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CAFÉ
CAFÉ

CAFÉ

Outre son utilisation en pharmacologie, le café est depuis longtemps consommé comme boisson. Au Moyen Âge, les Arabes pourvoyaient l’Europe en cafés yéménites ou éthiopiens. Au XVIIe siècle, les Hollandais l’acclimatent à Java. Les Antilles le produisent dès le XVIIIe siècle. Mais l’essor commercial du café ne date que de la première moitié du XIXe siècle (achats européens et américains).

Le marché mondial est placé sous le signe de la surproduction et des crises chroniques ou aiguës (de 1931 à 1944, il y eut 4 800 000 t de café détruites au Brésil). La production a longtemps progressé au rythme de 10 p. 100 par an, tandis que la consommation n’augmentait que de 2 à 5 p. 100. Des stocks énormes s’accumulaient, qui se résorbaient lorsque la production baissait (gelées, maladies). Les variations des cours sont brusques et énormes, poussant les producteurs à s’organiser pour contingenter leurs exportation. L’Association des pays producteurs de café, créée en 1993, regroupe vingt-sept pays africains et latino-américains représentant les quatre cinquièmes de l’offre mondiale.

Deux situations géographiques conviennent bien à la caféiculture: les tropiques humides sans excès et les zones chaudes d’altitude moyenne (plateaux colombiens et brésiliens, Éthiopie, sud du Vietnam). La température moyenne annuelle doit être de 20 0C pour l’arabica , de 17 à 22 0C pour le robusta . Des précipitations fournies (1 000-2 000 mm) assorties d’une petite saison sèche conviennent bien. Cultivé sous ombrage d’acacia siamois, par exemple, le caféier exige des sols fertiles et profonds (racine pivotante). Les sols sur roches mères basaltiques se révèlent les meilleurs: terra roxa du Brésil. Le choix des espèces est fondamental: classiques (arabica, robusta ), hybrides nouveaux créés en Côte-d’Ivoire (arabusta ), cafés de luxe comme les medellin latino-américains ou les yéménites. L’arabica se révèle assez exigeant pour le sol et le climat, mais il est souvent préféré pour sa teneur relativement plus faible en caféine. Il exige un entretien soigneux; on le rencontre dans la plupart des pays producteurs, prédominant au Brésil et en Colombie, en association ailleurs. Le robusta s’est bien acclimaté en Afrique et en Asie, car il est rustique. Son développement spectaculaire est dû aux achats préférentiels de la France, du Royaume-Uni, du Portugal dans leurs anciennes colonies, et à l’utilisation actuelle du café soluble, pour lequel le robusta convient bien. Les rendements varient de 20 à 25 quintaux par hectare (Hawaii) et de 3 ou 4 quintaux par hectare (Brésil, Afrique). Le caféier redoute les maladies (Hemileia vastatrix , un champignon, provoque la rouille du café), les insectes (borer indien, pucerons), les champignons. Les principaux pays producteurs sont le Brésil, la Colombie, , l’Indonésie, l’Éthiopie, la Côte-d’Ivoire, le Guatemala, le Mexique, l’Ouganda, l’Inde, Salvador, Costa Rica,.

café [ kafe ] n. m.
• 1665; cahoa 1611; cahouin 1575; ar. qahwa, turc kahve
I
1Graines du fruit du caféier, contenant un alcaloïde aux propriétés stimulantes ( caféine). Récolte du café. Balle de café. 1. farde. Variétés de café. arabica, robusta; moka. Mélange de cafés. Café vert, non grillé. Griller, torréfier du café ( brûlerie ) .
Ces graines torréfiées. Paquet de café. Café en grains, café moulu. Moulin à café. Par ext. Café soluble, lyophilisé.
2Par méton. Caféiers. Une plantation de café. caféière.
3Boisson obtenue par infusion de grains torréfiés et moulus. fam. caoua, jus. Faire le café, du café, un café ( cafetière, percolateur ) . Machine à café. Marc de café. Café filtre, café express. Café turc. Café italien. Café fort, serré; léger, allongé. Une tasse de café. Tasse, cuillère, service à café. Filtre à café en papier. Café noir, nature. Café au lait. Café crème. cappuccino. Café décaféiné. Café arrosé. bistouille, gloria. Fam. Un café calva. Du mauvais café. lavasse (cf. Jus de chaussette). Café glacé, frappé. mazagran. Essence, extrait, concentré de café. Glace, éclair, caramel au café. Tasse, bol de café. Il boit dix cafés par jour. Mettre deux sucres dans son café. Petit déjeuner où l'on boit du café. Un café complet. Un café croissant. Préparation à base de café. Café irlandais. irish coffee. Café liégeois. Loc. fam. C'est (un peu) fort de café : c'est exagéré, invraisemblable. Allus. littér. Racine passera comme le café (faussement attribué à Mme de Sévigné). Allus. hist. La France, ton café fout le camp ! (attribué à Louis XV).
Par ext. Le moment où l'on prend le café, après le repas. Venez pour le café. Offrir des liqueurs au café.
4 Adj. inv. Café au lait : couleur brun clair.
II(1690 cabaret de café) Lieu public où l'on consomme des boissons. 1. bar, brasserie, buvette, 1. débit (de boissons); vieilli cabaret, estaminet; fam. bistrot, zinc, arg. 2. rade. Petit café populaire. boui-boui, caboulot, troquet. Le patron d'un café. bistrot, bistrotier, cafetier, tenancier. Garçon de café, chargé de servir les consommations. Les consommateurs d'un café. Le zinc, le comptoir, la salle, la terrasse d'un café. Café-bar. Café-restaurant. Café-tabac. Des discussions de café du Commerce, discussions politiques simplettes et mal informées. — Café littéraire, artistique, où se réunissent écrivains, artistes. Café chantant, où se produisaient des chanteurs et des musiciens. « À onze ans, Robert et Anselme s'arrangent, en revenant de l'école, pour s'arrêter devant un café-chantant où, dès six heures, on entend de la musique » (Mallet-Joris). CAFÉ-CONCERT;CAFÉ-THÉÂTRE(voir ces mots).

café nom masculin (turc kahve, par l'intermédiaire de l'italien cavee, puis caffè) Graine ou fève du caféier. Ces graines torréfiées : Un paquet de café. Infusion préparée avec des fèves de caféier torréfiées et moulues. Établissement où l'on consomme des boissons. Moment où on prend le café, après un repas : Venez pour le café.café adjectif invariable D'une couleur brune presque noire. ● café (citations) nom masculin (turc kahve, par l'intermédiaire de l'italien cavee, puis caffè) François Carcopino-Tusoli, dit Francis Carco Nouméa 1886-Paris 1958 Le doux caboulot Fleuri sous les branches […]. La Bohème et mon cœur Albin Michel Charles Cros Fabrezan, Aude, 1842-Paris 1888 Tout cela vaut bien mieux que d'aller au café. Le Coffret de santal, Morale Jeanne Bécu, comtesse Du Barry Vaucouleurs 1743-Paris 1793 Eh ! la France, ton café f… le camp. Commentaire Une tradition veut que Mme du Barry ait fait cette remarque familière à Louis XV à propos de la dégradation des affaires du royaume. Peut-être, plus simplement, avait-elle un valet nommé La France et chargé de préparer le café du roi. ● café (difficultés) nom masculin (turc kahve, par l'intermédiaire de l'italien cavee, puis caffè) Emploi Café désigne la graine, caféier l'arbre qui la produit. On dit donc : planter, cultiver, etc., le caféier (et non le café) et récolter le café. Orthographe Traits d'union pour la couleur (une peau café-au-lait), pas de trait d'union pour la boisson (boire un café au lait). - Plur. : des peaux café-au-lait (invariable) ; les cafés au lait de notre enfance. Orthographe Sans trait d'union. - Plur. : des cafés crème, sans s à crème (= café avec de la crème). ● café (expressions) nom masculin (turc kahve, par l'intermédiaire de l'italien cavee, puis caffè) Boire le café, en Belgique, prendre le goûter. Café du Commerce, lieu où on discute politique, grandes idées, etc., sans qu'il en ressorte quoi que ce soit de positif. Café décaféiné, dont on a partiellement extrait la caféine. Café express, café obtenu par passage d'eau sous pression ou de vapeur à travers la mouture de café pressée. Café au lait, café noir additionné de lait. Café liégeois, café fort, sucré, additionné de lait et de crème fraîche mis à glacer et servi recouvert de crème Chantilly. Café littéraire, lieu de rencontre pour de petits groupes d'écrivains se réclamant de principes communs. Café lyophilisé, extrait sec de café préparé par cryodessiccation. Café noir ou nature, infusion ordinaire de café, par opposition à café au lait, café crème. Café soluble, extrait en poudre de café séché, qui se dissout instantanément dans l'eau pour préparer une boisson au café. Café turc, décoction répétée de poudre fine de café dans de l'eau bouillante. Familier. C'est un peu fort de café, c'est exagéré ou inadmissible, intolérable. ● café (synonymes) nom masculin (turc kahve, par l'intermédiaire de l'italien cavee, puis caffè) Infusion préparée avec des fèves de caféier torréfiées et moulues.
Synonymes :
- jus (familier)
- noir (familier)
- petit noir (familier)
Établissement où l'on consomme des boissons.
Synonymes :
- bar
- cabaret (vieux)
- caboulot (populaire et vieux)
- mastroquet (populaire)
- troquet (populaire)

café
n. m. (et adj. inv.)
d1./d BOT Chacune des deux graines contenues dans la drupe (fruit) du caféier; cette graine torréfiée. Café en grains, moulu. Une demi-livre, un paquet de café. Moulin à café.
|| Café décaféiné, partiellement privé de sa caféine au moyen de solvants organiques.
d2./d Boisson (le plus souvent chaude) obtenue par infusion de cette graine torréfiée et broyée. Café noir, sans lait. Café au lait, café crème, mélangé de lait.
(Suisse) Café nature, sans lait.
(Aoste) Café long, allongé d'eau.
|| adj. inv. Des robes café.
Café au lait: de la couleur brun clair du café au lait.
d3./d Café complet: en France, petit déjeuner accompagné de café; en Suisse, repas du soir accompagné de café au lait.
d4./d Café liégeois: glace au café accompagnée de crème Chantilly.
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café
n. m. Lieu public où l'on consomme des boissons. Prendre une bière à la terrasse d'un café.
|| (Maghreb) Café maure: établissement où l'on sert le café.

⇒CAFÉ, subst. masc.
I.— Graine du caféier. Une balle de café, la torréfaction du café.
Café vert. Café non torréfié. Sac de café vert (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 20).
P. méton., rare. Caféier. Les plantations de cacao de Bahia possèdent quelques parcelles de cafés ou d'hévéas (A. MEYNIER, Les Paysages agraires, 1958, p. 47).
II.— A.— Spéc. et cour.
1. Cette graine après torréfaction. Café décaféiné; café en poudre; grain, marc de café; moulin à café; moudre du café :
1. « Le café moulu se trouve dans le filtre de la cafetière et dès que l'eau bout dans la bouilloire, il la verse... »
SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 90.
P. ext. [En parlant d'un succédané du café] Café d'orge, de chicorée, de figues, de glands doux.
2. Boisson aux propriétés stimulantes et toniques obtenue par l'infusion des graines torréfiées et moulues.
Boire, prendre le café. Boire du café à l'heure et en quantité habituelles :
2. ... nous cassâmes une croûte dans un « bon endroit » que nous désigna le brigadier, prîmes le café, puis la goutte...
VERLAINE, Mes prisons, 1893, p. 373.
(Prendre) un café (au restaurant, etc.); garçon, un café! Une tasse de café! Je prends chaque matin un café grande tasse au bistrot près du pont (QUENEAU, Si tu t'imagines, 1952, p. 58).
SYNT. Café glacé; un bol, un verre, une tasse de café; préparer, servir, verser du/le/un café; une cuiller, une tasse à café (pour prendre le café).
Café noir, café nature. Je bus un bon café noir et l'envie de dormir passa dès que parut le soleil (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 221).
Café au lait. Café additionné de lait. Café à la crème (vieilli). Café additionné de crème. Une tasse de café à la crème (BALZAC, Ferragus, 1833, p. 113). Mod. Café(-)crème. Café additionné de crème ou, le plus souvent, de lait.
Fam. Café cognac, café rhum... Café servi avec un verre de cognac, de rhum, etc. Apprécier un café rhum (MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1492).
P. ext. Boisson obtenue par l'infusion d'un succédané de café. Les pauvres gens croyaient se faire du bien en buvant du café de glands doux (BARRÈS, Mes cahiers, t. 5, 1906-1907, p. 290).
Subst. apposé avec valeur adj. [Pour désigner une couleur brun plus ou moins foncé] La Dordogne, jaune, ou plutôt café clair, comme le Tarn et l'Aveyron (MICHELET, Journal, 1835, p. 203). La peinture passait au jaune café au lait (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 18) :
3. ... un buffet et deux tabourets — le tout dans cet excellent bois blanc qui pompe si bien des litres de brou de noix et devient noirâtre ici, jaunâtre là, café crème ailleurs — suffisaient largement à monter mon ménage.
H. BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, p. 192.
Loc. fam.
Prendre son café (vieilli). S'amuser :
4. ... c'est une de mes amies qui loue au comte de Steinbock la chambre garnie où ta Valérie prend en ce moment son café, un drôle de café...
BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 380.
C'est fort de café. C'est intolérable, invraisemblable :
5. Quoique d'abord, abasourdi, j'eus tout de suite le sentiment que « le café était vraiment trop fort » et qu'il ne pouvait s'agir que d'une énorme erreur résultant d'une machination.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 125.
6. — Je vous disais que Bondino a toujours eu le désir de vous rencontrer; il l'a de plus en plus actuellement.
— Cela me paraît assez fort de café : il ne me connaît pas.
GIONO, Bonheur fou, 1957, p. 281.
B.— P. méton.
1. a) Vieilli. Réunion mondaine où on boit du café et d'autres boissons :
7. Un Café est une assemblée où, pendant une soirée entière, les invités boivent les vins exquis et les liqueurs dont regorgent les caves dans ce benoît pays, mangent des friandises, prennent du café noir, ou du café au lait frappé de glace; tandis que les femmes chantent des romances, discutent leurs toilettes ou se racontent les gros riens de la ville.
BALZAC, La Recherche de l'absolu, 1834, p. 199.
b) [À la fin d'un repas] Le moment où l'on prend le café (cf. supra A 2) :
8. Dans une salle à manger au sol carrelé de noir et de blanc on nous servit un dîner plein de tact; au café, Trarieux offrit des liqueurs mais pas de cigares; ...
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 207.
2. Établissement où l'on consomme des boissons. Cf. brasserie, cabaret, estaminet, taverne :
9. Les cafés de Montmartre sont morts. Ils ont été remplacés par des débits, des bars ou des grills. Je connais pourtant un petit bistrot, un bois et charbons, où le bonheur et le pittoresque se conçoivent encore.
FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 47.
10. — Entrons ici, dit Henri en poussant au hasard la porte d'un café; c'était un tout petit bistro aux tables couvertes de toile cirée. « Qu'est-ce que tu prends? — Un vichy. »
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 280.
SYNT. Un garçon de café; une salle, une terrasse de café; un café borgne; café-bar, café-brasserie, café-restaurant, café-tabac; au fig. un pilier de café.
Vieilli. Café(-)concert (pop. caf'conc'), café chantant. Établissement où l'on consomme des boissons en assistant à un spectacle. Cf. cabaret, music-hall :
11. ... l'ensemble de ses affaires était pitoyable; si bien que, pour les remettre à flot, il pensa d'abord à établir un café chantant, où l'on n'aurait chanté rien que des œuvres patriotiques; ...
FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 196.
12. Des familles bourgeoises s'engouffraient, sous des arcs éclatants de lampes électriques, dans des cafés-concerts, des spectacles de gaudrioles et de nudités.
ZOLA, Fécondité, 1899, p. 73.
Café littéraire. Café où se réunissent les gens de lettres. Intellectuels avides de ce calme très particulier qui naît du voisinage des maisons d'édition, des facultés et des cafés littéraires (FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 239).
Péj. [Déterminant de subst., en partic. dans le syntagme café du commerce] :
13. ... la fatuité confiante, désœuvrée et ignorante des jeunes officiers de cette époque, fumeurs et joueurs éternels, attentifs seulement à la rigueur de leur tenue, savants sur la coupe de leur habit, orateurs de café et de billard.
VIGNY, Servitude et grandeur militaires, 1835, p. 26.
14. « Eh bien, dit Schneider, milite, mon vieux, milite. Seulement ton action ressemble drôlement aux parlotes du café du commerce : nous avons racolé à grand'peine une centaine de malheureux idéalistes et nous leur débitons des bobards sur l'avenir de l'Europe. »
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 264.
P. méton., fam. Les clients d'un café :
15. Le café jubilait et braillait avec cet abandon des hommes réunis entre eux, loin de leurs femmes, pour se divertir.
HUYSMANS, Les sœurs Vatard, 1879, p. 107.
PRONONC. ET ORTH. :[kafe]. Formes pop. ou arg. : caf, cafieu, cafiot (GUÉRIN 1892), caf(e)mar, cafemon, cafoin, cafeton (ROB. Suppl. 1970), cafetiau (suff. -ieu, -iot, -mar, -mon, -oin, -ton, -tiau, base caf-).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. « Graine de caféier, infusion de café torréfié et moulu » [1592 lat. caoua, ALPINUS, De plantis Aegypti liber, Venise, f° 26 r° dans ARV., p. 112; 1599 lat. chaonae, J.H. VAN LINSCHOTEN, Navigatio..., La Haye, p. 31, ibid.]; 1610 breuvage de chaone (Annotation du savant holl. Paludanus à l'Histoire de la navigation de J.H. Van Linschoten, Amsterdam, chap. 26, p. 64 dans ARV., p. 112); 1651 cauueh ou cafeh (C. LAMBERT, Relation du sieur Caesar Lambert... dans MORISOT, Relations véritables et curieuses..., Paris, p. 10, ibid., p. 113); 1665 café (infra); 1671 caphé, caffé (Ph. DUFOUR, De l'usage du caphé, du thé et du chocolate, Lyon, p. 29 dans ARV., p. 115); 1680 café (RICH.); 1732 caffé fort (Trév.), d'où fam. 1848 (c'est un peu) fort de café (BALZAC, Le Cousin Pons, p. 224); 1808 cafiot « mauvais café » (D'HAUTEL, Dict. du bas-lang.); 1866 cafetiau « id. » (DELVAU, Dict. de la lang. verte, p. 338, s.v. repasse); 1886 cafoin fr. région. Bretagne (ORAIN); 2. « débit de boisson » [1654, ouverture du 1er café à Marseille d'apr. BL.-W.5 et DAUZAT 1973], 1662 cabaret de cahué (F.-C. LE COMTE, Les fameux Voyages de Pietro Della Valle, I, 1, 62 d'apr. König dans Fr. mod., t. 9, 1941, p. 132); 1665 caué café à Damas (B. DE MONCONYS, Journal des Voyages de Monsieur de Monconys, Lyon, t. 2; table des matières dans ARV., p. 114); [1672, 1er café établi à Paris à la foire Saint Germain par l'arménien Pascal d'apr. BOUILLET]; 1694 une salle de caffé (J.-B. ROUSSEAU, Le Caffé, Paris dans BRUNOT, t. 6, p. 1099); ca 1830 arg. cafemar (d'apr. ESN.); 1844 cafemon (Dict. complet de l'arg. empl. dans « Les Mystères de Paris », p. 31); [1945] caf (B. GELVAL, Fables et récits en arg., p. 4), v. aussi café-concert; 3. 1798 « moment où l'on prend le café, après un repas » (Ac.).
Empr. au turc qahve (ARV.; BL.-W.5; FEW t. 19, p. 79; empr. à l'ar. qahwa, v. caoua) soit directement, soit par l'intermédiaire de l'ital. [à partir de la région de Venise, DEI] (BRUNOT t. 3, p. 221; PRATI; EWFS2; DG; DAUZAT 1973) attesté d'abord sous les formes caveé (1570, G.F. MOROSINI [diplomate vénitien], Relazioni degli ambasciatori Veneti al Senato d'apr. DEI); la forme caffè est attestée en 1615 à Venise (DEI).
STAT. — Fréq. abs. littér. :5 839. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 5 307, b) 9 486; XXe s. : a) 9 167, b) 9 708.
DÉR. Caféisme, subst. masc. Intoxication aiguë ou chronique due à une consommation abusive de café, caractérisée par des troubles cardio-vasculaires, digestifs, neuropsychiques. Nous faisons enfin tous usage d'excitants légers, tabac, café, thé qui ne sont pas toujours inoffensifs, comme le démontrent bien le « théisme » tunisien et ce « caféisme » nordique qu'on a pu appeler « l'alcoolisme de la femme » (H. BAZIN, La Fin des asiles, 1959, p. 156). Attesté dans Lar. 19e Suppl. 1890, Lar. Lang. fr., QUILLET et ROB. Suppl. 1970. [kafeism] 1re attest. 1890 (Lar. 19e Suppl.); dér. de café, suff. -isme.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — ARV. 1963, pp. 111-118. — BOULAN 1934, p. 183. — DARM. 1877, p. 149. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 45. — HÖFLER (M.). Zum französischen Wortschatz orientalischen Ursprungs. Z. rom. Philol. 1967, t. 83, pp. 64-65. — HOPE 1971, p. 278. — LAMMENS 1890, pp. 65-66. — POROT 1960 (s.v. caféisme). — QUEM. 2e s. t. 2 1971, p. 9; t. 4 1972, p. 40, 41. — WIND 1928, p. 40.

1. café [kafe] n. m.
ÉTYM. 1665; cafeh, 1651; turc kahve, arabe gǎhwǎh, proprt « boisson enivrante » (→ aussi Caoua), p.-ê. par l'ital. de Venise caffè.
tableau Mots français d'origine arabe.
1 Graine du caféier, arbre originaire de l'Arabie, et qui, infusée, fournit une boisson excitante et tonique. || Plantation (cit. 3), plant de café. Caféier. || Balle de café. Farde. || Sortes de café : bourbon, martinique, moka; arabica, colombie, robusta. || Grain de café en coque, en cerise. || Pellicule de café ( Écalure). || Propriétés stimulantes du café dues à un alcaloïde ( Caféine). || Café soluble ( Nescafé, marque), lyophilisé ( Lyophiliser). || Café décaféiné. || Principe aromatique du café. Caféone. || Parfumer une crème, une glace avec de l'essence de café.Préparation du café. Macération, torréfaction ou grillage. || Café vert : café non grillé. || Griller, brûler, torréfier du café ( Brûloir, torréfacteur).
tableau Noms de plantes médicinales.
Spécialt. Café torréfié. || Café en grains, en poudre (moulu). || Moudre le café dans un moulin à café. || Acheter un paquet de café. || Pot à café.
Marc de café : résidu du café moulu et infusé || Divination à l'aide du marc de café.
1 Avec cela, une femme forte, qui ne croit ni à Dieu ni au diable, mais qui accepte aveuglément les prédictions des somnambules et du marc de café.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, 11.
2 Marie de Lados moulait du café. Mais ses yeux craintifs de chienne couchante ne quittaient pas ceux de la maîtresse (…)
F. Mauriac, Genitrix, p. 153.
Au café : parfumé avec de l'essence de café. || Glace, gâteau, éclair, religieuse au café. || Crème au café. || Parfait au café.
2 Boisson obtenue par infusion des grains de café torréfiés et moulus. pop. Caoua (cit. 1), jus. || Faire le café. || Faire du café. || Passer le café. Cafetière, filtre, percolateur (cit. 2). || Le café ne passe (cit. 22) pas. || Du café décaféiné (fam. déca). || Un café filtre. Filtre. || Un café express. Express. || Un café serré, fort. || Servir, verser le café. || Faire réchauffer du café. || Laisser bouillir le café.Prov. Régional. Café bouillu, café foutu. || Une tasse, une cuiller, un service à café. || Prendre, boire son café. || Inviter qqn à prendre le café. || Aimer le café brûlant. || Café noir, non mélangé de lait. Noir, n. m. || Une tasse, un bol de café. || Être intoxiqué par le café. Caféique.
2.1 Je ne dis que le pain qu'on coupe
En le tenant bien contre soi,
Le café qui brûle les doigts
Quand l'aube, aux fenêtres s'égoutte (…)
Maurice Carême, le Sablier, 1969.
(1835). || Café au lait. || Prendre du café au lait au petit déjeuner.Couleur café au lait : brun clair.
2.2 Dans le cheval café au lait, je me suis bien trouvé, après l'avoir trop éclairci, d'avoir repris les ombres (…)
E. Delacroix, Journal, 21 nov. 1854.
tableau Désignations de couleurs.
(1898). || Café crème (d'abord café à la crème, 1833, Balzac) : café à la crème, et (cour.) au lait. Crème. || Café crème à l'italienne. Cappuccino.(Autres syntagmes). || Café glacé, frappé. || Café mêlé d'eau-de-vie, de rhum. Bistouille, gloria. || Café arrosé. Fam. || Café cognac, café rhum, café calva (→ Calvados, cit. 5). || Un bon café, un café très fort. || Un mauvais café. Jus (de chapeau, de chaussette, de chique); lavasse.Café mêlé de chicorée.
3 Il est hors de doute que le café porte une grande excitation dans les puissances cérébrales; aussi tout homme qui en boit pour la première fois est sûr d'être privé d'une partie de son sommeil.
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, t. I, p. 137.
4 Dans peu d'instants le lait bouillant, le café noir, le beurre reposé au fond du puits rempliraient leur office de panacée (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 187.
Loc. fam. C'est fort de café : c'est un peu fort, exagéré, invraisemblable.
Allus. littér. Racine passera comme le café (comme la mode du café), jugement faussement attribué à Madame de Sévigné et que l'on rappelle ironiquement à une personne qui ne croit pas à la durée d'une réussite.
Café liégeois. Liégeois.
3 Tasse (verre, bol…) de café. || Elle boit dix cafés par jour. || Prendre un café sur le zinc. Noir.Un café au lait, un café crème. Crème. || Garçon, un café crème !
Café complet : petit déjeuner où la boisson est le café.
4 (1798). Le moment du repas où l'on prend le café, après les desserts et avant les alcools dits pousse-café. || Arriver au café. || Ne m'attendez pas pour dîner, je viendrai seulement au café (Académie).
DÉR. 2. Café, caféier, caféine, caféique, caféisme, caféone, cafetière.
COMP. Nescafé (marque), pause-café, pousse-café.
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2. café [kafe] n. m.
ÉTYM. 1694, salle de café; cabaret de cahué, 1662; le premier établissement de ce genre est ouvert en 1654 à Marseille, en 1672 à Paris; de 1. café.
Lieu public où l'on consomme des boissons. Bar, bistrot, bougnat, buvette, cabaret, cafeteria, débit (de boissons), estaminet, troquet, zinc. || Un grand, un beau café. || Un petit café. Cafeton (vx). || Café borgne, mal tenu. (vx ou vieilli) Assommoir, bouchon, boui-boui, 2. bousin, caboulot, cambuse, gargote, mastroquet, popine, tapis-franc; (mod.) troquet. || Le patron d'un café. Cafetier, tenancier. || Garçon de café : professionnel chargé de servir les consommations (ellipt garçon). || Les barmans, les garçons d'un café. || Le chasseur d'un grand café. || Aller au café. || Fréquenter les cafés. || Un pilier de cafés. || Consommer sur le zinc, au comptoir, à la terrasse d'un café. || Avoir rendez-vous dans un café, à l'intérieur, dans la salle. || Consommer dans un café sans avoir de quoi payer. Griveler (→ Achalander, cit. 2; 1. bar, cit. 1). || Avoir une ardoise dans un café. || Café où l'on mange. Brasserie, cafeteria, pub. || Noms de cafés. || Café de la Gare, du Commerce, des Sports, etc.Café littéraire, artistique, où se réunissent écrivains, artistes. || Café-bar. Bar. || Café-tabac : café où se trouve un débit de tabac.(1828, in D. D. L.). || Café-restaurant (→ Restaurant).
4.1 Il y a encore, à ce que j'entends dire, quelques-uns de ces beaux esprits subalternes qui passent leur vie dans les cafés, lesquels font à la mémoire de M. Despréaux le même honneur que les Chapelains faisaient à ses écrits de son vivant.
Voltaire, Lettre à M. Brossette, 14 avr. 1732.
5 C'est une règle de l'art français qu'entre les expressions, il n'y en a qu'une qui est bonne, il faut entendre par là : qui convienne au sens en se conformant au sujet traité et aux circonstances. Ce choix entre les mots n'est pas une nécessité seulement pour l'écrivain, il s'impose au langage quotidien, si l'on ne veut ni fausser la pensée ni manquer aux convenances. Essayez de confondre un restaurant avec une guinguette, un café avec un caboulot ou un zinc.
Ce sont tous des débits, mais qui ne débitent pas exactement les mêmes choses, ou surtout ne les débitent pas aux mêmes gens, ni dans le même cadre, ni pour les mêmes prix.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, XIII, III, p. 581.
5.1 Ils échangent leurs vues. Le premier café est créé.
Songer, faire songer à cette institution essentielle et immémoriale et universelle, (— à quoi les historiens qui sont des sots et ne voient jamais le fonctionnement des choses ne songent pas) — laquelle est nécessaire à la formation des opinions (…)
Valéry, Cahiers, Pl., t. II, p. 1341.
6 Dans tous les Cafés du Commerce, des orateurs exposent des plans admirables : « Si j'étais Président du Conseil (…) »
A. Maurois, Un art de vivre, VII, I, p. 38.
7 Cependant la petite place offrait enfin à ma curiosité une façade amie, celle d'un café. Devant une porte vitrée, que voilait un rideau de perles de verre, on avait installé une table de bois et une chaise. Sur les volets ouverts, il y avait deux plaques de fer blanc : l'une pour le mot Byrrh, à demi mangé par la pluie et le soleil; l'autre où le nom d'un chocolat luttait contre la rouille.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 13.
8 Fernand m'avait amenée à des réunions qui se tenaient le soir, dans le café-tabac qui fait l'angle du boulevard Raspail et de l'avenue Edgar-Quinet.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 58.
Des discussions de café du Commerce : des discussions politiques oiseuses (→ ci-dessus cit. 6).
(1850). Vx. || Café chantant, où l'on peut écouter de la musique. On écrit aussi café-chantant. || Des cafés-chantant. aussi Café-concert.
9 À onze ans, Robert et Anselme s'arrangent, en revenant de l'école, pour s'arrêter devant un café-chantant où, dès six heures, on entend de la musique. On pourrait croire que ce qui les attire ce sont les appas généreux des dames violonistes, mais non. C'est vraiment la musique.
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 88.
Café-concert. Caf'conc', café-concert.
Café-théâtre. Café-théâtre.
CONTR. Cafetier.
COMP. Café-concert, café-théâtre, cybercafé.

Encyclopédie Universelle. 2012.