1. marque [ mark ] n. f.
• 1530; « droit d'entrée » fin XVe; de marquer; a remplacé merc, de l'a. nord. merki « marque »
I ♦
1 ♦ Signe matériel, empreinte mis(e), fait(e) sur une chose pour la distinguer, la reconnaître ou pour servir de repère. ⇒ empreinte, griffe, signe . Marque au couteau, à la scie. ⇒ 1. coche, encoche, 1. trait. Marque indélébile, ineffaçable. Marques sur des arbres (⇒ martelage) . — Coudre une marque à son linge, une petite pièce de tissu portant une marque (initiales, nom, chiffre). — Marques sur des papiers, des dossiers, pour en faciliter le classement. ⇒ cote. Marque numérique (⇒ matricule, numéro) , littérale, conventionnelle. Faire une marque sur une liste, à un mot. ⇒ astérisque, croix, 1. point, renvoi. — Spécialt Signe, croix qu'un illettré appose en place de signature. ⇒ griffe.
2 ♦ (1936) Sport Trait, repère fait sur le sol (pour régler certains mouvements). — Par ext. Dispositif assurant une bonne position aux pieds des coureurs de vitesse qui vont prendre le départ. ⇒ butoir, 2. cale, starting-block. — Loc. (1924 ) À vos marques ! Prêts ? Partez !
3 ♦ Signe infamant que l'on imprimait sur la peau d'un condamné. ⇒ 2. flétrissure.
4 ♦ (1626) Comm. Signe attestant un contrôle. ⇒ cachet, contrôle, estampille, poinçon, sceau. Marque de la douane. Marque nationale de qualité. — Signe (conventionnel ou non) par lequel les marchands notent le prix que leur a coûté un objet.
5 ♦ (1690) Signe distinctif appliqué sur une chose par celui qui l'a faite, fabriquée. Marque d'orfèvre (⇒ poinçon) , d'ébéniste. Marque d'atelier d'une monnaie antique. ⇒ symbole.
6 ♦ (1846) Marque de fabrique, de commerce ou de service : signe, nom servant à distinguer les produits d'un fabricant, les marchandises d'un commerçant ou d'une collectivité. ⇒ cachet, chiffre, estampille, étiquette , label, poinçon, sceau, timbre, vignette. Marque descriptive (⇒ dénomination) , figurative (⇒ emblème, vignette) , nominale (⇒ logo) . (1948) Marque déposée (à l'Institut national de la propriété industrielle). Enregistrement, protection, propriété d'une marque. Marque de distributeur. Produit commercialisé sans nom de marque (cf. Produit libre). — Spécialt, Pharm. Marque déposée d'un médicament : nom sous lequel un médicament est vendu par le fabricant (à distinguer de sa dénomination commune). — Absolt Produits de marque, qui portent une marque connue, appréciée.
7 ♦ Cour. Entreprise qui fabrique des produits de marque; ces produits. Les grandes marques d'automobiles. Une grande marque et ses sous-marques. Image de marque. Publicité de marque.
8 ♦ (1636) Ce qui sert à faire une marque. ⇒ cachet, poinçon.
II ♦ (1530)
1 ♦ Trace naturelle dont l'origine est reconnaissable. ⇒ impression , trace. Marques de pas, de roues de voiture dans un chemin (⇒ ornière) . Marques de doigts gras sur une feuille de papier. ⇒ tache. Marques qui restent sur un tissu froissé (⇒ 1. pli) , sur la carrosserie d'une voiture (⇒ éraflure, 1. raie) . Marques sur la peau; marques de coups, de contusions; de blessures. ⇒ bleu, cicatrice, couture, ecchymose, marbrure, stigmate, vergeture, zébrure. Marque de dents : morsure.
2 ♦ Signe naturel, tache que l'on compare à une marque. Avoir une marque sur le visage. ⇒ envie, nævus, tache.
III ♦
1 ♦ (1549) Objet matériel servant à faire reconnaître une chose, à la retrouver. ⇒ mémento. Mettre une marque dans un livre pour retrouver facilement une page. ⇒ marque-page, signet. — Vx Marque de théâtre : ticket d'entrée. ⇒ contremarque. — Loc. Chercher, trouver, retrouver, prendre, reprendre, poser ses marques, des repères. « un marché qui cherche encore ses marques entre une orientation grand public [...] et une orientation professionnelle plus limitée » (Le Monde, 1989).
♢ Spécialt Signe ou objet matériel indiquant une limite, une démarcation. ⇒ borne, jalon, repère; brisées.
♢ (1676) Jeu Jeton, fiche, dispositif servant à noter les points des joueurs. — Par anal. Jeton, signe représentant de l'argent.
2 ♦ Sport, jeu Décompte des points, au cours d'une partie, d'un match. Mener à la marque (cf. Aux points). À la mi-temps, la marque était de deux à un. ⇒ score. — Ouvrir la marque : marquer le premier but.
3 ♦ (1538 « armoiries ») Marques distinctives d'une dignité, d'un grade, d'une fonction. ⇒ 2. insigne, signe, symbole; chevron, galon.
♢ Fig. DE MARQUE : de distinction, de qualité. « beaucoup de seigneurs de marque » (Vigny). Hôtes de marque.
IV ♦ (1538 ) Abstrait
1 ♦ Caractère, signe particulier qui permet de reconnaître, d'identifier qqch. ⇒ annonce, attestation, attribut, caractère, critère, indication, indice, manifestation, présage, preuve, signe, symptôme, témoignage, témoin, trace. Être la marque de qqch. ⇒ révéler. « Instinct et raison, marques de deux natures » (Pascal). Réflexion qui porte la marque du bon sens (cf. Frappée au coin du bon sens). Donner des marques de..., recevoir qqn avec des marques de joie. ⇒ démonstration. Marques d'affection, d'intérêt, d'estime, de franchise. ⇒ preuve, 1. trait.
2 ♦ Ling. Trait pertinent (phonologique, morphologique, syntaxique) dont la présence ou l'absence dans une unité linguistique donnée fonde une opposition. Le s est la marque du pluriel en français (⇒ marqué) .
⊗ HOM. Mark.
marque 2. marque [ mark ] n. f.
• XIVe; provenç. marca, de marcar « saisir à titre de représailles »
♦ Anc. dr. Représailles. — Lettres de marque : autorisation donnée à un particulier de se faire justice lui-même. Mar. anc. Commission donnée à un corsaire.
● Marque tout signe servant à distinguer des produits, des objets, des services.
marque
n. f.
rI./r
d1./d Signe particulier mis sur une chose pour la distinguer. Marque à la craie. Marque indélébile.
d2./d Signe distinctif appliqué au fer rouge (marque à chaud) ou peint sur la peau d'un animal.
|| Cachet de contrôle sanitaire sur un animal de boucherie.
— Par métaph. Les marques de la débauche.
d3./d Signe d'attestation (d'un contrôle effectué, de droits payés, etc.). Marque de la douane.
d4./d Signe distinctif d'un produit, d'un fabricant, d'une entreprise. Marque de fabrique, de commerce.
— Marque déposée, qui assure une protection juridique à celui qui la dépose (au tribunal de commerce).
— Produit de marque, d'une marque renommée.
|| Entreprise industrielle ou commerciale; ses produits. Une grande marque de meubles.
d5./d Repère (en construction, en mécanique, etc.). Marque de pose, de taille.
|| SPORT Repère que se fixe un sauteur, un coureur, pour régler sa foulée, son départ.
— Dispositif pour caler les pieds des coureurs au départ. Syn. starting-block. à vos marques!... Prêts! Partez!
rII./r Trace, empreinte.
|| CHASSE (Plur.) Empreintes qui permettent d'identifier une bête.
rIII/r
d1./d Tout moyen, tout objet de reconnaissance, de repérage, d'évaluation. Mettre une marque entre les pages d'un livre.
|| Jeton, fiche qu'on met au jeu au lieu d'argent; jeton qui sert à marquer les points.
|| Par ext., fig. Décompte. Il y a dix points à la marque.
— SPORT Décompte des points en cours ou en fin de partie.
d2./d Signe, preuve, témoignage. "Cette marque d'honneur qu'il met dans ma famille" (Corneille).
I.
⇒MARQUE1, subst. fém.
I. — [Correspond à marquer I A et II]
A. — Signe matériel de nature diverse facilement reconnaissable, appliqué généralement à/sur une chose pour en indiquer de façon conventionnelle certaines caractéristiques et permettre de distinguer cette chose d'une autre (ou parmi d'autres) semblable(s) ou analogue(s).
1. [Pour retrouver cette chose, la classer, l'identifier avec le souci d'en signaler et d'en attester l'appartenance, le cas échéant] Mettre, faire une grande, large, longue, petite marque; une marque indélébile, ineffaçable, une marque invisible; ôter, effacer une marque; marque écrite, imprimée; marque au couteau, à la craie. Jacquemin Lampourde tira piteusement du fourreau un bout de rapière portant pour marque un S couronné (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 351):
• 1. Cette déclaration l'étourdissait. Bouvard objecta qu'ils n'avaient besoin du consentement de personne. «Qui vous arrête? Est-ce le trousseau? Notre linge a une marque pareille, un B! Nous unirons nos majuscules».
FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 60.
— En partic.
a) [Sur le corps hum.]
) Vx. Signe infamant imprimé au fer rouge sur l'épaule d'un condamné. Marque d'infamie. La peine de la marque a été abolie sous le gouvernement de Juillet (LITTRÉ):
• 2. Le nommé Chavard a été condamné à cinq ans de travaux forcés et à la marque, pour avoir volé, avec effraction, escalade nocturne et à main armée, cinq choux et un lapin blanc; mais, vu les circonstances atténuantes (...) on lui fait remise de la marque...
SUE, Atar-Gull, 1831, p. 11.
♦P. métaph. Socialiste! Il y a beau temps que cette étiquette a cessé d'être un épouvantail, une marque flétrissante sur l'épaule d'un paria (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 46).
♦P. anal. ou au fig. [L'auteur de la marque est D., le destin] La lèpre avait donc (...) quelque chose de sacré aux yeux de l'Église et des fidèles: c'était un don de Dieu, une distinction spéciale, une marque, pour ainsi dire, de l'attention divine. La main de Dieu (...) avait touché un chrétien, l'avait frappé d'une manière mystérieuse (MONTALEMBERT, Ste Elisabeth, 1836, p.218).
) Synon. de tatouage. Porter une marque tatouée. Cet homme est bien le courrier, dit le duc au gendarme et à l'aubergiste. Je viens de le reconnaître à ces marques. Et il indiquait les tatouages (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 216).
♦[Comme coutume dans certains pays]:
• 3. Souvent il y a autour de nous un troupeau de moutons noirs qui broute, quelque petit garçon nu, leste comme un singe, avec des yeux de chat, des dents d'ivoire, un anneau d'argent dans l'oreille droite et de grandes marques de feu sur les joues, tatouage fait avec un couteau rougi.
FLAUB., Corresp., 1850, p. 186.
♦[Comme moyen permettant de retrouver un esclave fugitif]:
• 4. Les peines disciplinaires du fouet et du cachot, auxquelles il [Leudaste] fut soumis successivement comme serf fugitif, étant jugées insuffisantes contre une telle opiniâtreté, on lui infligea la dernière et la plus efficace de toutes, celle de la marque par incision pratiquée sur l'une des oreilles.
THIERRY, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 196.
) MÉD. Marque(s) d'un vaccin. Scarification(s) permettant l'inoculation d'un vaccin. Je n'ai pas baisé la petite marque du vaccin sur votre bras (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 467).
b) [Sur l'animal, le bétail notamment pour distinguer la race, l'appartenance de chaque bête en cas d'épizootie, pour isoler les bêtes malades] Marque au fer rouge du bétail. La marque des moutons de tel troupeau, des chevaux de tel haras (Ac. 1835-1935). Poëri fit signe au bouvier de faire avancer ses bêtes (...). La marque du domaine, empreinte au fer chaud, estampillait leurs hanches (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 265). La marque sert à prévenir le détournement des bestiaux et les ventes clandestines, à établir les pertes, et devient, quand elle est bien conçue et bien exécutée, un puissant auxiliaire de l'isolement (LITTRÉ-ROBIN 1865).
♦BOUCH. [Pour la viande destinée à la consommation] Cachet de l'inspection sanitaire. (Dict. XIXe et XXes.).
♦MÉD. VÉTÉR. ,,Signe appliqué à un animal et propre à constater son état sanitaire dans les cas d'épizootie`` (LITTRÉ).
♦ZOOTECHNIE. Une marque indélébile est indispensable pour l'identification des animaux inscrits à un livre généalogique (Lar. encyclop.).
c) [Sur un document, au bas d'un message] Mettre sa marque sur un message. Y apposer son monogramme, paraphe, seing. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦En partic. Signe, croix apposée en guise de signature (par une personne illettrée). Il a déclaré ne savoir signer, et a fait sa marque. Il a mis sa marque au bas de cet écrit (Ac. 1835, 1878).
2. a) [Pour identifier la chose marquée et surtout d'en garantir l'authenticité et en protéger les droits de propriété] Signe spécial apposé par un ouvrier, un artisan (en particulier éditeur, typographe, libraire) sur l'objet qu'il a fabriqué (le livre qu'il a imprimé ou fait imprimer) ou par un artiste sur ses ouvrages. Marque d'atelier; marque d'éditeur, d'imprimeur; marque du tâcheron, de l'orfèvre. Sur les objets qu'il possédait, qu'il s'était constitués en les taillant dans les ossements des proies dévorées, l'homme préhistorique, mû à nouveau par le besoin de porter sa marque, a gravé des dessins qui étaient autant de prises de possession morale (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 110):
• 5. Causant avec Mme Daudet de mon ambition de ma survie dans mes objets d'art par l'apposition d'une marque, d'un cachet, d'une signature (...) elle me dit très intelligemment que ce goût de la postérité devait venir de cette partie de ma vie écoulée dans le passé, de mon labeur d'historien...
GONCOURT, Journal, 1887, p. 717.
— Marque des meubles, marque des ébénistes. Cette marque [des ébénistes] était faite par la frappe d'un fer, appelé estampille. Certains ébénistes apposaient leur marque par un fer rouge (FONV. 1974).
—Marque typographique. ,,Signe conventionnel, chiffre, monogramme ou vignette gravée, que l'imprimeur ou le libraire adopte comme marque commerciale et qu'il reproduit dans le livre, soit au titre soit à la fin`` (ROLLAND-COUL. 1969).
b) Signe, empreinte apposée sur différentes sortes de marchandises soit pour en désigner le lieu d'origine, soit pour faire la preuve qu'elles ont été contrôlées et ont acquitté les droits. La marque de la douane (...) du contrôle (...). Marque de l'or, de l'argent. Mettre la marque sur de la vaisselle (Ac. 1835-1935). Il disait qu'il avait eu cette canne à Londres; or, la marque attestait qu'elle était de Paris! (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 150). La marque de provenance a été soigneusement découpée dans le cuir de la coiffe, où il manque un morceau, de la forme et de la dimension d'une feuille de laurier (GIDE, Caves, 1914, p. 840):
• 6. ... [Pécuchet] contempla les deux S peints sur le couvercle [de la soupière]. — «La marque de Rouen! dit Pécuchet. — Oh! Oh! Rouen, à proprement parler, n'avait pas de marque. Quand on ignorait Moustiers, toutes les faïences françaises étaient de Nevers. (...)»
FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 118.
— P. méton. Outil, instrument qui produit la marque. Apportez la marque pour marquer cette vaisselle (Ac. 1835-1935). L'orfèvre devait tenir boutique ouverte s'il voulait faire usage de son poinçon; dans le cas de suspension momentanée ou définitive, sa marque de maître était déposée au bureau des orfèvres et gardée sous scellé (Lar. 19e, s.v. orfévrerie).
c) Signe par lequel un marchand indique sur un article le prix auquel il décide de le vendre; p. méton. le prix lui-même. Une oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix (PROUST, Temps retr., 1922, p.882):
• 7. ... un matin, comme Mouret traversait la soie, il s'arrêta, surpris de voir Favier en train de modifier les étiquettes de tout un solde de velours noir. — Pourquoi baissez-vous les prix? demanda-t-il. Qui vous en a donné l'ordre? (...) je n'ai jamais toléré ces tentatives d'indépendance... Nous seuls décidons de la marque.
ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 715.
— Taux de marque. ,,Pourcentage appliqué par un commerçant sur le prix d'achat de ses marchandises et destiné à couvrir ses frais généraux et son bénéfice`` (BARR. 1974).
3. [Dans le but d'authentifier un produit comm.]
a) Signe commercial distinctif (chiffre, caractère, nom, figure) apposé diversement sur l'article, sur l'emballage (par impression, collage) dans le but d'en indiquer l'appellation commerciale, la fabrique d'origine, l'entreprise de distribution et p. méton. le support matériel de ce signe (cachet, étiquette, label). V. marquer ex. 5:
• 8. Certaines marques sont devenues l'équivalent de produits ordinaires et malgré les interventions de ceux qui les possèdent, il arrive qu'elles tombent de facto dans le domaine public.
BAUDHUIN 1968.
— P. méton. Firme, entreprise qui détient cette marque. Si l'ancien commerce, le petit commerce agonisait, c'était qu'il ne pouvait soutenir la lutte des bas prix, engagée par la marque. Maintenant, la concurrence avait lieu sous les yeux mêmes du public (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 460). Il faut m'apprendre qu'il y a des gourmandises nuisibles, et qu'à tout prendre on doit se méfier des mauvaises marques (COLETTE, Ménage, 1902, p. 290). On vit s'arrêter, devant la cavée des portes, une opulente automobile de marque américaine (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 200).
♦Grande marque (p. oppos. à sous-marque). Firme, entreprise puissante, dont les produits sont d'une grande notoriété. Je vois une porte bâtarde qui tient encore debout. (...) elle est toute rafistolée de pièces de bois et de morceaux découpés dans des plaques de zinc timbrées des grandes marques de produits photographiques (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 104).
♦Ces mêmes produits. La voiture vint. Augustin reconnut cette marque voyante et fort chère qui garnissait la page entière d'un illustré de luxe avec le dessin d'une automobile, d'une dame seule, d'un chauffeur et d'un pékinois, arrêtés tous les quatre devant un perron à colonnes (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p.241). Seules, les pensées organisées et continues imposent, comme dans le commerce seules les «marques» se vendent bien (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 134).
b) DR. COMM. Sous un semblant de tonnelle (...) se dressait une seule petite table de pique-nique en tôle rouillée par les averses, où la marque de commerce d'une brasserie s'effaçait (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 396):
• 9. Sont considérés comme marques de fabrique, de commerce ou de service les noms patronymiques, les pseudonymes, les noms géographiques, les dénominations arbitraires ou de fantaisie, la forme caractéristique du produit ou de son conditionnement, les étiquettes, enveloppes, emblèmes, empreintes, timbres, cachets, vignettes, liserés, lisières, combinaisons ou dispositions de couleurs, dessins, reliefs, lettres, chiffres, devises et en général tous signes matériels servant à distinguer les produits, objets ou services d'une entreprise quelconque.
CLÉM. Alim. 1978.
— Marque déposée. ,,Marque de fabrique ou de commerce donnée par un industriel à ses produits et déposée par celui-ci au greffe du tribunal de Commerce de son domicile. Elle est alors protégée contre les imitations`` (BARR. 1974):
• 10. Qu'est-ce qu'il allait faire de tout ça? Ça n'avait ni queue ni tête, ces griffonnages. Il y avait quelque chose de commun entre eux, un certain climat (...). Il avait pensé vaguement: «essayer de rendre le goût de ma vie» comme s'il s'était agi d'un parfum étiqueté, marque déposée, le même à travers toutes les années.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 120.
— Marque de distributeur. ,,Marque apposée par un distributeur sur les produits qu'il vend mais qu'il fabrique rarement. Généralement le distributeur fait fabriquer le produit par un tiers et appose ensuite sa marque sur le produit qui n'est vendu que dans des magasins lui appartenant`` (BARR. 1974). Les produits dits «libres» sont une marque de distributeur (WELLHOFF Comm. 1977).
— Marque exclusive. Marque vendue en exclusivité chez un distributeur. (Dict. techn. XXe s.).
— Marque de fabrique. Signe permettant à un commerçant, à un fabricant de distinguer son/ses produit(s) de celui/ceux de la concurrence:
• 11. — Qu'est-ce que tu veux que je regarde? — Pas la flamme, le verre [de lampe]. (...) — Distingues-tu une marque de fabrique à deux centimètres en dessous du bord supérieur ? (...) — Si... On dirait bien. — Tu es en présence d'un verre de lampe de la marque des Trois Marteaux.
ROMAINS, Copains, 1913, p. 7.
♦P. métaph. Toute cette histoire, d'un bout à l'autre (...) portait sa marque de fabrique, sa lourde griffe de bon ivrogne braillard (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., 5, p. 55). Eux aussi ont un fonds commun, une marque de fabrique et c'est (...) cette manière stricte de dessiner, cette (...) alliance de la virtuosité aisée et du rendu photographique (ESTAUNIÉ, Roman et Province, 1942, p. 210).
— Marque (de service). Signe permettant de distinguer les services d'une entreprise. Les services rendus par un commerçant (transport, entretien par ex.) peuvent aussi être l'objet d'une marque: celle-ci se réfère à la prestation accomplie (Jur. 1971).
♦(Article, produit) de marque. (Article, produit) caractérisé par ,,sa qualité suivie, ses prix de série, son conditionnement spécifique d'origine (d'où sa facilité d'identification) et enfin la garantie de qualité qu'il comporte pour le consommateur final`` (CIDA 1973).
— Loc. adj. inv. De (bonne) marque. De première qualité; de qualité garantie, supérieure. Armand Larseneur descendit de la voiture et commença tout aussitôt de songer à son piano. C'était un «crapaud» de bonne marque et de forme agréable (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 92). Son œil regarda loin et fixement, au delà de la muraille, pavoisée de bouteilles d'apéritifs et de liqueurs de marque ou de fantaisie, fouilla une perspective soudain entr'ouverte (ARNOUX, Nuit St-Avertin, 1942, p. 69).
Au fig. Quand sa beauté première, sa beauté du début a été usée, elle s'en est confectionnée une autre (...) de presque aussi bonne marque, ma foi! (GYP, Tante joujou, 1891, p. 158). Revenons à la rime, ce vieux stimulant de bonne marque. Après des drogues plus savantes on la retrouve avec plaisir (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p. 48).
♦Image de marque.
B. — 1. P. ext. Tout ce qui sert à identifier, reconnaître quelque chose ou à le remémorer; le signe en tant que tel. Indiquer, désigner dans un texte un passage par une marque; faire une marque à un livre. Pour marque, faire un noeud à son mouchoir (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e):
• 12. Ses livres étaient remplis d'une infinité de petites marques en papier (...) elles portaient un mot. Quand Voltaire voulait un fait, il (...) lisait rapidement les mots de toutes les marques d'un volume.
STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, pp. 328-329.
— Spéc. [Pour servir de repère(s) dans l'exécution de certaines tâches]
a) TECHNOL. [Notamment sur les pierres de taille ou les bois] Marques à la scie; marques sur des pierres de construction. Les marques sur le bois dont l'ensemble constitue (...) la marque des bois, sont formées d'une série de figures faites avec le tranchant du ciseau sur les pièces de bois (CHABAT 1881).
b) SPORTS. Signe tracé sur le sol (pour régler certains mouvements). Marque de départ d'un sauteur en longueur, d'un coureur de vitesse. (Dict. XXe s.).
— P. métaph. Au delà des barrières sociales, les peuples restent long-temps à la même distance de nos institutions; mais ils n'ont pas plus tôt franchi la ligne de marque, qu'ils sont entraînés vers la corruption sans pouvoir se retenir (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 290).
— P. méton. Dispositif sur lequel le coureur prend appui au départ de la course. La marque est soit un simple trou, soit un dispositif dit «starting-block» (ROB.).
♦Loc. À vos marques. Appel invitant les coureurs à se mettre sur la ligne de marque ou ligne de départ (Dict. XXes.).
2. En partic.
a) Vx. Marque de théâtre. Ticket d'entrée ou premier billet p. oppos. à contremarque (deuxième billet donné en échange du premier, au spectateur désireux de sortir à l'entracte pour qu'il puisse rentrer suivre la suite du spectacle). (Dict. XIXe et XXe s.).
b) JEUX
— Jetons permettant de retenir au fur et à mesure les points ou les parties qu'on gagne. Boubouroche, jouant à mesure qu'il annonce. Trèfle pour toi!... Trèfle pour moi!... Et, coeur. Vingt-sept pour nous, et vingt-deux à la marque: quarante-neuf... Vous êtes dans le lac (COURTELINE, Boubouroche, 1893, I, 1, p. 22).
c) P. iron. Il est heureux à la marque. Il est soupçonné de marquer plus qu'il ne le faut. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Jetons, fiches que l'on met au jeu au lieu de l'argent. On convient en se mettant au jeu, de la valeur des marques (Ac. 1835-1935).
♦SPORTS et JEUX. Décompte des points au cours d'une partie, d'un match. À la mi-temps la marque était de 2 à zéro. Une minute plus tard, on crut bien que Monaco allait aggraver la marque (L'Équipe, 19 avr. 1978, p. 3, col. 6).
Mener à la marque. Mener aux points. (Dict. XXe s.).
Ouvrir la marque. Marquer le premier but de la partie. Bjekovic se trouvait complètement démarqué et n'avait aucun mal à ouvrir la marque (L'Équipe, 26 avr. 1978, p. 4, col. 2).
d) [Dans le domaine des signes honorifiques]
— Marques (distinctives) (d'une dignité, d'un grade, d'une fonction). Le mortier était la marque des présidents du parlement. Les faisceaux et la hache étaient la marque des grands magistrats (Ac. 1835-1935).
— Marques (d'honneur). Insignes honorifiques. Porter les marques d'un ordre, de la Légion d'honneur, de l'ordre de la Jarretière. Les deux amis virent distinctement cette fragile nacelle (...) contenant un vieillard (...) et un jeune homme de la figure la plus intéressante, et décoré des marques de la chevalerie. Olivier lui cria de jeter son armure dans le lac (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p.222).
— Loc. adj. inv. [S'applique à une pers.] De marque. De qualité, éminent. Étranger, hôte, personnage, spectateur de marque; gens de marque et de réputation. En tout, une vingtaine de Parisiens de marque, dans les lettres et le reportage, et une fête avec tente pour les autorités et musique de foire (GONCOURT, Journal, 1890, p. 1264).
♦Invité de marque. L'estrade réservée aux invités de marque (LARBAUD, Journal, 1932, p.263).
e) Spécialement
— BLAS. Marques (d'honneur). Pièces extérieures à l'écu et symbolisant une dignité (bâton de maréchal de France, collier d'un ordre, etc.). Les marques de dignité se divisent en quatre espèces différentes: ecclésiastiques, politiques, militaires et civiles (...). Les marques de chevalerie sont de trois espèces: ecclésiastiques, militaires et politiques (Lar. 19e).
— INFORMAT. ,,Repère matériel, caractère ou groupe de caractères employé pour indiquer le début ou la fin d'un groupe de données ou d'un support informatique`` (GUILH. 1969). Marque terminale.
— LING. ,,Inscription d'un élément supplémentaire hétérogène sur (ou dans) une unité ou un ensemble, et [qui] sert de signe de reconnaissance`` (GREIMAS-COURTÉS 1979). Marque d'espèce, marque du genre et du nombre.
♦PHONOL. ,,Particularité phonique dont l'existence ou la non-existence dans une unité donnée suffit à l'opposer aux autres unités de même nature de la même langue`` (Ling. 1972; cf. marqué II B). Si une même marque distingue plusieurs paires de phonèmes, le trait différenciateur est appelé marque de corrélation; les phonèmes /b,d,g/ s'opposent aux phonèmes /p,t,k/ par le caractère de sonorité qui est la marque de corrélation (Lang. 1973).
♦P. ext. [À tous les niveaux de la structure ling., en partic. dans le domaine de l'analyse morphol. et lexicale] On fait remarquer avec raison qu'il faut se méfier de la notion de marque dont certains structuralistes ont eu tendance à abuser (MOUNIN 1974).
— MAR. Marque distinctive. Pavillon hissé en tête d'un mât, indiquant le grade et la fonction de l'officier général ou supérieur exerçant le commandement d'un groupe de navires ou d'une haute autorité présente à bord. La marque d'un/de l'amiral. Un chef d'escadre rencontrant un navire plus faible, ne déployait pas son enseigne de poupe et hissait simplement sa marque (LA VARENDE, Tourville, 1943, p. 117).
II. — [Correspond à marquer I B et II]
A. — Empreinte particulière, involontaire; trace accidentelle ou naturelle plus ou moins durable, laissée par quelque chose/quelqu'un sur quelque chose/quelqu'un et facilement reconnaissable ou identifiable. Marque indélébile; marques de pas sur le sable, de pneus dans la neige, de souliers, de sabots, de roues dans la boue. On campa au pied d'eucalyptus qui portaient la marque d'un feu assez récent (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 161). Il y avait tellement de poussière que le vieillard mouchait toujours du noir, que ses doigts gluants étaient toujours noirs, et laissaient des marques sur tout ce qu'il touchait (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 866).
— Spéc. Traces, indices laissés par le passage d'une bête et qui permettent de l'identifier. (Dict. XIXe et XXe s.).
— En partic. Traces laissées sur le corps par une action violente (contusion, brûlure, lésion quelconque), par la maladie ou encore par la fatigue, par des excès. Marques de petite vérole. Ils ont des marques de croûtes purulentes, des trous à la place du nez (FLAUB., Corresp., 1850, p. 241).
♦Marques du temps. Rides. Quand Mme Récamier vit s'avancer l'heure où la beauté baisse et pâlit, elle fit ce que bien peu de femmes savent faire: elle ne lutta point; elle accepta avec goût les premières marques du temps (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 1, 1851-62, p. 132).
♦Au fig. Garder la marque (de qqc.). Garder un souvenir (comme incarné, matérialisé de quelque chose). Elle vivait avec lui, dans son étreinte, matériellement; elle avouait à chaque instant qu'il la possédait toujours, qu'elle garderait toujours la marque de ses baisers (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 243).
— P. anal. Signe naturel, tache ou accident de la peau (ou de la robe) que l'homme (ou l'animal) porte à sa naissance. Ma soeur, malgré une marque de naissance à laquelle il fallait quelque temps pour s'habituer, avait, à cet âge, un charme extrême (RENAN, Ma soeur, 1862, p. 18). Monsieur pinson fut décrit d'abord [dans un exercice de composition française]; son bec ardoisé, sa huppe bleue, sa poitrine d'un rose saumoné, et les marques blanches de ses ailes (ALAIN, Propos, 1921, p. 238).
♦HIPPOLOGIE. Marques. ,, Classées dans les robes, comme des particularités à sièges fixes, ce sont des taches blanches localisées au front. On les dit en tête, avec des variantes suivant leur intensité et leur étendue`` (TONDRA Cheval 1979).
Marque de feu. ,,Particularité de la robe sans siège fixe pouvant se situer aux fesses, aux flancs, aux yeux et se caractérisant par des reflets fauves sur la robe foncée`` (CASS.-MOIR. 1979).
♦MÉD. VÉTÉR. ,,Signe aux dents du cheval indiquant son âge`` (LITTRÉ). Synon. germe de fève.
B. — [Dans le domaine plus abstr. de la vie psychique, artist., littér. et des relations hum.] Tout ce qui constitue un indice particulièrement révélateur (pour autrui) d'un état, d'une qualité intrinsèque, d'un sentiment et qui les authentifie et en donne comme un témoignage, une preuve.
1. Signe particulier (permettant d'identifier l'état physique ou psychique d'une personne). Porter la marque de la fatigue; les marques des passions. David, sur ces visages, retrouvait des signes connus, la marque de la faim et du froid, des yeux qui coulaient, des gencives scorbutiques, des clous, des anthrax, des polypes (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 314):
• 13. ... il ôta la loque qui lui abritait le front, (...) montrant une tête flétrie, crapuleuse et jolie, chauve sur le sommet du crâne, marque de fatigue ou de débauche précoce, car cet homme assurément n'avait pas plus de vingt-cinq ans.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Champ d'oliv., 1890, p. 82.
♦Donner des/les marques de. Donner les preuves, les témoignages de. Donner des marques de confiance, d'intérêt. En ce moment, sa vieille gouvernante entra en donnant les marques d'un effarouchement excessif (BALZAC, Cabinet ant., 1839, p. 81).
2. Signe particulier ou qualité intrinsèque témoignant de l'authenticité (de l'expression) d'un sentiment. Le bégaiement, (on le sait), est la plus grande marque (temporelle) de la sincérité (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1228).
3. Trait distinctif, caractère propre (auquel on reconnaît un attribut de la personne et par lequel cette dernière se reconnaît elle-même). Les artistes (...) sont frappés différemment par le même objet; chacun y démêle un caractère distinct (...) et c'est justement la marque propre (...) des vrais génies que d'inventer en dehors de la convention (TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p.2). Dans tous les sports, la marque du joueur excellent, c'est qu'il s'interdit les gestes inutiles (BARRÈS, Déracinés, 1897, p. 294). Pascal attaque le christianisme politique au nom d'une rigueur spirituelle où il faut voir la marque du vrai chrétien (MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 155).
♦Trait distinctif auquel se reconnaît la qualité et l'originalité de quelqu'un. La marque de l'ouvrier (...). Cet ouvrage porte sa marque, certain caractère qui signale une oeuvre et en fait connaître l'auteur (Ac. 1935). Nous parlons encore de l'esprit (...) de la marque que Rivarol mettait dans tout ce qu'il écrivait, si bien qu'on peut reconnaître une page de lui sans aller jusqu'à la signature (LÉAUTAUD, Journal littér., t. 1, 1905, p. 195). Il [Flaubert] a tellement méprisé l'humanité en lui et dans les autres, qu'il ne discerne plus cette part de la créature où Dieu a imprimé sa marque (MAURIAC, Gds hommes, 1947, p. 167).
En partic. La marque de l'artisan. La marque d'un travail bien fini, signé:
• 14. Les ornements fondus qui sont sous l'appui-main de nos fenêtres sont copiés sur de bons modèles, et tous laids. Il y manque la marque de l'artisan, la marque du travail et de l'invention ensemble (...) même d'un chandelier de cuivre, vous vous détournez, si vous apercevez seulement la ligne du moule, les petites soufflures, enfin les marques de la reproduction mécanique.
ALAIN, Propos, 1921, p. 279.
4. Qualité distinctive (de quelque chose); le propre de quelque chose. L'argent, en même temps qu'il y est devenu [dans certaines sociétés] la principale marque qui classe et distingue entre eux les hommes, y a acquis une mobilité singulière (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 51):
• 15. ... le contraire de la majesté dans l'homme, c'est peut-être l'étonnement; car l'étonnement est la marque de ce qui survient, de ce qui est inattendu, et ainsi deux fois étranger. Il n'y a pas une belle statue, ni un beau portrait, qui exprime l'étonnement...
ALAIN, Propos, 1930, p. 919.
Rem. Fam., vx. (Une) marque que + verbe. (Une) preuve que + verbe. Une marque que j'ai fait cela. Une preuve que j'ai fait cela (Ac. 1835, 1878). Marque de cela. Preuve de cela (ibid.). Il y a presque autant de taxes pour les acquits qu'il y a de buralistes, marque qu'ils agissent en despotes avec le public (Doc. hist. contemp., Cahier de doléances, 1789, p. 35).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1456 «signe mis sur un objet pour le rendre reconnaissable, pour marquer la propriété» (Arch. Nord B 1686 fol. 69: lui mesmes avoit marquié les fustz et caques esquelz estoit le dit herenc, d'un signe ou marque faulx); b) 1690 «signe, croix... qu'un illettré appose en guise de signature» (FUR.); 2. 1531 «signe infamant que l'on imprime sur la peau d'un condamné» (EST., s.v. stigma:une marque que on faict dung fer chault); 3. terme de comm. a) ) 1626 «empreinte que le gouvernement met sur les marchandises assujetties à quelque contribution» (Ordonnance ds ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 16, p. 187); ) 1694 [éd.] «signe par lequel les marchands notent le prix que leur a coûté un objet» (LA BRUYÈRE, Caractères ds Œuvres, éd. G. Servois, t. 2, p. 172); b) ) 1690 «signe distinctif appliqué sur une chose par celui qui l'a faite, fabriquée» (FUR.); ) 1835 marque de la fabrique (Ac.); 1846 marque de fabrique (PROUDHON, Syst. contrad. écon., éd. 1872, t. 1, p. 305); ) 1948 marque déposée (Nouv. Lar. univ., s.v. déposé); c) ) 1866 «entreprise qui fabrique des produits de marque» (Presse scientifique, février, p. 131 ds LITTRÉ); ) 1896 de marque (DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.); 4. a) 1732 mar. «balise fixée sur une ancre pour indiquer un passe» (RICH.); b) ) 1936 «trait repère que l'on fait sur le sol pour régler certains mouvements» (Règlement de la Fédération fr. de lawn-tennis d'apr. QUEM. DDL t. 6); ) 1924 «dispositif assurant une bonne position des pieds des coureurs de vitesse qui vont prendre le départ» (Encyclop. des Sports ds PETIOT: à vos marques!). B. 1. a) 1530 «trace naturelle dont l'origine est reconnaissable» (PALSGR., p. 258a); b) 1553 «trace, impression (des doigts, etc.) sur un autre corps» (Bible, impr. J. Gérard, Sap. 5, 11 d'apr. FEW t.16, p.553 a); 2. 1538 «tache ou autre signe que porte une personne ou un animal en naissant» (EST., s.v. insignis). C. 1. a) 1538 au plur. «armoiries» (ibid., s.v. insigne); b) 1553 «ornement distinctif d'une dignité, etc.» (Bible, impr. J. Gérard, Eccl. 45, 14 d'apr. FEW t. 16, p. 553b); c) 1585 homme de marque (NOËL DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 328); 2. a) 1549 «signe, objet matériel destiné à rappeler, faire connaître ou retrouver quelque chose» (EST.: marque qu'on fait en ung livre); b) ) 1676 «jeton» (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre du 29 juillet ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 352); ) 1868 ,,décompte des points gagnés par chaque joueur`` (LITTRÉ). D. 1. a) 1538 «caractère, signe particulier qui permet de reconnaître, d'identifier quelque chose» (EST., s.v. insigne); b) 1636 marques d'honneur (CORNEILLE, Cid, I, 3); 2. 1949 phonol. (Principes de phonologie, trad. de l'ouvrage all. de N. S. Troubetzkoy, p. 74). Déverbal de marquer. Au sens de «signe», on trouve en a. fr. les subst. merc, masc. et merque, fém. (v. GDF. et T.-L.), déjà merc «limite» en agn., norm. et pic. (v. amers), empr. à l'a. scand. merki «marque»; cf. a. h. all. merken, all. marken «marquer, remarquer». Comme terme de sports le mot est empr. à l'angl. mark (1887 ds NED Suppl.2). Bbg. DUPONT (C.), MÉNARD-LÉPINE (L.). Brand name, ... Meta. 1976, t. 21, p. 198, 199, 202. — QUEM. DDL t. 10.
II.
⇒MARQUE2, subst. fém.
Vieux
A. — Droit de représailles. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — En partic. Lettre de marque
1. ,,Pièce qu'à partir du XIIIe et surtout du XIVe s., la victime d'une violence ou d'un vol (notamment un marchand) demandait aux autorités de son pays et qui lui permettait d'exercer des représailles contre les compatriotes de l'auteur du dommage`` (FÉDOU Moy. Âge 1980).
2. HIST. MAR. Commission donnée au capitaine d'un navire armé en course sans laquelle il peut être réputé pirate ou forban. Et ne m'a-t-on pas dit (...) que le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette (...) avaient (...) donné des lettres de marque à je ne sais quel pirate? (DUMAS père, P. Jones, 1838, I, 2, p. 129).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1339 «droit de représailles» (Ordonnances des rois de France, t. 2, p. 137, v. aussi la note); 2. lettre de marque a) 1549 «autorisation donnée à un particulier de se faire justice à lui-même» (EST.); b) 1812 mar. «commission dont tout capitaine ou patron d'un navire armé en course doit être pourvu, sous peine d'être réputé pirate ou forban» (MOZIN-BIBER, s.v. lettre). Empr. au prov. marca «saisie, arrestation par représailles; objet saisi; personne arrêtée; droit de représailles» (XIIe-XVe s., ds LEVY Prov. et RAYN.), déverbal de marcar «saisir (quelqu'un, quelque chose), arrêter par représailles» (XIIe-XVe s., ibid.), lui-même prob. empr. au got. markôn qui a dû avoir un sens proche de celui de l'a. nord. marka «marquer la propriété de quelqu'un».
III.
⇒MARQUE3, subst. fém.
Arg., vx. Femme. Marque franche. ,,Maîtresse d'un voleur, qui connaît les ruses du métier`` (VIDOCQ, Voleurs, t. 1, 1836, p. 267).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1457-60 «prostituée» (VILLON, Ballade III, 14 ds SAIN. Sources Arg. t. 1, p. 126); 2. 1836 marque franche (VIDOCQ, loc. cit.). Prob. de marque1, les prostituées du Moyen Âge devant avoir, sur la voie publique, un signe spécial permettant de les distinguer; cf. Romania t. 48, 1922, p. 410.
STAT. —Marque1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.:2448. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 3368, b) 2818; XXe s.: a) 3420, b) 3973.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, pp. 311-312. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 46, 86, 138, 145.
1. marque [maʀk] n. f.
ÉTYM. Fin XVe, « droit d'entrée »; déverbal de marquer; a remplacé merc (1119 en normand), merche, merque (→ ci-dessous, cit. 10), dér. de l'anc. normand merki « marque ».
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1 (1553). Signe matériel, empreinte que l'on met sur une chose pour la distinguer, la reconnaître…, ou pour servir de repère. ⇒ Empreinte, signe. || Marque au couteau, à la scie. ⇒ 1. Coche, encoche, hoche, trait (de scie). || Marque faite à l'aide d'un cordeau frotté de craie. ⇒ Tringle. || Marque écrite, imprimée. || Marque indélébile, ineffaçable. || Enlever, effacer une marque. || Marques sur des arbres (⇒ Martelage), sur les pierres d'une construction (→ 1. Lire, cit. 3). || Marque de poupe d'un bateau (en lettres peintes ou métalliques), indication de son nom et de son port d'attache. || Marques de tirant d'eau. — Marque distinctive sur le bras de quelqu'un; porter une marque tatouée (→ Hiéroglyphe, cit. 6). — Marque au fer rouge du bétail. || Marque de la viande de boucherie. — Cout. || Coudre une marque à son linge, une petite pièce de tissu portant une marque (initiales, nom, chiffre…). || Enlever la marque. ⇒ Démarquer. — Techn. Signes tracés sur des pierres de taille, des bois de charpente pour indiquer la manière dont les éléments doivent être posés. — Marques sur des papiers, des dossiers, pour en faciliter le classement (⇒ Cote [1.]). || Marque numérique (⇒ Matricule, numéro), littérale, conventionnelle. || Faire une marque sur une liste (cit. 2), à un mot. ⇒ Astérisque, croix, renvoi; point, pointage; trait. || Indiquer, désigner dans un texte, un passage par une marque (→ Apostille, cit. 1). || Mettre sa marque sur un message, au bas d'une pièce. ⇒ Monogramme, paraphe, seing.
1 Faisons, dit-il, au galant une marque,
Pour le pouvoir demain connaître mieux.
La Fontaine, Contes, II, IV.
2 J'ai l'habitude, fort ancienne et quelque peu ridicule, de faire à mes livres, en les achetant, des marques secrètes. Je viens de constater que la marque est bien à sa place.
G. Duhamel, Salavin, V, IV.
♦ (1690). Spécialt. Signe (par exemple, croix) qu'un illettré appose en place de signature. ⇒ Croix.
2 (XXe). Sports. Trait, repère que l'on fait sur le sol (pour régler certains mouvements). || Marque de départ d'un sauteur en longueur. — Dispositif assurant une bonne position aux pieds des coureurs de vitesse qui vont prendre le départ. (⇒ Butoir, cale, starting-block). || Déplacer les marques. — ☑ Loc. (1924). À vos marques ! Prêts ? Partez !
♦ Au plur. Repères, balises délimitant un parcours de régates.
3 (1531). Spécialt. Signe infamant que l'on imprimait sur la peau d'un condamné. ⇒ 2. Flétrissure. || En France, sous l'Ancien Régime, la marque était une fleur de lis. || On supprima la marque en 1832. — Par métaphore. || Imprimer une marque d'infamie sur le front de quelqu'un (→ Farine, cit. 6).
3 Alors la batiste se déchira en laissant à nu les épaules, et, sur l'une de ces belles épaules rondes et blanches, d'Artagnan, avec un saisissement inexprimable, reconnut la fleur de lis, cette marque indélébile qu'imprime la main infamante du bourreau.
Dumas, les Trois Mousquetaires, XXXVII.
4 (1626). Comm. Signe attestant un contrôle, le paiement de droits. ⇒ Cachet, 2. contrôle, estampille, poinçon, sceau. || Marque de la douane. Absolt. || Droit de marque. — Marque nationale de qualité.
♦ (1694). Signe (conventionnel ou non) par lequel les marchands notent le prix que leur a coûté un objet.
4 Le marchand (…) a des marques fausses et mystérieuses (…)
La Bruyère, les Caractères, VI, 43.
5 (1690). Signe distinctif appliqué sur une chose par celui qui l'a faite, fabriquée. || Marque d'un artisan, d'un ouvrier, d'un armurier (→ Lame, cit. 7). || Marque d'orfèvre (⇒ Poinçon), d'ébéniste (⇒ Estampille). || Marque sur une pièce de céramique. || Reconnaître à la marque l'origine, l'époque de fabrication d'une assiette ancienne. || Marque d'atelier d'une monnaie antique. ⇒ Symbole. — Par ext. || Marque d'un souverain sur une monnaie. ⇒ Effigie. || Marque d'imprimeur, d'éditeur, signe conventionnel adopté comme marque commerciale.
♦ Par métaphore et fig. || La marque de l'ouvrier, ce à quoi l'on reconnaît l'auteur (→ Exploitation, cit. 8). || On reconnaît sa marque, sa griffe, son style.
6 (1846). Spécialt. || Marque de fabrique et de commerce, signe servant à distinguer les produits d'un fabricant, les marchandises d'un commerçant ou d'une collectivité (syndicat, etc.). ⇒ Cachet, chiffre, estampille, étiquette, label (cit. 1), logo, poinçon, sceau, timbre. || Marque descriptive (dénomination), figurative (emblème, vignette), nominale (nom en caractères particuliers). — (1948). || Marque déposée. || Marque et nom déposés. || Nom de marque. || Marque déposée (au greffe du tribunal de commerce…) et protégée contre les contrefaçons. || Marque de distributeur. || Produit commercialisé sans nom de marque (→ Générique). — Spécialt. Pharm. || Marque déposée d'un médicament, nom sous lequel un médicament est vendu par le fabricant (à distinguer de sa dénomination commune).
4.1 Ni les armes ni les instruments, contrairement à ce qui se fait d'habitude, ne portaient la marque du fabricant; ils étaient, d'ailleurs, en parfait état et ne semblaient pas avoir servi.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 322.
5 La marque de fabrique ou de commerce est facultative (…) Sont considérés comme marques de fabrique et de commerce les noms sous une forme distinctive, les dénominations, emblèmes, empreintes, timbres, cachets, vignettes, reliefs, lettres, chiffres, enveloppes et tous autres signes servant à distinguer les produits d'une fabrique ou les objets d'un commerce.
Loi du 23 juin 1857, art. 1.
♦ (1896). Absolt. || Produits de marque, qui portent une marque connue, appréciée.
6 (…) un litre de verre, mais de marque… authentifié par une maison sérieuse…
J. Romains, les Copains, I.
7 (1866). Cour. Entreprise qui fabrique des produits de marque (→ Inonder, cit. 15); ces produits. || Les grandes marques d'automobiles. || Une grande marque et ses sous-marques. ☑ Image de marque. || Publicité de marque.
6.1 (Des) tramways ferraillants, peinturlurés (mais plus les deux sévères triangles accolés, le sceau rouge et noir, bariolés maintenant aux couleurs de marques d'apéritifs ou de lessives, tapageuses, criardes, mercantiles, sans aucune autre fonction qu'attirer l'œil comme des robes ou des maquillages de putains, rien que tapageuses, rien que criardes) […]
Claude Simon, le Palace, p. 98.
8 (1636). Ce qui sert à faire une marque. ⇒ Cachet, poinçon.
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II (1530).
1 Trace naturelle dont l'origine est reconnaissable. ⇒ Impression, trace. || Faire, laisser une marque sur qqch. || Marques de pas, de roues de voiture dans un chemin. || Marques de doigts gras sur une feuille de papier, sur un mur, une porte. ⇒ Tache. || Marques qui restent sur un tissu éraillé (éraillure), déchiré, froissé (⇒ Pli), sur un fruit picoté (picoture), sur la carrosserie d'une voiture (éraflure, raie). || Marques du feu, de l'incendie sur un mur. — Marques de la mer : traces laissées par la marée. — Marques sur la peau. — (1530). || Marques de coups, de contusions; de blessures; de maladies. ⇒ Bleu, cicatrice, couture, ecchymose, marbrure, stigmate, vergeture, zébrure. || Visage criblé de marques de petite vérole (→ Cicatrice, cit. 4; défaut, cit. 19). || Marque de dents (morsure). — Par métaphore. || La blessure guérit mais la marque reste (→ Impression, cit. 15). — Fig. || La marque du temps, l'état de la peau avec l'âge (rides, etc.). → 1. Flétrissure, cit. 1.
7 (…) j'y fus blessé à la jambe d'un coup de grenade, dont je porte encore les marques.
Molière, les Précieuses ridicules, XI.
8 (…) sur leurs joues, sur les bras nus des femmes, des réseaux d'herbes foulées avaient laissé leurs marques (…)
P. Nizan, le Cheval de Troie, I.
2 (1538). Par ext. Signe naturel, tache que l'on compare à une marque. || Avoir une marque sur le visage. ⇒ Envie, nævus. || Marques de feu, sur le pelage d'un animal. || Marques sur les pieds d'un cheval (→ Balzane, cit. 1). || Marque en tête, chez le cheval, tache blanche au milieu du front.
3 Spécialt. (vén.). Trace, indice que laisse une bête et qui permet de l'identifier (⇒ Connaissances).
4 Par métaphore. Signe apparent, témoignage. || Marques physiques de l'étonnement (→ Ahuri, cit. 2). || Porter sur son front (cit. 12) les marques d'une conscience (cit. 11) bourrelée, la marque de ses vices. ⇒ Stigmate. — Les marques d'un bonheur passé. ⇒ Effluve (fig.), vestige (→ Autrefois, cit. 4).
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III Par ext.
1 (1549). Objet matériel servant à faire reconnaître une chose, à la retrouver (⇒ Mémento). || Mettre une marque dans un livre pour retrouver facilement un passage (⇒ Signet). — (1723). Vx. || Marque de boulanger : planchette de bois sur laquelle le boulanger marquait chaque pain fourni à crédit. — Vx. || Marque de théâtre : ticket d'entrée (⇒ Contremarque).
9 Ce qui ne l'empêcha pas de laisser une marque là où il en était resté de sa lecture, et de la reprendre en cachette dès qu'il le put.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, X.
♦ Spécialt. Signe ou objet matériel, indiquant une limite, une démarcation. ⇒ Borne, jalon, repère; brisées. — Dr. || Marque de mitoyenneté, de non-mitoyenneté (→ Fossé, cit. 2).
♦ (1732). Mar. Objet naturel ou artificiel repérable et significatif. ⇒ Amer, balise, bouée; balisage. || Marque fixe, flottante; de jour, de nuit.
♦ (1676). Jeu. Jetons, fiches, dispositif servant à figurer, à noter les points obtenus par chacun des joueurs. ⇒ Marqueur. || Marques de bésigue, de piquet : tablettes de bois munies de fiches mobiles. — Par anal. Jeton, signe représentant de l'argent. || On convient, en se mettant au jeu, de la valeur des marques (Académie).
2 (1868). Sports, jeux et cour. Décompte des points, au cours d'une partie, d'un match. || Mener à la marque (→ Aux points). || À la mi-temps, la marque était de deux à un. ⇒ Score. || Où en est la marque ? || Ouvrir la marque, marquer le premier but d'une partie.
3 (1538, « armoiries »). Attribut d'une fonction, d'un grade, etc. || Marques distinctives d'une dignité, d'un grade, d'une fonction. ⇒ 2. Insigne, signe, symbole, et aussi chevron, galon (→ Fleuron, cit. 1; incognito, cit. 3). Par ext. || Les marques du pouvoir, de la puissance… || Les marques de la misère. ⇒ Livrée. — Spécialt. Mar. Pavillon faisant connaître le grade du commandant d'un bâtiment. || La marque de l'amiral. — Blason. || Marques d'honneur, pièces extérieures à l'écu, symbolisant une dignité… (collier d'un ordre).
10 Ç'a été une belle invention (…) d'établir certaines merques (marques) vaines et sans prix, pour en honorer et récompenser la vertu, comme sont les couronnes de laurier, de chêne, de meurte (myrte), la forme de certain vêtement, le privilège d'aller en coche (…) la prérogative d'aucuns surnoms et titres, certaines marques aux armoiries, et choses semblables (…)
Montaigne, Essais, II, VII.
11 D'une longue soutane il endosse la moire,
Prend ses gants violets, les marques de sa gloire.
Boileau, le Lutrin, IV.
♦ ☑ (1585). Fig. et absolt. De marque. ⇒ Distinction; qualité (de). || Personnage de marque. || Hôtes, invités de marque.
12 (…) à la proue et à l'arrière du bateau, il y avait quantité de soldats de ses gardes portant la casaque écarlate, en broderie d'or, d'argent et de soie, ainsi que beaucoup de seigneurs de marque.
A. de Vigny, Cinq-Mars, XXV.
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IV
1 (1538). Abstrait. Caractère, signe particulier qui permet de reconnaître, d'identifier, de déceler quelque chose. ⇒ Annonce, attestation, attribut, caractère, critère, enseigne, estampille (fig.), indication, indice, manifestation, présage, preuve, signe, symptôme, témoignage, témoin, trace. || Être la marque de quelque chose. ⇒ Révéler (→ Insensible, cit. 1). || Avoir, recevoir une marque de…, que… (→ Infidèle, cit. 12). || Connaître (cit. 45) à certaines marques… — Marque certaine (cit. 4), sûre, éclatante, indubitable, ineffable (cit. 5), insigne (1. Insigne, cit. 3). || Marque propre, particulière (→ Féconder, cit. 6). || Prouver par des marques. — Marque de vérité, de fausseté (→ Contradiction, cit. 0.1; imagination, cit. 10, Pascal). || Instinct (cit. 9) et raison, marques de deux natures. || Les marques de la faiblesse humaine (→ Gloire, cit. 7), de la médiocrité (→ Conter, cit. 3). || Réflexion qui porte la marque du bon sens (→ Frappée au coin du bon sens). || La vraie marque d'une vocation (→ Forfaire, cit. 2). — Donner des marques de…, recevoir qqn avec des marques de joie. ⇒ Démonstration. || Marques d'affection, d'amitié, d'amour, d'approbation (cit. 11), de bienveillance (cit. 1), de compassion (cit. 3), de courage, d'estime, de franchise… ⇒ Preuve, trait (→ Fermeté, cit. 5; indifférence, cit. 5). || Marques d'aversion (cit. 9), de cruauté (cit. 1), de haine, de mépris; d'oubli, de repentir… (→ Brouillard, cit. 12; frapper, cit. 52; intervalle, cit. 7).
13 (…) la grande marque d'amour, c'est d'être soumis aux volontés de celle qu'on aime.
Molière, le Malade imaginaire, II, 6.
14 Il y aurait trop d'obscurité, si la vérité n'avait pas des marques visibles; c'en est une admirable qu'elle se soit toujours conservée dans une Église et une assemblée visible.
Pascal, Pensées, XIV, 857.
15 (…) j'ai de l'amitié pour vous, et je veux vous en donner une marque qui ne vous permettra pas d'en douter.
A. R. Lesage, Gil Blas, V, I.
2 Ling. Trait phonologique ou morpho-syntactique dont la présence ou l'absence dans une unité linguistique donnée fonde une opposition, binaire (marques du pluriel, du féminin) ou non (marque du futur). || L's est la marque la plus fréquente du pluriel en français. ⇒ Marqué.
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COMP. Contremarque, sous-marque.
HOM. 1. Marc, mark, 2. marque. — Formes du v. marquer.
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2. marque [maʀk] n. f.
ÉTYM. 1339; provençal marca, du v. marcar « saisir à titre de représailles », gotique markon « délimiter la propriété de quelqu'un ».
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♦ Anc. Dr. Représailles.
♦ (Mil. XVe). Spécialt. || Lettres de marque : autorisation donnée à un particulier de se faire justice lui-même.
♦ Mar. Commission donnée à un corsaire. || Les lettres de marque distinguaient le corsaire du pirate.
0 Le corsaire, pirate légal qui recevait de l'État ses lettres de marque, guettait les bâtiments de l'ennemi (…) les attaquait quand ils n'étaient pas trop bien armés, et vendait ses prises au profit de l'armateur.
A. Maurois, Chateaubriand, I, I.
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HOM. 1. Marc, mark, 1. marque. — Formes du v. marquer.
Encyclopédie Universelle. 2012.