Akademik

étroit

étroit, oite [ etrwa, wat ] adj.
estreit XII e; lat. strictus
1Qui a peu (ou trop peu) de largeur. Un ruban étroit. « Les rues de Tolède sont extrêmement étroites; l'on pourrait se donner la main d'une fenêtre à l'autre » (Gautier). Fenêtres étroites et hautes. Épaules étroites. Être étroit de hanches, du bassin. Vêtements, souliers trop étroits. étriqué, juste, serré. Loc. évang. La voie, la porte étroite : la voie du salut, la vie de renoncement.
2Par ext. De peu d'étendue, petit (espace). exigu, petit. Une étroite prison. Fig. Un cercle étroit de relations. Par ext. « D'étroites limites fermaient le champ de mes recherches » (France).
De peu d'extension (sens). Mot pris dans son sens étroit. restreint, strict, stricto sensu (cf. À la lettre).
3Péj. Qui est borné. Esprit étroit, sans largeur de vues, sans compréhension ni tolérance. ⇒ incompréhensif, intolérant, mesquin. Être étroit d'esprit. Par ext. Des vues étroites. « vous ne me jugerez pas selon les principes étroits dont je sais que vous avez horreur, mais selon une religion éclairée et humaine » (F. Mauriac).
4Qui tient serré (opposé à lâche). Faire un nœud étroit. Fig. Qui unit de près, intime. Les liens étroits du mariage. Rester en rapports étroits avec qqn. Une étroite collaboration.
Vieilli Fig. Qui contraint (opposé à relâché). rigoureux, strict . Un étroit devoir. « son oncle Meulière, radical et franc-maçon d'étroite observance » (F. Mauriac).
5Loc. adv. À L'ÉTROIT : dans un espace trop petit. Ils sont logés bien à l'étroit. Fig. Vivre à l'étroit, sans aisance, dans la gêne.
⊗ CONTR. Large; grand, spacieux, vaste. Compréhensif, éclairé , généreux, humain, sensible. Lâche, relâché.

étroit nom masculin Passage resserré entre deux versants. ● étroit (expressions) nom masculin À l'étroit, dans un espace trop petit, dans un vêtement trop serré, dans un milieu trop limité : Être à l'étroit dans une petite voiture.étroit, étroite adjectif (latin strictus, de stringere, serrer) Qui a peu de largeur : Un sentier étroit. Une étroite bande de terre. Qui tient serré : Une étreinte très étroite. Qui est sans envergure, sans largeur de vues ; borné, mesquin : Il est très étroit d'esprit. Qui unit de près, lie fortement : Les liens étroits de l'amitié. Qui contraint fortement ; rigoureux, strict : Être dans une étroite dépendance.étroit, étroite (expressions) adjectif (latin strictus, de stringere, serrer) Acception étroite d'un mot, sens strict, rigoureux. Marché étroit, marché d'une valeur mobilière sur lequel les échanges sont peu nombreux. Voie étroite, voie ferroviaire dont l'écartement est inférieur à celui de la voie normale (1,435 m). Voie ou porte étroite, voie du salut, du renoncement, qui est difficile à suivre, qu'il est difficile de franchir. ● étroit, étroite (synonymes) adjectif (latin strictus, de stringere, serrer) Qui a peu de largeur
Synonymes :
- exigu
- petit
- resserré
- rétréci
Contraires :
- ample
- immense
- vaste
Qui tient serré
Contraires :
- relâché
- souple
Qui est sans envergure, sans largeur de vues ; borné, mesquin
Synonymes :
- borné
- étriqué
- limité
- mesquin
- réduit
Contraires :
- large
- ouvert
Qui unit de près, lie fortement
Synonymes :
- serré
Contraires :
- desserré
- lâche
Qui contraint fortement ; rigoureux, strict
Synonymes :
- restreint
- rigoureux
- scrupuleux
- strict

étroit, oite
adj.
d1./d Qui a peu de largeur. Chemin étroit. Torse étroit.
|| Fig. Limité, restreint. Un cercle étroit d'amis.
Le sens étroit d'un mot, son sens littéral.
d2./d Péjor. Borné, intolérant, mesquin. Une morale, des idées étroites.
d3./d Intime. Entretenir des rapports étroits avec qqn.
|| Rigoureux, strict. L'observation étroite d'une règle.
d4./d Loc. adv. à l'étroit: dans un espace trop resserré, exigu. Vivre à l'étroit. être à l'étroit dans ses chaussures.
Fig. Dans la gêne, mal à l'aise. Existence où l'on se sent à l'étroit.

⇒ÉTROIT, OITE, adj.
A.— [Gén. avec l'idée péj. d'un manque d'espace]
1. [En parlant de choses concr.] Qui a peu de largeur. La mère et la fille, vont, d'une allure balancée l'une devant l'autre, par un étroit sentier creusé dans les récoltes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Aveu, 1884, p. 158). La vallée, qui pendant des lieues n'était qu'un étroit couloir de roches, sinueux et profond, s'élargissait subitement (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 207). Cf. adonc ex. 1 :
1. L'étroite langue de plateau enserrée entre la masse du château et les précipices où serpentait le sentier était partout couverte d'un gazon ras et élastique...
GRACQ, Argol, 1938, p. 24.
SYNT. Banc, canal, chemin, chenal, corridor, défilé, rempart, ruban, sillon, vallon, vestibule étroit; allée, bandelette, embouchure, rivière, route, rue, ruelle, vallée étroite.
En partic.
a) [En parlant d'un vêtement] Qui est trop ajusté, serré. Corset étroit; redingote étroite; souliers étroits. Un étroit corset rouge embrassait sa ceinture (LAMART., Jocelyn, 1836, p. 614) :
2. ... celui-là agite rudement sa jambe pour faire redescendre sur sa botte le pantalon trop étroit que le frottement d'une jambe voisine a replissé jusqu'au genou.
SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 89.
b) [En parlant du corps hum.] Qui est mince, maigre. Dos étroit; taille étroite. Janet est étendu sous ses draps, raide et droit. Son corps étroit bossue la couverture grise comme une levée de sillon (GIONO, Colline, 1929, p. 30) :
3. On le jette nu, dans un atroce relent de sueur, aux gendarmes qui le toisent, aux médecins qui le palpent, et le major déclare : « Rien au cœur, rien au poumon. Bon pour le service armé », et il ajoute en frappant la poitrine étroite : « Ça vous fera du bien. Ça vous développera, le grand air, l'exercice! »
VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 154.
Étroit de + subst. (indiquant ce qui est étroit). Cf. afghan ex. 2 :
4. ... elle était complètement nue, et, ainsi dépouillée de la robe bouffante, son petit corps se montrait si jeune, si enfantin de poitrine, si étroit de hanches, si visiblement impubère, que Démétrios se sentit pris de pitié...
, Aphrodite, 1896, p. 82.
Rem. Étroit est employé subst. dans la loc. arg. faire l'/son étroite. Faire la mijaurée, se faire passer pour vierge. Ouste! enlevez le veau! Fais pas ton étroite! tu vas trinquer avec les patriotes! (FRANCE 1907). Au masc. (rare). Oh! ... je ne veux rien prendre (...) je ne peux pas boire le matin (...) — Ne faites donc pas l'étroit; (...) un verre de vin vous ouvrira l'appétit (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mém. forçat, t. 2, 1828-29, p. 156).
2. P. ext. [En parlant d'un lieu, d'un espace] Dont la surface est (trop) limitée; exigu. Chambre, cour, logement étroit(e). Mes articles étaient accueillis favorablement, mais le cadre étroit du journal se refusait à de fréquentes insertions (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1834, p. 162). Une chambre donnant sur une petite cour carrée si étroite, qu'elle semblait un long tuyau de cheminée (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 111) :
5. ... Yves avait entendu cette parole affreuse dans ce même petit bureau où maintenant une personne est assise, une grosse blonde qui a chaud, trop chaud pour demeurer dans une pièce si étroite, bien que la fenêtre en soit ouverte.
MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 236.
SYNT. Étroit bistrot, bureau, cabinet, cachot, palier, patio; étroite prison, salle; antichambre, cage étroite.
3. P. métaph. ou au fig.
a) Domaine de la vie spirituelle. [P. réf. à l'Évangile selon St Matthieu, VI, 13-14 : Entrez par la porte étroite. Large en effet est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s'y engagent; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent] La voie étroite. La voie du salut que l'on peut atteindre par une vie de renoncement. Anton. la voie large « la voie de la perdition ». Le chemin étroit. Le pasteur Vautier, sans doute intentionnellement, avait pris pour texte de sa méditation ces paroles du Christ :« Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite » (GIDE, Porte étr., 1909, p. 505) :
6. Mais quoi, si l'on fait un pas hors de la voie étroite, que se passe-t-il? Tombe-t-on dans le vide? Non, la voie se fait très large, simplement. Il n'y a plus d'abîme (car la vue de l'abîme, le sentiment du gouffre est une grâce), il y a la vie facile, le plaisir...
GREEN, Journal, 1955-58, p. 243.
b) Domaine profane
Domaine de la vie matérielle, vieilli. Qui manque d'aisance matérielle. Le passage d'une aisance considérable à une situation étroite et gênée, dispose souvent à l'aigreur (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1569). Il [Le Corrège] ne connut jamais l'étroite pauvreté, et la nécessité ne le força pas à l'avarice comme on le prétend (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 225) :
7. Une nécessité s'imposait, que la comtesse n'avait pas voulu encore envisager résolument : quitter l'hôtel, l'abandonner aux créanciers hypothécaires (...), se retirer tout de suite au fond de quelque petit logement, pour y vivre une vie étroite et effacée, jusqu'au dernier morceau de pain.
ZOLA, Argent, 1891, p. 367.
Domaine de la vie active. Qui a peu d'extension, restreint. Limite étroite; cercle étroit d'occupation, de sensations :
8. ... elle [la vie sédentaire] rétrécit les horizons du cœur et ceux de l'intelligence; elle tend à étriquer la vision des hommes et des choses, que le trop court rayon de l'expérience ramène aux perspectives d'une petite ville, d'un cercle étroit de conventions, d'un trou de rat quelconque...
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 83.
Domaine du lang. Sens étroit d'un mot. Sens restreint. Anton. sens large. Définition, signification étroite :
9. On entend ordinairement l'égoïsme en un sens plus étroit que l'égocentrisme. C'est, si l'on veut, de l'égocentrisme durci et recuit, et cette fois essentiellement captatif.
MOUNIER, Traité caract., 1946 p. 545.
c) [En parlant de la vie intellectuelle ou morale] Qui manque de largeur de vues. Dogmatisme étroit; principes étroits; morale étroite. Je suis constamment frappé de la façon étroite et mesquine dont nous envisageons les choses, les institutions et les peuples (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 214). Cf. borné II B 2 et buté II A 2 :
10. Je savais qu'il n'y avait là ni inconscience ni bravade, mais volonté tenace de lutte, lutte contre l'étroit formalisme militaire, la routine odieuse des casernes où l'on prétendait le plier.
VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 91.
Emploi subst. Cf. borné II B ex. 5.
Péj. [En parlant d'une pers. ou d'un élément de la pers.] Qui a peu de capacités intellectuelles. Cerveau, crâne étroit; étroit et borné; étroit et mesquin. Anton. large. Elle avait l'esprit étroit et peu cultivé, dans la ville ses naïvetés étaient devenues proverbiales (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 57).
Étroit de + subst. (indiquant ce qui est étroit). Célestine attristée jugea son mari étroit de cervelle, timide, peu compréhensif (BALZAC, Employés, 1837, p. 12).
Par antiphrase, proverbe. ,,Avoir la conscience étroite comme la manche d'un cordelier. Avoir la conscience large, n'être pas scrupuleux`` (Ac. 1835, 1878).
B.— [Gén. avec l'idée d'une union que favorise le peu d'espace ou de distance entre les choses ou les êtres]
1. Non péj.
a) [En parlant de choses concr.] Qui est serré. Faire un nœud étroit. Entourer d'un lien étroit (DG). Il [l'homme] serra plus fort ses poings noueux qui froissèrent d'une étreinte plus étroite les pattes du malheureux (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 29) :
11. Des chevilles aux hanches, elle était prise dans un réseau de mailles étroites imitant les écailles d'un poisson et qui luisaient comme de la nacre...
FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 159.
b) Au fig. [En parlant de choses abstr.] Qui rapproche, qui unit de près; intime. Il y a un rapport étroit, un lien serré entre le propriétaire et sa propriété (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 243). Vous irez à l'assaut tous ensemble, sur tout le front, en étroite union avec les armées de nos alliés (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 88).
SYNT. Coopérateur, lien étroit; association étroite; étroit contact, enchaînement; étroite alliance, amitié, cohésion, complicité, coopération, intimité, parenté, relation, solidarité; étroit(e) et durable; étroit(e) et parfait(e).
2. Souvent péj. [Avec l'idée de contrainte] Rigoureux, strict. Étroite captivité, dépendance, loi, surveillance; droit étroit. Au-dessus du droit étroit et abusif d'un mari trompé, il y a le droit humain, passionnel, imprescriptible (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 142). L'État est avant tout la justice organisée, et sa fonction première, son devoir le plus étroit, est d'assurer la liberté (COUSIN, Philos. écoss., 1857, p. 223) :
12. ... elle montrait un rigorisme si outré, elle pratiquait ses devoirs religieux avec tant d'obstination étroite, qu'elle avait comme séché dans l'existence méthodique qu'elle menait.
ZOLA, N. Micoulin, 1884, p. 7.
C.— Loc. adv. À l'étroit (dans/sur + subst.)
1. Dans un espace trop petit (cf. A 1). Plus tard, capitale d'un grand État, elle [la ville] se trouva à l'étroit dans ses remparts désormais inutiles et dont elle fit de vertes promenades (FRANCE, Île ping., 1908, p. 420). Rien n'égale comme coût ces chênes royaux, à l'étroit sur un arpent (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 142).
2. P. ext. D'une manière qui laisse peu d'aise (cf. B 1 a). Ce sont de petits vieux rabougris, aux joues poudrées de cendre, ou de gros poussifs encerclés à l'étroit dans leurs capotes passées et tachées (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 49).
Au fig. Mal à l'aise, gêné. Mais déjà j'étais à l'étroit dans ces époques trop petites (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 94) :
13. Souvent aussi la réflexion se trouvoit à l'étroit dans ces religions intolérantes dont on avoit pour ainsi dire un code pénal, et qui donnoient à la théologie toutes les formes d'un gouvernement despotique...
STAËL, Allemagne, t. 5, 1810, p. 22.
Être à l'étroit, vivre à l'étroit. ,,N'avoir pas les commodités de la vie`` (Ac.; cf. A 3 b).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-wat]. Mais [] ds PASSY 1914 et à titre de var. ds WARN. 1968; il s'explique par la présence d'un [] vélaire apr. consonne. FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 2 1787 signalent que quelques-uns prononcent [] ce qui correspond à une autre possibilité d'évolution de la diphtongue -oi- (cf. aboyer). Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 [si chevalchent] es treiz « en rangs serrés » (Roland, éd. J. Bédier, 1001); 1155 estreite « qui a peu de largeur » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 2954); ca 1165 « privé, intime » (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 15230); ca 1205 a l'estroit « dans un espace trop réduit » (Renart, éd. E. Martin, Br. XVII, 1589); fin XIIIe s. [ms.] estroit et dur covine « qui manque de générosité » (GUIOT DE PROVINS, Bible, éd. Fr. Wolfart, 1336). Du lat. class. strictus « serré, étroit; concis; sévère, rigoureux », part. passé adj. de stringere « serrer ». Fréq. abs. littér. :6 399. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 8 127, b) 10 224; XXe s. : a) 10 156, b) 8 691. Bbg. ARICKX (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 128. — GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, pp. 305-306.

étroit, oite [etʀwa, wat] adj.
ÉTYM. V. 1155, estreit; estreiz « en rangs serrés », 1080; du lat. strictus « étroit », p. p. de stringere « serrer ». → Strict.
1 Qui a peu (ou n'a pas assez) de largeur. aussi les éléments Angusti-, sténo-. || De forme étroite et allongée ( Bande). || Un ruban étroit. || Rendre plus étroit. Étrécir, rétrécir; effiler, étirer. || Étroit sentier. || Chemin (cit. 21) étroit. || Étroite corniche. || Détroit, goulet très étroit. || Gorges étroites. Encaissé. || Rues, ruelles étroites. || Chemins de fer à voie étroite. || Un couloir, un escalier étroit. || Orifice, tube étroit. || Une ouverture étroite (→ Embouchure, cit. 2).Vêtements, souliers trop étroits. Collant, court, étriqué, juste, serré.Poitrine étroite. Mince, maigre. || Taille étroite par rapport au thorax et au bassin. Étranglé, fin.Être étroit de hanches, d'épaules…, avoir les hanches, les épaules… étroites.
1 Demoiselle belette au corps long et fluet,
Entra dans un grenier par un trou fort étroit.
La Fontaine, Fables, III, 17.
2 Les rues de Tolède sont extrêmement étroites; l'on pourrait se donner la main d'une fenêtre à l'autre (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 102.
3 À certains endroits, le sentier était si étroit que ma monture n'avait que bien juste la place de poser son sabot, et que chacune de mes jambes surplombait un abîme différent (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 189.
4 Une famille nombreuse, et plusieurs serfs domestiques, se pressaient dans un espace étroit : à dix ou douze, ils avaient deux chambres et une cuisine.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », I.
(Bible). La voie étroite : la vie de renoncement. || La Porte étroite, récit d'A. Gide (1909).
5 Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là.
Bible (Segond), Évangile selon saint Matthieu, VII, 13.
6 Marcher dans la voie étroite de l'Évangile c'est réformer son cœur et renoncer à ses passions.
Bourdaloue, 3e dimanche après la Pentecôte.
2 De peu d'étendue, petit (espace). || Logement étroit. || Espace étroit. Confiné, exigu, limité, petit, réduit, restreint.Par ext. || Cercle étroit. || Cadre étroit. Restreint.Fig. || Un cercle étroit de relations. || Rester dans les bornes étroites de ses attributions. || Champ (cit. 8) d'action étroit. → Brouter, cit. 2.
Qui détermine un espace limité. || Bornes, limites étroites.
7 D'étroites limites fermaient le champ de mes recherches.
France, le Petit Pierre, XVII.
3 (XIIIe). Péj. Qui est borné, buté. || Un esprit étroit, sans largeur de vue, sans compréhension, tolérance. Incompréhensif, intolérant, mesquin, routinier. || Femme à l'esprit étroit. Bégueule. || Âme étroite, sans grandeur, sans générosité (→ Cœur, cit. 101). || Cœur étroit, fermé aux sentiments de charité. Insensible. || Idées, conceptions, vues étroites. || Jugements étroits.Une politique étroite, sans grandeur, sans largeur de vue. || Une vie étroite, sans aisance, où tout est mesuré, rendu difficile par la pauvreté. Difficile, resserré, serré, strict.
8 Faibles esprits ou plutôt cœurs étroits et entrailles resserrées que la foi et la charité n'ont pas assez dilatés pour comprendre toute l'étendue de l'amour d'un Dieu.
Bossuet, Oraison funèbre de Anne de Gonzague.
9 Dans son génie étroit il est toujours captif (…)
Boileau, l'Art poétique, I.
10 C'est un cerveau étroit, c'est un génie étroit, un esprit étroit, c'est un homme de peu de jugement, de peu de capacité, un homme dont les idées ont peu d'étendue. Un génie étroit qui ne voit les choses que par parties et n'embrasse rien d'une vue générale.
Montesquieu, Lettres persanes, 129, in Littré.
11 (…) une politique étroite et oppressive (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, IV, VIII.
12 (…) les esprits étrangers à l'activité comme à la méditation ont quelque chose d'étroit, de susceptible et de contraint, qui rend les rapports de la société tout à la fois pénibles et fades.
Mme de Staël, Corinne, XIV, I.
13 Il eût suffi, pour m'en persuader, de notre vie étroite, de la stricte économie dont ma mère s'était fait une loi.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, II.
14 (…) vous ne me jugerez pas selon les principes étroits dont je sais que vous avez horreur, mais selon une religion éclairée et humaine (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, III.
15 Tous mes efforts ont été portés cette année sur cette tâche difficile : me débarrasser enfin de tout ce qu'une religion transmise avait mis autour de moi d'inutile, de trop étroit et qui limitait trop ma nature (…)
Gide, Journal, 1893, p. 41.
(Valeur d'adverbe). || Voir étroit : avoir des vues étriquées. Étroitesse (de vue, d'esprit); lorgnette (regarder par le petit bout de la lorgnette).
16 Il lui était impossible de voir étroit. De bonne heure, son cerveau s'était habitué à déborder.
Louis Madelin, Histoire du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, VI, p. 89.
4 (1890). Qui tient serré (opposé à lâche). || Faire un nœud étroit. || Entourer d'un lien étroit.Un blocus étroit.(V. 1165). Fig. Qui unit de près, intime. || Les liens étroits du mariage. || Une étroite union, une étroite chaîne (cit. 15). || Étroite alliance (cit. 9). || Rester en liaison étroite, en rapports étroits avec qqn.
17 Ce sont deux arts (la musique et la danse) qui ont une étroite liaison ensemble.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 2.
18 Il y avait une alliance très étroite entre Attila et Genséric, roi des Vandales.
Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, XIX.
Fig. Qui contraint (opposé à relâché). Rigoureux, strict. || Une étroite obligation. || Un étroit devoir (cit. 11). || Une observance étroite. Exact.
19 Quand on a failli contre une personne à qui on a de si étroites obligations que je vous en ai (…)
Voiture, Lettres, 148, in Littré.
20 Si l'amour des grandeurs, la soif de commander
Avec son joug étroit (de Dieu) pouvaient s'accommoder.
Racine, Athalie, III, 3.
21 Cette règle étroite et austère que les disciples de saint Benoît pratiquent si exactement.
Fléchier, Panégyriques, I, p. 401.
22 À cette époque, et pour quatre ans encore, il restait persuadé qu'un étroit devoir l'obligeait vis-à-vis d'eux.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Vers l'Empire d'Occident, X, p. 132.
23 (…) son oncle Meulière, radical et franc-maçon d'étroite observance.
F. Mauriac, le Sagouin, I, p. 49.
Interprétation étroite. Judaïque; lettre (prendre au pied de la lettre).(1690). || Le sens étroit d'un mot, opposé au sens large. Restreint, restrictif. || En s'en tenant au sens étroit : stricto sensu. Lettre (à la).
24 Que veut dire symbolisme ? Si l'on s'en tient au sens étroit et étymologique, presque rien (…)
R. de Gourmont, le Livre des masques, p. 8.
5 Loc. adv. (V. 1205). À l'étroit : dans un espace trop petit. || Être, se sentir à l'étroit, gêné, comprimé. || Être à l'étroit dans un vêtement. Étriqué. || Être à l'étroit : ne pas être à l'aise.
25 Claude Bernard et Pasteur (…) étaient à l'étroit et sans crédits dans des caves ou des soupentes insalubres.
Henri Mondor, Pasteur, p. 85.
Fig. Vivre à l'étroit, sans aisance, dans la gêne. → Âme, cit. 24. — Être, se sentir à l'étroit, mal à l'aise.
CONTR. Large; ample, espacé, étendu, lâche, latitudinaire, ouvert, relâché, souple, spacieux, vaste. — Compréhensif, éclairé, généreux, humain, sensible.
DÉR. Étroitement, étroitesse, étroiture. — V. le préf. Sténo- (du grec stenos « étroit »).

Encyclopédie Universelle. 2012.