poindre [ pwɛ̃dr ] v. <conjug. : 49; surtout à l'inf., aux troisièmes pers. du prés. et de l'imp. et au p. prés.> I ♦ V. tr.
1 ♦ Vx Piquer.
2 ♦ (XIIe) Fig. et littér. Blesser (fig.), faire souffrir. « Une grande tristesse le poignait » ( Zola). — (infl. de empoigner) L'amour « l'étreignit, le poignit et le pénétra » (Aymé). ⇒ poignant.
II ♦ V. intr.
1 ♦ (XIIIe) Apparaître. ⇒ 2. pointer (II, 2o). Vous verrez poindre les jacinthes. ⇒ 1. sortir. « la verdure ne fait que de poindre » (Rousseau).
2 ♦ Commencer à paraître (d'une chose petite ou éloignée). ⇒ apparaître, naître. « l'aube commencera à poindre » (Gautier). ⇒ percer. — Fig. « Quand ils virent poindre ce beau jour de la liberté » (Michelet).
⊗ CONTR. (de II) Disparaître.
● poindre verbe intransitif (latin pungere, piquer) Littéraire En parlant de la lumière, commencer à paraître : Le jour point à l'horizon. Se montrer quelque peu : Sa moustache commençait à poindre sur son visage d'adolescent. Apparaître, naître timidement, mais de façon assez nette : Une idée commença à poindre dans son esprit. ● poindre (difficultés) verbe intransitif (latin pungere, piquer) Littéraire Conjugaison Attention au groupe -gni- aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous poignions, (que) vous poigniez. Registre Poindre appartient au registre soutenu et se rencontre surtout à l'écrit. Emploi 1. Poindre v.i. = commencer à paraître. Est usité surtout à l'infinitif et aux 3e personnes des temps simples : le jour commence à poindre ; quand la jonquille poindra, quand les jonquilles poindront, le printemps sera proche. Remarque Poindre v.t. = piquer, ne survit plus guère à l'oral que dans quelques proverbes (notamment : oignez vilain, il vous poindra, poignez vilain, il vous oindra), et à l'écrit, dans la langue littéraire : « le sentiment qui le poignait n'était ni l'indignation ni la honte, mais ce mal plus tendre qui se nomme la pitié »(M.Yourcenar). 2. Poindre / pointer. Dans l'usage contemporain, poindre (= commencer à pousser sous forme de pointe) tend à être remplacé par pointer. Ainsi, on trouve chez J.-J. Rousseau : « les bourgeons commençaient à poindre », mais R. Rolland écrit « déjà quelques fils d'herbe d'un vert tendre pointaient ». 3. Poindre / poigner → poigner ● poindre (homonymes) verbe intransitif (latin pungere, piquer) Littéraire ● poindre (synonymes) verbe intransitif (latin pungere, piquer) Littéraire En parlant de la lumière, commencer à paraître
Synonymes :
- naître
- percer
- se lever
Se montrer quelque peu
Synonymes :
- pointer
Apparaître, naître timidement, mais de façon assez nette
Synonymes :
- éclore
- émerger
- paraître
- surgir
● poindre
verbe transitif
Littéraire. Faire souffrir quelqu'un : Ce souvenir le poignait douloureusement.
● poindre (homonymes)
verbe transitif
● poindre (synonymes)
verbe transitif
Littéraire. Faire souffrir quelqu'un
Synonymes :
- étreindre
- meurtrir
- navrer (littéraire)
- percer
- ulcérer
poindre
v.
d1./d v. tr. Litt. Meurtrir, blesser moralement. Un regret le poignait.
d2./d v. intr. Commencer à paraître. Le jour point.
⇒POINDRE, verbe
A. —Empl. trans.
1. Vx. Piquer (Dict.XIXe et XXes.).
— Proverbe. Oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra. V. oindre.
2. Rare. Provoquer une souffrance physique aiguë. Le sang qui la travaillait l'obligeait à porter la main à son flanc, à l'appuyer fortement, pour calmer la sourde douleur qui la poignait (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.44).
3. Au fig., littér. Blesser violemment, provoquer une souffrance morale aiguë. Synon. étreindre, meurtrir. Une grande tristesse le poignait. Une atroce douleur le poignait à la pensée que sa mère pouvait être effleurée par l'abominable soupçon (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p.633). L'idée du récit dans le journal parut poindre l'autre assez douloureusement pour lui faire faire une grimace (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.90).
B. —Empl. intrans.
1. Apparaître sous forme de pointe. Synon. pointer. Au loin on voit poindre, comme un guidon, le clocher de Saardam (DU CAMP, Hollande, 1859, p.146). Et depuis ce temps, c'est elle que cherchent les jeunes princes dont la barbe point (KAHN, Conte or et sil., 1898, p.105). Les blés nouveaux commencent à poindre (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p.228).
2. P. ext., littér. [Le suj. désigne le plus souvent un astre ou le jour naissant] Commencer à apparaître. Au-dessus des branches, les hauteurs du ciel étaient pâles, et des étoiles commençaient à poindre (R. BAZIN, Blé, 1907, p.25). Le jour sans doute a commencé de poindre (POURRAT, Gaspard, 1931, p.296).
3. Apparaître, se faire jour. Une idée commence à poindre dans son esprit. Car, ajouta-t-il en voyant un sourire poindre sur les lèvres d'Hélène, moi aussi, je suis féru d'amour (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p.131). Voir ainsi dès le lendemain de son mariage poindre mésentente et défiance (POURRAT, Gaspard, 1931, p.68). La maladie a fait grandir en lui jusqu'à un remords multiple et permanent le complexe de culpabilité qui commençait à poindre dans ses lettres à Jenny Colon (DURRY, Nerval, 1956, p.146).
Rem. On rencontre le plus souvent ce verbe à l'inf., à la 3e pers. du sing. et du plur. de l'ind. prés., imp. et fut. et au part. prés. Le caractère défectif de ce verbe peut expliquer les erreurs de conjug. que l'on rencontre parfois: Le seul personnage qui fit entendre des paroles où poindait l'indépendance nécessaire à l'exercice de sa charge (BALZAC, Martyr calv., 1841, p.152).
REM. Poigner, verbe trans., rare. Serrer, étreindre douloureusement. Un sentiment profond de regret a poigné mon coeur (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.205).
Prononc. et Orth.: [], (il) point []. Homon. poigne, poing, poignet. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. v. joindre. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 puindre «piquer, éperonner (un cheval)» (Roland, éd. J. Bédier, 3547 —1688, MIEGE, ne subsiste que dans le proverbe oignez vilain il vous poindra (att. dep. RABELAIS, Gargantua, éd. Calder, Screech, XIII, 91); 2. 1160 «faire souffrir» (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1203: Amors la point); 1188 poignans «qui blesse, qui fait souffrir» (Florimont, 9099 ds T.-L.); 3. 1174-80 intrans. «commencer à paraître» (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. W. Roach, 7569: Ceux qui n'ont barbe ne guernon Et cent autres qui barbes poignent). Du lat. pungere (de punctum «piqûre», v. point) «piquer» et «faire souffrir, tourmenter». Fréq. abs. littér.:518. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 832, b) 833; XXes.: a) 678, b) 633. Bbg. GREVISSE (M.). Probl. de lang. Paris, 1964, pp.143-149. —LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.201-202. —MULLER (Ch.). Poindre, poigner, pointer, se pointer. B. jeunes Rom. 1960, n° 2, pp.23-34.
poindre [pwɛ̃dʀ] v. [CONJUG. joindre.]
ÉTYM. « piquer », XIe; du lat. pungere. REM. Ce verbe ne s'emploie guère qu'à l'infinitif, aux troisièmes personnes du présent et de l'imparfait et au participe présent. On rencontre de nombreux barbarismes chez de bons auteurs : Il « poindait » (Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 504).
1 (…) je me demande (…) si tous les lecteurs sentent bien derrière cette forme (poignait) le sens vrai de poindre, qui est « piquer ». Je crois bien que plus d'un rapproche confusément ce mot rare de la série poing, poigne, poignée, et qu'il conçoit plutôt une idée voisine de celle d'étreindre.
Ch. Muller, in Classe de franç., mai-juin 1956, p. 175.
Un verbe parasite poigner se rencontre, dont les formes remplissent les lacunes de poindre, défectif (cf. Chateaubriand, Daudet, Huysmans, in G. L. L. F.).
❖
———
I V. tr.
1 Vx. Piquer. — ☑ Loc. prov. Oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra. ⇒ Oindre (cit. 4).
2 (XIIe). Fig., littér. Piquer, blesser (fig.), faire souffrir. — REM. Poindre, transitif, n'est pas sorti de l'usage; ses emplois figurés sont florissants dans la langue littéraire depuis le XIXe siècle. || Une douleur le point. || Les choses qui nous poignent. ⇒ Poignant. || Le besoin d'apprendre ne cessait de me poindre (→ Chaque, cit. 5).
2 Ainsi toutes les personnes dévouées à la famille Mignon furent en proie aux mêmes inquiétudes qui les poignaient la veille (…)
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 454.
3 Une grande tristesse le poignait, à cette idée qu'elle (la terre) ne le connaissait plus, qu'il n'avait rien gardé d'elle, ni un sou ni une bouchée de pain, qu'il lui fallait mourir, pourrir en elle (…)
Zola, la Terre, V, II.
4 Mme de Fontanin reçut ce nouveau coup, et pâlit. Ce qui la poignait le plus, c'était de sentir combien l'offense était consciente, volontaire.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 59.
5 Les scrupules qui pouvaient la poindre se présentaient donc rarement au nom de Dieu.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, II, p. 14.
6 Le cœur se met à battre (…) une angoisse légère vous point au creux de la poitrine, pareille, un peu, à celle de l'attente amoureuse.
M. Genevoix, Raboliot, I, III.
6.1 L'amour s'empara de Martin au premier coup d'œil, l'enveloppa, l'étreignit, le poignit et le pénétra cœur et chair.
M. Aymé, le Vin de Paris, « Le faux policier », p. 161.
———
II V. intr.
1 (V. 1240; 1080, « courir à l'attaque », proprt « éperonner [le cheval] »). Apparaître sous forme de pointe. ⇒ Pointer. || Vous verrez poindre les jacinthes (cit. 1). ⇒ Sortir.
7 Au printemps, la campagne presque nue n'est encore couverte de rien, les bois n'offrent point d'ombre, la verdure ne fait que de poindre, et le cœur est touché à son aspect.
Rousseau, Émile, II.
8 (…) l'abbé Gabriel, comme tous les voyageurs qui ont passé par là, vit poindre avec un certain plaisir les toits du bourg.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 604.
9 Une première fleur, d'un rose de tuile, point avant les feuilles au sommet du marronnier, devant ma fenêtre.
Colette, l'Étoile Vesper, p. 211.
2 (1559). Commencer à paraître, en parlant d'une chose très petite, ou très éloignée. ⇒ Apparaître, naître. || Laissons l'aurore (cit. 13) poindre et luire. || Regarder les étoiles poindre dans le ciel (→ Illuminer, cit. 6).
10 Tout à coup, sur son livide voile
Il vit poindre et grandir comme une noire étoile;
Hugo, la Légende des siècles, X, « Le parricide ».
11 (…) quand ils passeront devant l'embuscade, l'aube commencera à poindre, instant favorable, car il ne faut à nos hommes ni trop de lumière, ni trop d'ombre.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, IV.
12 Puis, tout en surveillant les petits lointains terrestres où la barque doit poindre, il lève les yeux de temps à autre vers ce qui se passe au-dessus, dans l'infini.
Loti, Ramuntcho, I, XIII.
♦ (1677). Par métaphore ou fig. || Une idée qui commence à poindre à l'horizon de son intellect (cit. 3). || Sentiment qui commence à poindre, à se montrer, à se faire jour, à naître. || On voit poindre un avenir meilleur.
13 Quand ils virent poindre ce beau jour de la liberté, à la veille de la Révolution, ils osèrent à peine espérer.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, VIII.
14 On voit poindre, en effet, un âge où l'homme n'attachera plus beaucoup d'intérêt à son passé.
Renan, Souvenirs d'enfance…, IV, Œ. compl., t. II, p. 852.
❖
CONTR. (De II) Disparaître.
COMP. Pourpoint.
HOM. (De certaines formes) Poigne, poignet.
Encyclopédie Universelle. 2012.