herbe [ ɛrb ] n. f.
• erbe 1080; lat. herba
1 ♦ Bot. Végétal non ligneux dont les parties aériennes sont annuelles et les parties souterraines peuvent soit disparaître chaque hiver, soit constituer une souche vivace. Le bananier est une herbe arborescente.
♢ Cour. Ce végétal, lorsqu'il est de petite taille et souple (cf. 3o, de l'herbe). Herbes annuelles, vivaces. Herbe cultivée, herbe sauvage, herbe des champs. Herbes aquatiques. Cueillir des herbes, en faire une collection. ⇒ herbier; herboriser. Herbes médicinales, officinales. ⇒ herboriste; simple. — Herbes odorantes, aromatiques.
♢ (1829; herbes fines 1690) FINES HERBES : herbes aromatiques qui entrent dans l'assaisonnement de certains mets. ⇒ cerfeuil, ciboule, ciboulette, 2. civette, estragon, persil, pimprenelle. spécialt Ciboulette et cerfeuil. Omelette, fromage frais aux fines herbes.
♢ (Dans les n. cour. de plantes herbacées ou non) Herbes de Provence : mélange de thym, romarin, origan, sarriette, marjolaine et basilic séchés. Herbe aux ânes (2. onagre). Herbe au chantre (sisymbre et vélar). Herbe à chat, aux chats (népète, cataire, valériane). Herbe de bison. Herbe aux perles (grémil). Herbe à éternuer (achillée ou bouton-d'argent). Herbe de Saint-Jean (armoise, millepertuis). Herbe à tous les maux, herbe sacrée (verveine). Herbes de la Saint-Jean : herbes que l'on cueillait le jour de la Saint-Jean, et auxquelles on attribuait des vertus magiques.
2 ♦ Cour. Plante herbacée, graminée le plus souvent, qui pousse naturellement partout où les conditions lui sont favorables. ⇒ graminée. Les hautes herbes des prés, des savanes. Herbes folles. Herbes sèches. Moulin abandonné, envahi par les herbes. — Mauvaise herbe : herbe qui n'est d'aucune utilité et nuit aux cultures qu'elle envahit, notamment le chiendent. Enlever, arracher les mauvaises herbes : désherber, sarcler. Produit qui détruit les mauvaises herbes. ⇒ désherbant, herbicide. Loc. Pousser comme une mauvaise herbe, rapidement, facilement (surtout en parlant d'un enfant) (cf. Mauvaise graine). L'enfant « avait poussé dru, en mauvaise herbe » (Zola).
3 ♦ Sing. collect. DE L'HERBE : végétation naturelle de plantes herbacées peu élevées où les graminées dominent. ⇒ ray-grass; gazon (1o). Touffe, brin d'herbe. Herbe rase, courte, grasse, drue. Herbe verte (⇒ verdure) . Lieux couverts d'herbe. ⇒ herbage, pâture, prairie, pré, savane. Chemins envahis par l'herbe. ⇒ herbeux, herbu. Herbe entretenue pour la décoration des jardins. ⇒ gazon (2o), pelouse. — Marcher, courir dans l'herbe, sur l'herbe (cf. Pré, prairie). Déjeuner sur l'herbe (⇒ pique-nique) . Couper, faucher l'herbe des prés. Herbe coupée, fauchée, herbe séchée (⇒ 1. foin) . « Quelle herbe ! savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes [...] C'était bien autre chose que le gazon du clos » (A. Daudet). Faire de l'herbe pour les lapins, en couper, en récolter. Apporter de l'herbe aux bêtes. ⇒ 1. fourrage. Animaux qui se nourrissent d'herbe. ⇒ herbivore. — Loc. Couper, faucher l'herbe sous le pied à qqn : frustrer qqn d'un avantage en le devançant, en le supplantant.
4 ♦ Fam. L'herbe : plante hallucinogène. ⇒ haschisch, marijuana. Fumer de l'herbe.
5 ♦ Par anal. EN HERBE : se dit des céréales qui, au début de leur croissance, sont vertes, courtes et molles comme de l'herbe. Blés en herbe. Fig. Manger son blé en herbe.
♢ En parlant d'enfants, de jeunes gens qui ont des dispositions pour qqch. « un mécanicien en herbe » (Balzac). ⇒ apprenti, futur (cf. De la graine de).
● herbe nom féminin (latin herba) Plante dont la tige molle et verte meurt chaque année. Petite plante qui pousse naturellement partout quand les conditions lui sont favorables. Végétation naturelle de plantes herbacées diverses ; gazon : Déjeuner sur l'herbe. Familier. Nom donné à la marihuana. ● herbe (citations) nom féminin (latin herba) Marceline Desbordes-Valmore Douai 1786-Paris 1859 Il y a des temps où l'on ne peut plus soulever un brin d'herbe sans en faire sortir un serpent. Correspondance, à Pauline Duchambge, 11 mai 1857 Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense, Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Fables, les Animaux malades de la peste Charles Perrault Paris 1628-Paris 1703 « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » Et la sœur Anne lui répondait : « Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie. » Barbe-Bleue Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Presque tous nous fauchons en herbe les biens qui nous auraient été de riches moissons. Jean Santeuil Gallimard Jules Roy Rovigo, aujourd'hui Bougara, Algérie, 1907-Vézelay 2000 Il y a toujours quelques mauvaises herbes dans nos rites et dans nos jardins. Le Métier des armes Gallimard Ippolito Nievo Padoue 1831-en mer Tyrrhénienne 1861 L'amour est une herbe spontanée et non une plante de jardin. L'amore è un'erba spontanea, non una pianta da giardino. Confession d'un octogénaire ● herbe (difficultés) nom féminin (latin herba) Emploi et sens 1. Dans l'herbe suggère que l'herbe est haute : un animal tapi dans l'herbe. 2. Sur l'herbe indique la nature herbeuse de la végétation, qui peut être haute ou rase : déjeuner sur l'herbe. 3. En herbe se dit d'une céréale au début de sa croissance, encore verte : blé en herbe. ● herbe (expressions) nom féminin (latin herba) Couper, faucher l'herbe sous le pied à quelqu'un, le supplanter en le devançant. En herbe, se dit d'une graminée qui n'a pas formé ses épis ; indique que quelqu'un de jeune manifeste des aptitudes dans une activité : Un avocat en herbe. Mauvaise herbe, plante nuisible aux cultures ; adolescent plus ou moins proche de la délinquance ; mauvais sujet. Pousser comme de la mauvaise herbe, pousser rapidement, facilement. ● herbe (synonymes) nom féminin (latin herba) Plante dont la tige molle et verte meurt chaque année.
Synonymes :
- plante herbacée
Végétation naturelle de plantes herbacées diverses ; gazon
Synonymes :
- gazon
- prairie
- pré
- verdure
herbe
n. f.
d1./d Plante fine, verte, non ligneuse, à tige molle, qui s'élève relativement peu au-dessus du sol et dont les parties aériennes meurent chaque année. Une herbe; des, les herbes.
— Herbe baïonnette ou (Afr. subsah.) herbe à paillotes: imperata.
— Herbe chandelle: leonotis.
|| (Québec) Herbe à poux: plante (genre Ambrosia) qui libère un abondant pollen pouvant provoquer des allergies respiratoires.
— Herbe à puce(s): plante vénéneuse (genre Toxicodendron ou Rhus) dont le contact provoque une forte allergie cutanée.
|| (Afr. subsah.) Herbe à éléphant: très grande graminée (genre Pennisetum) utilisée comme fourrage et pour couvrir les cases.
— Herbe aux sorciers: plante médicinale odorante (Fam. composées).
|| Fines herbes: herbes aromatiques employées en cuisine.
— Herbes médicinales, officinales ou (Réunion) herbes: herbes utilisées pour leurs propriétés thérapeutiques.
|| (Québec) Herbes salées: mélange salé de fines herbes et de légumes hachés servant à assaisonner les soupes.
|| Mauvaises herbes: plantes herbacées nuisibles aux cultures. Syn. adventice.
|| Arg. ou Fam. L'herbe ou (Afr. subsah.) l'herbe qui tue: le haschisch, la marihuana, le cannabis.
d2./d (Sing. collect.) Végétation peu élevée formée par la réunion de plantes herbacées. Se coucher dans l'herbe. Un brin d'herbe.
|| Loc. fig. Couper l'herbe sous le pied de qqn.
d3./d Loc. adj. En herbe: qui n'en est qu'au début de sa croissance, en parlant d'une céréale. Blé en herbe.
— Fig. Manger son blé en herbe: dépenser son capital sans attendre qu'il ait rapporté.
|| Qui est apte à devenir (qqch), futur (spécial. en parlant des enfants). Un musicien en herbe.
⇒HERBE, subst. fém.
A. — Au sing. et au plur.
1. Plante phanérogame non ligneuse, annuelle, bisannuelle ou vivace, à tige molle et généralement verte, et dont les parties aériennes meurent chaque année. Je suis comme une herbe au bord de la route, bonne pour les uns et qui ne sert de rien aux autres ou leur nuit (CLAUDEL, Violaine, 1892, III, p. 538). Au pied des arbres, sur un sol calciné, un tapis inégal de feuilles mortes, de cendres et de charbons. Plus une herbe, plus rien de frais, de tendre ou de vert (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 975) :
• 1. Quand il fut nuit, je fis mon lit à côté d'un pré qui chantait de toutes ses herbes, et, la figure contre les étoiles, je me mis à dormir à mort.
GIONO, Baumugnes, 1929, p. 54.
SYNT. Herbe cultivée, sauvage; herbe mince, menue; herbes maigres; herbes fines; les hautes, les grandes, les longues herbes; les herbes folles; herbes dures; herbes fraîches; herbes fanées, sèches, desséchées; herbes parasites, inutiles; herbes aromatiques, odorantes, odoriférantes, vénéneuses; herbes à fleurs; herbes aquatiques, fluviatiles, marécageuses; herbes exotiques; une herbe, les herbes des champs, des prés, de la prairie, de la savane; la pointe, la tige des herbes; chercher, cueillir des herbes.
— P. anal. Herbes marines. Algues. Un épais tapis d'herbes marines, varechs et algues, couvrait tout le rivage (VERNE, Île myst., 1874, p. 70).
— Loc. Aux herbes. Au printemps. Ce cheval aura, prendra quatre ans aux herbes, cinq ans aux herbes, etc., ,,Au printemps il aura quatre ans, cinq ans, etc.`` (Ac. 1835-1935; dict. XIXe et XXe s.).
2. En partic.
a) Une, des mauvaise(s) herbe(s) et absol. (surtout au plur.) les herbes, des herbes. Plante non ligneuse de croissance spontanée, d'aucune utilité pour l'homme ni pour l'animal, et nuisible aux cultures environnantes éventuelles. Arracher, détruire, enlever, extirper les mauvaises herbes. Des jardins abandonnés où les herbes et les ronces envahissaient des vases de pierre et des statues décapitées par le temps comme des reines (NIZAN, Conspir., 1938, p. 19) :
• 2. Il avait poussé tant d'herbe(s) dans ce blé, des mauvaises herbes, des herbes folles, (dans le blé, toutes les herbes sont folles, toutes les herbes sont des mauvaises herbes, même celles qui autrement ne seraient pas mauvaises, même celles qui en elles-mêmes et naturellement, ailleurs (ne) seraient (que) sages...)
PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 686.
— Loc. fam.
♦ Vieilli. [Pour exprimer la mauvaise humeur de qqn] Il a marché sur une mauvaise herbe. (Dict. XIXe, Ac. 1935, Lar. 20e, QUILLET 1965).
[Marquant l'étonnement devant une crise de mauvaise humeur inexpliquée ou une gaieté insolite] Sur quelle herbe avez-vous marché? — Mais sur quelle herbe avez-vous donc marché? lui dit un de ses camarades. Vous êtes gai et bon enfant ce soir (STENDHAL, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 55). On vous ouvre le chemin de la postérité, on vous porte aux nues, on vous crée une position sociale, et vous n'êtes pas content? Sur quelle herbe avez-vous donc marché ce matin? (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 35).
♦ [P. réf. à la croissance rapide et facile ou à la résistance de la mauvaise herbe, en parlant d'un enfant qui grandit vite ou d'une personne douée d'une grande robustesse] Mauvaise, méchante herbe croît toujours (v. croître A 2b). Croître, pousser en mauvaise herbe, comme une mauvaise herbe. Vous avez pour ami un monstre d'ingratitude, un homme qui, s'il vit encore, c'est que, comme dit le proverbe, la mauvaise herbe croît en dépit de tout (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 99). L'enfant, à peine sevrée, avait poussé dru, en mauvaise herbe (ZOLA, Terre, 1887, p. 46).
— Au fig.
♦ [En parlant d'une pers.] Mauvais sujet, vaurien ou enfant dont on n'attend rien de bon pour l'avenir. Les enfants, des tout petits (...), ils ne savent que manigancer pour faire du mal : c'est toujours après les fusils, les pistolets... de la mauvaise herbe de braconnier (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 281).
♦ [En parlant d'une chose] Élément (de la personnalité, du comportement, de la pensée) tenace, envahissant et pernicieux. Les fréquens passages dogmatiques qui s'y rencontrent [chez Dante] ne sont guère que la végétation parasite d'un esprit trop fécond, et comme la mauvaise herbe de la science contemporaine qui jetait partout ses racines (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 11). Le moi, cette mauvaise herbe qui repousse toujours sous la plume de l'écrivain livré aux épanchements familiers (HUGO, Rhin, 1842, p. 7) :
• 3. ... c'est le chagrin qui développe les forces de l'esprit. D'ailleurs, ne nous découvrît-il pas à chaque fois une loi, qu'il n'en serait pas moins indispensable pour nous remettre chaque fois dans la vérité, nous forcer à prendre les choses au sérieux, arrachant chaque fois les mauvaises herbes de l'habitude, du scepticisme, de la légèreté, de l'indifférence.
PROUST, Temps retr., 1922, p. 906.
b) Plante utilisée pour ses propriétés particulières. Herbes magiques; herbes narcotiques; connaître les herbes. J'ai su le secret des philtres infâmes, Et l'herbe qui fait avorter les femmes (MORÉAS, Cantil., 1886, p. 191).
— Dans le domaine de la pharmacie Herbe ou herbe médicinale, officinale. Plante employée comme remède ou entrant dans la composition d'un remède. Synon. simple. Herbes apéritives, vulnéraires; herbes à tisanes; application d'herbes. Des herbes émollientes, telles que la mauve, la bette, la pariétaire, le bouillon-blanc (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 179). Berger, je t'en conjure, puisque tu es sorcier, fais-moi manger une herbe, quelque chose qui m'enlève ce que j'ai là et qui me fait tant mal (A. DAUDET, Arlésienne, 1872, II, 2e tabl., 4, p. 393) :
• 4. J'ai vu madame Colette souffrir et refuser de l'aspirine comme si c'étaient des pilules du diable, exigeant que se produisissent en elle, sans aucune aide, les mystérieux mélanges et dosages des herbes ou « simples » que la reconstitution synthétique de la science imite peut-être, mais en surface et sans en posséder les vertus.
COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p. 122.
♦ Bouillon d'herbes ou aux herbes. Bouillon à base de feuilles fraîches de diverses plantes utilisé comme purgatif. Tu sais que demain il faut te purger, le docteur l'a dit, et Reine te fera prendre du bouillon aux herbes (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 178).
— Dans le domaine de l'art culinaire, au plur. Les vingt-huit herbes qui servent pour la cuisine sont divisées en herbes potagères, en herbes d'assaisonnement et en herbes de fourniture à salade (...) ou fines herbes (DUMAS 1873).
♦ Rare, dans la lang. mod. Herbes (potagères). Légumes verts cultivés dans les jardins potagers et destinés à être mangés cuits ou en salade. Soupe aux herbes; marchand d'herbes; place aux herbes. Le petit tracas que faisaient la mère du curé et sa jeune nièce en épluchant les herbes pour la soupe (LAMART., Confid., 1849, p. 347). Les herbes potagères dont les plus usuelles sont l'épinard, l'oseille, la laitue, le poireau (Ac. Gastr. 1962).
♦ (Fines) herbes. Plantes aromatiques ou condimentaires utilisées pour l'assaisonnement de certains plats. Omelette aux fines herbes. Un arôme de fines herbes, d'épices, de nourriture grasse (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 116). Condiment aromatique complet remplaçant sel, poivre et vinaigre, il [l'estragon] est utile dans les salades, la laitue notamment dont il relève la fadeur; (...) dans la composition des bouquets garnis dits de « persil » et des fines herbes où il complète si harmonieusement le cerfeuil, la ciboulette ou la pimprenelle (L. LAGRIFFE, Le Livre des épices, des condiments et des aromates, Les Hautes Plaines de Mane, éd. R. Morel, 1968, p. 187). Des herbes toujours fraîches. Un bouquet d'herbes est souvent trop important pour être utilisé dans une seule recette. Il est heureusement possible de conserver les herbes (ciboulette, cerfeuil, persil, estragon, menthe...) quelque temps en prenant certaines précautions (Les grandes recettes de la cuisine légère, Paris, Sél. du Reader's Digest, 1978, p. 27).
— Loc. fam., vieilli. [P. réf. aux herbes que l'on cueillait autrefois le jour de la Saint-Jean et auxquelles on attribuait des vertus magiques] Mettre, employer toutes les herbes de la Saint-Jean. User de tous les moyens dont on peut disposer pour réussir, de toutes les ressources offertes par quelque chose. Après dîner, nous passerons un petit traité entre nous, un projet, si tu veux, quitte à y mettre toutes les herbes de la Saint-Jean, après que la tante aura fait ses malles (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 365). On se rappelle cet important, ce définitif travail [de Busard], tant annoncé sur Villon, sur sa vie et son temps, renforcé de pièces inédites et de toutes les herbes de la Saint-Jean de l'érudition (BLOY, Désesp., 1886, p. 269).
c) [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterm. et formant le premier terme de noms composés qui fournissent les appellations communes de nombreuses plantes]
♦ Herbe d'amour. Le myosotis (ROB., Lar. Lang. fr.); le réséda odorant (LITTRÉ).
♦ Herbe aux ânes. L'onagre ou onagraire (LITTRÉ, ROB., Lar. Lang. fr.).
♦ Herbe bénie ou herbe de saint Benoît. La benoîte.
♦ Herbe au(x) charpentier(s) ou herbe à la coupure. L'achillée millefeuille. L'herbe au chantre, l'herbe au charpentier, qui ferme les coupures, l'herbe aux verrues, qui fleurit le jour où arrivent les hirondelles (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 122).
♦ Herbe du diable. Le datura stramoine :
• 5. ... mais cette fleur ou cette herbe, dédaignées des hommes et des bêtes domestiques, ou ces baies qui mûrissent loin dans les bois, à quoi servent-elles donc? La réponse est écrite dans ces termes : herbe au loup, herbe à la Vierge, herbe au diable. Elles servent à Dieu, à ses saints, au diable, — ou au loup...
GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 193.
♦ Herbe à la femme battue ou aux femmes battues. Le tamier commun. Le Tamus communis, commun dans les bois, possède un rhizome charnu vertical (...). La pulpe du rhizome est employée comme vulnéraire; ses propriétés ont fait donner au Tamus le nom d'« Herbe à la femme battue » (Bot., 1960, p. 1212 [encyclop. de la Pléiade]).
♦ Herbe aux gueux. ,,Surnom de la clématite ordinaire qui croît dans nos haies et dont les mendians se servent pour se faire naître des ulcères superficiels et exciter ainsi la commisération et la charité des passans`` (BRARD 1838).
♦ Herbe des juifs ou herbe aux juifs. Le réséda jaunissant ou gaude. Le Reseda luteola, ou Gaude, Herbe aux juifs, livre une matière colorante jaune qui était utilisée jadis pour la teinture des vêtements des juifs réprouvés (Bot., 1960, p. 982 [Encyclop. de la Pléiade]).
♦ Herbe à lait ou herbe au lait. Le polygale. Elle cueille les sombres épis de l'herbe à lait (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p. 51).
♦ Herbe à loup ou au loup. L'aconit tue-loup. V. supra ex. 5.
♦ Herbe du Paraguay. Le houx maté. Un plateau garni de tout ce qui sert à prendre le maté ou l'herbe du Paraguay (MÉRIMÉE, Jacquerie, 1828, p. 32).
♦ Herbe aux perles. Grémil officinal. Plusieurs plantes qui ressemblaient à l'herbe aux perles, à la piloselle, à la pervenche, au fraisier (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 211).
♦ Herbe au porc ou herbe à cochon. La renouée des oiseaux. Les paysans appellent la renouée l'herbe au porc (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814p. 91).
♦ Herbe au prud'homme. Je pus sauver un spécimen de cette sauge (salvia verbenaca) qu'on appelle chez nous : « herbe au prud'homme » (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 39).
♦ Herbe aux puces. Le psyllium. Les semences de psyllium ou herbe aux puces (plantago psyllium, L) sont petites, ovales-allongées, plates d'un côté, convexes de l'autre, brillantes, noires-brunes (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 583).
♦ Herbe à la reine ou herbe à l'ambassadeur, herbe à Nicot, herbe sacrée. Le tabac. Un prévôt de boutiquiers! il offrirait de s'acquitter en cannelle et en herbe à la reine (DUMAS père, Henri III, 1829, I, 3, p. 129).
♦ Herbe à Robert. Le géranium commun. L'Herbe à Robert (Geranium Robertianum) peut croître là où la lumière est abaissée d'au moins un tiers (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 496).
♦ Herbe de sainte Barbe. Le vélar. Les pauvres fleurettes jaunes des plantes de rebut (...) celles surtout de l'herbe de sainte Barbe, de ce vélar, d'aspect si indigent (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 260).
♦ Herbe de saint-Jacques. Le séneçon jacobée. La ruelle envahie de bardanes et d'herbes de saint-Jacques (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 233).
♦ Herbe (de la) Saint-Jean. Le lierre terrestre; l'armoise vulgaire; le millepertuis perforé. Il y a le millepertuis, ou herbe de la Saint-Jean, qui guérit tout et le reste (DÉVIGNE, Légend. de Fr., 1942, p. 23).
♦ Herbe du vent. L'anémone pulsatille. Anémone veut dire herbe du vent, parce qu'elle ne s'épanouit qu'au souffle du vent, à ce que dit Pline, ce que je n'ai pas observé moi-même (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 25).
♦ Herbe aux verrues. L'héliotrope d'Europe. V. supra citat. de Pourrat.
♦ Herbe à la Vierge. Le narcisse. V. supra ex. 5.
d) Pop., absol.
— Tabac. Cette herbe [le tabac] devient de plus en plus rare (TOULET, Corresp. avec un ami, 1920, p. 99).
— Marijuana, haschisch. La drogue, je veux dire l'herbe, je n'y ai jamais pensé avant le jour où, pour la première fois, j'en ai pris (Elle, 23 juill. 1979).
Rem. Baudelaire en traduisant l'arabe emploie le mot herbe pour désigner le haschisch : Le haschisch (ou herbe, c'est-à-dire l'herbe par excellence, comme si les Arabes avaient voulu définir en un mot l'herbe, source de toutes les voluptés immatérielles) (Paradis artif., 1860, p. 351).
B. — Au sing.
1. À valeur de coll.
a) Ensemble de diverses plantes non ligneuses, dont les parties aériennes molles et vertes meurent chaque année, qui croissent spontanément dans les lieux peu fréquentés et forment la végétation des prairies et des pâturages. L'herbe la plus fine et la plus épaisse s'élève dans des prairies naturelles à plus de quatre pieds; et l'on pourrait y faucher une immense quantité de fourrages pour l'hiver (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 134). L'herbe, pressée comme une toison, comme une chevelure, se tordait avec douceur contre la pierre, et il y avait entre le mur brûlé par le soleil, l'herbe en désordre et la fenêtre abandonnée, un tel secret, que je me sentais m'émouvoir aux larmes (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 170) :
• 6. Tu ne faisais pas peur, nature aux mains offrantes,
Notre candeur plaisait à ta simplicité;
Tu nous laissais jouer sans crainte avec l'été,
Et mordre tes bourgeons, ton herbe, ton feuillage,
Comme font les chevreaux qu'on mène au pâturage.
NOAILLES, Cœur innombr., 1901, p. 56.
SYNT. Herbe verte; herbe abondante, drue, haute, riche, grasse; herbe courte, coupée, rase, rare; herbe neuve, nouvelle, fraîche, molle, tendre; herbe humide, mouillée, sèche, flétrie, fleurie; brin, touffe d'herbe; poignée, lit, tapis d'herbe; un pré d'herbe; l'herbe des prés, des pelouses; le parfum, l'odeur de l'herbe; le vert de l'herbe; couleur d'herbe; l'herbe croît, pousse, repousse, se dessèche, verdoie; arroser, faucher, tondre l'herbe; couper l'herbe, de l'herbe; brouter, paître l'herbe; s'allonger, s'étendre, se coucher, s'asseoir, se vautrer, marcher, courir, se rouler, tomber dans, sur l'herbe.
Rem. THOMAS 1956 précise la différence entre dans l'herbe et sur l'herbe : ,,Dans l'herbe marque particulièrement que l'herbe est haute et dissimule plus ou moins les personnes ou les choses (...) Les fruits étaient tombés dans l'herbe. Sur l'herbe indique seulement la nature herbeuse du sol : se coucher sur l'herbe (LITTRÉ, Acad.). « Le Déjeuner sur l'herbe », d'Édouard Manet``.
— Expr. Faire de l'herbe (v. faire I E 1b). Aller à l'herbe. Aller couper de l'herbe (pour des animaux). Aller à l'herbe pour les lapins (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 292).
b) P. méton. Lieu couvert d'herbe où pâturent les bestiaux. La seule vache du pays qui fût à l'herbe, et qui pâturait une étroite prairie sur la lisière du bois (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Pt soldat, 1885, p. 188). [Les] vaches qui sautent et s'escarmouchent, car c'est la première fois qu'on les mène à l'herbe passé le long hiver! (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 193).
c) Loc. fig. et proverbes
— [L'herbe comme symbole d'abandon et d'oubli]
♦ [Pour exprimer qu'un lieu est très peu ou nullement fréquenté] L'herbe croît chez eux; l'herbe croît, pousse entre les pavés, dans les rues. Les rues à Blois sont vides, l'herbe croît entre les pavés (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 166).
♦ [Dans des cont. abstr., p. réf. à l'herbe qui efface toute trace, à l'herbe des cimetières qui envahit les tombes abandonnées] L'herbe de l'oubli; l'herbe épaisse de l'oubli; l'herbe qui croît sur une chose. L'oubli qui la recouvre bientôt, la fait disparaître de la mémoire des hommes. L'herbe croît sur ma victoire (QUINET, Napoléon, 1836, p. 194). Puis, rien. La terre s'ouvre, un peu de chair y tombe; Et l'herbe de l'oubli, cachant bientôt la tombe, Sur tant de vanité croît éternellement (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 245) :
• 7. Victor Hugo dit : Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent. Moi je dis que la loi cruelle de l'art est que les êtres meurent et que nous-mêmes mourions en épuisant toutes les souffrances, pour que pousse l'herbe non de l'oubli mais de la vie éternelle, l'herbe drue des œuvres fécondes, sur laquelle les générations viendront faire gaîment, sans souci de ceux qui dorment en dessous, leur « déjeuner sur l'herbe ».
PROUST, Temps retr., 1922, p. 1038.
♦ Proverbe. Ne laissez pas croître l'herbe sur le chemin de l'amitié. Il ne faut pas laisser l'amitié sans l'entretenir et la cultiver. Ne laissez pas croître l'herbe sur le chemin de l'amitié, dit le proverbe. J'ajoute : ne laissez pas se ternir par la moindre vapeur le miroir de l'intimité (AMIEL, Journal, 1866, p. 439).
— [P. allus. à la fable de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste, VII, 1, 51, citat. plus ou moins fragmentaire du passage la faim, l'occasion, l'herbe tendre, pour évoquer plaisamment les causes d'un événement fâcheux ou d'une action répréhensible] La fatalité, le diable, le célibat, l'occasion, l'herbe tendre veulent votre perte (BALZAC, Physiol. mar., 1826, p. 113). Au bout de peu de temps, nos jeunes amoureux rêvèrent d'une sieste... Mais quoi!... Finalement (ô ciel! veille sur eux!) L'herbe tendre et le reste... (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 298).
2. En herbe
a) [En parlant d'une céréale] Qui n'est pas parvenu à maturité, dont la tige est verte et peu élevée et dont l'épi n'est pas encore formé. Avoine, orge en herbe. Le jeune foin, le blé en herbe étaient d'un vert infiniment tendre, émouvant (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 89).
— Locutions
♦ Manger son blé en herbe. V. blé I A 1a.
♦ En herbe et en gerbe. En espérance et en jouissance. Les moissons arrosées d'encre ne se font (quand elles se font) que dix ou douze ans après les semailles, et Lucien a pris l'herbe pour la gerbe (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 576).
b) Au fig.
— [En parlant d'une chose] Qui commence, se prépare ou n'est qu'à un stade de développement peu avancé. Véritable fléau [des lettres], sauterelles d'Égypte qui mangent la journée en herbe (LAMART., Corresp., 1835, p. 125). Couper en herbe les médisances et les ragots (LA VARENDE, Dern. fête, 1953, p. 44).
— [En parlant d'une pers.] Qui se destine (à un emploi, à une carrière), qui est ou paraît destiné (à un état). Synon. futur, en puissance. Cet auteur en herbe [Racine] soucieux d'être connu et applaudi des hommes (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 22). Bon nombre d'« esprits faux » et péremptoires sont des paranoïaques en herbe dont le jugement glisse toujours hors des voies du réel (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 630) :
• 8. ... qui a pu jamais descendre dans le cœur d'un immortel en herbe, quand un scrutin douteux balance sur sa tête poudrée l'éternel laurier, et qu'à chaque battement de son sang qui s'agite il frissonne de voir s'écraser dans ses doigts, comme don Carlos, l'œuf de ses espérances!
MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 96.
REM. 1. Herbailleux, subst. masc. Celui qui ramasse de l'herbe. Les rebouteux, les remégeux, les herbailleux trôlent par la campagne (ARNOUX, Calendr. Fl., 1946, p. 115). Donné sous la forme de herbeilleux ds BESCH. 1845, RAYMOND 1832 et BOISTE 1834, seuls dict. à attester le mot et qui donnent aussi la forme du subst. au fém. herbeilleuse. 2. Herbeiller, verbe intrans., chasse. [En parlant du sanglier] Brouter l'herbe. Le sanglier a herbeillé ici (Ac. 1798-1878). P. métaph. Il chérissait les catalogues, il y herbeillait comme un sanglier sur des racines (LA VARENDE, Sorcière, 1954, p. 19).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « plante à tige non ligneuse » (Roland, éd. J. Bédier, 2871 : De tantes herbes el pré truvat les flors); en partic. a) ca 1160 « plante qui a des propriétés médicinales » (Enéas, 7969 ds T.-L.); b) XIIIe s. male herbe « plante nuisible à la culture » (FEW t. 4, p. 404b); 1316 mauvaises herbes (G. DE PARIS, Chron. métr., éd. A. Diverrès, 1579); c) 1306 « herbes employées comme assaisonnement » lait de jument confist en herbes (JOINVILLE, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 487); 1540 fines herbes (ds Bull. soc. hist. Paris et Ile de France, XXX-106); d) 1414 [date trad.] au plur. « certaines herbes potagères et des champs propres à la consommation » salades d'herbes (Decameron, B.N. 129 [ms. du XVe s.], f° 16c ds GDF. Compl., s.v. salade); 2. ca 1100 « ensemble des herbes qui forment une végétation (au sing. collectif) » (Roland, éd. J. Bédier, 671 : Sur l'erbe verte estut devant sun tref); d'où 1572 [éd.] expr. couper l'herbe sous le pied de qqn (JACQUES YVER, Le Printemps, 3e histoire, éd. P. Jourda, p. 1202); 3. 1225-30 en herbe « état des céréales qui sont encore toutes jeunes et vertes » (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 3935); 1558 fig. en herbe, ou en gerbe (B. DES PÉRIERS, Œuvres françoises, Nouv. récréations, 32 [Jannet, 1856] ds QUEM. DDL t. 9); 4. mil. XIIIe s. en composition, désigne un grand nombre de plantes herbe Jehan, herbe Robert (Voc. plantes, 140a et 140b ds T.-L.); 1547 herbe-aux-chats (R. ESTIENNE, De Latinis et graecis nominibus arborum...). Du lat. class. herba « herbe; mauvaises herbes; jeune pousse, en partic. en parlant des céréales; plante en général »; entre en composition avec d'autres mots pour désigner diverses plantes dès le lat. imp. : herba Proserpinae « camomille » (ANDRÉ Bot.); cf. pour le sens 4 en lat. médiév. herba Roberti XIIIe s. (Voc. plantes, 140 ds T.-L.), herba gattarum XVe s. (J. CAMUS, Op. sal., p. 134 ds ROLL. Flore t. 9, p. 9). Fréq. abs. littér. : 6 505. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 485, b) 11 518; XXe s. : a) 10 863, b) 8 572.
herbe [ɛʀb] n. f.
ÉTYM. 1080, erbe; du lat. herba.
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1 a Surtout dans des syntagmes où herbe est qualifié. (Une, des herbes). Petite plante phanérogame non ligneuse dont les parties aériennes meurent chaque année (⇒ Herbacé). || Les plantes phanérogames comprennent des arbres, des arbustes, des arbrisseaux, des sous-arbrisseaux et des herbes. || Herbes annuelles, bisannuelles. || Herbes vivaces. || Herbe cultivée, herbe sauvage, herbe des champs (→ 1. Fumer, cit. 1; fleurir, cit. 6). || Herbes dures et épineuses des lieux arides (→ Agreste, cit. 3). || Herbes aquatiques (→ Engorger, cit. 2), fluviatiles (cit. 2). || Animaux qui vivent d'herbes, de végétaux. ⇒ Herbivore; → Autruche, cit. 1. || Cultiver des herbes (→ Germe, cit. 8). || Cueillir des herbes (→ Cueillette, cit. 2), en faire une collection. ⇒ Herbier, herboriser. || Herbe dont on fait une couronne (cit. 2). || Herbes médicinales (→ Botanique, cit. 3; brûler, cit. 21; entreprendre, cit. 17). || Herbes officinales, employées en pharmacie. ⇒ Herboriste. || Herbes vulnéraires. || Herbes aux vertus magiques; herbes des fées (→ Enchantement, cit. 3). || Sorcières qui font bouillir des herbes (→ Arriver, cit. 15). — Spécialt. || Herbes odorantes, aromatiques (→ Âcre, cit. 3). || Gigot (cit. 5) parfumé aux herbes des collines.
1 Vous verrez une autre fois cet homme sordide acheter en plein marché des viandes cuites, toutes sortes d'herbes (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De l'avarice.
2 (La sauce) doit ses subtiles vertus à des herbes aromatiques dont Clémentine a le secret.
G. Duhamel, Salavin, III, XII.
3 Toute leur médecine, aux herbes un peu amères, manifeste un art méticuleux d'apaiser opportunément la fièvre, la soif, et les dangereuses impatiences de la guérison.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 163.
4 (…) une vieille femme qui allait vendre ses herbes au marché et qui était entrée dans la villa peu après Désirée, pour proposer sa marchandise.
J. Green, Adrienne Mesurat, I, XVI.
♦ ☑ Loc. Fines herbes : herbes aromatiques qui entrent dans l'assaisonnement de certains mets. ⇒ Cerfeuil, ciboulette, civette, estragon, persil, pimprenelle; → Les appétits. || Farce (1. Farce, cit.) aux fines herbes. || Omelette aux fines herbes.
♦ Vx. || Herbes potagères : légumes verts et salades — Herbes (même sens). || Éplucher (cit. 1) des herbes. || Salade d'herbes fades (cit. 1). || Bouillon aux herbes : bouillon de légumes. || Des œufs, des herbes et du fromage (cit. 2). || Marché aux herbes. ⇒ Herberie. — Herbes cuites.
4.1 (…) la boutique, sous l'auvent, paraissait lui causer une émotion extraordinaire. Elle s'ouvrait. C'était un marchand d'herbes cuites; au fond, des bassines luisaient; sur la table d'étalage, des pâtés d'épinards et de chicorée, dans des terrines, s'arrondissaient.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 29.
b (Qualifié par un adj. ou un compl. et désignant une plante herbacée spécifique). || Herbe de, à. || Herbe aux abeilles : spirée. || Herbe aux aiguillettes : scandix. || Herbe à l'ambassadeur : tabac. || Herbe d'amour : myosotis. || Herbe aux ânes : onagre ou onagraire. || Herbe à balai : érica. || Herbe bénie ou de Saint-Benoît : benoîte. || Herbe à la bière : houblon. || Herbe de bison : avoine odorante, utilisée en Pologne pour parfumer certaines vodkas. || Herbes du bon Henri : chénopode. || Herbe aux boucs : chélidoine. || Herbe britannique : patience d'eau ou rumex. || Herbe aux brûlures : bacopa. || Herbe à cailler : gaillet. || Herbe au cancer : plombagine. || Herbe carrée : scrofulaire. || Herbe de casse-lunettes (vx) : euphraise. || Herbe au centaure : bleuet. || Herbe aux cent goûts : armoise vulgaire. || Herbe aux cent maux : lysimaque. || Herbe aux cent nœuds : polygonum. || Herbe aux cerfs : peucédan. || Herbe au chancre : héliotrope. || Herbe au chantre : sisymbre et vélar. || Herbe de Charlemagne : carline. || Herbe au charpentier : achillée. || Herbe à chat, aux chats : népète, cataire, valériane. || Herbe des chevaux, herbe aux poules, à la teigne : jusquiame. || Herbe aux chèvres : galega. || Herbe aux chutes, au pêcheur : arnica. || Herbe à cinq côtes : plantain. || Herbe aux cinq feuilles : potentille. || Herbe au citron : mélisse. || Herbe à cloque : physalis. || Herbe à cochon : renouée. || Herbe du cœur : menthe. || Herbe au coq : tanaisie. || Herbe aux corneilles : fragon. || Herbe à coton : gnaphale. || Herbe à coucou : lychnis. || Herbe à la coupure : sedum, reprise, orpin. || Herbe aux couronnes : romarin. || Herbe aux couteaux : carex. || Herbe sans couture : ophioglosse. || Herbe aux cuillers : cochléaire. || Herbe à dartre : cassia. || Herbe au diable, du diable : datura. || Herbe aux dindons : fumeterre. || Herbe à dorer : cétérac. || Herbe dragonne : arum. || Herbe à l'éclaire : chélidoine. || Herbe aux écrouelles : lampourde, scrofulaire. || Herbe aux écus : lysimaque nummulaire, thlaspi. || Herbe à empoisonner : belladone. || Herbe aux engelures : jusquiame. || Herbe à l'esquinancie : aspérule, géranium. || Herbe à éternuer : achillée ou bouton d'argent. || Herbe étoilée : aspérule. || Herbe à femme battue, aux femmes battues : tamier. || Herbe au fic : ficaire. || Herbe à la fièvre : centaurée. || Herbe du foie : anémone. || Herbe à foulon : saponaire. || Herbe aux fous : → ci-dessous, Herbe à séton. || Herbe à la gale : solanum. || Herbe aux goutteux : ægopodium. || Herbe aux grands prieurs (vx) : tabac. || Herbe à la gravelle : saxifrage. || Herbe aux gueux : clématite. || Herbe de Guinée : panic. || Herbe aux hémorroïdes : ficaire. || Herbe d'Hermès : mercuriale. || Herbe à l'hirondelle : stellaire. || Herbe à jaunir : genêt, réséda. || Herbe des Juifs, aux Juifs : solidage ou gaude. || Herbe au lait : polygale. || Herbe à la laque : phytolaque. || Herbe aux loups (herbe à loup, au loup) : l'aconit « tue-loup ». || Herbe de Madère, de Mogador : roccella. || Herbe à la magicienne : circée. || Herbe des magiciens : morelle noire. || Herbe aux mamelles : lapsane. || Herbe à la manne : glycérie. || Herbe marine : algue, goémon. || Herbe aux massues : lycopode. || Herbe à tous les maux, herbe sacrée : verveine, tabac. || Herbe à la meurtrie : valériane. || Herbe à mille trous : millepertuis. || Herbe aux mites : tanaisie, molène. || Herbe du mort : menthe à feuilles rondes. || Herbe aux mouches : conyse carrée. || Herbe aux murailles : pariétaire. || Herbe aux neuf chemises : ail. || Herbe à Nicot (vx) : tabac. || Herbe Notre-Dame : pariétaire. || Herbe aux oies : potentille. || Herbe à l'ophtalmie : euphraise. || Herbe à la ouate : asclépiade. || Herbe des pampas : gynérium. || Herbe aux panaris : renouée. || Herbe du Paraguay : maté. || Herbe à Paris : parisette. || Herbe au pauvre homme : gratiole. || Herbe aux perles : grémil. || Herbe à la pituite : delphinium. || Herbe aux porcs (→ ci-dessus Herbe à cochon). || Herbe aux poules : pétivérie. || Herbe aux poumons : pulmonaire. || Herbe aux poux : dauphinelle, pédiculaire, staphisaigre. || Herbe aux prud'hommes : salvia verbanaca. || Herbe puante : chenopodium. || Herbe aux puces : plantain des sables, psyllium. || Herbe à la reine (vx) : tabac. || Herbe à Robert : géranium. || Herbe à la rosée : droséra. || Herbe sacrée : verveine ou sauge. || Herbe Saint-Antoine : épilobe. || Herbe de Saint-Benoît : benoîte (→ ci-dessus, Herbe bénie). || Herbe de Saint-Christophe : actée. || Herbe de Saint-Fiacre : héliotrope, molène. || Herbe de Saint-Innocent : poivre d'eau, renouée. || Herbe de Saint-Jacob : jacobée, séneçon. || Herbe de Saint-Jacques : séneçon. || Herbe de Saint-Jean : armoise, gléchome ou lierre terrestre, millepertuis. || Herbe de Saint-Joseph : scabieuse. || Herbe de Saint-Julien : barbarée. || Herbe de Saint-Laurent : bugle. || Herbe de Saint-Paul : primevère. || Herbe de Saint-Roch : inule. || Herbe de Sainte-Barbe : vélar. || Herbe de Sainte-Marie : balsamine. || Herbe de Sainte-Sophie : sisymbre. || Herbe de Sainte-Thérèse : véronique. || Herbe au scorbut : raifort. || Herbe à séton : hellébore, dite aussi herbe aux fous. || Herbe aux sonnettes : fritillaire. || Herbe aux sorciers : circée, datura. || Herbe aux teigneux : bardane, tussilage. || Herbe à teinture : genêt. || Herbe terrestre : gléchome. || Herbe de la Trinité : pensée sauvage. || Herbe aux varices : cirse. || Herbe du vent : anémone pulsatille. || Herbe aux verrues : chélidoine, euphorbe, héliotrope. || Herbe aux vers : absinthe, tanaisie. || Herbe de vie : aspérule. || Herbe à la vierge : narcisse. || Herbe aux vipères : vipérine. || Herbe vulnéraire : arnica.
♦ Herbes de la Saint-Jean : herbes que l'on cueillait le jour de la Saint-Jean, et auxquelles on attribuait des vertus magiques. — ☑ Fig. Vieilli. Employer toutes les herbes de la Saint-Jean : employer tous les moyens pour réussir.
5 Il lui a tout de même fallu un peu de séminaire, l'ordination, la tonsure, toutes les herbes de la Saint-Jean.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, VII, p. 110.
2 a Cour. Plante herbacée, graminée (qui pousse naturellement partout où les conditions lui sont favorables). ⇒ Graminée. || Longues herbes (→ Engraisser, cit. 5). || Hautes herbes des prés, des savanes. || Herbes folles (cit. 51). || Herbes couvertes de rosée (→ Étincellement, cit. 2). || Herbes sèches (→ Année, cit. 5; chemin, cit. 23; foin, cit. 3). || Couleur des feuillages et des herbes (→ 2. Cru, cit. 5). || Moulin abandonné, envahi (cit. 7) par les herbes. || S'avancer dans les herbes (→ Froncer, cit. 5), au travers des herbes et des orties (→ Forêt, cit. 3). || Faire courber (cit. 2) les herbes sous ses pas.
6 Le vent qui soufflait tirait horizontalement les herbes folles qui avaient poussé dans la paroi du mur (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 210.
7 Ce qui est démoralisant, c'est la friche, ou l'envahissement d'un bon semis par les herbes.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 210.
8 La foule s'avança dans une petite allée entre les herbes hautes qui envahissaient les tombes, et s'arrêta auprès de la fosse (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 58.
9 La caractéristique des associations herbeuses est la prédominance des espèces herbacées, en premier lieu des Graminées, auxquelles peuvent s'ajouter diverses espèces vivaces (…) Les pluies peuvent être faibles, mais assez fréquentes pour humecter la surface du sol, la température doit être favorable pendant toute cette période (période de végétation). Mais les herbes, étant ordinairement tropophiles, peuvent supporter pendant leur période de repos soit de grands froids, soit une sécheresse prolongée.
E. de Martonne, Géographie physique, t. III, p. 1203.
b (1316; male herbe, XIIIe). || Mauvaise herbe : herbe qui n'est d'aucune utilité et nuit aux cultures qu'elle envahit. || Mauvaise herbe qui gêne les légumes (→ Couper, cit. 2). || Enlever, arracher, extirper, sarcler les mauvaises herbes. ⇒ Désherber.
10 Et en effet, sur la planète du petit prince, il y avait comme sur toutes les planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes. Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises herbes.
Saint-Exupéry, le Petit Prince, V.
♦ ☑ Loc. métaphorique ou fig. Pousser comme une mauvaise herbe : pousser rapidement, facilement. || Idée qui pousse comme une mauvaise herbe (→ 1. Crâne, cit. 5). — (En parlant d'un jeune vaurien ou, par plais., de n'importe quel enfant). || Mauvaise herbe croît toujours. || Mauvaise herbe est précoce et croît avant (cit. 4) le temps. ⇒ Graine (mauvaise graine).
11 L'enfant, à peine sevrée, avait poussé dru, en mauvaise herbe (…)
Zola, la Terre, I, III.
c (1860, Baudelaire, les Paradis artificiels; empr. à l'arabe). Argot de la drogue. Drogue qui se fume (haschisch, marijuana). || « Personne ne songe à y redire, comme nul ne s'offusque d'entendre, chaque samedi sur la radio socialiste, un présentateur zélé débiter les cours officieux des différentes variétés d'herbes offertes en ville » (le Monde, 26 août 1977, p. 9). || Chez X, « on offre des joints d'“herbe”, après le pousse-café » (l'Express, 2 févr. 1980, p. 95).
3 (1080). Sing. collectif. (L'herbe, de l'herbe). Végétation naturelle de plantes herbacées peu élevées où les graminées dominent. ⇒ Ray-grass; gazon. || Touffe d'herbe (→ Énergie, cit. 3), brin d'herbe (→ Apprivoiser, cit. 19; flottant, cit. 5). || Une herbe rase, courte (→ Épineux, cit. 1). || Herbe riche, grasse, drue, épaisse, fournie, haute, touffue des terres fertiles et bien arrosées. || Herbe maigre et rare des terres pauvres, des régions trop froides (latitude, altitude), ou trop sèches. || Herbe verte (⇒ Verdure), herbe d'émeraude (cit. 3), herbe nouvelle (→ Flanc, cit. 15), menue (⇒ Herbette; → Gambader, cit. 1). || Herbe fine (→ Arrosage, cit. 1), tendre (→ Faim, cit. 2), fraîche (→ Brebis, cit. 2; croupir, cit. 8), fleurie. || Herbe jaunie, roussie, sèche (→ Flammèche, cit. 2), brûlée par le soleil (→ Fendre, cit. 11), le feu (→ Flamme, cit. 8). || Herbe givrée (→ Clapoter, cit. 1), mouillée (→ Fondre, cit. 10). || Pluie qui foule (cit. 3) l'herbe. || Herbe qui ploie, qui frissonne (cit. 12) dans le vent. || Fraîcheur (→ Âcre, cit. 2), parfums, exhalaisons de l'herbe (→ Bien-être, cit. 2). || Bruissement des insectes dans l'herbe (→ Envol, cit. 1). || Fourmis, sauterelles (→ Balle, cit. 9), couleuvres (cit. 3) qui vivent dans l'herbe. || Lieux couverts d'herbe. ⇒ Herbage, pâture, prairie, pré, savane. || Endroit feutré (cit. 3) d'herbe. || Herbe des champs, des prés (→ Chardon, cit. 1). || Pré plein d'herbe (→ Âne, cit. 1). || Herbes des berges, des fossés (→ Coucher, cit. 23), des chemins peu fréquentés. || Herbe qui croît dans les cimetières (cit. 3), qui envahit un jardin, les allées d'un parc abandonné, qui cache (cit. 4), enfouit qqch. || Temple enseveli (cit. 10) sous l'herbe. || Brûler l'herbe sur pied. ⇒ Brûlis; écobuer. || Garnir d'herbe. ⇒ Enherber, engazonner. || Herbe entretenue pour la décoration des jardins, des parcs. ⇒ Gazon, pelouse. — Marcher, courir (cit. 2) dans l'herbe. || Poulains qui gambadent (cit. 3) sur l'herbe. || Avoir de l'herbe jusqu'au ventre (→ Étoile, cit. 15). || S'asseoir (cit. 22), se reposer sur l'herbe (→ Étendre, cit. 7; foule, cit. 1). || Se coucher dans l'herbe (→ Foin, cit. 4), dormir sur l'herbe (→ Abandon, cit. 8). || Se rouler dans l'herbe (→ Fenaison, cit.). || Cueillir des fleurs, ramasser des fruits dans l'herbe (→ Gauler, cit. 1). || Déjeuner sur l'herbe. || Un déjeuner, un pique-nique sur l'herbe. || Jeux sur l'herbe. — Écraser, froisser (cit. 7 et 8) l'herbe sous ses pas (→ Cahin-caha, cit. 3). || Herbe couchée, froissée (cit. 9). || Bestiaux qui foulent l'herbe (→ Flotter, cit. 11). || Traces de gibier sur l'herbe (→ Barbare, cit. 21). — L'herbe, nourriture des animaux (⇒ Herbivore). || Bêtes qui mangent, broutent (cit. 1 et 2) l'herbe. ⇒ Paître. || Faim (cit. 3), famine (cit. 2) qui oblige les hommes à manger de l'herbe. || Couper, faucher l'herbe des prés. ⇒ Fenaison. || Herbe coupée, fauchée, herbe séchée. ⇒ Foin; andain; → Faneur, cit. 1. || Odeur d'herbe fauchée (→ Effluve, cit. 3). || Fourchée (cit. 1), botte, bottillon, meule d'herbe. || Herbe qui repousse après la fenaison. ⇒ Regain. || Faire (cit. 26) de l'herbe pour les lapins, en couper, en récolter. || Apporter (cit. 5) de l'herbe aux bêtes. ⇒ Fourrage. || Litière d'herbe sèche, bouchon d'herbe.
12 Je ne vois rien que le Soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie.
Ch. Perrault, Barbe Bleue.
13 C'est là qu'il y en avait, de l'herbe ! jusque par-dessus les cornes, mon cher ! (…) Et quelle herbe ! savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes (…) C'était bien autre chose que le gazon du clos.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « La chèvre de M. Seguin ».
14 Rognes fauchait et fanait, dans les prés, autour d'elles. Avant le jour, Delhomme se trouvait là, car l'herbe, trempée de rosée, est tendre à couper, comme du pain mollet, tandis qu'elle durcit, à mesure que le soleil la chauffe; et on l'entendait bien, résistante et sifflante à cette heure sous la faux.
Zola, la Terre, II, IV.
15 (…) d'un balancement de sa fourche, elle prenait l'herbe, la jetait dans le vent (…) Les brins volaient, une odeur s'en dégageait, pénétrante et forte, l'odeur des herbes coupées, des fleurs fanées.
Zola, la Terre, II, IV.
16 Plus d'allées; sur les pelouses débordées quelques vaches pâturaient librement l'herbe surabondante et folle (…) Nous parvînmes devant le perron du château dont les premières marches étaient noyées dans l'herbe, celles d'en haut disjointes et brisées (…)
Gide, Isabelle, p. 9-10.
17 (…) l'herbe courte des fossés se creusait et se divisait, sous le vent, semblable à des cheveux où des mains invisibles auraient couru.
J. Green, Adrienne Mesurat, II, V.
♦ Allusion historique :
17.1 Les champs, foulés du pied des chevaux, montraient que les Tartares y avaient passé, et de ces barbares on pouvait dire ce que l'on a dit des Turcs : « Là où le Turc passe, l'herbe ne repousse jamais ! »
J. Verne, Michel Strogoff, p. 228.
♦ Par compar. || Cheveux (cit. 13) plantés comme de l'herbe.
18 Sur le crâne, de rares cheveux décolorés rappelaient l'herbe qui pousse sur les dunes.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 184.
♦ ☑ Loc. prov. Vx. À chemin battu il ne croît point d'herbe : il n'y a rien à gagner dans une affaire dont beaucoup de personnes s'occupent.
♦ ☑ Loc. mod. Couper l'herbe sous les pieds de qqn : frustrer qqn d'un avantage en le devançant, en le supplantant.
19 (…) il n'a tenu qu'à elle (…) de couper l'herbe sous le pied de Mlle de La Valette (…)
Mme de Sévigné, 946, 27 déc. 1684.
19.1 La police, quelle que soit sa conviction initiale, a toujours intérêt, dans une enquête bien faite, à démontrer qu'elle a été impartiale et a suivi toutes les pistes possibles. Elle le fait avec d'autant plus de conscience qu'elle sait que la défense s'emploiera à démontrer qu'il y a eu des trous ou des lacunes dans l'information. C'est, en quelque sorte, pour couper l'herbe sous le pied du défenseur qu'elle se livre à toutes ces vérifications, même quand elle est persuadée qu'elles sont inutiles.
René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 134.
4 En herbe, se dit des céréales qui, au début de leur croissance sont vertes, courtes et molles comme de l'herbe. || Blés (cit. 3) en herbe (→ Couvée, cit. 3). || L'avoine est encore en herbe. — Par métaphore. || Le Blé en herbe, roman de Colette (dont les héros sont des adolescents). — ☑ Loc. Manger son blé en herbe, (proprt) le manger avant qu'il ne soit mûr (en gerbe) et en perdant la récolte; (au fig.) utiliser, dépenser un bien productif avant qu'il n'ait rapporté. ⇒ Dilapider. || « Comment Panurge (…) mangeait son blé en herbe » (Rabelais, Tiers Livre, II). || Amasser le froment (cit. 1) en gerbe au lieu de le manger en herbe. — (Dans le même sens). || « Quand on broute (cit. 3) sa gloire en herbe de son vivant, on ne la récolte pas en épis après sa mort » (Renan).
20 (…) en moins de quatorze jours il (Panurge) dilapida le revenu certain et incertain de sa châtellenie pour trois ans (…) abattant bois, brûlant les grosses souches pour la vente des cendres, prenant argent d'avance, achetant cher, vendant à bon marché, et mangeant son blé en herbe.
Rabelais, III, II.
♦ (En parlant d'enfants, de jeunes personnes). ☑ En herbe : qui a des dispositions pour qqch., qui se destine à un métier. || Pianiste, médecin en herbe. ⇒ Apprenti, futur. || Un gangster en herbe. → De la graine de gangster.
21 Montrer une horloge à un mécanicien en herbe, ce sera toujours lui révéler la mécanique en entier; il développe aussitôt les germes qui dorment en lui.
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 592.
22 L'héroïsme réunissait un monde mêlé sous une même palme. Bien des meurtriers en herbe y trouvaient l'occasion, l'excuse de leur vice et sa récompense, côte à côte avec les martyrs.
Cocteau, Thomas l'imposteur, p. 120.
♦ ☑ (1558). Par plais. Cocu en herbe.
23 Au sort d'être cocu son ascendant l'expose,
Et ne l'être qu'en herbe est pour lui douce chose.
Molière, l'École des maris, III, 9.
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DÉR. Herbage, herbeiller, herber, herberie, herbette, herbier, 1. herbière, 2. herbière, herbu.
Encyclopédie Universelle. 2012.