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brûler

brûler [ bryle ] v. <conjug. : 1>
• 1120; probablt altér. de l'a. fr. usler, lat. ustulare, p.-ê. sous l'infl. de l'a. fr. bruir
I V. tr.
1 Détruire par le feu. calciner, carboniser, consumer, embraser, 1. griller, incendier; fam. cramer. Brûler des papiers, des ordures, des mauvaises herbes. « plusieurs brouillons de lettres que nous brûlâmes » (Proust). Brûler des livres ( autodafé) . Brûler un cadavre. incinérer; crémation. Brûler un condamné sur un bûcher. On l'a brûlé vif.
Spécialt Consumer (pour un résultat utile). Brûler du bois, du charbon, du fioul, du gaz pour se chauffer, cuisiner. Absolt Alcool à brûler. Brûler une bougie pour s'éclairer. Par ext. Brûler de l'électricité. Brûler de l'encens, un cierge. Brûler de la poudre.
Fam. et vieilli Brûler qqn, le tuer avec une arme à feu. « Le premier qui flanche, je le brûle » (Maupassant). Se brûler la cervelle. Brûler ce qu'on a adoré. Brûler la chandelle par les deux bouts. Brûler ses dernières cartouches, ses vaisseaux. Brûler le pavé, les planches. Par ext. Brûler des calories ( catabolisme) .
2Altérer par l'action du feu, de la chaleur, d'un caustique. Brûler du linge en repassant. roussir. Brûler un gâteau. calciner. Elle s'est brûlé les doigts ( brûlure) . Se brûler les ailes.
Cautériser. Brûler les tissus au thermocautère, à la neige carbonique. Brûler une verrue.
3Produire les mêmes effets, les mêmes sensations qu'une brûlure. La neige brûle les mains. « la fièvre ardente qui la brûlait » (Zola). « ces escarres qui le brûlaient comme un fer rouge » (Martin du Gard).
Irriter. La fumée « brûlait ses yeux » (F. Mauriac).
Attaquer (un végétal) en desséchant. La gelée a brûlé les bourgeons. 1. griller.
Fig. Enflammer, enfiévrer. dévorer, embraser. « le feu d'amour qui me brûlait le sang » (A. Daudet). Loc. L'argent lui brûle les doigts, il ne peut le conserver.
4(1706) Passer sans s'arrêter à (un endroit prévu). L'autobus a brûlé l'arrêt. Brûler une étape, un feu rouge, un signal. 1. griller. Brûler la consigne , les étapes. Brûler la politesse à qqn.
II V. intr.
1Se consumer par le feu. Ce bois brûle lentement. Matière qui ne brûle pas. apyre, ininflammable, ignifuge, incombustible. Le tapis, le torchon brûle.
Flamber. Les bûches brûlaient dans la cheminée. La maison brûle. brasier, incendie.
Être calciné, trop cuit, à feu trop vif. Le rôti a brûlé.
Se consumer en éclairant. La bougie brûle. Par ext. Laisser brûler la lumière. « Ce grand Nagasaki où brûlent tant de quinquets à pétrole » (Loti).
2(Personnes ) Ressentir une sensation de chaleur intense, de brûlure, de fièvre. Brûler de soif.
Fig. Être passionné, animé d'une vive ardeur. Brûler d'impatience, d'envie. BRÛLER DE(et l'inf.) : être impatient de. « ces magistrats qu'il brûlait de confondre » (France). Vx BRÛLER POUR qqn, en être épris. « On dit qu'il a longtemps brûlé pour la princesse » (Racine). Dans les jeux de recherche, les devinettes, Être tout près du but. Tu brûles !
III V. pron. Subir une brûlure. Se brûler avec de l'eau bouillante. s'ébouillanter, s'échauder. Elle s'est brûlée à la main. S'immoler par le feu.

brûler verbe transitif (ancien français usler, du latin ustulare, avec influence de l'ancien français bruir, brûler, d'origine francique) Endommager ou détruire quelque chose par le feu : Brûler des papiers. Blesser quelqu'un, une partie du corps par le feu : L'eau bouillante l'a brûlé à la main droite. Tuer quelqu'un par le supplice du feu. Endommager, altérer quelque chose : Produit qui brûle les tissus. Soumettre une matière, une denrée à l'action du feu pour obtenir tel ou tel résultat : Brûler du café. Utiliser un combustible, une source d'énergie ; consumer : Brûler de l'électricité. Causer à quelqu'un une sensation de très forte chaleur, de douleur cuisante ; blesser par l'action d'une trop forte chaleur : Le soleil me brûle les yeux. Faire perdre le crédit de quelqu'un auprès d'une autre personne. Ne pas respecter un signal sur une voie de communication et en particulier ne pas s'y arrêter ; griller : La voiture a brûlé le feu rouge. Littéraire. Provoquer chez quelqu'un une excitation intense, un désir très vif. ● brûler (citations) verbe transitif (ancien français usler, du latin ustulare, avec influence de l'ancien français bruir, brûler, d'origine francique) Antonin Artaud Marseille 1896-Ivry-sur-Seine 1948 La vie est de brûler des questions. L'Ombilic des limbes Gallimard André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 L'art à tort tant décrié de brûler la chandelle par les deux bouts […]. Les États généraux Fontainebrûler (difficultés) verbe transitif (ancien français usler, du latin ustulare, avec influence de l'ancien français bruir, brûler, d'origine francique) Orthographe Avec un accent circonflexe sur le u (ainsi que dans les mots de la même famille : brÛlerie, brÛleur, brÛlis, brÛloir, brÛlot et brÛlure). ● brûler (expressions) verbe transitif (ancien français usler, du latin ustulare, avec influence de l'ancien français bruir, brûler, d'origine francique) Familier. Brûler la cervelle à quelqu'un, le tuer avec une arme à feu. Brûler la chandelle par les deux bouts, gaspiller sa santé, sa vie, sa fortune d'une manière inconsidérée. Brûler les lèvres (à quelqu'un), se dit d'une question, d'un propos que quelqu'un est impatient d'énoncer. Brûler les mains, les doigts (à quelqu'un), provoquer chez quelqu'un un vif sentiment de répulsion. Brûler les planches, jouer avec fougue comme si, embrasé d'un feu, on était prêt à le communiquer au plancher de la scène. Brûler la politesse à quelqu'un, passer devant lui, le quitter brusquement. Littéraire. Brûler ses vaisseaux, se priver de toute possibilité de retraite quand on se lance dans une entreprise hasardeuse. ● brûler (synonymes) verbe transitif (ancien français usler, du latin ustulare, avec influence de l'ancien français bruir, brûler, d'origine francique) Endommager ou détruire quelque chose par le feu
Synonymes :
- calciner
- carboniser
- embraser
- faire flamber
- incendier
Contraires :
- éteindre
Endommager, altérer quelque chose
Synonymes :
- corroder
Soumettre une matière, une denrée à l'action du feu pour...
Synonymes :
- griller
- torréfier
Causer à quelqu'un une sensation de très forte chaleur, de...
Synonymes :
- cuire
Contraires :
- geler
- glacer
- rafraîchir
- refroidir
Faire perdre le crédit de quelqu'un auprès d'une autre personne.
Synonymes :
- discréditer
brûler verbe intransitif En parlant d'un combustible, se consumer par le feu : Bois qui brûle trop vite. En parlant du feu, flamber : Feu qui brûle dans la cheminée. Se consumer en éclairant ou fonctionner, en parlant de l'électricité, d'une lampe : Ne laisse pas les lampes brûler pour rien. Être détruit, anéanti, altéré par le feu, se carboniser : La maison brûle. Être excessivement chaud : Son front brûle. Éprouver une sensation d'excessive chaleur : Brûler de fièvre. Être enflammé d'un sentiment très vif, du désir de faire quelque chose : Brûler d'impatience. Brûler de combattre. Vieux. Être amoureux de quelqu'un. Dans certains jeux, être sur le point de trouver : Tu y es presque, tu brûles !brûler (difficultés) verbe intransitif Orthographe Avec un accent circonflexe sur le u (ainsi que dans les mots de la même famille : brÛlerie, brÛleur, brÛlis, brÛloir, brÛlot et brÛlure). ● brûler (expressions) verbe intransitif Le torchon brûle, se dit d'un ménage, d'une amitié où s'est introduite la discorde. ● brûler (synonymes) verbe intransitif En parlant d'un combustible, se consumer par le feu
Synonymes :
- flamber
- se consumer
Être enflammé d'un sentiment très vif, du désir de faire...
Synonymes :
- griller de (familier)
- rêver de

brûler
v.
rI./r v. tr.
d1./d Consumer, détruire par le feu. Brûler des papiers, du bois.
Fig. Brûler ses vaisseaux: s'engager dans une affaire en s'ôtant tout moyen de retraite.
|| Spécial. Utiliser comme combustible ou comme luminaire. Brûler du charbon, de la bougie.
d2./d Causer une altération, une douleur, sous l'effet du feu, de la chaleur, d'un corrosif. Ce tison m'a brûlé. Acide qui brûle la peau. Brûler un plat, en le laissant cuire trop longtemps.
|| v. Pron. Je me suis brûlé.
|| Loc. fig. Se brûler la cervelle.
d3./d Soumettre au feu pour produire des modifications. Brûler du café, le torréfier.
d4./d Fig. Ne pas s'arrêter à. Brûler un feu rouge.
|| Loc. Brûler les étapes: progresser rapidement.
Brûler la politesse à qqn, partir sans prendre congé de lui.
|| THEAT Brûler les planches: jouer avec fougue.
d5./d Fig., Fam. Démasquer, compromettre. Brûler un espion.
|| v. Pron. Il s'est brûlé.
rII./r v. intr.
d1./d être consumé par le feu. La maison a brûlé.
|| Fig. Le torchon brûle.
d2./d Subir une cuisson trop prolongée. L'omelette brûle.
d3./d être très chaud. La tête me brûle.
|| Fig. être ardent, possédé d'un grand désir. Brûler d'impatience. Il brûle de vous voir.
Brûler à petit feu: être dans une grande anxiété.
d4./d Rester allumé (en parlant d'un appareil d'éclairage). La lumière du grenier a brûlé toute la nuit.
rIII/r v. Pron. (Québec) S'exténuer, ruiner sa santé. Se brûler à travailler la nuit.

⇒BRÛLER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— Détruire par le feu.
1. Brûler qqc.
a) [Brûler traduit l'idée de destruction] :
1. Fais-moi le plaisir de brûler cette lettre : la prudence l'exige.
Mme DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1787, p. 159.
2. Le lendemain, on est allé brûler les herbes sur le terrain. Il a fallu surveiller que ça n'aille pas plus loin.
GIONO, Regain, 1930, p. 173.
En partic. [En parlant d'une source d'énergie, de chaleur] Consommer pour se chauffer, s'éclairer. Brûler de l'électricité, du bois, du charbon. [En parlant de munitions] Brûler de la poudre :
3. Voilà des munitions, n'ayez pas peur de les brûler.
MAUPASSANT, Bel Ami, 1885, p. 157.
Brûler (faire) un cierge pour qqn. Appeler sur lui les faveurs divines :
4. Croyez-moi, mon ami, vous réussirez. D'abord, je ferai brûler des cierges pour vous dans la chapelle de saint Antoine.
A. FRANCE, M. Bergeret à Paris, 1901, p. 181.
En brûler une (pop.). Fumer une cigarette.
CARR. ,,Provoquer l'explosion des charges de poudre noire qui ont été préalablement disposées dans les perforations verticales pratiquées dans un banc de pierre, pour détacher un bloc de la masse`` (NOËL 1968).
Loc. Brûler la cervelle (à qqn). Lui tirer une balle dans la tête (cf. A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 401). Brûler sa santé, sa vie. Les détruire par ses excès (cf. A. DAUDET, Le Nabab, 1877, p. 38). Brûler ses yeux. Abîmer sa vue.
Au fig. ou p. métaph. Brûler ses chevaux, ses bottes, etc. Les malmener. Brûler la chandelle par les deux bouts. Compromettre sa santé par des excès (cf. E. AUGIER, La Contagion, 1866, V, p. 422). Brûler ses dernières cartouches. Utiliser ses dernières ressources, ses derniers arguments. Brûler ses vaisseaux. Se lancer hardiment dans une entreprise en se privant de toute possibilité de repli (cf. O. FEUILLET, Scènes et proverbes, 1851, p. 66).
b) [P. réf. à la destruction totale qu'opère le feu, l'idée dominante est celle du non respect d'une obligation, d'une coutume, etc.]
Loc. Brûler la consigne. Ne pas s'y conformer. Brûler la politesse (à qqn). Passer brusquement devant quelqu'un ou le quitter sans égards (cf. COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 110). Brûler un cours. Ne pas le suivre. Brûler une étape, un signal, un feu. Passer, ne pas s'y arrêter.
Au fig. [Avec idée de hâte, d'impatience] Brûler les étapes. Chercher à atteindre un but sans observer les obligations inhérentes à la voie normale (cf. A. POMMIER, Les Russes, 1854, p. 23).
P. méton. Brûler le quartier. Laisser des dettes (cf. ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 644).
Arg. Brûler le dur. ,,Prendre le train sans le payer`` (ESN. 1966).
c) [P. réf. à la rapidité du feu, l'idée dominante est celle de vitesse ou d'entrain] Brûler le pavé. Parcourir à grande vitesse (cf. A. DAUDET, Le Nabab, 1877, p. 1). Brûler les planches. [En parlant d'un acteur] Jouer avec un entrain, une chaleur communicatifs (cf. PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 201).
2. Brûler qqn.
Faire subir le supplice du feu :
5. ... je suis inquisiteur (...) J'ai fait brûler vingt hérétiques par an...
MÉRIMÉE, Le Théâtre de Clara Gazul, 1825, p. 131.
Tour ell. Pour brûler la cervelle (cf. supra) :
6. Alors je tirai mon revolver : « Le premier qui flanche, je le brûle ».
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Les Idées du Colonel, 1884, p. 249.
Gén. au passif. Être brûlé. Être démasqué :
7. Mais si on me les avait changés, mes agents! ... Ils n'étaient pas bien à craindre. Ils étaient brûlés.
A. FRANCE, M. Bergeret à Paris, 1901, p. 174.
B.— Produire une brûlure.
1. Brûler qqc.
[En parlant du feu, du froid, d'une substance chim. caustique, d'une électrode, d'une source de chaleur, d'éléments radioactifs, etc.] Produire une brûlure ou une sensation comparable à celle d'une brûlure :
8. Mettez beaucoup de graisse sur les souliers de chasse et très peu de cirage sur les bottines. Ça les brûle.
RENARD, Poil de Carotte, 1894, p. 104.
En partic., TYPOGR. Brûler le papier. Le glaçage excessif « brûle » le papier, en le recouvrant d'une teinte grisâtre (E. LECLERC, Nouv. manuel complet de typogr., 1932, p. 554).
Au fig. Enflammer d'un désir violent :
9. Elle [Mme de Burne] lui plaisait [à Mariolle] par un charme qu'il ne comprenait pas (...) il était résigné à tout souffrir plutôt que de la perdre encore, résigné à cet éternel désir devenu dans ses veines une sorte d'appétit féroce jamais rassassié, et qui brûlait sa chair.
MAUPASSANT, Notre cœur, 1890, p. 506.
Le pavé lui brûle les pieds. Avoir hâte de partir.
Brûler les doigts, la main, les lèvres. Provoquer une certaine impatience ou susciter un sentiment de répulsion à l'égard de quelque chose. Il avait bien encore quelque chose à demander, une question qui lui brûlait le bord des lèvres (A. DAUDET, Jack, t. 1, 1876, p. 179) :
10. ... si cet argent doit vous brûler les doigts, il y a une chose bien simple : ne prenez que la dot de votre sœur et laissez-moi le reste.
E. AUGIER, La Contagion, 1866, V, p. 467.
Soumettre à l'action (excessive) d'une source de chaleur. Le soleil brûle la terre, brûler un mets.
En partic. [En vue d'un résultat déterminé] Brûler du café (cf. torréfier), brûler du vin (cf. distiller).
2. Brûler qqn.
Faire éprouver une sensation de brûlure, de chaleur intense. Le soleil nous brûle :
11. La lune se levait, derrière les garrigues. L'Abbé Mouret, que la fièvre brûlait davantage, ouvrit la fenêtre, s'accouda, pour recevoir au visage la fraîcheur de la nuit.
ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1307.
Au fig. :
12. S'ils n'eurent point d'hésitation, si le remords ne les vint pas brûler, et les épouvanter de leur crime, eux qui avaient reçu tant de bienfaits du duc, et auxquels il restait si peu d'années à attendre, pour être au comble de leurs vœux, on sera bien tenté de croire à quelque impulsion du mauvais ange, qu'aucune philosophie ne saurait expliquer.
BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 320.
Lang. class. Rendre très passionné ou fortement épris :
13. Elle [la passion de la chasse] les brûlait [les deux frères], les ayant envahis tout entiers...
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Le Loup, p. 1242.
II.— Emploi intrans.
A.— [Le suj. désigne une chose]
1. Être en état de combustion pour être détruit ou éventuellement pour produire chaleur ou lumière :
14. Dans des lanternes scellées aux murs, des flammes de gaz brûlaient, éclairant crûment cette misère, dégageant une chaleur qui montait et s'amassait sous la spirale étroite des étages.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1222.
P. métaph. :
15. Puisque le souvenir de nos grandes batailles
Ne brûle pas en eux comme un sacré flambeau;
(...)
Puisqu'ils t'ont refusé la pierre d'un tombeau;
C'est à nous de chanter un chant expiatoire!
HUGO, Les Rayons et les ombres, À Laure, duchesse d'A., 1840, p. 1055.
2. Être détérioré par une chaleur trop forte. Le rôti brûle.
En partic. ,,Chauffer trop fortement un verre, du fer, etc., de sorte que certaines propriétés sont détruites`` (DUVAL 1959).
3. Causer une sensation analogue à celle d'une brûlure :
16. Mon cœur bat! mon cœur bat! Mon sein brûle et m'entraîne!
VALÉRY, La Jeune Parque, 1917, p. 103.
Fig. Le torchon brûle. La bonne entente ne règne pas (cf. ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 685). Le tapis brûle. [Au jeu de poker] On a oublié de miser.
B.— [Le suj. désigne un être vivant ou une partie du corps]
Éprouver une sensation de chaleur. Brûler de fièvre.
En partic. [En parlant d'une partie du corps] La bouche me brûle. La gueule lui en brûle (FLAUBERT, Correspondance, 1861, p. 432).
♦ [En termes de jeu] Être près du but; toucher à ses fins :
17. ... comme Buteau rentrait à l'improviste, il aperçut Fouan par terre, étendu tout de son long sur le ventre, et le nez sous la commode en train d'étudier s'il n'y avait pas là une cachette. Cela le jeta hors de lui, car le père brûlait : ce qu'il cherchait dessous était dessus...
ZOLA, La Terre, 1887, p. 416.
Au fig. [Le suj. est un être vivant ou, p. méton. cœur, âme, etc.] Éprouver de vifs sentiments :
18. ... elle [Denise] acquit la certitude que les regards ardents du commis s'adressaient à Clara. Il y avait des mois qu'il brûlait ainsi...
ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 515.
Les pieds lui brûlent. Il a hâte de partir (cf. CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 558).
Vieux
Brûler pour + subst. Être épris de :
19. ... je murmurais, tout en marchant, au petit coquillage rose de son oreille oblique : « Hermione, je brûle pour vous »...
L. DAUDET, La Recherche du beau, 1932, p. 100.
Brûler de + subst. :
20. C'était la brutalité dernière d'une colossale partie, cent mille spectateurs (...) brûlant du même besoin de hasard, derrière ces bêtes dont le galop emportait des millions.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1403.
Brûler de + inf. Éprouver, parfois en les manifestant, un désir intense, une envie, etc. :
21. ... le nouveau-né criait dans la pièce voisine, et l'accoucheur arriva au milieu du repas : mon hôte brûlait de voir sa femme et son enfant...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, 1811, p. 27.
III.— Emploi pronom.
A.— Subir volontairement ou accidentellement les effets du feu, d'une trop forte chaleur. Se brûler les doigts, se brûler au visage :
22. Enfin, au risque de se brûler et de s'écraser vingt fois, ils parvinrent à détacher le cendrier.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 151.
Au fig.
Se brûler; se brûler les ailes; se brûler à la flamme, à un jeu. Se laisser aller à la tentation :
23. Sortons de ce Casino où des hommes, d'imagination certes, mais d'une imagination peu ornée, mes frères sans doute, mais de quel lit! cherchent comme moi l'échauffement, et à ce jeu se brûlent.
BARRÈS, Un Homme libre, 1889, p. 226.
Se brûler les yeux et le cerveau. Déformer irrémédiablement sa façon de voir :
24. — (...) Mais, ajouta-t-il, avec une sorte de mélancolie lyrique, les vrais cyniques sont rares. Je donnerais un an de ma vie pour en connaître un à fond, pour vivre avec lui.
— On s'y brûle les yeux et le cerveau, dis-je avec un orgueil que je ne pus vaincre et tout frémissant de joie, car cette faveur du destin, je l'avais connue et surmontée.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 32.
B.— Éprouver la sensation d'une brûlure :
25. C'est la vie de Paris qui le veut. On se brûle l'estomac. Qu'est-ce que vous deviendriez (...) si le père Crainquebille vous apportait pas de légumes fraîches (...). Vous seriez en feu.
A. FRANCE, Crainquebille, version pour la scène, 1905, III.
PRONONC. :[], (je) brûle []. Durée mi-longue sur [y] à l'inf. et durée longue pour la forme conjuguée dans PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930. Cf. aussi FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 qui rappellent : ,,on écrivait autrefois brusler`` et souligne ,,la 1re est encore plus longue devant l'e muet : il brûle, il brûlera``. Cf. encore LAND. 1834, GATTEL 1841 et DG. Enq. :// (il) brûle.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) Ca 1120 bruller « consumer, endommager par l'action du feu » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, LXXXII, 13); 1re moitié XIIe s. intrans. « être consumé par l'action du feu » (Pèlerinage Charlemagne, éd. P. Aebischer, 479); 1er quart XIIIe s. fig. (G. DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, 8870 dans T.-L.); b) spéc. 1636 « consumer qqc. par l'action du feu (pour en tirer du chauffage ou de l'éclairage) » (MONET, Invantaire des deus langues, fr. et lat., Lyon, s.v. Etant); c) loc. fig. et proverbiales 1611 brusler la chandelle par les deux bouts (COTGR.); 1690 brûler de l'encens devant qqn (FUR.); 1690 jeux le tapis brûle (ibid.); 2. a) ca 1180 « dessécher » (Alexandre, éd. H. Michelant, p. 279, 31); d'où 1688 brûler de « être consumé par (la soif, etc.) » (G. MIEGE, The Great French dictionary, London); b) 1539 « être très chaud » (P. VERNEY, Presaiges d'Hyppocras, II dans GDF. Compl.); 3. 1538 fig. « être possédé de » notamment brûler d'amour (EST.); 4. 1710 « ne pas s'arrêter à, supprimer (une étape, un relais) » (RICH., s.v. étape); 5. a) 1829 jeux « être tout près de l'objet caché, être près du but » (BOISTE); b) 1828-29 arg. « démasquer, dénoncer (un espion) » (F. VIDOCQ, Mémoires, 3, p. 142).
La seconde partie de (br)usler, a. fr. uiller, usler « brûler » (1121-1135, PH. DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 2050) est issue du verbe lat. « brûler », fréq. de ; ce même verbe est à l'orig. de l'ital. brustolare, abbrustolire, abbruschiare (DEI). L'orig. du br- initial est très discutée; 2 groupes d'hyp. : A. Le fr. est à dissocier des formes ital.; cette hyp. semble la plus probable. Brûler serait issu du croisement entre usler et l'a. fr. bruir « brûler », d'orig. frq., v. ce mot (FEW t. 14, p. 81b, 1re hyp.; Brüch dans Arch. St. n. Spr., t. 159, p. 284; BL.-W.5). Le br- des formes ital. serait dû à un croisement avec une base méditerranéenne brusa (dont est issu le verbe ital. bruciare « brûler », par l'intermédiaire d'un lat. vulg. brusiare) (DEI, s.v. brustolare, bruciare; FEW, loc. cit.; BL.-W.5). B. Le br- de brûler et celui des formes ital. sont de même orig.; divers étymons sont proposés : 1. croisement avec un gaul. brusiare « brûler » (Hubschmid dans Vox rom., t. 12, 1951, p. 117, hyp. reprise par FEW, loc. cit., 2e hyp. et EWFS2), mais aucun corresp. des lang. celt. ne vient étayer ce gaul.; 2. lat. bustulare, tiré de combustulare, lui-même issu, par changement de préf., de ambustulare (dont le part. passé est attesté par PLAUTE, Rudens, 770 dans TLL s.v.), compris am-bustulare (Niedermann dans Festschrift Gauchat, p. 40 sq.); cette hyp. a sur ce point l'avantage de faire appel à un procédé de formation bien attesté : c'est en effet sur amburere (= ambi- « de côté et d'autre, autour » -urere, amb-devant voyelle, cf. ambiguus, ambulo) interprété à tort am-burere (am-, an- étant la forme de ambi- employée devant consonne, cf. ancilla, amplector, ERN.-MEILLET, s.v. ambi-) qu'ont été formés le lat. bustum « bûcher » et comburere « brûler » (ibid., s.v. urere), cf. aussi le lat. médiév. burere « brûler » (769-775 dans Mittellat. W. s.v.); l'explication de -r- fait difficulté : DEI, s.v. abbruschiare, en rend compte par infl. du lat. bruscus « nœud de l'érable », mais cela fait difficulté du point de vue sém.; Niedermann (v. aussi COR., s.v. brulote) le considère comme épenthétique et émet l'hyp. d'un dédoublement dans le mot de base lat., du -l- présent, par accroissement assimilateur du phonème, et d'un transfert dissimilateur du -l- nouvellement introduit, en -r-, cf. lat. fundula (dér. du lat. funda « fronde ») > flundula > a. fr. frandole; 3. lat. brustulare (Ascoli dans Archivio glottologico italiano, t. X, p. 41) formé sur brustus, part. passé tiré, par interprétation erronée, de combrurere, issu d'une forme pop. co-amfr-urere, co-ambr-urere (cf. osque amfr-, ombrien ambr-, corresp. au lat. amb(i)-) pour co-amb-urere; la répartition des formes ital. (v. DEI, s.v. brustolare, abbruschiare) rend cette hyp. inacceptable.
STAT. — Fréq. abs. littér. :5 542. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 6 966, b) 9 716; XXe s. : a) 9 407, b) 6 760.
BBG. — ALESSIO (G.). Un Antico termine di cucina : « arrossire allo spiedo » (> fr. brûler, it. abbrustolare, ecc.). Neuphilol. Mitt. 1936, t. 37, pp. 289-293. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 231. — DAUZAT (A.). Notes étymol. Les mots de la famille de boue; boue « grotte »; boudrée « buse »; brûler, fr. prov. bucla. Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 316-317. — DUCH. 1967, § 13, 14, 50, 57. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — HUBSCHMID (J.). Span. bruja « Hexe » und Wörter für atmospherische Erscheinungen. Vox rom. 1951, t. 12, pp. 112-119. — RICE (C.C.). Romance etymologies. P.M.L.A. 1911, t. 26, n° 2, p. 335. — ROG. 1965, p. 96, 116, 236. — SIGURS 1963/64, p. 489, 551.

brûler [bʀyle] v.
ÉTYM. 1120; orig. incert., probablt altér. de l'anc. franç. usler, lat. ustulare, p.-ê. sous l'infl. de l'anc. franç. bruir (→ Bruir); pour Guiraud, la parenté avec ustulare est secondaire : brûler serait issu d'une forme romane bruscitulare, diminutif de brusciare et de brusculare « flamber superficiellement (qqch.) avec de la bruyère », du roman bruscum « bruyère ».
———
I V. tr.
1 Détruire par le feu. Calciner, carboniser, consumer, embraser, griller, incendier. || Brûler un tas de vieux papiers, des mauvaises herbes dans le jardin. || Brûler des bûches dans la cheminée. || Les ennemis ont brûlé les villes, les maisons, les forêts, les moissons. Incendier (plus cour. dans ce contexte). || « Le corps et la tête furent brûlés sur un bûcher où l'on jeta aussi le Dictionnaire Philosophique » (Lanson).
1 Vous amasserez aussi au milieu des rues tous les meubles qui s'y trouveront, et vous les brûlerez avec la ville, consumant tout en l'honneur du Seigneur votre Dieu, de manière que cette ville devienne comme un tombeau éternel.
Bible (Sacy), Deutéronome, XIII, 16.
2 Il (Napoléon) affecte de railler ces Russes, « qui brûlent leurs maisons pour nous empêcher d'y passer la nuit ».
J. Bainville, Napoléon, t. II, 21.
2.1 Olivier répéta :
— Brûlez, brûlez-les, Any.
D'un même geste de ses deux mains, elle lança dans le foyer les deux paquets de papiers qui s'éparpillèrent en tombant sur le bois (…) Ce fut bientôt, tout autour de la pyramide blanche, une vive ceinture de feu clair qui emplit la chambre de lumière; et cette lumière illuminant cette femme debout et cet homme couché, c'était leur amour brûlant, c'était leur amour qui se changeait en cendres.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 348-349.
2.2 Nous fîmes plusieurs brouillons de lettres que nous brûlâmes, puis l'heure du dîner arrivant, nous décidâmes de nous en tenir au dernier, qui nous sembla alors le plus mauvais et nous fit regretter d'avoir brûlé les autres.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 184.
Brûler un cadavre (dans un four crématoire). Incinérer. || Brûler qqn, brûler vif un condamné par le supplice du feu ( Autodafé, bûcher).
2.3 (…) d'après ton rêve et ton principe
L'enfer dans le bûcher s'éteint et se dissipe
De sorte que la flamme envoie au ciel les morts
Et que, pour sauver l'âme, il faut brûler le corps.
Hugo, Torquemada, Prologue.
3 (…) il ne faut pas brûler ses compatriotes pour des arguments.
Voltaire, Lettre à Gallitzin. → Argument, cit. 5.
4 Sire, tu veux jeter ta femme en ce brasier, c'est bonne justice, mais trop brève. Ce grand feu l'aura vite brûlée, ce grand vent aura vite dispersé sa cendre. Et quand cette flamme tombera tout à l'heure, sa peine sera finie.
J. Bédier, Tristan et Iseut, p. 91.
Brûler qqn à petit feu, lentement.
5 (…) cette pauvre diablesse de Voisin, qui est, à l'heure que je vous parle, brûlée à petit feu à la Grève.
Mme de Sévigné, 783, 21 févr. 1680.
5.1 Tu ne sais pas, toi, tu ne sais pas que si je meurs avant d'avoir mené à bien leur œuvre maudite, ils m'ont promis de te brûler à petit feu !… à petit feu ! entends-tu !
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 141.
REM. L'expression s'emploie aussi à l'intransitif (→ ci-dessous, II.).
6 C'est brûler à petit feu, ce me semble, que de savourer ainsi dix ou douze jours une violente inquiétude (…)
Mme de Sévigné, 568, 14 août 1676.
(En parlant du feu). Détruire en consumant. Dévorer, embraser. || Les flammes ont tout brûlé. || Un feu qui brûle et détruit (→ Ardent, cit. 10).
Livrer (qqch.) au feu volontairement, pour détruire, et, notamment, de manière symbolique. || Brûler un livre de la main du bourreau. Autodafé. || Brûler des idoles, des emblèmes, en signe d'exécration.
7 Il sortit de la maison de l'Éternel l'idole d'Astarté, qu'il transporta hors de Jérusalem vers le torrent de Cédron; il la brûla au torrent de Cédron et la réduisit en poussière (…)
Bible (Segond), II Rois, XXIII, 6.
8 Philippe-le-Bel fit brûler à Paris cette bulle, et publier à son de trompe cette exécution (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Bulle.
9 Doux Sicambre, incline le col, adore ce que tu as brûlé, dit le prêtre qui administrait à Clovis le baptême d'eau.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 9.
Loc. Brûler la cervelle à qqn, le tuer d'une balle dans la tête.
2 Fig. et métaphorique (souvent en locution).
(1706). Passer sans s'arrêter à (un point d'arrêt prévu). || Le convoi a brûlé la station. || Brûler un signal, un feu rouge. Griller. || Brûler une étape (cit. 5), ne pas s'y arrêter.
10 Le navire qui le conduisait en extrême Asie avait ordre de se hâter, de brûler les relâches.
Loti, Pêcheur d'Islande, IX, p. 110.
10.1 Le métro brûle un tas de stations, ça fait étrange.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 395.
10.2 — Ne dépasse pas la vitesse réglementaire.
— Compris.
— Évite surtout de brûler les feux rouges. Pour ne pas se faire prendre en chasse, évidemment.
G. Simenon, Feux rouges, p. 53.
(Av. 1789 « laisser impayé », in Esnault). Argot (vieilli). Brûler le dur : prendre le train sans payer.Brûler le bateau :
10.3 Dans mon portefeuille, j'avais la lettre d'un copain. Il m'écrivait qu'il était en taule à Bordeaux pour trois mois parce qu'il avait « brûlé le bateau en rentrant du Venezuela ». « Brûler le bateau », en argot, ça veut dire faire le trajet clandestinement, sans payer, comme on dit pour les trains : « brûler le dur ».
Francis Guillo, le P'tit Francis, p. 71.
Fig. Brûler les étapes : atteindre un but sans suivre la filière normale, sans observer les formes, les délais d'usage.
Brûler la consigne, ne pas s'y conformer (→ Manger la consigne).
Brûler la politesse à qqn : partir brusquement, sans prendre congé. Filer, enfuir (s').
Fig. Surmener, user prématurément. || Brûler sa santé, sa vie.Brûler ses chevaux. — ☑ Loc. métaphorique. Brûler ses bottes.
11 Empressés, inquiets, sentant la fièvre et se rongeant les ongles, c'étaient des gens surchauffés, qui brûlaient leurs bottes, leurs chevaux, leur vie.
France, Jocaste, II.
Brûler ses vaisseaux : accomplir un acte après lequel toute retraite, tout recul, tout revirement est impossible. → Précéder, cit. 3. (Allusion à la conduite d'Agathocle de Syracuse, de Guillaume le Conquérant, de Fernand Cortez, qui, décidés à vaincre ou à mourir, brûlèrent leurs navires pour s'interdire toute possibilité de se rembarquer).
11.1 (…) si (…) obéissant à je ne sais quel insidieux mot d'ordre vous ne désarmiez pas, mais vous confiniez dans une opposition stérile qui semble pour certains l'ultima ratio de la politique, si vous vous retiriez sous votre tente et brûliez vos vaisseaux, ce serait à votre grand dam (…)
Proust, le Côté de Guermantes, éd. Folio, p. 295.
Brûler les ponts (cit. 10) derrière soi (même sens).
Littér. ou vx. Brûler le pavé : se déplacer à toute allure.Brûler le terrain (même sens).
12 À mesure que les roues (de la berline) brûlaient le pavé du faubourg, les voyageurs oubliaient leurs soucis.
France, Les dieux ont soif, p. 102.
13 Il lui ôta son bonnet (…) et s'en alla, souple, rapide, brûlant le pavé avec une envie de sauter et de courir (…)
Loti, Matelot, XXXII, p. 129.
14 La Biche aux cornes d'or que n'atteint pas la fronde
Qui, de ses quatre pieds qui brûlent le terrain,
Fait flamber l'herbe au feu de ses sabots d'airain !
H. de Régnier, les Médailles d'argile, « Bûcher d'Hercule ».
Brûler les planches : jouer avec une fougue communicative.
15 Il (le comédien) doit être froid en brûlant les planches et rester tranquille au milieu des plus grandes furies.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, X.
3 (1636). Faire brûler (un combustible, un objet destiné à produire du feu). || Brûler du bois, du charbon, du gaz, du pétrole… pour se chauffer, pour faire la cuisine.
Brûler une chandelle, une bougie, de l'huile, pour s'éclairer.
Loc. fig. Brûler la chandelle par les deux bouts (cit. 16).
16 Il brûle au feu la moitié de son bois,
Avec cette moitié il cuit de la viande,
Il apprête un rôti et se rassasie;
Il se chauffe aussi, et dit : Ha ! ha !
Je me chauffe, je vois la flamme !
Bible (Segond), Esaïe, XLIV, 16.
Vieilli. || Brûler une cigarette. Fumer; griller (fam.). || En brûler une.
Par ext. Consommer (de l'énergie). || Brûler de l'électricité.
4 Faire brûler (en symbole de qqch.). || Brûler un cierge, des parfums, de l'encens, en l'honneur de la divinité ou d'un personnage sacré. Sacrifice; → Brûle-parfum, cassolette, encensoir. || Brûler un cierge à saint Antoine.
17 Et il (Moïse) brûla dessus (sur l'autel) l'encens composé d'aromates, selon que le Seigneur le lui avait commandé.
Bible (Sacy), Exode, XL, 25.
18 Un passager, pendant l'orage,
Avait voué cent bœufs au vainqueur des Titans.
Il n'en avait pas un (…)
Il brûla quelques os quand il fut au rivage :
Au nez de Jupiter la fumée en monta.
La Fontaine, Fables, IX, 13.
Loc. fam. Brûler un cierge, une chandelle à qqn, éprouver pour lui de la reconnaissance.
Vx. Brûler de l'encens devant quelqu'un. Aduler, flagorner, flatter.
5 Faire exploser, détoner (une substance explosive). || Brûler de la poudre, une amorce. || Brûler quelques cartouches. Tirer.
Loc. fig. Prendre une ville sans brûler une cartouche, une amorce (vx), sans avoir à tirer, à se battre. — ☑ Brûler ses dernières cartouches.
6 a (1884, Maupassant). Fam. et vieilli. || Brûler qqn, le tuer avec une arme à feu.
18.1 Descendez donc avec moi, que nous parlions affaires dans un endroit tranquille. Si vous n'êtes pas sage, je vous brûle. Descendez, cher ami.
Aragon, Anicet, VIII, p. 118.
18.2 Fais comme les autres, que je lui ai dit, ou je te brûle !
Roger Vercel, Capitaine Conan, XV, p. 242.
b (1828, Vidocq). Vx. Dénoncer, démasquer.(Sujet n. de chose). Compromettre, discréditer (qqn); faire connaître (de la police, etc.). || Cette dernière trahison l'a brûlé auprès de ses complices (surtout au p. p., dans ce sens; → ci-dessous Brûlé, p. p., 6.).
7 (V. 1180, « dessécher »). Altérer par l'action du feu, de la chaleur, et, par ext., d'un caustique, d'un corrodant. || Brûler un vêtement, du linge au repassage. Cramer, roussir. || L'eau-forte brûle le linge.
Brûler un rôti. Calciner.Par ext. || Brûler un plat en le faisant trop cuire.
19 L'un me brûle mon rôt en lisant quelque histoire (…)
Molière, les Femmes savantes, II, 7.
Attaquer, tuer (un végétal) en desséchant. || Le soleil, le vent brûlent les arbres. || La gelée a brûlé les bourgeons. Griller. || Vignes brûlées par le soleil. Brouir.
19.1 Il est vrai que la mer ne montait pas à la même hauteur chaque année. Mais elle montait toujours suffisamment pour brûler tout, directement ou par infiltration.
M. Duras, Un barrage contre le Pacifique, p. 25.
Cautériser (volontairement). || Brûler les tissus au thermocautère, à la neige carbonique.
Soumettre à la torréfaction. Griller, torréfier. || Brûler du café.
Vx ou régional. Distiller. || Brûler du vin.
19.2 Mais la qualité du feu tient à celle du bois. Car on ne « brûle » jamais du vin qu'au bois. Un « brûleur » de profession n'acceptera pas de distiller avec des bûches quelconques.
Joseph de Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 53.
8 (Sujet n. de chose). Chauffer au point de donner une sensation de brûlure, de desséchement. || Le soleil, le vent brûle le visage.Une liqueur qui brûle le gosier. || Un feu me brûle (→ Ardent, cit. 14).La fièvre le brûlait.
20 Le vent du sud brûle l'atmosphère.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, p. 149.
21 (…) je sens un feu qui me brûle au-dedans,
Et veux chercher ici quelque herbe salutaire.
La Fontaine, Fables, IV, 12.
22 Oh ! les pleins midis tombant d'aplomb sur la rivière, il me semble qu'ils me brûlent encore.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Le pape est mort ».
23 Dans la fièvre ardente qui la brûlait, sa volonté, au fond d'elle, semblait se bander et résister au délire, tellement elle craignait de parler.
Zola, la Terre, p. 170.
24 Les mouvements qu'il venait de faire avaient ravivé au creux du dos ces escarres qui le brûlaient comme un fer rouge.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, II, p. 131.
Irriter (une partie du corps).
25 (…) la fumée résineuse et refoulée brûlait ses yeux, irritait sa gorge déjà malade à cause du tabac.
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, p. 186.
(Avec un pron. personnel compl. d'objet indirect). || Cet alcool lui brûlait l'estomac.
25.1 (…) la fumée de la cigarette lui brûlant cette fois les lèvres pour de bon, la cigarette (…) lui brûlant en même temps les doigts de sorte que sa main sursauta vivement.
Claude Simon, le Palace, p. 139.
Fig. Le pavé lui brûle les pieds : il a hâte de partir (→ ci-dessous, cit. 40 et supra).
26 Dès lors, le pavé de Plassans lui brûla les pieds. On le vit rôder sur les promenades comme une âme en peine. Puis il se décida brusquement, il partit pour Paris.
Zola, la Fortune des Rougon, II, p. 74.
9 Fig. (Sujet n. de chose; compl. n. de personne). Enflammer, enfiévrer. Dévorer, embraser.
27 (…) cette soif de l'or qui le brûlait dans l'âme (…)
Boileau, Satires, X.
28 Je la vis entourée; je me rapprochai d'elle. J'entendis autour de moi des mots qui me brûlèrent : j'étais jaloux.
E. Fromentin, Dominique, XII.
29 Dieu m'est témoin que, malgré le feu d'amour qui me brûlait le sang, aucune mauvaise pensée ne me vint (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, V.
(Sujet n. de personne; compl. n. de chose). Consumer (fig.).
30 Quels secrets dans son cœur brûle ma jeune amie (…)
Valéry, Poésies, « La dormeuse ».
Par métaphore du sens concret :
31 (…) l'homme était entre elles comme un brandon insensible qui les brûlait toutes deux.
Edmond Jaloux, les Visiteurs, V, p. 52.
(Dans le langage précieux). Rendre amoureux, ardent.
32 Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle (…)
Corneille, Polyeucte, I, 1.
33 Il a sa belle femme avec lui : elle brûlerait Rennes, si elle y était plus de quatre jours.
Mme de Sévigné, 1214, 11 sept. 1689.
———
II V. intr. (Après 1150).
1 Se consumer par le feu. || Un bois qui brûle lentement. || Le bois d'aune brûle rapidement en donnant une chaleur vive. || La ville a brûlé pendant trois jours. || Sa maison a brûlé complètement, entièrement.Par métaphore. || « Le péché brûle avec le vil haillon charnel » (→ 1. Bûcher, cit. 4.1).
Loc. fig. Le torchon brûle.Le tapis brûle.
Flamber. || Le feu qui brûle dans la cheminée. || Le feu ne veut pas brûler. Prendre.
34 Du feu toujours ardent qui brûle pour nos dieux.
Racine, Britannicus, V, 8.
35 Alors le Seigneur lui apparut dans une flamme de feu qui sortait du milieu d'un buisson; et il voyait brûler le buisson sans qu'il se consumât.
Bible (Sacy), Exode, III, 2.
35.1 Rubis de la fournaise ! ô braises ! pierreries !
Flambez, tisons ! brûlez, charbons ! feu souverain,
Pétille ! luis bûcher ! prodigieux écrin
D'étincelles qui vont devenir des étoiles !
Hugo, Torquemada, III, 5.
36 Mon foyer, si modestement campagnard, ne brûlait pas tout bonnement, comme les autres (…)
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 85 (→ Foyer, cit. 4).
Être calciné, mal cuit, à feu trop vif. || La soupe a brûlé. || Le rôti brûle. || Ça a failli brûler.
37 — La soupe est prête ?
— Oui, madame, mais ce galampian nous a mis tellement en retard, qu'elle a failli brûler vingt fois !
H. Bosco, l'Âne Culotte, p. 21.
Se consumer en éclairant. || La bougie brûle encore.
Par ext. || Une lampe brûle. || Laisser brûler la lumière, l'électricité.
38 Ce grand Nagasaki où brûlent tant de quinquets à pétrole, où papillotent tant de lanternes de couleur (…)
Loti, Mme Chrysanthème, I, 12, p. 84.
38.1 (…) la secrétaire occupait un ancien placard à linge sale, sans fenêtre, où l'électricité brûlait du matin au soir et n'ayant guère plus de largeur que sa machine à écrire.
M. Aymé, Travelingue, p. 145.
2 (1688). Fig. Éprouver la sensation d'une brûlure, d'une irritation, d'une chaleur très vive, d'une extrême sécheresse; être brûlant. || Brûler de soif, de fièvre.
39 Elle (Mathilde) ne frémissait plus. Elle entrait dans la fournaise d'une fièvre atroce et brûlait tout entière comme un jeune pin.
F. Mauriac, Génitrix, p. 56.
(Avec un pron. compl. indirect). || La gorge, l'estomac me brûle, lui brûle. || Ça me brûle. — ☑ Fig. Les mains lui brûlent : il est impatient d'agir. — ☑ Les pieds lui brûlent : il a hâte de partir (→ ci-dessus, cit. 26 et supra, autre construction de sens analogue).
40 Les pieds me brûlaient à Paris; je ne pouvais m'habituer au ciel gris et triste de la France, ma patrie (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, 13.
3 (1538). Sujet n. de personne ou d'abstraction humaine. Par métaphore (vx ou littér.) et fig. (littér.). Être animé d'une vive ardeur. Arder (vx). || Brûler de la même ardeur (cit. 12, 20). || Cœur, âme qui brûle. || Brûler d'amour, de zèle, de curiosité, d'impatience.
41 Ah ! Quel étrange amour ! et que les belles âmes
Sont bien loin de brûler de ces terrestres flammes !
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
42 Au foyer de ces problèmes l'âme de la Convention brûlait.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. IV, p. 371.
43 Âme de feu dans un corps débile (Napoléon). Volonté de fer, esprit qu'agitait un cœur effréné, fortifiant son génie naturel de ses passions mêmes, brûlant de toutes les ardeurs — les plus hautes et les pires — celles de l'amour et celles de la haine (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. V, L'avènement de l'Empire, XII, 174.
Exprimer avec intensité l'ardeur, la passion.
44 Dans ce visage d'enfant, brûlait un regard attestant la maturité, l'autorité.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Jardin des bêtes sauvages, II, p. 237.
Vx (dans le langage précieux). || Brûler pour qqn, en être amoureux. Languir (cit. 17).
45 Télamon pour Chloris avait l'âme embrasée,
Chloris pour Télamon brûlait de son côté (…)
La Fontaine, les Filles de Minée, 302-303.
46 On dit qu'il a longtemps brûlé pour la princesse.
Racine, Andromaque, I, 3.
Littér. || Brûler que (vx) : être impatient que… (cit. 48, ci-dessous). Mod. || Brûler de (suivi d'un inf.) : être impatient de…
47 Mais je vois que déjà vous brûlez de me suivre.
Racine, Athalie, IV, 3.
48 Achille… Vous brûlez que je ne sois partie.
Racine, Iphigénie, II, 5.
49 (…) et pensant à ces magistrats qu'il brûlait de confondre (…)
France, Les dieux ont soif, p. 198.
4 (1829). À certains jeux ou devinettes. Être tout près de découvrir l'objet caché, la solution. || Vous brûlez.
49.1 Un savant s'approche de la vérité, il la flaire; il « brûle », comme on dit dans les jeux enfantins (…)
Jean Rostand, Esquisse d'une histoire de la biologie, p. 236.
50 — Allez, plus vite ! Plus vite !
Vas-y Médor !
Hé tu brûles ! Tu brûles !
J.-M. G. Le Clézio, la Fièvre, p. 171.
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se brûler v. pron.
A
1 Se détruire soi-même par le feu. || Plusieurs personnes se sont brûlées, se sont brûlées vives en signe de protestation (suicide par le feu).
51 Il (Sardanapale) périt enfin dans sa ville capitale, où il se vit contraint à se brûler lui-même avec ses femmes, ses eunuques et ses richesses.
Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, I, 7.
Le papillon s'est brûlé à la flamme de la bougie.
Loc. fig. Se brûler à la flamme, à la chandelle : être comme le papillon de nuit, victime d'un danger ou d'une tentation qu'on a imprudemment sous-estimés.
52 Quand on se brûle au feu que soi-même on attise,
Ce n'est pas accident, mais c'est une sottise.
Mathurin Régnier, Satires, 14.
53 Quelques-uns y avaient (…) laissé leur tête, gens trop étourdis pour ne pas se brûler aux flammes qu'ils avaient attisées (…)
Louis Madelin, Talleyrand, V, 40, p. 441.
2 S'infliger une brûlure partielle. || Se brûler en renversant une casserole d'eau chaude. Ébouillanter (s'), échauder (s'). || Il s'est brûlé au deuxième degré et il a fallu l'hospitaliser. || Se brûler à la main, au pied.
3 Fig. Se perdre, se compromettre dans l'opinion.
53.1 (…) le fin du fin du journalisme catholique consiste à éviter de se brûler et donc à fuir les questions brûlantes.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 205.
Se laisser découvrir par un adversaire.
53.2 (…) ça fait trop longtemps, on va se brûler, impossible que les flics ne s'intéressent pas à toi à l'heure qu'il est.
Régis Debray, l'Indésirable, p. 98.
B (Réfléchi indirect; faux pronominal). || Se brûler (suivi d'un compl.).
1 Détruire volontairement par le feu (→ ci-dessus, A., 1.). || Les Amazones (cit. 1), selon la légende, se brûlaient le sein droit.
2 Infliger (involontairement) une brûlure à (une partie du corps). || Elle s'est brûlé la main en sortant un plat du four. || Se brûler le pied.
Loc. fig. Se brûler les ailes.
Fig. Risquer de se brûler les doigts : se mêler d'une affaire dans laquelle il est dangereux d'intervenir.
3 Par ext. Se brûler la cervelle : se suicider d'une balle dans la tête.
53.3 (…) certain colonel d'une garnison de l'Est, qui (…) croyant que la France cédait déjà devant l'ennemi, avait sorti son revolver, et, plutôt que de survivre au déshonneur, s'était brûlé la cervelle devant son régiment.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 285.
4 S'abîmer de façon irrémédiable (la vue, les yeux). || Se brûler les yeux à lire. User (s').
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brûlé, ée p. p. adj.
Passif.
1 (Personnes). Mort par le feu. || Être brûlé, mourir brûlé. Brûlé (n.).
53.4 (…) le feu prit, l'incendie fut horrible, il y eut vingt-une personnes de brûlées, mais nous nous sauvâmes.
Sade, Justine…, t. I, p. 35.
2 (Choses). Qui a brûlé. || Bois brûlé.Endommagé par le feu ou par un agent corrodant. || Tissu brûlé. || Peau brûlée.
Très cuit, trop cuit. || Rôti brûlé. Calciné. || Pain brûlé. Par ext. || Couleur pain brûlé. Ellipt. || Un ton brûlé.N. m. || Une odeur de brûlé. Brûlé (n.).
Crème brûlée : crème passée sous le gril quelques minutes afin que le dessus soit caramélisé. Syn. Crème catalane.
Par anal. Vieilli. || Teint brûlé. Aduste (vx), boucané, bronzé, bruni, hâlé, noir.
Vx (d'une personne) :
53.5 (…) les filles de sa province, ces filles brûlées du Midi, devaient rêver de lui, lorsqu'il venait à passer devant leur porte, par les chaudes soirées de juillet.
Zola, la Fortune des Rougon, I, p. 11.
tableau Désignations de couleurs.
3 Chauffé, desséché. || Brûlé par le soleil. || Brûlé par les ardeurs du soleil, par la canicule.
54 Certain jour, errant dans la partie élevée de la plaine de Cachena, harassé de fatigue, mourant de soif, brûlé par un soleil de plomb (…)
Mérimée, Carmen, I.
55 (…) la route de Pistoïa brûlée par les soleils et les neiges (…)
France, le Lys rouge, VIII.
Absolt (rare). || Un pays brûlé. Aride.
Détérioré par une trop forte chaleur, un agent corrosif, etc. || Morue brûlée (par excès de salage).
Fig. et littér. Détérioré par l'alcool. || « Le cerveau brûlé de la vieille alcoolique » (Van der Meersch, in T. L. F.).
4 Ravagé par des incendies.Loc. Tactique de la terre brûlée.
5 Loc. fig. Un cerveau brûlé, une tête brûlée : un individu exalté, qui se jette dans toutes sortes d'aventures, au mépris des risques. || Cette fille est une tête brûlée.
56 Le parti janséniste se récria contre l'injustice de lui attribuer l'hérésie de quelques têtes brûlées qu'il désavouait entièrement.
Saint-Simon, Mémoires, 250, 80.
56.1 Mais un certain nombre de voyageurs avaient été immédiatement séduits par la proposition. Elle plaisait particulièrement au colonel Proctor. Ce cerveau brûlé trouvait la chose très faisable. Il rappela même que des ingénieurs avaient eu l'idée de passer des rivières « sans pont » avec des trains rigides lancés à toute vitesse, etc.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 251.
Adj. || Elle est un peu tête brûlée.
6 (1830). Dont l'activité clandestine est désormais connue de l'adversaire. Démasqué. || Leur agent, leur réseau d'espionnage est brûlé.
56.2 Hélas ! si la duègne proxénète pour qui la connaissance du Tout-Paris est une nécessité professionnelle, ne vous a pas reconnu la première fois, elle signale votre faux nom, donne toutes les indications pouvant vous faire reconnaître.
À la seconde ou à la troisième visite, vous êtes brûlé.
Goron, l'Amour à Paris, t. I, p. 208.
Qui a perdu tout crédit.
57 (…) toujours sans le sou, brûlé chez tous les usuriers.
J. Lemaitre, les Rois, p. 93.
57.1 — J'ai cessé de plaire, parce que j'ai cessé d'être utile. Je suis brûlé — voilà le mot — je suis brûlé ici et ailleurs, je suis brûlé partout !
Bernanos, l'Imposture, Œ. roman., Pl., p. 419.
7 Vx. || Brûlé de… : tourmenté de façon dévorante par (un besoin, un désir, une passion). || Brûlé de soif, de convoitise, de désir. Altéré, assoiffé, avide. || Brûlé d'amour.
58 Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé,
Brûlé de plus de feux que je n'en allumai (…)
Racine, Andromaque, I, 4.
59 Ah ! que veux-tu qu'un cœur brûlé d'amour fasse durant tant de siècles ? L'absence même serait moins cruelle.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Lettre XXXIV.
60 (…) Madeleine se réveilla et appela Catherine, en disant d'une voix si faible qu'on ne l'entendait quasi point, qu'elle était brûlée de soif.
G. Sand, François le Champi, XVII, p. 123.
CONTR. Geler, glacer, rafraîchir, refroidir.
DÉR. Brûlable, brûlage, brûlant, brûlé, brûlement, brûlerie, brûleur, brûlis, brûloir, brûlot, brûlure.
COMP. Brûle-bout, brûle-gueule, brûle-parfum, brûle-pourpoint (à), brûle-tout.

Encyclopédie Universelle. 2012.