imiter [ imite ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1493; lat. imitari
1 ♦ Faire ou s'efforcer de faire la même chose que (qqn), chercher à reproduire. ⇒ contrefaire, copier, mimer, parodier, singer. Imiter ses camarades. Imiter les gestes, l'accent de qqn. « on ne peut imiter de nos gestes que ce qu'ils ont de mécaniquement uniforme » (Bergson). Voix facile à imiter. Imiter maladroitement qqn. ⇒ singer. Imiter le cri d'un animal. L'enfant imite ce qu'il voit, ce qu'il entend.
♢ Faire comme (qqn), sans intention de reproduire exactement ses gestes. Il leva son verre et tout le monde l'imita. ⇒ suivre.
2 ♦ Prendre pour modèle, pour exemple. Imiter un maître, un chef. Imiter qqn en tout. Imiter la conduite de qqn. ⇒ adopter. « Imitez sa justice ainsi que sa vaillance » (Voltaire).
3 ♦ Rare Reproduire, par les moyens de l'art (l'aspect de la réalité). Imiter une forme naturelle, l'apparence des objets. Imiter la nature.
4 ♦ Prendre pour modèle (l'œuvre, le style d'un autre). ⇒ s'inspirer (de). « La nécessité d'imiter le modèle vivant » (Taine). Imiter servilement un original. ⇒ copier, plagier. S'amuser à imiter un style. ⇒ pasticher. — Roman imité de l'anglais. — Absolt « Tout le monde imite. Tout le monde ne le dit pas » (Aragon).
5 ♦ S'efforcer de reproduire, dans l'intention de faire passer la reproduction pour authentique. ⇒ contrefaire. Faussaire qui imite une signature (⇒ 1. faux) . « en imitant du mieux que j'ai pu son petit radotage » (Laclos).
6 ♦ (Choses) Produire le même effet que. ⇒ ressembler (à); pseud(o)-. « Des peintures sur fond d'or imitant la mosaïque » (Gautier). — P. p. adj. Marbre imité. ⇒ factice.
⊗ CONTR. Créer, innover, inventer.
● imiter verbe transitif (latin imitari) Reproduire l'allure, le comportement de quelqu'un, d'un animal, le bruit, le mouvement de quelque chose, essayer de restituer ce qu'ils ont de caractéristique : Imiter le cri de la chouette. Faire comme quelqu'un d'autre, faire pareil : Il se leva et tous les autres l'imitèrent. Reproduire un texte, une œuvre, le plus souvent avec une intention frauduleuse : Il a imité la signature de son frère. Être un calque de quelque chose, une reproduction, une imitation : L'art n'imite pas la nature. Prendre quelqu'un, son action pour modèles, s'en inspirer dans son propre comportement : Imiter les Anciens. Fabriquer quelque chose qui ressemble à quelque chose d'autre, qui en a le même aspect sans en avoir pour autant la nature ; être une imitation de quelque chose d'autre : Matière synthétique qui imite le bois. ● imiter (citations) verbe transitif (latin imitari) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Il n'y a qu'une méthode pour inventer, qui est d'imiter. Il n'y a qu'une méthode pour bien penser, qui est de continuer quelque pensée ancienne et éprouvée. Propos sur l'éducation P.U.F. Louis XIV, roi de France Saint-Germain-en-Laye 1638-Versailles 1715 Il est sans comparaison plus facile de faire ce que l'on est, que d'imiter ce que l'on n'est pas. Mémoires ● imiter (difficultés) verbe transitif (latin imitari) Emploi Imiter qqn. On dit : imiter qqn, suivre son exemple. Recommandation Dans l'expression soignée, éviter imiter l'exemple de qqn, tenu pour un pléonasme par certains. ● imiter (synonymes) verbe transitif (latin imitari) Reproduire l'allure, le comportement de quelqu'un, d'un animal, le bruit...
Synonymes :
- copier
- mimer
- répéter
- simuler
- singer (familier)
Faire comme quelqu'un d'autre, faire pareil
Synonymes :
- adopter
- copier
- épouser
- suivre
Reproduire un texte, une œuvre, le plus souvent avec une...
Synonymes :
- piller
- plagier
Être un calque de quelque chose, une reproduction, une imitation
Synonymes :
- rappeler
- sembler
Prendre quelqu'un, son action pour modèles, s'en inspirer dans son...
Synonymes :
Fabriquer quelque chose qui ressemble à quelque chose d'autre, qui en a...
Synonymes :
- calquer
- démarquer
- parodier
imiter
v. tr.
d1./d Reproduire ou s'efforcer de reproduire (ce qu'on voit faire). Imiter les manières de qqn.
d2./d Prendre pour modèle. Imiter les Anciens.
d3./d Copier, contrefaire. Imiter la signature de qqn.
d4./d (Choses) Ressembler à, faire le même effet que. Bijou qui imite l'or.
⇒IMITER, verbe trans.
I. — [Le suj. désigne un animé]
A. — [Le suj. désigne une pers. ou un animal]
1. [L'obj. désigne également un animé ou, plus fréq., son comportement, un de ses moyens d'expression] Faire ou s'efforcer de faire (ce que fait une personne ou un animal) dans le seul but de reproduire dans sa particularité (une attitude, un comportement, une façon de s'exprimer). Synon. copier, simuler (qqn, qqc.), répéter (qqc.). Imiter les manières, les gestes. Quelques oiseaux peuvent imiter les accents de l'homme, comme le perroquet, la pie, le corbeau, etc., mais ils ne s'en servent pas d'eux-mêmes (BROUSSAIS, Phrénol., leçon 17, 1836, p. 618). J'imitais donc sa réserve, et, comme j'étais assise à côté de lui, notre silence, dans l'animation générale, formait un petit îlot de froideur (GIDE, École femmes, 1929, p. 1257) :
• 1. ... les yeux proéminents, les joues gonflées, un bout de langue violette entre les dents serrées, elle tâchait d'imiter l'image qu'elle se faisait d'une personne noyée.
SCHWOB, Monelle, 1894, p. 50.
♦ Emploi abs. :
• 2. ... assis au fond d'une barque amarrée, j'attendais le vol approcher. — Hubert, quand il fut bien caché, commença d'appeler le canard. Il employait à cet effet deux pipeaux : l'un d'appel, l'autre de réponse. Le voilier lointain entendait; il entendait cette réponse : le canard est si bête qu'il la croyait de lui; de sorte qu'il arrivait vite — pour l'avoir faite, chère Angèle. — Hubert imitait parfaitement.
GIDE, Paludes, 1895, p.135.
— Emploi pronom. passif :
• 3. ... c'est justement qu'on peut contrefaire l'apparence sans avoir l'essence, c'est qu'imiter [it. ds le texte] est toujours « paraître » et qu'on n'imite l'« être » que si l'on est à son tour et pour sa part. C'est pourquoi la mimique, fût-elle pantomime, n'est jamais que mimique, c'est-à-dire à la fois imitation (ou mimétique) et gesticulation... Ressembler, n'est-ce point sembler sans être? Les gestes et conduites s'imitent, mais l'impalpable intention, comme l'amour lorsqu'il est sincère, s'éprouve toujours pour la première fois.
JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 154.
— [P. méton du suj.] Ses gestes imitent ceux de qqn. Qu'est-ce qui ne va pas? dit Dubreuilh d'une voix qui imitait à merveille la sollicitude (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 239).
2. En partic. [Avec une intention de moquerie] Synon. mimer, parodier, singer (fam.), caricaturer. Servigny, un peu gris, imitait l'ouvrier pochard, appelait la marquise la patronne (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 547). J'en refaisais moi des grimaces, je me les imitais tout seul! Je me refaisais la gueule à Antoine, pendant qu'il chiait aux cabinets (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 302).
3. [L'obj. désigne un bruit, un phénomène naturel] Reproduire aussi fidèlement que possible. L'ingénieur-géophysicien a imité les tremblements de terre par des explosions et créé ainsi des ondes artificielles (ROTHÉ, Géophys., 1943, p. 300).
B. — [Le suj. désigne une pers.; l'obj. désigne une pers. ou un comportement considérés comme un exemple]
1. Adopter les façons de, se conformer à l'exemple de. Synon. aller sur les brisées, les traces de qqn, marcher sur ses pas; suivre son exemple, sa trace. Imiter ses ancêtres, un maître, les anciens; imiter le courage de qqn; imiter beaucoup, tout, l'essentiel de qqn. Peuple qui a beaucoup imité d'un autre. Imitez le Juif qui ne perd jamais son temps à venger des blessures d'amour-propre. Il prend les hommes comme des faits. On ne se venge pas d'une tuile qui tombe (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911, p. 141). Modèle unique, où toute femme trouvera de quoi imiter, tout homme de quoi comprendre et aimer toute femme (ALAIN, Propos, 1928, p. 805). Ainsi le cavalier a-t-il en main deux paires de rênes... Des rênes que le Moyen Âge, imitant en cela les Huns et les Mongols, ne manque pas de décorer (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 82) :
• 4. ... l'église s'était corrompue en imitant le monde profane: elle avait pris les allures d'une administration impériale et les factions qui la déchiraient étaient bien plutôt exaltées par l'appétit du pouvoir que par des raisons religieuses.
SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 127.
♦ Imiter un exemple, un modèle. Dans notre métier, on reçoit souvent des lettres; il n'est point de chroniqueur qui n'ait communiqué au public quelque épître de ces correspondants inconnus. Je vais imiter cet exemple (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Lettre, 1885, p. 579) :
• 5. M. Lainé fut, depuis, mon maître. Si j'avais un jour une patrie à servir et une tribune à remplir, le souvenir de son patriotisme et de son éloquence poserait devant moi comme un modèle non à égaler jamais, mais à imiter de loin.
LAMART., Raphaël, 1849, p. 273.
♦ Imiter un comportement, une action. Son invention fut bientôt copiée et imitée (BASSERMANN-JORDAN, Montres, horl. et pend., 1964, p. 168). L'initiative française a été imitée dans un assez grand nombre de pays (Traité sociol., 1968, p. 223).
2. Faire la même chose que quelqu'un mais sans chercher à copier son geste. Mlle Sergent tire sa montre; nous ne la quittons pas des yeux. Elle se lève; nous l'imitons si brusquement que des chaises tombent (COLETTE, Cl. à l'école, 1900, p. 214).
3. PSYCHOL. [Le suj. désigne souvent un être jeune] Copier presqu'instinctivement, consciemment ou non, quelqu'un de plus âgé, de plus averti, ou qui est envié. Le fils imite son père, l'apprenti son patron. Des enfants caractériels imitant le petit frère par jalousie ou la mère par désir de compensation (Jeux et sports, 1967, p. 125). V. imitation I B 2 :
• 6. Tout ce qu'on invente sur l'éducation est misérable, faute d'avoir réfléchi sur la difficulté de penser. On admire le parler de l'enfant, sorte de chant d'oiseau qui imite sans savoir, et qui imite aussi bien le vieux merle, si bien dressé, j'entends l'homme important qui interroge.
ALAIN, Propos, 1929, p. 826.
C. — [Le suj. désigne un artiste, un créateur, un savant]
1. BEAUX-ARTS. [Le suj. désigne un peintre, un sculpteur] Reproduire à travers son art les apparences, les formes d'(objets réels pris pour modèles). Les ajustements des femmes, leurs aigrettes, leurs colliers, leurs éventails, les papillons de leurs coiffures, leurs robes à queues traînantes, sont imités d'après les insectes et les oiseaux les plus brillants (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 329). Il [l'automate] est si parfaitement imité qu'il est comme tout le monde : on le prend vraiment pour un homme (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 168).
— Dans le domaine des arts et de la littérature. Imiter la nature. Imiter la nature [en art], ce n'est pas copier servilement un objet, c'est surprendre les procédés par lesquels elle le crée pour notre œil, et c'est faire comme elle (SÉAILLES, E. Carrière, 1911, p. 66). Pour tenter, sinon une rénovation du théâtre, du moins un effort personnel, j'ai pensé qu'il fallait revenir à la nature même, mais sans l'imiter à la manière des photographes (APOLL., Tirésias, 1918, p. 865).
— P. méton. [Le suj. désigne l'objet créé, l'œuvre d'art, les sons émis] Musique imitant le bruit d'une source. La couleur cendrée imite la transparence nocturne, ou la pâle clarté qui tombe de la lune sur les villages endormis [toiles de Cazin](HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 404).
2. [Le suj. désigne un savant, un écrivain, un artiste] Prendre pour modèle les méthodes, le style, la manière de. Synon. emprunter à (qqn), s'inspirer de (qqn). Imiter un chef d'école, un maître. En effet, Buffon, à l'aide de Daubenton, est le premier qui ait uni d'une manière continue l'anatomie à l'histoire naturelle. Pallas a suivi son exemple, mais il n'a point été imité par les naturalistes de l'école linnéenne (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. XX) :
• 7. Les grands classiques du XVIIe siècle ont été imités servilement pendant plus de cent ans. Victor Hugo l'était encore au début de ce siècle. Les maîtres du symbolisme, et aussi les Goncourt, le furent presque une dizaine d'années. Cette proportion décroissante est significative. On n'est imité que dans la mesure où les imitateurs se croient originaux en imitant.
THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 157.
♦ P. méton. La coiffure des modèles et des maîtresses de peintres, apparaissant aux vernissages avec des bandeaux à la Vierge et des têtes imitant les têtes des tableaux primitifs (GONCOURT, Journal, 1892, p. 244). Quoique Elstir ait fait un beau portrait de moi (...). Cela imite les Régentes de l'hôpital de Hals (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 523).
— Péj. Synon. de copier, plagier. Imiter servilement, platement, sans goût. Après avoir imité Delacroix, après avoir singé les coloristes, les dessinateurs français et l'école néo-chrétienne d'Owerbeck, M. Ary Scheffer s'est aperçu (...) qu'il n'était pas né peintre (BAUDEL., Salon, 1846, p. 170). Les musiciens français qui admirèrent le maître de Bayreuth (...) surent pour la plupart assimiler ses théories sans imiter servilement son style (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 187).
— Emploi abs. On imita, traduisit, compila, et de nouveau on compila, traduisit, imita (QUINET, All. et Ital., 1836, p. 91).
— Emploi pronom. passif. Un poème surréaliste s'imite plus aisément qu'un sonnet (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 145) :
• 8. La délicatesse et la finesse sont seules les véritables indices du talent. Tout s'imite, la force, la gravité, la véhémence, la légèreté même; mais la finesse et la délicatesse ne peuvent être longtemps contrefaites. Sans elles, un style sain n'annonce rien qu'un esprit droit.
JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 76.
— Emploi pronom. réfl. :
• 9. Il est essentiel pour l'artiste qu'il sache s'imiter soi-même. C'est le seul moyen de bâtir une œuvre, — qui est nécessairement une entreprise contre la mobilité, l'inconstance de l'esprit, de la vigueur, et de l'humeur.
VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 69.
D. — Tenter de reproduire (un document, un titre de paiement) dans l'intention de faire passer la copie pour authentique. Synon. contrefaire, falsifier. Imiter un document, un acte; imiter des billets de banque. Imagine que papa s'est avisé d'imiter ma signature. Ce qu'on appelle un faux (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 254).
II. — [Le suj. désigne une chose] Produire le même effet que. Synon. rappeler, ressembler à. Çà et là, des talus à pic imitent la forme des montagnes, et des filets d'eau gros comme le pouce parodient les torrents (HUGO, Rhin, 1842, p. 382) :
• 10. Le nervosisme est un pasticheur de génie. Il n'y a pas de maladie qu'il ne contrefasse à merveille. Il imite à s'y méprendre la dilatation des dyspeptiques, les nausées de la grossesse, l'arythmie du cardiaque, la fébricité du tuberculeux. Capable de tromper le médecin, comment ne tromperait-il pas le malade?
PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 305.
— [Gén., le suj. désigne un article destiné à prendre la place d'une matière ou d'un objet plus riche] Depuis quelques années, le tissage des articles imitant la fourrure s'est beaucoup développé (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p. 110). Les chaises en (...) bois imitant le bambou (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 171). Strass. Inventé par Strasser de Vienne pour imiter le diamant et diverses pierres précieuses (C. DUVAL, Verre, 1966, p. 86).
REM. Imité, -ée, part. passé adj. [Correspond à imiter I A 2, 3] Simulé, factice. Marbre imité. Angélo était si fatigué qu'il n'y fit pas attention [au charme d'une jeune dame dans la diligence]. La politesse froide qui semblait imitée et pouvait passer pour de l'insolence (GIONO, Bonh. fou, 1957, p. 77).
Prononc. et Orth. : [imite], (il) imite [imit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1493 « chercher à reproduire ce que fait qqn, de manière à suivre son exemple » (O. DE SAINT-GELAIS, Euraclius et Lucrèce, fol. 65 v° ds GDF. Compl.); 2. 1549 « prendre pour modèle l'œuvre de qqn (domaine littér., artistique) » (J. DU BELLAY, Illustr. I, 8, éd. H. Chamard, p. 46); 3. 1674 B.-A. « reproduire par les moyens de l'art l'aspect sensible de la réalité » (BOILEAU, Art poét., III, éd. A. Adam et F. Escal, p. 169 : Il n'est point de Serpent ni de Monstre odieux, Qui, par l'art imité ne puisse plaire aux yeux); 4. 1690 (FUR. : le perroquet imite la voix de l'homme); 5. 1789 arts mét. « contrefaire une substance, une marchandise » (Encyclop. méthod., Arts mét. mécan. t. 6, p. 347 : Pierres précieuses. Art de les imiter). Empr. au lat. imitari « reproduire par imitation; être semblable à; exprimer, représenter (d'une peinture, par ex.); simuler », spéc. en lat. chrét. « reproduire par imitation des exemples de vertu, reproduire un modèle idéal » (VIIe s. v. D.B. BOTTE ds ALMA t. 16, pp. 149-154). Fréq. abs. littér. : 2 737. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 544, b) 3 556; XXe s. : a) 3 541, b) 3 726.
imiter [imite] v. tr.
❖
1 (1611; le sujet désigne une personne ou un animal supérieur). Faire ou s'efforcer de faire la même chose que (qqn), chercher à reproduire (les attitudes, les gestes d'une personne, d'un animal, des voix, des sons, des bruits…). ⇒ Contrefaire, copier (cit. 8), mimer, répéter, reproduire, simuler. || Imiter maladroitement, grossièrement quelqu'un. ⇒ Singer. || Élèves qui imitent leurs professeurs dans une revue de fin d'année. ⇒ Caricaturer, charger, parodier. || Imiter un animal; imiter le chien, le cheval. ⇒ 1. Faire (III., 4.), mimer. || Imiter les grands séducteurs, les hommes d'affaires. ⇒ Jouer. — Le singe imite l'homme, se dit pour qualifier un imitateur fastidieux. — (Compl. n. de chose : action humaine ou animale, son…). || Imiter les gestes (cit. 1), les manières, les attitudes, les façons de parler, le ton de voix, l'accent de quelqu'un (→ Arrêter, cit. 58; culte, cit. 4; déniaiser, cit. 2). || Imiter le bruit des castagnettes (cit. 2) avec ses doigts. || Imiter le cri d'un animal, le son d'un instrument, les bruits. ⇒ Bruiter (→ Conviction, cit. 6). || Le perroquet imite la voix humaine (→ Gazouiller, cit. 4).
♦ Enfant qui imite, cherche à imiter tout ce qu'il voit faire. || Imiter le comportement des Anglais, des Américains (→ S'angliciser, s'américaniser, etc., et le suff. -manie : anglomanie…).
1 (…) tantôt s'égosillant et contrefaisant le fausset, il déchirait le haut des airs, imitant de la démarche, du maintien, du geste, les différents personnages chantants; successivement furieux, radouci, impérieux, ricaneur. Ici c'est une jeune fille qui pleure, et il en rend toute la minauderie; là il est prêtre, il est roi, il est tyran, il menace, il commande, il s'emporte, il est esclave, il obéit. Il s'apaise, il se désole, il se plaint, il rit (…)
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 484.
2 Il imitait, soit volontairement, ou à son insu, les gestes, le ton, l'humeur de son camarade et, avec une servilité naïve, jusqu'à sa façon de s'habiller. Il avait même usurpé quelque chose de cette beauté physique et de cette force qui sont les splendides prérogatives de la race anglaise (…)
A. Hermant, l'Aube ardente, X, p. 142.
3 Je veux dire qu'on ne peut imiter de nos gestes que ce qu'ils ont de mécaniquement uniforme et, par là même, d'étranger à notre personnalité vivante.
H. Bergson, le Rire, p. 25 (→ Automatisme, cit. 2).
4 Afin de distraire l'assemblée, Fernando Lucas mima (…) une chasse au lapin. Tout d'abord, il fut le chasseur qui sort de son domicile. Il siffla ses chiens, leur marcha sur la patte et imita parfaitement les cris aigus des braques douillets. Puis, en se pinçant le nez entre deux doigts, il imita la trompe de chasse. Cette fanfare terminée, il simula la marche du chasseur (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, IV.
♦ Psychol. || Imiter autrui, le comportement social dominant. Absolt. || « Imiter c'est comprendre » (Rabaud). || L'enfant doit imiter. || Les hommes en société imitent et se laissent entraîner comme les moutons de Panurge.
5 Une fois engagés dans la vie sociale, nous imitons autrui à chaque instant, à moins que nous n'innovions, ce qui est rare (…) Encore nos innovations restent-elles étrangères à la vie sociale tant qu'elles ne sont pas imitées.
G. Tarde, les Lois sociales, p. 15.
♦ Pronominal (Réciproque) :
6 Un sociologue (Tarde) a pu définir une société humaine : un ensemble d'individus qui s'imitent les uns les autres.
Paul Guillaume, Manuel de psychologie, IV, p. 60.
♦ (1671, Boileau; sujet et compl. n. de personne). Faire comme (qqn), sans intention de reproduire exactement ses gestes. || Il leva son verre, il but et tout le monde l'imita (→ Cruche, cit. 1). || Il quitta aussitôt la séance et ses compagnons l'imitèrent. ⇒ Suivre.
2 (Av. 1525; sujet n. de personne). Prendre pour modèle, pour exemple (cit. 13). → Aller sur les brisées, les erres, les traces de…; marcher sur les pas, sur la piste de…, suivre l'exemple, la trace de… || Imiter un maître, un chef. || Imiter qqn dans tout ce qu'il fait, en tout. ⇒ Conformer (se). || Imiter la conduite, les vertus de qqn. ⇒ Adopter. || Il imite toutes ses attitudes, ses prises de positions. ⇒ Écho (se faire l'écho). || Imiter les goûts de qqn. ⇒ Former (se former sur qqn).
7 Imitez vos aïeux, afin que la noblesse
Vous anime le cœur de pareille prouesse.
Ronsard, Discours des misères de ce temps, Remontr. peuple de France.
8 Les vrais amis n'imitent que les vertus dans leurs amis. Les flatteurs imitent les vices.
Racine, Livres annotés, Plutarque.
9 (…) je veux imiter mon père, et tous ceux de ma race, qui ne se sont jamais voulu marier.
Molière, le Mariage forcé, VIII.
10 Nous imitons les bonnes actions par émulation, et les mauvaises par la malignité de notre nature, que la honte retenait prisonnière, et que l'exemple met en liberté.
La Rochefoucauld, Maximes, 230 (→ Exemple, cit. 7).
11 Imitez sa justice ainsi que sa vaillance (…)
Voltaire, Mérope, I, 3.
♦ Imiter (qqch.) de (qqn). || Un peuple qui a beaucoup imité, tout imité d'un autre. ⇒ Emprunter (à; → Hébraïser, cit., Voltaire).
12 La raison et la vérité se transmettent, l'industrie peut s'imiter mais le génie ne s'imite point.
3 Arts (vieilli ou péj., le mot ayant perdu les connotations de imitation au sens de mimésis). Reproduire, par les moyens de l'art, l'aspect sensible de la réalité, d'un être ou d'un objet pris pour modèle. || Le peintre, le sculpteur réaliste, le poète descriptif imitent les couleurs, les formes de la nature. ⇒ Imitation (A., 3.). || Sculpteur qui imite un modèle, une forme naturelle (→ Corinthien, cit. 1). || Imiter l'apparence des objets (→ Enluminer, cit. 1), les figures des corps (→ Grandeur, cit. 35). || Imiter la nature. — Musique imitant le bruit du tonnerre, d'une source. ⇒ Imitatif (harmonie).
13 Il n'est point de serpent ni de monstre odieux
Qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
14 (À la fin de sa vie, Corneille) se copiait et s'exagérait lui-même; la science, le calcul et la routine remplaçaient pour lui la contemplation directe et personnelle des grandes émotions (…) Ce n'est pas seulement l'histoire de tel ou tel grand homme qui nous prouve la nécessité d'imiter le modèle vivant et de demeurer les yeux fixés sur la nature; c'est encore l'histoire de chaque grande école.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 18.
15 Imiter Shakespeare, ou plutôt la nature.
Stendhal, Journal, p. 37.
♦ Absolument :
16 Modèle. Asservissement au modèle dans David. Je lui oppose Géricault, qui imite également, mais plus librement, et met plus d'intérêt.
E. Delacroix, Journal, 25 janv. 1857.
4 (1549, Du Bellay). Prendre pour modèle (une œuvre) en utilisant soit des éléments concrets, soit des relations (style, manière) présentes dans une œuvre existante. → Faussaire, cit. 5. || Imiter le plan général d'un ouvrage. ⇒ Emprunter, inspirer (s'). || Imiter Atala (→ Honneur, cit. 81). || Imiter un original platement, servilement, sans goût. ⇒ Copier, plagier (→ Copiste, cit. 3). || Imiter un écrivain, un style pour l'évoquer plaisamment. ⇒ Pasticher. || Imiter un maître, un novateur, un chef d'école (cit. 28). || Admirer (cit. 5) un maître sans l'imiter. || Être imité par de nombreux disciples. || Imiter l'art populaire, folklorique (cit.). — Absolt. || Ceux qui ne font qu'imiter. ⇒ Imitateur.
17 Celui qui imite toujours ne mérite assurément pas d'être imité.
Voltaire, Utile examen des 3 dernières épîtres du sieur (J.-B.) Rousseau.
18 (…) ces grands hommes (…) ont dû, pour former leur talent ou pour le tenir en haleine, imiter leurs devanciers et les imiter presque sans cesse, volontairement ou à leur insu. Raphaël, le plus grand des peintres, a été le plus appliqué à imiter (…) Rubens a imité sans cesse (…)
E. Delacroix, Journal, 1er mars 1859 (→ Création, cit. 12).
19 On a dit l'an passé que j'imitais Byron :
Vous qui me connaissez, vous savez bien que non.
Je hais comme la mort l'état de plagiaire;
Mon verre n'est pas grand, mais je bois dans mon verre.
A. de Musset, Premières poésies, « La coupe et les lèvres ». Dédicace à M. Alfred T.
20 C'est imiter quelqu'un que de planter des choux.
A. de Musset, Premières poésies, « Namouna », II, 9 (→ Ignorant, cit. 12).
21 Car j'imite. Plusieurs personnes s'en sont scandalisées. La prétention de ne pas imiter ne va pas sans tartuferie, et camoufle mal le mauvais ouvrier. Tout le monde imite. Tout le monde ne le dit pas.
Aragon, les Yeux d'Elsa, Préface, p. XIII.
5 (1663, Boileau). S'efforcer de reproduire (une chose, l'apparence d'une chose), dans l'intention de faire passer la reproduction pour authentique. ⇒ Contrefaire. || Des contrefacteurs ont imité ces billets de la Banque de France. || Faussaire (cit. 3) qui imite une écriture, une signature. || Imiter un acte, un document (→ Authenticité, cit. 1). — Imiter le style, l'orthographe de qqn dans une lettre anonyme.
22 (…) je l'ai décidée à en écrire une autre (lettre) sous ma dictée : où, en imitant du mieux que j'ai pu son petit radotage, j'ai tâché de nourrir l'amour du jeune homme (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXV.
23 (…) trois lignes et une signature, qu'il est facile d'imiter.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VIII, p. 88.
6 (1690, Furetière; sujet n. de chose). Produire le même effet, la même impression que… ⇒ Ressembler (à). || Forme nerveuse imitant l'épilepsie (cit. 3). || Objet qui imite la laque (→ Étrenne, cit. 2). || Fond d'or imitant la mosaïque (→ Fur, cit. 5). || Géranium (cit. 2) imitant la rose. || L'huile (cit. 18), en peinture, peut imiter les matières opaques. — Automate, figurine (cit. 2) imitant la nature. || Automatisme qui imite la vie (→ Automatiquement, cit.).
24 Le bonheur est un mensonge dont la recherche cause toutes les calamités de la vie. Mais il y a des paix sereines qui l'imitent et qui sont supérieures peut-être.
Flaubert, Correspondance, 206, oct. 1847.
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imité, ée p. p. adj.
♦ || Sujet, style, thème imité. ⇒ Emprunté. || Signature, écriture imitée. ⇒ 1. Faux. || Marbre imité. ⇒ Factice.
♦ Imité de… || Tableau imité de Raphaël. — Vieilli. Adapté, traduit librement. || Roman imité de l'anglais.
25 (…) le langage imité des livres est bien froid pour quiconque est passionné lui-même (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, 1re partie. Lettre XII.
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CONTR. Créer, innover, inventer. — (Du p. p.) Authentique, original, véritable, vrai.
Encyclopédie Universelle. 2012.