rivière [ rivjɛr ] n. f.
• 1138; « ruisseau » 1105; bas lat. riparia, de ripa → rive
I ♦
1 ♦ Cours d'eau naturel de moyenne importance. « La rivière [l'Oued Saïda], fleuve là-bas, ruisseau pour nous, s'agite dans les pierres sous les grands arbustes épanouis » (Maupassant). La ville est située sur une jolie rivière. Se baigner, pêcher dans la rivière. Rivière flottable, navigable. Écluse d'une rivière. Passer, traverser une rivière. Descendre, remonter une rivière en kayak, en péniche. Pêche en rivière. Poissons de rivière. — Oiseaux, plantes de rivière. ⇒ fluviatile. PROV. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. — Masse d'eau de ruissellement qui s'écoule dans un lit, depuis le moment où elle paraît à l'air libre (⇒ source) jusqu'à ce qu'elle se jette dans un cours d'eau plus important. ⇒ affluent , gave, oued, torrent. Fleuves et rivières. Le lit, les berges d'une rivière. Sinuosités d'une rivière : boucles, méandres. Cours, courant, régime, débit d'une rivière. La rivière est en crue. Le confluent de deux rivières. Rivière qui charrie des alluvions. — Profil, pente d'une rivière (⇒ amont, 1. aval) . Rivière à profil irrégulier, avec des ruptures de pente (cascade, cataracte, chute, rapide, saut). Port de rivière. ⇒ fluvial. Rivière souterraine (⇒ aven, bétoire, gouffre) .
2 ♦ Sport Fossé rempli d'eau que doit sauter le cheval (steeple-chase) ou le coureur (steeple).
3 ♦ Fig. Écoulement (d'un fluide) formant une traînée semblable à celle d'un cours d'eau. « Des rivières de sang » (Boileau). « Rivière de feu » (Staël), rivière de lave.
4 ♦ (1746) Fig. RIVIÈRE DE DIAMANTS : collier de diamants montés en chatons.
II ♦ Vx Terrain avoisinant la rive, le rivage. ⇒ riverain. Veaux de rivière. — Mod. Vitic. Vins de rivière : vins de champagne des bords de la Marne.
● rivière nom féminin (latin populaire riparia, du latin classique riparius, qui se tient sur les rives) Cours d'eau de faible ou moyenne importance qui se jette dans un autre cours d'eau. (Pour la pêche on distingue les rivières de première catégorie, où dominent truite, ombre, saumon, etc., et les rivières de deuxième catégorie, où dominent des poissons blancs.) Littéraire. Coulée, traînée formant un courant semblable à celui des eaux : Une rivière de feu. Obstacle de steeple constitué d'une étendue d'eau peu profonde, généralement précédée d'une petite haie. ● rivière (citations) nom féminin (latin populaire riparia, du latin classique riparius, qui se tient sur les rives) Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Les rivières sont des chemins qui marchent et qui portent où l'on veut aller. Pensées, 17 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. ● rivière (difficultés) nom féminin (latin populaire riparia, du latin classique riparius, qui se tient sur les rives) Sens Les mots fleuve et rivière n'ont pas le même sens selon qu'ils sont employés dans la langue courante ou comme termes techniques de géographie. 1. Au sens strict (sens technique). Le fleuve est un cours d'eau qui se jette dans une mer; il a ou non des affluents : l'Aa (80km) est un fleuve aussi bien que l'Amazone (7000 km). La rivière est un cours d'eau qui se jette dans un autre cours d'eau ; elle a ou non des affluents : la Saône (480 km) est une rivière aussi bien que la Sorgue (35 km). 2. Au sens usuel. Le fleuve est un cours d'eau important par sa longueur et son débit. La rivière est un cours d'eau de moyenne ou de faible importance par sa longueur et son débit. Remarque Du plus important au moins important, on parle de fleuve, de rivière, de ruisseau, de ru (mais ce mot est rare). Le torrent est caractérisé par son site (la montagne) et son aspect (rapide et tumultueux). ● rivière (expressions) nom féminin (latin populaire riparia, du latin classique riparius, qui se tient sur les rives) Rivière de diamants, collier composé de diamants sertis dans une monture très discrète. Travail de rivière, ensemble des opérations (reverdissage, pelanage, écharnage, déchaulage), qui préparent la peau au tannage. ● rivière (synonymes) nom féminin (latin populaire riparia, du latin classique riparius, qui se tient sur les rives) Littéraire. Coulée, traînée formant un courant semblable à celui des eaux
Synonymes :
- fleuve
- flux
rivière
n. f.
rI./r
d1./d Cours d'eau de moyenne importance.
— (Afr. subsah.) Cécité des rivières: V. onchocercose (encycl.).
|| Spécial. Cours d'eau qui se jette dans un autre cours d'eau (à la différence du fleuve).
d2./d SPORT Pièce d'eau constituant un obstacle sur le parcours d'un steeple.
d3./d Par anal. Rivière de...: grande quantité de (matière qui coule, s'épanche). Rivière de lave.
rII./r Rivière de diamants: collier de diamants montés en chatons.
⇒RIVIÈRE, subst. fém.
I. A. — 1. Cours d'eau moyennement abondant qui se jette dans un fleuve, dans la mer ou parfois dans un lac. Une rivière, un maigre cours d'eau, surgi du sable juste à temps pour refléter un peu de ciel avant de rallier la mer (GIDE, Si le grain, 1924, p. 560). V. aspect ex. 7:
• 1. Là-bas, suivant les ondulations de la petite rivière, une grande ligne de peupliers serpentait. Une buée fine (...) restait suspendue autour et au-dessus des berges, enveloppait tout le cours tortueux de l'eau d'une sorte de ouate légère...
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Clair de lune, 1882, p. 32.
Rem. 1. Rivière est parfois considéré comme synon. de fleuve: Leurs yeux (...) cherchèrent la rivière. On eût dit que le fleuve complice voulait fêter quelque convive rare: entre deux coteaux sablonneux, il dressait une grande nappe d'eau claire (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 211). 2. En gén., rivière désigne un cours d'eau moins important et moins large que le fleuve et plus important que le ruisseau et le torrent: Fleuve qui n'est, à la fin de l'été, qu'une étroite rivière dans un immense lit de galets (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 183). V. fleuve ex. 1.
SYNT. et EXPR. Rivière débordée, gelée, glacée, large, navigable, noire; belle, grande, jolie rivière; berge, bord, coude, courant, cours, débit, embouchure, passage de la rivière; bras, cailloux, eau, lit de (la) rivière; descendre, franchir, longer, passer, remonter, traverser la rivière; se jeter à/dans la rivière; monter de la rivière; la rivière charrie, déborde; de l'autre côté/au fond/le long/ au milieu de la rivière.
— Locutions
♦ Rivière flottable. V. flottable B ex. du Code civil. Rivière marchande. Rivière qui permet le transport des marchandises. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Rivière souterraine. ,,Masse d'eau courante qui passe par une très grande cavité — grotte ou caverne — ou par un ensemble de grandes cavités`` (Eau 1981). Des rivières souterraines alimentent de leur courant silencieux des profondeurs liquides, (...) et qui dorment à notre insu, noires et lourdes de menace, dans quelque caverne de la montagne (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 47).
♦ Rivière sportive (canoë-kayak). ,,Le Canoë Club de France a divisé les rivières et affluents des bassins français en trois classes: rivières faciles; rivières de difficultés moyennes; rivières sportives`` (PETIOT 1982). La rivière sportive (...) la plus jeune des trois grandes disciplines du canoë-kayak (...) est aussi la plus complète: toujours pratiquée en descendant le courant, elle alterne la vitesse de la course en ligne (...) et la difficulté des obstacles naturels (Jeux et sports, 1967, p. 1538).
♦ Fausse rivière. ,,Partie d'un cours d'eau isolée du cours principal et résultant de la rupture d'un méandre`` (Nouv. Lar. ill.). Osier (...) coupé des bords de la Loire, des fausses rivières, (...) des retours d'eau. Des mortes rivières (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 673).
♦ Rivière de première catégorie (pêche). Rivière où dominent les Salmonidés. Rivière de deuxième catégorie (pêche). Rivière où dominent les Cyprinidés. L'ablette est très commune dans toutes les rivières, canaux et étangs de 2e catégorie (Cyprinidés communs) (J. NADAUD, La Pêche, 1955, p. 185).
♦ Oiseau de rivière. Oiseau qui vit au bord des rivières, des eaux courantes. Des oiseaux de rivière et des poissons fournirent abondamment à notre table (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 293).
♦ Poisson de rivière. Poisson d'eau douce. La tanche, l'anguille, le brochet, la lotte, la truite et les autres poissons de rivière s'accommodent de même (Gdes heures cuis. fr., Grimod de La Reynière, 1838, p. 158).
♦ Sable de rivière. Sable extrait du lit des rivières. Une maison bâtie en granit, cimentée avec du sable de rivière (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 283).
2. a) MYTH. [La rivière considérée comme une divinité, une puissance bénéfique] Les hommes (...) s'imaginèrent que leurs rivières et leurs fleuves étaient des divinités qui versaient leurs eaux par des urnes; qu'elles habitaient les sommets des montagnes (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 199). Sources et rivières étaient divinisées et on venait leur demander des guérisons (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 689).
b) Par personnification, littér. [La rivière considérée comme un être animé] La rivière est amoureuse (...). Chaque soir, ses bras humides Attirent quelque imprudent Qui, sous ses perles liquides, vient plonger son cœur ardent: (...) l'onde efface (...) le plongeur! (DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 254):
• 2. Une rivière aux yeux gris, à la robe vert pâle, (...) une rivière de grâce, aux souples mouvements, s'étirant avec une spirituelle nonchalance dans la parure (...) de sa ville, les bracelets de ses ponts, les colliers de ses monuments, (...) comme une belle flâneuse...
ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 818.
B. — P. anal.
1. Littéraire
a) Ce qui se déroule, se glisse le long de quelque chose ou entre deux bordures plus ou moins parallèles. La rivière de feu qui tombait du Vésuve (...) frappa (...) Oswald. Corinne (...) se hâta de l'entraîner avec elle sur le rivage de cendres de la lave enflammée (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 299). La chaussée entre ses deux trottoirs formait une rivière d'ombre (ESTAUNIÉ, Tels qu'ils furent, 1927, p. 103). V. charcuterie ex. 2.
b) Ce qui évoque une rivière par son épanchement fluide, souple, abondant. Rivière de lave, de sang. Mais ta chevelure est une rivière tiède, Où noyer sans frissons l'âme qui nous obsède (MALLARMÉ, Poés., 1898, p. 37). Pendant qu'il [le général] essayait de rompre la masse en fuite (...), toute la débâcle, deux rivières d'hommes glissèrent contre ses bottes, tumultueuses (D'ESPARBÈS, Tumulte, 1905, p. 217).
2. Spécialement
a) BIJOUT. Bijou, collier composé d'une longue chaîne sur laquelle sont enchâssées des pierres précieuses. Voyez donc cette rivière! Quel admirable collier! (DUMAS père, Jeunesse Mousquet., 1849, III, 9, p. 145). Ses cuisses que bat une gigantesque pendeloque où coule une rivière d'escarboucles et d'émeraudes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 77). V. diamant ex. 2.
— P. anal. Quelques gouttes de rosée sur une toile d'araignée, et voilà une rivière de diamants (RENARD, Journal, 1898, p. 498).
b) BROD., COUT. ,,Genre de broderie qui peut être utilisé en guise d'entre-deux ou bien intercalé entre des bandes brodées ou tissées`` (GUÉRIN Suppl. 1895). Entre-deux avec rivières à jours et étoiles brodées (...). Dans les ouvrages sur toile on distingue deux sortes de jours: l'un est produit par l'enlèvement de fils (...); on l'appelle généralement rivière (Th. DE DILLMONT, Encyclop. des ouvrages de dames, Bibliothèque D.M.C., 1901 [1886], p. 559).
c) HÉRALD. Figure ondée évoquant une rivière. Les rivières sont figurées par des bandes, des fasces ou des pals ondés (D.-L. GALBREATH, Manuel du blason, nouv. éd. par L. Jéquier, 1977, p. 155).
d) SPORTS (athl., hipp.). Pièce d'eau précédée d'une haie que doit franchir le coureur ou le cheval. Nous nous étendons dans le fossé qui devient rivière les jours de steeple (...) la haie nous protège (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 269). À Auteuil, saut de la rivière des Tribunes. Elle a plus de cinq mètres de large. (...) un animal doit faire un bond de huit mètres pour la franchir (ZITRONE, Mon tiercé, 1966, p. 221).
C. — Au fig.
1. Ce qui a un cours régulier, un mouvement continu, ce qui change sans cesse, etc. Boileau était une petite rivière, étroite, peu profonde, mais admirablement limpide et bien encaissée. C'est pourquoi cette onde ne se tarit pas (FLAUB., Corresp., 1853, p. 336). La triste rivière des souvenirs, des images et des idées, suit son cours tourbillonnant et irisé (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 246).
2. Locutions
♦ (Jeter/rejeter, etc.) à la rivière. (Vouer) à l'échec, à la ruine, au mépris, etc. Synon. à l'eau, dans l'eau (v. eau I A 2 d loc. verb.). Voilà encore un mariage à la rivière, (...) c'est ennuyeux (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 24). Elle se contentait (...) de remercier en disant: « C'est gentil d'être venu » (...); puis aussitôt le rejetant [l'invité] à la rivière, elle ajoutait: « Vous trouverez M. de Guermantes à l'entrée des jardins » (PROUST, Sodome, 1922, p. 636).
♦ Porter de l'eau à la rivière. V. eau I A 2 d loc. verb. Son cœur se serrait à l'idée que le bien va toujours aux moins pauvres. Jamais ça ne ratait, ces gens de la Piolaine auraient porté de l'eau à la rivière (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1360).
♦ L'eau va (toujours) à la rivière. C'est aux plus favorisés qu'arrive toujours un surcroît de fortune, de chance. Un malheur ne va jamais seul; l'eau va à la rivière. Ces proverbes rappellent (...) la gravitation des semblables vers les semblables, des écus vers les écus, des joies vers les joyeux (AMIEL, Journal, 1866, p. 207).
♦ Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Les petites quantités (d'argent notamment) finissent par constituer une masse importante. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petites syllabes font des alexandrins, et les montagnes sont faites de grains de sable; c'est dans la Sagesse des nations (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 130).
II. — P. méton.
A. — 1. Vx. Plaine, terrain à proximité de la rivière. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Veau de rivière (vx). Veau élevé dans les prairies bordant la Seine en Normandie (Dict. XIXe et XXe s.). Vin de rivière (vx). Vin de champagne produit sur les bords de la Marne (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Région. (Nord-Est et Sud-Ouest de la France notamment). Fond de vallée occupé par des prairies, des champs, etc. Tout est concentré dans la vallée (appelée ici la rivière), routes, villages, champs (...): c'est le site (...) de Verdun (...). Au-dessus, (...) la forêt règne (...); seule végétation (...) de ces roches calcaires. Pour l'habitant de la rivière, c'est la montagne (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 218).
B. — Vx. Bord de mer. Synon. côte, littoral, rivage (v. ce mot A 1), rive (v. ce mot I B 1). De cette rencontre de conditions, verger et marine, est née une combinaison propre à la vie de la Méditerranée, qui concentre la population et la vie sur certaines parties du littoral (...). Ce type de rivière se répète ailleurs [qu'en Syrie] (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 86).
♦ Rivière (de Gênes). ,,Côte qui borde le golfe de Gênes depuis la frontière franco-italienne jusqu'à Porto Venere`` (QUILLET 1965). L'armée française (...) repassa l'Apennin et revit la mer; mais maîtresse de la côte, de ce qu'on appelle dans le pays la rive, ou rivière du ponant, elle (...) fit peur aux nobles de Gênes (STENDHAL, Napoléon, t. 2, 1842, p. 72). [L'Autriche] veut étendre son empire jusqu'à Savone, sur la rivière de Gênes, pour donner un débouché au Milanais (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 65).
REM. 1. Riviera, subst. fém. a) [P. réf. à la Rivière de Gênes (supra), région caractérisée par le contact brutal de la mer et de la montagne] La côte d'azur, remarquable par la douceur du climat et la végétation méditerranéenne naturelle ou cultivée. b) P. anal. Région de côte présentant ces caractères. Sur la Riviera vaudoise, en plein soleil vente d'appartements et studios (Journal de Genève, 3 sept. 1979, p. 14, col. 1). 2. Riviérette, subst. fém. Petite rivière. Il crut distinguer (...) au bord de l'eau, quelqu'un (...). (...) en côtoyant la riviérette, ourlée de glaïeuls (...), il s'avançait (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 128).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: riviere; dep. 1740: -vière. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIe s. judéo-fr. riviere « cours d'eau, ruisseau » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, n ° 902); ca 1140 gued sur la riviere (GEFFREI GAIMAR, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 2962); 2. p. anal. a) 1705-11 rivières [de sang] (BOILEAU, Satires, XII ds Œuvres, éd. F. Escal, p. 96); b) 1746 rivière [de diamants] ([LA MORLIÈRE], Angola, I, 121 ds BRUNOT t. 6, p. 1107); c) 1872 cost. « bande ornant un châle » (J.O., 11 mars, p. 1743, 1re col.). B. 1. a) Déb. XIIe s. « terrain en bordure d'une rivière; vallée » (BENEDEIT, St Brendan, 1737 ds T.-L.); 1671 Veau de Rivière (MOLIÈRE, Le Bourgeois gentilhomme, IV, 1, éd. R. Bray, p. 260); 1694 Vins de rivière (Ac.); b) ca 1175 spéc. « terrain de chasse » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chron. ducs de Normandie, 4155 ds T.-L.: beles rivieres, D'oisieaus garnïes et plenieres); ca 1285 oisel de riviere (ADAM DE LA HALLE, Robin et Marion, 384, ibid.); c) ca 1135 « chasse au gibier d'eau » aler en riviere (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 2199); 2. a) ca 1265 « rivage maritime » la riviere de la mer Rouge (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, 122, § 6); b) fin XIVe s. spéc. désigne une partie de la côte méditerranéenne le rivière de Gennes (JEAN FROISSART, Chron., éd. S. Luce, I, § 55, t. 1, 2, p. 118, 18). Du lat. riparia, fém. subst. de l'adj. riparius « de la rive, qui se tient sur les rives » (PLINE, en parlant d'oiseaux); la subst., par omission d'un subst. fém. tel que ora, terra..., riparia, est att. par de multiples topon. dep. le VIIIe s.: 721 Ribarias, Yonne; Xe s. Riparia, Indre-et-Loire (DAUZAT-ROST. Lieux 2e éd. 1978); ainsi que dans les doc.: 863 au sens de « littoral »; 951 « bord d'un fleuve », NIERM. A est issu d'un rapprochement de rivière au sens B, avec l'a. fr. riu « ruisseau » (ca 1165, Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1765), du lat. rivus « petit cours d'eau, ruisseau », FEW t. 10, p. 416b; d'apr. l'ancienneté du b. lat. ripa relevé au sens de « rivière » (ca 640, Vit. Arnulfi Mettensis ds BLAISE Lat. chrét.), il n'est cependant pas impossible de penser à un croisement plus anc., au niveau du lat.; cf. aussi l'a. fr. rive « ruisseau » (1re moit. XIIe s., Psautier d'Oxford, 61, 11 ds T.-L.). L'ital. riviera « cours d'eau » (déb. XIVe s., DANTE, Par., XXX, 61-62), « rive » (1re moit. XIVe s., G. VILLANI) est empr. au fr. (DEI; DEVOTO; HOPE, p. 118); celui-ci a, à une époque récente, repris le mot ital. comme terme géogr. (Riviera) pour désigner la côte de Gênes entre La Spezia et Nice (supra B 2 b). Fréq. abs. littér.:3 796. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 6 607, b) 6 652; XXe s.: a) 5 265, b) 3 773. Bbg. FOULET (L.). Fleuve et rivière. Rom. Philol. 1948/49, t. 2, pp. 285-297. — HASSELROT (B.). Pt. suppl. de dim. fr. St. neophilol. 1959, t. 31, p. 39 (s.v. riviérette). — QUEM. DDL t. 16. — SCHMIDT (H.-J.), MULLER (Ch.). Fleuve/rivière. Praxis. 1975, t. 22, pp. 103-104.
rivière [ʀivjɛʀ] n. f.
ÉTYM. 1138, rivere; riviere « ruisseau », 1105; a signifié « rive » et « rivage », au moyen âge (→ ci-dessous, II.); d'un bas lat. riparia, dér. de ripa. → Rive.
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1 Cours d'eau naturel relativement important. REM. Rivière exclut généralement les très petits cours d'eau (→ Ruisseau); selon les auteurs, il inclut ou non les plus importants, ceux qui se jettent dans l'océan (→ Fleuve). Dans le langage des bateliers, il désigne tout cours d'eau navigable. — L'eau de la rivière. ⇒ Eau, flot, onde (poét.); → Couper, cit. 9. || Le cours (cit. 1 et 2), le fil (cit. 30) de la rivière. || La rivière coule, court… (→ Brillant, cit. 2). || Rivière vive (→ Déshonorer, cit. 13). || Une rivière traverse le parc (→ Imprimer, cit. 12). || Le bruit, le murmure, les mille chuchotis de la rivière (→ Assourdir, cit. 6; égal, cit. 30). — Rivière profonde, large, étroite… || Cette rivière prend sa source à tel endroit, passe dans telle ville, arrose telle région, se jette dans un fleuve. || Cette ville est sur telle rivière. || Bord, rive de la rivière (⇒ Riverain). — ☑ Prov. Porter de l'eau à la rivière; ne pas trouver d'eau à la rivière. ⇒ Eau (I., 2.). ☑ Les petits ruisseaux font les grandes rivières. — Allus. littér. || « Plaisante justice (cit. 7) qu'une rivière borne… » (Pascal). — Myth. || Nymphe des rivières. ⇒ Naïade.
1 (…) de même que ces fleuves tant vantés demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l'Océan avec les rivières les plus inconnues.
Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre.
2 « Nous sommes comme les rivières, qui conservent leur nom, mais dont les eaux changent toujours ». C'est le grand Frédéric qui écrivait cela à d'Alembert (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 4 août 1851.
3 La rivière, fleuve là-bas (l'Oued Saïda), ruisseau pour nous, s'agite dans les pierres sous les grands arbustes épanouis, saute des roches, écume, ondoie, et murmure.
Maupassant, Au soleil, Province d'Oran.
4 Il n'eut pas même un regard, ni en amont ni en aval, pour la rivière lente et limpide, dont les courbes se déroulaient parmi les prairies, au milieu des bouquets de saules et de peupliers.
Zola, la Terre, I, IV.
5 Il y a des mots qui sont en pleine fleur, en pleine vie, des mots que le passé n'avait pas achevés, que les anciens n'ont pas connus aussi beaux, des mots qui sont les bijoux mystérieux d'une langue. Tel est le mot rivière. C'est un phénomène incommunicable aux autres langues. Qu'on songe phonétiquement à la brutalité sonore du mot river en anglais. On comprendra que le mot rivière est le plus français de tous les mots. C'est un mot qui est fait avec l'image visuelle de la rive immobile et qui cependant n'en finit pas de couler (…)
G. Bachelard, l'Eau et les Rêves, p. 252.
♦ Géogr. — REM. Même dans cet emploi conceptualisé, le mot reste courant. — Masse d'eau de ruissellement qui s'écoule dans un lit, depuis le moment où elle paraît à l'air libre (⇒ Source) jusqu'à ce qu'elle se jette dans une masse d'eau plus importante (cours d'eau; ⇒ Confluent) ou mer (⇒ Embouchure). ⇒ Cours (d'eau), fleuve (cit. 1). || Rivière principale d'un réseau fluvial (axe fluvial, hydrographique, collecteur); rivières affluentes (⇒ Affluent, tributaire). || Rivière torrentielle. ⇒ Torrent; avalaison, 1. gave. || Rivière tranquille, lente… — Régime d'une rivière. ⇒ Régime; écoulement (permanent, saisonnier, intermittent, occasionnel…). || Rivière occasionnelle d'Afrique du Nord. ⇒ Oued. || Vitesse d'écoulement d'une rivière. ⇒ Courant, cours. || Débit spécifique (indice d'écoulement), débit annuel moyen (module) d'une rivière. ⇒ Débit, volume (d'eau). || Déficit d'écoulement d'une rivière. ⇒ Perte, évaporation, infiltration. || Rivière qui se perd dans les sables. || Variations de débit d'une rivière. ⇒ Eau (basses, hautes eaux), étiage, maigre; crue, débordement, inondation. || Rivière qui croît, monte, déborde; décroît, se retire (décroissement, décrue, retrait, retraite [des eaux]). — Gel des rivières. || Rivière gelée, prise, barrée… ⇒ Embâcle (→ Geler, cit. 12). || Dégel d'une rivière. ⇒ Débâcle, débâcler. — Lit d'une rivière. ⇒ Lit. || Branche mère, canaux, bras d'une rivière; rivière qui partage (cit. 12) son cours. || Bancs (de sable, de galets, de jard), îles entre les bras d'une rivière. || Bords d'une rivière. ⇒ Berge, rive. || Creux, trous d'eau, hauts-fonds, seuils, gués… dans un lit de rivière, qui déterminent des rapides, des remous, des tourbillons. || Ligne de plus grande profondeur d'une rivière (fil de l'eau, chenal navigable, thalweg). || Rivière à lit stable, mobile; qui sort de son lit (⇒ Divagation, divaguer). || Nature du fond d'une rivière (gravier [cit. 1], sable, vase, roche…). — Profil d'une rivière. ⇒ Profil (en long, d'équilibre), pente; amont, aval. || Rivière à profil irrégulier, avec des plans d'eau; des ruptures de pente (⇒ Cascade, cataracte, chute, rapide [n. m.], saut). — Action des rivières sur le relief. ⇒ Vallée; affouillement, érosion. || Les rivières creusent (cit. 12), excavent leur lit, sapent les berges… || Formes d'accumulation d'une rivière. ⇒ Allaise, alluvion, 1. atterrissement (cit. 1 et 2), dépôt (→ Cône alluvial, piémont alluvial, cône de déjection, delta…). || Rivière qui roule, traîne des galets. — Changement de cours d'une rivière (déplacement de la ligne de partage des eaux, « captures » et déversements). || Cours des rivières de plaine alluviale. ⇒ Boucle, coude (3.), méandre, sinuosité, tournant (→ Falaise, cit. 3). || Rivière qui ondule (→ Ondulation, cit. 9), oscille, serpente… || Tours et détours d'une rivière; rivière tortueuse. — Cycle des rivières : rivière jeune, à profil irrégulier; vieille. || Rajeunissement d'une rivière par reprise d'érosion (profil en paliers). || Rivière « antécédente » (→ Épigénie, cit.). — Étude des rivières (potamologie). ⇒ Géographie, géologie, hydraulique, hydrographie.
6 On saisit facilement l'intérêt de l'étude des rivières. Le modelé du relief est leur œuvre; les débâcles des torrents ravageant chaque année quelque vallée alpine sont là pour vous le rappeler; les crues d'un grand fleuve capable, comme la Loire, d'emporter en un jour des hectares de champs donnent la même leçon à l'habitant des plaines. La vie économique est liée aux cours d'eau (…). La description géographique a pu être orientée jadis par Bauche vers l'idée du bassin fluvial unité régionale; et, si cette conception est abandonnée, nous continuons à désigner de grandes régions par le nom d'un fleuve : Amazonie, Sénégal, Rhénanie.
E. de Martonne, Traité de géographie physique, t. I, p. 449.
♦ Passer, traverser une rivière. || Rivière qu'enjambe (cit. 5) un pont; rivière guéable (cit. 1). ⇒ Gué; et aussi passeur. || Passer une rivière à pied sec. — Laver son linge à la rivière. || Se baigner dans la rivière. — Côtoyer, longer (cit. 4 et 8) une rivière. || Remonter (II., 2.) une rivière (en bateau). ⇒ Contre-courant. || Descendre une rivière en canoë, en kayak. || Rivière facile, difficile, sportive. — Des poissons d'eau douce, et notamment des poissons de rivière. || Anguille, saumon de rivière. || Empoissonner une rivière. || Poissons qui remontent une rivière pour frayer. ⇒ Remonte. || Pêche en rivière. — Oiseaux de rivière. ⇒ Fluviatile (cit. 1); amnicole. — Plantes, joncs de rivière (→ Flexible, cit. 2). || Faucard pour couper les herbes de rivière.
♦ Aménagement des rivières (pour la navigation…). ⇒ Bâclage, balisage, baliser, barrage, chaussée, digue, dragage, draguer, écluse, encaissement, halage (cit. 2), port, quai. || Rivière flottable, navigable. ⇒ Navigabilité, navigation, flottage; batelier, marinier. || Détourner une rivière. || Port de rivière. ⇒ Fluvial. — Exploitation économique de l'énergie des rivières. ⇒ Houille (blanche).
7 Les rivières sont des chemins qui marchent et qui portent où l'on veut aller.
Pascal, Pensées, I, 17.
♦ Par ext. Cours d'eau souterrain. || Réseau de rivières souterraines (circulation karstique), déterminé par le drainage souterrain (infiltration par des fissures ou des engouffrements. ⇒ Aven, bétoire, entonnoir, gouffre). || Émergence, issue d'une rivière souterraine. ⇒ Résurgence.
2 (1855, in Petiot). Par anal. Sports. Fossé rempli d'eau que doit sauter le cheval (steeple-chase). — (1924, Montherlant). Fossé rempli d'eau, l'un des obstacles au 3 000 m steeple.
3 (1705). Par métaphore. Nappe allongée (→ Renoncule, cit. 2).
8 Levant la tête, on voyait là-haut, entre les plus hautes branches des arbres, couler une rivière de ciel.
J. Renard, Journal, 29 mai 1894.
4 (1671). Blason. Fasce ou pièce ondée au bas d'un écu.
5 (1747). Fig. || Rivière de diamants, ou, absolt (1830), rivière : collier de diamants montés en chatons (→ Pierreries, cit.).
8.1 Une rivière de diamant (sic) motivait la vigilance affectueuse dont la vieille dame était entourée. Odile m'apprit plus tard que la guirlande scintillante qui ornait le cou de tante Marthe était un bijou de famille d'une valeur considérable. La rivière de tante Marthe dormait à longueur d'année dans le coffre d'un grand bijoutier.
Geneviève Dormann, le Chemin des Dames, p. 104.
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II (V. 1112). Vx. Terrain avoisinant la rive. ⇒ Franc-bord, 1. noue. || Veau de rivière, nourri dans des prairies voisines de la Seine, en Normandie (→ Munitionnaire, cit. 2). — ☑ Loc. (1694). Vins de rivière : vins de champagne des bords de la Marne.
♦ Rivage de mer. || La rivière de Gênes (la forme italienne riviera a été reprise en français). ⇒ Riviera.
9 (…) rien n'est plus beau que l'aspect de toute cette côte de la mer, qu'on appelle la Rivière de Gênes (…)
Ch. de Brosses, Lettres d'Italie, IV, 28 juin 1739.
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DÉR. Riviérette, riviéreux.
COMP. Garde-rivière, passe-rivière.
Encyclopédie Universelle. 2012.