accrocher [ akrɔʃe ] v. <conjug. : 1> I ♦ V. tr.
1 ♦ Retenir, arrêter par un crochet, une pointe. Être accroché par un buisson épineux. Accrocher un bas. Accrocher une embarcation au passage avec une gaffe. ⇒ aborder, crocher. — Par ext. Heurter (un véhicule). Le camion a accroché une voiture (⇒ accrochage) .
2 ♦ (XVIe) Suspendre à un crochet. Accrocher son manteau. Accrocher un tableau au mur. Loc. fig. Il faut avoir le cœur bien accroché, ne pas être facilement écœuré, dégoûté. « La tête solide, le cœur bien accroché » (Duhamel). — Pop. Se l'accrocher (la ceinture) :se priver (cf. Se serrer la ceinture). Tu peux toujours te l'accrocher ! rien à faire, je refuse.
3 ♦ Fig. Arrêter (qqn) au passage pour lui parler. ⇒ aborder, cramponner, retenir (qqn).
4 ♦ Milit. Accrocher l'ennemi, le retenir par son action. ⇒ immobiliser.
5 ♦ Retenir l'attention, l'intérêt de (qqn). ⇒ intéresser. Ce film accroche les spectateurs dès le début. Absolt Cette publicité accroche (⇒ accrocheur, 2o) . Il est déprimé, rien n'accroche plus.
6 ♦ Accrocher une station, l'attraper, la capter.
7 ♦ Absolt, Fam. Être accroché : être dépendant d'une drogue (⇒ accro) .
II ♦ S'ACCROCHER v. pron.
1 ♦ (Pass.) Être retenu ou suspendu à un crochet. « Les idées ne s'accrochaient pas au clou comme les épées » (Hugo). Par ext. Une maison s'accrochait au flanc de la colline.
2 ♦ (Réfl.) Se tenir avec force. ⇒ se cramponner. Accrochez-vous à la rampe. Plante qui s'accroche par des vrilles. — Fig. S'accrocher à son passé, à ses illusions. « Impossible de s'accrocher à rien; tout a chaviré » (Martin du Gard). S'accrocher : ne pas céder. ⇒ tenir. Il faut s'accrocher.
♢ Fam. Devenir dépendant d'une drogue (⇒ accro).
3 ♦ Fam. S'accrocher à qqn, maintenir des relations affectives ou intéressées qui l'importunent.
4 ♦ Fam. Se disputer. ⇒ s'attraper. Ils se sont accrochés. S'accrocher avec qqn.
III ♦ V. intr. Présenter des difficultés de fonctionnement, des accrocs. La conférence a accroché sur un point délicat. ⇒ achopper.
♢ Techn. Entrer en oscillations indésirables. L'amplificateur accroche (⇒ larsen) .
⊗ CONTR. Décrocher.
● accrocher verbe transitif (de croc) Saisir, retenir quelque chose avec un objet pointu, un crochet : Accrocher une embarcation avec une gaffe. Attacher quelque chose à quelque chose d'autre au moyen de crochets ou de mécanismes saillants : Accrocher un wagon à un train. Suspendre quelque chose à quelque chose au moyen d'un crochet ou de tout autre objet : Accrocher un tableau au mur. Déchirer un tissu, un vêtement, lui faire un accroc en le prenant à quelque aspérité : Accrocher sa jupe à des ronces. Heurter légèrement quelqu'un, un véhicule avec son véhicule. Heurter un objet et le faire tomber. Engager avec l'ennemi un combat inopiné et court. Mettre un adversaire, un concurrent en difficulté. Familier. Arrêter quelqu'un au passage, l'aborder : Se faire accrocher dans la rue par un voisin. Retenir l'attention, le regard de quelqu'un : Publicité qui accroche (le public). Procéder à l'accrochage de tiges de sondage. ● accrocher (difficultés) verbe transitif (de croc) Construction Accrocher à : accrocher un tableau au mur ; c'est encore un bébé qui s'accroche aux jupes de sa mère. Recommandation Éviter accrocher après, s'accrocher après. Sens À cause de l'adjectif accrocheur, accrocher a récemment pris aussi le sens de « captiver, retenir l'attention de » : accrocher le public. ● accrocher (expressions) verbe transitif (de croc) Accrocher la lumière, en recevoir l'éclat et la refléter avec force. ● accrocher (synonymes) verbe transitif (de croc) Saisir, retenir quelque chose avec un objet pointu, un crochet
Synonymes :
- agripper
- retenir
Attacher quelque chose à quelque chose d'autre au moyen de crochets ou...
Contraires :
- décrocher
Suspendre quelque chose à quelque chose au moyen d'un crochet ou de...
Contraires :
- décrocher
Heurter légèrement quelqu'un, un véhicule avec son véhicule.
Synonymes :
- cogner
Familier. Arrêter quelqu'un au passage, l'aborder
Synonymes :
- aborder
- accoster
Contraires :
- éviter
- fuir
Accrocher la lumière
Synonymes :
- attraper
- capter
Contraires :
- chasser
- éloigner
● accrocher
verbe transitif indirect
Buter sur quelque chose, bloquer : Les skis accrochent sur la neige.
Rencontrer une difficulté sur un problème : Accrocher sur un passage dans une traduction.
Familier. Avoir un bon, un mauvais contact avec quelqu'un : Ça n'accroche pas avec lui.
Familier. Réussir dans une discipline, être intéressé à quelque chose : Ne pas accrocher en maths.
accrocher
v.
rI./r v. tr.
d1./d Suspendre à un crochet. Accrocher un miroir au mur.
d2./d Retenir au moyen d'un objet crochu. Il a accroché ma veste avec son hameçon.
d3./d Heurter (un véhicule avec un autre). Accrocher l'aile d'une voiture.
d4./d Fig. Aborder et retenir (qqn). Il l'a accroché et ne l'a plus lâché.
d5./d (S. comp.) Fig. Se heurter à une difficulté. La discussion a accroché sur le problème des réfugiés.
rII./r v. Pron. Se cramponner. Monter à un arbre en s'accrochant aux branches.
— Fig. Un village s'accrochait au flanc de la montagne.
|| Fig., Fam. S'accrocher à quelqu'un, l'importuner en le retenant avec insistance.
— S'accrocher avec qqn, se quereller avec lui.
|| Faire preuve de ténacité. Il s'accroche pour réussir.
rIII/r v. intr. (Liban) établir une connexion (téléphonique). Je n'ai pas pu t'appeler, car le téléphone n'accroche pas.
⇒ACCROCHER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— [Le suj. désigne une pers.]
1. [L'obj. désigne une chose matérielle]
a) Au propre. Suspendre une chose à un crochet, ou l'attacher à l'aide d'un crochet :
• 1. Ah! Elle la connaissait bien, cette houillère, ce grand trou noir d'où son mari n'était pas revenu. Que de fois elle avait attendu, auprès de cette gueule béante, de dix-huit pieds de diamètre, suivi du regard, le long du muraillement en pierres de taille, la double cage en chêne dans laquelle glissaient les bennes accrochées à leur câble et suspendues aux poulies d'acier...
J. VERNE, Les Cinq cents millions de la Bégum, 1879, p. 87.
• 2. Ce soir, une femme, agitant un éventail de plumes blanches, que je lui ai donné, me disait cette phrase gentille et comme seules les femmes en savent trouver : « Pour moi, les choses que vous me donnez et que je pose sur une commode ou que j'accroche au mur, ne me sont de rien; je n'aime que les choses qui me suivent, que je porte avec moi, que mes doigts peuvent toucher, comme cet éventail. »
E. et J. DE GONCOURT, Journal, janv. 1895, p. 710.
Rem. Syntagmes rencontrés : accrocher son chapeau au portemanteau (A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 228); - une pancarte (L.-F. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 432); - une gravure au mur (M. ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 418); - les volets (B. CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 327).
— MUS. Accrocher les notes. Commettre une légère faute d'exécution, par exemple, en posant mal le doigt sur une touche (cf. accroc II B) :
• 3. ... toujours elle jouait mal, quand Christophe était là; le souffle lui manquait, ses doigts étaient raides comme du bois, ou mous comme du coton; elle accrochait les notes et accentuait à contresens; Christophe la grondait et s'en allait fâché : alors, elle avait envie de mourir.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, p. 785.
— Loc. arg., fam. :
• 4. Accrocher un paletot. Mentir, — dans le jargon du peuple. L'ouvrier qui a accroché son paletot au Mont-de-Piété n'annonce pas toujours bien exactement à sa ménagère le prix de l'engagement.
L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, L'Argot ancien et moderne, 1878, p. 5.
• 5. L'accrocher (se l'), [la Ceinture], Être privé de qqch. (...) Cf. :« tu t'accroches trois belles ceintures [du pinard auquel tu as droit] l'une sur l'autre », (...), — syn. se la mettre.
ESN. Poilu 1919, p. 316.
• 8. Se les accrocher [les jambes] (1910), se sauver. — Partir (au figuré, jambes pendues au derrière).
E. CHAUTARD, La Vie étrange de l'argot, 1931, p. 432.
♦ Se l'accrocher. ,,Être privé de quelque chose.`` (G. SANDRY, M. CARRÈRE, Dict. de l'argot moderne, 1953).
♦ Avoir l'estomac (ou le cœur) bien accroché. N'être pas sensible à l'inconfort, avoir une grande résistance physique :
• 7. Ça chlinguait drôlement (...) [Ça] donnait envie d'aller au renard. Le nière qui vivait là d'habitude devait avoir l'estom' bien accroché!
A. LE BRETON, Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 146.
b) P. ext. Heurter par un coup sec et comme avec un crochet, un objet, en particulier une voiture à côté de laquelle on passe :
• 8. Phileas Fogg, ainsi enlevé, sans avoir le temps de réfléchir, quitta sa chambre, quitta sa maison, sauta dans un cab, promit cent livres au cocher, et après avoir écrasé deux chiens et accroché cinq voitures, il arriva au reform-club.
J. VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, 1873, p. 215.
— [Avec un suj. désignant une part. du corps] :
• 9. Chacun de ses gestes était une maladresse. Elle ne pouvait faire un pas sans se heurter à quelque chose; ses mains laissaient toujours retomber l'objet saisi; ses bras accrochaient les meubles et fauchaient tout ce qu'il y avait dessus... Elle vous marchait sur les pieds, vous enfonçait, en marchant, ses coudes dans la poitrine.
O. MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 304.
— MAR. Accrocher un vaisseau. ,,Jeter les grappins pour en venir à l'abordage.`` (BESCH. 1845, LITTRÉ).
c) Au fig.
— Vieilli. Accrocher une somme, un bien, une affaire, L'immobiliser :
• 10. ... et puis, d'autre part, mes affaires privées, toujours fort embrouillées, l'héritage de mon père non liquidé, nos biens d'Espagne accrochés par Ferdinand VII, nos indemnités de Saint-Domingue retenues par Boyer, nos sables de Sologne à vendre depuis vingt-trois mois, les maisons de Blois que notre belle-mère nous dispute, par conséquent rien ou peu de chose à recueillir dans les débris d'une grande fortune, sinon des procès et des chagrins.
V. HUGO, Correspondance, 1829, p. 462.
— Accrocher la lumière. La retenir sur soi, en recevoir l'éclat :
• 11. La crépelure domptée de ses cheveux châtains se révélait, quand même, en petites ondes qui accrochaient la lumière, en vapeur dorée sur la nuque et près des oreilles.
COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 142.
— Fam. Accrocher une situation, un emploi, une faveur. Synon. décrocher - (moins l'idée d'effort) :
• 12. Plusieurs [des artistes] jeûnent, accrochent une leçon de trois francs; encore est-ce une chance.
H. TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, p. 239.
• 13. Je t'en supplie, mets tout en branle pour venir à Bordeaux, même si tu as demandé Lyon en première ligne. Cette insistance te montre combien je te crois susceptible d'accrocher une bourse de licence.
J. RIVIÈRE, ALAIN-FOURNIER, Correspondance, lettre de J. R. à A.-F., juin 1906, p. 134.
— Accrocher un mot, une idée. Les saisir, comprendre au passage :
• 14. ... j'avais trouvé en arrivant (...) une lettre sentant la femme : mais le diable, c'est que ce gueux de poulet était en italien, en un polisson d'italien de cuisine (...) où j'accrochais un mot par-ci par-là sans pouvoir saisir une phrase...
E. et J. DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 83.
2. [L'obj. désigne une pers.]
a) Retenir quelqu'un comme par un crochet pour se l'attacher par sympathie ou intérêt :
• 15. Dites ce que vous voudrez, pourvu que ce soit sans retour sur vous-même; mais pour l'amour de Dieu, laissez là vos réclames. Autrement, le salon n'est plus qu'une boutique de marchands qui mentent, saluent et accrochent des pratiques.
H. TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, p. 279.
• 16. Cette admiration s'exalta même jusqu'à un enthousiasme qui, s'il était en partie intéressé pour empêcher la marquise de s'éloigner de lui, pour « l'accrocher » comme Robert disait des armées ennemies dont on veut forcer les effectifs à rester engagés sur un certain point, était peut-être aussi sincère.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 694.
— Spéc. fam., vieilli. [En parlant d'une fille] Synon. plus fréq. décrocher :
• 17. Cette fille aura bien de la peine à accrocher un mari.
Ac. 1835-1932.
♦ Proverbe. ,,Belle fille et méchante robe trouvent toujours qui les accroche.`` (Ac. Compl. 1842).
— Usuel, fam. Arrêter quelqu'un au passage.
b) MILIT. Retenir l'ennemi pour le forcer à combattre :
• 18. Tout en accrochant et, si possible, en détruisant, partout où elles se trouvent, les forces ennemies qui occupent cette zone, les forces de l'intérieur prendront comme objectifs :
a) L'ouverture, au profit de forces alliées débarquées sur le littoral méditerranéen, de l'axe : Alès — Clermont-Ferrand, permettant le débordement par l'Ouest du couloir du Rhône...
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, p. 689.
Cf. aussi ex. 16.
c) P. méton. Accrocher le regard, l'attention de qqn. Réussir à l'intéresser :
• 19. ... pour moi, je remarquai bientôt que le style écrit ne supportait jamais la moindre trace d'un ornement cherché; encore moins ces allitérations qui voudraient disposer l'imagination par le détail même; et qu'enfin la moindre envie de plaire ou d'accrocher l'attention est mortelle aux œuvres écrites.
ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, p. 197.
— P. anal. [Avec un suj. exprimant une chose personnifiée] :
• 20. Tant de pleurs ne finiront-ils pas par rebâtir la cité sainte? Mais devant ce grand mur nu, où rien n'accroche le regard, où rien ne retient les paroles, je me dis qu'il y a beaucoup de chances pour que ce ne soit pas ce soir que par miracle le temple se rebâtisse sous mes yeux.
J. et J. THARAUD, L'An prochain à Jérusalem! 1924, p. 64.
• 21. Un « crochet galant » pour attirer les cœurs : c'est ainsi que l'homme de cour et le héros définissent le charme : non pas un charme de sympathie ou de consentement bilatéral, mais un hameçon; mais une ruse prédatrice pour capter la créance; mais une arme pour accrocher ou crocheter l'assentiment.
V. JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 14.
— Accrocher une personne, un public. Les retenir en les intéressant. Cf. S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 100 : accrocher le gros public. Loc. vieillie : accrocher qqn de conversation (LITTRÉ).
B.— [Le suj. désigne une chose]
1. [Une chose matérielle, pointue] Accrocher qqc., en partic. un vêtement. Y faire un accroc :
• 22. — Et pourquoi avez-vous arraché mes palissades?
— Parce qu'elles gênaient le passage et ne servaient qu'à accrocher et déchirer les robes.
A. KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 235.
• 23. Les plus intrépides entrent dans les buissons. À l'ordinaire, deux par deux. Et l'homme passe devant, écartant ou abattant de son bâton les ronces devant la femme, et fraye tant qu'il peut le chemin. Et des éclats étouffés jaillissent, lorsqu'une épine plus résistante accroche une jupe ou griffe un bas de jambe, ou bien que, vivement, une joue fraîche est baisée au passage...
J. DE PESQUIDOUX, Chez nous, t. 1, 1921, p. 166.
2. [Une manifestation de la vie, un événement saillant] Accrocher l'attention. Réussir à l'intérieur (cf. sup. A 2 c).
II.— Emploi abs., pop., fam. Ça accroche bien ou mal avec qqn. Le contact se fait bien ou mal :
• 24. Mathilde s'arrête, se plante devant Marat, le regarde dans les yeux :
— Tu ne l'aimes pas mon Dani?
— Non. Ça n'accroche pas avec lui. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il aime dans la vie. Peut-être est-il un peu trop maquereau pour mon goût. J'ai sans doute tort, il s'est bien comporté avec nous.
R. VAILLAND, Drôle de jeu, avertissement, 1945, p. 28.
Rem. Peut-être la tournure est-elle à rapprocher du proverbe cité inf. sous III B 1 a.
III.— Emploi pronom. S'accrocher
A.— [Le suj. désigne une pers.]
1. Emploi réfl.
a) S'accrocher à qqc. S'y attacher de toutes ses forces :
• 25. Quand on se noie, on s'accroche où l'on peut.
Ac. 1798-1932.
Rem. Syntagmes rencontrés : s'accrocher aux rocs (J. VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 1, 1868, p. 119); s'- désespérément à qqc. (T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 367); s'- au bras de qqn (H. DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, p. 315); s'- à la rampe (ID., Les Célibataires, 1934, p. 745); s'- des deux mains (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 732).
— MILIT. S'accrocher au terrain. S'y installer en l'organisant pour la défense et l'attaque :
• 26. Mais enfin, cette retraite, où s'arrêterait-elle? (...) Nulle décision pourtant n'était prise. Une fois la Marne passée, il n'y aurait plus aucun accident de terrain où s'accrocher; il faudrait se replier derrière la Seine.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 11, févr. 1917-nov. 1918, p. 327.
— Au fig.
• 27. ... il [le personnel politique de Vichy] s'accroche aux places et se cramponne au pouvoir...
L'Œuvre, 21 janv. 1941.
• 28. MARIANNE. — Mon pauvre papa, je vois bien que vous vous faites des idées... Non, rassurez-vous... je tiens terriblement à la vie, je m'y accroche de toutes mes griffes; je ne sais pas ce qu'il faudrait pour me faire lâcher prise!
VIRELADE. — Que se passe-t-il donc qui te force à te raccrocher à la vie?
F. MAURIAC, Les Mals aimés, 1945, I, 5, p. 180.
Rem. Syntagmes rencontrés : s'accrocher à de vains espoirs (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 244); s'- à l'avenir (R. ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 54). 2. Emploi abs. ne pas céder :
• 29. J'aurais préféré cent fois qu'on me foute à la porte tout de suite. Mais où aller après ça? C'était des grandes résolutions... Bien au-dessus de tous mes moyens... Fallait au contraire que je m'accroche, que je m'évertue, que je m'innocente... J'ai essayé de le détromper.
L.-F. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 173.
b) S'accrocher à qqn. S'y attacher passionnément :
• 30. Tout de suite, il était glacé. L'affection inquiète, la fièvre avec laquelle elle s'accrochait à lui, elle buvait ses paroles, elle l'accablait de prévenances, — cet excès de tendresse et d'attention trépidante lui enlevait aussitôt tout désir de se confier.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, p. 912.
— [Avec un suj. n. de chose personnifiée] :
• 31. L'heure qui passe bouleverse tout. Comme le temps ne fuit que par la fuite des choses, chaque chose s'accroche et se crispe pour ralentir un peu cette course et pouvoir apparaître mieux.
A. GIDE, Le Traité du Narcisse, 1891, p. 7.
2. Fam., emploi réfl. ou réciproque. S'accrocher avec qqn. S'accrocher l'un l'autre. Se disputer vivement.
B.— [Le suj. désigne une chose]
1. Emploi réciproque
a) S'attacher l'un à l'autre (comme par des crochets) :
• 32. ... mais il supposa seulement au dehors un rapport entre ces divers objets, un rapport qui n'existe que dans l'imagination, qui se figure aisément des atomes circulant, s'accrochant et s'agglomérant pour former des corps...
L.-G.-A. DE BONALD, Législation primitive, t. 2, 1802, p. 151.
• 33. Les stries et aspérités dont le brin de laine est naturellement pourvu s'étaient si bien accrochées et enchevêtrées les unes aux autres, qu'elles formaient une étoffe également propre à faire des vêtements ou des couvertures. (...). C'était du « feutre lincolnien », et l'île Lincoln comptait une industrie de plus.
J. VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 313.
♦ Proverbe. [En parlant des atomes, à la manière de Démocrite ou de Lucrèce] Les atomes ne s'accrochent pas. Ils ne réussissent pas à s'entendre :
• 34. J'admirais sa verve étincelante [de Jules Janin]; je ne sais pourquoi, cependant, nos atomes ne s'accrochèrent jamais...
E. RENAN, Feuilles détachées, 1892, p. 148.
— RADIO-ÉLECTR. :
• 35. ... quand on essaie d'amener deux oscillateurs à l'accord parfait (...), il se produit, à un moment donné, une disparition brusque des battements.
Les oscillateurs sont synchronisés. Ils se sont accrochés.
J. MERCIER, Traité de radio-électricité, Oscillateurs, à haute fréquence, t. 1, 1937, p. 251.
b) MAR. [En parlant de vaisseaux] (cf. sup. I A 1 b) :
• 36. Les deux vaisseaux s'accrochèrent l'un l'autre.
Ac. 1835-1932.
c) [En parlant de voitures] Se heurter réciproquement :
• 37. La circulation était, déjà en ce temps-là, pleine de difficultés. Le « trebucheïs » des charrettes, qui s'accrochaient, versaient et se rompaient, était accident courant, d'autant que quelques voies seulement étaient pavées et que les autres étaient simplement empierrées, souvent mal empierrées, entre les dalles qui bordaient les maisons.
E. FARAL, La Vie quotidienne au temps de saint Louis, 1942, p. 16.
2. Emploi réfl.
a) S'accrocher (à qqc). S'y attacher avec parfois l'idée d'un secours demandé :
• 38. S'accrocher à ce qu'on peut. Employer tous ses moyens, ses dernières ressources pour se sauver, pour se tirer d'affaire.
Ac. 1835-1932.
b) Spéc. S'accrocher à un objet pointu ou piquant, de manière à causer une déchirure, une blessure :
• 39. Sa robe s'accrocha à des ronces.
Ac. 1798-1932.
— Au fig. :
• 40. Des Esseintes ne pouvait s'empêcher de hausser les épaules devant ces malheureuses opinions que recouvrait une prose assistée, dont l'étoffe déjà portée, s'accrochait et se déchirait, à chaque coin de phrases.
J.-K. HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 203.
• 41. Dès qu'il veut travailler, entre son livre et lui, d'indiscrets souvenirs se promènent; et non les souvenirs des instants aigus de sa joie, mais de petits détails saugrenus, mesquins, où son amour propre s'accroche, et s'écorche et se mortifie.
A. GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1178.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], j'accroche []. Enq. :/2/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accroc, accrochable, accrochage, accrochant, accroche (-cœur, etc.), accrochement, accrocheter, accrocheur (-euse), raccroc, raccrocher. Cf. croc. — Rem. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose accrocher ou acrocher avec un seul c. Pour le redoublement de c, cf. accabler.
Étymol. ET HIST. — 1. a) Ca 1165 « retenir par quelque pointe crochue » (CHRÉT. DE TROYES, Guill. d'Angl., 744, éd. Foerster : L'aumosniere a toz les besanz... a un rain del bos acroce); b) XIVe s. « aborder (un vaisseau) en y jetant les grappins » (FROISSART, Chron., IV, 324 ds GDF. Compl. :Et se acroqoient les nefs unes as aultres pour euls miels combatre); c) 1549 (R. ESTIENNE, Dict. françois-lat. : accrocher ou arrester ung proces. Litis cursum inhibire); d) 1660 « heurter qqc. avec une voiture » (BOIL., Sat., VI ds LITTRÉ : D'un carrosse en tournant il accroche une roue); e) 1680 pronom. « se prendre, se tenir avec les mains » (RICH. t. 1); f) 1684 « s'attacher à la fortune de qqn pour en être secouru » (FEW s.v. krôk); g) 1690 « faire retenir une affaire pour la juger » (FUR. : Il a trouvé moyen d'accrocher son affaire au Conseil); 2. XVIe s. « suspendre à un crochet » (Ronsard ds FEW s.v. krôk).
STAT. — Fréq. abs. rel. litt. :2 456. Fréq. litt. : XIXe s. : a) 1 504; b) 3 865; XXe s. : a) 3 603, b) 4 921.
BBG. — BAR 1960. — BÉNAC 1956. — GUILB. Astronaut. 1967. — GUIRAUD (P.). Mélanges d'étymologies argotiques et populaires. Cah. Lexicol. 1967, t. 10, n° 1, p. 9. — JAL 1848. — LE BRETON 1960. — ST-EDME t. 1 1824. — THOMAS 1956. — WILL. 1831.
accrocher [akʀɔʃe] v. tr.
ÉTYM. 1165; de 1. a-, et croc.
❖
———
1 (XVIe). Suspendre à un crochet. || Accrocher son manteau à une patère, à un portemanteau.
1 Derrière la porte se trouvaient accrochés un manteau à petit collet, une bride, une casquette (…)
Flaubert, Mme Bovary, I, V.
♦ Attacher avec un crochet. ⇒ Fixer, suspendre. || Accrocher un tableau, une pancarte au mur. — Au p. p. || Un tableau bien, mal accroché.
♦ ☑ Loc. fig. Au p. p. Avoir le cœur (l'estomac) bien accroché, ne pas être sensible à des conditions de vie désagréables, avoir une grande résistance physique. || Pour faire ce métier-là, il faut vraiment avoir le cœur bien accroché.
2 (Sujet n. de chose). Retenir, arrêter par qqch. de pointu. || Un clou a accroché son bas. || Les épines qui accrochent ma jupe. — (Passif). || Être accroché par un buisson épineux.
2 Le buisson accrochait les passants à tous coups (…)
La Fontaine, XII, 7.
♦ Factitif. (Sujet n. de personne). || J'ai accroché mon bas.
♦ Spécialt. Heurter (un véhicule). || Prenez garde à ce camion, il va accrocher votre voiture. || Sa voiture a accroché mon pare-chocs. — Absolt. || On accroche souvent dans ces rues encombrées.
3 D'un carrosse en tournant il accroche une roue,
Et du choc le renverse en un grand tas de boue.
Boileau, Satires, VI.
3 (Sujet n. de personne). a (Concret). Saisir, retenir au moyen d'un crochet. — Anciennt. || Accrocher un navire pour le prendre à l'abordage. ⇒ Aborder, crocher.
3.1 En passant devant la boutique d'Hetzel, accroché par Silvestre, qui m'a fait entrer.
E. Delacroix, Journal, 14 nov. 1853, t. II, p. 269.
c Milit. || Accrocher l'ennemi, le retenir par son action et l'obliger à combattre. ⇒ Immobiliser. || Accrocher des forces ennemies.
4 (…) pour empêcher la marquise de s'éloigner de lui, pour « l'accrocher », comme Robert disait des armées ennemies dont on veut forcer les effectifs à rester engagés sur un certain point.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 124.
d (1690). Vx. Arrêter, suspendre (qqch.) par des difficultés, des obstacles. || Accrocher une affaire, des biens. ⇒ Immobiliser. — Au participe passé :
5 Notre procès demeura accroché jusqu'à l'hiver suivant
Saint-Simon, Mémoires, XV, Pl., t. I, p. 216.
6 Dans l'âme elle est du monde, et ses soins tentent tout Pour accrocher quelqu'un, sans en venir à bout. (…) Cependant un amant plairait fort à la dame, Et même pour Alceste elle a tendresse d'âme.
Molière, le Misanthrope, III, 3.
4 (Sujet n. de personne ou de chose). a Parvenir à avoir avec soi, pour soi. ⇒ Obtenir. || Accrocher une bonne place, une situation, un emploi. ⇒ Décrocher.
b Accrocher un mot, une phrase, une idée, les saisir, les comprendre au passage.
7 Son regard accroche une phrase au vol.
Martin du Gard, les Thibault, V, 5.
7.1 La crépelure domptée de ses cheveux châtains se révélait, quand même, en petites ondes qui accrochaient la lumière, en vapeur dorée sur la nuque et près des oreilles. Elle avait un air toujours vaguement offensé, des narines courtes et veloutées qui faisaient penser à une biche.
Colette, la Maison de Claudine, p. 112.
5 Retenir l'attention, l'intérêt de (qqn). || Ce film accroche les spectateurs dès le début. — Retenir. || Accrocher le regard de qqn. — Accrocher l'intérêt du client (en publicité). ⇒ Accrochage, accroche. Absolt. || Cette publicité accroche. ⇒ Accrocheur.
7.2 (…) j'aurais pu profiter de l'occasion pour m'échapper, le planter là, lui, son insistance accapareuse, ses photos (il me les fit voir par la suite) et ses questions. Mais il m'avait déjà séduit, ou plutôt accroché, ou intrigué, ou subjugué, je ne sais pas (…)
Claude Simon, le Vent, p. 106.
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II V. intr.
7.3 Cette main, ce papier, cette encre bleu-noir qui trace ses traits, ce bruit d'insecte qui ronge quand la plume accroche le long de l'écriture, sont infiniment et éternellement eux-mêmes.
J-M. G. Le Clézio, l'Extase matérielle, p. 196.
2 Présenter des difficultés de fonctionnement, des accrocs. || La conférence a accroché sur un point délicat.
3 Être accroché, s'établir (en parlant d'un contact). || Ça commence à accrocher.
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s'accrocher v. pron.
ÉTYM. (Du sens I.).
1 (Sens passif). || S'accrocher à…, être suspendu ou retenu à un crochet. — Par métaphore :
8 Les idées ne s'accrochent pas au clou comme les épées. Quand le philosophe, quand le poète se repose, ses idées continuent de combattre.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, p. 6.
2 (Réfléchi). a Concret. (Personnes). Se tenir avec force. || S'accrocher des deux mains à qqch. — (Choses). || Des arbustes s'accrochent à la falaise.
8.1 La lumière douce de la lune s'accrochait aux étoiles pâles et aux herbes de la prairie.
A. Maurois, les Silences du colonel Bramble, p. 169.
9 Jacques montait pesamment, s'accrochant à la rampe (…)
Martin du Gard, les Thibault, V, 7.
10 Une maison qui s'accrochait comme une gale fuligineuse au flanc de la montagne.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, IV.
11 Méfions-nous des noyés qui s'accrochent et qui nous noient.
Cocteau, la Difficulté d'être, p. 212.
b Abstrait, par métaphore ou fig. (Sujet n. de personne). Se retenir à (qqch., une valeur, des biens).
11.1 Il y avait là tous les vagabonds nocturnes de Paris, des désœuvrés et des occupés, tous ceux qui, à partir de sept heures du soir, ne savent plus que faire et dînent au Cercle pour s'accrocher, grâce au hasard d'une rencontre, à quelque chose ou à quelqu'un.
Maupassant, Fort comme la mort, I, III, p. 102.
12 Et pourtant, comme un naufragé à une épave, je m'accroche à mes souvenirs, je me cramponne à leur masse réelle (…)
Edmond Jaloux, Le reste est silence, p. 136.
13 Alors il s'accroche à ce qu'il possède.
A. Maurois, Un art de vivre, V, III.
♦ Tenir à qqch. avec force, avec acharnement.
14 Ainsi nous tenons à tout, nous nous accrochons à tout (…)
Rousseau, Émile, II.
15 Les schismatiques étaient chassés du plateau, mais ils s'accrochaient avec l'énergie du désespoir aux pentes de la colline.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 203.
e Fam. || S'accrocher à qqn, l'importuner. || Il s'est accroché à moi, je n'arrivais pas à m'en débarrasser.
♦ Sports. || S'accrocher à un concurrent (→ ci-dessous, 3.).
f S'accrocher à qqch., s'y intéresser durablement. || S'accrocher à une série d'émissions scientifiques.
3 S'accrocher, ne pas céder, faire preuve d'énergie. ⇒ Tenir. || Ils s'accrochaient avec l'énergie du désespoir. || Avec de telles conditions de vie, il faut s'accrocher pour ne pas tout abandonner.
♦ (1896, in Petiot). Sports. Ne pas se laisser distancer (par un concurrent, un adversaire). ⇒ Agricher (s').
4 S'accrocher (avec qqn), se disputer. ⇒ Attraper (s'). — Récipr. || Ils se sont durement accrochés.
5 Fam. (Avec un compl.). || Se l'accrocher, accrocher, serrer sa ceinture; se priver. || S'accrocher une gamelle, se passer, faire son deuil de qqch. || Tu peux toujours te l'accrocher.
16 Si elle se marie, ils pourront se l'accrocher son héritage (…)
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 13.
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accroché, ée, p. p. adj.
♦ || Objets accrochés. — Bien, mal accroché (→ ci-dessus, I., 1.). — Par ext. Retenu, fixé.
17 Les poussières accrochées aux parois de verre du cendrier.
J.-M. G. Le Clézio, l'Extase matérielle, p. 148.
18 Je voudrais bien pouvoir faire comme le chêne, et vivre pendant des siècles accroché au même bloc de terre, sans bouger, absolument sans bouger.
J.-M. G. Le Clézio, l'Extase matérielle, p. 45.
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CONTR. Décrocher.
DÉR. Accroc, accrochage, accroche, accrochement, accrocheur.
COMP. Accroche-cœur, accroche-plat.
Encyclopédie Universelle. 2012.