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SPORT
SPORT

DANS un monde soumis quotidiennement aux bouleversements politiques, aux fluctuations économiques et qui, de surcroît, ne peut ignorer les sources permanentes de conflits qui séparent les consciences, rares sont les langages universels perçus par l’humanité tout entière. Le sport est de ceux-là. Qu’il soit jeu ou compétition de haut niveau, qu’il soit chiffré, qu’il soit naturel ou motorisé, il est devenu l’une des seules activités de l’homme qui ignore les frontières et qui parvienne en fin de compte à déborder les idéologies. À cet égard, il fait partie d’une culture commune qui nous vient du fond des âges et qui répond à la définition de l’homme donnée naguère par Antoine de Saint-Exupéry: «Être un homme, c’est sentir en posant sa pierre que l’on contribue à bâtir le monde.»

Le sport ressortit à cette prodigieuse aventure qui accompagne l’essor des civilisations antiques et qui participe à la création d’un art de vivre, au sens de l’arétè grecque.

Que ce soit sous sa forme la plus sophistiquée, la haute compétition, sous la forme éducative de l’initiation sportive, ou encore à travers celle des loisirs, le sport s’est affirmé au fil des dernières décennies comme l’un des phénomènes de masse les plus constants et les plus populaires.

sport [ spɔr ] n. m.
• 1828; mot angl., de disport, a. fr. desport, déport « amusement », de se deporter « s'amuser »
1Le sport : activité physique exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l'effort, et dont la pratique suppose un entraînement méthodique, le respect de certaines règles et disciplines. « Le sport est l'art par lequel l'homme se libère de soi-même » (Giraudoux). La pratique du sport. Faire du sport, un peu de sport. Sport amateur et sport professionnel. Le sport à l'école (cf. Éducation physique). La langue, le vocabulaire du sport. Voiture de sport, rapide et légère. Terrain de sport. Salle de sport. Vêtements ( sportwear) , chaussures, sac, articles de sport. Magasin de sport, où l'on vend des articles de sport. — Adj. inv. Fam. Des chaussures sport, pour la promenade, la campagne (opposé à de ville ou habillé). Cette tenue est trop sport pour un cocktail.
Fig. et fam. C'est du sport ! c'est un exercice, un travail très difficile ou dangereux. — Il va y avoir du sport ! de l'agitation, de la bagarre. « Essaie donc ! je te jure qu'il y aurait du sport » (Beauvoir). Faire qqch. pour le sport, sans tirer d'avantage personnel (cf. Pour la beauté du geste).
2 Adj. inv. (1904) Vieilli Être sport : être loyal et sans rancune, selon l'esprit du sport; faire preuve de fair-play. ⇒ sportif.
3Un sport : chacune des formes particulières et réglementées de cette activité. Pratiquer plusieurs sports. Sports en salle, sports de plein air. Sports de compétition. Sport olympique, faisant l'objet d'une compétition aux Jeux olympiques. Sports de base. athlétisme, natation. Sports de combat. boxe, catch, escrime, full-contact, lutte (cf. Arts martiaux). Sports individuels. alpinisme , badminton, 1. char (à voile), cyclisme, équitation, golf, gymnastique, hippisme, paume , pelote, ping-pong, planche (à roulettes), speed-sail, squash, tennis, tir, trekking. Sports mécaniques. automobilisme, karting, motocyclisme. Sports aériens. aviation, deltaplane, parachutisme, parapente. Sports nautiques. aviron, offshore, planche (à voile), ski (nautique), surf, 2. voile, water-polo, yachting. Sports d'équipe (de balle, de ballon, etc.). base-ball, 1. basket , cricket, football, handball, hockey, polo, rugby, volley-ball. Sports d'hiver. bobsleigh, curling, hockey, luge, 1. patinage, ski, ski-bob, véloski. Par ext. Activités de neige.
Fig. Activité ou exercice comparable. « ils étaient exercés à ce sport de la causerie française » (Maupassant). Loc. Sport national : activité dans laquelle une nation excelle. Le marchandage, sport national. Sport cérébral : jeu nécessitant une habileté intellectuelle.
⊗ HOM. Spore.

sport nom masculin (anglais sport, de l'ancien français desport, amusement) Activité physique visant à améliorer sa condition physique. Ensemble des exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, donnant généralement lieu à compétition, pratiqués en observant certaines règles précises. Chacune des formes particulières de cette activité. Familier. Toute activité nécessitant à la fois du savoir-faire et une particulière attention à ce que fait le partenaire : Avec lui, la conversation est un sport.sport (difficultés) nom masculin (anglais sport, de l'ancien français desport, amusement) Orthographe 1. ... De sport. On écrit avec sport au singulier : une salle de sport, des terrains de sport, des tenues de sport, alors qu'on écrit une salle omnisportsomnisports. 2. Comme adjectif, sport est invariable : des vestes sport ; elles se sont montrées très sport. ● sport (expressions) nom masculin (anglais sport, de l'ancien français desport, amusement) Familier. C'est du sport, c'est difficile. Faire quelque chose pour le sport, sans intérêt financier, sans tirer d'avantage personnel. Familier. Il va y avoir du sport, les choses vont mal tourner, on risque d'en venir aux mains. Sports aériens, activités sportives de l'aviation (parachutisme, modèles réduits, vol à voile, vol libre et vol à moteur). Sports de combat, boxe, escrime, judo, lutte, karaté, etc. Sports de glace, bobsleigh, curling, hockey et patinage sur glace. Sports d'hiver, l'ensemble constitué par les sports de neige et les sports de glace ; vacances d'hiver en montagne n'impliquant pas obligatoirement la pratique de ces sports. ● sport (homonymes) nom masculin (anglais sport, de l'ancien français desport, amusement) spore nom fémininsport adjectif invariable Se dit de vêtements, d'accessoires d'un style confortable, par opposition à habillé ou de ville : Un tailleur sport. ● sport (difficultés) adjectif invariable Orthographe 1. ... De sport. On écrit avec sport au singulier : une salle de sport, des terrains de sport, des tenues de sport, alors qu'on écrit une salle omnisportsomnisports. 2. Comme adjectif, sport est invariable : des vestes sport ; elles se sont montrées très sport. ● sport (expressions) adjectif invariable Être (très) sport, agir avec loyauté, fair-play, générosité : Il a été très sport avec son concurrent.sport (homonymes) adjectif invariable spore nom fémininsport (synonymes) adjectif invariable Être (très) sport
Synonymes :
- fair play
- loyal

sport
n. m. et adj. inv.
rI./r n. m.
d1./d Activité physique, qui a pour but la compétition, l'hygiène ou la simple distraction. Pratiquer un sport. Faire du sport.
|| De sport: conçu pour le sport. Terrain de sport. Chaussures de sport.
d2./d Ensemble des disciplines sportives.
|| Chacune de ces disciplines. Sports d'équipe et sports individuels. Sports de combat.
rII./r adj. inv. Se dit d'un style de vêtements confortables et pratiques. Tenue sport et tenue habillée.

⇒SPORT, subst. masc.
A. — 1. Au sing. Activité physique, le plus souvent de plein air et nécessitant généralement un entraînement, qui s'exerce sous forme de jeu ou de compétition, suivant des règles déterminées; p. méton., pratique de cette activité. Domaine, développement, pratique, vocabulaire du sport. Il était fort, alerte et gai, donnant tous ses jours au sport et toutes ses nuits aux fêtes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Duchoux, 1887, p. 698). V. amateurisme ex. 3:
... ils ont découvert qu'ils pouvaient continuer à jouer, dans leur âge mûr, comme ils jouaient, enfants. Cela s'appelle le sport. Le sport a tué le spleen. Sport, en anglais, veut dire jeu. Nous imitons les Anglais et faisons du sport. Mais sport, en français, ne veut pas dire jeu. En français, sport n'a pas d'autre sens que sport. Et le sport n'est pas du tout un jeu pour les Français.
J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 135.
Vieilli. Course de chevaux. Des courses fameuses dans les fastes du sport anglais (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 320).
2. Au sing. ou au plur. Forme spécifique que prend cette activité physique, considérée comme une discipline autonome ayant ses règles, son organisation, son entraînement, ses codes, ses valeurs. Sport national, moderne, passionnant, populaire; sport de masse; journal, chroniqueur de sport; secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports. Leur numéro d'hier est le comble! Une scène, à son milieu, arrêtée net par un article de sport, me paraît une drôle de façon de respecter la littérature! (FLAUB., Corresp., 1880, p. 34). Malgré l'agitation de l'existence, la fausse activité des sports et des transports rapides, nos grands systèmes régulateurs restent au repos (CARREL, L'Homme, 1935, p. 275). V. amateurisme ex. 4.
Sport de compétition. En France, les sportives pratiquant le sport de compétition sont passées de cent mille en 1940 à sept cent mille en 1965 (Jeux et sports, 1967, p. 1302).
a) [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif précisant le domaine ou le type du sport] Sports aériens. Sports liés à l'aviation. Les Françaises se sont inscrites brillamment au palmarès des sports aériens: vol à voile, aviation (Jeux et sports, 1967, p. 1307). Sports athlétiques et gymniques. Sports faisant appel au dynamisme des mouvements fondamentaux et cherchant la perfection dans l'enchaînement de mouvements complexes. Dans la gamme des sports athlétiques les sauts occupent une des meilleures places car ils constituent un exercice hygiénique et utilitaire (R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941, p. 138). Sports de balle, de boule, de ballon... Sports qui utilisent une balle (comme le jeu de paume ou la pelote basque), une boule (comme le jeu de boules ou de billard), ou un ballon (comme le football ou le rugby). Les sports de balle ont en commun d'être individuels (...). Les sports de ballon ont en commun d'être collectifs (PETIOT 1982). Sport d'attaque, de combat, de défense. Sports dans lesquels un concurrent s'oppose à un autre, sans arme (comme dans la boxe, la lutte ou le judo) ou avec une arme (comme dans l'escrime). Les sports de combat retiennent de la guerre dont ils sont issus l'affrontement de l'homme à l'homme (PETIOT 1982, p. XII). Sport cycliste. Sport utilisant la bicyclette. N'est-il pas révélateur qu'il [Toulouse-Lautrec] ait été, parmi les premiers, à s'intéresser au sport cycliste, à créer pour lui plusieurs affiches? (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 254). Sports équestres, hippiques. Sports de vitesse et/ou d'adresse affectués par des chevaux et leur cavalier. V. hippique et jumping ex. de Jeux et sports. Sports mécaniques. Sports où l'effort s'applique à la machine mue par un moteur autonome. Sport automobile. La pratique du sport automobile non seulement confère au pilote des qualités d'endurance, de résistance physique et de sang-froid, mais lui enseigne aussi la dignité et la loyauté (Jeux et sports, 1967, p. 1643). Sports de montagne. Sports qui se pratiquent en montagne (ski, luge, alpinisme). Des professeurs disposés à user des méthodes actives aptes à orienter les activités de plein air, spécialistes des sports de montagne ou des sports nautiques (Encyclop. éduc., 1960, p. 129). Sport nautique.
Sports d'hiver. Sports de montagne qui nécessitent de la neige, de la glace; p. méton., vacances d'hiver à la montagne. Aller, partir aux sports d'hiver. J'étais dans les Alpes, aux sports d'hiver (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 88).
b) Compétition où s'opposent des personnes ou des équipes. Sport individuel, collectif. C'est le sport d'équipe qui vient en tête, celui où la maîtrise du corps doit s'allier au maniement parfait d'un ou de plusieurs objets (BECQUET, Organ. loisirs travaill., 1939, p. 66).
c) [Suivi d'un adj. renvoyant à une catégorie de pers.] Sport amateur, scolaire, universitaire. Des intérêts financiers importants (...) ne peuvent être niés dans le sport professionnel ou crypto-professionnel (L'Express, 2 juin 1977, p. 150, col. 2).
3. P. ext. Activité physique de plein air à caractère plus ou moins sportif. Je protestais contre la réputation qu'on faisait à la pêche d'être un sport d'empoté, pour lequel l'immobilité complète était de règle (GIDE, Si le grain, 1924, p. 396). P. plaisant. V. patinage ex. de Queneau.
4. Expr. fam.
a) C'est du sport! ça va être du sport! [Pour souligner la difficulté d'une entreprise, la violence d'un effort, d'une compétition] Droite! Pas cadencé... Marche! Crier ça avec des joues en bois, raidies par le froid mieux que par la cocaïne du dentiste, c'est du sport! L'exécuter, c'est encore mieux! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 14).
b) Il va y avoir du sport. Il risque d'y avoir de la bagarre. — ll y a des moments où tu mériterais tout simplement une bonne gifle, dit Lambert en tournant les talons.Essaie donc! Je te jure qu'il y aurait du sport (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 349).
5. Au fig. Activité intellectuelle. Sport cérébral. Le sport intellectuel consiste donc dans le développement et le contrôle de nos actes intérieurs (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 286). Le romancier anglais Rob Graves prête à son personnage, notre confrère l'empereur Claude, cette boutade: « L'histoire est un sport pour l'âge mûr » (...)! Plus l'historien aura accumulé en lui de connaissances variées (...), plus il saura apercevoir de possibilités insoupçonnées de documentation (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 79).
B. — 1. Empl. adj. inv., fam. Être sport. Savoir se soumettre de bon gré aux règles d'une épreuve (de sport ou d'un autre domaine); p. ext., être loyal, fair-play. Synon. sportif (v. ce mot I B). Être sport en affaires. Avant tout, soyons « sport »... respectons la loi qui exige dévouement et sacrifice (Tennis et Golf, 16 juin 1935, p. 2 ds GRUBB Sports 1937, p. 70). Le Survenant donna une grande claque dans le dos de Joinville:T'es sport, Provençal. T'es vraiment sport!C'est ça, dit Amable, flatte-le, à c't'heure que tu lui as fait dépenser l'argent du marché (GUEVREMONT, Survenant, 1945, p. 230).
2. Loc. adj. De sport ou, p. ell., sport. Qui est adapté à la pratique du sport, destiné à une activité sportive.
a) [En parlant d'un véhicule] Avion de sport; modèle (grand) sport. En ce temps-là le cheval de selle représentait ce qu'est, pour nos contemporains, la voiture de course ou de sport (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 168). V. compétition ex. 4.
b) [En parlant d'un vêtement, d'un élément de l'équipement individuel] Article, tenue de sport. Pour l'automne prochain, arrivée sur le marché des premières chaussures de sport gonflables (Le Point, 28 avr. 1980, p. 202, col. 3).
P. ext. [P. oppos. à habillé, de ville] Dont le matériau et/ou la coupe sont choisis pour offrir un grand confort. Tailleur sport. Katow et Kyo portaient des chaussures de sport à semelles de crêpe, et n'entendaient leurs pas que lorsqu'ils glissaient sur la boue (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 192). Un complet sport à boutons de cuir en boule, un magnifique manteau de voyage d'étoffe anglaise (acquis à Vienne, comme le smoking impérial-royal), et un beau châle écossais pour relier le tout (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 208).
REM. 1. Sport-, élém. de compos. entrant dans la constr. de qq. subst. masc. où il signifie « sport » (supra A 2). Mettre au point un « laboratoire humain de champions ». Multiplier les lycées spécialisés, les sections sport-études (L'Express, 9 août 1976, p. 62, col. 3). La dénonciation du sport-spectacle, du sport-marchandise n'est qu'une des formes du combat contre la mise au pas des individus et l'asservissement des esprits (Le Nouvel Observateur, 9 août 1980, p. 18, col. 3). 2. Sport(s)wear, (Sportwear, Sportswear)subst. et adj. inv. (Vêtement, tissu) de type sport, qui allie le confort et l'élégance. Les pantalons, très larges sur les cuisses sont proposés à plis ou sans plis en sportswear (Le Monde loisirs, 6 oct. 1984, p. VI, col. 5). 3. Omnisports, adj. V. omni- A 1.
Prononc. et Orth.:[R]. On a dit [] (BESCH. 1845, LITTRÉ). Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. a) 1828 au plur. « activités physiques à buts non utilitaires obéissant à certaines règles et comprenant souvent une part de compétition » (Journal des haras, 1er mai, 84-85 ds HÖFLER Anglic.); b) 1839 sing. désignant une de ces activités (GAYOT, Guide du Sportsman, p. 3 ds BONN., p. 140); c) 1853 sing. « tout ou partie de ces activités » exercices de sport (E. CHAPUS, Le Turf ou les Courses de chevaux en France et en Angleterre, p. 1 ds REY-GAGNON Anglic.); 2. 1879 « activité ou exercice comparable, selon un ou plusieurs aspects, à un sport » (Le Parlement, 10 nov., ld ds HÖFLER Anglic.); 3. a) 1863 donner du sport « présenter des difficultés » (BELLOT, Voy. mers polaires, p. 266); b) 1905 y avoir du sport (L'Auto, 17 juill., 3d ds HÖFLER Anglic.). B. Adj. inv. 1. 1886 « adapté au sport, qui convient à une activité physique » (Le Sport, 24 mars, 3a, ibid.); 2. 1904 « conforme à l'esprit qu'il doit y avoir dans les compétitions sportives » (Le Sport universel illustré, 31 juill., 495b, ibid.). Empr. à l'angl. sport att. dep. le XVe s. au sens de « amusement, passe-temps, jeu, distraction » d'où, en partic., « distraction de plein air à base d'exercice physique » (1523) et au plur. « série de compétitions athlétiques constituant une manifestation publique ou un spectacle » (1594), v. NED. Sport est issu par aphérèse du moy. angl. disport att. dep. le XIVe s. (NED; MED) et qui a été empr. à la var. desport (cf. Thebes, éd. Constant, vers 1057, var. ms. S) de l'a. fr. deport au sens de « plaisir, divertissement », déverbal de deporter, desporter (v. déporter). Fréq. abs. littér.:475. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) néant, b) 119; XXe s.: a) 551, b) 1 625. Bbg. BECKER 1970, p. 53, 73, 254, 325. — GALL. 1955, p. 185. — GREDIG 1939, pp. 22-27. — KLEIN Vie paris. 1976, p. 119. — QUEM. DDL t. 5, 12, 15, 21, 27, 36.

sport [spɔʀ] n. m.
ÉTYM. 1828, Journal des haras; répandu surtout après la publication du journal le Sport, fondé en 1853 par Eugène Chapus; mot angl., sport « divertissement », XVe; « compétitions, manifestations sportives », fin XVIe; aphérèse de disport, de l'anc. franç. desport, var. de deport « amusement », subst. verbal de l'anc. v. se deporter « s'amuser ».
1 Le sport : activité physique exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l'effort et dont la pratique suppose un entraînement méthodique, le respect de certaines règles et disciplines.
REM. À l'origine, le monde du sport était avant tout celui du turf, et l'idée de pari paraissait liée à celle de sport.
1 Le sport implique trois choses, soit simultanées, soit séparées : le plein air, le pari et l'application d'une ou de plusieurs aptitudes du corps.
Eugène Chapus, in P. Larousse, art. Sport.
Pratique du sport. || Faire du sport. || Éloge ou critique du sport (→ Amusement, cit. 12; comédie, cit. 13; corollaire, cit. 3; homme, cit. 157; olympique, cit. 1). || Sport « amateur » et sport « professionnel ». || La langue, le vocabulaire du sport. || Les Olympiques, ouvrage de Montherlant consacré au sport. || Chronique du sport dans un journal. || Chroniqueur de sport. || Le sport et l'exercice, l'éducation physique, la gymnastique.
1.1 En tête des importations d'outre-Manche devait nécessairement figurer celle du sport, le sport qui suffit à occuper la vie tout entière des gentlemen d'outre-Manche, le sport qui est pour eux une source intarissable de jouissances, de bras et de jambes cassés. Et qu'on ne s'étonne pas si nous disons que le sport est capable d'absorber une existence d'homme. Sport est un de ces mots complexes et collectifs qui renferment dans leurs flancs, en apparence exigus, une énorme quantité de significations diverses (…)
Ainsi sport signifie tout à la fois courses de chevaux, — courses au clocher, — courses d'hommes, — chasse à tir ou à courre, — tir aux pigeons, — attelages de chevaux, — combats de chiens, de coqs, de rats, de boxeurs, — tours de force nautiques, — paris de toute espèce, et généralement tout ce qui peut fournir l'occasion de déployer de l'adresse, de l'intrépidité et surtout du faste. Le véritable sport, en effet, est presque aussi cher qu'un gouvernement à bon marché.
A. Cler, le Jockey-Club, in Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. II, p. 402 (1842).
1.2 Les plus violents de ces plaisirs et les plus profondément nationaux, sont ceux du sport (…) Traduisez cette formule par son vrai sens, et vous n'y trouverez plus rien de ce que nous y mettons, nous autres Français, qui avons adouci ce terme en l'adoptant. Nous y faisons tenir surtout de l'élégance, de l'aristocratie et de l'adresse. Pour l'Américain, le sport ne va pas sans quelque danger, parce qu'il ne va pas sans la conception de la lutte et de l'audace.
Paul Bourget, Outre-mer, Notes sur l'Amérique, t. II, IX, p. 143 (1895).
1.3 Le sport est le culte volontaire et habituel de l'exercice musculaire intensif, appuyé sur le désir du progrès et pouvant aller jusqu'au risque.
P. de Coubertin, in G. Petiot, Dict. de la langue des sports, art. Sport.
2 Je ne suis pas ennemi du sport (…) J'entends du sport qui ne dérive pas de la seule imitation et de la mode, ni de celui qui fait trop grand bruit dans les journaux. Mais j'aime l'idée sportive. Et je la transporte volontiers dans le domaine de l'esprit. Cette idée conduit à porter au point le plus élevé quelqu'une de nos qualités natives en observant cependant l'équilibre de toutes (…) On pourrait le caractériser par cette formule d'apparence paradoxale en disant qu'il consiste dans l'éducation réfléchie des réflexes.
Valéry, Variété, Essais quasi politiques, Œ., t. I, Pl., p. 1082.
3 Le sport est un art. Une recette morale dont l'exercice est physique. Le sport est l'art par lequel l'homme se libère de soi-même et libère son prochain de la pire des charges, de la moins digne, de la plus encombrante : du corps mal soigné d'un homme.
Giraudoux, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, Le sport, p. 236.
3.1 Le sport : un abcès de fixation que la bourgeoisie a mis du temps à découvrir. Il est vrai que cette religion n'a pu naître et prospérer que grâce à la sécurité, aux loisirs : la place que tient le sport aujourd'hui suffit à témoigner des progrès accomplis dans cet ordre depuis un demi-siècle.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 397.
… de sport. || Terrain de sport ( Stade; olympique), utilisé pour l'exercice des sports athlétiques.
Voiture de sport : automobile de tourisme rapide et légère (opposé à voiture de ville, de route…, et aussi à voiture de course).Un petit avion de sport.Vêtements, chaussures, articles de sport.
3.2 Amateur des avions de sport où l'on porte la tête en plein ciel, je figurais aussi, sur les bateaux, l'éternel promeneur des dunettes.
Camus, la Chute, p. 30.
Appos. (Vieilli). || Une voiture grand sport.
3.3 Ils arrivèrent à midi; l'apéritif battait son plein. L'auto grand sport de Pierre reçut du public sa chaleureuse appréciation.
R. Queneau, le Chiendent, p. 181 (1932).
(1906). T. de mode. || De sport, se dit de vêtements pour la promenade, le voyage, la campagne, par oppos. à de ville ou habillé. || Vêtements, chaussures de sport. Sportswear (anglic.).Adj. (1886, in Höfler). Fam. || Des chaussures sport, de sport (→ Jumeau, cit. 8). || Tailleur sport. || Manteau qui fait un peu trop sport.
4 (…) toute la famille s'était rhabillée, ensemble marron pour Hélène, robe écossaise pour Pierrette et complet sport pour Frédéric.
M. Aymé, le Chemin des écoliers, XII.
(1905). Fig., fam. Ça, c'est du sport !, expression admirative concernant une activité physique. — ☑ (1905). Il va y avoir du sport, de la bagarre.
5 — Il y a des moments où tu mériterais tout simplement une bonne gifle, dit Lambert en tournant les talons. — Essaie donc ! je te jure qu'il y aurait du sport.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 349.
Faire qqch. pour le sport : sans en tirer d'avantage, d'une manière désintéressée (→ Pour la beauté du geste).
2 Adj. invar. (1904, in Höfler). || Être sport : être loyal et sans rancune, selon l'esprit du sport; faire preuve de fair-play. Sportif (4.).
5.1 L'Allemand crut que César voulait parler de la bagarre de l'autre nuit et prit un air avantageux.
— Allez, grande gueule, sois sport ! dit Barnabé qui enleva sa canadienne mais conserva sa trique. Nous célébrons, M. Dietrich et moi, la réconciliation. On a beau se tabasser, ça n'a pas d'importance.
Francis Carco, les Belles Manières, VIII, p. 89.
3 (Un, des sports; les sports). Forme particulière, plus ou moins réglée, de cette activité. || Les sports (→ Concurrence, cit. 5; mesurer, cit. 9; stade, cit. 1). || Pratiquer un, plusieurs sports. || Les principaux sports pratiqués en France, au Japon. || Sports individuels et sports d'équipes.
6 (…) on entend par sport individuel tout sport dont les compétitions groupent des sujets qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes, bien qu'il puisse exister dans ces mêmes sports des épreuves par équipes (exemple : le tennis ou l'aviron) ou que certaines formules (relais, addition des classements ou des temps) peuvent transformer des sports individuels en sports d'équipes.
Jean Dauven, Technique du sport, Introd.
Sports de base. Athlétisme (course, lancer, marche, saut, décathlon, pentathlon); natation (nage, plongeon, water-polo). || Sports de combat. Boxe, catch, escrime (cit. 3), full-contact, judo, karaté, lutte. || Sports individuels. Alpinisme, aviron ou rowing (et apparentés : canoë, kayak), char (à voile), cyclisme, cyclo-cross (sport cycliste), équitation (cit. 1), golf, gymnastique, paume, pelote, planche (à roulettes), poids (poids et haltères), ski (et ski nautique), speed-sail, surf, tennis (et apparentés : badminton, deck-tennis, ping-pong, squash), tir, yachting. || Sports mécaniques. Automobilisme (sport automobile), karting, motocyclisme, motonautisme. || Sports aériens. Aviation, deltaplane, parachutisme, parapente, U. L. M., vol (à voile). || Sports d'équipe. Base-ball, basket-ball, cricket, football (et → Soccer), hand-ball, hockey, motoball, polo, rugby, volley-ball. || Sports de ballon, de balle.(1891). || Sports d'hiver. Bobsleigh, hockey (sur glace), luge, patinage, ski. || Sports de glisse (surf, funboard, snowboard…). || Sports extrêmes.Sports équestres. Équitation, hippisme. || Sports nautiques. Aviron, canoë, planche (à voile), surf, voile. || Sports athlétiques et gymniques (→ ci-dessus). || Haut-commissariat à la Jeunesse et aux Sports. || Institut national des sports. || Athlète qui se distingue dans un sport. Champion, crack.
7 Je reçois un prospectus ronflant pour le progrès du canotage. Ce n'est plus un plaisir, une récréation, un exercice gymnastique; enfin le canotage : c'est le sport nautique, une institution de progrès qui a des présidents, des secrétaires, qui fabrique des discours aux régates (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 29 août 1866, t. III, p. 49.
8 Ce que j'estime surtout dans les sports, c'est la confiance en soi qu'ils procurent à l'homme qui les cultive (…)
H. Bergson, Réponse à une enquête, cité in B. Gillet, Hist. du sport, p. 83.
8.1 Depuis quelque temps, les sports d'hiver, autrefois réservés à de rares privilégiés, étaient devenus accessibles aux gens de condition modeste qui commençaient à s'y précipiter.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 213.
Par ext. Activité de plein air ayant un caractère sportif. Chasse, pêche (cit. 5). || Le sport de la pêche sous-marine.Se dit de certains jeux d'adresse organisés sur le modèle d'un sport (billard, boules, bowling, pétanque).REM. Cet emploi continue l'une des valeurs initiales du mot qui pouvait au XIXe s. s'appliquer, comme l'angl. sport, à des activités de plein air variées (→ ci-dessus, cit. 1.1).
8.2 Voilà (la chasse aux alouettes avec la pantière) la charmante partie d'après-dîner, praticable aujourd'hui même par nos châtelaines et leurs invitées : qu'à l'intention de ces Lectrices, nous indiquait tout à l'heure, un des humoristes les plus exquis et aussi un vieux chasseur, dont le nom, pour notre génération, ne perd rien de son charme; car nous avons la bonne fortune d'ajouter à cette description d'un Sport peu connu qu'elle vient d'être faite ici.
Mallarmé, la Dernière Mode, Pl., p. 754 (1874).
Ensemble d'activités sportives socialement caractérisées. || Sports de masse, de loisirs (opposés aux sports de compétition). || Sport amateur, professionnel.Sport féminin. || Sport scolaire, universitaire, sport corporatif. aussi Association, club.
4 (1879, in Höfler; l'emploi absolu est vx). Fig. (Un sport, le sport de…). Activité ou exercice comparable à un sport. || Il considérait l'industrie comme un sport guerrier (cit. 9).REM. Les emplois du XIXe s. font surtout référence au sens du mot anglais « jeu, distraction, exercice… »; les emplois modernes sont une métaphore du sens 3.
9 (…) ils étaient exercés à ce sport de la causerie française fine, banale, aimablement malveillante (…) qui donne une réputation particulière et très enviée à ceux dont la langue s'est assouplie à ce bavardage médisant.
Maupassant, Fort comme la mort, I, I.
10 Simone, tu as pris tellement l'habitude de me taquiner (…) C'est devenu un sport (…) J'en arrive à ne plus savoir ce que tu penses sérieusement (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. X, IV, p. 35.
Loc. fig. Sport national : activité, attitude habituelle à un peuple. || « Dans un pays où la haine du Tsigane demeure un sport national (…) » (le Nouvel Obs., 17 mars 1993, p. 22).
DÉR. Sporter, sportif.
HOM. Spore.

Encyclopédie Universelle. 2012.