insolence [ ɛ̃sɔlɑ̃s ] n. f.
• 1643; « arrogance » 1458; lat. insolentia « inexpérience » puis « étrangeté »
1 ♦ Cour. Manque de respect injurieux (de la part d'un inférieur ou d'une personne jugée telle). ⇒ effronterie, impertinence, irrespect. Insolence d'un fils à l'égard de ses parents. Répondre avec insolence. ⇒ insolemment. Quelle insolence ! Il a eu l'insolence de la contredire. « votre lettre est d'une insolence rare, et [...] il ne tiendrait qu'à moi de m'en fâcher » (Laclos).
2 ♦ Une, des insolences. Parole, action insolente. Je suis las de vos insolences. ⇒ impertinence, injure, insulte, offense.
3 ♦ (1690) Orgueil offensant (pour des inférieurs ou des personnes traitées comme telles). ⇒ arrogance, 1. morgue, orgueil. Froide insolence. Ce dédain « fut pris pour l'insolence d'une parvenue » (Balzac).
⊗ CONTR. Déférence, égard, politesse, respect; discrétion, modestie.
● insolence nom féminin (latin insolentia) Manque de respect ayant le caractère d'une insulte : Élève d'une rare insolence. Parole, action insolente : Dire des insolences. Orgueil offensant : L'insolence de l'argent. ● insolence (synonymes) nom féminin (latin insolentia) Manque de respect ayant le caractère d'une insulte
Synonymes :
- hauteur
- morgue
- superbe
Contraires :
- déférence
- respect
Parole, action insolente
Synonymes :
- grossièreté
- incongruité
insolence
n. f.
d1./d Manque de respect.
d2./d Parole, action insolente. Dire des insolences.
d3./d Arrogance. L'insolence d'un parvenu.
⇒INSOLENCE, subst. fém.
A. — Vx, littér. Audace excessive, insupportable ou insultante. Les droits de chasse ruinaient les agriculteurs, et l'insolence de ces droits était au moins aussi révoltante que le mal positif qu'on en souffrait (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 225). Quelques appels de brides, invisibles pour les profanes, donnèrent au cheval du préfet, étonné de l'insolence de son cavalier, de petits mouvements d'impatience charmants pour les connaisseurs (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 83).
B. — 1. Manque de respect, oubli ou mépris des égards, ressenti comme une impertinence, une insulte ou une injure. Insolence rare; extrême insolence; propos pleins d'insolence; être de la dernière insolence (avec qqn); redoubler d'insolence. Il dit avec une insolence cachée sous la politesse la plus exquise : « Moi, j'aime tout ce qui est beau » (GONCOURT, Journal, 1860, p. 721) :
• 1. Comme les jeunes filles passaient le long de la grande cour ovale, où les élèves de toutes les classes étaient réunis, chacun de nous les dévisagea à son aise. Nous étions une bande d'effrontés, de jeunes roués (entre seize et dix-neuf ans) qui mettions notre honneur à tout oser en fait d'indiscipline et d'insolence.
LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 10.
— P. métaph. Je me plairai à revisiter, des années après, le beau domaine abandonné, le parc où les allées seront obscurcies par l'insolence des herbes (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 296) :
• 2. Je trouve (...) insupportable l'impertinence des choses et la puissance des bagatelles sur notre tranquillité. (...) un flot de mauvaise humeur a grondé et même écumé dans mon âme, par rébellion contre l'insolence du rien, qui se permet d'usurper sur ma liberté.
AMIEL, Journal, 1866, p. 510.
— En partic.
♦ Manque de respect de la part d'une personne inférieure ou considérée comme telle. Toutes, languissantes sous l'éclat des bougies et le parfum des fleurs, s'enfonçaient dans ces histoires d'antichambre, (...) se passionnaient pour l'insolence d'un cocher ou d'une laveuse de vaisselle (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 88). Je vous préviens que je ferai mon rapport, et que c'est un coup à vous faire casser. Le sergent hoche la tête et sourit avec une insolence à lui rentrer dedans (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 55) :
• 3. Ignorez-vous cette maxime (qui est de moi) : « Les honneurs déshonorent, le titre dégrade, la fonction abrutit ». Et d'ailleurs, est-ce que je suis capable de remplir une place, quelle qu'elle soit? Dès le lendemain je me ferais flanquer à la porte pour insolence et insubordination.
FLAUB., Corresp., 1879, p. 185.
♦ [Désigne une manière d'être vis-à-vis des femmes] Manque de respect. Maugis, — un gros critique musical — ses yeux saillants avivés d'une lueur courte, considère le couple des Américains de tout près, avec une insolence à gifler (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 22-23). Elle était d'ordinaire seule dans le compartiment de seconde classe (...). Parfois, un voyageur de commerce montait dans le même compartiment et la regardait avec une insolence faraude : elle détournait les yeux (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 147). Il aimait la société des jeunes femmes qu'il traitait avec une insolence caressante et qu'il enveloppait (...) de gestes délicatement peloteurs (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 59).
— [En fonction de déterminant] Subst. + d'insolence. Synon. de insolent. Air d'insolence. — Monsieur Philippe, (...) ça fait plaisir de vous voir manger. — Vous trouvez? répond Steeny la bouche pleine. Hors de la présence de M. Ouine, il retrouve aussitôt le ton d'insolence qui exaspère (...) les deux amies (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1531).
♦ Avec insolence. De façon insolente. Synon. insolemment. Répondre, sourire avec insolence; traiter qqn avec insolence. Je le vois encore (...) toisant tout le monde avec insolence (LÉAUTAUD, Amours, 1906, p. 224). Ils allèrent à Rouen en auto. Lucien voulait voir la cathédrale et l'hôtel de ville, mais Bergère refusa tout net : Ces ordures? demanda-t-il avec insolence (SARTRE, Mur, 1939, p. 177).
♦ Avoir l'insolence de + inf. Avoir l'audace insultante de. Trouver une occupation, c'est-à-dire un plaisir, et un but dans la vie, à rendre malheureuse une vraie passion, passion qu'on a l'insolence de sentir pour une autre qu'elle (STENDHAL, Amour, 1822, p. 103). Ce qui surtout excitait l'indignation, c'était la lettre que le général Bouillé avait eu l'insolence d'écrire à l'Assemblée Nationale (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 400). De ses flottes sombrées il ne reste plus sous ses pieds que ce bateau fendu, sur lequel il a l'insolence de défier encore notre vaisseau royal (CLAUDEL, Soulier, 1929, 4e journée, 4, p. 878).
2. P. méton. Résultat de ce manque de respect; action, parole qui témoigne ou manifeste de l'insolence. Dire des insolences; répondre par des insolences; faire une insolence à qqn. Gautier ne t'a pas vue dans la rue lorsqu'il ne t'a pas saluée. Il est fort myope, comme moi, à qui pareilles choses sont coutumières. C'eût été une insolence gratuite, qui n'est pas du reste dans ses allures (FLAUB., Corresp., 1853, p. 365). — C'est bien, monsieur, s'il faut que je souffre chez moi les insolences de vos maîtresses!... Une fille ramassée dans quelque ruisseau (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 695).
Rem. ROB. note que insolence peut, dans cet emploi, être pris en bonne part.
C. — Orgueil offensant, attitude hautaine et arrogante (envers des inférieurs ou des personnes traitées comme telles). Insolence d'un parvenu, des riches envers les pauvres. Le chasseur paradait dans la cour de la Conciergerie avec l'insolence d'un laquais qui se sait indispensable à une princesse exigeante (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 571). Yolande, rendant la main à son cheval (...) passa rapidement devant Sigognac, sur qui elle laissa tomber un regard tout chargé de dédain et d'aristocratique insolence (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 52) :
• 4. ... Gillon qui trône à la table du milieu (...) étale l'insolence, la santé, la superbe, la suprématie de la sottise. Quand il s'approche trop bouffi, trop engoncé de vêtements chauds et que rien ne se sauve autour de lui, je sens la bêtise reine du monde.
FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 80.
Rem. On relève un emploi en bonne part. L'insolence de Bach est celle d'un démiurge. Il impose son ciel et ses algèbres (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 141).
— [Avec un compl. déterminatif introd. par de désignant ce qui est jugé insolent] Caractère insolent, de souveraine autorité, d'orgueilleuse assurance, de hautaine indifférence. Insolence du génie. L'effroyable insolence de cette illumination du château de Sacca (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 381). Partout cependant des ornements de faux or, des torchères électriques, lourdes et tortillées, d'une insolence de luxe atroce (HUYSMANS, Foules Lourdes, 1906, p. 90). Puis, tout à coup, naquit l'Uni-Park, avec la violence de ses bruits, l'insolence de ses clameurs (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 73).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1450 « arrogance, violence » (Mystère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 5689 : En ce monde plain de insolence); 2. 1643 « manque de respect » (CORNEILLE, Polyeucte, III, 2); 3. 1672 « acte, parole insolente » (RACINE, Bajazet, IV, 6). Empr. au lat. insolentia « inexpérience; étrangeté, caractère insolite » (cf. le m. fr. insolence « id. »1616-20 ds HUG.), « manque de modération : faste, orgueil, arrogance ». Fréq. abs. littér. : 789. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 186, b) 1 103; XXe s. : a) 1 145, b) 1 063.
insolence [ɛ̃sɔlɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1458, « arrogance »; employé au XVIe avec le sens de « caractère insolite, inhabituel; anomalie »; lat. insolentia « inexpérience; étrangeté », de insolens. → Insolent.
❖
1 (1643). Cour. Manque de respect injurieux (de la part d'un inférieur ou d'une personne jugée telle). ⇒ Effronterie, impertinence, (vx) impudence, irrespect (→ Bassesse, cit. 19; effronté, cit. 6; fanfaron, cit. 3; faquin, cit. 4; grâce, cit. 97). || L'insolence d'un fils à l'égard de ses parents. || Réponse pleine d'insolence. || Parler avec insolence. → Parler haut. || Braver qqn avec insolence (⇒ Narguer).
1 Savez-vous, vicomte, que votre lettre est d'une insolence rare, et qu'il ne tiendrait qu'à moi de m'en fâcher ?
Laclos, les Liaisons dangereuses, V.
2 (…) les discussions avec les cochers — corporation encline à l'insolence (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 150.
3 — Tout de même, dit-il, tout de même, l'insolence de cette génération passe les bornes de la décence.
A. Maurois, les Roses de septembre, I, XII.
♦ 1672, Racine. (Une, des insolences). Parole, action insolente. ⇒ Grossièreté, impertinence (cit. 5), injure, insulte, offense (→ Éternellement, cit. 8, Molière; hésiter, cit. 18; humiliation, cit. 19). || Horrible insolence (→ Impétueux, cit. 3, Boileau). — Les insolences d'un journal satirique, d'un écrivain (parfois pris en bonne part).
4 — Monsieur, cria-t-il dès qu'il m'aperçut, j'ai l'honneur de vous dire que vous êtes un parfait drôle (…) cette injure me parut impossible à supporter. Je répliquai (…) : — Est-ce pour m'adresser des compliments de ce genre que vous m'avez fait venir, mon père ? Je crus qu'il allait me sauter à la gorge (…) — Je devrais vous gifler à tour de bras pour cette insolence, dit-il.
Léon Bloy, la Femme pauvre, II, V.
5 Ce que la jeunesse aime en Rimbaud, c'est moins l'artiste prodigieux que le révolté, l'homme de tous les défis et de toutes les insolences.
G. Duhamel, Refuges de la lecture, VII, p. 213.
2 (1636). Vx (langue class.). Audace excessive, insultante. — REM. Le mot est très fort au XVIIe s., où il peut désigner la perfidie, la trahison, l'impiété, etc. → Crédulité, cit. 1; espion, cit. 2. || Brutale insolence (→ Apprendre, cit. 34). || L'insolence d'un jeune audacieux (cit. 12). || Insolence de mutins (→ Racine, Mithridate, IV, 6). — (Une, des insolences). Acte empreint d'insolence.
6 Déjà plus d'un tyran, plus d'un monstre farouche
Avait de votre bras senti la pesanteur;
Déjà de l'insolence heureux persécuteur,
Vous aviez des deux mers assuré les rivages.
Racine, Phèdre, III, 5.
3 (1690). Orgueil offensant (pour des inférieurs ou des personnes traitées comme telles), comportement prétentieux et offensant. ⇒ Arrogance, cynisme, hardiesse, 1. morgue, orgueil (→ 1. Bas, cit. 87; étaler, cit. 41; hautain, cit. 8). || Une froide insolence (→ Excès, cit. 5). || L'insolence d'un parvenu, d'un nouveau riche.
7 Une seule chose était claire, dans cette obscurité, c'était l'insolence des nobles. Ils avaient pris partout l'attitude du défi, de la provocation. Partout, ils insultaient les patriotes, les gens les plus paisibles, la garde nationale.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, IV.
8 Ce dédain écrit sur son front, sur ses lèvres, et mal déguisé, fut pris pour l'insolence d'une parvenue.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 564.
4 (1846). Par métaphore ou fig. Caractère insolent d'autorité, d'orgueilleuse assurance, de hautaine indifférence. || L'insolence du génie, du talent (→ Expier, cit. 10).
9 Ses œuvres (de Delacroix), sont (…) de grands poèmes naïvement conçus, exécutés avec l'insolence accoutumée du génie.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, III, Salon 1846, IV.
10 Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon cœur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.
Baudelaire, les Épaves, Pièces condamnées, V.
❖
CONTR. Civilité, déférence, égard, politesse, respect. — Discrétion, modestie.
Encyclopédie Universelle. 2012.