mieux [ mjø ] adv. ♦ Compar. irrég. de BIEN (au lieu de plus bien). I ♦ MIEUX.
1 ♦ D'une manière plus accomplie, meilleure. Cette lampe éclaire mieux. Je l'estime davantage depuis que je le connais mieux. Il n'en travaillera que mieux. « Impossible d'exprimer mieux une pensée plus admirable » (A. Gide). Reculer pour mieux sauter. — Loc. verb. ALLER MIEUX : être en meilleure santé. ⇒ guérir, se remettre. Elle ne va ni mieux ni plus mal. — Être dans un état plus favorable, plus prospère. Les choses commencent à mieux aller. Ça ira mieux demain. Fam. Ça (ne) va pas mieux ! ça ne va pas du tout, c'est le comble. — FAIRE MIEUX DE : avoir intérêt, avantage à. Il aurait mieux fait de se taire. Il ferait mieux de rester tranquille. — Faire mieux : faire un effort (⇒ améliorer) . Je ferai mieux la prochaine fois. (Élève qui) peut mieux faire. — Aimer mieux : préférer. Valoir mieux. — Loc. Mieux vaut tard que jamais.
2 ♦ MIEUX QUE... Il travaille mieux que son frère. Elle sait mieux que personne ce qu'elle doit faire. Mieux que jamais. « Elle était mieux qu'indolente; elle était indifférente » (Barbey). Il a mieux réussi que je ne pensais. Il n'écrit pas mieux qu'il ne parle : il parle et écrit mal. — Ellipt Aux enchères, Qui dit mieux (que l'enchérisseur précédent) ?qui propose davantage ?
3 ♦ (Apr. un adv. de quantité) Un peu, beaucoup, bien mieux.
4 ♦ Loc. Tant mieux. D'autant mieux. — Mieux, en corrélation avec plus, moins, marque une augmentation directement ou inversement proportionnelle. Moins je le vois, mieux je me porte. « Mieux je saisis ces rapports, plus je m'intéresse à l'œuvre » (France). — Loc. On ne peut mieux : parfaitement. — Adj. C'est on ne peut mieux. ⇒ parfait. — De mieux en mieux : en progressant vers le mieux. Notre malade va de mieux en mieux. Iron. De mieux en mieux, ne vous gênez pas ! — À qui mieux mieux : à qui fera mieux (ou plus) que l'autre. ⇒ envi (à l').
II ♦ LE MIEUX.
1 ♦ De la meilleure façon. « Ce que je sais le mieux, c'est mon commencement » (Racine). Le plus tôt sera le mieux. Les situations le mieux payées (beaucoup payées), les mieux payées (payées plus que les autres). Le mieux qu'il peut, du mieux qu'il peut. J'« occupe du mieux que je peux des jours effroyablement vides, à l'étude » (A. Gide). Le mieux du monde : à la perfection. — « Le mieux qu'on puisse faire, c'est de détourner les yeux et de penser à autre chose » (Sartre).
2 ♦ Loc. AU MIEUX : de la meilleure façon. Faites au mieux. En mettant les choses au mieux : en supposant l'état, les conditions les meilleurs. — Vendre, acheter au mieux, au meilleur prix du marché. — Ellipt Au mieux, il réunira deux mille suffrages. — Être au mieux avec une personne, en excellents termes. Ils sont au mieux. — Au mieux de, de la façon la plus appropriée. Je réglerai l'affaire au mieux de vos intérêts. — Être au mieux de sa forme. ⇒ sommet.
3 ♦ POUR LE MIEUX : très bien, excellemment; le mieux possible. PROV. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
4 ♦ DES MIEUX. Très bien. Vieilli « cela va des mieux » (Jaloux). — Mod. (avec un p. p.) Cet appartement est des mieux meublés. Loc. adv. « L'exemple est des mieux choisi » (Ch. Du Bos).
III ♦ Adj. attribut
1 ♦ (Personnes) En meilleure santé. Se sentir mieux. Je vous trouve mieux ces temps-ci.
♢ Plus agréable, plus beau. Il est mieux que son frère; il est mieux sans moustache.
♢ Plus à l'aise. Mettez-vous dans ce fauteuil, vous serez mieux.
2 ♦ (Choses) Dans un état meilleur, plus convenable, plus satisfaisant. Nous ne nous voyons plus : c'est mieux ainsi. Parler est bien, se taire est mieux. ⇒ préférable.
♢ DE MIEUX : de meilleur, qui soit mieux. Si vous n'avez rien de mieux à faire ce soir, je vous emmène au cinéma. Iron. Il n'a rien trouvé de mieux que de venir me déranger ici. — Ce qu'il y a de mieux dans un spectacle (⇒ 1. bouquet) , dans une société (⇒ gratin) . Ce qu'il y a, ce qui se fait de mieux dans le genre (⇒ nec plus ultra) . — Fam. Une maison tout ce qu'il y a de mieux.
3 ♦ Loc. QUI MIEUX EST [ kimjøzɛ ] :ce qui est encore mieux. « Le plus grand esprit de ce temps ! Et, qui mieux est, grand esprit et grand cœur » (Duhamel) .
IV ♦ (Nominal)
1 ♦ (Sans art.) Qqch. de mieux, une chose meilleure. En attendant mieux, je m'en contenterai. Vous ne trouverez pas mieux sur le marché. Il y a mieux, mais c'est plus cher. J'attendais, j'espérais mieux de lui. Loc. verb. Ne pas demander mieux. — Faute de mieux. Je m'attendais à mieux, je suis déçu. « Le mets ne lui plut pas : il s'attendait à mieux » (La Fontaine). Il a changé en mieux, à son avantage.
♢ (Pour renchérir sur ce qu'on vient de dire) Bien plus. Il a beaucoup de talent; mieux, du génie.
2 ♦ N. m. LE MIEUX : ce qui est plus accompli, meilleur, le plus haut degré d'excellence possible. Efforts de l'homme vers le mieux. PROV. Le mieux est l'ennemi du bien : on risque de gâter une bonne chose en voulant la rendre meilleure, en cherchant à mieux faire. « ce n'est pas le bien qui réjouit l'homme, c'est le mieux » (Taine).
♢ Spécialt Le mieux, du mieux, un mieux. ⇒ amélioration. Le médecin a constaté du mieux, un léger mieux. Il fait des efforts, il y a du mieux. ⇒ progrès.
⊗ CONTR. Pire.
● mieux adverbe (latin melius) D'une manière meilleure, plus convenable : Il travaille mieux que moi. En meilleure condition, en meilleure santé ou plus à l'aise : Vous serez mieux à la campagne. Avec la plus grande perfection, d'une façon préférable à toute autre : La femme la mieux habillée de Paris. Apporte une précision en tête de phrase, sans article (seul ou dans l'expression qui mieux est) : J'accepte vos projets, qui mieux est, je vous soutiendrai devant vos adversaires. ● mieux (difficultés) adverbe (latin melius) Emploi Mieux est le comparatif de supériorité de bien (contrairement aux autres adverbes, bien ne se construit pas avec plus) : elle chante mieux que les autres. Précédé de l'article défini, il forme le superlatif de bien : c'est elle qui chante le mieux. 1. Il vaut mieux. On dit, on écrit : il vaut mieux (et non : il faut mieux) : il vaut mieux partir tôt. 2. Le mieux / du mieux. L'un et l'autre se disent : il fait le mieux possible ; il fait du mieux qu'il peut. 3. De mieux. Ce tour (dix francs de mieux, une seconde de mieux) appartient à l'expression orale relâchée. Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, tourner la phrase autrement : c'est payé dix francs de plus, je gagne dix francs sur le prix, etc. ; il a amélioré son propre record d'une seconde, il a couru en une seconde de moins, etc. Accord 1. Des mieux (+ adjectif) : accord de l'adjectif. Quand le nom ou le pronom auquel l'adjectif se rapporte est au pluriel, l'adjectif s'accorde en genre et en nombre : ces toiles sont des mieux peintes, ils sont des mieux informés. Quand le nom ou le pronom auquel l'adjectif se rapporte est au singulier, l'adjectif s'accorde en genre mais se met normalement au pluriel : cette toile est des mieux peintes ; il est des mieux informés (des mieux = parmi les mieux). Néanmoins, des mieux peut être compris comme un équivalent de très bien ; aussi admet-on aujourd'hui que l'adjectif s'accorde en genre mais reste au singulier après un nom ou un pronom au singulier : cette toile est des mieux peinte ; il est des mieux informé. L'adjectif est toujours au masculin singulier s'il se rapporte à un pronom neutre : c'est des mieux réussi. 2. À qui mieux mieux (= chacun s'efforçant de faire mieux que l'autre) exige un sujet au pluriel : ils s'épient et se jalousent à qui mieux mieux (mais non : il court à qui mieux mieux). 3. La maison la mieux ensoleillée / la maison le mieux ensoleillée. → le Construction 1. Le mieux que (+ subjonctif ou indicatif). Le mieux que est le plus souvent suivi du subjonctif : le mieux qu'il puisse faire, c'est de rembourser la totalité des dégâts (= ce qu'il a de mieux à faire, ce qu'il devrait faire, mais qu'il ne fera peut-être pas). L'indicatif, également employé, introduit une nuance différente : le mieux qu'il peut faire, c'est de rembourser la moitié des dégâts (= ce qu'il peut faire de mieux, il ne pourra pas faire mieux de toute façon). 2. Mieux que... ne. Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, mieux que entraîne l'emploi du ne explétif : c'est mieux que vous ne le dites (préférable à : c'est mieux que vous le dites). - Après une proposition interrogative ou négative, le ne explétif peut être omis : est-ce mieux que vous le dites ? ce n'est pas mieux que vous le dites. 3. Mieux vaut... que de... / mieux vaut... que...(mieux vaut entendre cela que d'être sourd ou mieux vaut entendre cela qu'être sourd). → de ● mieux (expressions) adverbe (latin melius) Aimer mieux, préférer. Aller mieux, avoir une santé meilleure, être dans un état plus favorable : Les affaires vont mieux. À qui mieux mieux, à l'envi, avec émulation. De mieux en mieux, en progressant sans interruption vers le bien : Travailler de mieux en mieux ; de plus en plus fort, extraordinaire (exclamation souvent ironique). En attendant mieux, en attendant une circonstance plus favorable. Faire mieux de, agir plus rationnellement, d'une manière plus avantageuse : On ferait mieux de réfléchir avant de parler. Ne pas demander mieux que de, être tout à fait disposé à : Je ne demande pas mieux que d'y aller. Pour mieux dire, pour parler plus exactement. Trouver mieux, trouver quelqu'un, quelque chose qui convienne mieux. Valoir mieux, avoir plus de valeur, plus de mérite, en parlant de quelqu'un ; être préférable, en parlant de quelque chose. ● mieux adjectif Meilleur, plus agréable : Cette robe est mieux que la dernière que tu as achetée. Qui se présente sous un physique, un aspect plus agréable, plus joli : Il est mieux sans sa barbe. ● mieux nom masculin Ce qui vaut mieux, ce qui est préférable : Je m'attendais à mieux. Amélioration dans un état : Le médecin a constaté un mieux. ● mieux (expressions) adjectif De mieux, de meilleur, qui soit préférable : Tu n'as rien de mieux à faire ? ● mieux (expressions) nom masculin Au mieux, de la meilleure façon, dans les meilleures conditions : Arrangez l'affaire au mieux. Au mieux de quelque chose, de la manière la plus avantageuse ; dans l'état le meilleur : Il a réglé l'affaire au mieux de ses intérêts. De mon mieux, du mieux possible, aussi bien que possible : Il a fait de son mieux pour vous contenter. Être au mieux avec quelqu'un, avoir avec lui les meilleures relations possibles. Faire pour le mieux, agir de la manière qui paraît la meilleure. Faute de mieux, puisqu'il n'y a rien de mieux.
mieux
adv., n. m. et adj. Comparatif de bien.
rI./r adv.
d1./d D'une manière plus avantageuse, plus accomplie. Il peut mieux faire. Il chante mieux que les autres.
|| Aller mieux: être en meilleure santé.
— Ses affaires vont mieux, sont dans un meilleur état.
|| Aimer mieux: préférer.
|| Valoir mieux: être préférable. Prov. Mieux vaut tard que jamais.
d2./d Loc. adv. De mieux en mieux: en faisant toujours des progrès.
|| Le mieux du monde: aussi bien que possible.
|| Au mieux: dans les conditions les plus favorables. Il l'a vendu au mieux.
— être au mieux avec qqn: être en très bons termes avec lui.
|| Fam. à qui mieux mieux: en rivalisant.
|| Tant mieux: Interj. marquant la satisfaction. Il a gagné, tant mieux!
d3./d Superl. de bien. Le mieux: de la manière la meilleure. Le texte le mieux rédigé. Agis le mieux, du mieux que tu peux.
rII./r n. m. Ce qui est meilleur, quelque chose de meilleur. En attendant mieux.
— Faute de mieux.
|| Prov. Le mieux est l'ennemi du bien: on gâte souvent une bonne chose en voulant la rendre meilleure.
|| Il y a du mieux, une amélioration.
|| Faire de son mieux, pour le mieux ou (Belgique) pour un mieux: faire aussi bien que l'on peut.
rIII/r adj. attribut.
d1./d (Choses) Meilleur, plus convenable. C'est mieux pour lui. Il n'a rien de mieux à vous proposer.
d2./d En meilleure santé. Il est mieux qu'hier.
|| Plus beau; d'une valeur supérieure. Elle est mieux que lui.
⇒MIEUX, adv.
I. —[Compar. de supériorité de bien]
A. —Adv. D'une manière plus satisfaisante, plus conforme à certains critères d'appréciation.
1. a) Verbe + mieux ou mieux + verbe (+ subst., pron. neutre ou inf.). Nous n'avons fait que creuser plus avant à mesure que nous avons mieux appris l'anatomie (JANIN, Âne mort, 1829, p.6). Je décide de regarder mieux. Je fixe mon regard sur elles (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p.261). Si l'on veut s'efforcer de mieux pénétrer ce donné et de le comprendre davantage (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p.69).
SYNT. S'accorder, chercher, comprendre, connaître, convenir, dormir, écouter, écrire, entendre, expliquer, exprimer, parler, répondre, respirer, réussir, saisir, savoir, vivre mieux.
— Loc. verb.
♦Aimer mieux. V. aimer ex. 131, 133 à 140.
♦Aller mieux. [Le suj. désigne une chose] S'améliorer, prospérer. Aller mieux/être mieux/se porter mieux. [Le suj. désigne une pers.] Être en meilleure santé. Vous êtes mieux bien que très souffrant encore. Je veux espérer que cette lettre vous trouvera dans un état de convalescence plus décidé (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p.124). V. aussi aller1 ex. 43.
Fam., pop., iron. Ça ne va pas mieux. Synon. pop. (non mais) ça va pas (la tête)! «Ça ne va pas mieux», répète le poilu à toute chose, même de mince importance, qui ne va pas selon son souhait; misère infinie, fatalité inexorable (ESN. Poilu 1919, p.573). [S'apercevant que je regardais dans mon porte-monnaie, elle] me jeta en manière de nargue: «Ça va pas mieux! t' gaffes en douce si je t'ai pas fauché? (...)» (M. STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928, p.59).
♦Dire mieux; pour mieux dire. V. dire1 II C 5 d.
♦Être mieux. Être plus à l'aise, en de meilleures conditions. À chaque moment nous croyons être mieux, à chaque moment nous sommes pis. La confiance trop abusée s'éloigne sans retour (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p.80). De longues banquettes de velours vert, sur lesquelles il faisait bon s'étendre à plat ventre pour lire. Mais combien on était mieux encore (...) sur les marches mêmes (GIDE, Si le grain, 1924, p.360).
♦Faire mieux; faire mieux de + inf. Avoir intérêt à. V.faire1 II B 1. Faire mieux/rendre mieux. Produire meilleur effet. V. faire1 ex. 40.
♦Pouvoir mieux; on ne peut mieux. Cet habit coquet des nonnes lui allait à ravir (...) On ne peut mieux (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, I, 3, p.100).
♦Valoir mieux. Avoir plus de valeur, d'avantages, de qualités. Neuve elle [la noblesse] se vendait alors; elle valait mieux (COURIER, Pamphlets pol., Lettres partic., 2, 1820, p.62).
Ça vaut mieux (pour vous), ça ne vaut pas mieux. — Mais tu ne mourras pas! — Si, si, ça vaut mieux, il le faut! (ZOLA, Débâcle, 1892, p.629).
Il vaut mieux (+ inf.). Il vaut mieux avoir froid et rester toujours bien éveillé (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.80).
Mieux vaut + subst. ou inf. (littér.). Je suis devenue impatiente, irritable... Mieux vaut me laisser seule dans mon coin (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, III, 1, p.223).
b) Mieux + part. ou adj. verbal. Mieux portant(e). Le faux témoignage est ce qu'il y a de plus chic, de mieux porté, cette année, dans la haute société (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.159). Certaines élèves plus charmantes que les autres, plus jolies, mieux douées (BRETON, Nadja, 1928, p.39). Me faire (...) une idée de lui plus complète et mieux informée (BILLY, Introïbo, 1939, p.88).
SYNT. Mieux accueilli, armé, assorti, composé, disposé, éclairé, inspiré, instruit, qualifié, renseigné, servi, traité.
c) Littér. Mieux + adj. Les noms fameux d'Arles, d'Avignon (...) personnifient à nos yeux les formes composites les plus attrayantes de la beauté. L'antiquité s'y mêle au moyen âge pour nous être mieux accessible (BARRÈS, Cahiers, t.5, 1907, p.288). Qui donc aurait été mieux capable de te comprendre? Qui t'a plus regardé depuis dix ans et avec de meilleurs yeux? (CLAUDEL, Soulier, 1944, 2e part., 2, p.1047).
2. [En corrélation avec que compar.]
a) Mieux que + subst. ou adj. ou pron. dém., poss., etc. Au fond, pourquoi se lever? On est mieux assis que debout, mieux couché qu'assis (MARAN, Batouala, 1921, p.22). Ce n'est pas tant le divorce que je blâme (...), c'est le mariage. Il me semble que tout vaudrait mieux que le mariage (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.16). V. aussi aimer ex. 132, 146 et bien1 ex. 8.
— Expr. Mieux que ça (v. ami ex. 67); mieux que jamais; mieux que personne. Il a éprouvé mieux que personne combien nos efforts sont vains (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.204).
— Proverbes
♦Mieux vaut tard que jamais. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. V. ceinture ex. 5.
♦Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Une seule chose acquise vaut mieux que plusieurs possessions hypothétiques. Il [l'homme de catégorie moyenne] prépare obstinément ses fils à l'imiter, en vue de la retraite, aussi certaine que misérable, au moyen de laquelle lui et eux termineront leur carrière. Un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.88).
b) Mieux que (de) + inf. Le jeune couple a passé ici sa première nuitée (...). Cela ne vaut-il pas mieux que de livrer la mariée aux curiosités de l'auberge (AMIEL, Journal, 1866, p.297). L'action prend toute la pensée et la garde, comme une bonne terre boit l'eau. Car saisir vaut mieux qu'admirer; mais faire vaut mieux que saisir (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.339). V. aussi aimer ex. 145, 147.
Rem. Dans ce tour, l'emploi de la prép. de devant l'inf. est usuel mais facultatif.
c) Mieux que + sub. compar. Les petites Irlandaises qui ramaient si bien, chantaient mieux encore et dansaient mieux qu'elles ne chantaient, et faisaient l'amour mieux encore (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1936, p.209). V. aussi aimer ex. 141, 142.
— Rare. Mieux que si. Et puis ne vaut-il pas mieux tuer le diable que si le diable nous tue? (L'HÉRITIER, Suppl. Mém. Vidocq, t.1, 1830, p.296).
Rem. Dans ce tour, l'emploi de ne devant le verbe de la sub. est usuel (notamment lorsque le verbe de la principale est à l'affirmative).
3. [En corrélation avec plus ou moins] Moins ils comprendront, mieux ils marcheront (CAMUS, État de siège, 1948, 1re part., p.222).
4. Loc. adv.
a) À qui mieux mieux. À qui fera mieux que l'autre, à l'envi, avec émulation. Ils se mirent à l'aimer à qui mieux mieux, aux enchères pour ainsi dire (CÉLINE, Voyage, 1932, p.100).
b) D'autant mieux. Ce sont de vieux chevaliers, assis en dehors de la barrière, qui jugent d'autant mieux les coups, qu'ils ne sont plus capables d'en porter (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.324).
c) Ni mieux ni pis/ni pis ni mieux/ni mieux ni plus mal. Achetez, donnez Chambord, c'est la cour qui le mangera; le prince n'en sera ni pis ni mieux (COURIER, Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.75).
5. Loc. interj. [Pour exprimer la satisfaction, p. oppos. à tant pis; parfois iron.] Tant mieux. Thérèse: (...) Je ne remettrai plus jamais les pieds à la maison. Brotonneau: Eh bien, tant mieux! (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, I, 16, p.10).
♦Tant mieux pour + subst. ou pron. pers., etc. Tant mieux pour Paul. C'est un gentil garçon, il mérite ça (ZOLA, Nana, 1880, p.1379).
♦Tant mieux si + sub. V. démantibuler B, emploi pronom.
♦En appos. Docteur/médecin tant-mieux ou tant-pis. V. médecin A.
B. —Adj. inv.
1. En épithète, fam. Synon. de meilleur. Je rêve à des vers mieux, Bien mieux que ceux de tout à l'heure (VERLAINE, Poèmes divers, Sites urbains, 1896, p.229).
2. En attribut. D'une qualité supérieure, en meilleure santé, etc. Sembler mieux. Ces femmes répétaient que les hommes n'avaient point assez de force pour se venger, et qu'elles se montreraient mieux que les hommes (Le Moniteur, t.2, 1789, p.538). Trouvant sa mère mieux de jour en jour (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.391).
— En partic. [Avec être]
♦Être mieux, être mieux à même de. Être plus agréable, plus joli, plus valeureux, plus apte à, etc. Vue claire de la misère (...) en chaque homme; dans les plus éminents (...). Je ne sais pas si les saints étaient mieux que ceux-ci (DUPANLOUP, Journal, 1852, p.158). Je la comparai à Mme Chantal! Certes, Mlle Perle était mieux, cent fois mieux, plus fine, plus noble, plus fière (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Mlle Perle, 1886, p.631).
♦C'est mieux (ainsi/comme ça). Il ajouta que c'était mieux ainsi, que cette solution le réjouissait (PROUST, Sodome, 1922, p.1072).
♦C'est mieux que rien (du tout). C'était mieux que rien du tout, une telle satisfaction (CÉLINE, Voyage, 1932, p.169).
♦Ce n'en est que mieux. Si les moyens aussi sont imposés, ce n'en est que mieux (ALAIN, Propos, 1921, p.225).
♦Il est mieux de + inf. Il serait mieux d'être plus humble, plus prosterné, plus chrétien. Malheureusement (...) je n'ai point la perfection évangélique (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.303).
Il est mieux que + sub. au subj. Il est mieux qu'il voie sa lettre non ouverte. Mais il serait encore mieux (...) qu'il ne me trouvât pas même chez moi (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1836, p.386).
♦Qui mieux est ou, p. ell., mieux (que tout cela/que ça) + deux points ou virgule. Ce qui est encore plus appréciable, remarquable; p. iron., ce qui est pire. Quitter Kerloven, n'était-ce pas revenir à la liberté, et, qui mieux est, à la vie élégante (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.555). Adieu, ou mieux, à bientôt (FLAUB., Corresp., 1865, p.35). Il avait trouvé un bon camarade; et mieux: une bonne camarade (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.92).
3. De mieux. S'il y avait eu quelque chose de mieux ou de plus cher, tu l'aurais eu (SCRIBE, Bertrand, 1833, II, 4, p.155).
— Expressions
♦Ce qu'il y a de mieux; il n'y a rien de mieux. Vous en avez tiré ce qu'il y avait de mieux à en extraire. Ce n'est pas votre faute si la matière première était de médiocre valeur (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1843, p.72).
♦Ce qu'on fait de mieux; ce qui se fait de mieux (dans le genre); ne rien pouvoir faire de mieux. Il est prouvé maintenant qu'une promenade de plusieurs après-midi sur les boulevards (...) suffit à nous apprendre «tout ce qui se fait de mieux au monde» (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p.712). Par le rebondissement, l'esprit, le bonheur, l'aisance, la Veine est, de loin, ce que Capus a fait de mieux (RENARD, Journal, 1901, p.651).
♦Ne rien trouver de mieux (parfois iron.). Ainsi, vous n'avez rien trouvé de mieux, pour légitimer votre existence, que de la consacrer à ce qui n'existe plus (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 1er tabl., p.29).
C. —[Avec une valeur nominale neutre sans art.]
1. Quelque chose de plus estimable. Espérer, mériter mieux. Nous avez-vous trouvé la charrette requise et les boeufs demandés? — J'ai trouvé mieux que cela, répondit-il d'un air parfaitement satisfait de lui-même (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.484). Si mes deux amis voulaient entrer au conseil comme ministres d'État sans portefeuille, le Roi en serait charmé, promettant mieux pour la suite (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.43). Tu ne veux pas payer de ta personne (...) j'attendais mieux de toi (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.110).
— Expressions
♦Avoir mieux (que cela); avoir mieux à faire que de + inf. (v. faire1 II B 1). Il y a mieux. Méditation, dévotion, tout cela leur paraît excellent. Il y a mieux néanmoins, il y a la contemplation, et quand la grâce appelle à ce mieux, a-t-on le droit d'hésiter? (BREMOND, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.570). Il n'y a pas mieux. Quand on est gentille, avec ça... quand on est une belle femme, il n'y a pas mieux (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.182). Fam. Il y a mieux mais c'est plus cher.
♦Ne pas pouvoir dire mieux; disons mieux. C'est dans les notes relatives à l'enfance que nous trouverons le germe des étranges rêveries de l'homme adulte, et, disons mieux, de son génie (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.443). [Pour provoquer à la surenchère] Qui dit mieux? Moi, mes enfants, j'suis d'Clichy-la-Garenne! Qui dit mieux? (BARBUSSE, Feu, 1916, p.22).
♦On (ne) fait (pas) mieux. — Elle est mignonne, ta femme? — On ne fait pas mieux (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p.14).
2. [Mieux est précédé d'une prép.]
a) [à] S'attendre à mieux. Allons inviter une quelconque Carline. Je n'ai pas droit à mieux (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.340).
b) [de]
— Faute de mieux. V. faute I B 2.
— Fam. (Numéral +) de mieux. De plus, en supplément. Tu donnes deux cents sacs pour connaître le nom de l'homme qui a buté ton pote?... T'en donnes pas cent de mieux, si je te dis en même temps qui a repassé le petit Ali? (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p.216). — Bin, vzêtes pas jeune: trente ans. — Et quinze de mieux (QUENEAU, Zazie, 1959, p.113).
Rem. On trouve parfois le tour mieux de: Ce dîner (...) coûterait mieux de vingt francs par tête chez le meilleur restaurateur (STENDHAL, L.Leuwen, t.3, 1836, p.216).
c) [en]. Une âme changée en mieux (JOUBERT, Pensées, t.1, 1824, p.179).
— De mieux en mieux. De plus en plus, de mieux en mieux, l'homme est appelé à se suffire (GIDE, Journal, 1943, p.208). Parfois iron. De mieux en mieux, mon ami! (...) Au moins, pensez-vous qu'elle soit belle, malgré son grand âge? (NODIER, Fée Miettes, 1831, p.66).
— De bien en mieux (vx). (Dict. XIXe s.).
Rem. 1. Mieux A et B (plus rarement C) peut être précédé d'un adv. de quantité encore, guère, infiniment, un peu mieux. C'est dans l'ombre que les coeurs causent, Et l'on voit beaucoup mieux les yeux Quand on voit un peu moins les choses (GÉRALDY, Toi et Moi, 1913, p.27). Je me suis sentie mieux. Tellement mieux que, à la fin de l'après-midi, j'ai pu me lever (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.856). V. aussi ballon1 ex. 17. 2. Si mieux (vx). Synon. tellement mieux. Elle mourut le jour de la Chandeleur, après avoir été si mieux qu'on la croyait guérie (SAND, F. le Champi, 1850, p.46). 3. Pop. Plus mieux. Les colons c'est plus mieux que (...) les soldats, les curés (MUSETTE, [Cagayous phil.], 1906, p.56).
D. —Substantif
1. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Changement positif, bien supérieur. C'est un temps spirituel (...). Ses changements sont des améliorations, des développements. Il consume le mal pour le bien, et efface le bien par le mieux (JOUBERT, Pensées, t.1, 1824, p.330). La mansarde remplacée par le sous-sol, c'est une frappante image du progrès moderne et de son mensonge du mieux (GONCOURT, Journal, 1864, p.90). La conception du mieux, le besoin d'art, ne peut élever chacun qu'au rêve de devenir, à son tour, celui qui commande, celui qui exploite (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.215).
— Proverbe. Le mieux est l'ennemi du bien (v. ennemi II B 2). Cet adage, que le mieux est l'ennemi du bien, fondé sur un sophisme, qui consiste à appeler mieux en lui-même ce qui paroît mieux à l'homme, et qui souvent est mal (BONALD, Législ. primit., t.1, 1802, p.191).
2. Subst. masc. Amélioration dans l'état d'un malade. Il y eut un grand mieux; il se sentit tout-à-coup plus calme (KRÜDENER, Valérie, 1803, p.275). L'emplâtre rovoque une légère transsudation: il y a du mieux (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.167). J'espère surtout que votre santé se soutient (...) Je compte que vous allez me dire que le mieux dont vous vous félicitez (...) ne fait que se consolider (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1859, p.304).
II. — [Superl. de bien]
A. — Adv. De la manière la plus satisfaisante, la plus conforme à certains critères d'appréciation.
1. [Mieux est précédé de l'art. déf.]
a) Verbe + le mieux ou le mieux + verbe. Connaître, convenir, pouvoir, réussir, savoir le mieux. L'homme le plus fort et le plus adroit est celui qui développe le mieux les organes qu'il a reçus (BONALD, Législ. primit., t.1, 1802, p.329). M. Sully-Prudhomme est le poète qui a le mieux dit, avec le plus d'émotion et le moins de bravade,sans emphase ni banalité, ce qu'il y avait à dire (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.59). Le génie ayant la plus grande expérience de l'intelligence, peut le m!eux comprendre les idées qui sont le plus opposées à (...) ses propres oeuvres (PROUST, J.filles en fleurs, 1918, p.568). V. aussi aimer ex. 143.
— Expressions
♦Aller le mieux du monde (parfois iron.). Restons comme nous sommes; tout va le mieux du monde; enivrons-nous du mystère des instants! (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p.96).
♦Verbe + le mieux que + sub. L'honnête homme joue son rôle le mieux qu'il peut, sans songer à la galerie (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p.31).
Rem. Dans ce tour, le verbe de la sub. est parfois au subj., mais non obligatoirement.
b) Le/la/les mieux + part. passé/prés. ou adj. Le mieux connu, fait, réussi. La tête la plus parfaite, la taille la mieux prise qui fût dans la capitale (RESTIF DE LA BRET., M.Nicolas, 1796, p.6). Ses verdicts, dans tous les cas, les plus subtils, les plus douteux, les mieux sujets aux ergotages devenaient des vérités massives (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.400):
• ♦ En général, le mâle l'emporte en beauté dans tous les êtres. Il est (...) le plus fort dans les quadrupèdes qui pâturent, le mieux armé dans les animaux qui combattent pour la proie, le plus paré et le mieux chantant dans ceux qui ne semblent vivre que pour aimer et pour plaire.
BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.328.
♦Le mieux possible. V. emboutissage b ex. de Rivière (dér. s.v. emboutir).
♦En mot composé, à valeur de subst. fém. La mieux-aimée. La femme préférée. Le petit hôtel que je louai fut occupé depuis par M. De Lally-Tollendal et Mme Denain, sa mieux aimée, comme on disait du temps de Diane de Poitiers (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.183). Quel geste fera-t-elle, la mieux-aimée, en m'apercevant sur le seuil de l'alcôve? (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p.101).
Rem. 1. Lorsque le mieux précède un part./adj. au fém. ou au plur., l'art. peut rester inv. s'il s'agit d'insister sur un degré d'excellence atteint par rapport à la notion qu'exprime le part. ou l'adj., plutôt que sur les êtres ou les choses comparés entre eux. Les intrigues le mieux concertées, quoique tissues avec tout l'art et l'expérience possible, ont quelquefois, des suites fâcheuses (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.253). 2. Le tour le mieux + part. ou adj. + que ou qui est gén. suivi d'une sub. au subj. (supra b, ex. de Restif de la Bretonne).
2. Des mieux + part. passé/prés. ou adj. Des mieux choisis, élevés, préparés. Le docteur est des plus intelligents, des mieux cultivés, des plus instruits (GIDE, Journal, 1943, p.222). V. aussi famé A 2 ex. de Bernanos.
Rem. ,,Des mieux veut toujours l'accord de l'adjectif avec un nom ou un pronom au pluriel: Des personnages des mieux introduits (...). Si le nom ou le pronom est au singulier, l'adjectif se met au pluriel, selon l'usage et l'Académie: Une tarte des mieux réussies. (...) On rencontre parfois, dans ce sens, l'invariabilité: Voilà un homme des mieux fait. L'invariabilité est de rigueur quand l'adjectif se rapporte à un pronom neutre: Cela n'est pas des mieux réussi`` (THOMAS 1956).
B. —Substantif
1. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre
a) Bien suprême, le plus haut degré d'excellence, le meilleur. Quand il s'agit de savoir ce qui est le bien et le mieux (...), Platon laisse échapper partout de sa main quasi sacerdotale les an-tiques solutions religieuses (P. LEROUX, Humanité, 1840, p.57). Quiconque aspire au mieux est poëte, car le mieux ici-bas est l'inconnu, l'idéal comme la poésie (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.357). Nous avons tous trop souffert, anges et hommes, De ce conflit entre le Pire et le Mieux (VERLAINE, Œuvres poét. compl., Jadis, Paris, Gallimard, 1962 [1884], p.379).
— Expressions
♦Le mieux (qu'on puisse faire, etc.), (c')est de/que. Nous passons nos vies de telle sorte que le mieux qu'il en puisse advenir c'est qu'elles paraissent faites à peu près de la même étoffe que nos songes (BARRÈS, Cahiers, t.11, 1914, p.77). Le mieux qu'on ait à faire, le plus commode, en calculant bien, est encore de s'abstenir (AYMÉ, Jument, 1933, p.210). Le mieux qu'on puisse faire, c'est de détourner les yeux et de penser à autre chose (SARTRE, Nausée, 1938, p.160).
♦Le plus tôt sera le mieux. C'est votre avis que je veux entendre, et le plus tôt sera le mieux (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.129).
b) [Le mieux est précédé d'une prép.]
— [à]
♦Au mieux. Au maximum, au plus dans les meilleures conditions ou les circonstances les plus favorables. Ces signes de circonstance réduisent les visages humains au rang des caractères abstraits; ce ne sont, au mieux, que de bons acteurs (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.253).
Être au mieux (avec qqn). Avoir les meilleures relations, être du dernier bien. Vous dites donc qu'elle est bien avec l'adjoint? — Oui, oui, au mieux! (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p.8).
Tout est/va au mieux. Le temps est ici superbe (...). Je me porte fort bien, et tout va au mieux (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1806, p.110).
En mettant les choses au mieux. Songe qu'en mettant les choses au mieux, tu ne peux être agrégé avant vingt-six ans. Et combien c'est impossible! (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p.211).
♦FINANCES
Ordre au mieux. ,,Ordre (...) obligatoirement exécuté en totalité «au premier cours», et quel que soit ce cours. Le terme «au mieux» est ambigu car (...) cette formule ne signifie en aucun cas «au mieux des intérêts du client», mais «au mieux des possibilités du marché»`` (Gestion fin. 1979). Les ordres au mieux, ceux dont on laissait la libre exécution au flair de l'agent, déterminaient la continuelle oscillation des cotes différentes (ZOLA, Argent, 1891, p.327).
♦Au mieux de. De la façon la plus appropriée à. Vacance à l'artiste d'user, au mieux de ses désirs, des moyens techniques ainsi rendus disposibles (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.196).
— [de] De + adj. poss. + mieux. Avec la meilleure volonté, en déployant toutes ses resources. Aider, consoler, se défendre, expliquer, répondre de son mieux. Je m'efforçai de les réciter de mon mieux, de les parer de tout le prestige du débit (FLORIAN, Fables, 1792, p.6). L'on s'exterminait, ma foi, comme on pouvait. On faisait de son mieux (HUGO, Légende, t.5, 1877, p.983).
— [du] Du mieux que l'on peut; tout du mieux que l'on pourra. Je ne hasarde aucun projet et occupe du mieux que je peux des jours effroyablement vides, à l'étude (GIDE, Journal, 1944, p.278).
— [pour] Verbe + pour le mieux. Au mieux. Faire pour le mieux. Nous répondions pour le mieux, sans bégueulerie et de bonne humeur (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.200).
♦Tout est/se passe/va pour le mieux. Tout se passait pour le mieux, À la grande gloire de Dieu (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p.12).
2. Subst. masc. ou fém. Chose ou personne qui possède le maximum de qualités. I's ont cru prend' le mieux, mais c'est nous qui sommes les mieux, dit Fouillade (BARBUSSE, Feu, 1916, p.83). Crois-tu qu'il est beau, ce petit? (...) Ce sera le mieux des trois (...) celui-ci a plus de finesse, plus de distinction (BOURDET, Sexe faible, 1931, I, 275).
— Vx, fam. Verbe + des mieux. De la meilleure façon, d'une manière propre à ceux qui ont les meilleures qualités. Il parlait toscan, et s'exprimait des mieux dans ce divin langage (COURIER, Pamphlets pol., Réponses aux anon., 2, 1822, p.162). De tout temps (...), les gens de lettres n'ont pas été des mieux et n'ont pas fait très-bon ménage avec les hommes politiques (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.9, 1864, p.176). Le chapelier (...) prit un chapeau dont il coiffa Roté. — Voilà qui va des mieux, dit-il (COURTELINE, Linottes, Météores, 1897, II, p.164).
— Rare. Subst. + des mieux. Parmi les plus remarquables. Deux femmes des mieux m'ont apparu cette nuit (VERLAINE, Œuvres compl., t.2, Parall., 1889, p.165).
Prononc. et Orth.: [mjø]. D'apr. LEROND 1980, hésitation [ø/oe], ou timbre intermédiaire, dans les positions autres que fin de groupe, ex. de mieux en mieux [/]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Adv., compar. de bien a) ca 881 melz + verbe au cond. + que (Eulalie, 16 ds HENRY Chrestomathie, p.3); b) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 20: des melz gentils de tuta la cuntretha); c) ca 1100 e mielz (après un chiffre) «et plus encore» (Roland, éd. J. Bédier, 539); d) ca 1150 al miels que + verbe pouvoir (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1007); 1216 du mieux que (GUILLAUME LE CLERC, Fergus, 105, 24 ds T.-L.: Or fai do mius que tu poras!); e) ca 1170 qui mialz mialz (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 2683) d'où 1489 a qui mieulx mieulx (A. CHARTIER, Livre des quatre dames, 18, éd. J.C. Laidlaw, p.198); f) 1174-76 estre mielz de (qqn) (GUERNES DE PONT SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 468); 1732 être le mieux du monde (avec qqn) (MARIVAUX, Serments indiscrets, II, 3 ds LITTRÉ); 1828 être au mieux avec qqn (DELÉCLUZE, Journal, p.488); g) ca 1221 modifiant un adv. (JEAN RENART, Lai Ombre, éd. F. Lecoy, 284: miex plesaumant); h) ca 1260 de mieuz en mieuz (Menestrel de Reims, éd. N.de Wailly, p.9); 2. adj. ca 1100 (Roland, 44: Asez est melz qu'il i perdent lé chefs Que nus perduns l'onur ne la deintet); 3. subst. a) ca 1100 des mielz «des meilleurs, de la meilleure partie de» (ibid., 1822); b) 1176 faire son mialz (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 3911); c) XIIIe s. le miex... est «l'avantage... est que» (Lancelot, éd. A.Micha, Ia, 12, t.7, p.7); d) 1676 un mieux «une amélioration de l'état de santé» (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. Monmerqué, t.4, p.511). Du lat. melius, neutre pris substantivement de melior, v. meilleur. Fréq. abs. littér.:33408. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a)45009, b) 51187; XXe s.: a) 45093, b) 49129.
mieux [mjø] adv.
ÉTYM. IXe, mielz, Eulalie; lat. melius, neutre pris adverbialement de melior « meilleur ».
❖
♦ Comparatif irrégulier de bien (au lieu de plus bien).
———
I Mieux, adverbe comparatif de bien. D'une manière meilleure, plus avantageuse, plus conforme au bien. ⇒ 1. Bien (1.); comparatif (cit. 1).
1 Employé seul. || Cette lampe éclaire mieux. || Je l'estime davantage depuis que je le connais mieux. || On voit mieux ses fautes (cit. 30) quand elles sont imprimées. || Une existence mieux ordonnée, plus équitable (→ Hisser, cit. 12). — Renforcé par le pron. en. || Je t'en aimerai (cit. 62) mieux. || Il n'en travaille que mieux. (→ Fatiguer, cit. 23).
REM. Mieux se place le plus souvent avant l'infinitif qu'il modifie.
♦ Reculer pour mieux sauter (→ Idée, cit. 29). || Je souhaiterais mieux les comprendre (cit. 34). — L'ordre inverse est devenu fréquent et met en valeur l'adverbe. || J'aurais dû vous interroger mieux (→ Interview, cit. 2; et aussi incorporer, cit. 4).
1 (…) on vous en donne un autre,
Dont la condition répond mieux à la vôtre (…)
Corneille, Polyeucte, V, 2.
2 Un livre peut être plus écrit sans être pour cela mieux écrit; le style a été plus travaillé, il n'y a pas gagné. Quantité et qualité sont deux choses distinctes.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 730.
3 Impossible d'exprimer mieux une pensée plus admirable.
Gide, le Roi Candaule, I, 3.
♦ Littér. Modifiant un adjectif et pour insister sur l'excellence que plus n'exprime pas.
4 Rien de ce que je connus ensuite ne me paraît mieux digne de ce nom (…)
Gide, la Porte étroite, II.
♦ ☑ Loc. verb. Aller mieux (personnes) : être en meilleure santé. ⇒ Guérir, remettre (se). || Elle va mieux (→ Giron, cit. 2; hypocondrie, cit. 3). — (Choses). Être dans un état plus favorable, plus prospère. || On espère toujours que tout ira mieux. || Les choses commencent à mieux aller (→ Idéologue, cit. 3). || Ça ira mieux demain. — ☑ Fam. Ça (ne) va pas mieux ! : ça ne va pas du tout, c'est le comble.
♦ ☑ Faire mieux de : avoir intérêt, avoir avantage à… || A-t-il mieux fait de se taire ? || Il ferait mieux de rester tranquille. || Vous feriez mieux de me payer sans lanterner (cit. 1). || Il aurait mieux fait (cit. 70) d'aller se pendre.
♦ Vx ou littér. || Mieux, pour le mieux (→ ci-dessous, II., 1.). || Lequel (cit. 22) vaut mieux, ou posséder ou espérer ? (→ Gagner, cit. 46). || Reste à savoir lequel vaut mieux de périr d'un coup, ou de mourir lentement (cit. 3)… || De vous deux, qui fera mieux ?
5 Nous verrons qui tiendra mieux parole des deux.
Molière, le Dépit amoureux, II, 2.
2 (En corrélation avec que comparatif). || Mieux que (suivi d'un terme de comparaison). || Il travaille mieux que son frère. || Les hommes entreprenants (cit. 4, La Rochefoucauld) réussissent mieux que les autres. || « Nul mieux que lui n'est capable de diviser la difficulté… » (→ Attaquer, cit. 39). || Elle sait mieux que personne ce qui est le meilleur (→ Conclure, cit. 8; gouverner, cit. 36). || Mieux que cela. || Mieux que jamais (→ Fin, cit. 10).
6 (…) je sais le latin aussi bien que M. le curé, et même quelquefois il a la bonté de dire mieux que lui.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VI.
♦ (Suivi d'un adjectif). || Elle est mieux que jolie, elle est adorable.
7 Elle était mieux qu'indolente; elle était indifférente (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes », p. 234.
8 Cette formule est mieux que commode, elle est nécessaire (Bourget, Essais de psych. cont., Sur Amiel).
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1218 bis.
♦ (Suivi d'une subordonnée comparative). || Il a mieux réussi que je pensais.
REM. 1. L'emploi de ne devant le verbe ou la conjonction est régulier, surtout quand la proposition précédente est affirmative.
Il a mieux réussi que je ne pensais… || Ce génie (cit. 15) particulier de la femme qui comprend l'homme mieux que l'homme ne se comprend. || Les bulletins vous instruiront mieux que je ne pourrais le faire (→ Fâcheux, cit. 3). || Mieux que je n'eusse pu faire (→ Glaner, cit. 5).
2. Si la principale est négative, l'emploi ou l'omission de ne peut changer le sens.
|| « Il n'écrit pas mieux qu'il ne parle : cette construction (avec ne) n'est parfaitement juste que s'il est question d'un homme qu'on juge ne pas très bien parler… » (G. et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, §1216).
3 Mieux, modifié par un adverbe de quantité. || Un peu, bien, beaucoup, infiniment… mieux. || Il faut frotter ça un peu mieux (→ Huile, cit. 34). || Un État bien mieux réglé (→ Loi, cit. 5 et aussi César, cit. 2; faveur, cit. 25). || Nous ferions beaucoup mieux… (→ 1. Faux, cit. 29; et aussi auteur, cit. 33; autre, cit. 78 et 91). || J'aime beaucoup mieux me servir des manuscrits (cit. 3) que des exemplaires imprimés (→ Âme, cit. 5; maquillé, cit. 1). || C'est bigrement, bougrement, fichtrement mieux que hier. || Ça ne vaut guère mieux.
♦ Mieux, en corrélation avec plus, moins, marque une augmentation directement ou inversement proportionnelle. || Moins il est pressé, mieux il travaille.
9 Mieux je saisis ces rapports, plus je m'intéresse à l'œuvre.
France, le Jardin d'Épicure, p. 85.
♦ ☑ Loc. On ne peut mieux : d'une manière parfaite (qu'on ne peut surpasser). || Elle a chanté on ne peut mieux, parfaitement. Adj. et fam. || C'est on ne peut mieux. ⇒ Parfait (→ Externe, cit. 3).
10 Quinette croit se représenter on ne peut mieux pourquoi l'imprimeur, un jour, est devenu assassin.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, II, p. 17.
11 (…) j'ai tout ça on ne peut mieux présent à l'esprit.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XIX, p. 215.
♦ ☑ De mieux en mieux : en allant de plus en plus vers un état meilleur, une amélioration, un perfectionnement (→ Honorer, cit. 29). || Notre malade va de mieux en mieux. || On en verra chaque jour de mieux en mieux les effets (→ Camion, cit. 3). — REM. On disait autrefois de bien en mieux.
♦ Iron. (par antiphr.). || De mieux en mieux, ne vous gênez pas !
♦ ☑ Littér. Ni pis ni mieux. || Il ne va ni pis ni mieux : son état est stationnaire. || Il ne m'en fera jamais ni pis ni mieux (→ Concerner, cit. 1, La Bruyère).
♦ ☑ À qui mieux mieux : à qui fera mieux (ou plus) que l'autre. ⇒ Envi (à l'envi). || Ils buvaient à qui mieux mieux. || Les races et les ethnies (cit. 1) s'enchevêtrent à qui mieux mieux.
12 Les bêtes à qui mieux mieux
Y font divers personnages.
La Fontaine, Fables, IX, 1.
13 Journalistes, professeurs, écrivains, savants, intellectuels, tous, à qui mieux mieux, abdiquaient leur indépendance critique, pour prêcher la nouvelle croisade (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 215.
REM. L'ancienne langue disait « qui mieux mieux » (comme « qui plus plus »). La préposition à est apparue au XVe s. (Alain Chartier), d'abord sous la forme « à mieux mieux », puis sous la forme moderne « à qui mieux mieux » : « C'est à l'envy, à qui mieux mieux » (Montaigne). Cette dernière locution semble due à « la contamination des deux tours bien distincts à qui mieux (par ex. rivaliser à qui mieux fera ou dira) et qui mieux mieux… L'addition de à dans ce groupe s'explique par l'idée de tendance, d'aspiration… » que l'on rencontre dans les tours « c'est à qui arrivera le premier » (G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §10 et 509).
———
II Le mieux. Superlatif de bien.
1 De la manière la meilleure, la plus conforme au bien. || Les gouvernements (cit. 21) qui se conduisent le mieux sont ceux dont on parle le moins. || Le mot d'assemblée (cit. 1) est celui qui convient le mieux. || L'école buissonnière (cit.) est celle dont j'ai profité le mieux. || En amour, celui qui est guéri le premier est toujours le mieux guéri (cit. 41, La Rochefoucauld). — La plus aimée, ce qui ne veut pas dire la mieux aimée des maîtresses (→ 1. Lieu, 2., cit. 37).
14 Ce que je sais le mieux, c'est mon commencement.
Racine, les Plaideurs, III, 3.
REM. Devant un participe féminin ou pluriel, l'article du superlatif le mieux peut rester invariable si l'on veut insister sur le haut degré, sans comparer l'être ou l'objet en question à un autre. Il s'accorde au contraire s'il y a comparaison entre plusieurs êtres ou objets.
♦ Les hommes le mieux doués ou les mieux doués (Littré). || Les critiques les mieux disposés (→ Incompréhension, cit. 2). || Les caractères les mieux assis (→ Accession, cit. 1). || L'imagination (cit. 16) la mieux réglée… || Les lampes les mieux suspendues (→ Fort, cit. 21). ⇒ 1. Le (III., rem.).
♦ (En parlant de deux personnes ou de deux choses). || La postérité jugera qui (de Corneille ou de Racine) vaut le mieux des deux (→ Autre, cit. 110).
REM. Après lequel des deux, le mieux est souvent remplacé par mieux, dans un style soutenu (→ ci-dessus, I., 1.).
♦ ☑ Le mieux que, du mieux que, suivi de pouvoir : de la meilleure façon possible. || L'homme joue son rôle le mieux qu'il peut (→ Galerie, cit. 9). || On vous logera (cit. 9) le mieux qu'on pourra. || C'est à vous de lui faire avaler (cit. 25) la chose du mieux que vous pourrez.
REM. Par analogie avec les propositions relatives où l'antécédent est un superlatif (→ Le meilleur que je connaisse…), on trouve le subjonctif après le mieux que.
15 Si elle meurt, ne manquez pas de la faire enterrer du mieux que vous pourrez.
Molière, le Médecin malgré lui, III, 2.
16 Eh ! mourez le plus tôt que vous pourrez, c'est le mieux que vous puissiez faire.
Molière, Dom Juan, IV, 5.
17 Tout est bien, tout va bien, tout va le mieux qu'il est possible.
Voltaire, Candide, XXIII.
♦ Par exagér. ☑ Le mieux du monde : aussi bien qu'il soit possible, à la perfection. || Cela va le mieux du monde (Académie).
18 Je sais que vous parlez, Monsieur, le mieux du monde (…)
Molière, le Misanthrope, V, 1.
2 ☑ Au mieux : de la meilleure façon, dans le meilleur état possible. || Faire qqch. au mieux, excellemment. || Les choses sont au mieux. ☑ En mettant les choses au mieux : en supposant l'état, les conditions les meilleures. || Vendu au mieux : au meilleur prix du marché quel qu'il soit. — Ellipt. || Au mieux, il réunira deux mille suffrages.
19 Et cependant, tout était au mieux ! Nous tenions Des Touches !
Barbey d'Aurevilly, le Chevalier Des Touches, VIII.
♦ ☑ Être au mieux avec une personne, être en excellents termes avec elle. → par euphém. Du dernier bien avec elle.
20 Mais aussi était-il au mieux avec la veuve, qu'il appelait maman en la saisissant par la taille (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 859.
♦ ☑ Au mieux de… : de la façon la plus appropriée, la plus favorable à… || Il faut agir au mieux des circonstances (→ Attitude, cit. 21). || Je réglerai l'affaire au mieux de vos intérêts.
3 ☑ Pour le mieux. Très bien, excellemment; le mieux possible. ☑ Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
21 Raison : Dieu fait tout pour le mieux.
Villon, Poésies diverses, Dit de la naissance de Marie d'Orléans.
4 ☑ Vieilli. Des mieux : extrêmement bien. || Il chante des mieux : il chante de façon remarquable. — REM. Dans cette locution, que Vaugelas déclarait « très basse » et que l'Académie ne mentionne pas, on explique généralement des par la valeur partitive : il est parmi ceux qui chantent le mieux.
22 (…) voilà qui va des mieux.
Mais venons au sujet qui m'amène en ces lieux.
Molière, les Femmes savantes, II, 2.
23 (…) il est d'autant plus criminel qu'il écrit des mieux quand il s'en veut mêler.
Mme de Sévigné, 183, 12 juil. 1671.
24 Bien, disais-je, cela va des mieux.
♦ (Devant un participe passé). || Cet appartement est des mieux meublés. || Ces femmes sont des mieux habillées.
REM. Le participe passé peut rester au singulier s'il est question d'une seule personne ou d'une seule chose. Dans ce cas, des mieux est une locution adverbiale signifiant très bien.
|| « L'exemple est des mieux choisi » (→ Du Bos in Grevisse).
25 Je vous en promets à chacune un (exemplaire), et des mieux reliés.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
26 (…) un grand et beau carrosse (…) étoffé des mieux (…)
Mme de Sévigné, 914, 11 mai 1683.
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III Adj. (Lorsque mieux ne modifie pas un verbe ou un adjectif, mais possède un sens plein exprimant un état, une qualité).
1 (Personnes). En meilleure santé. || « La fièvre l'a quitté, il est mieux » (Littré). || Se sentir mieux. || Je vous trouve mieux ces temps-ci. — Plus agréable, plus beau. || Il est mieux que son frère; il est mieux sans moustache. || Je vous trouve mieux avec cette robe (→ aussi Aller, cit. 74). || Il ressemble à son père, mais en mieux. — Plus à l'aise. || Mettez-vous dans ce fauteuil, vous serez mieux. || Il sera mieux parmi nous.
27 Le médecin fut surpris. Elle était mieux. L'oppression était moindre. Le pouls avait repris de la force.
Hugo, les Misérables, I, VII, VI.
2 (Choses). Dans un état meilleur, plus convenable, plus satisfaisant. || Le salon est mieux à présent. || Son champ ne s'en trouve pas mieux (→ Fructifier, cit. 1). || Nous ne nous voyons plus, c'est mieux ainsi. || Parler est bien, se taire est mieux. ⇒ Préférable.
♦ De mieux : de meilleur, qui soit mieux. || Quelque chose de mieux, rien de mieux. || Si vous n'avez rien de mieux à faire ce soir, je vous emmène au cinéma. || On n'a trouvé rien de mieux pour fixer les prix (→ Marché, cit. 1). — Iron. || Il n'a rien trouvé de mieux que de venir me déranger ici ! — Il n'y a, on ne peut trouver rien de mieux. ⇒ Dessus (au-dessus de cela). || Ce qu'il y a de mieux dans un spectacle (⇒ Bouquet), dans une société (⇒ Gratin). || Ce qu'il y a, ce qui se fait de mieux dans le genre (→ Bouffon, cit. 5; effet, cit. 27). || Tout ce qu'il y a de mieux comme… ⇒ Nec plus ultra (→ Grand, cit. 86). — ☑ Fam. Une maison tout ce qu'il y a de mieux : de bien, de beau…
28 Voilà le fruit, — à une saison de la vie où je n'accepte que la fleur de tout plaisir et le meilleur de ce qu'il y a de mieux (…) — le fruit dessaisonné que mûrissent ma prompte familiarité (…) et une renommée qui rend des sons fort divers (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 108.
29 Le cabinet florentin avec des tentures était tout ce qu'on fait de mieux comme confessionnal moderne.
Aragon, les Cloches de Bâle, II, XXII.
♦ Rendre mieux : améliorer, arranger, réformer, réparer, retoucher…
3 ☑ Loc. Qui mieux est [kimjøzɛ] : ce qui est mieux encore. || Il a réussi et, qui mieux est, en un temps record. — Par antiphr. || Vous ne venez pas au rendez-vous et, qui mieux est, vous ne vous excusez même pas !
30 Le plus grand esprit de ce temps ! Et, qui mieux est, grand esprit et grand cœur.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VII, V.
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IV
1 (Emploi nominal). Mieux peut être considéré comme un nominal quand il signifie « quelque chose de mieux, une chose meilleure ». Dans cet emploi, il peut être attribut, objet direct ou indirect, mais il est construit sans article ni adjectif déterminatif. ☑ En attendant mieux : en attendant qqch. ou qqn de meilleur. || En attendant mieux, on s'en contentera. || J'attendais, j'espérais mieux de lui. || J'ai mieux que cela. || Il y a mieux, mais c'est plus cher. || Deux mille francs ? Qui dit mieux ? || Un prestidigitateur ne ferait pas mieux (→ Éventail, cit. 1). || Élève qui peut faire mieux. || Faire mieux qu'à l'ordinaire. ⇒ Surpasser (se).
31 (…) ce désir de faire mieux que le vrai, qui est la tentation et le péril de l'art.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 210.
♦ ☑ Loc. verb. Ne pas demander mieux. ⇒ Demander (cit. 31).
♦ (Précédé d'une préposition). ☑ Faute de mieux. ⇒ Faute (cit. 10). — ☑ S'attendre à mieux. || Je m'attendais à mieux, je suis déçu. ☑ Changer en mieux. ⇒ Améliorer. || Il a changé en mieux, à son avantage.
32 Le mets ne lui plut pas : il s'attendait à mieux.
La Fontaine, Fables, VII, 4.
33 On a des enfants, on désire qu'ils soient bien un jour, et dès lors on incline insensiblement sa pensée à espérer que le monde n'ira pas de mal en pis, qu'il tournera à mieux.
A. Billy, Sainte-Beuve, sa vie et son temps, p. 327.
♦ Mieux, suivi d'un terme ou d'une phrase qui explique, précise ou retouche ce qu'on vient de dire (→ Bien plus). || Il a beaucoup de talent; mieux, du génie. || Une accoutumance (cit. 4) au malheur, un endurcissement ou mieux : l'habitude du retrait. || Un infini besoin de plaire, ou mieux d'être aimée (→ Changer, cit. 72). || Il l'a excusé; mieux que cela, il l'a félicité. || Je ne peux pas vous dire mieux : je me rallie d'avance à la solution que vous m'indiquerez (cit. 8).
34 Il faut prendre parti : l'on m'attend. Faisons mieux :
Sur tout ce que j'ai vu fermons plutôt les yeux (…)
Racine, Bajazet, IV, 3.
2 N. m. Littér. || Le mieux : ce qui est plus accompli, meilleur, le plus haut degré d'excellence possible. || Efforts de l'homme vers le mieux (→ Espérance, cit. 14). ☑ Prov. Cour. Le mieux est l'ennemi du bien : on risque de gâter une bonne chose en voulant la rendre meilleure, en cherchant à mieux faire.
REM. Quand mieux, substantif, est précédé de l'article le, il est parfois difficile de distinguer si l'on a affaire au comparatif (ce qui est meilleur) ou au superlatif (ce qui est le meilleur).
35 Le bien vaut mieux que le mieux. Tout ce qui est le meilleur ne dure guère.
Joseph Joubert, Pensées, X, XXXVII.
36 Mais un artiste de cette conscience et de cette force ne se contente pas de peu. Le bien ne lui suffit pas; il cherche le mieux, et ne s'arrête qu'à cette limite où l'imperfection des moyens humains arrête les génies les plus absolus dans la poursuite de l'idéal.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Ingres.
37 Au sortir de pareilles calamités, la paix semble un paradis; ce n'est pas le bien qui réjouit l'homme, c'est le mieux (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 49.
♦ Plus cour. || Le mieux, du mieux, un mieux. ⇒ Amélioration. — (En parlant de la santé). || Aller vers le mieux : entrer en convalescence, se rétablir. || Le médecin a constaté du mieux; il y a du mieux, un peu de mieux (→ 3. Mal, cit. 20), un mieux sensible. || Aucun mieux depuis plusieurs jours.
38 Une fille d'ici ne peut plus avoir un mieux dans sa fièvre sans que cela prenne un tour politique (…)
Montherlant, Port-Royal, p. 76.
♦ (En parlant de la conduite d'une personne; de l'état d'une personne ou d'une chose). || Il fait des efforts, il y a du mieux. ⇒ Amendement, progrès. || Aucun mieux dans la situation économique. || Nous avons constaté qu'il y a du mieux dans l'organisation de ce service.
♦ ☑ De mon (ton, son…) mieux : aussi bien qu'il est en mon (ton, son…) pouvoir. || Je t'aide de mon mieux (→ Ingambe, cit. 2). || Le voilà qui déteste et jure de son mieux (→ Contre, cit. 17, La Fontaine). || Tous s'y sont employés de leur mieux (→ Gazetier, cit.).
39 Le temps que Dieu accorde à chacun de nous est comme un tissu précieux que nous brodons de notre mieux.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, II, I, p. 346.
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COMP. Mieux-disant, mieux-être, mieux-faisant, mieux-vivre.
Encyclopédie Universelle. 2012.