chaud, chaude [ ʃo, ʃod ] adj. et n. m. I ♦ Adj. A ♦
1 ♦ (Opposé à froid, frais) Qui est à une température plus élevée que celle du corps; dont la chaleur donne une sensation particulière (agréable, ou douloureuse : brûlure). Eau chaude. Prendre un bain chaud. À peine chaud (⇒ tiède) , très, trop chaud (⇒ bouillant, brûlant) . Attention, c'est chaud ! Loc. Chaud devant ! Rendre chaud. ⇒ chauffer, réchauffer. Le radiateur est chaud. Repasser avec un fer chaud. Bouche d'air chaud. Serre chaude. — Soupe chaude. Boisson chaude. Un chocolat chaud. Plats chauds. Repas chaud, comportant des plats chauds. — Adv. Servir chaud. Buvez chaud. Chaud les marrons ! — (Atmosphère, temps) Climat très chaud (⇒ torride) , chaud et humide (⇒ tropical) . « La nuit était admirable, calme, chaude » (Fromentin). La saison chaude : l'été.
♢ Qui réchauffe ou garde la chaleur. Le soleil n'est pas très chaud. Un lainage chaud.
2 ♦ (Opposé à froid, refroidi) Qui a gardé la chaleur naturelle ou transmise. Le moteur, le lit est encore chaud. Avoir, tenir les pieds chauds. Le corps de la victime est encore chaud. Fam. Elle est chaude comme une caille. — Battre le fer pendant qu'il est chaud. Fig. Il est parti hier, sa place est encore chaude. Je vous apporte la nouvelle toute chaude, toute récente.
3 ♦ Cour. (vx en sc.) Animaux à sang chaud, homéothermes.
4 ♦ Loc. fig. Pleurer à chaudes larmes. Faire des gorges chaudes. Jouer à la main chaude.
5 ♦ Nucl. Qui est fortement radioactif et nécessite une protection particulière. Produits chauds. Zone chaude.
B ♦ Fig.
1 ♦ Qui donne une sensation de chaleur. Se sentir le front chaud. ⇒ fiévreux. Cet enfant est chaud.
2 ♦ Qui est ardent, sensuel. Un tempérament chaud. Avoir le sang chaud. Quartier chaud : quartier de prostitution. — Un chaud lapin.
3 ♦ Qui a de la passion, de l'ardeur. Vx « Près d'un esprit si chaud et si fort emporté » (P. Corneille). Mod. Avoir la tête chaude. ⇒ emporté, fougueux, vif. — Spécialt Qui met de l'animation, de la passion dans ce qu'il fait. ⇒ ardent, chaleureux, empressé, enthousiaste, fervent , passionné, zélé. De chauds admirateurs. Il n'est pas très chaud pour cette affaire. ⇒fam. emballé. Un chaud partisan. ⇒ décidé, déterminé.
♢ Où il y a de l'animation, de la passion. De chaudes félicitations. Une chaude discussion. ⇒ animé, vif. La bataille fut chaude. ⇒ âpre, dur, sanglant. Le match sera chaud. Chaude alerte. — (1967) Guerre chaude (opposé à guerre froide) . Points chauds. Des mois chauds, un printemps chaud, marqués par une agitation politique et sociale. « On disait que la rentrée serait chaude, chaude, chaude. Les étudiants s'agitaient. Les O.S. dételaient » (Vautrin).
4 ♦ Qui exprime vivement et donne une impression de chaleur (fig.), de passion. Chaude éloquence, entraînante. Une voix chaude. — Tons chauds, coloris chauds. « un arsenal de tons chauds à l'usage des coloristes » (Flaubert).
II ♦ N. m.
1 ♦ (Employé avec le froid) Le chaud : la chaleur. Craindre le chaud autant que le froid. Souffler le chaud et le froid : imposer des conditions selon son caprice. — Attraper un chaud et froid, un refroidissement.
2 ♦ AU CHAUD : dans des conditions telles que la chaleur ne se perde pas. Garder, tenir un plat au chaud. Être bien au chaud.
3 ♦ Nominal (apr. un verbe) Avoir chaud, très, trop chaud. Fam. On crève de chaud, ici ! Fig. J'ai eu chaud : j'ai eu peur. — Il fait chaud, assez chaud. — Mon manteau tient chaud. « Il avait pris chaud dans la course » (Duhamel). ⇒ s'échauffer. — Fig. Ne faire ni chaud ni froid : être indifférent (à qqn). « Toutes ces belles raisons ne me font ni chaud ni froid » (Aymé).
4 ♦ Loc. adv. À CHAUD : en mettant au feu, en chauffant. Étirer un métal à chaud. — Opérer à chaud, en crise, pendant qu'il y a des phénomènes inflammatoires. — Fig. Au moment où l'événement vient de se produire. Régler un problème à chaud.
⊗ CONTR. 1. Frais, 1. froid, gelé, glacé; 2. calme, flegmatique, indifférent.
⊗ HOM. Chaux, show.
● chaud adverbe À chaud, en pleine crise, en pleine animation ; au moment même où l'événement dramatique vient d'avoir lieu ; alors qu'il existe de la fièvre et un état inflammatoire : Opérer à chaud. Avoir chaud, avoir une sensation de chaleur. Familier. Avoir eu chaud, l'avoir échappé belle. Familier. Coûter chaud, coûter cher. Donner chaud à quelqu'un, lui donner un sensation de chaleur. Faire chaud au cœur, faire plaisir, réchauffer le cœur. Il fait chaud, on sent la chaleur. Familier. Il fera chaud quand…, il n'arrivera jamais que… Manger, boire chaud, absorber des aliments chauds. Ne faire ni chaud ni froid à quelqu'un, lui être indifférent. Tenir chaud, fournir de la chaleur, éviter d'avoir froid. ● chaud nom masculin Chaleur : Endurer le chaud et le froid. ● chaud (expressions) adverbe À chaud, en pleine crise, en pleine animation ; au moment même où l'événement dramatique vient d'avoir lieu ; alors qu'il existe de la fièvre et un état inflammatoire : Opérer à chaud. Avoir chaud, avoir une sensation de chaleur. Familier. Avoir eu chaud, l'avoir échappé belle. Familier. Coûter chaud, coûter cher. Donner chaud à quelqu'un, lui donner un sensation de chaleur. Faire chaud au cœur, faire plaisir, réchauffer le cœur. Il fait chaud, on sent la chaleur. Familier. Il fera chaud quand…, il n'arrivera jamais que… Manger, boire chaud, absorber des aliments chauds. Ne faire ni chaud ni froid à quelqu'un, lui être indifférent. Tenir chaud, fournir de la chaleur, éviter d'avoir froid. ● chaud (homonymes) adverbe chaut verbe chaux nom féminin show nom masculin ● chaud (expressions) nom masculin Au chaud, dans un lieu où la température est suffisamment élevée pour qu'il n'y ait pas de refroidissement ou de sensation de froid. Un chaud et froid, un refroidissement, cause de rhume, de congestion. ● chaud, chaude adjectif (latin calidus) Qui est à une température élevée par rapport au corps humain, qui donne une sensation de chaleur : Prendre un bain chaud. Une boisson chaude. Qui dégage beaucoup de chaleur, où la température atmosphérique est relativement élevée : Aller dans les pays chauds. Qui emmagasine et conserve bien la chaleur : La pièce la plus chaude de l'appartement. Se dit d'un appareil qui a atteint un degré suffisant de température pour fonctionner convenablement. Qui préserve du froid en conservant la chaleur animale : Des lainages bien chauds. Qui est empressé, ardent, passionné : C'est un chaud partisan de cette théorie. Une chaude recommandation. Qui est marqué par une forte animation, de l'agitation ou par une certaine gravité ; rude : La discussion a été chaude. Familier. Qui est sensuel, porté à l'amour : C'est un chaud lapin. Qui produit une sensation prenante et agréable sur la vue, l'ouïe, l'odorat, qui est doux et attirant, qui procure une sensation de bien-être : Le rouge, l'orangé sont des couleurs chaudes. Une voix chaude. Nucléaire Se dit d'une substance fortement radioactive ou d'un local contenant une telle substance. ● chaud, chaude (expressions) adjectif (latin calidus) Avoir la tête chaude, le sang chaud, s'emporter facilement. Être encore (tout) chaud, en parlant d'un être vivant qui vient juste de mourir, avoir encore la chaleur de la vie ; qui vient de se produire et dont les effets ne sont pas encore atténués. Ne pas être (très) chaud pour quelque chose, ne pas y être (très) favorable. Point chaud, lieu névralgique où risque de se produire un conflit ; ce qui provoque une violente contestation. Nodule chaud, nodule (notamment dans la glande thyroïde) qui fixe avec une particulière intensité l'isotope radioactif administré dans un but diagnostique. Allure chaude, dans un haut fourneau, élévation de la température aux tuyères. Poudre chaude, poudre à température d'explosion élevée. ● chaud, chaude (homonymes) adjectif (latin calidus) chaut forme conjuguée du verbe chaloir chaux nom féminin show nom masculin ● chaud, chaude (synonymes) adjectif (latin calidus) Qui est à une température élevée par rapport au corps...
Synonymes :
- brûlant
Qui dégage beaucoup de chaleur, où la température atmosphérique est...
Contraires :
- frais
- froid
- gelé
- glacé
- glacial
- tiède
Qui emmagasine et conserve bien la chaleur
Synonymes :
- torride
Qui est empressé, ardent, passionné
Synonymes :
- ardent
- emballé (familier)
- fervent
- fougueux
- passionné
Contraires :
- calme
- indifférent
Qui est marqué par une forte animation, de l'agitation ou...
Synonymes :
- acharné
- âpre
- dur
- rude
- vif
- violent
Contraires :
- anodin
- léger
Familier. Qui est sensuel, porté à l'amour
Synonymes :
- amoureux
- lascif
- passionné
Contraires :
- frigide
chaud, chaude
adj., n. m. et adv.
rI./r adj.
d1./d Qui procure une sensation de chaleur, qui présente une température plus élevée que celle du corps humain. Un climat chaud. De l'eau trop chaude.
d2./d Qui donne, qui produit, qui garde, qui transmet la chaleur. Du manioc trop chaud. Avoir les mains chaudes.
— (Afr. subsah.) Avoir le corps chaud: avoir de la fièvre.
d3./d PHYSIOL Les animaux à sang chaud, homéothermes.
d4./d Fig. Une nouvelle toute chaude, récente.
d5./d Fig. Ardent, sensuel. Avoir le sang chaud.
d6./d (Québec) Fig., Fam. Ivre. Un gars chaud. Se mettre chaud.
d7./d Fig. Une chaude affection, passionnée, zélée.
d8./d Fig. L'alerte aura été chaude, rude.
d9./d Fig. Une voix chaude, animée, bien timbrée.
d11./d (Afr. subsah.) Qui présente des difficultés, du danger. L'examen était très chaud. La situation est chaude en ville.
d12./d Loc. Fam. Ne pas être chaud pour: ne pas avoir vraiment envie de, ne pas trop vouloir. Je ne suis pas chaud pour sortir ce soir.
rII./r n. m.
d1./d Chaleur. Il ne craint ni le chaud ni le froid.
d2./d Un chaud et froid: refroidissement brusque alors que l'on est en sueur.
d3./d Au chaud: de manière que la chaleur se conserve. Tenir un plat au chaud.
d4./d (Nominal après un verbe.) Avoir chaud.
— Avoir eu chaud: avoir échappé de bien peu à un désagrément.
— Il fait chaud.
— Fam. Cela ne me fait ni chaud ni froid, m'est indifférent.
rIII/r adv.
d1./d Mangez donc chaud.
d2./d Loc. adv. Opérer à chaud, en pleine crise.
⇒CHAUD, CHAUDE, adj., adv. et subst.
I.— Adjectif
A.— [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.]
1. Qui a ou qui dégage une température relativement élevée; où règne une telle température. Eau, serre chaude; vent chaud. L'aube déjà tiède d'une chaude journée d'été (ZOLA, Le Rêve, 1888, p. 111). À Laroche, je voulus lui faire prendre quelque chose de chaud (G. LEROUX, Le Parfum de la dame en noir, 1908, p. 167).
SYNT. Air, climat, sable chaud; nuit, soupe chaude; chaud soleil, chaude lumière.
— P. métaph. Cette vengeance (...) était prête, elle était chaude, elle bouillonnait (BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, p. 292).
— Expr. fig.
♦ (Il faut) battre le fer quand (pendant qu') il est chaud. Sans tarder (cf. battre1 I A 1 b technol. ex. 6).
P. plaisant. Je disais : Il faut battre le coup d'État quand il est chaud (HUGO, Histoire d'un crime, 1877, p. 203). Achève ton travail pendant que nous sommes chauds tous les deux! (CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1944, 4e journée, 2, p. 854).
♦ Il ne trouve rien de trop chaud (ni de trop froid), il n'y a rien de trop chaud (ni de trop froid) pour lui. Il veut tout avoir, sans qu'aucune difficulté l'arrête. Les cosaques forçaient les portes, et rien ne leur était ni trop chaud, ni trop lourd (POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 142).
♦ Si vous n'avez rien de plus chaud, vous n'avez que faire de souffler. Vous perdez votre peine, vous comptez sur une vaine espérance.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. et ds Lar. 20e.
2. [En parlant de vêtements] Qui préserve du froid, qui tient chaud. Manteau chaud.
3. Spécialement
a) GÉOGR. [En parlant d'une partie du globe] Qui est situé dans une région où la température est élevée, en raison de sa position proche de l'équateur. Pays chauds. Croisières en mers chaudes (MORAND, New-York, 1930, p. 63).
b) GÉOL. [En parlant d'un sol] Qui a une certaine température en raison de sa nature ou de son exposition. Cette terre est chaude, (...) la craie réfléchit le soleil et laisse passer l'eau (MICHELET, Journal, 1833, p. 113).
c) MÉD., PHYSIOL.
— [En parlant d'une pers., d'un animal, d'une plante ou d'une partie de leur être] Qui a une température naturelle déterminée, correspondant aux fonctions organiques, à la vie, ou dont la température s'élève sous l'action de différents facteurs (soleil, maladies, émotions diverses). Animaux à sang chaud. S'il est un peu chaud, un peu fiévreux, (...), ne t'inquiète pas. Ce sont les dents qui le travaillent (PAGNOL, Fanny, 1932, III, 2, p. 173).
— [En parlant d'une qualité, etc.] Qui s'accompagne d'une certaine température, naturelle ou provoquée, qui donne de la chaleur ou une impression de chaleur. Le visage de Félicité s'empourpra d'une joie chaude (ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 86).
d) PHYS. NUCL. [En parlant d'une substance ou d'un lieu] Dont la radio-activité élevée exige des précautions spéciales. Laboratoire chaud (GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, 1962, p. 225).
B.— Au fig.
1. [En parlant d'une chose qui exerce un effet partic. sur les sens] Qui est agréable aux sens par sa richesse, ses qualités propres, l'impression de vie qu'il donne. Le timbre chaud et expressif du nouveau jeu de clarinette (V. D'INDY, César Franck, 1908-21, p. 141). L'odeur chaude-amère [des genêts] (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 303).
— Spécialement
a) [En parlant d'une teinte] Qui présente une dominante jaune ou rouge, qui plaît à l'œil par son harmonie. Les cimes des bois commençaient à se dorer, à prendre des tons chauds et bruns (BALZAC, L'Auberge rouge, 1831, p. 282).
— P. anal., dans le domaine artistique ou littér. Où l'on sent le génie, l'inspiration, le cœur de l'auteur; expressif, harmonieux :
• 1. ... l'atmosphère sonore pénétrante et chaude, la poésie et l'ardeur expressive de toute la partie intermédiaire en mi majeur ne sont pas sans quelque liberté de diction...
A. CORTOT, Frédéric Chopin, 1917, p. 33.
b) [En parlant d'un vin] Gorgé de soleil, riche en alcool, qui fait tourner la tête. Je le soupçonne [votre vin] (...) d'être un peu plus chaud que vous ne dites (GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 852).
Rem. Ne pas confondre avec l'expr. vin chaud, vin cuit avec des épices (cannelle, etc.), parfois mélangé de thé, et que l'on boit chaud en hiver.
— P. méton., région. (Ouest et Canada). Ivre. Les convives le trouvèrent un peu chaud à la seconde bouteille (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 352).
♦ (Être) chaud de vin (ou de tout autre alcool). Avoir bu avec un certain excès. Tenir en bride un Roméo... même chaud de gin (GENEVOIX, Match à Vancouver, Laframboise et Bellehumeur, 1942, p. 24).
♦ Se mettre chaud. S'enivrer (cf. HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, p. 93).
2. Domaine de la personnalité humaine.
a) [En parlant d'une pers., de son tempérament, d'un aspect de son comportement et parfois, p. compar., en parlant d'un animal] Qui est animé de sentiments vifs, favorables, parfois défavorables, qui traduit de tels sentiments, ardent, passionné. Chaud partisan, chaud patriote. Drôle de type : tantôt si amical et si chaud, tantôt glacé, presque cynique (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 244).
♦ N'être pas chaud pour qqc. N'en être pas chaud partisan, y être défavorable.
SYNT. Regard, tempérament chaud; voix chaude.
— Emploi subst. Personne ardente, passionnée, animée de sentiments vifs d'amour ou de haine (cf. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 365).
— Expressions
♦ Chaud comme braise. Ardents, chauds comme braises Mes ennemis sont des gens sérieux (VERLAINE, Dédicaces, Ballade, 1890, p. 191).
♦ Tout chaud, tout bouillant. Empressé :
• 2. ... tout chaud tout bouillant, il voulait, sans même changer de chemise ni quitter ses galoches montagnardes, rejoindre (...) la route royale...
L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 151.
♦ [P. allus. au N. T., Apocalypse III, 15-16] N'être ni chaud ni froid. Rester indifférent, ne pas prendre parti :
• 3. Bienheureux qui se lève, et, luttant, irrité,
Pour la justice en peine et pour la charité,
Applique sur le mal l'efficace remède!
Et malheur à qui n'est ni chaud ni froid, mais tiède!
LECONTE DE LISLE, Poèmes barbares, Les Paraboles de dom Guy, 1878, p. 345.
♦ Avoir les mains froides et le cœur chaud (ROB.). Froides mains, chaudes amours. Des mains froides vont souvent de pair avec un tempérament ardent.
♦ Tête chaude. Personne passionnée, prompte à s'emporter. C'était une tête chaude, un esprit faible (A. FRANCE, L'Orme du mail, 1897, p. 93). Avoir le sang chaud, la tête chaude. Se mettre facilement en colère. Il n'avait pas (...) un sang chaud et vicieux, il était animé d'une haine sourde et froide (BALZAC, Les Paysans, 1844-50, p. 339).
♦ VÉN. Avoir le fusil chaud. Utiliser son fusil de façon dangereuse dans la passion d'une partie de chasse. Ton grand d'Espagne dont tu dis qu'il a le fusil chaud (P. VIALAR, L'Homme de chasse, 1961, p. 355). P. méton. Fusil chaud. Chasseur qui, perdant son sang-froid dans la passion d'une partie de chasse, est un tireur dangereux (cf. DUCHARTRE 1973).
b) [En parlant d'une qualité, d'un sentiment, d'une activité hum., etc.] Qui est rempli de sympathie, d'amitié, qui est agréable au cœur humain. Ces souvenirs chauds qui font, (...), sourire les lèvres et frémir le cœur (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Ma femme, 1882, p. 667) :
• 4. Lisant la mort de Turenne et le procès de Fouquet, il remarquait, pour celui-ci, que l'intérêt de Mme de Sévigné était bien chaud, bien vif, bien tendre pour de la simple amitié.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 316.
— Par litote. N'être pas chaud. Ne pas être amical. Entre eux, ça n'avait jamais été chaud, chaud (MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, p. 66).
c) Domaine de la sensualité et de l'instinct sexuel. [Très souvent avec une nuance péj.]
— [En parlant d'une pers.] Qui a les sens ardents, porté aux choses de l'amour. C'était une chaude femelle. Impudique et imprudente, elle prenait partout son plaisir (MICHELET, Journal, 1849-60, p. 577).
♦ Expr. fam. ou pop.
Chaud de la pince. Coureur. Synon. chaud lancier. Le grand patron (...) chaud de la pince et qui pelotait (...) les femmes de ses collaborateurs (L. DAUDET, La Vie de Clemenceau, 1942, p. 128).
Rem. On rencontre en ce sens ds la docum. les mots composés. a) Chaud-de-la-couche (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1892, p. 324). b) Chaud-de-la-pince (cf. P. BOURGET, Un Crime d'amour, 1886, p. 226).
Chaud lapin. Homme qui a les sens ardents. Le vieux étant encore un chaud lapin, malgré ses 75 ans et plus (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 150).
Chaud comme une caille. Cf. caille1 B 2 b.
— [En parlant d'un inanimé] Sensuel, empreint de sensualité et, plus largement, de réalisme :
• 5. Moi qui ne suis pas prude, et qui n'ai pas de gaze
Ni de feuille de vigne à coller à ma phrase,
Je ne passerai rien. — Les dames qui liront
Cette histoire morale auront de l'indulgence
Pour quelques chauds détails...
T. GAUTIER, Albertus, 1833, p. 172.
♦ Lang. pop. [En parlant d'un lieu] Où se pratique la prostitution, la débauche. Visiter les garnis les plus douteux, les « cabarets chauds » (MORAND, Londres, 1933, p. 106).
— Spéc., ZOOL. [En parlant d'un animal, plus partic. d'une femelle] Ardent à s'accoupler, en état de le faire. C'est Aude, encline à s'accoupler Ainsi qu'une chienne chaude (MORÉAS, Sylves, 1896, p. 20).
d) P. méton.
— D'un point de vue favorable. [En parlant d'une chose qui reflète, exprime une personnalité] Plein de chaleur humaine. Atmosphère chaude. Le café Lipp, tout chaud d'âme et d'intimité (FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 56).
— D'un point de vue défavorable. [En parlant d'une chose qui a trait à l'activité hum. (événement, période, lieu)] Où il y a de l'animation, des disputes, des oppositions d'idées, d'intérêts. La campagne du referendum fut des plus chaudes (G. VEDEL, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel, 1949, p. 305).
♦ Spécialement
Où il y a des échanges de coups, du sang qui coule. Après deux heures d'un combat très chaud, Dégo fut repris (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 351).
Où il y a des tensions sociales, politiques, de l'agitation, un climat de crise. Point chaud. « Chaud, chaud, le printemps sera chaud », répétaient-ils [des lycéens manifestant] (La Croix, 14 mars 1975, p. 8, col. 4).
Arg. Dangereux. Les communistes je ne m'en occupe pas; c'est trop chaud. Le Soudi ne peut pas les encaisser (H. BAZIN, Le Bureau des mariages, 1951, p. 106).
3. [Avec une valeur ou une nuance partic.]
a) [Avec une valeur intensive] Fort, grave, sérieux. Nous avons eu, cette nuit, une chaude alerte (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 469).
♦ Donner une alarme bien chaude, la donner bien chaude. Donner l'alarme en présentant la situation pire qu'elle n'est.
♦ Loc. prép. Au plus chaud de. Au plus fort de. Au plus chaud de notre passion (GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 471).
♦ Pleurer à chaudes larmes. Pleurer beaucoup et sous l'empire d'une vive douleur surtout morale. Maman pleurait à chaudes larmes en pansant mon sauveteur (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 80).
— PATHOL. Chaud mal, fièvre chaude. Forte température avec délire. Il y en a plus d'un (...) que votre père arracha à la fièvre chaude (NERVAL, Faust, 1840, p. 53).
♦ P. métaph. Et l'Empire qui était si fier de cette fièvre chaude de l'industrie! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1311).
♦ Expr. vieillie. Tomber de fièvre en chaud mal. Passer d'une situation difficile à une situation pire :
• 6. ... un très grand nombre de propriétaires, (...), travaillent, épargnent, capitalisent. C'est tomber de fièvre en chaud mal. (...) le propriétaire (...) qui reçoit des appointements pour son travail, est un fonctionnaire qui se fait payer deux fois : ...
PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 288.
b) [Avec une nuance temp.]
— [En parlant d'une chose] Qui, par la proximité d'un fait (présence d'une personne, événement, etc.) garde une certaine chaleur, réelle ou supposée. Prendre la place toute chaude de qqn. Des lèvres encore chaudes d'injures (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 379). Faire l'histoire immédiate et toute chaude de ce qui vient de se passer (HUGO, Correspondance, 1851, p. 32).
— [En parlant d'une pers.] Qui est sous le coup d'un événement récent, d'une situation, qui en garde de vives impressions. Il débarquait de la campagne encore tout chaud des événements qu'il avait lus (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 656).
— Expressions
♦ Le rendre tout chaud, le rendre chaud comme braise. Se venger immédiatement d'un mauvais coup, d'une parole méchante, en particulier par une répartie.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. et ds Lar. 20e.
♦ Cet ouvrage est encore tout chaud de la forge. Cet ouvrage vient d'être terminé.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. et ds Lar. 20e.
♦ Rare. N'avoir rien de plus chaud que de. N'avoir rien de plus pressé que de. Mes petits-enfants, (...) n'ont eu rien de plus chaud que d'en parler à tout le monde (BALZAC, La Rabouilleuse, 1842, p. 474).
II.— Emplois adv. et interjectifs
A.— Emplois adv.
1. Loc. verbales
a) Boire, manger, servir, tenir chaud, etc.
— P. métaph. [Avec une nuance temp.] Écrire vite et servir chaud (MAURIAC, Journal 4, 1950, p. 204).
Rem. On rencontre ds la docum., également employé p. métaph., le mot composé chaud-servi. Adeptes de l'art éruptif et tout chaud-servi (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 157).
— Domaine de la personnalité hum. Avec ardeur, passion. L'admirable Après-midi d'un faune (...), jouée plus chaud (...) que dimanche dernier (WILLY, Notes sans portées, par l'ouvreuse du Cirque d'été, 1896, p. 17).
— Expr. partic., rare.
♦ Coûter chaud. Coûter cher. Je m'occupe d'un home pour enfants de déportés, et ça coûte chaud (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 250). Au fig. Avoir de fâcheuses conséquences. Il en coûte chaud, chez nous, d'être trouvé porteur d'un pistolet : ce sont les travaux forcés (MORAND, Londres, 1933, p. 317).
♦ Tenir chaud à qqn. Le laisser sans repos ni trêve. Ce drame... qui lui avait tenu chaud pendant l'hiver (A. DAUDET, Le Nabab, 1877, p. 178).
♦ Souffler chaud (SAINTE-BEUVE, Correspondance générale, t. 5, 1818-69, p. 311); cf. III A 1 expr. fig.).
♦ Prendre chaud et froid (MICHELET, Journal, 1857, p. 346; cf III A 1 méd. physiol.).
b) [À la 3e pers. du sing.] Faire chaud. Il fait chaud dans cette chambre comme dans un four (Ac. 1798-1878). Il fait grand chaud (M. DE GUÉRIN, Journal intime, 1833, p. 160).
— Lang. parlée. Il fait trop chaud marcher (PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 815).
— Domaine de la personnalité hum. Faire chaud au cœur (E. et J. DE GONCOURT, Renée Mauperin, 1864, p. 141).
— Expr. fig. et fam.
♦ Cela ne fait ni chaud ni froid à qqn. Cela le laisse indifférent. Il m'écoutait à peine! ça lui faisait ni chaud ni froid (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 453). Cela ne fait ni chaud ni froid à qqc. Cela n'y change rien, n'a aucune influence sur. Cela ne faisait ni chaud ni froid à mon avancement (STENDHAL, Vie de Henry Brulard, t. 2, 1836, p. 453).
♦ Il fait chaud (à une bataille). Il y a du danger, des risques sérieux :
• 7. De grandes batailles, il n'y en a pas; mais ce qu'ils appellent des affaires de poste. Ce n'est pas qu'il n'y fasse chaud aussi; mais tout le monde n'en est pas, ...
SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1893.
♦ Il fera chaud (avec une proposition temporelle ou conditionnelle). Il ne se produira pas de sitôt que. Si jamais je vous cède ma place, eh bien, il fera chaud! (PONCHON, La Muse au cabaret, La Politesse est morte, 1920, p. 284).
c) Avoir chaud. Une rose, qui a trop chaud, se dévêt de ses feuilles, une à une (RENARD, Journal, 1902, p. 762).
— Domaine de la personnalité hum. Autrefois son âme avait froid, maintenant elle avait chaud (HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 506).
♦ Spéc., domaine de la sensualité. Vous vous êtes abandonnée à lui comme une servante qui a trop chaud (CLAUDEL, La Jeune fille Violaine, 1re version, 1892, p. 517).
— Fam. Avoir eu chaud. Avoir évité de peu un malheur, des ennuis. Mais, « il s'épongea le front », on a eu chaud! (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, p. 33).
2. Loc. adv.
a) À chaud. Pendant que s'exerce l'action d'une température plus ou moins élevée. Dorure à chaud (cf. H. FONTAINE, Électrolyse, 1885, p. 124).
— Domaine de la personnalité hum. :
• 8. Tout épanchement de cœur se doit faire, il me semble à « chaud », c'est-à-dire dans un mouvement de confiance et d'affection.
BERNANOS, Lettres inédites, 1905, p. 1726.
— Spéc., CHIR., PATHOL. En période de fièvre, d'inflammation. Une appendicite aiguë à opérer à chaud, avec menace de péritonite (SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 19).
♦ P. métaph. Cette visite artistique ne prenait pas subitement le caractère urgent d'une intervention « à chaud » (PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 684).
♦ Au fig. En période de crise :
• 9. La rébellion d'Algérie a éclaté non par hasard, à ce moment précis, alors qu'au Maroc et en Tunisie il fallait régler « à chaud » le passage d'un état à l'autre.
MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 385.
b) Tout chaud.
— [Avec une nuance temp.] Immédiatement, sur le vif. Il écrit tout chaud, sans réfléchir (GIDE, Journal, 1907, p. 255).
— Très rare. Tout compris, au maximum. Tout chaud, cela ferait 19 000 francs (LAMARTINE, Correspondance, 1830, p. 379).
B.— Emplois interjectifs
1. [Indique une température élevée] Chaud! chaud! Le Marchand de marrons. — Chaud! chaud! les marrons! (A. FRANCE, Crainquebille, 1905, p. 291).
2. Fam. Chaud! (chaud!), parfois (chaud-là). Allons! Vite! Agissons vite et bien! Chaud! chaud!... Passons au calembour! (MEILHAC, HALÉVY, La Belle Hélène, 1865, I, 11, p. 205).
3. Chaud-là! Attention. Je me pensais (...) : « Chaud là, Bélisaire!... Prenons garde qu'il n'arrive pas malheur au moutard » (A. DAUDET, Contes du lundi, 1873, p. 84).
III.— Emplois subst. (pour désigner des inanimés).
A.— Subst. masc. inv.
1. Température élevée provenant de différentes sources et plus particulièrement du soleil. Souffrir le chaud et le froid (Ac. 1798-1932). Tenir, mettre un plat au chaud (DG). Se tenir au chaud. Il faisait un grand chaud, (...) il lui montra devant eux un ombrage de sapins (G. SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, 1858, p. 234). Tout sent l'étuve, la vapeur, le chaud (A. DAUDET, Jack, t. 1, 1876, p. 247).
♦ Vieilli. Crever de chaud; mourir, étouffer de chaud (Ac. 1798-1878).
— P. méton. Effet produit dans l'air par une forte température. Plaines où de ce temps on voit trembler le chaud (GIONO, Le Grand troupeau, 1931, p. 14).
— Expr. fig.
♦ (Tout) au chaud. En état de quiétude, de paix, à l'abri de tout ennui. Tout au chaud, volets clos, elle [la conscience] s'anéantit (SARTRE, Situations I, 1947, p. 33) :
• 10. [Le curé de Torcy]. — (...) les pauvres écrivains bien pensants (...) s'imaginent qu'un bonhomme est à l'abri dans l'extase, qu'il s'y trouve au chaud et en sûreté comme dans le sein d'Abraham. En sûreté!...
BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1041.
♦ Souffler le chaud et le froid. Changer alternativement d'avis, d'opinions (cf. STENDHAL, Vie de Henry Brulard, t. 2, 1836, p. 261).
Rem. On rencontre ds la docum. les mots composés. a) Chaud-boire, lang. région. (Ouest, vraisemblablement). Boisson chaude (cf. J. DE LA VARENDE, Contes sauvages, 1938, p. 48). b) Chaud-et-froid. Alternance de fortes et de faibles températures. La fournaise d'Almeria, le chaud-et-froid de Tanger (MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille, 1929, p. 588).
— Spéc., MÉD., PHYSIOL. Température propre à un corps, à une plante, à une de ses parties, ou provoquée par des causes extérieures (maladies, émotions). Se sentant le chaud l'un de l'autre, ils se parleraient doux (RAMUZ, Derborence, 1934, p. 179).
• 11. L'orateur funèbre, ayant pris un chaud et froid au dernier enterrement, traînait un mauvais rhume à fièvre et à grosse toux creuse...
A. DAUDET, L'Évangéliste, 1883, p. 278.
P. métaph. En littérature, il faut arriver doucement, de peur d'attraper un chaud et froid (RENARD, Journal, 1895, p. 264).
Rem. On rencontre ds la docum. le régionalisme (Centre-Ouest) chaud-ferdis. Refroidissement (cf. GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 56).
2. Domaine de la personnalité hum.
a) État moral d'une personne, fait d'ardeur intérieure, de sentiments vifs favorables ou défavorables. Ainsi passons-nous du froid au chaud, (...), tantôt bouillants d'ardeur, (...), tantôt froids et las (BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 301).
b) Ce qui est sensuel, empreint de sensualité, de réalisme. Lecture (...) du voyage pornographique de Gautier, (...); du chaud, du cru, du dru (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1857, p. 427).
c) Domaine de l'activité hum. (Cf. I B 2 d; l'adj. est employé comme neutre). Oh! ça (sic) été d'un chaud! On a crié à faire venir les sergents de ville! (E. et J. DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 225).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. composé chaud-vif, dans lequel chaud a une valeur intensive. À mesure qu'il entrait dans le chaud-vif de son malheur (GIONO, Un de Baumugnes, 1929, p. 45).
d) Loc. prép. [Avec une nuance temp.] Sur le chaud de. Instantanément, sur le coup de. J'ai encore mon habit au dos et j'écris sur le chaud de la soirée (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1863, p. 1248).
B.— Subst. fém.
1. TECHNOL. Degré de température nécessaire à certaines matières (fer, verre) pour les travailler, variable suivant le but recherché :
• 12. On corroie son étoffe de fer au gros marteau, on lui flanque deux autres chaudes suantes; si le fer a été surchauffé, on le rétablit par des chaudes grasses, et à petits coups. Et puis on étire l'étoffe, ...
HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, pp. 171-172.
2. Fam. Flambée qui réchauffe rapidement, chaleur qui en résulte. Une rentrée par le brouillard, une promenade dans les prés mouillés, tout devient prétexte à une chaude (P. ARÈNE, Contes de Paris et de Provence, 1887, p. 61).
3. [Avec une nuance temp.] À la chaude, sur la chaude. Sur le champ, immédiatement. Franz partit tout de suite, à la chaude (BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 150) :
• 13. Le soir même du passage de Monseigneur, ayant ainsi appris que le Barthaut ignorait le latin, elle alla sur la chaude en faire bruit au pas des portes.
POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 169.
Prononc. et Orth. :[], fém. []. LITTRÉ note que : ,,le d ne se lie pas [qu'] au plur. l's se lie``. GRAMMONT Prononc. 1958, p. 131 signale qu'on ne lie plus un chau(d) et froid. Ds Ac. 1694-1932. Homon. chaux, chaut (peu me-). Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. 1100 « qui a une température élevée » (Roland, éd. J. Bédier, 950); d'où fig. 1165 chaudes lermes (BENOIT, Troie, éd. L. Constans, 12753); 2. ca 1170 « qui a gardé une chaleur transmise » fer chaut (BENOIT, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 15626); p. ext. 3. 1243 « récent » chaude novelle (PH. DE NOVARE, Quatre Ages, éd. M. de Fréville, XIII ds T.-L.). B. 1. 1165 fig. d'ire chauz (BENOIT, Troie, éd. L. Constans, 30132); 2. p. ext. 1275 « sensuel » (J. DE MEUNG, Rose, éd. F. Lecoy, 8262); 3. 1285 « qui donne une sensation de chaleur, fiévreux » (ADENET LE ROI, Cléomades, éd. van Hasselt, 7312 ds T.-L.). II. Subst. 1. subst. masc. 1100 « haute température (de l'atmosphère) » (Roland, éd. J. Bédier, 1011); fig. ca 1236 (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 3182 : Ce ne me fet ne froit ne chaut); 1580 au plus chaud de la meslee (MONTAIGNE, liv. I, ch. XLVIII, p. 184 ds GDF. Compl.); 2. subst. fém. a) av. 1511 a la chaulde « dans la première chaleur » (COMMYNES, VI, 5 ds LITTRÉ); b) 1611 métall. (COTGR.). Du lat. cal(i)dus « chaud » au propre et au fig. Fréq. abs. littér. : 7 126. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 930, b) 12 414; XXe s. : a) 12 354, b) 11 163. Bbg. CHRISTMANN (H. H.). Lateinisch calere in den romanischen Sprachen mit besonderer Berücksichtigung des Französischen. Wiesbaden, 1958. — GASSEN (C. Th.). Z. rom. Philol. 1961, t. 77, pp. 180-184. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 99. — GOUG. Mots t. 2 1966, pp. 17-19. — GOUGENHEIM (G.). B. Soc. Ling. 1959, t. 54, pp. 108-109. — PAULI 1921, p. 36. — QUEM. 2e s. t. 2 1971. — SPITZER (L.). Yiddisch (t)schale(n)t : Französisch chaud? Mod. Lang. Notes. 1946, t. 61, pp. 101-104.
chaud, chaude [ʃo, ʃod] adj., n. m. et adv.
ÉTYM. 1080; chaut, v. 1170; chauz, 1165; du lat. caldus, calidus « ctaud ».
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I Adj.
1 (Opposé à froid, frais). Qui est à une température plus élevée que celle du corps humain; dont la chaleur donne une sensation particulière (agréable, ou douloureuse : brûlure). || Eau chaude. || Eau minérale chaude. ⇒ Thermal. || Établissement de bains chauds (thermes). || Prendre un bain chaud. || À peine chaud. ⇒ Tiède. || Très, trop chaud. ⇒ Bouillant, brûlant. || Rendre chaud. ⇒ Chauffage; attiédir, bouillir, chauffer, échauder, réchauffer. || Four, poêle chaud. || Le radiateur est chaud. || Le fer (à repasser) est encore chaud. — Loc. || Air chaud. || Bouche d'air chaud. — Soupe chaude. || Repas chaud, comportant des plats chauds. || Manger du pain chaud, un mets tout chaud, qui sort de cuisson. || Boire du lait tout chaud, que l'on vient de traire. — ☑ Loc. Ni chaud, ni froid. ⇒ Tiède. — Avoir les mains chaudes, le front chaud (la chaleur étant estimée par quelqu'un d'autre; → ci-dessous, le sens subjectif B.). En parlant de l'atmosphère, du temps. || Les climats chauds. ⇒ Torride; équatorial, tropical. || Temps chaud et humide. ⇒ Mou. || Une journée chaude. || L'heure la plus chaude du jour. — ☑ Loc. La saison chaude : l'été. — Une chambre chaude. ⇒ Étuve, four, serre. || Une atmosphère de serre chaude.
1 Que faisiez-vous au temps chaud ?
La Fontaine, Fables, I, 1.
2 La nuit était admirable, calme, chaude, ardemment étoilée comme une nuit de canicule.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, III, p. 224.
♦ Qui réchauffe ou garde la chaleur de l'atmosphère. ⇒ Chaleur, et les composés du préfixe thermo-. || Un soleil chaud. || Le soleil n'est pas très chaud. || Vents chauds (→ Bouffée, cit. 2 et 3). || Un lainage chaud. || Manteau bon et chaud. || Couverture chaude.
2 (Opposé à froid, refroidi). Qui a gardé la chaleur naturelle ou transmise. || Le moteur est encore chaud. || Avoir, tenir les pieds chauds. || Battre la semelle pour avoir les pieds chauds. || Avoir la joue toute chaude, le front chaud de fièvre. — Par métonymie. → ci-dessous, cit. 3.
3 Le soufflet sur ma joue est encore tout chaud.
Racine, les Plaideurs, II, 5.
4 L'air de la nuit donnait à penser que l'on respirait l'haleine d'un grand corps endormi, chaud, oppressant.
Edmond Jaloux, les Visiteurs, XXVIII, p. 217.
♦ ☑ Loc. fam. (Personnes). Elle est chaude comme une caille.
♦ ☑ Loc. métaphorique ou fig. Battre le fer pendant qu'il est chaud (→ Battre, cit. 9 et supra). ☑ Apporter une nouvelle toute chaude, toute récente. ☑ Servir tout chaud, tout bouillant ce que l'on vient d'entendre, sans délai. ☑ Je viens vous dire tout chaud…, sans tarder. ☑ Le rendre tout chaud : se venger sur-le-champ. ☑ C'est trop chaud, on ne peut y toucher : c'est une chose délicate, dangereuse.
♦ ☑ Le corps, le mort est encore chaud, se dit d'un cadavre qui n'a pas encore pris la rigidité et le froid cadavériques (→ Appliquer, cit. 1).
♦ Spécialt (en parlant d'aliments cuisinés). || Mange tant que c'est chaud. || Buffet, repas chaud. || Plats chauds. || Hors-d'œuvre chauds; desserts chauds (les hors-d'œuvre, les desserts étant plus souvent froids). REM. L'emploi de l'antonyme froid est plus caractérisé (viande froide, par ex., n'a pas d'équivalent avec chaud).
♦ (Dans une exclamation). || Chauds, les marrons !
3 Physiol. || Animaux à sang chaud, se dit des organismes dont le sang est à température constante. ⇒ Homéotherme.
4 Phys. nucl. Dont la radioactivité exige des précautions spéciales. || Laboratoire chaud.
5 ☑ Loc. fig. Pleurer à chaudes larmes. ☑ Faire des gorges chaudes. ☑ Jouer à main chaude.
6 ☑ Loc. Chaud devant ! [ʃodəvɑ̃] : exclamation des serveurs de restaurant demandant le passage (« attention devant, c'est chaud ! »). — Par ext. Fam. S'emploie pour demander le passage, et aussi pour : « ça va chauffer ». || « Alors là, attention !… Chaud devant, je tache ! » (Gérard Jugnot, sketch, 1981).
B (D'une partie du corps). Qui donne une sensation de chaleur. || Avoir, se sentir le front chaud; avoir les mains chaudes, brûlantes de fièvre. ⇒ Fiévreux. — Par ext. || Fièvre chaude : fièvre ardente accompagnée de délire.
5 Cet hôte était alors dans une chambre à côté de la cuisine, prêt à rendre l'âme d'une fièvre chaude qui lui avait si fort troublé l'esprit qu'il s'était cassé la tête contre une muraille (…)
Scarron, le Roman comique, II, VI, p. 183.
C Fig.
1 Qui est ardent, sensuel (s'oppose à froid). || Avoir un tempérament chaud. ⇒ Amoureux, ardent. || Être chaud comme braise. || Avoir les mains froides et le cœur chaud. || Mains froides, chaudes amours. ☑ Avoir le sang chaud.
♦ Être chaude, en chaleur, en rut, en parlant de la femelle de certains animaux.
♦ ☑ Loc. C'est un chaud lapin.
♦ ☑ Loc. (1690). Vx. Être chaud des reins, paillard. — ☑ Loc. mod. (1790, au fém., argot des Halles). Chaud de la pince. → Pince (cit. 5.2).
♦ (Adapt. de l'angl. hot, du sens « épicé, fort »). Fam. || Quartier chaud, où se pratique la prostitution, quartier réservé. || Rue chaude. — REM. Cet anglicisme ne correspond à aucun usage de froid.
2 Vx. Qui a de la passion, de l'ardeur (s'oppose à froid).
6 Près d'un esprit si chaud et si fort emporté
Suréna dans ma cour est-il en sûreté ?
Corneille, Suréna, V, 2.
♦ ☑ Mod. Avoir la tête chaude : s'emporter facilement. ⇒ Bouillant, emporté, fougueux, vif.
7 Ma femme bien souvent a la tête un peu chaude (…)
Molière, les Femmes savantes, II, 5.
7.1 Tu seras donc toujours la même tête chaude, et partout impatient comme devant l'ennemi ?
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées ».
♦ Par métonymie. || Une tête chaude : une personne qui s'emporte facilement.
7.2 Les Français dans l'ensemble ou bien nous détestent ou nous exploitent. Dans le meilleur des cas, ils feignent l'indifférence. Il y a bien trois ou quatre têtes chaudes, qui signent des pétitions en notre faveur : c'est pour se soulager.
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 304.
3 (Personnes). Qui met de l'animation, de la passion dans ce qu'il fait. ⇒ Ardent, chaleureux, empressé, enthousiaste, fanatique, fervent, passionné, pressant, zélé. || De chauds admirateurs. || Un chaud partisan de… ⇒ Décidé, déterminé. — Ne pas être très chaud. || Je ne suis pas très chaud pour l'aider, après ce qu'il a dit sur moi. || Se montrer peu chaud pour une affaire. ⇒ Emballé (fam.).
8 (…) J. J. Weiss qui ne passait point pour un chaud partisan du régime, mais dont la compétence était reconnue pour un tel poste.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 181.
8.1 J'en avais parlé à ma femme qui n'était pas chaude, mais qui finalement avait accepté, et j'avais fait ma demande pour partir là-bas.
Jean Ferniot, Pierrot et Aline, p. 241.
4 Où il y a de l'animation, de la lutte, de la passion. || La bataille fut chaude. ⇒ Âpre, dur, sanglant, sévère. || La campagne législative fut chaude. || L'alerte fut chaude (→ Alerte, cit. 4). || Chaude alarme. || Une chaude discussion. ⇒ Animé, vif.
9 Remettez-vous, Monsieur, d'une alarme si chaude.
Molière, Tartuffe, V, 7.
♦ (1967; souvent par calque de l'angl. hot). || Guerre chaude. || Points chauds. || Des mois chauds, un printemps chaud, marqués par une agitation politique et sociale. || « Chaud ! chaud ! chaud ! le printemps sera chaud ! » (slogan).
♦ Fam. || Ça devient chaud, trop chaud, filons ! ⇒ Dangereux, risqué.
5 Qui exprime vivement et donne une impression de chaleur (fig.), de passion. || Un style chaud. || Chaude éloquence, entraînante. || Une voix chaude. — Peint. || Tons chauds, coloris chauds, en parlant de couleurs brillantes, vigoureuses. || Le coloris chaud de Rubens.
10 (…) un arsenal de tons chauds à l'usage des coloristes.
Flaubert, Correspondance, t. I, p. 330.
11 (…) une voix d'homme, chaude et grave, bien timbrée quoique sourde (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 174.
11.1 Labarbe est un homme volumineux, au coffre sonore, à la voix chaude, vibrante et bien timbrée (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 775.
6 Régional (Ouest de la France et Canada). Ivre. || Se mettre chaud : s'enivrer.
8 Abcès chaud.
———
II N. — REM. Cet emploi est moins lexicalisé que celui de froid qui y correspond. → 2. Froid.
1 N. m. (Employé avec froid). || Le chaud : haute température. ⇒ Chaleur. || Craindre, souffrir le chaud et le froid. || Craindre le chaud autant que le froid. — ☑ Loc. fig. Vieilli. Souffler le chaud et le froid : imposer sa volonté, faire la loi (→ Faire la pluie et le beau temps); se montrer tantôt optimiste, tantôt pessimiste, tantôt favorable (à une entreprise, un projet, etc.), tantôt hostile, etc. — Prendre, attraper un chaud et froid, un refroidissement.
2 ☑ Au chaud : dans des conditions telles que la chaleur ne se perde pas. || Garder, tenir qqch. au chaud. || Mettre un plat au chaud. || Être bien au chaud chez soi.
♦ Fig. et fam. || Avoir, garder, tenir de l'argent au chaud, disponible.
3 Nominal (après un verbe). ☑ Avoir chaud. || Avoir chaud, très chaud, trop chaud. — ☑ Fam. On crève de chaud, ici ! — ☑ Fig. On a eu chaud ! (→ On l'a échappé belle !).
♦ ☑ Faire chaud (impers.). || Il fait chaud, assez chaud. || Il y fait chaud comme dans un four. — Fig. || Il y faisait chaud, en parlant d'un combat violent, d'une affaire sérieuse, d'une discussion vive. || Il fera chaud, quand j'accepterai : je n'accepterai pas de sitôt.
♦ Tenir chaud. || Un vêtement qui tient chaud, qui garde ou augmente la chaleur naturelle.
♦ (Personnes). || Prendre chaud. ⇒ Échauffer (s'), suer, transpirer. — REM. Prendre froid est plus courant.
12 Mais non, mon garçon, répondait le savant en s'épongeant car il avait pris chaud dans la course.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, V, p. 103.
♦ Fam. || Ça fait chaud : cela donne une impression de chaleur.
♦ ☑ Loc. fig. Cela ne fait ni chaud ni froid (à qqn) : c'est indifférent (à qqn).
13 Toutes ces belles raisons qui sont l'ornement de votre conscience ne me font ni chaud ni froid.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 12.
14 (…) cette Constitution nouvelle, à ses yeux si dangereuse pour la démocratie, ne m'a fait à moi ni chaud ni froid (…)
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 133.
15 Trois agents entrent brusquement. Ils vont peut-être nous emmener au dépôt. Cette perspective ne me fait ni chaud ni froid.
Patrick Modiano, les Boulevards de ceinture, p. 103.
4 Loc. adv.
♦ À chaud : en mettant au feu, en chauffant. || Marqué à chaud. || Soluble à chaud. || Étirer un métal à chaud.
♦ (1906, in Rev. gén. des sc., no 19, p. 901). Chir. || Opérer à chaud, en période de fièvre, de crise, pendant qu'il y a des phénomènes inflammatoires.
♦ ☑ Fig. Au moment où l'événement vient de se produire.
16 La rébellion d'Algérie a éclaté, non par hasard, à ce moment précis, alors qu'au Maroc et en Tunisie il fallait régler « à chaud » le passage d'un état à l'autre, établir des rapports nouveaux (…)
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 385.
———
III Adv.
1 (Du sens I, A, 1). || Servir chaud. || Buvez chaud. || Manger chaud.
17 (Aux courses) nous faisions des souhaits ardents. On ne prie pas si chaud dans les nefs d'églises.
Henri Calet, la Belle Lurette, p. 162.
3 Fam. || Ça coûte chaud. ⇒ Cher.
❖
CONTR. Frais, froid, gelé, glacé. — Calme, flegmatique, indifférent.
DÉR. Chaude, chaudeau, chaudement.
COMP. Chaude-pisse. — Chaud-froid.
Encyclopédie Universelle. 2012.