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dernier

dernier, ière [ dɛrnje, jɛr ] adj. et n.
derrenier fin XIIe; a. fr. derrain, refait sur premier; lat. pop. °deretranus, class. de retro 1. derrière
I(Temporel, spatial) A
1 Adj. (av. le n.) Qui vient après tous les autres, après lequel il n'y en a pas d'autre. Décembre est le douzième et dernier mois de l'année. Dernier train, dernière édition (de la journée). Ellipt « Le type brandissait des journaux en murmurant : “Paris-Soir, dernière” » (Sartre). Dernières nouvelles. Aux dernières nouvelles, il est promu. Être à sa dernière heure; rendre le dernier soupir. Faire une chose pour la dernière fois. Ce n'est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Lire un livre jusqu'à la dernière page. final. La dernière maison avant la sortie du village. Mettre la dernière main à un ouvrage. Dépenser jusqu'à son dernier sou. À la dernière extrémité. extrême, ultime. Dernière chance, dernière carte. Faire un dernier effort. suprême. Avoir le dernier mot. En dernière analyse, en dernier ressort. La dernière minute, celle après laquelle le temps accordé est écoulé. Arriver au dernier moment.
(Apr. le n.) Jugement dernier.
(Attribut) Il est dernier, il est arrivé bon dernier.
2Nominal Marcher le dernier (cf. Clore, fermer la marche; serre-file). C'est le dernier de la file. Il est parmi les cinq derniers. Les premiers seront les derniers (allus. bibl.). Être le dernier de la classe, celui auquel on a décerné la dernière place. ⇒ culot. Le dernier d'une famille, le petit dernier. benjamin, dernier-né. Le tout dernier. « Le Dernier des Mohicans », roman de F. Cooper. Le dernier de mes soucis. cadet. « Une guerre est toujours la dernière des guerres » (Giraudoux)(cf. pop. La der des ders).
3Loc. adv. EN DERNIER : à la fin, après tous les autres. Je m'occuperai de lui en dernier. Cela vient en dernier.
BQui est le plus proche du moment présent. récent. Ces derniers temps. L'an dernier, l'année dernière, mercredi dernier. 3. passé. Nouvelles de la dernière heure. La dernière guerre. Son dernier film vient de sortir. S'habiller à la dernière mode; c'est le dernier cri. Loc. Il n'est pas né de la dernière pluie.
(Nominal) Oui, répondit ce dernier, celui dont on vient de parler. — Fam. Tu ne connais pas la dernière ? se dit à qqn pour le mettre au courant d'un événement qui vient de se produire.
II(Qualitatif) Extrême.
1Le plus haut, le plus grand. Au dernier point, au dernier degré. Protester avec la dernière énergie. Vx ou littér. « On dit qu'avec Bélise il est du dernier bien » (Molière). « Se permettre une réflexion pareille [...] était peut-être du dernier goujat » (Romains).
2Le plus bas, le pire. Une marchandise de dernière qualité, de dernier choix, de dernier ordre. Nominal « On la traite comme la dernière des dernières » (Renard).
Région. (Belgique) Fam. Le dernier de tout : le comble, la fin de tout.
⊗ CONTR. Initial, premier. Futur, prochain.

dernier, dernière adjectif (ancien français derrenier, de derrain, avec l'influence de premier, du latin populaire deretranus, latin classique deretro, derrière) Qui vient après les autres par le rang ou le mérite ; après lequel il n'y a plus personne, plus rien (considéré traditionnellement comme un nom quand il est employé avec l'article mais sans substantif) : Z est la dernière lettre de notre alphabet. Ce coureur est arrivé le dernier. Qui précède immédiatement ou qui est le plus proche de nous dans un temps révolu : Nouvelle de dernière heure. Se dit de ce qu'il y a de plus nouveau : Être habillé à la dernière mode. S'emploie après certains noms de temps pour désigner la date ou la période qui vient d'être passée, de s'écouler, d'avoir lieu : La nuit dernière. Lundi dernier. Indique un degré extrême ; le plus haut, le plus grand : C'est de la dernière importance.dernier, dernière (citations) adjectif (ancien français derrenier, de derrain, avec l'influence de premier, du latin populaire deretranus, latin classique deretro, derrière) Bible Beaucoup de premiers seront derniers, et de derniers seront premiers. Évangile selon saint Matthieu, XIX, 30 dernier, dernière (difficultés) adjectif (ancien français derrenier, de derrain, avec l'influence de premier, du latin populaire deretranus, latin classique deretro, derrière) Orthographe 1. Tout dernier. Tout, adverbe, reste invariable : les tout derniers jours de l'été ont été pluvieux. 2. Tous les derniers. Tous, adjectif indéfini, s'accorde. Tous les derniers jours de l'été ont été consacrés aux récoltes. → tout. Construction 1. Le dernier, un des derniers se construisent avec l'indicatif, le subjonctif ou le conditionnel, en fonction de la nuance à exprimer : ce sont les dernières paroles qu'il a prononcées (information) ; ce sont les dernières paroles qu'il ait prononcées (nuance affective : c'est triste, émouvant, etc.) ; ce sont les dernières paroles qu'il aurait prononcées (à ce que l'on dit ; marque l'hypothèse ou le doute). 2. La semaine dernière / la dernière semaine. Le sens de dernier varie selon qu'il est placé avant ou après un nom désignant une division du calendrier, comme semaine, mois, trimestre, année, etc. Le mois dernier = le mois passé. Le mois dernier, le chiffre des ventes a progressé de dix pour cent. Le dernier mois = l'ultime mois, celui qui n'a pas été suivi d'autres semblables. C'est le dernier mois où le chiffre des ventes a progressé. ● dernier, dernière (expressions) adjectif (ancien français derrenier, de derrain, avec l'influence de premier, du latin populaire deretranus, latin classique deretro, derrière) À la dernière minute, au dernier moment, à la limite du moment où il sera ou où il eût été trop tard. Ce dernier, dont il a été le plus récemment fait mention ; celui-ci : Il était accompagné de sa femme, cette dernière semblait inquiète. En dernier (lieu), après tout le reste. En dernière minute, à l'instant même où nous parlons. Être du dernier bien avec quelqu'un, être en excellents termes avec lui. La dernière, l'histoire drôle la plus récente ou la nouvelle que personne n'est censé connaître encore, la dernière édition d'un quotidien, etc. Familier. Le dernier, le petit dernier, le plus jeune des enfants d'une famille nombreuse. Familier. Le dernier des, le plus mauvais des : Le dernier des ignorants sait cela. Familier. Le dernier des derniers, la personne la plus vile, la plus abjecte. Le dernier qui, le dernier à, celui qui est moins qualifié que tout autre : Il est le dernier qui puisse se plaindre dans cette affaire. Mon dernier, dernière syllabe ou dernière partie d'un mot qu'il faut deviner dans une charade. ● dernier, dernière (synonymes) adjectif (ancien français derrenier, de derrain, avec l'influence de premier, du latin populaire deretranus, latin classique deretro, derrière) Qui vient après les autres par le rang ou le...
Synonymes :
- définitif
- suprême
Contraires :
S'emploie après certains noms de temps pour désigner la date...
Synonymes :
- passé
- précédent
Contraires :
Indique un degré extrême ; le plus haut, le plus grand
Synonymes :
- extrême
Contraires :

dernier, ère
adj. et n.
d1./d (Avant le nom.) Qui vient après tous les autres. Le dernier jour du mois. La dernière édition (de la journée) d'un journal (ellipt. la dernière).
Rendre le dernier soupir: expirer.
Dire son dernier mot: faire entendre que la position adoptée, que la décision prise est définitive. Je vous le laisse à vingt francs, mais c'est mon dernier mot! Avoir le dernier mot dans une polémique, l'emporter.
|| (Après le nom.) Le jugement dernier.
|| (Attribut) Il est parti dernier. Il est bon dernier au classement général.
|| Subst. Le dernier de la classe.
|| Loc. adv. En dernier: après tous les autres, après le reste. Nous verrons cela en dernier.
d2./d Qui précède immédiatement; le plus récent. L'année dernière. Habillé à la dernière mode. Nouvelles de dernière heure. Aux dernières nouvelles.
Fam. Vous connaissez la dernière?, la dernière histoire.
|| Subst. Dernier-né. C'est son petit dernier.
d3./d Extrême. Le dernier degré de la perfection.
|| n. m. (Belgique) C'est le dernier de tout: cela dépasse la mesure (V. comble 1).
|| Subst. C'est le dernier des individus ou le dernier des derniers: c'est le plus méprisable, le plus bas des individus.

⇒DERNIER, IÈRE, adj. et subst.
I.— Qui est après tous les autres.
A.— [P. réf. à l'espace; en parlant d'un inanimé concr.] Qui se situe après tous les autres. Dernier étage; dernière marche. Le dernier échelon de l'escalier (JANIN, Âne mort, 1829, p. 171). Sur la dernière terrasse, tout en haut (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Légende Mt St-Michel, 1882, p. 1256) :
1. De temps en temps une petite fille blanche se fraie un passage jusqu'aux degrés de l'estrade, grimpe, se fait bousculer et reléguer aux derniers rangs par Mademoiselle, crispée de ces retards et qui ronge son frein sous sa voilette, ...
COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 302.
Loc. adv. fig. En dernier lieu, p. ell. en dernier. Après tout le reste, enfin. (Quasi-)synon. dernièrement. Derrière les premiers plans, des prolongements pleins de secret. Augustin aperçut en dernier lieu les lourds rideaux noirs revêtant la fenêtre (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 417).
B.— [P. réf. au temps]
1. [En parlant d'un inanimé abstr., en partic. d'une division chronologique] Qui vient après tous les autres. La dernière moitié du quatorzième siècle et la première moitié du quinzième (GUIZOT, Hist. civilisation, Leçon n° 2, 1828, p. 8). Le temps (...) changea avec le dernier quartier de la lune (VERNE, Tour monde, 1873, p. 91) :
2. La licence ès lettres lui prit [à Augustin] les deux derniers mois de l'année scolaire; une situation agréable et fructueuse dura jusqu'en fin de septembre et il eut encore quinze jours à donner aux siens.
MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 287.
2. [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.]
a) Qui arrive après tous les autres :
3. La forme de son idéal [à Minna] était loin d'être fixée. Tantôt elle rêvait d'épouser un lieutenant, tantôt un poète dans le genre sublime et correct, à la Schiller. Un projet démolissait l'autre; et le dernier venu était toujours accueilli avec le même sérieux et une égale conviction.
ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, p. 187.
Emploi subst. Permettez-moi au moins de ne pas être le dernier à vous féliciter (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 69) :
4. C'est ainsi qu'après avoir aperçu la première les vérités de ce qu'on appelle maintenant le darwinisme, la France a été la dernière à s'y rallier.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. VII.
Proverbe. Aux derniers les bons. ,,Ce qui reste de quelque chose après que les autres ont choisi est souvent le meilleur`` (Ac. 1835-1932).
b) [En parlant d'un membre d'une famille] Qui est né après les autres. Dernier fils, rejeton.
Emploi subst. Synon. dernier-né. Mon petit dernier a la rougeole (FONGERAY, Soir. Neuilly, Conspir. prov., t. 1, 1827, p. 152). Une mioche de neuf mois, Désirée, la dernière de Philomène (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1221).
C.— [P. réf. à une suite comptable et ordonnée; en parlant d'un inanimé concr.] Qui prend rang après tous les autres. Dernier numéro; dernière édition; édition dernière. Le dernier morceau de la dernière sonate (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 329) :
5. ... l'admirable ordonnance de certaines pièces de Baudelaire, telles que « l'Irréparable » et « le Balcon », où le dernier des cinq vers qui composent la strophe est l'écho du premier...
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 156.
Rem. On rencontre dernier, en emploi subst. masc. ds le domaine des jeux (p. ell. p. ex. de élément). Mon dernier. Dernière syllabe ou dernière partie d'un mot d'une charade qu'il faut deviner. Mon tout sur mon premier fait ouïr mon dernier [charade sur le mot pinson] (Lar. 19e).
D.— [P. réf. à une échelle, à une hiérarchie de valeurs] Qui vient après les autres dans un classement. Les animalcules qui composent la dernière classe du règne animal (LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 206) :
6. Et cependant, il serait inexact de dire que j'aie été tout à fait un mauvais élève; inégal plutôt, à surprises; un jour premier, dernier le lendemain, mais restant en somme dans une moyenne acceptable, avec toujours, à la fin de l'année, les prix de version.
LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 216.
Emploi subst. J'aime mieux être le dernier dans ta maison que le premier ailleurs (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 69).
Loc. verbale. Arriver, être bon dernier. Être classé nettement derrière les autres. Chacun arriva bon dernier (VERLAINE, Œuvres compl. t. 3, Dédic., 1890, p. 95).
II.— Après lequel il n'y en a pas d'autres; après lequel il n'y a plus rien.
A.— [P. réf. à l'espace] Qui occupe une position extrême dans l'espace. Aller aux dernières limites de la mer gelée (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 242) :
7. ... la chapelle de la Trinité, qui est comme au bout du monde breton. Au pied de la dernière et extrême falaise, elle pose sur un seuil de roches basses, tout près des eaux, et semble déjà appartenir à la mer.
LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 252.
Au fig. Les dernières limites de la sobriété (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 310). Il s'était élevé jusqu'aux dernières limites de l'insulte (VERNE, Île myst., 1874, p. 262).
Loc. verbales. Être à la dernière extrémité; porter, pousser, réduire à la dernière extrémité, aux dernières extrémités; lutter, résister jusqu'à la dernière extrémité; pousser dans ses derniers retranchements.
JEUX, vx, emploi subst. masc. ,,Chacune des deux ouvertures de la galerie d'un jeu de paume qui sont les plus éloignées de la corde`` (Ac. 1798-1878).
B.— [P. réf. au temps]
1. [En parlant d'un inanimé abstr., en partic. d'une division chronologique] Qui marque le terme ultime. J'étois certain de n'aimer qu'elle jusqu'au dernier instant de mon existence (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 132). Ces derniers beaux jours d'automne (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 37) :
8. J'ai appris cet après-midi par Jean-Louis que l'on avait jusqu'au 5 avril dernière limite pour remettre les articles sur Valéry, pour le numéro du Divan.
DU BOS, Journal, 1922, p. 70.
Locutions
a) Loc. à valeur adj. De (la) dernière heure. Qui survient au dernier moment. Un changement de dernière heure (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 128).
b) Loc. adv.
En dernière analyse.
À la dernière minute. Tout à fait à la fin, au dernier moment (souvent avec un aspect de précipitation). Mes devoirs, toujours faits à la dernière minute, à la diable (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 92).
Pour la dernière fois, une dernière fois. Sans que cela puisse jamais se reproduire. Je pensai :« Je le vois pour la dernière fois » (SARTRE, Nausée, 1938, p. 203).
Pour la première et (la) dernière fois. Pour une fois unique, une fois pour toutes. Pour la première fois de sa vie peut-être, pour la première et dernière fois (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 510).
En dernier résultat.
c) Loc. verbales
Avoir le dernier mot, p. ell. (vx), avoir le dernier (Ac. 1798-1932). Avoir la dernière réplique; p. ext. l'emporter dans une discussion ou un débat. Avec le diable on a toujours grand tort d'engager la conversation, car, de quelque manière que l'on s'y prenne, il veut toujours avoir le dernier mot (GIDE, Journal, 1917, p. 621).
C'est/voici mon dernier mot. C'est/voici ma détermination, sur laquelle je ne reviendrai pas. Voici mon dernier mot, Norine. J'épouse la petite (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 2e tabl., 4, p. 84).
Mettre, donner la dernière main à qqc. Apporter les ultimes retouches ou ajouts à une œuvre pour la fignoler ou l'achever. Mettre la dernière main à ma traduction (...) de Xénophon (COURIER, Lettres Fr. et It., 1808, p. 768).
Rendre le dernier soupir, rendre les derniers devoirs.
Rem. On rencontre dernier en emploi subst. masc. dans le domaine des jeux de société (p. ell. p. ex. de rang). Avoir le dernier (vx.) Être touché le dernier par un autre joueur. Ne vouloir jamais avoir le dernier (Ac. 1798-1878).
SYNT. a) Dernier + inanimé concr. Dernier asile, baiser, évangile, hoquet, lien, rayon (de soleil), reflet, refuge, regard, repas, sommeil, train; dernière convulsion, crise, demeure, étape, étincelle, lueur, parole, syllabe, trace. b) Dernier + inanimé abstr. Dernier coup de, effort, entretien, espoir, hommage, vœu; dernière aventure, chance, entrevue, espérance, illusion, ressource, tentative, ressort (v. ressort2); dernières dispositions, instructions, recommandations, volontés. c) Dernier + inanimé abstr. marquant une division chronologique. Dernier dimanche, matin, moment, soir; dernière heure, dernière seconde; dernières heures.
2. [En parlant d'une pers.]
a) Qui existe encore après la disparition de tous les autres membres de sa famille. Dernier survivant. Le dernier représentant de cette famille (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 397) :
9. Cette maladie prévue et cette mort certaine donnaient un charme de plus à cette petite créature, la dernière des Pomaré, la dernière des reines des archipels tahitiens.
LOTI, Le Mariage de Loti, 1882, p. 28.
b) [Avec un subst. à forte valeur affective] Après lequel on ne peut trouver personne de valeur comparable. Brutus et Cassius furent les derniers des [vrais] Romains (Ac. 1798-1932). Le dernier poète de la patrie de Virgile chantait le dernier guerrier de la patrie de César (CHATEAUBR. Mém., t. 2, 1848, p. 662). Les vertus chrétiennes de ce dernier des barons féodaux [Condé] (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 190).
3. [En parlant d'un inanimé] Le plus récent, le plus proche du moment actuel. Promenade, faite dimanche dernier en compagnie de Forain (GONCOURT, Journal, 1882, p. 155). Une grande maison carrée (...) bâtie au commencement du siècle dernier (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1194) :
10. Une œuvre (...) n'est jamais achevée. Il y a instabilité essentielle du jugement qui compare l'état dernier et l'état final, le novissimum et l'ultimum.
VALÉRY, Litt., 1930, p. 45.
P. ell. le dernier (de) + nom propre. La dernière œuvre de. Le dernier de Maupassant. Un livre formidable (AYMÉ, Mouche, 1957, p. 38).
Emploi subst. Mme Achille m'écrit des lettres incompréhensibles, la dernière dément toujours la précédente (FLAUB., Corresp., 1879, p. 225).
Loc. adv. Ces derniers temps, ces temps derniers, dans ces derniers temps. Il n'y a pas longtemps. Synon. dernièrement, récemment. Un livre (...) réimprimé ces temps derniers (CLAUDEL, Corresp. [avec André Gide], 1911, p. 160). Mme Beauchamp menait dans ces derniers temps une vie très... distraite (BERNANOS, Crime, 1935, p. 773).
4. [En parlant d'un animé ou d'un inanimé] Ce dernier, cette dernière. Ce, cette (dont on vient de parler en dernier lieu). Ce dernier argument, détail, trait; ces derniers mots. Ce dernier moyen a pour but d'éventer les fluides (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 177).
Emploi subst. Celui-ci, celle-ci (dont on vient de parler). Au nombre de ces derniers :
11. Et Auguste, la mine maussade, sans transition, offrit à Octave d'entrer chez eux. Ce dernier, pris à l'improviste, hésitait, était sur le point de refuser, en songeant au peu d'importance de la maison.
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 182.
SYNT. 1. Dernier est antéposé. a) Dernier + inanimé concr. Dernier roman; dernière récolte, rencontre, séance, session, visite. b) Dernier + inanimé abstr. Dernière aventure, entrevue, guerre; les derniers événements, ces dernières vacances. c) Dernier + inanimé abstr. marquant une division chronologique. Le dernier automne, demi-siècle, hiver, séjour; ces derniers jours; dernière semaine; ces dernières années, heures. 2. Dernier est postposé. Inanimé abstr. marquant une division chronologique + dernier. L'an, dimanche, l'été, l'hiver, jeudi, le mois dernier; ces jours derniers; l'année, la nuit, la saison, la semaine dernière.
C.— [P. réf. à une quantité, à une suite comptable]
1. [En parlant d'un inanimé concr.] Après lequel il n'y a plus rien. Votre tête répond de son dernier cheveu [à Richard] (HUGO, Cromwell, 1827, III, 2, p. 193). Allumer une dernière cigarette (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 201) :
12. J'admirais beaucoup mon oncle, le capitaine, tant parce qu'il avait brûlé la dernière cartouche française à Waterloo que parce qu'il apprêtait de ses propres mains, à la table de ma mère, des chapons à l'ail, ...
A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 286.
Jusqu'au dernier + subst. Ils avaient déjeuné, mangé leur pain jusqu'à la dernière miette, et bu leur vin jusqu'à la dernière goutte (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Pt soldat, 1885, p. 188). Lutter jusqu'au dernier sou et jusqu'à la dernière goutte de sang (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 508).
Emploi subst. On n'avait pas hissé de pavillon parce qu'on n'en avait plus; les cafards avaient mangé le dernier (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 347).
SYNT. Dernière bouchée, bouteille, gorgée; dernières cartouches.
2. [En parlant d'une pers.] Rare, postposé. Après lequel il n'y en a plus d'autre. L'héroïque courage de l'empereur Constantin dernier (DELACROIX, Journal, 1823, p. 21).
D.— [P. réf. à une échelle de valeurs; souvent avec une valeur intensive]
1. [En parlant d'un inanimé] Qui occupe une position extrême; le plus haut, le plus fort, le plus grand. Synon. intense, suprême, ultime. Ses yeux exprimèrent l'agonie d'une anxiété dernière (BOURGET, Disciple, 1889, p. 192). Ce coup de coude (...) fut comme le cinglement, la poussée dernière qui le décida (ZOLA, Argent, 1891, p. 46) :
13. Oui, la rencontre des bouches est la plus parfaite, la plus divine sensation qui soit donnée aux humains, la dernière, la suprême limite du bonheur.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Le Baiser, 1882, p. 607.
14. ... sous Louis-Philippe, (...) l'on vit enfin l'enrichissement se proposer sans vergogne et sans fard comme suprême leçon, vérité dernière, moralité définitive d'un demi-siècle d'expériences politiques et sociales.
VALÉRY, Variété II, 1929, p. 110.
Loc. adv. Au dernier degré; au dernier point.
Loc. verbales. Être du dernier bien, du dernier mieux, p. ell. être du dernier avec qqn. Être intime avec lui (cf. bien2 B 2 b). S'abandonner aux, commettre les derniers excès; obtenir les dernières faveurs (d'une femme) (cf. faveur); être de la dernière importance; essuyer, subir les derniers outrages.
SYNT. Le dernier supplice; le jugement dernier; la dernière énergie, insolence, évidence, tentative; fins dernières (cf. fin).
2. En partic.
a) [En parlant d'un inanimé] Le plus élevé dans l'échelle des valeurs. Dernier chic, cri; dernière élégance. Toile (...) goudronnée à la dernière mode de la Cour (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 96). Des soies (...) vendues (...) comme la dernière nouveauté de Paris (ZOLA, Terre, 1887, p. 189).
Rem. Dans ces emplois figés, restreints au domaine de la mode, la valeur temporelle de dernier (cf. supra II B 3) est également sensible.
Le dernier mot de. Le comble de :
15. ... un restaurant du Palais-Royal, jadis fameux, aujourd'hui démodé, mais que le docteur Sarrasin continuait de considérer comme le dernier mot du raffinement parisien.
VERNE, Les 500 millions de la Bégum, 1879, p. 24.
b) [En parlant d'une pers. ou parfois d'un inanimé abstr.] Le plus bas dans l'échelle des valeurs, le plus vil, le plus méprisable :
16. Il [Jésus] semble quelquefois railler, en vérité.
Songez qu'il a choisi la dernière cité
Du dernier peuple, et, dans la cité tout entière,
Une femme et, parmi les femmes, la dernière!
ROSTAND, La Samaritaine, 1897, 3e tabl., 1, p. 136.
Emploi subst. Une salope qui a traîné avec le dernier des cochons (ZOLA, Terre, 1887, p. 293).
Le dernier des derniers, la dernière des dernières. Le/la plus méprisable de tous. À l'heure présente, les derniers des derniers savent très bien faire « remuer des gens communs » (GONCOURT, Journal, 1889, p. 928) :
17. Si je faisais une chose pareille, je n'oserais plus regarder personne dans les yeux, je me croirais la dernière des dernières, je serais une vraie fille des rues! et c'est vous qui me proposez ça?
PAGNOL, Fanny, 1932, I, 2e tabl., 6, p. 106.
C'est le dernier à qui... C'est à lui moins qu'à tout autre que... C'est le dernier homme à qui je me confierais, à qui je voudrais demander un service (Ac. 1835-1932).
Le dernier de mes soucis (fam.). Le moindre, le cadet de mes soucis. Le petit rentier déclara tout net qu'il ne s'intéressait pas au cœur et que même le cœur était le dernier de ses soucis (CAMUS, Peste, 1947, p. 1447).
Rem. 1. Place de l'adj. dernier. a) Quand son sens le rattache à la série des adj. ordinaux, dernier est gén. antéposé; il peut également être attribut. b) Quand il a une valeur de superl., il est gén. antéposé, sauf dans une lang. plus soutenue ou dans qq. syntagmes figés (cf. supra II D 1). c) Quand il a une valeur temporelle, sa place joue un rôle discriminatif : antéposé, il marque la fin d'une série (cf. supra I), postposé, il marque l'antériorité immédiate; dans certains emplois figés du domaine de la mode, la valeur superlative l'emporte et dernier est antéposé (cf. supra II D 2 a). 2. On rencontre ds la docum. le dérivé par apocope der, adj. et subst., arg. et pop. a) [Correspond à dernier I] Qui est après tous les autres. [Invitée par le renard, la cigogne] radina, fonça à tout berzingue, N'étant jamais la der pour la foire et la bringue (MARCUS, 15 fables, 1947, p. 5). b) [Correspond à dernier II] Le (la) der des der. Le tout dernier, la toute dernière. Le der des der. Le tout dernier verre, la toute dernière tournée. Eux, fanfarons, s'étaient remis à boire : la tournée du gagnant, puis « le dernier »; puis « le der des der » (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 188). La der des der(s). La dernière guerre, celle après laquelle il n'y en aura plus. On ne peut avoir tous les ans une guéguerre, la der-des-ders à annoncer comme vacances (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 302). Nous avons fait la der des der, voilà la vérité. Vainqueurs ou vaincus, c'est du pareil au même (SARTRE, Mort âme, 1949, p. 71). Jeux (belote). Dix de der. Gratification de dix points qui s'obtient en faisant la dernière levée. Belote, rebelotte et dix de der (ROB. Suppl. 1971).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. On fait la liaison devant un subst. et l'on constate que [e] fermé final s'ouvre légèrement sous l'infl. de [] : dernier arbre [] (cf. MART. Comment prononce 1913, p. 359 et FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 435). Enq. :/, -R/. Admis ds Ac. 1694-1932. Noter que si nouveau-né est inv., dernier-né [] prend la marque du fém. dernière-née et du plur. derniers-nés (cf. GREV. 1964, § 385 et DUPRÉ 1971, p. 660). Étymol. et Hist. A. Espace 1210-20 (estre) au derrenier « (être) après tous les autres » (Aimeri de Narbonne, 1946, ds T.-L.); 1585 fig. (N. DU FAIL, Eutrapel, éd. J. Assezat, t. 2, p. 289 : son dernier refuge estoit d'opposer et empescher les bans de mariage). B. Rang 1. 1225-30 derrenier « celui qui vient après les autres (dans une énumération) » (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 969); 2. 1559 « extrême (en bien ou en mal) » le dernier supplice (AMYOT, Cicéron, 24 ds LITTRÉ). C. Temps 1. 1269-78 li darrenierz jorz (J. DE MEUN, Rose, éd. cit., 8101); 2. 1269-78 « après lequel il n'y en aura plus d'autre » fere sa darreniere « jouer son dernier argent » (ID., ibid., 13690); 3. début XIVe s. « après lequel il n'y a plus rien (dans le temps) » (J. DE JOINVILLE, Hist. de St Louis, éd. N. de Wailly, 1874, 70 : en ses darrenieres paroles); 1461 derreniere voulenté (VILLON, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 79); 4. XVe s. « le plus récent, le plus proche au moment où l'on parle » (LE BAUD, Hist. de Bret., c. XLII ds GDF. Compl.); cf. 1560-61 ces derniers ans (J. GRÉVIN, Selodachye, p. 341 ds IGLF M.-A.); 5. 1568 « après lequel on ne trouve personne qui puisse lui être comparé » (GARNIER, Porcie, 1472, I, p. 62 : Et nous avons perdu le dernier des Romains). Dernier, forme contractée de derrenier, dér. p. anal. avec premier de l'a. fr. derrain (1re moitié XIIe s. ds T.-L.), lui-même issu du lat. vulg. deretranus, dér. de deretro « derrière ». Fréq. abs. littér. :39 939. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 59 486, b) 59 165; XXe s. : a) 57 943, b) 52 545. Bbg. ARVEILLER (R.). R. Ling. Rom. 1965, t. 29, p. 376 (s.v. der). — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 256. — GALL. 1955, p. 117. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 442. — MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 309. QUEM. Fichier.

dernier, ière [dɛʀnje, jɛʀ] adj. et n.
ÉTYM. V. 1215, derrenier; de l'anc. franç. derrain refait sur premier; du lat. pop. deretranus, du lat. class. deretro. → 1. Derrière.
———
I
1 Adj. (V. 1215). (En épithète, avant le nom). Qui vient après tous les autres, après lequel il n'y en a pas d'autre. || Décembre est le douzième et dernier mois de l'année. || Dernière semaine de représentation. || Dernier train, dernière édition (de la journée). || Le dernier en date.Être à sa dernière heure; rendre le dernier soupir. || Ce sont ses dernières volontés. || Conduisez-le à sa dernière demeure. || Les derniers jours de Pompéi. — ☑ Loc. (Exceptionnellement, après le nom). Le jugement dernier.Faire une chose pour la dernière fois. || Ce fut son dernier chef-d'œuvre, son chant du cygne. || Ce n'est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière.Lire un livre jusqu'à la dernière page. || Les trois derniers chapitres. || Mot accentué sur la dernière syllabe. || Dernière partie d'un tout, d'une action. Final. || Dernière levée d'un jeu de cartes qui donne droit à 10 points (→ fam. Dix de der).Dépenser jusqu'à son dernier sou.Dernière ressource, dernier moyen, dernière extrémité. Extrême, ultime. || Dernière chance, dernière carte, dernier atout. || Dernières conditions que propose un gouvernement avant d'ouvrir les hostilités. Ultimatum.Lancer un dernier appel. || Faire un dernier effort. Suprême.Mettre la dernière main à un travail. — ☑ Avoir le dernier mot. || Frapper le dernier coup. Décisif, définitif.En dernière analyse, en dernier ressort; en dernier lieu. Ultimo.À la dernière minute : juste avant la fin. || Décision de dernière heure.
1 La dernière chose qu'on trouve en faisant un ouvrage, est de savoir celle qu'il faut mettre la première.
Pascal, Pensées, I, 19.
2 Les derniers moments de la vie sont trop précieux pour qu'il soit permis d'en abuser.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, lettre XI.
3 Voltaire a enterré le poème épique, le conte, le petit vers, la tragédie. Diderot a inauguré le roman moderne, le drame et la critique d'art. L'un est le dernier esprit de l'ancienne France, l'autre est le premier génie de la France nouvelle.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 11 avr. 1858.
4 Valéry s'indignant qu'on attachât plus d'importance aux derniers instants d'une vie qu'à tout le reste (…)
Gide, Journal, 3 sept. 1948.
5 Il montait dans sa chambre, la dernière bouchée avalée.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, p. 93.
5.1 Tout partenaire d'une scène rêve d'avoir le dernier mot. Parler en dernier, « conclure », c'est donner un destin à tout ce qui s'est dit, c'est maîtriser, posséder, dispenser, asséner le sens; dans l'espace de la parole, celui qui vient en dernier occupe une place souveraine, tenue, selon un privilège réglé, par les professeurs, les présidents, les juges, les confesseurs.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 247.
5.2 Qu'est-ce qu'un héros ? Celui qui a la dernière réplique.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 248.
Dernière édition.N. f. :
6 (…) le type brandissait des journaux en murmurant : « Paris-soir, dernière. Il m'en reste deux, achetez-les. »
Sartre, le Sursis, p. 9.
(Attribut). || Il est dernier. || Il est arrivé bon dernier; elle est arrivée bonne dernière.Spécialt. || Être dernier en classe. → ci-dessous, le dernier.
6.1 Il y avait surtout le fils d'un entrepreneur forain (…) un butor de formes athlétiques (…) qui mettait son orgueil à rester dernier de la classe (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, IV, p. 113.
Abstrait. || C'est la dernière pensée qui me serait venue à l'esprit. || C'est bien la dernière personne que j'aurais choisie.
6.2 Votre Clitandre (…) est le dernier des hommes pour qui j'aurais de l'amitié.
Molière, le Misanthrope, V, 4.
2 Nominal. (Personnes). || Marcher le dernier (→ Clore, fermer la marche); c'est le dernier de la file. Bout (au bout), derrière, lambin, queue (être à la queue), traînard. || Il est parmi les cinq derniers. || Le dernier arrivé, venu.Les premiers seront les derniers (allusion biblique). — ☑ Prov. Aux derniers les bons : ceux qui se servent après les autres sont les mieux servis.Le dernier des souverains absolus. || Le dernier des classiques. || Le Dernier des Mohicans, roman de F. Cooper.
7 (…) Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers derniers.
Bible (Crampon), Évangile selon saint Matthieu, XX, 16.
8 Mais ce champ ne se peut tellement moissonner
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner.
La Fontaine, Fables, III, 1.
9 Qui de nous des clartés de la voûte azurée
Doit jouir le dernier ?
La Fontaine, Fables, XX, 8.
Être le dernier de la classe, le dernier du classement : celui auquel on a décerné la dernière place, selon le mérite. Culot, lanterne (fam. lanterne rouge), queue.Absolt. || Il est toujours le dernier ( Cancre). || Place de dernier.
10 Le proviseur avait un sourire ironique mais cordial et inconsciemment respectueux pour ce gros garçon qui se mouvait à travers l'année d'une place de dernier à l'autre, sans perfectionnement, sans erreur, sans hésitation, avec l'invariabilité brute d'une loi de la nature.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 259-260.
(1615, in D. D. L.). Spécialt. || Le dernier, le petit dernier : le dernier-né des enfants. || C'est votre petit dernier ?(Choses). || Le dernier des, la dernière des…
11 Une guerre est toujours la dernière des guerres.
Giraudoux, Amphitryon 38, I, 3.
3 Loc. adv. En dernier : à la fin, après tous les autres. || Nous nous occuperons de lui en dernier. || Cela vient en dernier.
———
II (1559). Par exagér. Extrême.
1 Le plus haut, le plus grand (dans des loc. plus ou moins archaïques ou littéraires).Au dernier point, au dernier degré. || C'est de la dernière impolitesse. || Protester avec la dernière énergie.Derniers outrages. — ☑ Vx ou littér. Être du dernier bien avec qqn, très intime, très lié.Var. Du dernier mieux (→ ci-dessous, cit. 15.1).REM. Le superlatif dernier a été très employé au XVIIe s. par les Précieuses.
12 Ah ! mon Dieu ! voilà qui est poussé dans le dernier galant.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
13 On dit qu'avec Bélise il est du dernier bien.
Molière, le Misanthrope, II, 4.
14 Se permettre une réflexion pareille devant une femme « tout à fait du monde » était peut-être du dernier goujat.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 270.
15 Partisans d'une autorité persuasive, ils préconisent leur façon de voir avec la dernière violence.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, t. II, VI, p. 27.
15.1 Au nord de la Perse, et chez les peuplades du Caboul, qui vivent dans de très anciens tombeaux, si, ayant reçu, dans quelque sépulcre confortable, un accueil hospitalier et cordial, vous n'êtes pas, au bout de vingt-quatre heures, du dernier mieux avec toute la progéniture de votre hôte, guèbre, parsi ou wahabite, il y a lieu d'espérer qu'on vous arrachera tout bonnement la tête.
Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, p. 10.
Nominal (avec un subst. dépréciatif). || C'est le dernier des imbéciles, le plus grand des imbéciles (→ aussi ci-dessous, le dernier des derniers). → Roi (le roi des imbéciles).
2 Le plus bas, le pire. || Une marchandise de dernière qualité, de dernier choix, de dernier ordre. || Dernier prix d'un objet qui en a plusieurs selon les qualités. || C'est bien le dernier de mes soucis. Moindre.
Nominal.Le dernier des hommes : l'homme le plus méprisable. Vil.(1768, in D. D. L.). || Le dernier des derniers.
15.2 Toutes, des femmes que je ne voudrais pas toucher du bout des doigts, de la canaille, de la saloperie ! Cette Normande est la dernière des dernières (…)
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 184.
16 (…) on la traite comme la dernière des dernières.
J. Renard, Poil de Carotte, p. 17.
16.1 J'étais à peine sur la chaussée que, de la foule qui commençait à s'assembler, un homme sortit, se précipita sur moi, vint m'assurer que j'étais le dernier des derniers et qu'il ne me permettrait pas de frapper un homme qui avait une motocyclette entre les jambes et s'en trouvait, par conséquent, désavantagé.
Camus, la Chute, p. 62-63.
3 N. m. Régional (Belgique).Fam. Le dernier de tout : le comble, la fin de tout.
———
III (XVe). Qui est le plus proche du moment présent (dans le temps). || Ces derniers temps. || L'an dernier, l'année dernière, mercredi dernier. Passé. || Nouvelles de la dernière heure. || Aux dernières nouvelles on apprenait que… Récent. || Le dernier cours de la bourse. || La dernière guerre.S'habiller selon la dernière mode; c'est le dernier cri (1892).C'est son dernier enfant.(Nominal). || Jean est son dernier; son petit dernier.Oui, répondit ce dernier, celui dont on vient de parler.
17 L'Attila, le fléau des rats,
Rendait ces derniers misérables.
La Fontaine, Fables, III, 18.
18 (…) toutes les dernières créations de vos grands couturiers (…)
Loti, les Désenchantées, II, IV, p. 57.
19 Bien que son esprit n'ait pas des antennes très sensibles, elle a perçu, dans ces derniers mots, une intention à son adresse (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 168.
20 Une journaliste m'a donné en exemple une femme de mon âge, toujours prête à inaugurer le bistrot, la boîte de nuit, la maison de couture dernier cri (…)
S. de Beauvoir, Tout compte fait, p. 133.
CONTR. Initial, premier. — Futur, prochain.
DÉR. Dernièrement.
COMP. Avant-dernier. Dernier-né.

Encyclopédie Universelle. 2012.