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très

très [ trɛ ] adv.
• 1080; du lat. trans, prononcé tras « au-delà de »; par ext. « de part en part, complètement »; d'où son emploi comme adv. superl.
Adv. d'intensité marquant le superl. absolu À un haut degré. 1. bien, 2. fort.
1(Devant un adj.) « Pour avoir de beaux chevaux, il faut être ou très riche ou très malin » (France). Très gentil. extrêmement (cf. Tout plein). Il n'est pas très spirituel. C'est très clair. parfaitement. Les rois très chrétiens. Le Très-Haut. C'est très drôle. rien(pop. et vieilli), trop. Fam. Je suis très, très content. « Le superflu, chose très nécessaire » (Voltaire). Supposition très vraisemblable. hautement. Très supérieur (mais on dit bien meilleur, bien pire...).Devant une expr. employée adjt Un monsieur très comme il faut. Un objet très bon marché. « Quand il roule l'R, il est très en colère ! » (Ed. Rostand). Très au courant, très en avance. « Un chapeau vert-bouteille très sur l'œil » (Aymé). Devant un subst. employé adjt Elle est très femme. Très fin de siècle, très 1900. « un vieil émigré français [...] très aimable, très sourd, très dix-huitième siècle » (Goncourt). « des costumes clairs, très dernière mode » (Aragon) .
2(Devant un p. p. à valeur d'adj.) Air très connu. Opinion très répandue. Très doué. follement, rudement. « Je suis moi-même très gêné » (Duhamel). (Devant un p. p. gardant sa valeur verbale de pass.) « Gênes était toujours très menacé par les Piémontais » (Voltaire). « Le grand-duc Michel [...] est très aimé dans le monde et très haï des soldats » (Hugo).
(XIIIe; incorrect de nos jours) Vx avec un v. pron. ou actif « Je lis dans les Phoinissiennes, traduites par Leconte de Lisle [...] : “Ils ont très irrité le malheureux homme”, qui me paraît inadmissible... » (A. Gide). beaucoup .
3(Devant un adv.) « Elle lisait bien, [...] très bien même » (Maupassant). drôlement, joliment; fam. salement , vachement. Très mal. Très peu. Très souvent. Très tôt, très tard. exceptionnellement. Très volontiers. Fam. Très bientôt, à très bientôt. « Villiers nous promet une grande édition de ses œuvres complètes, six volumes, — et quels ! pour très bientôt » (Verlaine). (Devant une loc. adv. ou prép.) Arriver très en avance. « Cette lettre vint très à propos pour eux » (Racine).
4(1370) Dans des loc. verb. d'état, composées des v. faire et avoir et d'un subst. (Adj. substantivés : chaud, froid, mal, etc.) Il faisait très chaud ( bigrement, diablement) . Avoir très froid. « Elle s'était fait très mal » (R. Rolland). (Devant d'autres subst.; emploi critiqué mais cour.) Avoir très faim, très soif. Avoir très peur. Faire très attention. « il ne trouvait du temps libre que quand il avait très envie d'une chose » (Proust).
5Absolt (XVe) Fam. Êtes-vous satisfait ? — Très. Vous avez passé de bonnes vacances ? — Non, pas très, pas très bonnes.
⊗ CONTR. Faiblement, guère, légèrement, 2. pas, peu. ⊗ HOM. Trait.

très adverbe (latin trans, au-delà, par-dessus) Indique un superlatif absolu, un degré élevé devant un adjectif, un adverbe, une locution, un participe passé, un adjectif verbal et dans certaines locutions verbales : C'est très simple. Cela se produit très souvent. Il est très en colère. Il fait très froid. J'ai très faim.très (difficultés) adverbe (latin trans, au-delà, par-dessus) Emploi 1. Très marque le superlatif absolu et modifie normalement un adverbe, un adjectif ou un participe passé employé adjectivement, parfois un nom (v. ci-après, 3) : il court très vite ; elle est très belle ; des murs très abîmés. 2. Avec un participe passé élément d'une forme conjuguée, on emploie beaucoup, et non très : il a beaucoup plu ; nous avons beaucoup marché. De même à la forme pronominale : il s'est beaucoup entraîné. → beaucoup. 3. Très s'emploie aujourd'hui couramment dans certaines locutions verbales avec un nom sans article, comme : avoir faim, envie, besoin, mal, peur, sommeil : j'ai eu très peur ; cela m'a fait très plaisir ; il est très en retard. → envie. 4. Très peut être employé devant un nom en fonction d'épithète ou d'attribut : un style très comédie musicale ; elle est très femme. ● très (homonymes) adverbe (latin trans, au-delà, par-dessus) traient forme conjuguée du verbe traire trais forme conjuguée du verbe traire trait forme conjuguée du verbe traire trait nom masculintrès (synonymes) adverbe (latin trans, au-delà, par-dessus) Indique un superlatif absolu, un degré élevé devant un adjectif...
Synonymes :
- bien
- effroyablement
- énormément
- extrêmement
- fort
- infiniment
- parfaitement
- prodigieusement
- terriblement
- tout à fait
- vraiment
Contraires :
- faiblement
- guère
- légèrement
- pas
- peu

très
adv. Sert à renforcer un adjectif, un participe ou un nom pris adjectivement, un adverbe, une locution adverbiale ou prépositive, pour marquer un superlatif absolu. Il est très grand. Très aimé. Il est resté très enfant. Il court très vite. C'est très loin d'ici. Il vit très au-dessus de ses moyens.
Devant un nom dans une locution verbale. Avoir très peur. Il fait très chaud.

⇒TRÈS, adv.
Adv. non prédicatif marquant l'intensité forte devant un mot susceptible de recevoir une gradation.
Rem. ,,Le mot très recouvre un être de langue qui est déficient du côté de la matière et ne constitue qu'une forme imposée à la matière fournie par l'adjectif (...) comme est le signe d'une forme le suffixe de superlatif qui dans certaines langues (cf. ital. -issimo) vient s'ajouter au radical de l'adjectif`` (G. MOIGNET, Ét. de psycho-systématique fr., Paris, Klincksieck, 1974, p. 145).
A. — [Devant un adj.] Vinrent huit petits cochons (...) ils luttaient entre eux, arc-boutés comme des chèvres, et leurs très petits pas étaient précipités (JAMMES, De l'angélus, 1898, p. 115). Où ai-je déjà vu ce menton net et ce regard froid, et ces cheveux très blonds lissés en bandeaux? (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 109). Il y avait (...) un voyou très « modern' style » qui ressemblait à une bottine jaune (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 132).
— [Dans un titre (souvent avec une majuscule) pour qualifier une pers. (ou un pays) auxquels on attribue une certaine prééminence] La Très Sainte Mère l'Église; la Très Sainte Vierge Marie; sa Très Gracieuse Majesté. Louis XVIII était affligé de la froideur avec laquelle l'ambassadeur de Sa Majesté Très Chrétienne avait été reçu (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 97).
— [Dans les formules de politesse] Je suis, Monsieur, votre très humble et très dévoué (FLAUB., Corresp., 1872, p. 35).
— [Précédé de très, l'adj. de relation prend une valeur caractérisante] C'est un défaut très féminin d'aller d'une exagération à l'autre (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 224). Mais qu'entend-on par une personne ou une chose très parisienne ? (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 171).
Rem. 1. Très, qui permet de représenter la qualité à son degré le plus élevé sans compar. avec d'autres (superl. abs.), est en principe exclu devant un adj. compar. (meilleur, moindre, pire) ou devant un adj. qui ne peut recevoir une gradation (infime, essentiel) ou qui a la valeur d'un superl. (excessif, extrême, primordial, supérieur). On peut noter toutefois qq. ex. de ces empl.: Avant de quitter Paris, il était très essentiel de s'assurer de quelques moyens d'influence (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 311). Heine a tous les défauts d'un journaliste très supérieur (DU BOS, Journal, 1927, p. 199). Vous êtes sans doute trop orgueilleuse pour me faire, à moi très infime, l'honneur d'une scène de jalousie (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 164). 2. Très fonctionnait, d'apr. LITTRÉ, comme un élém. de compos. indiquant une qualité supérieure: C'est une assez grande île, où l'on trouva du bois, de l'eau, des rafraîchissemens, et des habitans très-pacifiques (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 103). À la très-chère, à la très-belle Qui remplit mon cœur de clarté (...) Salut en l'immortalité (BAUDEL., Fl. du Mal, 1867, p. 268).
B. — [Devant un adv.] Et le grand soleil équatorial buvait très vite toute cette eau tombée sur nous (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 71). Il parlait très curieusement et très abondamment d'un retable qu'il venait de voir (GONCOURT, Journal, 1894, p. 680).
C. — [Devant un subst. non déterminé en fonction d'adj.] J'étais un enfant très enfant, un petit garçon garçonnant, un petit animal vif et joyeux (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 234). Très modecol lacet mélangé argent et or (Catal. jouets (Louvre) 1936).
— [Le subst. est précédé d'un adj.] Un régime de république suisse, esprit radical et très petit bourgeois (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 86).
— [Le subst. est suivi d'un compl. déterminatif] Je la trouvai très « femme du monde », et ce grade, que je lui décernai d'emblée, ne m'emballa pas sur elle (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 82).
— [Devant un nom propre] Très Ève, « éternel féminin »; elle est belle (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 759). Le ton est très Rilke, et me faisait penser à sa voix (LARBAUD, Journal, 1934, p. 278).
D. — [Devant un groupe prép. en fonction d'attribut] Le docteur est très en verve ce soir (MAUROIS, Sil. Bramble, 1918, p. 139). Les sièges formaient là un endroit retiré très hors du monde (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 241). La marche chantée était très en faveur dans l'armée allemande (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 263).
E. — [Empl. improprement dans une loc. verb. formée d'un auxil. ou d'un verbe support (avoir, être, faire, prendre...) et d'un subst. abstr. désignant des ,,sensations ou des sentiments à l'état brut: faim, soif, froid, chaud, sommeil, mal, peur, envie, plaisir, honte, hâte...`` (G. MOIGNET, op. cit., p. 154); empl. critiqué] Un jour, elle se retrouva dans son lit, bien faible, ayant très faim (A. FRANCE, Jocaste, 1879, p. 74). Il faut que nous fassions très attention, il faut que nous soyons très prudents (GUITRY, Veilleur, 1911, III, p. 19).
— [Dans une loc. à la forme impers. désignant un phénomène météor.] Cosette pensait donc qu'il était nuit, très nuit, qu'il avait fallu remplir à l'improviste les pots et les carafes dans les chambres des voyageurs (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 462). Dans la rue, il faisait très doux, déjà l'on pressentait les caresses de juin, malgré l'heure tardive (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 324).
F. — [Devant un part. passé]
1. [Le part. passé est pris adj.] Son domestique par derrière, très enveloppé de manteaux (NERVAL, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 9). De grands triangles de pâte très feuilletée où se niche un œuf mollet (GIDE, Journal, 1943, p. 169).
2. [Très renforce le procès exprimé par le part. passé qui conserve une valeur verbale passive] Cette dernière chanson fut très applaudie par les inconnues (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 235). La rivière est très grossie par les pluies précédentes (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 249).
En partic.
[Si le procès exprimé par le verbe est réitérable, la gradation porte soit sur le nombre d'agents effectuant le procès, soit sur le nombre de fois que chacun de ces agents effectue le procès] On risquait (...) à traverser un carrefour très fréquenté (CAMUS, Peste, 1947, p. 1335). Cette passerelle est très utilisée par Marie et Jean. Cette passerelle est très utilisée, quotidiennement, une fois à l'aller une fois au retour (J. AUTHIER, Note sur l'interprétation sémantique de « très + participe passé passif » ds Cah. Lexicol. 1980, n° 37, p. 28).
♦ [L'obj. (suj. du passif) peut désigner un type, un modèle...] Cette maison est très construite par ici. Ce modèle a été très vendu (J. AUTHIER, Note sur l'interprétation sémantique de « très + participe passé passif » ds Cah. Lexicol. 1980, p. 30).
♦ [Avec un verbe de sentiment, très porte sur la force du sentiment éprouvé par une pers. donnée ou sur la quantité de pers. éprouvant ce sentiment] Mais il est aimé, très aimé, souvent aimé (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 359).
♦ [Très peut marquer qu'une partie importante de l'obj. (suj. du passif) est affectée par le procès] Des souvenirs qui datent de si loin (...) sont très-brisés dans ma mémoire, et ce n'est pas ma mère qui eût pu m'aider par la suite à les enchaîner (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 187). — Ma jambe! (...) La carne!Était-elle très abîmée! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 147).
Rem. 1. Très peut être empl. absol., spéc. dans la reprise d'un discours où l'on omet de reprendre le terme modifié par l'adv.: Henriette: Denis est très intelligent! Gabrielle: Très! Henriette: Il sait un tas de choses (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 5, p. 8). — (...) Elle est très habile.Très! soupira Elsa (SAGAN, Boujour tristesse, 1954, p. 94). 2. Très est fréq. repris pour en renforcer l'intensité: On y buvait du petit vin blanc très... très passable (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 159). Il est vrai que la dame a plus de cinquante ans, mais elle est très-très riche (LORRAIN, Modern., 1885, p. 106).
Prononc. et Orth.:[] devant cons., [] devant voy. ou h muet: très belle [], très agréable []. Ac. 1694: tres; 1718: trés ; dep. 1740: très. Ac. 1694: tres-bon, tres-mauvais, tres-bien et 1740-1835: très-bon, très-mauvais, très-bien. V. aussi LITTRÉ: ,,Se joint à un adjectif, à un participe et à un adverbe; on unit ces deux mots par un trait d'union; du moins c'est l'usage du Dictionnaire de l'Académie``. ROB. 1985 explique cette façon d'écrire par l'orig. préf. de très: ,,Son caractère originel de préfixe a longtemps subsisté dans l'orthographe: il est accolé au mot dans le Dictionnaire de R. Estienne (tresbon, treslong etc.), et on l'a lié ensuite au mot par un trait d'union (très-bon), que l'imprimeur Didot fut le premier à supprimer, suivi par l'Académie en 1877``. On a, effectivement, très bon, tres bien ds Ac. 1878 et 1935 mais 1718 écrit déjà: trés bon, trés bien. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 placé devant un adj. ou un autre adv. pour marquer le superl. abs. (Alexis, éd. Chr. Storey, 547); 2. 2e moit. XIIIe s. devant un nom empl. comme adj. ou devant une loc. à valeur adj. (Gaufrey, 292 ds T.-L.); 3. ca 1225 dans des loc. verb. d'état comp. de avoir et d'un subst. (GAUTIER DE COINCY, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir 26, t. 4, p. 269: J'ai si tres soif); 4. ca 1450-65 empl. dans les réponses avec ell. de l'adj. ou de l'adv. (CHARLES D'ORLÉANS, Rondeaux ds Œuvres, éd. P. Champion, t. 2, p. 347); 5. 1668 devant un subst. (RACINE, Plaideurs, II, 4); 6. 1715 s'emploie devant un part. à valeur verbale de passif (A. LESAGE, Gil Blas, éd. M. Bardon, t. 2, L. XII, ch. VIII, p. 336, éd. Garnier 1962). Du lat. trans « au delà de, par-delà », « par-dessous, de l'autre côté de », qui pouvait comme préverbe avoir le sens de « de part en part, complètement » d'où son empl. comme adv. superl. passé très tôt en a. fr. Très est parfois encore prép. en a. fr. et jusqu'au XVIe s. au sens de « jusqu'à, dès, depuis, auprès, derrière... » (v. GDF., T.-L. et FEW t. 13, 2, pp. 197b-199) et a formé de nombreuses loc. tres puis, tres or, etc. Fréq. abs. littér.:68 535. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 74 526, b) 105 566; XXe s.: a) 118 891, b) 99 810. Bbg. AUTHIER (J.). Note sur l'interprétation sém. de « très + participe passé passif ». Cah. Lexicol. 1980, t. 37, n° 2, pp. 25-33. — BLANC (B.). Ét. de la combinaison très + participe passé passif. Mém., Paris III, 1978, 83 p. — DARM. 1877, p. 146. — GAATONE (D.). Obs. sur l'oppos. très-beaucoup. R. Ling. rom. 1981, t. 45, pp. 74-95. — GOHIN 1903, p. 340. — LE FLEM (D. C.). Syst. de la compar. en fr. contemporain... Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14. 1974. Naples. Napoli; Amsterdam, 1979, pp. 493-517. — MICHAËLSSON (K.). Neuphilol. Mitt. 1943, t. 44, pp. 108-112. — SCHWARZ (Ch.). Zur kategorialgrammatischen Klassifierung von neufr. très. Papiere zur Linguistik. 1977, pp. 17-185. — TOGEBY (K.). Gramm. fr. vol. 4: les mots inv. Copenhague, 1984, pp. 183-186.

très [tʀɛ] adv.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; du lat. trans, prononcé tras « au delà de », qui, employé comme préverbe, pouvait avoir le sens de « de part en part, complètement »; d'où son emploi comme adv. superlatif en lat. pop., conservé par le franç. très; encore souvent employé en anc. franç. comme préposition, au sens de « depuis, jusqu'à », etc., mais exclusivement adv. depuis le XVIe; son caractère originel de préfixe a longtemps subsisté dans l'orthographe : il est accolé au mot dans le Dictionnaire de R. Estienne (tresbon, treslong, etc.), et on l'a lié ensuite au mot par un trait d'union (très-bon), que l'imprimeur Didot fut le premier à supprimer, suivi par l'Académie, en 1877.
Adverbe d'intensité, marquant le superlatif (cit. 4) absolu. À un haut degré. Bien, fort, tout; et aussi excessivement, extrêmement.
REM. 1. Très est de l'usage le plus courant en français moderne, alors que bien, fort, tout sont légèrement archaïques ou régionaux, ou ont une valeur stylistique.
2. La langue parlée le redouble volontiers : je suis très, très content.
1 (Devant un adj.). || Très égoïste, très habile (cit. 11). || Il faut être ou très riche ou très malin (cit. 11). || Très gentil. Plein (tout). || Il n'est pas très spirituel (→ Calembour, cit. 5). || Ma très chère Madame (cit. 10). || Les rois (cit. 5) très chrétiens. || Le Très-haut. || Un habit très propre (cit. 25). Parfaitement. || C'est très humiliant (cit. 5). || C'est très drôle. Rien (pop. et vieilli), trop. || Mort (1. Mort, cit. 26) très proche. || « Le superflu, chose très nécessaire » (cit. 8). || Supposition (cit. 5) très vraisemblable. Hautement. || Très supérieur, très inférieur. (Mais on dit : bien meilleur, bien pire…).REM. On évite d'employer très devant un adjectif qui n'est pas susceptible de degré (très infini, très essentiel) ou qui a par lui-même une valeur de superlatif. → (cependant) Extrême, infime, minime.
1 Madame d'Arsac, d'Avignon, disait à ses filles : Mesdemoiselles, il ne faut jamais croire au très (au très beau, au très méchant; il n'y a que du médiocre en ce monde).
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. I, p. 221.
(XIIIe). Devant une expr. employée adjectivement. || Un bourgeois très comme il faut (cit. 34). || Un objet très bon marché (cit. 17). || Il a l'air très en forme. || « Je suis très en colère ». || Très collet monté. || Très au courant, très à la mode, très à la page, très en avance, très en retard…(Devant un nom employé adjectivement). || « Oui, vous êtes sergent, Monsieur, et très sergent » (cit. 1). || Il est très honnête homme (→ Caution, cit. 7). || Elle est très femme, très enfant, très femme du monde. || Amoureux demeurés très enfants (→ Câlinerie, cit. 2). || Très premier prince du sang (→ Majesté, cit. 9). || Très Donatello (→ Maniérisme, cit. 2). || Très fin de siècle, très 1900 (→ Paletot, cit.), très Régence… || Assez Province (cit. 9), et très sud-ouest.C'est très dommage.
2 (…) un vieil émigré français, qui ne s'est jamais abaissé à parler allemand, très aimable, très sourd, très dix-huitième siècle (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 2 sept. 1872, t. V, p. 56.
3 C'était un très-au vent d'octobre paysage (…)
Jules Laforgue, Complaintes, Complainte d'un autre dimanche.
4 Quand il roule l'R, il est très en colère !
Edmond Rostand, Chantecler, I, 4.
5 (…) il portait bien la confection, des costumes clairs, très dernière mode, d'après les catalogues.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, VII.
5.1 Dans une clairière, une grande antilope-cheval, tout près de nous, qui ne fuit pas quand l'auto s'arrête; très miracle de saint Hubert.
Gide, Voyage au Congo, p. 814.
2 Devant un participe (cit. 5) passé à valeur d'adj. || Démarche très assurée (cit. 66). || Idées très exaltées. Assez. || Air très connu (→ Murmure, cit. 4). || Opinion très répandue (→ Passer, cit. 25). || Très doué. Follement, rudement (→ Plupart, cit. 11). || Très avancé, très précoce (cit. 9). || Très marqué. Fortement. || Je suis très gêné (cit. 24). || J'étais très lancé (1. Lancer, cit. 30).
(Devant un p. p. gardant sa valeur verbale de passif). || Il en fut très mortifié (cit. 4, Lesage). || « Gênes était toujours très menacée par les Piémontais » (Voltaire, in Girault-Duvivier, t. II, p. 1282). || Il était très respecté à la Chambre (→ Speaker, cit. 1). || Très apprécié en Angleterre (→ 2. Loupe, cit. 3). || Elle était très flattée (cit. 15) de l'impression qu'elle produisait. || Il était très saisi de se sentir aux prises (cit. 7) avec le souvenir.
6 Le grand-duc Michel (…) est très aimé dans le monde et très haï des soldats.
Hugo, Choses vues, II, VIII.
REM. Quoique condamné dès le XVIIIe s. (Cf. Brunot, Hist. de la langue franç., VI, p. 1510), cet emploi de très est autorisé par les meilleurs auteurs et par l'usage, et justifié par le caractère d'adj. qu'y prend le participe passif. Mais il est peu correct d'employer très dans le tour pronominal (je m'en suis très occupé); la présence de l'auxiliaire être n'enlève rien au caractère actif du verbe, et très ne peut que modifier un état. → Beaucoup. Quant à l'emploi de très à l'actif, qu'on rencontre parfois aujourd'hui dans certains écrits, il est franchement incorrect; l'exemple de Mme de Sévigné, si souvent cité depuis Littré : « Ils m'ont très assuré que (…) » (Lettre du 30 sept. 1676), n'est qu'une des leçons fautives des éditions anciennes, pour « Ils m'ont tous assuré que (…) » (cf. éd. Gérard Gailly, Pl., t. II, p. 213).
7 Je lis dans les Phoinissiennes, traduites par Leconte de Lisle (p. 195) : « Ils ont très irrité le malheureux homme », qui me paraît inadmissible… « Ont irrité » n'est ici qu'un temps de verbe, participe conjugué avec son auxiliaire, et ne supporte pas plus le comparatif ou le superlatif que le pluriel. Les fautes de logique me paraissent toujours les plus graves.
Gide, Journal, 30 mai 1930.
3 (Devant un adv.). || Elle lisait (1. Lire, cit. 22) bien, très bien même. Drôlement, joliment. || Très mal (→ Cadet, cit. 2). || Très peu (→ Bossuer, cit. 3). || Très souvent (→ Cadeau, cit. 1). || Très longtemps (→ Multitude, cit. 5). || Très tôt, très tard. || Très loin. || Très familièrement (cit.). || Très profondément (cit. 2). || Très attentivement (→ Ombrer, cit. 1). || Très volontiers. Fam. || Très bientôt, à très bientôt (ces expr. ont été critiquées).
8 Heureusement, Villiers nous promet une grande édition de ses œuvres complètes, six volumes, — et quels ! pour très bientôt.
Verlaine, Poètes maudits, V.
Devant une loc. adv. ou prép. || Très à la hâte (→ Prêt, cit. 7, Rousseau). || Arriver très en avance. || Très en dessous de… (→ Stock, cit. 3). || Très au-delà de… (→ Immédiat, cit. 6).
9 Cette lettre vint très à propos pour eux (…)
Racine, Port-Royal, I.
10 Quand je parle de labourer la terre, je parle très à la lettre.
Voltaire, Correspondance, 1595, 19 déc. 1758.
4 (1370). Dans des locutions verbales d'état, composées des verbes faire et avoir et d'un substantif.
a (Devant un adjectif substantivé). || Il faisait très chaud ( Bigrement; → 1. Manche, cit. 6), très sombre (→ Mantelet, cit. 3). || Avoir très froid. || J'ai très mal à la tête. || « Elle s'était fait très mal » (R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, p. 60).
11 — Si vous sortez, repartit M. Leblanc, mettez ce pardessus. Il fait vraiment très froid.
Hugo, les Misérables, III, VIII, IX.
12 Comme j'avais très froid dans ce creux humide, j'en sortis par un sentier (…)
France, Jean Marteau, I, in Crainquebille, p. 218.
13 (…) l'Allemand se planta devant Élisabeth, sourit et grommela : — Beaucoup froid, aujourd'hui, Mademoiselle. — Oui, il fait très froid, dit-elle d'un ton sec.
H. Troyat, la Rencontre, III, I.
14 — J'avais mal aux reins, j'avais très mal (…)
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, X.
b (Devant d'autres substantifs). || Avoir très faim (cit. 17), très soif, très sommeil (cit. 7, Proust). || Avoir très peur, très envie. || Faire très attention.
15 (…) il ne trouvait du temps libre que quand il avait très envie d'une chose.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VI, 2, p. 27, in Damourette et Pichon, §974.
16 J'ai très peur des images, dit Bertrand (…)
A. Maurois, le Cercle de famille, III, IV.
17 Malgré la chaleur déjà étouffante, Angélo avait très soif de quelque chose de chaud.
J. Giono, le Hussard sur le toit, I.
17.1 (…) rien ne l'irrite autant que l'emploi de « très » devant des mots qui, comme il le dit très justement, ne comportent pas le comparatif (…) Avant qu'il me l'ait fait remarquer, je disais couramment : « J'ai très faim », ou « J'ai très sommeil », ou « J'ai très peur ».
Pourquoi pas tout de suite : « J'ai très courage » ou : « J'ai très migraine », m'a-t-il dit ?
Je crois comprendre la nuance (…) mais, maintenant, par crainte de me tromper, je n'ose presque plus employer le mot très.
Gide, l'École des femmes, in Romans, Pl., p. 1273.
17.2 Comme il avait très honte de l'air « mari » avec lequel il avait posé sa question, il baissa le nez (…)
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 203.
5 (XVe; Charles d'Orléans, Cf. Damourette et Pichon, §974). Absolt, fam. || Êtes-vous satisfait ? — Très. || Vous avez passé de bonnes vacances ? — Non, pas très, pas très bonnes.
18 — Et puis, voyons, il est intelligent. — Ou…i.
Mais pas très : car son œil n'est jamais ébloui.
Edmond Rostand, Chantecler, I, 4.
REM. En franç. d'Afrique et dans plusieurs constructions, très s'emploie fréquemment au sens de « trop » (I. F. A.).
CONTR. Faiblement, guère, légèrement, pas, peu.

Encyclopédie Universelle. 2012.