’on ne l’avait imaginé, seraient donc soumis à des pressions sociales considérées dès lors comme internes à la langue. Si certaines pressions sociales portent directement sur la globalité du système, d’autres, plus visibles, concernent les effets de la politique linguistique d’une communauté sur le comportement subjectif, conscient ou inconscient, des sujets. Nous trouvons là les phénomènes d’hypercorrection mis en lumière par Labov dans ses travaux sur le new-yorkais.

La prise en compte de la variation amène donc une remise en cause des modèles antérieurs mais déplace, en même temps, les limites entre disciplines. La phonologie avait en effet limité son objet à l’étude des seuls faits distinctifs, renvoyant ainsi dans l’ombre des variantes libres la diversité de réalisation des phénomènes. Rejeter l’étude des réalisations, qui constituent l’un des aspects de la variation phonique, pour l’affecter à des branches jugées marginales de l’analyse linguistique – comme la phonétique ou la phonostylistique – revient à faire du social un critère externe au langage.

La sociolinguistique invitait donc l’ensemble des écoles phonologiques à une restructuration sérieuse, qui a été en partie accomplie, dans la mesure où la plupart des phonologues actuels admettraient certainement qu’une langue est plus un ensemble dans lequel cohabitent différents dialectes qu’un système compact et également partagé par tous ses usagers.

Les changements phonétiques

Pour la phonétique historique du XIXe siècle, les changements phonétiques s’expliquaient par deux causes: soit l’effet des pressions syntagmatiques auxquelles sont soumis les sons dans la chaîne parlée; soit un glissement des habitudes articulatoires chez les usagers ou l’impact d’un substrat linguistique (de la part de populations adoptant une nouvelle langue) dont on pouvait rarement donner les preuves. Elle délimitait donc deux types de changements:

– les changements conditionnés par le contexte (exemple: si le [k] initial devant [a] du latin est devenu [ face=F3210 罹] en français, c’est le contexte qui en est responsable);

– les changements inconditionnés ou spontanés étant dès lors tous ceux pour lesquels le contexte était jugé inopérant (exemple: tous les [u] latins sont devenus [y] en français, quels que soient les contextes).

Avec la phonologie structurale, des linguistes comme Martinet ont mis l’accent sur la causalité due au système (vu comme un tableau des relations de traits entre les phonèmes) plutôt que sur la causalité due au contexte. Dans cette perspective, tout changement phonétique constitue la partie visible d’un changement linguistique plus profond qui affecte l’équilibre du système phonologique. Et, effectivement, on peut montrer aisément que certains changements connus (dans les langues germaniques) ont affecté non un son unique, mais une série entière de phonèmes, obligeant ainsi d’autres séries à se repositionner. Des contre-exemples, cependant, donnent un certain poids à la théorie des marques, dans la mesure où celle-ci permet de comprendre pourquoi un seul phonème peut être touché à un moment donné de l’évolution. De son côté, la sociolinguistique, comme nous venons de le voir, a élargi les problématiques d’analyse en prenant en compte les facteurs sociaux, idéologiques et identitaires du changement.

Le succès spectaculaire qu’a connu la phonologie jusqu’aux années 1960 peut surprendre, d’autant qu’avec l’approfondissement de ses concepts et de ses méthodes elle est nettement plus avancée aujourd’hui dans la connaissance des phénomènes phoniques. Son succès était largement conditionné par les tenants d’une méthode d’analyse structurale, utilisant la phonologie comme garant scientifique. De nos jours, les passions structuralistes se sont apaisées et la phonologie peut poursuivre son œuvre en toute sérénité. La réflexion des phonologues s’efforce de surmonter certains clivages d’écoles, de définir l’extension des phénomènes relevant de la discipline et d’approfondir les méthodologies d’analyse. C’est ainsi que les développements récents s’efforcent de dépasser le clivage phonétique/morphologie et d’intégrer des phénomènes dépassant le cadre du mot.

On a vu plus haut comment les phénomènes dits supralinéaires, ou même linéaires mais relevant de grandeurs plus larges que le phonème (syllabes, suites prosodiques), avaient été quelque peu négligés dans les premiers travaux structuralistes, malgré les réflexions prémonitoires de N. Troubetzkoy. Or les développements récents de la phonologie convergent fortement vers une exploration minutieuse de ce domaine. L’explication en est double. D’une part, les mises en garde de la sociolinguistique, signalées plus haut, invitaient à ne pas limiter l’attention aux faits phoniques à la seule question: «Comment distingue-t-on un mot d’un autre?» Par ailleurs, la forte domination exercée par les phonologies génératives a conduit ses propres praticiens à mesurer certaines impasses dans les traitements purement segmentaux de leurs règles: il y a manifestement, on le sait par l’histoire, des rapports entre l’accent et les phonèmes. Sinon, pourquoi une langue comme le portugais aurait-elle moins de voyelles en position postaccentuée que sous accent? La tonalité de base des différentes voyelles peut jouer un rôle dans la tonalité systématique des langues à tons, limiter certaines possibilités. Certaines épenthèses (passage de facilitation entre deux sons) se comprennent mieux si on les voit comme des attaques de syllabes.

Ce que l’on appelle depuis les années 1980 les «nouvelles phonologies» apparaît donc comme un souci commun de répondre à des interrogations réelles, même si le danger semble exister parfois d’abandonner à leur profit certaines sécurités anciennes. Les termes de «phonologie tridimensionnelle», «phonologie pluridimensionnelle», «phonologie autosegmentale», «phonologie métrique» surgissent et s’expliquent dans ce cadre; la diversité des appellations révèle, quant à elle, un stade d’élaborations diverses plutôt que l’heure de la synthèse, à supposer que cette dernière surgisse un jour.

Par ailleurs, la notion de «phonologie lexicale» (ou de niveau lexical de la phonologie), utilisée également depuis quelques années, correspond à deux choses. D’une part, un retour à l’idée de la valeur différentielle des phénomènes phoniques dans le langage, puisque les variantes sont désormais nommées ici «postlexicales», les possibilités d’étude de niveaux sous-jacents étant, elles, maintenues par la considération de règles prélexicales. Et, d’autre part, un élargissement souhaitable de cette notion de pertinence, puisque les approches plurilinéaires autorisent désormais à ne pas regarder les seuls phonèmes comme susceptibles d’assurer ces valeurs, mais aussi à réexaminer le rôle de la tonalité, de l’intensité, de la durée, de grandeurs supérieures aux phonèmes, comme les syllabes et leurs structures, ou même, dans certains cas, la rythmique des mots.

phonologie [ fɔnɔlɔʒi ] n. f.
• v. 1925; « traité des sons » 1845; de phono- et -logie
Ling. Science qui étudie la fonction des sons dans les langues naturelles et dégage ainsi les phonèmes. La phonologie est une phonétique fonctionnelle. phonématique.

phonologie nom féminin Étude scientifique des systèmes de sons des langues naturelles. Ensemble des principes ou règles déterminant les systèmes de sons dans telle ou telle langue naturelle.

phonologie
n. f. LING Branche de la linguistique qui s'attache à décrire les systèmes de phonèmes des langues.
Phonologie structurale: V. encycl. linguistique.

⇒PHONOLOGIE, subst. fém.
LING. ,,Science qui étudie les sons du langage du point de vue de leur fonction dans le système de communication linguistique`` (Lang. 1973). En phonologie, par exemple, on constate que le chinois, qui a des mots courts, une structure syllabique très simple et des timbres vocaliques peu variés, accorde, en compensation, un rôle différenciateur important aux tons (PERROT, Ling., 1953, p.114). Science de la face fonctionnelle des sons du langage humain, la phonologie étudie le rôle que jouent les éléments phoniques de la chaîne parlée dans la communication. Elle s'oppose en cela à la «phonétique», qui étudie les mêmes éléments phoniques, indépendamment de leur fonction linguistique (D. D. L. 1976).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1846 (BESCH.: Phonologie. [...] Gramm. Traité sur les sons); 2. 1929 «science qui a pour objet l'étude fonctionnelle des sons, du langage et de leurs qualités» (TRUBETZKOY ds Travaux du Cercle ling. de Prague, 1, p.85). Comp. de l'élém. formant phon(o)- «voix» et du suff. -logie.
DÉR. Phonologue, phonologiste, subst. Linguiste spécialisé en phonologie. Beaucoup de phonologistes s'attachent presque exclusivement à l'acte de phonation, c'est-à-dire à la production des sons par les organes (larynx, bouche, etc.), et négligent le côté acoustique (SAUSS. 1916, p.63). Aussi les sons du phonéticien et les unités du phonologue ne se recouvrent pas. Le phonologue ne doit envisager en fait de son que ce qui remplit une fonction déterminée dans la langue (N. S. TROUBETZKOY, Princ. de phonol., Paris, Klincksieck, 1964, p.12). Phonologiste semble actuellement moins empl. que phonologue. []; []. 1res attest. a) 1916 phonologiste «phonéticien» (SAUSS., loc. cit.), b) 1933 phonologue (N.S. TRUBETZKOY, La Phonologie actuelle ds J. de psychol., 30, nos 1-4, p.229, note 3); de phonologie, suff. -iste et élém. formant -logue.
BBG. —BIBEAU (G.). Introd. à la phonologie générative du fr. Montréal-Bruxelles-Paris, 1975, 178 p.—Ét. de phonologie fr. Éd. par B. de Cornulier et Fr. Dell. Paris, 1978, 150 p.—FRANCARD (M.). Aspects de la phonologie générative du fr. contemp. Louvain, 1975, 192 p.—GOUGENHEIM (G.). Réflexions sur la phonologie hist. du fr. In: [Mél. Troubetzkoy (N. S.)]. Prague, 1939, t.8, pp.262-269. —QUEM. DDL t.26 (s.v. phonologue). —SCHANE (S. A.). Sur le degré d'abstraction de la phonologie du fr. Langages. Paris. 1973, n° 32, pp.27-38.

phonologie [fɔnɔlɔʒi] n. f.
ÉTYM. V. 1925; « traité des sons », Bescherelle, 1845; de phono-, et -logie.
1 Vx. a Phonétique.
b (Saussure; Grammont). Phonétique générale, synchronique.
1 La phonétique est une science historique; elle analyse des événements, des transformations et se meut dans le temps. La phonologie est en dehors du temps, puisque le mécanisme de l'articulation reste toujours semblable à lui-même.
F. de Saussure, Cours de linguistique générale, p. 56.
2 Mod. (depuis l'École de Prague). Branche de la linguistique qui étudie les phonèmes non en eux-mêmes, mais quant à leur fonction dans la langue ou quant à leur fonction psychologique (→ ci-dessous, cit. Brunot). || La phonologie est appelée par certains linguistes phonétique fonctionnelle (ou encore phonématique). || La notion de phonème selon la phonologie.
2 La phonologie, au sens actuel du mot, étudie les phonèmes, non en eux-mêmes, mais dans la conscience du sujet parlant (l'opposition entre patte et pâte est un fait phonologique).
Brunot et Bruneau, Précis de grammaire historique, p. 3.
Phonologie générative.
tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.
DÉR. Phonologique, phonologue.
COMP. Audiophonologie, morphophonologie.

Encyclopédie Universelle. 2012.