clore [ klɔr ] v. tr. <conjug. : 45>
• XIIe; lat. claudere
1 ♦ Vx ou littér. Boucher (ce qui peut s'ouvrir) pour empêcher l'accès. ⇒ fermer. Vieilli Clore le bec à qqn.
2 ♦ Vieilli Entourer d'une enceinte. ⇒ enclore, enfermer. Ligne de fortification qui clôt une ville.
3 ♦ Fig. Littér. Mettre un terme à (qqch.). ⇒ achever, arrêter, finir, terminer. Clore une négociation, un marché. ⇒ clôturer, conclure. Clore un inventaire. — Cour. Déclarer terminé (un échange verbal). Clore un débat, une discussion. Clore la séance d'une assemblée. ⇒ 1. lever.
⊗ CONTR. Déclore, ouvrir; commencer.
⊗ HOM. Chlore.
● clore verbe transitif (latin claudere, fermer) Littéraire Fermer complètement un passage, en barrer l'accès : Clore une porte. Entourer un lieu d'une clôture : Clore un parc. Arrêter quelque chose, le terminer, en marquer la fin ; le déclarer terminé : Clore une séance. Clore un inventaire. ● clore (difficultés) verbe transitif (latin claudere, fermer) Littéraire Orthographe Clore ne comporte pas d'accent circonflexe, clôturer en prend un sur le o. Conjugaison Clore est défectif et d'une conjugaison complexe. Sens et emploi 1. Clore = fermer (clore un passage), entourer d'une clôture (clore un parc) ou arrêter, mettre un terme à (clore un compte, une discussion). 2. Clôturer = entourer d'une clôture. Ce sens de clôturer était naguère le seul admis. Néanmoins, clore étant défectif, clôturer s'est progressivement substitué à lui partout où les formes conjuguées de clore faisaient défaut. Ainsi dit-on : ils clôturèrent le passage, clôturez mon compte, etc. Ces emplois sont aujourd'hui si répandus, en particulier dans les médias, qu'il n'est plus possible de les tenir pour des fautes (les comptes-rendus des séances boursières, par exemple, mentionnent quotidiennement les valeurs qui ont clôturé à la hausse ou à la baisse). Dans l'expression soignée, on peut, si on le juge absolument nécessaire, recourir aux équivalents : fermer, interdire l'accès à ; arrêter (un compte), mettre un terme à (une discussion), etc. ● clore (expressions) verbe transitif (latin claudere, fermer) Littéraire Clore la bouche, le bec à quelqu'un, le réduire au silence. Clore les yeux, les paupières, abaisser les paupières. ● clore (homonymes) verbe transitif (latin claudere, fermer) Littéraire chlore nom masculin ● clore (synonymes) verbe transitif (latin claudere, fermer) Littéraire Fermer complètement un passage, en barrer l'accès
Synonymes :
- murer
Contraires :
- dégager
- percer
Entourer un lieu d'une clôture
Synonymes :
- ceindre
- clôturer
- enclore
- enfermer
Arrêter quelque chose, le terminer, en marquer la fin ; le déclarer...
Synonymes :
- achever
- arrêter
- clôturer
- conclure
- fermer
- finir
- terminer
Contraires :
- ouvrir
clore
v. tr. Arrêter, terminer ou déclarer terminé. Clore une opération commerciale, un débat.
⇒CLORE, verbe trans.
I.— Fermer.
A.— Condamner par un procédé approprié, et parfois définitivement, une ouverture, un passage destiné à être habituellement tantôt ouvert, tantôt fermé. Clore une baie, un conduit, une entrée, une fenêtre, une porte; clore la bouche (de qqn).
— P. métaph. Clore le bec (fam.), la bouche (à qqn). Le réduire au silence :
• 1. J'ai bien éprouvé cela pour ma sœur, pour cette femme charmante dont je ne parle jamais par une pudeur de cœur qui me clôt la bouche.
FLAUBERT, Correspondance, 1852, p. 430.
Rem. On dit aussi par homophonie clouer le bec, la bouche (à qqn).
♦ Clore les yeux (à qqn). Tromper (qqn) (cf. BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 247).
— Absol. [L'instrument de la fermeture est considéré comme agent de la fermeture] :
• 2. Cette porte est un disque plus large en haut qu'en bas, et reçu dans un évasement de manière à clore hermétiquement.
MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 217.
Rem. On dira, avec une nuance, cette porte ferme bien, mais elle ne clôt pas. C.-à-d. les verrous en sont solides, mais elle laisse passer des jours (cf. DUPRÉ 1972).
B.— P. méton. :
• 3. ... il faudrait avoir soin de dûment clore, verrouiller et barricader sa maison, et de bien fermer ses portes.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 93.
♦ Emploi pronom. :
• 4. Un brouhaha le ramena à Saint-Sulpice; la maîtrise partait; l'église allait se clore.
HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 30.
— Clore une lettre. Fermer l'enveloppe qui la contient.
— [L'instrument de la fermeture en devenant l'obj.] Clore des persiennes, des stores, des volets; clore les lèvres.
C.— Expr. Clore l'œil. S'endormir, dormir.
♦ Clore les yeux (de qqn au moment de sa mort). Car sur le lit jonché d'anémone fleurie Où la Mort avait clos ses longs yeux languissants, Repose... Le jeune homme adoré des vierges de Syrie (HÉRÉDIA, Les Trophées, 1893, p. 28). P. ext. Assister à la mort de quelqu'un.
D.— Au fig. Mettre un terme à.
1. [L'obj. évoque une idée de mouvement dans le temps ou dans l'espace, une tendance] Clore l'enfance; clore une carrière, un destin, des études; clore l'année, une époque; clore le désir.
♦ Emploi pronom. Cette époque de vitesse, de dépense et de jeu, qui vient de se clore provisoirement (ALAIN, Propos, 1931, p. 1033).
— En partic. Clore un mouvement circulaire :
• 5. ... en se rejoignant dans le bonheur commun de leurs mutuelles applications, elles [les sciences exactes et les sciences expérimentales] paraissent clore le cercle où la vie de l'homme se déploie naturellement.
M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 49.
♦ D'où clore sur lui-même on refuse de clore sur elle-même la perfection de son achèvement, (GILSON, L'Esprit de la philos. médiév., t. 1, 1931, p. 61).
— Spécialement
♦ Clore la marche. Être le dernier dans une réunion de gens en marche.
♦ Clore le pas (vieilli). Terminer un tournoi.
2. [L'obj. désigne un événement, une réunion, une confrontation] Clore une manifestation :
• 6. ... aux journées de juin, Villemain, (...), avait ouvert et clos la séance, quand Cousin, qui avait traversé les barricades et affronté dix fois la mort, apparut dans la salle...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1890, p. 1228.
♦ Emploi pronom. Un interrogatoire se clôt. Le drame (...) se clora un de ces jours sur mon canapé (BARBEY D'AUREVILLY, 2e Memorandum, 1838, p. 238).
3. [L'obj. désigne une opération, une œuvre] Clore un compte (HUGO, Préface de Cromwell, 1827, p. 36).
— P. ext. [Surtout en emploi abs.] Conclure :
• 7. Pour clore d'un mot, il [le grand Arnauld] n'était pas surtout un écrivain.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 176.
II.— Entourer d'une clôture.
A.— [Le suj. désigne un animé, l'objet un inanimé] Clore un champ, un jardin, un parc, un terrain, un vignoble; clore de haies, de murailles, de murs.
♦ Absol. Quand ils [les fils de Caïn] eurent fini de clore et de murer (HUGO, La Légende des siècles, La Conscience, t. 1, 1859, p. 50).
♦ Emploi pronom. Clore sa propriété.
Rem. [Le suj. désigne la clôture elle-même] :
• 8. « Un mur clôt la fontaine où, par l'heure échauffée, folâtre, elle buvait en descendant des bois; ... »
HUGO, Les Rayons et les ombres, 1840, p. 1095.
B.— P. ext. Enfermer :
• 9. Mais toi, sauvage amour, qui, la prunelle en flamme,
Rugis affreusement dans l'antre de mon âme
...
Tâche de t'apaiser, ou je m'en vais te clore
Dans un lieu plus profond et plus sinistre encore.
T. GAUTIER, Poésies, 1872, p. 235.
— P. métaph. :
• 10. Quelque chose, l'éternel « à quoi bon? » répond à tout et clôt de sa barrière d'airain chaque avenue que je m'ouvre dans la campagne des hypothèses.
FLAUBERT, Correspondance, 1850, p. 201.
— Emploi pronom. :
• 11. ... c'est chose absurde que se clore en cellule pour satisfaire son vice d'orgueil.
ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 332.
Prononc. et Orth. :[]. GATTEL 1841 recommande la prononc. de r forte. Cf. la graph. clôrre ds FÉR. Crit. t. 1 1787 et ds Ac. Compl. 1842. Ds Ac. 1694, s.v. clorre. Ds Ac. 1718-1932 sous la forme moderne. Conjug. N'est guère empl. qu'à l'inf. et dans les formes suiv. : indicatif prés. je, tu clos, il clôt (Ac. ne met pas d'accent circonflexe dans éclot, enclot, mais dans clôt), ils closent (rare mais donné ds Gramm. Ac. 1932, p. 164); fut. (rare) je clorai, tu cloras, il clora, etc.; cond. (rare) je clorais, etc.; impér. clos; subj. prés. (rare) que je close, etc.; part. prés. (rare) closant; part. passé clos, close. GREV. 1964, § 701, donne, en plus, des ex. de formes rares rencontrées chez certains écrivains : ainsi le passé simple closit (ds H. BÉRAUD, Le Bois du templier pendu, p. 86), le subj. imp. closît (ds BEDEL, Géographie de mille hectares, p. 27). Pour LITTRÉ les formes du verbe ,,n'ont rien de rude ni d'étrange et il serait bon que l'usage ne les abandonnât pas``. Homon. chlore. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. clore « fermer » (Charroi de Nîmes, éd. D. Mc Millan, 1391 : poing clos); 2. 2e quart XIIe s. « entourer d'une enceinte » (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 697); 3. 1405 se clore « se terminer » [ici, en parlant de comptes] (Arch. Nord, B 10359, fol. 18 ds IGLF). Du lat. claudere « fermer ». Très fréquent en a. et m. fr., clore a été partiellement remplacé en fr. mod. par fermer en raison de la collision homon. avec clouer de certaines de ses formes conjuguées (v. GILLIÉRON, La Faillite de l'étymol. phonét., 1919, pp. 9-34). Fréq. abs. littér. :403. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 483, b) 658; XXe s. : a) 749, b) 497. Bbg. GILLIÉRON (J.). Les Conséquences d'une collision lex. et la latinisation des mots fr. Paris, 1921, t. 20, pp. 55-74. — GIRAUD (G.). Une Lettre du professeur Gaston Giraud. Déf. Lang. fr. 1973, n° 66, p. 33. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 82, 147. — GOUGENHEIM (G.). Notes sur le vocab. de Robert de Clari et de Villehardouin. Romania. 1944-1945, t. 68, pp. 419-420. — MEUSER (H.). Lateinisch claudere im Französischen. Diss. Giessen, 1929. — PINCHON (J.). Questions de vocab. Fr. Monde. 1968, n° 60, p. 53. — TERTIUS. Clore, clôture et clôturer (extr. d'un art. de Tertius dans le Journal des Tribunaux du 17 févr. dernier). Déf. Lang. fr. 1973, n° 68, p. 29.
clore [klɔʀ] v. tr.
CONJUG. Usité seulement aux formes suivantes : je clos, tu clos, il clôt; rarement ils closent; je clorai, etc.; je clorais, etc.; que je close, etc.; clos (impér.); clos, close (p. p.).
ÉTYM. Av. 1150; du lat. claudere.
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1 Vx ou littér. Boucher ce qui est ouvert pour empêcher l'accès. ⇒ Fermer. || Clore avec une barrière (⇒ Barrer), un mur (⇒ Murer), un fossé, une haie… (→ Balustrade, cit. 3). || Clore un passage. || Clore la porte, les persiennes d'une chambre, les fermer hermétiquement (→ Argent, cit. 59; cendre, cit. 2). — Absolt. || Cette porte ne clôt pas.
1 On ferme proprement une porte ou ce qui a une porte, et par conséquent un objet de peu d'étendue (…) Clore, comme clôture, qu'il sert à former et qu'il rappelle, suppose quelque chose de plus vaste (…) Ce qui est fermé l'est dans le moment, car il est destiné à se fermer et à s'ouvrir alternativement; mais ce qui est clos est fermé à jamais ou pour longtemps, d'une manière fixe et constante (…) Fermer est moins rigoureux que clore. Pour qu'une chambre soit fermée, il suffit que les portes et les fenêtres aient cessé d'être ouvertes; pour qu'elle soit close, il faut de plus qu'il n'y ait aux portes et aux fenêtres aucun passage donné à l'air et au froid.
Lafaye, Dict. des synonymes, Clore.
1.1 Dans la principale chambre était au milieu une grande table fixée en terre, pour manger ou pour travailler; trois autres portes revêtues de fer closaient cette chambre; point de ferrures de notre côté; d'énormes verroux de l'autre.
Sade, Justine…, t. I, p. 157.
♦ Clore l'œil, la paupière. ⇒ Dormir. ☑ Clore les yeux de qqn : assister à la mort de qqn; abaisser les paupières d'un mourant qui expire.
♦ ☑ Fig. et mod. Clore la bouche, le bec à qqn, l'empêcher de parler; fig., le faire taire par un argument irréfutable (→ Bec, cit. 8).
2 Il menaça Madeleine de lui clore la bouche d'un revers de main (…)
G. Sand, François le Champi, IX, p. 79.
♦ Clore la marche : être le dernier d'une troupe en marche.
2 (Fin XIIe). Vieilli. Entourer d'une enceinte. ⇒ Enclore, enfermer. || Une ligne de fortification clôt la ville. || Clore un jardin, un terrain, un vignoble. — Se clore : entourer sa propriété de barrières, de murs… ⇒ Clôture.
3 Fig. et littér. Mettre un terme à (qqch.). ⇒ Achever, arrêter, finir, terminer. || Clore une négociation, un marché. ⇒ Contracter; contrat (passer un contrat). || Clore un inventaire, un procès-verbal. || Clore un compte.
3 (…) je vais voir l'élection du chef de la chrétienté; ce spectacle est le dernier grand spectacle auquel j'assisterai dans ma vie; il clora ma carrière.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, XII.
4 Mais qui peut espérer de clore jamais un dictionnaire de langue française ?
É. Littré, Comment j'ai fait mon dictionnaire, p. 31.
♦ Cour. Déclarer terminé. || Clore un débat, une discussion. || Clore la séance d'une assemblée. || Clore un incident.
——————
clos, close p. p. adj.
ÉTYM. (V. 1130).
1 Fermé. || Espace clos. ⇒ Enceinte. || Champ (cit. 6) clos. ⇒ Clos, enclos; camp. Spécialt. || Combat singulier, tournoi en champ clos. — Maison bien close, hermétiquement close. || Volets clos. ☑ Trouver porte close : ne trouver personne. || Huis clos. ⇒ Huis. — (1886). Chim. || Un vase clos. ⇒ Vase, cit. 5 et supra. — ☑ Loc. Vivre en vase clos, confiné.
5 Son âme est comme un vase clos : nulle crainte n'y peut entrer.
Gide, Œdipe, I.
6 (…) il avait laissé les volets hermétiquement clos (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 275.
7 Le domaine (…) était clos de murs sur environ un kilomètre, et pour le surplus, de haies très épaisses, ou d'un treillage, ou parfois de deux.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, p. 75.
♦ Yeux mi-clos. ☑ Avoir les yeux clos : être mort. — ☑ Fig. Agir les yeux clos, en toute confiance; et aussi, à l'aveuglette. ☑ Avoir la bouche close : garder le silence, un secret. (Cf. Bouche cousue).
8 Le raisonneur parti, l'aventureux se lance,
Les yeux clos, à travers cette eau.
La Fontaine, Fables, X, 13.
9 Le cœur lui battait comme dans les plus fortes fièvres, et son visage aux yeux clos était inondé de rose et de moiteur.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, p. 269.
♦ Clos et couvert : à l'abri des intempéries. || Le propriétaire doit tenir son locataire clos et couvert. — Subst. || Assurer le clos et le couvert.
♦ ☑ Clos et coi : dans l'expectative; ou tranquillement chez soi. || Se tenir clos et coi.
10 Dans les visites qui sont faites,
Le renard se dispense et se tient clos et coi.
La Fontaine, Fables, VIII, 3.
♦ ☑ Fig. À la nuit close : quand la nuit est complètement tombée.
10.1 Nous repartons vers sept heures du matin, pour n'arriver à Kinchassa qu'à la nuit close.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 690.
♦ Testament mystique clos, cacheté et scellé (cf. Code civil, Art. 976). ☑ Lettre close : ordre du roi, scellé et secret. — Fig., vieilli. Chose qui demeure incompréhensible. || C'est pour moi lettre close.
11 Le fond de cette intrigue est pour moi lettre close (…)
Molière, le Dépit amoureux, II, 1.
2 Achevé, terminé. || La séance, la session est close (→ Assise, cit. 8). — L'incident est clos. || Compte, exercice clos.
♦ Pâques closes. Se dit du dimanche de Quasimodo qui termine les fêtes pascales.
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CONTR. Déboucher, déclore, dégager, écarter, ouvrir, percer. — Commencer.
DÉR. et COMP. Clos, déclore, éclore, enclore, forclore. — V. Clôture.
HOM. Chlore, clause (close).
Encyclopédie Universelle. 2012.