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tournure

1. tournure [ turnyr ] n. f.
• 1509; lat. médiév. tornatura, de tornare tourner
IForme donnée à l'expression, quant à la construction et la syntaxe. La tournure d'une phrase. Tournure impersonnelle. Tournure élégante, lourde.
Expression, groupe de mots dont la construction est déterminée. 3. tour (III). Tournure propre au français, à l'anglais, à l'espagnol... (gallicisme, anglicisme, hispanisme...). « Dans les phrases les plus banales, il introduisait une tournure précieuse » (Dutourd).
II
1(1512) Vieilli Forme, maintien du corps. allure, 2. port. « Une figure aimable, une tournure élégante, un port de tête assuré » (Sainte-Beuve).
2Mod. Air, apparence (d'une chose). allure. « En un tour de main, le cabinet eut une autre tournure » (Zola).
3(1773) Fig. Aspect général que prend une évolution. Agir selon la tournure des événements. cours. Affaire qui prend une mauvaise tournure. Le projet commence à prendre tournure, à se dessiner.
4(1701) Tournure d'esprit.
III(1828; du sens II, 1o) Anciennt Rembourrage porté sous la robe, au bas du dos (cf. Faux cul). tournure 2. tournure [ turnyr ] n. f.
• 1832; « objet façonné au tour » XIIIe; de tourner (I)
Techn. Fragment métallique détaché par l'outil d'un tour. Tournure de fer, de cuivre.

tournure nom féminin (bas latin tornatura, du latin classique tornare, tourner) Littéraire. Aspect général de quelqu'un, manière dont il se présente : Avoir une tournure un peu gauche. Orientation, caractère que prend une situation à un moment donné : Nous agirons selon la tournure des événements. Aspect, apparence sous lesquels se présente ou est présenté quelque chose : Donner une tournure dramatique à un récit. Manière dont les mots sont agencés dans un énoncé : Cette tournure appartient au français classique. Jupon dont l'ampleur, rejetée en arrière par une armature métallique, donnait à la jupe une forme proéminente (1870-1875). Ensemble de déchets métalliques détachés d'une pièce pendant le tournage. ● tournure (expressions) nom féminin (bas latin tornatura, du latin classique tornare, tourner) Prendre tournure, parvenir à un degré d'élaboration qui laisse entrevoir le résultat définitif. Tournure d'esprit, manière propre à quelqu'un de présenter les choses, d'accueillir les événements, d'y réagir. ● tournure (synonymes) nom féminin (bas latin tornatura, du latin classique tornare, tourner) Littéraire. Aspect général de quelqu'un, manière dont il se présente
Synonymes :
- air
- allure
- apparence
- extérieur
- maintien
- mine
- physique
- port
- prestance
Orientation, caractère que prend une situation à un moment donné
Synonymes :
- cours
- direction
- évolution
- tendance
- tour
Aspect, apparence sous lesquels se présente ou est présenté quelque chose
Synonymes :
- allure
- aspect
- côté
- couleur
- physionomie
Manière dont les mots sont agencés dans un énoncé
Synonymes :
- construction
- expression
- formule
- locution
- style
- tour
Jupon dont l'ampleur, rejetée en arrière par une armature métallique...
Synonymes :
- faux cul
Tournure d'esprit
Synonymes :
- disposition
- forme

tournure
n. f. Manière dont une chose est faite; forme qu'elle présente. La tournure d'une phrase. Tournure d'esprit.
|| Prendre tournure: prendre forme, se dessiner.
Taille, forme du corps. Une jolie tournure.

⇒TOURNURE, subst. fém.
A. — 1. a) Vieilli. Aspect physique d'une personne. Tournure jeune, robuste. Après la musique arrivaient les captifs barbares, à tournures étranges, à masque bestial, à peau noire, à chevelure crépue, ressemblant autant au singe qu'à l'homme, et vêtus du costume de leur pays (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 217). M. Delcambre est un géant de tournure flamande (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 151).
En partic. Manière dont une personne se tient, se présente. Synon. allure. Tournure délurée, désinvolte, élégante, singulière, suspecte. Deux personnages de tournure universitaire entrèrent dans la salle (VERNE, 500 millions, 1879, p. 102). Quelquefois, un homme qui avait un visage intelligent et sympathique, on voit tout d'un coup son visage devenir idiot, son sourire à la fois niais et fat, sa tournure à la fois embarrassée et maniérée. Que s'est-il passé? C'est qu'il vient de rencontrer une femme qui lui plaît (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1033).
Absol., vx. Élégance, distinction. Synon. chic. Il y avait des moments où elle se sentait prête à se jeter à la tête du premier venu, pourvu qu'il eût un peu de fortune et de tournure (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 41). Ainsi vêtue, ses nattes roulées en chignon à la mode, avec sa figure nette et calme de sainte Vierge, elle avait plus de tournure que pas une demoiselle du pays (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 189).
b) Vieilli. Aspect, apparence, allure d'une chose. Le Rhône [à Lyon] (...) peut être large comme deux fois la Seine au Pont-Neuf, mais il a une tout autre tournure (STENDHAL, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 210). [La princesse des Ursins] écrit d'un grand style, sa phrase a grande tournure (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 14, 1859, p. 277).
♦ [Avec déterm. évoquant un aspect spécifique] C'était un pavillon de tournure flamande, élevé, étroit, percé de rares fenêtres irrégulières et flanqué de tourelles à pignons d'ardoise (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 8). J'aperçois, dans un éclair, une construction à la tournure féodale (GONCOURT, Journal, 1880, p. 68).
En partic. Aspect que présente une chose ou une situation selon la manière dont elle se fait, se crée ou évolue. Synon. allure, tour3. Tournure des événements. Il ne faut pas que la procuration soit à mon nom. Comme l'a dit le vieux Héron, ça prendrait trop la tournure d'un vol (BALZAC, Rabouill., 1842, p. 520):
1. Une chose aussi simple paraissait très difficile à ces messieurs. Alors, Roch a dit qu'il connaissait M. Lépine et qu'il allait téléphoner. Les choses ont changé de tournure. On nous a donné deux agents et un flic en civil.
DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 262.
Prendre tournure. Prendre forme, évoluer dans un sens attendu ou souhaité. Projet qui prend tournure. Allons, allons, tout cela prend une assez bonne tournure (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 168). La chose prend tournure, oui, ça devient décidément possible (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 33).
Prendre (une) mauvaise/vilaine tournure. Tourner mal. Une pneumonie qui prend une vilaine tournure (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 252). Incident imprévu qui prend mauvaise tournure (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 335).
c) Littér. Forme (d'esprit); manière de juger, d'envisager les choses, caractéristique d'un certain esprit. Mon compagnon était Élie de Kertanguy, Bas-Breton, grand et beau jeune homme accompli de tout point. C'est avec lui que je cause ici, car nous avons à peu près la même tournure d'idées (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1833, p. 89). Singulière tournure d'esprit, ce besoin de répartir les chances, de tout remettre en question sans cesse, de recommencer le monde (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 32).
2. a) Manière de s'exprimer, forme donnée à un énoncé dans sa construction, sa syntaxe. Synon. formule, tour3. Tournure impersonnelle, négative; tournure élégante. Tout en elle s'harmoniait, depuis le plus petit geste jusqu'à la tournure particulière de ses phrases (BALZAC, Langeais, 1834, p. 245). Goiran est de ceux qui paraissent spirituels sans vraiment rien dire qui le soit. Par une certaine élocution, insistance sur les finales, par certains déplacements de voix, certaines mimiques amusantes, certaines tournures elliptiques, sibyllines (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 966).
b) P. méton. Groupe de mots dont la construction est figée ou déterminée. Tournure idiomatique, archaïque, populaire. La langue de la politique elle-même prit alors quelque chose de celle que parlaient les auteurs; elle se remplit d'expressions générales, de termes abstraits, de mots ambitieux, de tournures littéraires (TOCQUEVILLE, Anc. Régime et Révol., 1856, p. 240). Les coupables étaient « passés au fil de l'épée ». J'aimais cette jolie tournure: j'imaginais cet éclair droit et blanc, la lame; elle s'enfonçait comme dans du beurre et ressortait par le dos du hors-la-loi, qui s'écroulait sans perdre une goutte de sang (SARTRE, Mots, 1964, p. 59).
Tournure de style. Certaines tournures de style qui reviennent sans cesse: « m'écriai-je! » « ô ciel! » (FLAUB., Corresp., 1858, p. 291).
3. COST. [De 1867 à 1890 environ] Rembourrage porté sous la robe, en bas du dos, afin de lui donner plus d'ampleur. Synon. faux cul. Caroline marche à la Elssler, en agitant sa tournure de la façon la plus andalouse (BALZAC, Ptes mis., 1846, p. 102). La femme apparaît aplatie par devant, l'ampleur rejetée en arrière sur une « tournure », qui n'est plus qu'un coussin baleiné, posé sur la croupe et prolongée avec des cercles, entraînant le mouvement de traîne de la jupe (VILLARD, Hist. cost., 1956, p. 98).
B. — TECHNOLOGIE
1. Vx. Forme de ce qui est façonné au tour. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Déchet, fragment métallique détaché d'une pièce pendant le tournage. Tournure de cuivre, de fer. La matière à la limaille de fer, ou à la tournure de fonte se prépare très soigneusement: on arrose ces résidus métalliques de vapeur, ou mieux d'eau ammoniacale (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p. 146). On constate, après un séjour prolongé aux intempéries, une tendance à s'agglomérer qui est plus particulière encore aux tournures et copeaux d'ateliers d'usinage (BARNERIAS, Aciéries, 1934, p. 84).
3. CUIS. Lamelle, bande continue d'écorce ou de peau d'un fruit ou d'un légume détachée lorsqu'on le pèle. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1324 tourneure « mécanisme qui fait tourner » (Arch. Nord, B 4026, fol. 81), en a. et m. fr. tournure est att. dans différents sens issus de tourner, comme « objet tourné », « roue faisant tourner la meule », « mouvement de la roue », « rouleau de pâtissier », « ce qui fait tourner le lait, caillette » (v. GDF. et FEW t. 13, 2, pp. 59-60); 2. a) 1472 « action de donner forme » (GRANDMAISON, Mém. de la Soc. archéol. de Touraine, XX, p. 19 ds GAY: ordonner faire certaines histoires, tourneure et enlumineure d'or et d'azur en unes heures); b) 1509 (J. LEMAIRE DE BELGES, Légende des Venitiens, prol., éd. J. Stecher, t. 3, p. 364: Plaise aux lecteurs supporter benignement la grosse tornure du langage peu elegant); c) 1512 « aspect extérieur, allure » (ID., Illustrations, t. 1, p. 216: [le] buffet, duquel toute la riche vaisselle avoit prins tournure, merveilleuse et supernelle, par ses propres mains [de Vulcain]; p. 246: Remire la faîtisse tournure de ma venuste corpulence); d) 1692 (F. DE CALLIÈRES, Des Mots à la mode, p. 60: les jeunes gens de la Cour donnent à tout ce qu'ils disent des tournures admirables. Des tournures admirables [...] cela veut dire qu'ils ont l'esprit d'une bonne tournure, qu'ils tournent bien ce qu'ils disent); e) 1724 (MARIVAUX, Surprise de l'amour, p. 201: grâce à la tournure grotesque de l'esprit de l'homme); f) 1734 (ID., Paysan parvenu, p. 21: la tournure que j'avais donnée à la chose); g) 1774 (en parlant d'une affaire) prendre une mauvaise tournure (BEAUMARCHAIS, Mém. Goëzman, p. 23); 3. 1767 « bande de peau détachée de fruits ou de légumes » (Dict. port. de cuis., 15 ds QUEM. DDL t. 1); 4. 1828 mode (PAIN, Nouv. tableaux de Paris, p. 34, ibid., t. 2); 5. 1832 « fragment de métal » (Mém. [lu en 1827] ds Mém. de l'Ac. des Sc. t. 11, p. 193). Dér. de tourner; suff. -ure. Fréq. abs. littér.:951. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 779, b) 2 278; XXe s.: a) 961, b) 727. Bbg. GOHIN 1903, p. 301. — QUEM. DDL t. 2, 4.

1. tournure [tuʀnyʀ] n. f.
ÉTYM. 1512; lat. médiéval tornatura, de tornare. → Tourner.
———
I
1 (1512). Vieilli. Forme, port, maintien du corps. Allure; aspect, encolure, 2. extérieur (II., 2.), taille. || Le visage et la tournure de qqn (→ Demoiselle, cit. 8; fat, cit. 6). || Tournure jeune (→ Serrer, cit. 12). || Mâle et robuste tournure (→ Farandole, cit. 2). || Tournure désinvolte, délurée (→ Bordée, cit. 4), cavalière. || Une tournure singulière (→ Fringuer, cit. 2); une drôle de tournure. Touche.
1 En sortant de là, nous avons été chez un teinturier, où nous avons vu une fille dont la tournure et la tête sont admirables et étaient tout en harmonie avec les sentiments que ces beaux ouvrages italiens m'avaient inspirés.
E. Delacroix, Journal, 30 déc. 1823, t. I, p. 45.
2 Une figure aimable, une tournure élégante, un port de tête assuré (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 27 oct. 1851.
Absolt (vx). || Avoir de la tournure. Allure, chic.
2 (1876). Air, apparence (d'une chose). || C'est la mode d'être vertueux, c'est une tournure qu'on se donne (cit. 79). || Un bout de phrase qui a la tournure d'une malice (→ Incompréhensible, cit. 10).
3 En un tour de main, le cabinet eut une autre tournure (…)
Zola, l'Assommoir, IX, t. II, p. 84.
3 Forme d'une chose qui se fait, change.(1773). Fig. Aspect général que prend une évolution. || La tournure des événements. Couleur, figure, 3. tour.Prendre tournure : prendre sa forme définitive; commencer à être tel que souhaité.(Concret). || La meule (2. Meule, cit. 1) prenait tournure. || Sa statue commence à prendre tournure.(Abstrait). || Ce projet commence à prendre tournure. Dessiner (se). || Les affaires prirent une tournure différente (→ Fulminer, cit. 6). Allure, cours, direction, face, évolution, tendance. || Prendre une bonne, une mauvaise tournure. Tourner (bien, mal). → Sentir mauvais.
4 (…) il menaçait de nier la part qu'il avait eue à cette affaire, si elle prenait une mauvaise tournure.
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 22.
4 (1701). Littér. Forme (d'esprit); manière d'envisager, de juger les choses. || Tournure d'esprit (→ Cadrer, cit. 5). || La tournure de l'esprit français (→ Littérature, cit. 12). || Esprit tatillon, tournure pharisienne (cit. 5).
5 (Déb. XVIe). Forme donnée à l'expression, manière de s'exprimer dans la construction, la syntaxe. Construction. || La tournure d'une phrase. || Tournure impersonnelle, négative. || Tournure française (→ 2. Le, cit. 8). || Tournure élégante, lourde. || Tournure de style (→ Auteur, cit. 40).Expression, groupe de mots dont la construction est déterminée. Formule, 3. tour (III., B.). || « Il suffit (cit. 5) de… » est une tournure qui mérite une explication. || Le gallicisme, tournure proprement française. || Mots et tournures d'un écrivain (→ Puiser, cit. 7).
5 (…) on ne peut dire en vers alexandrins qu'on entre ou qu'on en sort, qu'on dort ou qu'on veille, sans qu'il faille chercher pour cela une tournure poétique (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, XV.
6 Gureau retenait une question depuis le début. Il en cherchait péniblement la tournure, moins par timidité que pour qu'on ne se méprît pas sur son intention (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVI, p. 220.
7 Il ne disait rien tout à fait simplement. Dans les phrases les plus banales, il introduisait une tournure précieuse ou littéraire, non pas pour épater ses interlocuteurs, mais plutôt pour son propre plaisir (…)
J. Dutourd, les Horreurs de l'amour, p. 211.
———
II (1828; du sens I, 1). Anciennt. Rembourrage porté autrefois sous la robe, au bas du dos. Cul (supra cit. 11 : faux cul). || Mettre une tournure.
8 (…) la nature l'avait douée d'un contrepoids naturel qui rendait inutile la mensongère précaution d'une tournure. Chez elle tout était bien vrai.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 255.
HOM. 2. Tournure.
————————
2. tournure [tuʀnyʀ] n. f.
ÉTYM. 1472; torneïere « détour », v. 1265; de tourner (I.).
Technique.
1 Vieilli. Forme, galbe de ce qui est façonné au tour. || Une tournure réussie.
2 (1872). Fragment métallique détaché par l'outil au travail sur un tour. || Tournure de cuivre, de fer.
3 (1767). Cuis. Lamelle d'une peau de fruit, de légume que l'on détache en tournant.
HOM. 1. Tournure.

Encyclopédie Universelle. 2012.