1. vol [ vɔl ] n. m.
1 ♦ Action de voler; ensemble des mouvements coordonnés faits par les animaux capables de se maintenir en l'air pour s'y mouvoir. Vol des oiseaux, des insectes, de certains mammifères (chauve-souris). Spécialt Locomotion aérienne (des oiseaux). Prendre son vol : s'envoler. Oiseau de haut vol, capable de voler haut. Suivre, regarder le vol des mouettes. — « L'oiseau foudroyé en plein vol » (Fromentin). Tirer un oiseau au vol, alors qu'il vole.
♢ Manière particulière de voler. Vol ramé (à battements rapides), plané. Vol à voile, particulier aux oiseaux à ailes longues qui utilisent les courants aériens (cf. ci-dessous, 2o). « Le grand vol anguleux des éperviers rapaces » (Verlaine).
♢ Par métaph. Essor (de ce qui s'élance, se propage). La calomnie « s'élance, étend son vol, tourbillonne » (Beaumarchais). Loc. Prendre son vol : améliorer sa position, sa situation. ⇒ essor. Poét. Le vol du temps (cf. La fuite du temps). « Ô temps, suspends ton vol ! » (Lamartine). — Loc. Au vol : rapidement au passage (au pr. ou au fig.). « Elle attrape au vol tout ce qui tombe » (Colette). Cueillir une impression au vol. — De haut vol : de grande envergure. Un filou, un escroc de haut vol. ⇒ volée. — À vol d'oiseau.
♢ Phys. Temps de vol d'une particule, temps nécessaire pour effectuer son libre parcours moyen.
2 ♦ (1863) Le fait, pour un engin, de se soutenir et de se déplacer dans l'air. Ailes, dispositif de propulsion permettant le vol. Altitude, vitesse de vol. Vol des avions, des hélicoptères, des engins spatiaux. « Vol de nuit », roman de Saint-Exupéry. — Vol horizontal, en palier. Vol acrobatique. Vol plané. Vol à haute altitude; en rase-mottes; au-dessus d'un lieu (⇒ survol) . Conditions, incidents de vol. Vol de réception, pour tester la conformité d'un appareil neuf. En vol, en plein vol : pendant le vol (se dit de l'engin, de son pilote, des passagers). — Heures de vol, accomplies par un professionnel de l'aviation; fig. expérience dans un domaine professionnel. — Vol sans moteur (des planeurs).— VOL À VOILE : manœuvre des engins plus lourds que l'air et sans moteur, qui planent. ⇒ 2. planeur; vélivole.
♢ Déplacement en vol. Vol libre, au moyen d'un deltaplane, sans moteur ni traction. — Le sport ainsi pratiqué (⇒ deltiste, libériste) . Vol d'essai : essai en vol d'un prototype. — Vol de reconnaissance, d'observation, de bombardement. Le vol en provenance de New York est retardé. Vol sans escale, direct. Vols domestiques (anglic.) , à l'intérieur du pays.
♢ Sport Vol relatif : discipline du parachutage consistant en l'exécution de figures par plusieurs sauteurs.
3 ♦ Distance parcourue en volant par un oiseau, un insecte; le fait de voler d'un lieu à un autre. Les vols migrateurs. « Les colombes et les hirondelles ouvraient leurs grands vols du soir » (Barrès).
4 ♦ Par méton. (1774) La quantité d'oiseaux, d'insectes qui se déplacent ensemble dans l'air. ⇒ volée. Un vol de grues, d'oiseaux migrateurs, de moucherons, de sauterelles (⇒ nuage) . « Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal » (Heredia).
5 ♦ (1375) Anciennt Chasse avec des oiseaux de proie. ⇒ fauconnerie, volerie. Vol à la renverse (lâcher de l'oiseau à la rencontre de la proie), à la source (lâcher au moment du départ de la proie).
♢ Équipage des oiseaux de proie utilisés pour la chasse.
6 ♦ Techn. Envergure d'un oiseau.
♢ Blas. Figure de deux ailes d'oiseau. Demi-vol : une seule aile.
⊗ HOM. Vole.
vol 2. vol [ vɔl ] n. m.
• 1610; de 2. voler
1 ♦ Le fait de s'emparer du bien d'autrui (⇒ 2. voler), par la force ou à son insu; action qui consiste à soustraire frauduleusement le bien d'autrui. ⇒ 1. appropriation (2o), détournement (2o); brigandage, cambriolage, escroquerie, larcin, maraudage, maraude, pillage, rapine; fam. arnaque, fauche. « Pour le pauvre, le vol n'est plus ni un délit, ni un crime, mais une vengeance » (Balzac). Commettre un vol. Le vol simple, délit correctionnel devenant crime par diverses circonstances aggravantes (vol qualifié). Vol avec effraction. Vol à main armée (⇒ attaque, hold-up) . Vol à la tire. Vol à la roulotte. Vol à l'étalage. Vol domestique, commis par une personne à gages dans le domicile de son maître; par ext. vol commis par une personne travaillant habituellement dans les lieux du vol. « Le crime n'aurait pas eu le vol pour mobile » (A. Gide). Assurances contre le vol. Dispositif de sécurité contre le vol. ⇒ antivol.
2 ♦ Le fait de prendre à autrui plus qu'il ne doit, ou de ne pas donner ce que l'on doit (⇒ fraude, grivèlerie, resquille). « Un jeu subtil d'amendes, de retenues, de petits vols » (Nizan). « Les vols de l'agio » (Zola). — Le fait de prendre des bénéfices excessifs. Cinq cents francs, ce repas; c'est du vol, c'est un vol manifeste ! ⇒ escroquerie. C'est du vol organisé !
● vol nom masculin (de voler) Action de voler ; suite de mouvements d'ailes coordonnés au moyen desquels les oiseaux, les insectes se soutiennent dans les airs et s'y déplacent : Le vol des abeilles. Distance qu'un oiseau parcourt ou peut parcourir en volant sans se reposer : Le vol de la perdrix n'est pas long. Groupe d'oiseaux, d'insectes se déplaçant ensemble : Un vol d'oies sauvages. Fait pour un avion, un engin de se déplacer dans l'air, dans l'espace : Vol en rase-mottes. Parcours fait avec un avion, un engin ; l'avion lui-même : À quelle heure part le vol 506 ? Littéraire. Déplacement d'un objet léger dans l'air : Le vol des flocons de neige. Fauconnerie Chasse faite avec des oiseaux de proie. Équipage d'oiseaux de proie dressés à chasser le gibier. Théâtre Appareil qui descend des dessus du théâtre et sert à faire paraître ou se mouvoir dans l'air les divinités, les apparitions. ● vol (expressions) nom masculin (de voler) Au vol, pendant le mouvement d'un oiseau dans l'air : Tuer un faisan au vol ; en l'air : Arrêter un ballon au vol ; pendant la marche d'un véhicule : Prendre le bus au vol ; rapidement et avec à-propos : Il faut saisir l'occasion au vol. De haut vol, qui vole habituellement haut ; de grande envergure. Prendre son vol, s'envoler, en parlant des oiseaux, et, dans la langue littéraire, prendre son essor, améliorer sa situation. Vol à voile, mode de déplacement d'un planeur, utilisant les courants aériens. Vol d'onde, vol à voile utilisant les ascendances d'ondes. Vol de pente, vol à voile utilisant les ascendances de pente. Oiseaux de bas vol, l'autour, l'épervier. Oiseaux de haut vol, les faucons, le pèlerin, le gerfaut, le sacre, l'émerillon, le hobereau. Vol libre, sport aérien pratiqué à l'aide d'une aile libre. ● vol (homonymes) nom masculin (de voler) vole nom féminin vole forme conjuguée du verbe voler volent forme conjuguée du verbe voler voles forme conjuguée du verbe voler ● vol (synonymes) nom masculin (de voler) Groupe d'oiseaux, d'insectes se déplaçant ensemble
Synonymes :
- envol
- essor
Littéraire. Déplacement d'un objet léger dans l'air
Synonymes :
- nuée
- volée
● vol
nom masculin
(de voler)
Action de soustraire frauduleusement un bien meuble à un tiers : Commettre un vol.
Fait de vendre un article, un service à un prix excessif : À ce prix, c'est du vol.
● vol (citations)
nom masculin
(de voler)
Pierre Joseph Proudhon
Besançon 1809-Paris 1865
Si j'avais à répondre à la question suivante : qu'est-ce que l'esclavage ? et que d'un seul mot je répondisse : c'est l'assassinat, ma pensée serait aussitôt comprise […] Pourquoi donc à cette autre demande : qu'est-ce que la propriété ? ne puis-je répondre de même : c'est le vol ! sans avoir la certitude de n'être pas entendu, bien que cette seconde proposition ne soit que la première transformée.
Qu'est-ce que la propriété ?
Anonyme
Si j'étais accusé d'avoir volé les tours de Notre-Dame, je commencerais par m'enfuir.
Commentaire
Cette appréciation sur la justice date de la fin du XVIIe siècle. Elle a été attribuée à divers hauts magistrats.
Mikhail Mikhaïlovitch Zochtchenko
Saint-Pétersbourg 1895-Saint-Pétersbourg [Leningrad] 1958
Le vol est l'envers du capitalisme.
Histoire d'une vie
● vol (expressions)
nom masculin
(de voler)
Vol aggravé, vol commis dans certaines circonstances (violence, dégradation, port d'armes, vulnérabilité de la victime…).
Vol qualifié, vol accompagné d'une ou plusieurs des circonstances aggravantes définies par la loi (effraction, escalade, fausses clefs, la nuit, etc.) et qui, selon le cas, est puni d'une peine d'emprisonnement ou de la réclusion criminelle.
Vol simple, vol qui n'est accompagné d'aucune des circonstances aggravantes définies par la loi, puni d'une peine d'emprisonnement et (ou) d'une amende.
● vol (synonymes)
nom masculin
(de voler)
Action de soustraire frauduleusement un bien meuble à un tiers
Synonymes :
- grivèlerie
- hold-up
- larcin
- rapine
vol
n. m.
d1./d Action de s'approprier le bien d'autrui de façon illicite.
|| DR Vol simple: délit de la compétence du tribunal correctionnel.
— Vol qualifié, accompagné de circonstances aggravantes, crime relevant de la cour d'assises.
d2./d Fait d'être malhonnête dans une transaction. Vendre cette marchandise à ce prix, c'est du vol!
————————
vol
n. m.
rI./r
d1./d Locomotion aérienne des animaux pourvus d'ailes, partic. des oiseaux. Le vol de l'aigle.
|| Loc. Prendre son vol: s'envoler.
— Attraper une chose au vol, alors qu'elle est en l'air, qu'elle tombe.
— Fig. Saisir des phrases d'une conversation au vol.
— Fig. De haut vol: qui n'est pas médiocre. Un escroc de haut vol.
— Fig. à vol d'oiseau: en ligne droite.
d2./d Distance parcourue par un oiseau d'une seule traite.
d3./d Ensemble d'oiseaux volant en groupe. Un vol de canards sauvages.
— Par ext. Un vol de criquets.
rII./r
d1./d Déplacement dans l'atmosphère ou dans l'espace extra-terrestre d'un aéronef, d'un engin. Vol d'un avion. Vol orbital d'un véhicule spatial.
— Vol plané, d'un avion dont le moteur est au ralenti ou arrêté.
— Vol à voile, pratiqué avec un planeur.
|| Fait de voler, de se déplacer en aéronef. Ce pilote a dix mille heures de vol à son actif.
d2./d Trajet effectué en volant.
I.
⇒VOL1, subst. masc.
A. — [Corresp. à voler1 I A; à propos d'un animal]
1. [Corresp. à voler1 I A 1] Action d'un animal qui se soutient dans l'air et s'y déplace grâce à ses ailes ou à des organes analogues. Vol de l'aigle; prendre son vol; suivre le vol d'un oiseau, d'un insecte. J'y consacrai [à l'écriture d'un morceau] quinze séances environ (...), avec le vol autour de ma lampe allumée des grands sphinx de nuit, de ces larges papillons de velours sombre (BOURGET, Disciple, 1889, p. 174). C'était, le soir, le vol silencieux des chauves-souris (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 836). V. libellule ex. de France, poisson1 A 3 a ex. de Dumont d'Urville.
♦ Vol nuptial.
— CHASSE. Au vol, en (plein) vol. Pendant que l'animal effectue son déplacement dans l'air. Synon. à la volée (v. volée A 1). Le passage des tourterelles amuse le chasseur au printemps et à l'automne. On les tire au vol dans les orges, au posé sur les figuiers (ABOUT, Grèce, 1854, p. 151).
2. Manière dont un animal utilise dans les airs le mode de locomotion dont il dispose. Vol audacieux, circulaire, léger, lourd, rapide, stationnaire. [La grêle] arrache du front des forêts les châtaignes Et disperse le vol affolé des pigeons (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 190). V. frelon1 A ex. de Ramuz.
♦ Vol plané. V. ce mot I A. Vol ramé. V. ce mot rem. s.v. ramer2.
♦ Vol à voile. Type de vol particulier aux voiliers pourvus d'ailes longues, qui tirent profit des courants aériens. Le Pétrel arctique (...) est très nettement celui qui est le mieux outillé pour le vol à voile (CHARCOT, Mer Groënland, 1929, p. 158).
♦ FAUCONN. Oiseau de haut vol. Oiseau qui a l'habitude de chasser, de voler dans les régions élevées de l'atmosphère. Le bois (...) paraissait mort, où les pies nichaient, où perchaient les oiseaux de haut vol, où se posaient (...) les premiers geais (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 49). Oiseau de bas vol. En fauconnerie, oiseau qui a l'habitude de chasser à une distance rapprochée de la terre. L'autour et l'épervier sont classés comme oiseaux de bas vol (Lar. Lang. fr.).
♦ À vol d'oiseau. À vol d'abeille.
3. Distance séparant les deux bouts des ailes d'un oiseau lorsqu'elles sont déployées. Synon. envergure. Cet oiseau a tant de pieds de vol (Ac. 1798-1878).
4. Espace qu'un oiseau peut franchir d'un trait en volant. Le halbran, forcé dans son refuge par le chien, s'envole assez légèrement et assez rapidement, mais son vol est très court; il se laisse tomber à quelques dizaines de mètres au milieu des roseaux (VIDRON, Chasse, 1945, p. 78). Demi-vol. ,,Vol d'un oiseau qui va s'abattre non loin de l'endroit d'où on l'a fait partir`` (LITTRÉ). Vx. Vol du chapon.
5. Quantité d'oiseaux ou d'insectes se déplaçant ensemble dans l'air. Synon. bande2, nuage, nuée, volée. Vol d'abeilles, de canards, de colombes, de corbeaux, d'hirondelles, de pigeons. Le hall restait nu, tout le colossal approvisionnement du Paris-Bonheur venait d'être déchiqueté, balayé, comme sous un vol de sauterelles dévorantes (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 500).
6. FAUCONNERIE
a) (Chasse au) vol. Capture d'un gibier pratiquée à l'aide d'oiseaux de proie; manière de capturer tel ou tel gibier. Synon. volerie1. Il nourrissait (...) l'ambition de restaurer en France le sport oublié de la chasse au vol. Malheureusement, les problématiques faucons de Norvège (...) ayant trompé son espoir (...), il (...) dressait plus modestement des émouchets au vol de l'alouette et de la pie (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 60).
b) Équipage constitué d'oiseaux de proie dressés et d'hommes formés à la poursuite du gibier. Ce prince entretenait des vols pour toutes sortes d'oiseaux (Ac. 1798-1878).
7. HÉRALD. ,,Ensemble de deux ailes d'oiseau jointes et posées dos à dos, les pointes en l'air`` (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 766). V. péri2 ex. de Proust. Demi-vol. ,,Représentation d'une seule aile d'oiseau`` (LITTRÉ). Vol abaissé. Vol banneret.
8. [Corresp. à voler1 I A 3] Action de courir à grande vitesse. Je voyais (...) — emportée par le vol de deux chevaux ardents, minces et contournés comme on en voit dans les dessins de Constantin Guys (...) — une incomparable victoria (PROUST, Swann, 1913, p. 419).
B. — [Corresp. à voler1 I B; à propos d'un inanimé]
1. [Corresp. à voler1 I B 1] Fait de se soutenir et de se déplacer en l'air sous/sans l'effet d'un agent extérieur. Le mois d'octobre s'écoula, des cieux gris et tristes, où le vent ne cessait que pour ramener bientôt des vols plus sombres de nuages (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 499).
— P. métaph. ou au fig.
♦ [Dans l'espace et de manière fictive] Mouvement imaginaire effectué par un ou plusieurs éléments naturels, par un ou plusieurs objets fabriqués par l'homme; groupe d'éléments, d'objets censés effectuer un tel mouvement. L'âme française déployait la force d'expansion qui lui permettait (...) de suspendre à cent pieds du sol le vol majestueux des voûtes ogivales (FAURE, Hist. art, 1912, p. 301).
♦ [Dans le temps] Qu'une année au léger vol Comme étrennes, apparie Repos ou santé pour Paul Et le rire de Marie (MALLARMÉ, Vers circonst., 1898, p. 127).
♦ Au vol. [Dans une situation requérant vivacité intellectuelle, à-propos] C'est un moment si calme qu'on attraperait, au vol, une des lois de la nature, comme ça, sans le faire exprès (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 51).
♦ De haut vol. De niveau élevé, connu pour son caractère remarquable. Il se faisait l'effet d'un riche maniaque en train d'assister dans un bordel de haut vol à une exhibition spéciale (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 274).
2. [Corresp. à voler1 I B 2]
a) Fait d'être transporté en l'air d'un point à un autre en s'y maintenant en suspension. L'hiver vint tout d'un coup. La chute des flocons de neige commença, emportés d'un vol cinglant et capricieux, comme des mouches (MOSELLY, Terres lorr. 1907, p. 47).
b) Fait de s'agiter sous l'effet de l'air. À l'aube, apparaissent les bricks légers et clairs, Avec leur charge d'ambre et de minerai rose Et le vol bigarré des pavillons dans l'air Et les agrès menus où des aras se posent (VERHAEREN, Mult. splendeur, 1906, p. 104).
3. [Corresp. à voler1 I B 3] Déplacement d'un objet aérien, d'un aéronef, d'un engin spatial à travers l'atmosphère, dans l'espace. Vol balistique, cosmique, orbital; vol en orbite. Cet avion a sa place exacte dans ce hangar, comme dans cinq minutes dans ce ciel. Ce vol aussi bien calculé que le lancement d'un navire (SAINT-EXUP., Courr. Sud, 1928, p. 5).
♦ En (plein) vol. Pendant que l'objet se déplace ainsi. Ravitaillement en vol. Un tel réacteur pourrait être utilisé pour fournir les impulsions nécessaires à changer en vol l'orientation et la vitesse de la fusée, en particulier en utilisant la technique nouvelle du moteur ionique (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 272).
♦ Prendre son vol. Les fusées ayant pris leur vol, le contrôle fut effectué alors par le compteur disposé sur la surface de la cabine (L'Humanité, 16 août 1962, p. 7, col. 7-8 ds GUILB. Astronaut. 1967).
♦ Vol libre. Vol sans téléguidage que l'on fait effectuer à un modèle réduit. Les ailes de planeurs de vol libre de type E 58, 59, 61 (...) du fait de leurs profils de 5,6 % environ sont particulièrement difficiles à construire (THIES Aéromodélisme 1984).
♦ Vol de pente. Vol qu'un planeur effectue en utilisant les vents ascendants produits par une déformation de relief (d'apr. THIES Aéromodélisme 1984).
♦ Vol plané. V. ce motI B.
— P. méton., rare. Groupe d'aéronefs se déplaçant ensemble dans les airs. De la direction de Lille, un vol d'avions se montra. Ils étaient bas et rapides (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 410).
4. [Corresp. à voler1 I B 4] Fait d'être projeté dans l'air; ensemble de choses projetées. Des coups de revolver crépitèrent, un vol de balles s'étira sur leurs têtes en sifflant. — À l'eau, les gars! chuchota Sarcelotte (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 277).
— Au vol. En tentant d'atteindre un objet qui se déplace rapidement dans l'espace. Synon. à la volée. On se mit à pousser les andains en un tas, rattrapant au vol ou courant après des poignées de ce foin qui partaient en l'air et se collaient aux branches comme des haillons (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 265).
♦ Prendre qqc. au vol. V. prendre 1re Section I B 1 a.
— En partic. Déplacement d'un objet, sonore ou non, autour de son axe ou sur lui-même; son produit par ce déplacement. Synon. volée. La grande paix oisive du dimanche semblait s'épandre du dehors, avec un vol lointain de cloches, sonnant le dernier coup des vêpres (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 327). Ce vol muet des courroies et des poulies, ce va-et-vient des pistons et des bielles (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 273).
5. [Corresp. à voler1 I B 5] Fait de se déplacer avec rapidité sur le sol, sur l'eau. Le Zeemeeuw filait, incliné à bâbord, d'un vol glissé, au rythme doux et large, droit vers une ligne d'infini qui marquait la haute mer (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 131).
6. [Corresp. à voler1 I B 7] Fait de s'écouler rapidement. Synon. cours, envolée. Que les journées sont courtes, et que je voudrais « suspendre le vol » de cet été béni, où je puis si librement, si totalement, plonger dans le travail! (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. CXII).
C. — [Corresp. à voler1 I C; à propos d'une pers., d'un attribut de la pers.]
1. [Corresp. à voler1 I C 1] Action de se soutenir dans l'air et de s'y mouvoir comme un oiseau. Le vol sauvage des Walkyries aux cris stridents avait passé sur le ciel de la Grèce (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 438).
♦ Vol plané. V. ce mot I C.
— P. méton. Groupe de personnes, d'êtres assimilés à des personnes, qui se déplacent dans les airs. Ma mère renversait la tête vers les nuées, comme si elle eût attendu qu'un vol d'enfants ailés s'abattît (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 11).
— SPORTS. ,,Compétition de saut sur des tremplins géants permettant de franchir des distances supérieures à 120 m`` (GAUTRAT Ski 1969).
— THÉÂTRE. Action d'un acteur qui apparaît ou se déplace dans les airs, au moyen d'une machine. Il y a dans cet opéra des vols bien hardis, bien exécutés (Ac. 1798-1878).
— P. métaph. ou au fig. [Notamment sur le plan intellectuel, esthét., affectif] À chacune de ses paroles se levaient, au plus profond de mon être, des vols d'images, de souvenirs et de douleurs (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 226).
♦ Prendre son vol. Prendre son essor. Dans les revues, des chansons prenaient leur vol et faisaient leur chemin (Arts et litt., 1935, p. 78-2).
♦ De grand, de haut vol. De grande envergure dans son activité spécifique. Synon. de haute volée (v. volée III A 3 c). Élisabeth y ajoute [à sa volonté de régner] le désir d'une royauté spirituelle. Très vite, introduire (dans mon récit) la jalousie de Christine. Ce sont des êtres de grand vol et que le meurtre ne fait pas reculer (BARRÈS, Cahiers, t. 14, 1923, p. 242).
♦ Loc., vieilli. De plein vol. Sans occuper les degrés intermédiaires d'une hiérarchie. Cet homme politique n'a été ni chef de cabinet, ni secrétaire d'État; il est arrivé de plein vol au ministère (Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
♦ Avoir le vol pour telle ou telle chose (vx). Posséder des talents particuliers pour réussir dans tel ou tel type d'activité. C'est un homme qui a été employé dans plusieurs affaires importantes, il a le vol pour les négociations (Ac. 1798-1878). Prendre son vol. (Commencer à) acquérir de l'influence, de la notoriété, connaître le succès. Comment les placer [les fils cadets] sous-lieutenants dans l'armée, après le vol qu'on a laissé prendre à ces maudits sous-officiers? (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 178).
♦ Prendre un vol hardi (vx). S'élever à des compositions requérant un haut niveau de qualité, s'élever à un ordre de réalités supérieures. Notre philosophie ne prend pas un vol si hardi. Nous tâchons de rester dans la sphère des idées que la raison de l'homme peut atteindre (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 460).
♦ Prendre un vol trop haut, un trop grand vol, un vol bien hardi (vieilli). ,,Prendre des manières plus hautes que celles qui conviennent à la qualité dont on est, faire plus de dépense qu'on ne doit ou qu'on ne peut`` (Ac. 1798-1935).
2. [Corresp. à voler1 I C 2] Action de se déplacer à travers l'espace, en tant que pilote ou passager, dans/sur un appareil de locomotion aérienne, dans un engin spatial. Essais en vol; heures de vol; l'heure du vol numéro tant; ligne, plan de vol; vol à basse altitude; vol d'essai, de nuit, de reconnaissance; vol sans visibilité; annuler un vol; arriver par le vol numéro tant; le vol numéro tant est annoncé, attendu. Les Soviétiques nous indiquèrent, d'abord, que l'équipage de notre avion ne (...) [connaissait] ni la route, ni les signaux (...); ensuite, que le mauvais temps rendrait le vol trop aléatoire en ce commencement d'hiver (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 59).
— AVIAT. Feuille de vol. Simulateur de vol.
♦ Vol plané. V. ce motI B.
♦ Vol régulier. Vol programmé et publié par une compagnie aérienne (d'apr. Tourisme Loisirs 1982). Vol supplémentaire. Vol non programmé s'ajoutant aux vols réguliers (d'apr. Tourisme Loisirs 1982).
— SPORTS, LOISIRS
♦ Vol à voile. Activité consistant dans le pilotage d'un planeur qui utilise comme moteur l'énergie aérologique. Entre les deux guerres mondiales, les Allemands vont se remettre au vol à voile avec des intentions militaires (P. GERMA, Depuis quand? Paris, Berger-Levrault, 1982, p. 340).
♦ Vol libre. Vol effectué à bord d'une aile volante (v. volant1 B 3). 1973. L'Américain Kishazy effectue en vol libre la descente du Mont Blanc (PETIOT 1982).
♦ Vol de pente. Discipline voisine du parachutisme, ,,qui se pratique surtout en montagne où les dénivelés permettent aux parachutistes de décoller en s'aidant de la pente et d'utiliser durant le vol les ascendances dues au relief`` (Magazine hebdo, 31 août 1984, p. 47, col. 2).
3. [Corresp. à voler1 I C 3] Action de se déplacer rapidement sur le sol, vers un lieu déterminé; groupe de personnes se déplaçant ensemble avec rapidité. C'est un sombre vol de cinq cents cavaliers, Pirates du désert, vivant Sémoûn qui rôde, Jour et nuit, à travers les sables familiers (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 123). Prendre son vol. Les collégiens ont pris leur vol vers le toit paternel (Lar. 19e-20e).
— Au vol. En se déplaçant rapidement vers un objet ou une personne immobiles; en tentant d'atteindre une personne qui se déplace rapidement. Prendre le train au vol. L'araba tour à tour se précipite dans de longs chemins silencieux (...), puis ralentit au milieu d'une place (...) Au vol, j'entrevois une gigantesque mosquée (...) Enfin, la voiture s'arrête (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 157).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1172-90 « action de voler (en parlant d'un oiseau) » (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 4165: le vol); b) 1864 vol ramé, vol à voile (D'ESTERNO, Brevet 61.665, 26 janv. ds GUILB. Aviat., p. 647 et p. 699a, s.v. ramer); 1869 vol plané (MAREY ds Rev. des cours scientifiques, p. 603, ibid., p. 632a, s.v. plané); 2. a) 1205-50 de plein vol « directement, sans intermédiaire » (Renart, éd. E. Martin, branche XIII, 446, t. 2, p. 55: li autre vindrent de plein vol); ca 1485 (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 45932: de plain vol); 1686 (BAYLE, Commentaire philos. ds Œuvres diverses, t. 2, 1727, p. 390: directement et de plein vol); b) ) 2e moit. XIIIe s. prendre son vol (Roncevaux, éd. W. Foerster, p. 333: [l'épervier] prist son vol); ) fin XVIe-déb. XVIIe s. fig. « s'en aller » (PASQUIER, Recherches de la France, éd. 1665, p. 738: prit son vol dans Geneve); 1611 (J. BERTAUT, Œuvres poét., éd. 1620, p. 324); ) ca 1580 fig. « prendre son essor, commencer à progresser » (D'AUBIGNÉ, Printemps, préf., éd. H. Weber, 1960, p. 38: Prends ton vol, mon petit livre); fin XVIe-déb. XVIIe s. (PASQUIER, op. cit., p. 241: voulant prendre son vol trop haut); c) ) 1486 haut vol, bas vol (GUILLAUME ALEXIS, Le Blason des fausses amours, éd. A. Piaget et E. Picot, t. 1, p. 225: Qui du hault vol Vient au bas vol); ) 1788 du haut vol fig. « de grande envergure dans son genre » (CAZOTTE, L'Honneur perdu et recouvré, éd. 1817, p. 39: une jongleuse du haut-vol); 1846 de grand vol (MICHELET, Peuple, p. 201: un homme important, de grand vol); 1857 de haut vol (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, p. 37: grands seigneurs de haut vol); d) ) 1750 au vol (FOUGERET DE MONBRON, Le Cosmopolite, éd. 1753, p. 68: vapeurs qui [...] tuoient les oiseaux au vol); 1765 (DIDEROT, Lettres à S. Volland, t. 2, p. 107: on tire au vol); 1863 en plein vol (FROMENTIN, Dominique, p. 6: l'oiseau, foudroyé en plein vol); ) 1750 au vol fig. (FOUGERET DE MONBRON, Margot la Ravaudeuse, p. 44: il fallait, pour ainsi parler, la saisir au vol [Marguerite, un modèle pour peintres]); 1810 (STAËL, Allemagne, t. 1, p. 143: l'esprit allemand [...] ne saisit rien au vol); 1821 (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 2, p. 31: l'élégant papillon qu'il a saisi au vol); e) ) 1776 à vol d'oiseau « d'un point élevé » (BONNET, Lettre, XXXIII ds Œuvres d'hist. nat. et de philos., t. 12, 1781, p. 221: il [...] ne voit les objets qu'à vol d'oiseau); [cf. en archit. l'expr. à vue d'oiseau (en parlant du plan d'un bâtiment) 1676, FÉLIBIEN, p. 769, s.v. veue: Veue d'Irondelle, ou Veuë d'Oiseau]; 1816 (MAINE DE BIRAN, Journal, p. 192: cette belle vallée, vue à vol d'oiseau); ) 1771 à vol d'oiseau « en ligne droite » (Trév., s.v. oiseau); 3. a) fin XIIIe s. « les ailes de l'oiseau » (Medicinal des oiseus, ms. Oxford Bodl. Digby 86, f° 54 ds TILANDER, Glanures lexicographiques, Lund, 1932); 1377 (GACE DE LA BUIGNE, Deduis, éd. Å. Blomqvist, 9441: grosses espaulles et lonc vol); b) 1611 hérald. vol « meuble figurant deux ailes d'oiseau » (COTGR.); 1671 demy-vol « meuble figurant une aile d'oiseau » (POMEY); 1690 demi vol (FUR.); 4. 1376 « chasse faite avec des oiseaux de proie » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, § 114, 17: les biaus vols que un esprevier fait); 5. a) 1530 « groupe d'oiseaux se déplaçant ensemble dans l'air » (PALSGR., p. 207b: Company of wylde foule — vol); 1552 (RABELAIS, Quart Livre, éd. R. Marichal, chap. 30, p. 144: les pensées, comme un vol d'estourneaulx); b) 1549 « équipage d'oiseaux de proie dressés à la chasse » (Compte 4e de R. de Bouloingne, f° 257 r°, Ch. des Comptes de Lille, B 2476 ds GDF. Compl.: ung vol d'oiseaulz pour herrons); 6. a) 1506 dr. vol du chapon (Anc. Coutumes de sens, art. 190 ds Nouv. Coutumier gén. t. 3, p. 498a); 1564 (THIERRY: le vol d'un chapon); b) 1606 « distance qu'un oiseau peut parcourir d'un trait » (NICOT, s.v. tire); 1636 (MONET). B. 1. 1176-81 « mouvement, course d'un objet dans les airs » (CHRÉTIEN DE TROYES, Charrette, éd. M. Roques, 765: Si li cheï tot a un vol La lance et li escuz del col); 2. a) 1550 fig. « essor, extension d'une action, d'une faculté, etc. » (RONSARD, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 1, p. 135: La plume [du poète] bien aprise Dresse son vol aus cieus); 1560 (ID., ibid., t. 3, p. 188, var.: un vol si hault [de la pensée]); b) 1575 fig. « mouvement, progression d'une chose abstraite » (ID., ibid., t. 17, p. 82: le vol de son renom); 1576 (DESPORTES, Les Premieres œuvres, Paris, f° 223 r°: Quand quelquefois je pense au vol de ceste vie); 1601 (MONTCHRESTIEN, Reine d'Escosse, éd. J. D. Crivelli, p. 152: bien que son vol [du temps] soit invisible). C. 1. 1686 théâtre « apparition ou mouvement en l'air d'un acteur soutenu par un appareillage » (FONTENELLE, Entretiens sur la pluralité des mondes, éd. 1687, p. 15); 2. a) 1863 aéron. (Prince DE WITTGENSTEIN ds Presse scientif. des Deux Mondes, 16 oct., p. 452 ds GUILB. Aviat., p. 698b); b) 1875 vol à la voile (DUROY DE BRUIGNAC, Recherches sur la navig. aérienne, p. 30, ibid., p. 701b); 1884 vol à voile (DE LOUVRIÉ ds L'Aéron., mai, p. 79, ibid., p. 702b); 1889 vol plané artificiel (VEYRIN ds L'Aéron., mars, p. 53, ibid., p. 703a); [1898 vol ramé, vol plané (Nouv. Lar. ill., s.v. aviation: les orthoptères sont des appareils [...] destinés à imiter le vol ramé [...] les aéroplanes ont pour objet d'imiter le vol plané)] 1932 vol ramé (Lar. 20e, s.v. ramer); 1903 vol plané (La Vie automobile, I, p. 193 ds QUEM. DDL t. 33); 1907 vol plané (Nouv. Lar. ill. Suppl., s.v. aviation); 1913 p. ext. vol plané « chute » (DUVERNOIS, Nounette, p. 60 ds ESN. Poilu, s.v. plané); 3. 1921 vol de nuit (Lar. mens., p. 420b); 1921 en vol (ibid., p. 392b); 1935 heures de vol (Ac.); 1941 vol de reconnaissance (L'Œuvre, 18 janv.); 1943 vol d'essai (Military Dictionary, p. 748 ds QUEM. DDL t. 22); 1962 premier vol (Industr. aéron. fr., p. 4); 1954 vol sans visibilité (Lar. mens., p. 466a); 1964 vol à vue, vol aux instruments (Lar. encyclop.); 1964 vol no... pour ... (ROB.); 4. 1946 astronaut. vol cosmique (A. ANANOFF, Nav. interplanétaire, p. 42); 1961 vol orbital (Combat, 13 avril, p. 10d ds GUILB. Astronaut., 535); 5. 1937 sports vol sur ski (La R. du ski, n° 5, juill., III ds QUEM. DDL t. 36); 1951 vol à skis (La Montagne, n° 352, mars-avr., p. 25, ibid.); 1967 vol à skis, ou absol., vol (J. FRANCO, Le Ski, p. 79 ds ROB. Suppl. 1970); 6. [1974 vol libre (date de la création de la Fédération fr. de vol libre, cf. Quid 1985, p. 1645a)] 1977 (L'Express, 5 déc., p. 46, col. 3: cours de vol libre). Déverbal de voler1. Bbg. BLOCHW.-RUNK. 1971, p. 194 (s.v. vol habité). — DARM. Vie 1932, p. 28. — QUEM. DDL t. 27, 28. — Sculpt. 1978, p. 697.
II.
⇒VOL2, subst. masc.
A. — [Corresp. à voler2 I A et II A]
1. Action de s'emparer frauduleusement de ce qui appartient matériellement à autrui. Synon. brigandage, cambriolage, pillage, rapine. Vol audacieux; petit vol; vol de voiture; vol avec effraction; commettre, faire un vol; être accusé/inculpé de vol ; détecteur de vol. Ce que vous appelez le meurtre et le vol est en effet la guerre et la conquête, fondements sacrés des empires et sources de toutes les vertus et de toutes les grandeurs humaines (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 78). V. larcin ex. 2.
♦ Vol d'enfant. Synon. de kidnapping, enlèvement, rapt. Le plus curieux, c'est de voir ces ilotes civilisés (...) soigner leurs enfants, accomplir avec joie les œuvres de servage, que dis-je? pousser à l'extension du servage, encourager les vols d'enfants (MICHELET, Insecte, 1857, p. 265).
♦ Vol à l'abecquage. Vol à l'américaine. V. américain III B 2. Vol au bonjour. Vol à la carre. V. ce motdér. s.v. carrer. Vol à la cire. Vol à l'écornage. Vol à l'écorne. V. ce mot rem. s.v. écornage. Vol à l'esbrouf(f)e. Vol avec escalade. Vol à l'esquinte. V. ce mot rem. s.v. esquinter. Vol à l'étalage. Vol à la fourchette. Vol à main armée. V. armé II A. Vol au poivrier. V. bonjour A 2 ex. de Aymé et poivrier C ex. de Macé. Vol au rendez-moi. Vol à la roulotte. Vol à la tire. V. tire2 B 1.
— DROIT
♦ Vol domestique. Vol commis par un domestique, un employé de maison, soit envers son employeur à l'intérieur des locaux que celui-ci possède et dans lesquels il l'accompagne, soit envers des personnes se trouvant dans l'habitation de son employeur (d'apr. CAP. 1936).
♦ Vol qualifié. Vol simple. ,,Vol qui, faute de circonstances aggravantes, ne constitue qu'un délit correctionnel`` (CAP. 1936).
— P. anal., BIOL., MÉD. Vol sous-clavier, de la sous-clavière. Ensemble des troubles liés à une déficience aiguë de l'irrigation sanguine du cerveau, et plus particulièrement, au rétrécissement ou à l'obstruction d'une artère sous-clavière, donnant l'impression que l'artère sous-clavière atteinte vole le sang destiné au cerveau (d'apr. MAN.-MAN. Méd. 1977). En cas de manifestations vertébro-basilaires liées à un vol sous-clavier, la cure chirurgicale de la sténose sous-clavière est en général indiquée (Cardiol. 1986).
— P. anal., INFORMAT. Utilisation d'un cycle mémoire, considéré comme volé au processeur central, par un processeur d'entrée-sortie (d'apr. MORVAN Informat. 1981).
2. P. méton. Ce dont on s'empare et qui est la propriété d'autrui. Vous supprimez stupidement la Loterie, les cuisinières n'en volent pas moins leurs maîtres, elles portent leurs vols à une Caisse d'Épargne (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 639).
B. — 1. [Corresp. à voler2 I B] Action de déposséder quelqu'un de ce qui lui appartient moralement. Le blason est libre; il est protégé contre le vol et l'usurpation, mais simplement en tant que propriété particulière. Ainsi, il est défendu à un viticulteur de mettre sur les étiquettes de ses bouteilles le blason qu'il a trouvé au fronton des grilles du château qu'il vient d'acquérir (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 752).
— [La chose dont on s'empare fait partie intégrante de la pers. concernée] V. digne A 1 b ex. de Musset.
♦ BIOL., MÉD. Vol de la pensée. Symptôme dans lequel un malade a l'impression qu'on lui dérobe ses idées (d'apr. MOOR 1966).
2. [Corresp. à voler2 I D et II C] Action de déposséder un écrivain du fruit de son activité intellectuelle. Synon. plagiat. Ces dernières constatations s'accordaient mal avec l'hypothèse d'un plagiat ou d'un vol, et (...) je demandai à la Nationale cette revue où j'avais lu à sa naissance la nouvelle de Forestier... Je ne m'étais pas trompé: la description du bain était la même, avec quelque chose cependant de moins guindé et de plus radieux (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 9).
C. — [Corresp. à voler2 II B] Action de léser sciemment quelqu'un dans ses intérêts matériels en lui demandant plus d'argent qu'il n'en doit réellement ou en ne lui donnant pas ce qui lui est dû. Synon. escroquerie, exploitation, grivèlerie. Il m'a demandé huit francs pour une botte de radis, c'est du vol! (Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1606 « fait de s'emparer du bien d'autrui » (J. BERTAUT, Rec. de quelques vers amoureux, éd. L. Terreaux, p. 23: l'une exerce le vol, et l'autre le recele); 1610 (Hist. de la navigation de Jean Hugues de Linscot, p. 19: vivants de vol et de proye); 1611 (COTGR.); b) 1648 vol domestique (PATIN, Lettres, éd. P. Triaire, t. 1, p. 593); 1690 vol qualifié (FUR.); 1718 vol avec effraction (Ac.); 1765 vol simple (Encyclop.); 1812 vol à main armée (MOZIN-BIBER); [1836 vol à la roulotte (VIDOCQ d'apr. Lar. Lang. fr., s.v. roulotte)] 1844 vol à la roulotte (Dict. arg. « Myst. Paris », p. 105 ds TLF t. 14, s.v. roulotte); 1836 vol à la tire, vol au rendez-moi (VIDOCQ, Voleurs, t. 1, p. 205; t. 2, p. 62); 1840 vol à l'américaine (PROUDHON, Propriété, p. 332); 1901 vol à l'étalage (BRUANT, p. 448); c) 1840 expr. la propriété, c'est le vol! (PROUDHON, op. cit., p. 132); 2. 1635 fig. « rapt prétendu d'un objet, sur lequel on se donnait, à tort ou à raison, des droits » (CORNEILLE, Médée, IV, 1: au vol que tu me fais); 3. 1668 « objet dérobé à autrui » (MOLIÈRE, L'Avare, V, 3: vouloir retenir le vol qu'il m'a fait); 4. 1690 « fait de léser autrui dans ses intérêts; action de vendre un article en prenant un bénéfice excessif » (FUR.); 5. 1923 psychanal. vol de la pensée (G. REVAULT D'ALLONNES, La Polyphrénie, in Annales médico-psychol., II, p. 238 ds QUEM. DDL t. 29, s.v. extorsion); 6. 1973 informat. vol de cycle (GING.-LAURET). Déverbal de voler2.
STAT. — Vol1 et 2. Fréq. abs. littér.:3 346. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 906, b) 6 565; XXe s.: a) 5 901, b) 3 828.
1. vol [vɔl] n. m.
ÉTYM. V. 1175; de 1. voler.
❖
1 Ensemble des mouvements coordonnés que font les animaux capables de se maintenir en l'air pour s'y mouvoir à l'aide d'organes appropriés (ailes). || Le vol des oiseaux, des insectes, de certains mammifères (chauve-souris). — Spécialt. Locomotion aérienne des oiseaux. — ☑ Loc. Prendre son vol, son essor : s'envoler (→ Palpiter, cit. 8; prudent, cit. 7). || Baisser son vol (→ Raser, cit. 10). || Suivre, regarder le vol des mouettes (cit. 3). || Divination par le vol des oiseaux (⇒ Présage; → Astrologie, cit. 2; prédiction, cit. 1). — (Loc. avec en, à, de). || Oiseau en vol. || Oiseau foudroyé (cit. 5) en plein vol. — Tirer un oiseau au vol, alors qu'il vole (→ Casquette, cit. 3). || Tir au vol. — Oiseaux de haut (cit. 16) vol. — Manière particulière de voler. || Vol ramé, à battements rapides. || Vol plané (→ ci-dessous, 3.). || Vol faible (→ Guillemot, cit.), puissant; lent, preste (→ Filet, cit. 22), rapide. || « Le grand vol anguleux des éperviers (cit. 3) rapaces. »
1 Quand j'étais tout petit, et que je tourmentais des hannetons, il y avait chez ces pauvres insectes un mouvement qui me donnait presque la fièvre. C'est quand je les voyais faisant ces efforts réitérés pour prendre leur vol, sans néanmoins s'envoler, quoiqu'ils eussent réussi à soulever leurs ailes.
Balzac, Albert Savarus, Pl., t. I, p. 811.
2 Sa parole, semblable à ces oiseaux de haut vol qui ne sont à l'aise que dans l'espace et l'étendue, avait trouvé sa région.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 31 déc. 1849.
3 Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu
Ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
M. Druon et J. Kessel, Chant de la Libération (Chant des Partisans, 1940-1944).
♦ Loc. || Vol à voile : type de vol particulier aux oiseaux dits voiliers (→ ci-dessous le sens courant).
2 (V. 1175). Par métaphore. Essor de ce qui s'élance, se propage. || « La calomnie (cit. 5) s'élance, étend son vol, tourbillonne ». || « Alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues » (→ Migration, cit. 3). — ☑ Loc. Prendre son vol (ou son essor) : améliorer sa position, sa situation (cf. Se lancer). — Spécialt. || Le vol du temps : l'écoulement rapide de la durée, la fuite du temps. ⇒ Temps. || « Ô temps, suspends ton vol !… » (→ Délice, cit. 9).
♦ ☑ Loc. En vol, en plein vol : en plein essor. — ☑ Au vol, se dit de ce qui est lancé en l'air, et, par ext., de ce qui passe très vite, doit être saisi au passage (au propre ou au figuré). || Attraper (cit. 15) au vol un morceau de sucre. ⇒ Happer. || Rattraper (cit. 2) au vol qqn qui tombe (→ Homme, cit. 156). || Cueillir une impression au vol (→ Notation, cit. 3). || Saisir qqch. au vol (→ Frénésie, cit. 4); c'est une occasion à saisir au vol.
4 L'esprit allemand (…) a besoin d'approfondir pour comprendre; il ne saisit rien au vol (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, IX.
♦ ☑ À vol d'oiseau (cit. 23 et supra). — ☑ Loc. fig. : De haut vol : de grande envergure. || Un filou, un escroc de haut vol.
3 (1863). a Le vol, le vol de…, déplacement, orienté dans l'atmosphère, d'un engin capable de se soutenir en l'air. || Ailes (⇒ Voilure), dispositif de propulsion (⇒ Hélice, réacteur) permettant le vol. — Vol des avions, des hélicoptères, des engins spatiaux, des ballons, des dirigeables. — Altitude, vitesse de vol. || Autonomie de vol. || Vitesse minimale de vol, permettant la sustentation. || Domaine de vol, défini par un rapport entre la vitesse et l'altitude. — Vol horizontal, vol en palier; en montée, en descente. || Vol acrobatique. ⇒ Acrobatie. || Vol plané (moteurs arrêtés). || Vol à haute altitude; en rase-mottes; vol au-dessus d'un lieu (⇒ Survol). || Début (⇒ Décollage), fin du vol (⇒ Atterrissage). — Conditions, performances; incidents de vol. || Qualités de vol : maniabilité d'un avion. — En vol, en plein vol, se dit de l'engin (avion, planeur) et des personnes qui l'occupent (⇒ Passager, pilote; → Moteur, cit. 5; patrouille, cit. 6). || Tenue de vol (→ Serre-tête, cit. 3). — Heures de vol, accomplies par un professionnel de l'aviation. || Le pilote a plus de deux mille heures de vol.
♦ Loc. || Vol à moteur : technique des appareils volants à moteur; spécialt, voltige. || Fédération française de vol à moteur. — Vx (1907, in Petiot). || Vol mécanique : vol à moteur.
♦ (1864). || Vol à voile : manœuvre des engins plus lourds que l'air et sans moteur, qui planent en utilisant leur vitesse initiale et les mouvements aériens, notamment les courants verticaux (⇒ Planeur). || Faire du vol à voile. — Vx. || Vol sans moteur.
♦ (1978). || Vol libre : vol à voile à l'aide d'appareils très légers. ⇒ Delta (aile), deltaplane. || Faire du vol libre.
♦ Absolt (en parlant des planeurs). || Vol remorqué, lancé, au sandow. || Vol de pente, de nuage.
b (Un, des vols). Déplacement en vol. || Faire plusieurs vols en une journée. || Vol de nuit. — (1943, in D. D. L.). || Vol d'essai : essai en vol d'un prototype. — Vol de reconnaissance, d'observation, de bombardement. || Les vols qui partent d'un aérodrome. || Les vols de la matinée, du soir. || La durée du vol est de quatre heures. ⇒ Envolée (régional : Canada). || Le vol no 5 pour New York est retardé. || Vol sans escale. ⇒ Non-stop. — Le tarif des vols. || « Vols loisirs », « vols vacances », etc.
5 Le chef de piste jette un dernier coup d'œil (…) Cet avion a sa place exacte dans ce hangar, comme dans cinq minutes dans ce ciel. Ce vol aussi bien calculé que le lancement d'un navire.
Saint-Exupéry, Courrier Sud, I, II.
4 (XVIe). Distance parcourue en volant par un oiseau, un insecte; le fait de voler d'un lieu à un autre. || Grand vol migrateur. || Vol nuptial des abeilles (cit. 4).
6 (…) et déjà les colombes et les hirondelles ouvraient leurs grands vols du soir.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, I.
5 Par anal. || Vol à skis : sorte de saut à ski, dépassant 90 mètres, distance extrême autorisée dans les épreuves de saut proprement dit. — Compétition où l'on pratique ce genre de saut.
6.1 Des concours ont lieu qui prennent le nom de vol à skis (et non pas de saut). Le record actuel sur ces tremplins est de 141 m. Des vols de 120 m sont courants.
Jean Franco, le Ski, p. 79.
6 Phase du saut entre l'appel ou le lâcher de prise et la réception au sol, en gymnastique.
♦ ☑ Loc. fig. Faire un vol plané, une chute.
♦ ☑ (XVIe). Loc. (Anciennt). Vol du chapon : étendue d'un arpent qui revenait à l'aîné.
B (1774). Par métonymie. Quantité d'oiseaux, d'insectes, etc., qui se déplacent ensemble dans l'air. ⇒ Volée (I., 2.). || Vol nombreux, compact. ⇒ Agglomération, masse. || Vol de grues (cit. 1), d'oiseaux migrateurs (→ Direction, cit. 7). || Vol d'insectes (cit. 5), de moucherons (2. Moucheron, cit. 2), de sauterelles (⇒ Nuage). || « Comme un vol de gerfauts (cit. 2) hors du charnier natal ».
♦ Par anal. || Un vol de pluie, de grêle : des gouttes, des grêlons qui semblent voler ensemble (poussés par un coup de vent). → 2. Cingler, cit. 5. — Vx. || Un vol de flèches. ⇒ Volée. || Un vol de linges (cit. 6). ⇒ Envol.
♦ Par métaphore :
7 Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.
Mallarmé, Hommages et Tombeaux, « Le tombeau d'Edgar Poe », p. 70.
C (1375). Anciennt. a Chasse avec des oiseaux de proie. ⇒ Fauconnerie, volerie (1.). || Vol à la renverse (lâcher de l'oiseau à la rencontre de la proie), vol à la source (lâcher au moment du départ de la proie), etc.
8 On ne saurait imaginer un équipage plus varié ni plus complet : meute pour le sanglier, meute pour le loup, meute pour le chevreuil, vol pour corneille, vol pour pie, vol pour émerillon, vol pour lièvre, vol pour les champs.
Taine, les Origines de la France contemporaine, I, t. I, p. 145.
D Techn.
1 (XIIIe). Envergure (d'un oiseau).
2 (1611). Blason. Figure de deux ailes d'oiseau. || Demi-vol : une seule aile.
➪ tableau Termes de blason.
❖
HOM. 2. Vol, vole, formes des v. 1. et 2. voler.
————————
2. vol [vɔl] n. m.
ÉTYM. 1610; de 2. voler.
❖
1 Le fait de s'emparer du bien d'autrui, par la force ou à son insu; action qui consiste à soustraire frauduleusement le bien d'autrui. ⇒ Appropriation, arnaque (fam.), détournement, soustraction; brigandage, cambriolage, chapardage, escroquerie, grivèlerie, larcin, maraudage, maraude, pillage (cit. 5), rapine (→ Filoutage, cit. 2; imputation, cit. 3). || Commettre un vol. ⇒ 2. Voler. || Le vol simple, délit correctionnel transformé en crime par diverses circonstances aggravantes (vol qualifié). || Vol avec effraction, vol à main armée (⇒ Attaque, hold-up). || Vol à l'escalade, vol à l'esbroufe, vol à la tire (2. Tire, 1.). || Vol à l'américaine. || Vol de marchandises, d'argent, de pièces officielles (⇒ Enlèvement, soustraction). || Vol à l'étalage. — Dr. || Vol domestique, commis par une personne à gages envers son employeur (ou les invités de son employeur); par ext., vol commis par une personne travaillant habituellement dans les lieux du vol. — Vol de grand chemin à main armée (→ Identité, cit. 13). || Flagrant délit de vol (→ Nier, cit. 2). || Condamnation pour vol (→ Relégation, cit.). || Le crime n'a pas eu le vol pour mobile (cit. 8). — Assurances contre le vol. || Dispositif de sécurité contre le vol (des véhicules, des domiciles). ⇒ Antivol. — Allus. hist. || Le vol, institution spartiate (→ Hiératique, cit. 1). — || « La propriété, c'est le vol » (Proudhon). ⇒ Appropriation (cit. 3 et 4).
0.1 Après m'avoir fait un grand discours sur l'indifférence du vol, sur l'utilité même dont il était dans le monde, puisqu'il y rétablissait une sorte d'équilibre, que dérangeait totalement l'inégalité des richesses; sur la rareté des punitions, puisque de vingt voleurs il était prouvé qu'il n'en périssait pas deux; après m'avoir démontré avec une érudition dont je n'aurais pas cru M. du Harpin capable, que le vol était en honneur dans toute la Grèce, que plusieurs peuples encore l'admettaient, le favorisaient, le récompensaient comme une action hardie prouvant à la fois le courage et l'adresse (deux vertus essentielles à toute Nation guerrière)…
Sade, Justine…, t. I, p. 31 (1791).
1 Le bourgeois devient et reste l'ennemi du pauvre, qui le met hors la loi, le trompe et le vole. Pour le pauvre, le vol n'est plus ni un délit, ni un crime, mais une vengeance.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 392.
2 — Monsieur Pontmercy, dit Jean Valjean, j'ai été dix-neuf ans aux galères. Pour vol. Puis j'ai été condamné à perpétuité. Pour vol. Pour récidive.
Hugo, les Misérables, V, VII, I.
3 (…) les collectivistes répudient le vol, le repoussent comme une manifestation bourgeoise du sentiment de la propriété. Au fond le vol produit une propriété personnelle qui est contraire à la doctrine.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 13 mars 1887, t. VII, p. 136.
4 Ces vols n'avaient que le vol pour mobile. Il ne s'y mêlait ni lucre ni goût du fruit défendu. Il suffisait de mourir de peur. Les enfants sortaient des magasins où ils entraient avec l'oncle, les poches pleines d'objets sans valeur (…)
Cocteau, les Enfants terribles, p. 87.
5 (…) depuis le vol à l'étalage, à la roulotte, au flan, à l'esbroufe, au poivre, au rendez-moi, jusqu'aux entreprises plus périlleuses qui exigent des professionnels qu'ils « marchent à la bonne aventure » ou « à la dure », selon qu'ils sont plus ou moins résolus. Pour ces sortes de vols et surtout d'agressions, le métier veut que l'on soit trois, et Villon, flanqué du beau parleur Regnier de Montigny et de Colin de Cayeux, le crocheteur, confirme la tradition. Ce sont les principaux amis du poète. Ils forment avec lui le trio classique de malfaiteurs qui, lorsqu'ils ne « cassent » pas, attirent les « pigeons » au jeu et les plument à l'aide de faux dés.
Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 73-74.
6 En effet le vol — et ce qui s'y rattache : les peines de prison avec la honte du métier du voleur — était devenu une entreprise désintéressée, sorte d'œuvre d'art active et pensée ne pouvant s'accomplir qu'à l'aide du langage, du mien, confronté avec les lois issues de ce même langage.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 121.
2 Le fait de prendre à autrui plus qu'il ne doit, ou de ne pas donner ce que l'on doit (⇒ Grivèlerie, resquille…). || Un jeu subtil d'amendes, de retenues, de petits vols (→ Paye, cit. 4). || Les vols de l'agio (→ Sucer, cit. 2).
♦ Le fait de prendre des bénéfices excessifs. || Deux cents francs, ce livre; c'est du vol, c'est un vol manifeste ! — Fam. (Au jeu). Le fait de voler un point (→ Raccroc).
3 (1668). Ce qui a été volé, le produit d'un vol. ⇒ Butin. || Sans le receleur (cit. 2), le vol ne pourrait être caché (⇒ Recel, receler).
❖
CONTR. Cadeau, don.
COMP. Antivol.
HOM. 1. Vol, vole, formes des v. 1. et 2. voler.
Encyclopédie Universelle. 2012.