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refaire

refaire [ r(ə)fɛr ] v. tr. <conjug. : 60>
XIIe; de re- et 1. faire
I
1Faire de nouveau (ce qu'on a déjà fait, ou ce qui a déjà été fait). recommencer. « Cent fois j'avais fait, défait et refait la même page » (Chateaubriand). Refaire entièrement un ouvrage. refondre. Refaire un pansement. Refaire une demande. « Des choses admirables qu'on ne refera plus » (Balzac). Refaire un voyage. Refaire les mêmes erreurs. rééditer (cf. Remettre ça). Je n'ai plus jamais refait de ski. Absolt À refaire, se dit aux cartes quand il y a eu une erreur.
2Faire tout autrement, en apportant de profondes transformations. « Des programmes où il n'est jamais question que de refaire le pays » (Bourget). Ton éducation est à refaire. « On peut former son caractère, on peut le refaire » (Maurois). Il pense à refaire sa vie avec une autre femme. Loc. Refaire le monde, imaginer des solutions pour le transformer en l'améliorant. On ne va pas refaire le monde. Si c'était à refaire ! (pour exprimer qu'on regrette une expérience passée).
3Remettre en état. réparer, 1. restaurer. Donner des fauteuils à refaire. Refaire à neuf. Refaire son maquillage. Se refaire une beauté. Par ext. Refaire ses forces, sa santé. rétablir. On lui a refait le nez (chirurgie esthétique). Se refaire une santé, une jeunesse.
4(1846; « duper » 1700) Fam. duper, rouler, 2. voler. « vous tentez de nous refaire sur la commission » (Malraux). Il m'a refait de cent francs. Je suis refait ! 3. marron (cf. On m'a eu).
II ♦ SE REFAIRE v. pron.
1Récupérer. Après une nuit sans sommeil, il a besoin de se refaire.
(av. 1720) Réparer sa fortune après des pertes au jeu.
2(Au négatif) Se faire autre qu'on est, changer complètement. Je suis comme ça, je ne peux pas me refaire. Loc. On ne se refait pas ! (comme excuse).
⊗ CONTR. Défaire. ⊗ HOM. Refont :refond (refondre).

refaire verbe transitif Recommencer une action, une tâche déjà faite par soi-même ou par un autre : Refaire une addition. Faire quelque chose d'analogue à ce qu'un autre a fait, essayer de l'imiter : Une génération qui refait les erreurs de la précédente. Modifier quelque chose, quelqu'un pour le rendre différent : Vous ne me referez pas. Redonner son état premier ou un meilleur état à ce qui a subi un dommage : Refaire la toiture d'une maison. Familier. Tromper, duper, escroquer quelqu'un : Se faire refaire de cent mille francs.refaire (expressions) verbe transitif Refaire sa tête, en parlant du chevreuil, du cerf ou du daim, pousser de nouveaux bois. ● refaire (synonymes) verbe transitif Recommencer une action, une tâche déjà faite par soi-même ou...
Synonymes :
- rebâtir
- recommencer
- reconstruire
- récrire
Faire quelque chose d'analogue à ce qu'un autre a fait, essayer...
Synonymes :
- réitérer
- renouveler
- répéter
Redonner son état premier ou un meilleur état à ce...
Synonymes :
- arranger
- rafraîchir
- reconstituer
- repeindre
- restaurer
Familier. Tromper, duper, escroquer quelqu'un
Synonymes :
- berner
- flouer (familier)
- mystifier (familier)

refaire
v.
rI./r v. tr.
d1./d Faire de nouveau (ce qu'on a déjà fait, ou ce qui a déjà été fait). Refaire un voyage.
|| (En apportant de profondes modifications.) Refaire sa vie.
d2./d Remettre en état, réparer. Après cette tempête, on a dû refaire le toit.
|| Fig. Refaire ses forces.
rII./r v. Pron.
d1./d Rétablir sa fortune après des pertes au jeu.
d2./d Se rétablir du point de vue de la santé.

⇒REFAIRE, verbe
I. — Empl. trans. et pronom.
A. — [L'obj. sur lequel porte l'action de refaire préexiste à cette action]
1. Reconstituer ce qui a été défait ou ce qui s'est défait.
a) Empl. trans.
[L'obj. appartient au domaine du concr.] Refaire un pansement; refaire les valises. Quand nous eûmes ouvert ses vêtements et défait, pour le refaire, le bandage qui cachait la blessure (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 158). Le paysan fut admirable d'endurance et de foi. Comme les fourmis qui refont grain à grain leur fourmilière bouleversée, il refit le patrimoine motte à motte (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 98).
[L'obj. appartient au domaine de l'abstr.] Refaire l'unité d'un pays. Vous ne voyez rien dans l'avenir qui puisse refaire une position à Mme Vigneron ou à ses filles? (BECQUE, Corbeaux, 1882, III, 5, p. 179). Rome a juré de refaire son empire sur les ruines de la Révolution française (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 222).
b) Empl. pronom. Les couples, qui se défaisaient et se refaisaient, relayant tantôt le mâle et tantôt la femelle, me constituaient toujours une famille (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 16).
2. a) Empl. trans.
Remettre à neuf, réparer. Refaire une maison, un mur, une pièce, les papiers peints, les peintures. Deux fois, Nana avait rêvé de la refaire [la même chambre], la première tout en velours noir, la seconde en satin blanc (ZOLA, Nana, 1880, p. 1268). L'an prochain, il fera refaire la façade, repeindre l'enseigne (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 53).
Remettre en ordre. Elle s'attarda, refit lentement sa coiffure et, toute droite, sortit (SAINT-EXUP., Courr. Sud, 1928, p. 29). Paul circulait tout nu, refaisait son lit, aplatissait le linge (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 83).
En partic., fam., empl. pronom. réfl. indir. Se refaire une beauté, la façade (pop.). Michon, allume-moi une bougie pour chauffer mon rouge. Il faut que je me refasse les lèvres (A. FRANCE, Barbe-Bleue, Hist. duchesse de Cicogne, 1909, p. 23).
P. anal. Remettre en bonne condition physique. Rien n'est capable de refaire un malade comme le bon air. Envoyer des chevaux à l'herbe pour les refaire (Ac.). Il était occupé chez le marquis à refaire sa santé, et il la refaisait bien (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 145). Je plongeai mon visage dans l'eau pour le refaire, le rafraîchir (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 39).
SPORTS. Refaire le terrain, un handicap. ,,Regagner du terrain, combler un handicap ou un retard sur les concurrents`` (PETIOT 1982). La Course des Champions [de cross-country] fut rendue passionnante (...). Baudouin fut lâché deux fois; mais, courageusement, il refit le terrain perdu (L'Œuvre, 27 janv. 1941).
Fam. Refaire une virginité.
b) Empl. pronom.
Se refaire (une santé). Reconstituer ses forces. Il va à la campagne pour se refaire (Ac.). Sa nourrice, disait-elle, se refaisait le sang à coups de tafia (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Mouche, 1890, p. 1340).
Se refaire de qqc. Se remettre de. Deux joueurs (...) qui mettent à profit le gain du jour pour se refaire de la diète que leur a sans doute imposée la perte de la veille (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 95). Je suis à l'hôtel, où je dîne splendidement à crédit et me refais de mes voyages (NERVAL, Corresp., 1834, p. 41).
Se refaire. Rétablir sa fortune (notamment après une perte au jeu). Les secours en argent iront surtout à quelques millionnaires dont l'opulence a été plus ou moins entamée (...) et qui ont besoin de se refaire (BLOY, Journal, 1902, p. 97).
3. Transformer, recréer sur des bases nouvelles.
a) Empl. trans.
Qqn refait qqc. Refaire un devoir bâclé. Tout est aujourd'hui à refaire en politique et en morale (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 466). En tout art, drame ou roman, l'artiste doit tout refaire (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 259).
Empl. pronom. réfl. indir. [David] eut le courage de réformer toutes ses habitudes (...): il eut le courage de se refaire un talent (DELACROIX, Journal, 1860, p. 271).
Au fig. Dans son désespoir, elle refaisait sa propre existence, imaginait Jouques toujours resté au magasin familial (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 303).
Loc. verb.
Refaire sa vie. Prendre une nouvelle orientation; partager sa vie avec quelqu'un d'autre. J'ai cru que je pouvais refaire ma vie en m'appuyant sur elle (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 87).
Refaire le monde. Reconstruire, en paroles, la société:
1. [Madame Sophie Gay] avait des aperçus, des idées, et cela sans jamais prétendre, comme tant de femmes, refaire le monde; elle n'aurait voulu refaire que le monde de son beau temps et de sa jeunesse.
SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 6, 1852, p. 82.
Qqc. refait qqn. Au fig. Quelques aunes d'indienne refont une autre femme, la voilà redevenue jeune et renouvelée (MICHELET, Peuple, 1846, p. 101).
VÉN. Refaire sa tête. [Le suj. désigne un Cervidé] ,,Donner naissance à de nouveaux bois remplaçant ceux qui sont tombés`` (BURN. 1970).
b) Empl. pronom.
Rare, pop. Se transformer physiquement. Vers quinze ans elles [les jeunes filles] se refont (c'est en français vulgaire l'expression des matrones); et celle qui paraissait affreuse naguère reparaît, après ce court travail de transformation, sinon belle, du moins agréable (SAND, Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 55).
Expr. fam. On ne se refait pas. On ne change pas facilement son caractère. Chacun meurt comme il est et (...) l'on ne se « refait » pas (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 333).
4. Redonner une certaine qualité, un certain caractère à quelque chose ou à quelqu'un.
a) Refaire qqc. de qqc. [Les symbolistes] poursuivront cette révolution, entreprise par le romantisme, qui refit du français un langage apte au lyrisme (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 388).
b) [Avec un attribut] Ces petits détails intimes et familiers, qui refont vivant l'être disparu (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Veillée, 1882, p. 797).
Empl. pronom. Se refaire beau. Si les voix se refont plus sûres, l'orchestre, les cordes gardent leur inquiétude (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 410).
P. anal. Rousseau et ceux de son école se refaisaient primitifs et « sauvages » (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 130). Il s'est refait enfant pour vivre avec des gamins de dix-sept à vingt ans (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 74).
B. — [L'obj. ne préexiste pas en tant que tel à l'action de refaire]
1. a) Faire un être, une chose, de même nature, de même type, de même modèle; les reproduire à l'identique.
[L'obj. désigne un être vivant] Zanzibar a besoin d'enfants (...) donnez l'alarme Criez au carrefour et sur le boulevard Qu'il faut refaire des enfants à Zanzibar (APOLL., Tirésias, 1918, I, 8, p. 896). Si elles [les bêtes] tombent, les autres passent et il peut s'en perdre autant que l'on veut, il en restera toujours une de chaque espèce prête à refaire des petits et à reprendre le même chemin avec le même courage, toute pareille à celles qui sont passées avant (ANOUILH, Antig., 1946, p. 185).
[L'obj. désigne un inanimé concr.] — (...) Tu as gardé l'insigne de notre couvent? (...) — Mais non; je l'ai fait refaire, c'est une copie mais très exacte (LARBAUD, Journal, 1935, p. 354). Je meurs de faim. Refaites-moi une truite au bleu (GIRAUDOUX, Ondine, 1939, I, 4, p. 33).
En partic., empl. pronom. passif. Être à nouveau à la mode. Le jaune se refait cette année.
[L'obj. désigne une action] Si, en refaisant cette opération [l'application du vernis], il arrivait qu'on distinguât des raies sur l'ouvrage, il faudrait de suite remettre un peu d'huile (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 181). Davis refit les additions et les soustractions; elles étaient justes (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 68). [L'obj. désigne une action en la qualifiant] Refais toujours la même lâcheté! (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 912). [L'obj. désigne un geste, un mouvement, un déplacement] Ce voyage d'Italie que je refais en imagination (J.-J. AMPÈRE, Corresp., 1826, p. 390). Refaites votre entrée, Suzanne, et marquez l'espèce de frisson que vous donne la présence de Mirabeau (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 9).
♦ [P. méton.] [L'obj. désigne une distance] Peut-être qu'ils auront changé les numéros, dit le chauffeur. On va refaire l'avenue dans l'autre sens (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 421). [L'obj. désigne un espace de temps] Prinet perdant la tête à son baccalauréat, se faisant recaler, devant refaire un an d'études (MONTHERL., Songe, 1922, p. 83).
JEUX DE CARTES, empl. abs. Redonner les cartes. Vous avez mal donné, il faut refaire (Ac. 1878-1935).
b) Redire, répéter. Il refaisait pour son usage le mot de Titus, et disait: « J'ai perdu ma journée. » (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 33). Je refis tant bien que mal à Clémentine le récit de Mocquard (BENOIT, Atlant., 1919, p. 214). [En incise] — (...) Où ça? — Ah!... refit Burette, là... (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 67).
2. [Refaire + obj. est l'équivalent d'un verbe d'action itératif]
a) Empl. trans. Faire à nouveau, accomplir à nouveau. Refaire du ski, de la gymnastique, des études; refaire du bruit, du mal. Je vais mieux (...). Et je refais moi-même mon ménage, c'est te dire s'il est bien fait (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 18). Il essayait de refaire un peu de latin. Depuis le lycée, ses connaissances s'étaient estompées (CAMUS, Peste, 1947, p. 1240).
b) Empl. pronom. Se refaire la main. Réapprendre (une technique):
2. Armand conduisit Bastien au second étage de l'hôtel, où il avait disposé une vaste pièce en salle d'armes, car il aimait passionnément l'escrime jadis, et il y prit des fleurets et des masques, disant au vieux soldat: — Refais-toi un peu la main, c'est toujours une bonne précaution à prendre.
PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 365.
C. — Pop., fam., empl. trans. Refaire qqn (de qqc.). Duper quelqu'un en lui soutirant ce qu'il a ou en ne lui accordant pas ce à quoi il s'attendait légitimement. Bloy ne demande rien, quoiqu'il ait été refait de huit cents francs (BLOY, Journal, 1893, p. 92). Robert en a donc été pour ses frais. C'est ce qu'il appelle: « être refait » (GIDE, École femmes, 1929, p. 1275). Je ne marche pas! Vous tentez de nous refaire sur la commission! (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 681).
Être refait au même. Je lui ai catégoriquement démontré qu'il était dindonné, ce que nous appelons refait au même (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 287).
[P. méton. de l'obj.] Voler, dérober. Le Fridolin se plaint qu'on lui ait fait les poches et qu'on lui ait refait jusqu'à son tabac (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 197). Je croyais que tu ne mettais plus les pieds dans ce bouge depuis qu'ils t'ont refait ton portefeuille, dit Henri (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 249).
II. — [Auxil. à valeur factitive, suivi d'un inf.] Être à nouveau cause de quelque chose. Tu vas refaire aux cieux flamboyer l'anathème (DIERX, Lèvres closes, 1867, p. 149).
III. — [Substitut d'un autre verbe ou d'une loc. verb.] Tu demandes si je suis bien aise d'être mariée? Oh! oui, j'en suis bien aise! et ce serait à refaire que, certainement, je le referais! (DUMAS père, Demois. de St-Cyr, 1843, II, 6, p. 132).
Si c'était à refaire. Ce mariage entrait dans un certain ordre des choses qu'il ne m'appartenait pas de renverser. Aujourd'hui encore, ce sentiment, si féminin, est en moi: si c'était à refaire, je le referais (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 231).
REM. 1. Refaiseur, -euse, subst., rare. Celui, celle qui refait. Au fig. Je trouve risible ces efforts pour tâcher de redonner du mystère à des choses qui n'en ont plus. Nous sommes comme des refaiseurs de virginités mortes (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1891, p. 121). Cette Séverine me semble, dans ce moment, une refaiseuse de pucelage pour femmes et pour hommes (GONCOURT, Journal, 1893, p. 454). 2. Réfecteur, subst. masc., rare. Ce qui refait les forces. Du jus de viande, ou tout autre réfecteur, réparateur (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 280). 3. Réfectible, adj., rare. Qui peut être refait. Le jeune ministre Hanotaux avait-il réfléchi à cela? Ce qu'il détruisait sans pitié n'était pas réfectible (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 36).
Prononc. et Orth.:[], (il) refait [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1120 être refait d'une pers. « être reposé, remis, avoir retrouvé sa vigueur » (BENEDEIT, St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 705); b) ca 1170 se refaire (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1470); 2. 1130-40 « faire faire à nouveau (quelque chose à quelqu'un) » (WACE, Ste Marguerite, éd. A. Francis, 538); 3. 1155 « remettre en état » (ID., Brut, éd. I. Arnold, 13547); 4. 1160-74 « faire à son tour » (ID., Rou, éd. A. J. Holden, 3328); 5. 1377 part. passé subst. vén. refait (GACE DE LA BUIGNE, Roman des deduis, éd. Å. Blomqvist, 11307); 6. 1700 « duper » (d'apr. ESN.); ca 1800 « voler » (ibid.); 1820-40 (ms. Jacquinot, cité ds LARCH. Nouv. Suppl. 1889: il est refait comme un Claude « il s'est laissé tromper comme un niais »); 7. av. 1720 se refaire terme de jeu (Mme DU NOYER citée ds Trév. 1752). Dér. de faire; préf. re-. Fréq. abs. littér.:1 751. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 399, b) 2 984; XXe s.: a) 3 074, b) 2 803. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 246. — QUEM. DDL t. 25.

refaire [ʀ(ə)fɛʀ] v. tr. [CONJUG. faire.]
ÉTYM. V. 1112; de re-, et faire.
1 (V. 1155). Faire de nouveau (ce qu'on a déjà fait, ou ce qui a déjà été fait). || Cent (cit. 6) fois j'avais fait, défait et refait la même page (→ aussi 1. Être, cit. 13; main, cit. 76). || Refaire entièrement un ouvrage. Refondre. || Refaire un pansement (→ Opérer, cit. 6). || Abattre (cit. 1), détruire (cit. 1) une maison pour la refaire. || Des choses admirables qu'on ne refera plus (→ Fabrication, cit. 1). || Je ne prétendais pas refaire les Mille et Une Nuits (cit. 43). || Refaire à neuf (2. Neuf, cit. 21), dans un autre matériau (cit. 2). || Refaire un voyage, le même chemin. || Faire et refaire des tours (→ Pétulance, cit. 3). || Refaire une promesse. Renouveler. || Il a refait sa fortune, après avoir été ruiné. || Élève qui a un devoir à refaire. || C'est raté, c'est à refaire. Recommencer. || Il faut tout refaire derrière lui, il ne fait rien comme il faut.Absolt. || Il passe son temps à faire, à défaire et à refaire. || À refaire, se dit aux cartes quand il y a eu maldonne ou une erreur quelconque.
1 (…) mécontent du reste des fermages qui baissaient, pris sur le tard de l'idée pratique de refaire sa fortune dans les affaires.
Zola, la Terre, II, V.
2 On peut même dire que le naturel est le résultat de l'effort. La Fontaine, par exemple, n'a atteint l'inimitable naturel de son style que par un labeur obstiné. Il raturait sans cesse et refaisait jusqu'à dix ou douze fois la même fable.
Antoine Albalat, l'Art d'écrire, p. 85.
3 Se peut-il que tout cela lui ait échappé ? N'importe ! C'est manqué. Donc, c'est à refaire. Une autre fois, je serai moins maladroit.
G. Duhamel, Salavin, Journal, 20 nov.
3.1 (…) le fait d'être vivant, de devoir manger pour rester vivant, de se coucher, de se lever, de se recoucher de changer de linge, de refaire les mêmes gestes tous les matins et tous les soirs au milieu d'autres gens qui répétaient aussi les mêmes gestes (…)
Claude Simon, le Vent, p. 177.
(1870). || Refaire sa tête (du cerf, du chevreuil) : pousser de nouveaux bois.
2 (1611). Faire tout autrement, en apportant de profondes transformations. || Des programmes (cit. 6) où il est question de refaire le pays. || Refaire la nation (→ Individualisme, cit. 1). || Ton éducation est à refaire (→ Incartade, cit. 7). || On peut refaire son caractère (cit. 45). || Il pense à refaire sa vie avec une autre femme.
3.2 (…) Tu as l'intention formelle, tu viens de le dire, de divorcer, et même de divorcer le plus rapidement possible, n'est-ce pas ? — (…) Tu le penses bien. — (…) Donc, c'est bien ce que je disais, il faut que sans tarder je refasse ma vie.
Sacha Guitry, N'écoutez pas, Mesdames ! p. 55.
3 (V. 1160). Remettre en état. Rajuster, réparer, restaurer. || Donner des fauteuils à refaire. || Refaire à neuf. || Refaire son maquillage (cit. 4). || Refaire un mur (→ Moellon, cit. 1).Par ext. Fig. || On a de la peine à refaire sa situation quand on l'a gâtée (cit. 15). Reconstituer. || Refaire ses forces, sa santé. Reprendre, rétablir.(Avec un compl. de personne) || « Rien n'est capable de refaire un malade comme le bon air » (Académie).Par plais. || Refaire à une fille une virginité.
4 Après un mois ou deux, consacrés à lui refaire l'estomac par le régime du laitage (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 518.
(1903). Spécialt (sport). Regagner du terrain, combler un retard sur les concurrents.
4 (1846; « duper », 1700). Fam. Attraper (qqn). Duper, rouler. || Vous tentez de nous refaire sur la commission (→ Marcher, cit. 30). || « Il était dindonné (cit. 1), ce que nous appelons refait au même » (Balzac). || Je suis refait ! : on m'a eu. Compromis.
5 On la volait beaucoup, disait-elle (…) — Tenez, mes enfants, je vas vous montrer comment l'on nous refait !
Balzac, les Comédiens sans le savoir, Pl., t. VII, p. 30.
(V. 1880). Fam. Voler (qqch.). || Refaire un portefeuille.Voler (qqn). || Le garçon m'a refait de quinze francs sur l'addition. || Je me suis fait refaire de quinze francs (→ ci-dessous refait).
5.1 Une autre en aurait peut-être profité pour se dire : « Quel ballot ! » et me refaire ma montre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, p. 62.
——————
se refaire v. pron.
———
I Réfl. dir.
1 a (V. 1175). Réparer ses forces. Manger, restaurer (se); recouvrer (la santé). → Cadet, cit. 3; récupérer, cit. 2.
b Réparer sa fortune, notamment après des pertes au jeu (→ Perte, cit. 1).
6 Mais Napoléon cède néanmoins aux instances du prince, et à divers titres, lui fournit et lui fournira de quoi se refaire. Le 31 janvier 1812, il lui fera verser 1 280 000 francs pour prix de l'hôtel Monaco (…)
Louis Madelin, Talleyrand, III, XXIV.
c Se refaire à qqch. : en prendre à nouveau l'habitude. || Il faudra qu'il se refasse au travail après cette longue interruption.
2 (XVIIIe). En tournure négative. Se faire autre qu'on est, se transformer complètement. || Que voulez-vous ! je suis comme ça, je ne peux pas me refaire.On ne se refait pas !
———
II Réfl. indir. || Se refaire des amis. || Depuis qu'elle vit à la campagne, elle s'est refait une santé.Se refaire une beauté.
7 Mais il était trop tard pour me refaire une jeunesse. J'y croyais plus !
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 210.
——————
refait, aite p. p. adj.
Voir à l'article les sens correspondants de l'actif.
(Sens 1.). Dr. || Acte refait. Réfection.
(Sens 3.) Vx. (Personnes). En bonne santé. || « Bien gras et bien refait » (→ Nain, cit. 1, Ronsard).
(Sens 4.; personnes). Fam. Volé, trompé.Refait de… : volé frustré de (qqch., un bien).
8 Eh bien, les jeunes européens des années de grandes guerres, même à l'arrière des lignes, se sentaient tous frustrés, refaits de leur jeunesse.
Claude Roy, Nous, p. 27.

Encyclopédie Universelle. 2012.