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causer

1. causer [ koze ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIIe; de cause
Être cause de. 1. amener, apporter, attirer, entraîner, 1. faire, motiver , occasionner, produire, provoquer, susciter. Causer un malheur. Causer un dommage, des dégâts. Causer du scandale. Causer de la peine, du chagrin à qqn ( contrarier; 1. chagriner) . ⊗ CONTR. Procéder (de), venir (de). causer 2. causer [ koze ] v. intr. <conjug. : 1>
XIIIe, répandu XVe; lat. causari « faire un procès; plaider, alléguer »
1S'entretenir familièrement (avec qqn). 1. parler; bavarder. Nous causons ensemble. Causer avec qqn. Causer longuement. Assez causé : n'en parlons plus, brisons là. — Fam. Cause toujours (tu m'intéresses) : tu peux parler, je ne t'écoute pas. « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire » (Queneau).
V. tr. ind. Causer de qqch., en parler, en discuter. Causer de littérature, de peinture. Causer de choses et d'autres. Ellipt Causer chiffons. « un petit café où ils se réunissaient pour causer politique » (Flaubert). Pop. Je te cause ! tu pourrais écouter !
2Parler trop, avec indiscrétion ( jaser), avec malignité ( cancaner). On commence à causer, à en causer.
⊗ CONTR. Taire (se).

causer verbe transitif (de cause) Être la cause de quelque chose, l'occasionner : Causer un malheur. Causer des ennuis à quelqu'un.causer (difficultés) verbe transitif (de cause) Emploi Causer = être la cause de, occasionner. N'admet que des compléments désignant des choses, à l'exclusion des personnes : cette affaire m'a causé du souci ; l'incendie a causé de grands dégâts. Mais non : l'inondation a causé des sinistrés. ● causer (synonymes) verbe transitif (de cause) Être la cause de quelque chose, l'occasionner
Synonymes :
- amener
- apporter
- déclencher
- déterminer
- engendrer
- entraîner
- motiver
- procurer
- produire
- provoquer
- soulever
- susciter
Contraires :
- découler
- dériver
- procéder de
- ressortir de
- résulter de
- s'ensuivre
- venir de
causer verbe transitif indirect (latin causari, plaider) S'entretenir familièrement avec quelqu'un sur un sujet quelconque : As-tu causé avec lui de cette affaire ? Familier. Parler à quelqu'un : Je ne le connais pas, je ne lui ai jamais causé. Familier. Parler de quelqu'un avec malignité, indiscrétion ; jaser. ● causer (citations) verbe transitif indirect (latin causari, plaider) Raymond Queneau Le Havre 1903-Paris 1976 Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire. Zazie dans le métro Gallimard Commentaire Réplique du perroquet Laverdure, à laquelle se limite tout son répertoire. ● causer (difficultés) verbe transitif indirect (latin causari, plaider) Emploi 1. Causer = s'entretenir. Cet emploi est correct : elles ont causé pendant une heure. 2. Causer = parler (il reste là, sans causer). Cet emploi populaire est à éviter dans la langue soignée. Recommandation Utiliser simplement le verbe parler : il reste là sans parler. Construction 1. Causer de qqch, causer avec qqn de qqch. Cette construction est correcte : j'ai causé de politique avec un vieil ami, nous avons causé de politique. Le tour elliptique causer affaires, causer politique est correct également. 2. Causer à qqn. Par analogie avec la construction du verbe parler (parler à qqn), l'emploi de causer à est fréquent dans la langue populaire : elle en a causé à sa copine ; réponds quand je te cause ! Recommandation Éviter cette construction. Dire parler à qqn, s'adresser à qqn. 3. Causer (+ nom de la langue parlée). Ce tour populaire (causer anglais, causer patois) est à éviter. En revanche, on peut dire : causer en anglais, causer en patois. Recommandation Dire parler anglais (ou l'anglais), parler en anglais, s'entretenir en anglais, etc. ● causer (expressions) verbe transitif indirect (latin causari, plaider) Familier. Cause toujours, tu peux parler, je ne t'écoute pas. ● causer (synonymes) verbe transitif indirect (latin causari, plaider) S'entretenir familièrement avec quelqu'un sur un sujet quelconque
Synonymes :
- bavarder
- converser
- deviser
- dialoguer
- discuter
- parler
Familier. Parler de quelqu'un avec malignité, indiscrétion ; jaser.
Synonymes :
- cancaner (familier)
- commérer (familier)
- jacasser
- jaser
- potiner (familier)

causer
v. intr.
d1./d S'entretenir familièrement (avec qqn). J'ai causé avec lui à ton sujet. Nous causions. (Incorrect: causer à qqn.) Syn. parler, bavarder.
Ellipt. Causer peinture, voyages.
d2./d Fam. Parler trop, inconsidérément.
d3./d (Mart.) S'entretenir avec qqn par téléphone. Il cause depuis une demi-heure.
d4./d (Belgique, pop.; Réunion) Causer avec (qqn): flirter avec (qqn).
|| Causer sur, en travers de (qqn): médire de (qqn).
————————
causer
v. tr. être cause de, occasionner. Causer un malheur.

I.
⇒CAUSER1, verbe trans.
Être à l'origine de, avoir pour effet quelque chose (l'effet désigne généralement un dommage).
A.— [L'effet est exprimé par le compl. d'obj. seul, ou par le suj. agent de la forme passive du verbe] Les gelées causent de grands dégâts (Ch. MAURAIN, La Météor. et ses applications, 1950, p. 163) :
1. ... j'ai vu plusieurs fois des opérés mourir le troisième ou le quatrième jour après une opération qui avait causé une perte de sang considérable.
A. NÉLATON, Élémens de pathol. chir., t. 1, 1844, p. 10.
2. Au contraire de la plupart des hommes, prêts à soulager tous les chagrins du monde fors ceux qu'ils causent eux-mêmes, il voulait qu'elle souffrît le moins possible.
MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1467.
[À la tournure passive] La gale est causée par un acarien (QUILLET Méd. 1965).
Rem. La relation de l'effet avec une pers. peut être exprimée par un compl. déterminatif ou un adj. poss. Causer la mort de qqn, causer sa mort :
3. ... les quatre ou cinq cents coups de bâton que tu réserves au cheikh de Médyk causeront infailliblement sa mort.
DU CAMP, Le Nil, 1854, p. 149.
B.— [L'effet est exprimé par un compl. d'obj. premier complété par un compl. d'obj. second. (prép. à), qui indique le retentissement de l'effet sur une pers., ou plus rarement une chose]
1. [L'obj. second désigne une pers.; l'obj. premier désigne un désagrément physique ou moral éprouvé par cette pers.] Causer du chagrin, du mal à qqn :
4. ... il prétendait avoir un estomac délabré dont les douloureuses digestions lui causaient des insomnies continuelles; ...
BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, p. 195.
5. Je sais que vous avez participé ce matin à un de ces déjeuners d'orgie qu'il a avec une femme qui le déshonore. Vous devriez bien user de votre influence sur lui pour lui faire comprendre le chagrin qu'il cause à sa pauvre mère et à nous tous en traînant notre nom dans la boue.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 278.
Loc., rare. Causer (du) préjudice, (du) tort à qqn :
6. ... une peur, chez l'homme, d'être repris par sa passion, par sa « faiblesse », et, s'il revoit la femme, de lui causer tort.
R. ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1928, p. 541.
Rare. [L'obj. premier désigne un effet agréable] L'approbation de Votre Éminence me cause une joie précieuse (A. FRANCE, L'Orme du mail, 1897, p. 8).
2. Rare. [L'obj. second. désigne une réalité vivante autre qu'une pers.] :
7. Parfois deux ou trois sangliers descendent de la montagne et causent quelques dommages aux récoltes.
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 149.
Rem. 1. Le caractère occasionnel [causer « occasionner »] ou nécessaire [causer « entraîner »] de la relation de cause à effet peut être exprimé par un adv. (cf. supra ex. 3 et 7). La relation nécessaire (princ. dans les cas A) ou habituelle s'exprime aussi par l'idée d'intemporalité ou de répét. habituelle jointe au temps verbal (cf. supra ex. 2 et également Ch. MAURAIN, loc. cit.; QUILLET Méd. 1965). 2. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. causant, ante. Qui est cause. L'individualité humaine doit, d'après cette induction très scientifique, à mon sens, doit augmenter par la mort, c'est-à-dire nous faire passer à des conditions plus divines (plus actives, productives, efficaces et causantes). Nous sommes visiblement ici des commencements, des fœtus de la vie à venir. Tout montre que nous y marchons (MICHELET, Journal, 1849, p. 652). b) L'adj. causateur, trice. Qui est capable de produire un effet. Vertu, force causatrice. La volonté est une puissance causatrice (COUSIN, Hist. de la philos. du XVIIIe s., 1829, p. 235). c) L'adj. causeur, euse. Qui est cause de. Mâles inutiles et causeurs de troubles conjugaux (F. VIDRON, La Chasse en plaine et au bois, 1945, p. 63).
Prononc. et Orth. :[koze], (je) cause [ko:z]. Ds Ac 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1275 « produire, être à l'origine de » (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 16881); rare av. le XVIe s. (cf. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, pp. 297-298). Dér. de cause « raison, motif »; dés. -er.
DÉR. Causation, subst. fém. Action de causer; rapport de cause à effet. Les choses, dit Machiavel, procèdent gradatim, et le temps, qui dévoile la causation, est le « père de toute vérité » (JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 104). Seules transcr. ds BESCH. 1845 et LITTRÉ : kô-za-sion. 1re attest. 1829 philos., rapport de production, de causation (COUSIN, Hist. de la philos. du XVIIIe s., 19e leçon, p. 246); de causer1, suff. -(a)tion. Fréq. abs. littér. : 11.
II.
⇒CAUSER2, verbe.
I.— Emploi intrans.
A.— S'entretenir familièrement avec une ou plusieurs personnes de manière spontanée et en prenant son temps. Le soupirant attitré mais platonique de madame, causait tout bas avec elle dans un coin (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Maison Tellier, 1881, p. 1202). Staline et moi, assis l'un près de l'autre, causâmes à bâtons rompus (DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, p. 73) :
1. Je cause avec lui d'autant plus volontiers que c'est presque tout le temps lui qui parle.
GIDE, Journal, 1905, p. 155.
SYNT. Causer amicalement, familièrement, gaiement, gentiment, gravement, librement, longuement, sérieusement, vivement; causer à son aise, avec animation; causer ensemble; causer un brin; causer au coin du feu; le besoin, le désir, le plaisir de causer; l'art de causer; savoir causer; avoir l'occasion de causer avec qqn.
1. Causer de qqc. (avec qqn). S'entretenir de quelque chose plus ou moins longuement (avec quelqu'un). Causer de littérature, de musique, de poésie, de politique; causer d'affaires, de voyages. Après le dessert, on causait des mille riens de la journée (ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, p. 45). Tu peux causer de bien des choses avec lui; il est très « au courant » (GIDE, Correspondance [avec Valéry], 1893, p. 192).
Loc., fam.
Causer de choses et d'autres, de choses indifférentes. S'entretenir familièrement de sujets divers au hasard de la conversation. Nous... passons aisément notre soirée au coin du feu. Là, on cause de choses et d'autres (É. AUGIER, Théâtre complet, t. 4, préf., 1876-77, p. XI). Nous causâmes de choses indifférentes pendant une heure environ (BILLY, Introïbo, 1939, p. 8).
Causer de la pluie et du beau temps. S'entretenir familièrement de choses sans grand intérêt.
2. Rare. Causer sur qqc. (avec qqn). S'entretenir de quelque chose (avec quelqu'un). Wallstein s'était enfermé avec Séni et causait sur l'astrologie (CONSTANT, Wallstein, 1809, p. 194).
B.— P. ext., pop. et fam.
1. Parler. Causer à mi-voix, à voix basse, à voix haute, tout bas. Je causerai devant vous (j'ai presque dit avec vous), Messieurs, de toutes ces choses (SAINTE-BEUVE, Chateaubriand et son groupe littér. sous l'Empire, t. 1, 1860, p. 35). Cause toujours, tu m'intéresses (COURTELINE, La Conversion d'Alceste, La Cinquantaine, 1895, p. 217) :
2. Celui qui s'en va sous la nue,
Triste et pâle comme un linceul,
Gesticulant, la tête nue,
L'œil farouche et causant tout seul;
...
Cet homme a la Céphalalgie.
M. ROLLINAT, Les Névroses, 1883, p. 300.
Causer à qqn, en causer à qqn. Tout en se causant, il [Durtal] avait arpenté une longue allée qui conduisait au bout de la clôture (HUYSMANS, En route, t. 13, 1895, p. 299). Je voulais en causer à leur maître d'hôtel (PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 23).
Causer en + subst. désignant une langue, un dialecte, etc. Causer en français, en anglais, en patois. Ils se mirent à causer en allemand. Le petit baragouinait, d'une façon incorrecte (R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1499).
2. Parler avec énergie. Joseph d'Arimathée n'avait pas peur d'aller trouver les puissances. De causer aux puissances (PÉGUY, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, 1910, p. 130).
Emploi abs. :
3. Il [Joseph d'Arimathée] savait parler. Il savait causer.
Évidemment c'était un homme qui savait causer.
Il n'avait pas peur de causer.
PÉGUY, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, 1910, p. 130.
Loc. Trouver à qui causer. Rencontrer une vive opposition. S'il se mêle de mes affaires, il trouvera à qui causer (DUB.).
3. Péj. Parler beaucoup, souvent pour ne rien dire.
Loc. fam.
C'est assez causé! Assez causé! Cessons de parler, maintenant il faut agir. À cette heure, assez causé! déclara le cocher; il faut aller prévenir la dame (J. et J. THARAUD, La Ville et les champs, 1907, p. 114).
♦ [Avec une nuance de vulgarité] Cause toujours! Il est inutile de parler, je ne t'écoute pas.
4. Bavarder de façon indiscrète, souvent médisante ou calomnieuse. Synon. jaser. Faire causer qqn. Ne lui dites que ce que vous voudrez que tout le monde sache, car il aime à causer (Ac. 1798-1932). Un ancien huissier dont les allures bizarres font causer le département (ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 292). Son long corset de demoiselle, qui faisait beaucoup causer les gens, par sa tournure parisienne (LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 58).
Causer de/sur qqn (avec qqn). Allons, adieu, l'on finirait par causer de nous si nous causions davantage (BALZAC, Le Cabinet des antiques, 1839, p. 70). Le Zèphe s'est mis à causer sur mes beaux-parents. Juliette pouvait l'entendre presque aussi bien que moi (AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 289).
En partic. Révéler ce qui était gardé secret. Obéissant à un subit et irrésistible désir de causer, de tout dire (...) il [le criminel] parla (O. MÉTÉNIER, La Lutte pour l'amour, 1891, p. 119) :
4. Écoutez, Vitalis, dit celui-ci... (Garofoli) il ne faut pas faire le méchant et me menacer de causer, parce que, de mon côté, je pourrais bien causer aussi.
H. MALOT, Sans famille, 1878, p. 321.
II.— Emploi trans. [Le compl. non prép. est un obj. interne]
A.— [L'obj. désigne la matière, le suj. de l'entretien]
1. Fam., rare. Causer + subst. actualisé par un art. ou un adj. poss. Dire (qqc.) sur le ton familier de la causerie. La parole du professeur, debout parmi eux [les élèves], allant de l'un à l'autre, causant sa leçon (ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 210) :
5. M. de Fontanes, qui s'en tenait aux anciens, s'irritait surtout qu'on en vînt à causer comme de la prose le beau vers racinien un peu chanté.
SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 2, 1844-64, p. 272.
2. Usuel. Causer + subst. non actualisé. Avoir pour sujet d'une conversation. Causer littérature, musique, politique; causer affaires; causer chiffons. Vous reviendrez me voir et nous taillerons de bonnes bavettes, puisque vous aimez à causer sociologie (P. BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 131).
Rem. On rencontre ds la docum. la loc. vieillie causer raison. Parler le lang. de la raison. Je voulais causer raison avec toi (...) De grâce, Renée, écoute-moi (ZOLA, Renée, 1887, V, 8, p. 400).
B.— [L'obj. désigne une lang., un parler] Pop. ou fam.
1. [L'obj. est un subst. actualisé par un art. ou un déterminatif] Être capable de s'exprimer dans une langue. Ne causant pas la langue anglaise, j'avais tout le temps de m'amuser l'œil (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 277).
Emploi pronom. à sens passif. L'argot au bagne se cause peu, sauf par les nouveaux ou entre malfaiteurs récidivistes (A.-L. DUSSORT, Lettre à son frère, 1929, dép. par G. Esnault, 1953, p. 2).
2. [L'obj. est un subst. non actualisé] S'exprimer effectivement devant quelqu'un dans telle langue que l'on connaît. Causons donc français et non franco-anglais (A.-L. DUSSORT, Des Preuves d'une existence, 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 95). Moi, je cause français à la vierge et elle me répond en latin (CLAUDEL, La Rose et le Rosaire, Paris, Gallimard, 1947, p. 7).
Rem. gén. 1. Causer est un verbe qui, comme parler et à la différence de dire, s'emploie sans compl. d'obj. dir., sauf s'il s'agit d'un obj. interne (matière ou forme du lang.) cf. supra II. 2. La matière ou propos s'énonce cependant habituellement à l'aide d'un compl. prép. (habituellement de; plus rarement sur, cf. supra I A 2). Quand il s'agit de la lang. parlée effectivement (cas II B 2), la prép. en est usuelle (cf. supra I B 1). 3. Au sens de « s'entretenir familièrement » on se sert de la prép. avec pour introduire le partenaire de l'entretien. Lorsque causer signifie « parler », on introduit le destinataire par la prép. à ou les formes non prép. du pron. (lui, le, etc.). Citoyens et citoyennes de Blémont, on vous cause (AYMÉ, Uranus, 1948, p. 234). La prép. devant peut s'employer lorsqu'il s'agit d'un auditoire, d'une assemblée (cf. supra I B 1). 4. La tournure causer à qqn est gén. considérée comme incorrecte et n'est en usage que dans la lang. pop. ou très fam. Elle n'est attestée dans la lang. littér. que lorsque l'aut. veut suggérer une impression de familiarité. 5. On rencontre ds la docum. ) Le part. prés. adjectivé causant, fam. [En parlant de pers.] Qui cause, bavarde volontiers; qui aime à bavarder. Il y avait bien du monde à cet enterrement (...) Et les gens n'étaient guère causants (AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 191). P. méton. [En parlant d'une réunion de pers.] Où l'on cause, où l'on bavarde. Nous étions vingt-cinq à table (...) Dîner très bien servi, très causant (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 146). ) Le néol. causoir, subst. masc. Pièce où l'on se tient pour converser. Un embryon d'antichambre précède une amorce de cabinet de travail; la chambre à coucher-salon... causoir atteint seule des proportions normales (COLETTE, Claudine en ménage, 1902, p. 236).
Prononc. et Orth. :[koze], (je) cause [ko:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1174 « faire comparaître quelqu'un en justice pour qu'il s'explique » (GARNIER DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, 3135 ds T.-L. : Ne devez ... Nului de noz iglises ne des dismes causer), attest. isolée; ca 1265 pronom. « raisonner, s'expliquer » (La clef d'amors, éd. A. Doutrepont, 970); XIVe s. trans. « id. » (FROISSART, Chron., II, II, 239 Buchon ds GDF.) — XVIe s. Carloix, ibid.; 2. 1572-73 [et non XIIIe s. Clef d'amors] « bavarder » (J.-A. DE BAÏF, L'Eunuque, II, 3 ds HUG.); XVIe s. « parler en mal de quelqu'un » (ID., ibid.; V, 2, ibid.); 1662 absol. « parler avec indiscrétion » (MOLIÈRE, Ecole des Femmes, acte 2, scène 5); fin XVIIe s. part. prés. adj. causant « qui aime à parler » (Mme de Sévigné ds SOMMER, Sévigné, p. 130); 1805 p. ell. (CONSTANT, Journaux intimes, p. 205 : Passé une heure à causer amour et fatuité avec Mme Gay); 1835 causer de la pluie et du beau temps (Ac.). 1 est empr. au lat. class. causari « plaider, disputer », « alléguer, débattre des arguments » et « faire des objections pour gagner du temps »; la forme causatus de sens passif (Tertullien ds TLL s.v., 706, 67) suppose un causare attesté au VIe s. (Cassiodore, ibid., 706, 71); 2 est une création du fr. p. ext. de l'idée de « discussion traînant en longueur » implicite ds 1 : cf. le terme de formation pop. en a. fr. choser « blâmer » (1er quart du XIIe s. ds T.-L.) maintenu ds le norm. causer « blâmer » (MOISY).
STAT. — Causer1 et 2. Fréq. abs. littér. :12 214. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 17 625, b) 24 386; XXe s. : a) 20 384, b) 11 571.
DÉR. 1. Causailler, verbe intrans. Converser familièrement de manière peu suivie sur des choses sans intérêt. Causaillé tout en regardant la statue de Philibert Emmanuel (BARBEY D'AUREVILLY, 1er Memorandum, 1838, p. 208). 1re attest. 1838 id.; de causer, suff. -ailler. 2. Causoter, verbe intrans. Converser familièrement, de manière peu suivie. Après le déjeuner, on reçoit les lettres et les journaux, on lit, on causotte (L. HALÉVY, Carnets, t. 1, 1908, p. 226). Seule transcr. ds PASSY 1914 : []. 1re attest. 1863 causoter (E. et J. DE GONCOURT, Journal, p. 1259); dimin. de causer2, suff. -oter.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 93. — GOUG. Mots t. 2 1966, p. 63. — Intermédiaire des chercheurs et des curieux 1895, t. 32, col. 34, 176, 218; 1899, t. 40, col. 721; 1902, t. 45, col. 960; 1902, t. 46, col. 96, 267; 1904, t. 49, col. 542, 813, 932; 1904, t. 50, col. 39. — QUEM./e s. t. 2 1971, p. 16. — MATORÉ (G.). Proust linguiste. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, p. 290. — MULLER (C.). Fr. Monde. 1965, n° 32, pp. 55-56.

1. causer [koze] v. tr.
ÉTYM. XIIIe; de cause.
(Sujet n. de personne ou de chose). Être la cause de. Amener, apporter, attirer, déclencher, entraîner, faire, motiver, occasionner, produire, provoquer, susciter. || Causer un malheur. || Causer un dommage. || Causer du scandale. || L'orage a causé de graves dommages aux récoltes.Causer de la peine (contrarier, peiner), du chagrin (chagriner), du dépit (dépiter), un choc à qqn. || Vous lui avez causé bien des soucis. || La situation nous a causé quelque inquiétude. || Ça lui a causé beaucoup d'ennuis.Causer le malheur, la mort de qqn. || Causer l'enthousiasme, l'indignation de qqn.Vieilli. || Se causer un mal, le causer à soi-même (→ ci-dessous, cit. 3).
1 La jalousie est le plus grand de tous les maux, et celui qui fait le moins de pitié aux personnes qui le causent.
La Rochefoucauld, Maximes, 503.
2 (…) Et voyez, je vous prie,
Quelles rencontres dans la vie
Le sort cause (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 26.
3 Vous vous êtes causé vous-même tout le mal.
Molière, l'Étourdi, IV, 6.
4 (…) il n'aura point regret de causer son bonheur.
Molière, l'Étourdi, II, 11.
5 À ceux-ci je n'ai pas causé de si grands tourments, tout au plus des ennuis.
Colette, la Naissance du jour, p. 16.
6 Ce qu'il y a toujours de mystérieux, d'inacceptable, dans l'agonie d'un autre être humain, lui causait, en ce moment (…) une angoisse insurmontable.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 211.
7 (…) Je voudrais obtenir de vous des associations d'idées naïves et spontanées et non pas des associations contrôlées dont, malgré vous, vous éliminez précisément ces souvenirs odieux qui causent vos cauchemars.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XII, p. 121.
Causer préjudice, causer tort à qqn.
——————
causé, ée p. p. adj.
Didact. || Les phénomènes causés et leurs causes (→ 1. Causant, cit.).
CONTR. Dériver, procéder (de), venir (de).
DÉR. 1. Causant, causateur, causation.
HOM. 2. Causer. — Voir aussi 1. Causant, 2. causant, cause.
————————
2. causer [koze] v. intr.
ÉTYM. XIIIe, répandu XVe; lat. causari « faire un procès », « plaider, alléguer ».
1 S'entretenir familièrement avec qqn. Parler; bavarder, converser, confabuler (vx), deviser, discuter. || Nous causons ensemble. || Causer avec qqn. || Causer poliment (cit. 1). || Causer librement, longuement. || Aimer à causer ( 2. Causant, causeur). || Causer à bâtons rompus.C'est assez causé. || Assez causé : n'en parlons plus, brisons là; agissons.
1 Le duc d'Orléans (…) daigna un jour causer avec moi au bal de l'Opéra; il me fit un grand éloge de Rabelais.
Voltaire, Lettre à Mme du Deffand, 13 oct. 1759, in Littré.
2 Un jour que quelques conseillers parlaient un peu trop haut à l'audience, M. de Harlay, premier président, dit : « Si ces messieurs qui causent ne faisaient pas plus de bruit que ces messieurs qui dorment cela accommoderait fort ces messieurs qui écoutent. »
Chamfort, Caractères et Anecdotes, M. de Harlay et ses conseillers.
3 (…) à cette époque de Louis XIV, toutes les femmes du monde écrivent avec charme; elles n'ont pour cela qu'à écrire comme elles causent et à puiser dans l'excellent courant d'alentour.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 22 oct. 1849.
4 (…) — Je viens, sans rien en dire,
M'asseoir sous votre lampe et causer avec vous (…)
A. de Musset, À Ninon.
5 M. Vasse (…) le soupirant (…) de Madame, causait tout bas avec elle dans un coin (…)
Maupassant, la Maison Tellier, Pl., t. I, p. 280
6 (…) ces tête-à-tête nocturnes, où il monologuait plutôt qu'il ne causait.
Maupassant, Notre cœur, II, VII, p. 222.
7 (…) à Clarke qui, depuis un mois, « causait » avec Yarmouth, on adjoignit Champagny pour « négocier » (…)
Louis Madelin, Vers l'Empire d'Occident, XIII, Le soulèvement de la Prusse, p. 169.
Fam. Cause toujours; cause toujours, tu m'intéresses : tu peux parler, je ne t'écoute pas !
Allus. littér. || Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire !, leitmotiv du perroquet Laverdure, dans Zazie dans le métro de R. Queneau.
7.1 « Tu causes… tu causes… » Oui, nous jacassons, nous dont c'est le métier.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes, 1958-1960, p. 311.
V. tr. ind. || Causer de quelque chose, en parler, en discuter. || Causer longuement d'une affaire. || Causer de littérature, de peinture… || On en cause : la chose est connue, on en parle.
7.2 (…) Causant de nous, de notre union, de la douceur de notre sort, et faisant pour sa durée des vœux qui ne furent pas exaucés.
Rousseau, les Confessions, VI.
Fam. Causer de la pluie et du beau temps : tenir de vains propos.Causer de choses et d'autres : converser sans propos déterminé. — ☑ Ellipt. Causer chiffons.
8 (…) avec les verbes qui signifient parler, il n'y a point de préposition du tout. On dit : causer plans, épigraphie, politique; — parler avenir, chiffons; — disserter finances; — « Il revit un petit café où ils se réunissaient pour fumer et pour causer politique. » (Flaub., l'Éduc. sent., II, 7.).
Brunot, la Pensée et la Langue, X, VIII, p. 399.
8.1 (…) il va se promener sur le boulevard, fume son cigare, entre au cercle pour lire les journaux, cause littérature, cotes de la Bourse, politique ou chemin de fer.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, II, V.
REM. En français contemporain, causer employé comme synonyme de parler, notamment dans la construction causer à quelqu'un est populaire et connote le manque d'éducation ou un usage régional. Elle cause bien ! — Je te cause ! : tu pourrais écouter, faire attention !
8.2 Mais sa fille (…) demandait d'une voix rogue :
— Non, mais c'est pour moi, ce que vous venez de dire ?
L'autre se retourna, le visage écarlate, l'œil dangereux, et toisant l'écolière, prononça d'un ton menaçant :
— Cause à ta table, saucisse.
M. Aymé, Maison basse, p. 10.
Il n'en était pas de même en français classique :
9 On ne cause pas à quelqu'un; on cause avec quelqu'un. Pourtant cette manière de parler se trouve dans J.-J. Rousseau, qui n'est pas toujours très pur, et sans doute dans d'autres. La première fois que je la vis elle était à la veille de son mariage; elle me causa longtemps avec cette familiarité charmante qui lui est naturelle (…)
Rousseau, les Confessions, VII, in Littré, Dict., art. Causer.
10 J'avoue que l'on vous cause, lequel remonte à Corneille (Place Royale), n'est point ce qui heurte le plus dans la déchéance du langage, si l'on admet parler avec sur le même plan que parler à.
A. Thérive, le Franç. langue morte ? p. 90, in Grevisse.
2 (1690). Parler trop, inconsidérément, avec indiscrétion, légèreté. Bavarder, jacasser, jaser, papoter. || Ne lui dites que ce vous voudrez que tout le monde sache, car il aime à causer (Académie).
11 Hé ! voulez-vous, Madame, empêcher qu'on ne cause ?
Molière, Tartuffe, I, 1.
3 (1662). Vx (langue class.). Parler avec malignité. Cancaner, jaser, potiner.REM. Si les exemples suivants ont une allure moderne, leur valeur exacte n'est pas perçue :
12 Le monde, chère Agnès, est une étrange chose !
Voyez la médisance, et comme chacun cause !
Molière, l'École des femmes, II, 5.
Transitif indirect :
13 J'ai peur (…)
Que de cet incident par la ville on ne cause.
Molière, l'École des femmes, IV, 2.
CONTR. Taire (se).
DÉR. 2. Causant, causerie, causette, causeur, causeuse.
HOM. 1. Causer. — Voir aussi 1. Causant, 2. causant; cause.

Encyclopédie Universelle. 2012.