nez [ ne ] n. m.
• nes 1080; lat. nasus
I ♦
1 ♦ Partie saillante du visage, située dans son axe, entre le front et la lèvre supérieure, et qui abrite l'organe de l'odorat (partie antérieure des fosses nasales). ⇒fam. blair, 1. nase, 2. pif, 2. tarin. Base, racine, ailes, arête, bout du nez. Fam. Les trous de nez : les narines. Poils du nez (vibrisses). Long nez. Nez droit, grec. Nez aquilin, bourbonien, busqué, crochu. Nez en bec d'aigle. Nez pointu. Nez camus, écrasé, épaté. Nez gros et rond. ⇒ truffe. Nez en pied de marmite, en patate. Nez retroussé, en trompette. Se faire refaire le nez (chirurgie esthétique).— « Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Pascal). « le nez est [...] l'organe où s'étale le plus aisément la bêtise » (Proust). — Le nez de Cyrano. — Faux nez : pièce (de carton, de matière plastique), imitant un nez (prothèse ou masque). — Fourrer, mettre ses doigts dans son nez, dans le nez. Se boucher le nez, pour ne pas sentir une odeur désagréable. Aspirer (⇒ inhaler, renifler) , souffler, respirer par le nez. Parler du nez. ⇒ nasiller. Des lunettes sur le nez. Saigner du nez. Avoir le nez bouché. Avoir la goutte, la morve au nez. Nez qui coule. ⇒ coryza, rhinite, rhume. Mouche ton nez : mouche-toi. Soins du nez. ⇒ rhin(o)-; oto-rhino-laryngologie. Os, cartilages, cloison du nez. ⇒ nasal. Crottes de nez.
2 ♦ Loc. À plein nez : très fort. Ça sent le gaz à plein nez. — Fam. Gagner les doigts dans le nez, sans aucune difficulté (cf. Dans un fauteuil). Mener qqn par le bout du nez, le mener à sa guise (comme le cheval que l'on mène par la bride). — Ne pas voir plus loin que le bout de son nez : manquer de prévoyance. — À vue de nez : à première estimation, approximativement. ⇒ pifomètre. — Cela lui pend au nez : cela va lui arriver (⇒ menacer ) . — Tirer les vers du nez à qqn. — Fam. Se manger, se bouffer le nez : se disputer violemment. — Se piquer le nez : s'enivrer. Avoir un verre, un coup dans le nez : être un peu ivre (allusion au nez rouge de l'ivrogne). — Cela se voit comme le nez au milieu de la figure, du visage : c'est très apparent, fig. évident. — Faire un long nez, un drôle de nez : faire une moue de déception, de dépit. Absolt Il en fait un nez ! Il a fait un de ces nez ! (cf. Une de ces têtes). — (1821) Fam. Avoir qqn dans le nez, le détester (cf. Ne pas pouvoir le sentir). — La moutarde lui monte au nez. — Si on lui pressait le nez, il sortirait du lait. — Ton (son) nez bouge, remue : tu mens, il ment.
♢ (Belgicisme) Faire de son nez : prendre un air prétentieux, sûr de soi, arrogant.
♢ PIED DE NEZ. Faire un pied de nez à qqn (un nez d'un pied de long),un geste de dérision qui consiste à étendre la main, doigts écartés, en appuyant le pouce sur son nez.
3 ♦ Face, figure, visage. Montrer son nez : se montrer. Montrer le bout de son nez : se montrer à peine, apparaître. Mettre le nez, son nez à la fenêtre.
♢ Loc. fam. Mettre le nez dehors : sortir. Il fait un temps à ne pas mettre le nez dehors. — Le nez en l'air, au vent : la tête levée, et fig. en musant. Baisser le nez : baisser la tête; spécialt en signe de honte, de dépit. Georges « avait baissé le nez dans sa tasse » (Zola). Piquer du nez : laisser tomber sa tête en avant (en s'endormant). — Fourrer son nez dans de vieux papiers, les compulser. — Mettre, fourrer son nez dans les affaires d'autrui, les examiner, s'en mêler indiscrètement. ⇒ s'immiscer. Il fourre son nez partout : il est curieux, indiscret. ⇒ fouiller, fouiner, fureter. Mettre (à qqn) le nez dans sa crotte, son caca, sa merde, le forcer à reconnaître ses torts, en lui infligeant une humiliation. Avoir le nez sur son travail, ne pas lever le nez, y rester plongé, sans se laisser distraire. Le nez dans le guidon. — Avoir le nez sur qqch. : être tout près. « Pour bien décrire quelque chose, il ne faut pas avoir le nez dessus » (A. Gide). — Se casser le nez à la porte de qqn. — Fermer, claquer la porte au nez de qqn, le congédier, et fig. le rebuter avec brusquerie. — Se trouver nez à nez [ neane ] avec qqn, le rencontrer brusquement, à l'improviste. ⇒ face (à face). — Au nez de qqn, devant lui, sans se cacher (avec une idée de bravade, d'impudence). Au nez et à la barbe. Rire au nez de qqn. — Passer sous le nez : échapper à qqn après avoir semblé être à sa portée. « Trois places qui nous passeront sous le nez » (Balzac) . Sous le nez de qqn, sous ses yeux. Il triche sous le nez du professeur.
4 ♦ Vx Odorat. Il a bon nez. — Mod. Flair, perspicacité. Loc. Avoir du nez, le nez creux (⇒ clairvoyance, flair, prévoyance, sagacité) . — Didact. Critère de dégustation d'un vin déterminé selon son arôme ou son bouquet. « Une belle couleur rubis profond, un nez de groseille et de confiture de prunes » (Cosmopolitan, 1983).
♢ Fam. Créateur de parfums. — Goûteur de vins.
5 ♦ (Animaux) Mufle, museau, groin, hure, etc. Taureau qui porte un anneau dans le nez.
II ♦
1 ♦ Partie saillante située à l'avant (de qqch.). ⇒ 2. avant . Bateau trop chargé à l'avant qui tombe sur le nez. ⇒ proue.
♢ Partie effilée à l'avant du fuselage (d'un avion). Avion qui pique du nez. — Fig. La Bourse pique du nez, baisse rapidement.
2 ♦ Techn. Nez de gouttière : morceau de zinc conique soudé à un tuyau de descente.
3 ♦ Géogr. Le nez de Jobourg (cap du Cotentin).
⊗ HOM. Né.
● nez nom masculin (latin nasus) Organe formant une saillie sur le tiers moyen de la hauteur de la face et constituant la partie initiale des voies respiratoires. (Le nez est composé d'os et de cartilages, qui constituent son squelette. Il contient la partie antérieure des fosses nasales, deux cavités tapissées de muqueuse qui s'ouvrent vers l'avant par deux orifices, les narines.) Mufle, museau de quelques mammifères. Finesse de l'odorat, flair : Chien qui a du nez. Visage, tête : Il ne lève pas le nez de son bureau. Aéronautique et Astronautique Avant d'une fusée ou du fuselage d'un avion. Bâtiment Petite saillie ménagée sur des tuiles plates pour les accrocher à la latte ou sur un conduit de descente des eaux pluviales pour l'empêcher de glisser dans son collier de soutien. Géographie Promontoire, avancée d'une falaise, d'un escarpement. Marine Synonyme de proue et de éperon de marche. Œnologie Caractère d'un vin dû à son arôme ou à son bouquet. Parfumerie Parfumeur créateur. ● nez (citations) nom masculin (latin nasus) Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Si la morale de Cléopâtre eût été moins courte, la face de la terre aurait changé. Son nez n'en serait pas devenu plus long. Poésies, II Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. Pensées, 162 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. ● nez (difficultés) nom masculin (latin nasus) Orthographe 1. Jamais de trait d'union dans : à vue de nez, un pied de nez, nez à nez. 2. Toujours un trait d'union à : un cache-nez, des cache-nez. ● nez (expressions) nom masculin (latin nasus) Au nez, indique que l'action concerne quelqu'un d'une manière violente, insolente : Il m'a ri au nez. Au nez et à la barbe de quelqu'un, devant lui et avec insolence, effronterie. Avoir du nez, avoir le nez creux, le nez fin, flairer les bonnes occasions ; être perspicace. Avoir le nez sur quelque chose, avoir quelque chose à portée de sa vue, tout près de soi (sans le voir). Familier. Avoir quelqu'un dans le nez, avoir pour lui de l'antipathie, ne pas pouvoir le sentir. Familier. Avoir un verre, un coup dans le nez, être un peu ivre. À vue de nez, approximativement, selon une première estimation. Familier. Faire de son nez, en Belgique, faire de l'embarras. Familier. Faire un nez, un long nez, un drôle de nez, éprouver et manifester sa déconvenue, son mécontentement. Faux nez, objet de déguisement que l'on applique sur le nez. Fermer, claquer la porte au nez à (de) quelqu'un, le congédier brusquement ; le repousser avec dureté. Le nez en l'air, au vent, la tête relevée ; avec insouciance. Mener quelqu'un par le bout du nez, lui faire exécuter tout ce qu'on veut. Mettre, fourrer le (son) nez dans quelque chose, s'en occuper, le plus souvent indiscrètement. Populaire. Mettre à quelqu'un le nez dans sa crotte, sa merde, le forcer à admettre ses torts, ce qu'il ne veut pas voir. Familier. Ne pas mettre le nez dehors, ne pas sortir de chez soi. Familier. Montrer le (son) nez, le bout de son nez, apparaître, se montrer à peine ; se laisser deviner, transparaître. Familier. Ne pas voir plus loin que le bout de son nez, manquer de clairvoyance, de prévoyance. Parler du nez, d'un ton nasillard. Passer sous le nez à quelqu'un, lui échapper, en parlant de quelque chose qu'il croyait à sa portée. Regarder quelqu'un sous le nez, l'examiner avec indiscrétion, le toiser avec insolence. Familier. Sentir quelque chose à plein nez, répandre, exhaler une très forte odeur. Familier. Se bouffer, se manger le nez, se disputer violemment. Se trouver nez à nez avec quelqu'un, face à face avec lui. Familier. Sous le nez de quelqu'un, sous ses yeux de telle manière qu'il voie bien. Familier. Ton nez remue, tu mens. Nez de marche, rive d'une marche, en avant de la contremarche, souvent moulurée en astragale. Bout du nez, partie de la lèvre supérieure du cheval située sous les narines et qui sert d'organe du toucher. Sur nez, se dit d'un navire dont le tirant d'eau avant est supérieur au tirant d'eau arrière. Tomber sur le nez, en parlant d'un navire, s'enfoncer trop de l'avant lors du chargement. Nez de raccord, sorte d'écrou cylindrique servant à raccorder deux tuyaux filetés de pas contraires. Nez de broche, partie d'une machine-outil qui reçoit les dispositifs d'entraînement de l'élément tournant. ● nez (homonymes) nom masculin (latin nasus) nais forme conjuguée du verbe naître naît forme conjuguée du verbe naître nay nom masculin né adjectif ney nom masculin ● nez (synonymes) nom masculin (latin nasus) Organe formant une saillie sur le tiers moyen de la...
Synonymes :
- blair (populaire)
- blase (argotique)
- nase (argotique)
- tarin (populaire)
Marine. Sur nez
Contraires :
- sur cul
Synonymes :
- Marine. éperon de marche
- Marine. proue
nez
n. m.
d1./d (Chez l'homme.) Partie du corps faisant saillie au milieu du visage, entre la bouche et le front, qui participe à la fonction respiratoire et, par ses récepteurs olfactifs, à l'odorat. Nez aquilin, épaté, camus. Parler, chanter du nez: nasiller.
|| (Animaux doués de flair.) Museau. Nez de chien.
d2./d Loc. fig. Mener qqn par le bout du nez, lui faire faire ce que l'on veut.
— Cela m'est passé sous le nez: cela m'a échappé.
— Cela lui pend au nez: cela risque fort de lui arriver.
— à vue de nez: approximativement.
— Ne pas voir plus loin que le bout de son nez: manquer absolument de discernement, de prévoyance.
— Faire un pied de nez à qqn: tenir sa main grande ouverte, le pouce sur le nez, pour narguer qqn.
— Mettre (fourrer) le nez dans une chose, commencer à l'examiner, à l'étudier; s'en mêler indiscrètement.
— Montrer le bout du (ou de son) nez: commencer à se montrer; commencer à montrer ses intentions.
d3./d Visage. On m'a fermé la porte au nez.
— Nez à nez: face à face.
— Au nez de qqn, en sa présence; en le bravant. Le prisonnier s'est évadé au nez et à la barbe de ses gardiens.
d4./d Odorat, flair. Chien qui a du nez.
|| Fig. Sagacité. Avoir du nez, le nez fin, le nez creux.
d5./d Partie allongée ou fuselée qui forme l'avant d'une chose. Nez d'un avion. Bateau trop chargé de l'avant qui pique du nez dans la lame.
d6./d TECH Saillie se terminant en pointe ou en biseau. Nez de marche, de gouttière.
⇒NEZ, subst. masc.
I. —Saillie médiane du visage située au-dessus de la lèvre supérieure et qui, en le surplombant, recouvre l'orifice des fosses nasales (lesquelles constituent le segment supérieur des voies respiratoires et renferment l'organe de l'olfaction). Aile(s), cloison, poils, racine du nez; trous de nez. Rien n'est oublié dans ses figures [de Denner], ni les rayures de la peau, ni les marbrures imperceptibles des pommettes, ni les points noirs éparpillés sur le nez (TAINE, Philos. art, t.1, 1865, p.24). J'ai un bouton sur le nez! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, III, 2, p.57):
• 1. Enfin, le malade étant couché, on lui demande de réaliser certains gestes, tels que porter le talon sur le genou opposé, de mettre le doigt sur le bout du nez ou sur le lobule de l'oreille. Le malade hésite au cours de tous ces mouvements, regarde l'extrémité du membre qu'il doit viser, et le plus souvent manque le but proposé.
QUILLET Méd. 1965, p.353.
A. —[Le nez en ce qui concerne sa forme, son apparence, les gestes qui lui sont associés] Appendice plus ou moins important, donnant sa particularité à la physionomie. Nez mutin, spirituel, rouge; grand, gros, petit nez; fracture du nez; pincer, tordre le nez. Elle a le nez cassé (Hist. Fr. par chans., 1792, p.101). M. Pelletan se passe la main dans les cheveux. M. Jaurès les a dans les poches, et M. Coutant se fourre les doigts dans le nez (BARRÈS, Cahiers, t.5, 1906, p.18):
• 2. Son visage au nez retroussé, aux joues un peu molles, trahissait un coeur et une chair hantés par des rêves de soumission.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.164.
SYNT. Nez aquilin, bourbon, bourbonien, bourgeonnant, brillant, busqué, camard, camus, crochu, droit, enluminé, épaté, fleuri, grec, luisant, mince, pointu, romain; large, long nez; se casser, s'essuyer, se frotter, froncer le nez; avoir des lunettes sur le nez; mettre des lunettes, un lorgnon, un binocle sur son nez.
♦Anneau dans le nez. Porter un anneau dans le nez, avoir le nez orné d'un anneau. L'anneau dans le nez fut sans doute un signe de servitude, comme il est encore pour les taureaux. Il se peut que les belles captives qui le portaient en aient fait à la longue une espèce de signe de beauté et même de puissance (ALAIN, Propos, 1913, p.161).
♦Faux nez, nez postiche, nez de cuir. Pièce de carton ou d'autre matière, imitant le nez. J'ai souvent eu envie de lire mon portrait dans un de tes livres, et bien ressemblant sous un de ces noms bizarres que tu trouves et qui ont l'air d'un faux nez (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1896, p.256).
♦P. méton.
Nez percés (les). [P. réf. à des Amérindiens du nord-ouest des États-Unis qui portaient dans la cloison du nez un ornement en coquille] Mes gens qui sont allés chez les nez percés ne portent pas leurs ceintures à la façon des nez percés (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.192).
Arg. Nez-gras. ,,Israélite`` (LE BRETON 1960). En affaires, faut jamais s'attaquer aux nez-gras, ils sont trop marioles (LE BRETON 1960).
♦[P. allus. littér. ou hist.] Le nez de Cléopâtre. «La face du monde eût changé», dit Pascal. Mais il ne suffit pas de penser: «Si le nez de Cléopâtre eût été plus court» (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1163). La tirade du nez (ds ROSTAND, Cyrano, 1898, I, 4).
— Locutions
1. Loc. nom. (exprimant des formes ou des couleurs caractéristiques). Nez en trompette, nez en patate (fam.), nez de pompette(s) (d'ivrogne), nez de betterave (enluminé). Quant à Daumier, que nous voyons pour la première fois, ce sont de longs cheveux blancs rejetés derrière l'oreille, un peu à la Béranger, une figure pleine et blanche, deux petits yeux très noirs, un petit nez en pomme de terre (GONCOURT, Journal, 1860 p.777).
♦Nez en bec d'aigle, en bec d'oiseau de proie, de faucon, de vautour, en bec de chouette (v. bec A II 1 a).
♦Nez en bec de canard. ,,Saillie disgracieuse au niveau de l'arête nasale cartilagineuse. Synon. nez de corbin`` (Méd. Biol. t.3 1972).
♦Nez en lorgnette. ,,Difformité du nez résultant de l'effondrement de sa partie osseuse, son extrémité paraissant s'enfoncer dans la racine, avec les narines dirigées en avant`` (Méd. Biol. t.3 1972). Synon. nez en selle.
♦Nez en pied de marmite. Synon. du précédent. Une femme, en robe havane, dansait. Un caractère de bestialité échauffée, une sorte de chèvre canaille; une tignasse en désordre, de grands yeux écartés, un nez en pied de marmite (GONCOURT, Journal, 1865, p.142).
2. Loc. verb.
♦Fam. Avoir la goutte au nez.
♦Pop. Avoir un nez dans lequel il pleut. Avoir un nez trop retroussé. (Ds DELVAU 1866).
♦Fam. Avoir le nez dessus, avoir le nez sur qqc. Être tout prêt. Dans le rang, on ne voit rien: parfois, quand on a le nez dessus à la suite d'un remous, on est bien forcé de discerner le fer-blanc d'une gamelle (BARBUSSE, Feu, 1916, p.69).
♦CHIR. ESTHÉT. Faire, refaire un nez. [Le médecin] a dû me regarder trois minutes. «Votre pointe de nez est disgracieuse, l'opération est d'une très grande simplicité». Il me fera donc un nez au pied levé (Le Monde dimanche, 27 juill. 1980, p.4, col. 3).
♦Fam. Faire un pied de nez. Contrefaire, par moquerie, un nez allongé, à l'aide d'un geste de la main. Comme j'appelle le chien, le vieux se retourne, croit que c'est lui que j'appelle, que je lui fais un signe, peut-être un pied de nez (RENARD, Journal, 1900, p.581). P. méton. Pied de nez. Moquerie. Une double intrigue, cela rentrait dans la meilleure tradition. Quel pied de nez aux puissances funèbres! (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p.193).
♦Pop. [Loc. signifiant «se saouler, être ivre»]
Avoir le nez dur. ,,Être gris`` (LARCHEY, Dict. hist. arg., 2e Suppl., 1883, p.108). [«] Puisque t'as si souvent le nez dur, T'as bien fait de prendr' ton claque. [»] (Le Divorce du Savetier, ch.[anson]183...) (LARCHEY, Dict. hist. arg., 2e Suppl., 1883, p.108). Se noircir, se piquer le nez. C'est lui [le fils de Dieu] qui dit au sublime que si il se pique le nez, il se le pique proprement (...); il est moins ivrogne que les sublimes (POULOT, Sublime, 1872, p.98). Avoir un verre, un trou dans le nez. Quand il était ému, et voulait m'embrasser, il devait avoir un verre dans le nez (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.912). Se saouler le nez. Une bêtise, mais on s'était soûlé le nez toute la nuit dans une auberge de Rouilleux (AYMÉ, Jument verte, 1933, p.56).
3. Proverbe ,,Jamais grand nez ne gâta beau visage`` (Ac. 1935; dict. XIXe et XXe s.). Un défaut léger ne compromet pas la beauté de l'ensemble.
B. —[Le nez en ce qui concerne sa fonction] Organe de l'olfaction, concourant, en livrant passage à l'air, à l'accomplissement de la respiration et de la phonation. Respirer, inspirer, expirer par le nez; avoir le nez bouché; saigner du nez.
1. [Le nez et l'odorat] Fritz, sachant que Sûzel n'avait jamais dansé qu'avec lui, sentait comme de bonnes odeurs lui monter au nez (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.196). Ils ont le nez fin, les chouans! Ils flairent une tranche de gigot à une lieue du manche (VALLÈS, Réfract., 1865, p.9). Mettons-nous à table. Vous allez le voir abouler; il a le nez creux, il sent la boustifaille de loin (ZOLA, Assommoir, 1877, p.451).
— Loc. adv. Sentir à plein nez. Sentir sans doute possible. La chambre, avec son satin de coton, son immense lit, les glaces, sentait à plein nez la maison de rendez-vous (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.82).
— P. méton. Le nez (d'un vin). ,,Ce que le vin exprime à l'odorat; ses arômes, son bouquet`` (GAULT-MILLAU, Le Nouv. Guide, févr. 1984, p.21).
2. [Le nez et la parole] Ton, voix de nez. Il paraît même, ajouta madame Dumanoir, changeant tout à coup son expression et prenant un ton de nez fort dévot, il paraît que M. Darcy a pris soin qu'on la convertît (MÉRIMÉE, Double mépr., 1833, p.56). Pourquoi, au premier signe de la duchesse (...) disant tout haut de sa voix de nez: «Je m'assomme, partons!», pourquoi le duc était-il tout de suite debout... (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p.43).
— Loc. verb. Parler du nez. C'est fou ce qu'il peut y avoir de monde qui rampe sur le paillasson un tas de gens connus des gens qui sont quelqu'un des journalistes des hommes de main (...) le veilleur de nuit les écoute ils parlent... ils parlent du nez... de la pluie et du beau temps mais ils parlent surtout argent (PRÉVERT, Paroles, 1946, p.145).
3. [Le nez et la respiration] Le fait est que ça, vraiment, empestait à tel point qu'on se bouchait le nez et qu'on crachait comme si l'on eût avalé quelque médecine (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.293).
4. [Le nez et l'habitude de priser] Ils s'asseyaient, les mains nouées entre les genoux, les vieux, les priseurs au dessous du nez noir comme de la poix (POURRAT, Gaspard, 1930, p.180).
C. —P. anal.
1. [Chez les animaux]
a) Partie supérieure de l'extrémité du museau chez certains animaux. Vous ressemblez à un chat qui vient de tremper le nez dans la jatte de crème (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1453). Les lapins remuaient leur nez en le regardant (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.94).
— [Chez les chevaux]
♦Bout du nez. ,,Partie de la lèvre supérieure située sous les narines`` (Lar. Lang. fr.).
♦Expr. Porter le nez au vent. Lever la tête très haut. (Dict. XIXe et XXe s.).
Rem. P. anal. (Aller) le nez au vent s'emploie couramment, en parlant de qqn, pour signifier «en flânant». Synon. nez en l'air. Je l'ai vue, pendant l'entr'acte, arriver, le nez au vent, humant l'air, criant: «Ça sent l'amour! Ah! Comme j'aime cette musique!...» (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1477).
♦Nez de renard. Masque fauve au pourtour du nez chez un cheval de robe foncée (d'apr. CASS.-MOIR 1979).
— [Chez les insectes] ,,Partie de la face de l'insecte à laquelle s'articule le labre souvent nasiforme`` (SÉGUY 1967).
b) Odorat, qualité essentielle du chien de chasse. Sautecoeur: (...) les gendarmes (...) faut pas que ce soit trop malin (...) Ils ont déjà la loi pour eux (...) Si les chiens se mêlent d'avoir autant de nez que les lièvres (...) alors, il n'y a plus de bon Dieu (A. DAUDET, Obstacle, 1891, p.203). Ce sont des chiens courants, sélectionnés, d'une vigueur et d'un «nez» admirables (VIALAR, Rendez-vous, 1952, p.253):
• 3. Il y a des chasseurs qui, dans cette saison, commencent à quêter au lever du soleil, sans s'inquiéter de la rosée; ils abîment le nez de leurs chiens...
LA HÊTRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, p.154.
♦Nez fin. ,,Chien qui chasse avec succès pendant la chaleur et dans la poussière`` (DUCHARTRE 1973). Chien de haut nez. Chien qui chasse le nez haut pour capter à distance les émanations, ou chien doué pour requérir sur «le haut du jour» (d'apr. DUCHARTRE 1973). Grand nez. ,,Chien courant ou d'arrêt dont la puissance olfactive n'est pas annulée par temps défavorable`` (DUCHARTRE 1973).
2. [Le nez dans les Beaux-Arts] Mesure proportionnelle adoptée par les peintres et les sculpteurs, faisant le tiers de la face (d'apr. JOSSIER 1881).
D. —Au fig.
1. Loc. adv. À vue de nez. Approximativement. À quoi peut se monter la dépense à vue de nez? (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.99).
2. Loc. verb.
♦Avoir du nez ou avoir le nez creux. Synon. avoir du flair, être perspicace. Moi, dit Trublot, je me suis méfié. Elle était trop chic (...) Et quel nez j'ai eu: Eugénie a fini par être flanquée dehors (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p.264). Encore ai-je eu le nez creux de mettre deux autres billets de cent francs et quatre passe-partout sous le carreau descellé de ma chambre. Je ne pense pas qu'on les ait trouvés (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.158).
♦Fam. Avoir qqn dans le nez. En vouloir à quelqu'un, avoir de l'aversion pour quelqu'un. Toujours est-il qu'il [Leconte de Lisle] m'a comme on dit, dans le nez à ce titre qu'il a (...) dit parlant de moi: Ah ça, il vit toujours celui-là! (VERLAINE, OEuvres compl., t.4, Mes hôp., 1891, p.343).
♦Fam. Gagner les doigts dans le nez. Gagner avec beaucoup de facilité. Voir CARABELLI, [Lang. sportif], s.d.
♦Fam. Mener qqn par le bout du nez, par le nez. Faire faire à quelqu'un ce que l'on veut, avoir une grande influence sur quelqu'un. Les Brissotins te mènent par le nez, ils te tiennent le bandeau sur les yeux (MARAT, Pamphlets, Me J. Pétion, 1792, p.345). Votre «jeune fille» devait être une roublarde qui vous menait par le bout du nez (COCTEAU, Parents, 1938, III, 1, p.270).
♦Fam., vieilli. La moutarde monte au nez de qqn. Quelqu'un va se mettre en colère. Le Duc: Est-ce qu'il faut longtemps pour défaire des malles? Gabrielle, sentant la moutarde lui monter au nez: Hein! Mais je ne sais pas! Ça dépend! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, III, 3, p.58).
♦Mettre à qqn le nez dans son caca (pop.), dans son/ses ordure(s), dans sa merde (vulg.). Faire honte à quelqu'un. On le disait d'origine turque et naturalisé, ce qui ne l'avait pas empêché d'écrire à Barrès, qui lui avait mis le nez dans son ordure, qu'il était —ah mais! —«trois fois Français!» (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p.29).
♦Fam. Ça lui pend au bout du nez. Cela risque de lui arriver. [Une Italienne:] (...) marié, dame! il craint ce pauvre vieux, ce qui pend au nez de tous les vieux (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.406).
♦Fam. Si on lui pressait le nez il en sortirait (encore) du lait. [Se dit en parlant de quelqu'un qui manque d'expérience] Vertu de ma vie! Des galopins qui étaient bien en nourrice! Si on leur pressait le nez, il en sortirait du lait (HUGO, Misér., t.5, 1862, p.828).
♦Pop. (Le bout de) votre nez remue. Vous mentez. Don Rodrigue: Je lui attache le nez pour qu'il dise la vérité. C'est par le nez que passent tous les mensonges. C'est pour cela qu'on dit aux enfants: le bout de ton nez remue (CLAUDEL, Soulier, 1929, 4e journée, 2, p.859).
♦Fam. (Lui) tirer les vers du nez. Obtenir de quelqu'un, par la parole, une information qu'il ne souhaite pas donner:
• 4. Ils tentaient de lui tirer les vers du nez. —Nous, on ne demande qu'à travailler avec vous... Ni Boivert ni moi ne connaissons la ville... Enfin... Bref... Devant le mutisme de Maigret, l'homme ne savait plus que dire. —Ce sera comme vous voudrez, quoi!... Mais sûrement que ces messieurs du Parquet savent que vous êtes ici...
SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.104.
♦Fam. Ne pas voir plus loin que le bout de son nez. Manquer de clairvoyance. Cette obligation où il [Ialdabaoth] s'est mis de concilier avec sa prescience la liberté des hommes et des anges le jette constamment dans des difficultés inextricables et des embarras terribles. Il ne voit jamais plus loin que le bout de son nez (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p.292).
♦Proverbe, pop. Il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez. Certains remèdes sont plus graves que les maux. (Dict. XIXe et XXe s.).
II. —P. méton. L'ensemble du visage, la figure ou la personne toute entière. Le vieux restait le nez sur son assiette (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.233).
— Loc. adv.
♦Au nez, au nez et à la barbe. Sous les yeux de quelqu'un, souvent avec l'intention de le narguer. Elle (...) jouait au tric-trac avec (...) quelque militaire, qui lui fumait sa pipe au nez (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p.253).
Rire au nez de qqn. Se moquer de quelqu'un en sa présence, ne pas croire ce qu'affirme quelqu'un. Cette richesse fabuleuse, les gens de ce petit pays ne voudraient pas croire qu'il la possède vraiment. Et, quand il parlerait de ses milliards, on lui rirait au nez (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.166).
♦Sous le nez. De tout près. J'ai regardé sous le nez tous ces prétendus parents qui viennent des quatre coins de l'Allemagne reconnaître en lui un fils disparu à la guerre... Aucun ne lui ressemble! (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, I, 1, p.10).
♦Nez à nez. Synon. face à face. Une grande et belle fille, sûr. On s'est trouvé nez à nez tous deux, aussi couillon l'un que l'autre, parole. Mais je l'ai perdue aussi vite, elle a remonté vers le château, moi vers la charrette, voilà (BERNANOS, Crime, 1935, p.780).
— Loc. verb.
♦Baisser le nez. Baisser la tête souvent en signe de honte ou de confusion. On couvrait votre retraite, répondit Dandieu. Pinette rougit et baissa le nez (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.167).
♦Lever le nez. Lever la tête. Ne pas lever le nez. Ne pas quitter un travail, une occupation; adopter une attitude d'indifférence. Pourquoi pleures-tu? (...) Mais lève donc le nez, Mouchette; c'est une affaire enterrée (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.79). Arsène fauchait sans lever le nez, car la besogne exigeait une attention soutenue (AYMÉ ds Pt ROB. 1977, s.v. lever).
♦Mettre le nez dehors. Sortir. —Tu devrais tout de même sortir un peu, dit-il. —Sortir? Dit-elle avec l'air de tomber des nues. —Oui; mettre le nez dehors, voir des gens (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.283).
♦Montrer (le bout de) son nez. Sortir timidement ou commencer à se montrer. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦Au fig., fam.
Se bouffer, se manger le nez. Se quereller. Ils aiguillèrent vers les Tuileries les haines des légitimistes et des orléanistes qui, jusque-là, s'étaient contentés de se bouffer le nez entre eux. Ils mirent tout en oeuvre pour diminuer et déprécier les souverains français, alors que l'impératrice les avait accueillis avec confiance et abandon (GYP, Souv. pte fille, 1928, p.274).
Se casser le nez, se cogner le nez (vieilli). Ne pas trouver quelqu'un chez lui. Celui-ci [M. Octave] avait dit aux deux messieurs qu'ils seraient toujours sûrs de le trouver le jeudi après-midi; les autres jours ils risquaient fort de se casser le nez (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.777). P. ext. Subir un échec. Synon. se casser la figure.
Qqc. passeile sous le nez de qqn. Quelqu'un manque une occasion. Avant quinze jours, il me sera passé sous le nez, l'héritage... (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p.972). Dépêche-toi d'écrire cette lettre, ou ce voyage va te filer sous le nez (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.213).
[P. allus. à la chanson pop. J'ai du bon tabac] Ce n'est pas pour ton nez (vieilli). Ce n'est pas pour toi. Synon. pour ta pomme (pop.) [Bette, à Wenceslas:] (...) car vous vous en passerez encore pendant quelque temps, d'amourettes, et surtout de ma cousine, cher ami. Ce n'est pas du gibier pour votre nez (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.58).
Faire un nez, un drôle de nez. Faire une tête, une drôle de tête. Elle [soeur Philomène] a l'air bonne fille (...). Elle ne vous fait pas un nez comme il y en a (GONCOURT, Soeur Philom., 1861, p.117).
♦Région. (Belgique). Faire de son nez. ,,Afficher des manières prétentieuses`` (BAET. 1971); (ds A. DOPPAGNE, Les Région. du fr., Gembloux, Duculot, 1978).
♦Fermer la porte au nez de qqn. Refuser de le recevoir, de l'accueillir. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦Fourrer son nez dans les affaires de qqn; fourrer, mettre son nez partout. S'occuper de ce qui ne vous regarde pas. Synon. fouiller, fouiner, s'immiscer partout:
• 5. J'ai vu, de mes yeux vu, pendant la guerre, l'infortuné Charles Humbert, alors directeur du Journal, trembler de tous ses membres à lapensée que «ces messieurs de là-bas», comme il disait, pourraient, en cas de désobéissance, fourrer le nez dans ses affaires.
L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p.109.
♦Jeter qqc. au nez de qqn. Rappeler violemment quelque chose de désagréable à quelqu'un. M. de Béranger descendit de Passy pour me dire en chanson, sous le règne de ses amis, ce qui se passait dans les geôles au temps des miens: il ne pouvait plus me jeter au nez la Restauration (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.94).
♦Mettre le nez dans qqc. Commencer à faire quelque chose. J'ai mis le nez dans les Nouvelles russes; j'en ai lu deux: le Fataliste et Doubrowski, qui m'ont fait passer des moments délicieux (DELACROIX, Journal, 1853, p.106).
III. —P. anal.
A. —CHASSE. [Chez le cerf] ,,Partie sexuelle de l'animal`` (DUCHARTRE 1973).
B. —1. Partie saillante située à l'avant de quelque chose. Dans les avions le nez du moteur peut être déporté à droite ou à gauche: ceci permet de corriger le couple moteur sans agir sur la dérive (GUILLEMIN, Constr., calcul et essais avions, 1929, p.207):
• 6. Des nudités nuageuses se forment et se déforment en rêve (...). Comme un jardinier qui, par une blanche matinée d'avril, crève du nez de son sabot les toiles d'araignées tendues sur les allées, je brise des virginités, sans remords. À moi les lèvres framboisées!
RENARD, Écorn., 1892, p.24.
2. Spécialement
a) AVIATION. Partie située à la pointe du fuselage d'un avion. Les mécaniciens peignent un poireau à côté des petites bombes du palmarès sur le nez de l'avion (J. ROY ds Lar. Lang. fr.).
♦Piquer du nez. Exécuter une descente très rapide, le nez incliné vers le sol. Et l'avion piqua du nez dans un fracas sans limites (MALRAUX, Espoir, 1937, p.618).
b) GÉOGR. Promontoire avancé d'une falaise. Synon. cap. Nous allons à la belle maison, à la pointe qui domine la croix du lac, regarde de face le lac de Stans, derrière Küssnacht. De côté, les deux nez de l'enfoncement profond des deux lacs qui mènent à celui d'Uri (MICHELET, Journal, 1856, p.313).
c) MAR. ,,Extrémité supérieure de l'étrave qui se prolonge souvent pour former en cet endroit une bitte d'amarrage`` (BARBER. 1969). Synon. proue. [Un bateau de pêche] prenait son élan, entrait au port, et tandis que ses voiles s'abattaient avec douceur, il venait adroitement toucher la cale de son nez, sa vitesse morte (RENARD, Écorn., 1892p.77).
♦Donner du nez:
• 7. Qu'est-ce que tu veux, je sortais le Redoutable pour la première fois. J'étais très fier de moi, tout seul sur la passerelle. J'avais envie de faire un éclat. Avoue que c'est drôle aussi, que ce n'est pas naturel pour un marin, ce bateau de guerre qui passe son temps à donner du nez le long des vasières quand on pourrait aussi bien prendre la mer par le travers.
GRACQ, Syrtes, 1951, p.67.
♦Piquer du nez. [En parlant d'un navire] Enfoncer l'avant dans les lames par gros temps. Les couchettes étaient larges et bien disposées, de grands hublots donnaient une belle lumière et, lorsque l'Étoile-des-Mers piquait du nez, la houle montrait son oeil vert derrière le verre (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.38).
♦Nez romain. ,,Forme d'avant fréquent dans les yachts modernes`` (SOÉ-DUP. 1906).
d) MENUIS. Fermoir à nez rond. Ciseau à entailler. Il y a le fermoir ordinaire et le fermoir à nez rond (NOSBAN, Manuel menuisier, t.2, 1857, p.264).
e) RELIURE. ,,Imperfection du volume relié, lorsque les feuilles ne sont pas exactement alignées par la tête`` (COMTE-PERN. 1963).
f) TECHNOLOGIE
♦Nez de marche. Barre de fer ou de laiton qui protège les marches et évite de glisser. Les prix [des socles de marches] comprennent les entailles profilées pour le nez des marches (ROBINOT, Vérif. métré et prat. trav. bât., t.2, 1928, p.175).
♦[Dans le bâtiment] ,,Petit bec ayant la forme d'un nez, soudé sur un tuyau de descente [de gouttière] pour faire reposer celui-ci sur son collier de soutien`` (BARB.-CAD. 1963; dict. XIXe et XXe s.).
♦ ,,Petite saillie en terre que l'on ménage sur l'un des petits côtés d'une tuile plate pour l'accrocher à la latte`` (CHABAT t.2 1876).
g) TYPOGR. Pour mieux figurer l'embrassement, les deux parties qui constituent l'accolade sont incurvées en proportion de leur longueur et réunies au centre par un angle minuscule dit le nez (E. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1932, p.172).
C. —P. métaph. Quant aux traductions et aux pièces de théâtre, je serai là-dessus aussi coulant que l'on voudra, parce que, jusqu'à présent, je n'ai point vu le nez d'une seule traduction et que le fameux droit de traduction réservé, inscrit à la première page de tous les bouquins modernes, me paraît une amère plaisanterie, une décevante blague (FLAUB., Corresp., 1865, p.26).
REM. 1. Nez(-)de(-)chien, (Nez de chien, Nez-de-chien)subst. masc., vx. a) Pop. ,,Mélange de bière et d'eau-de-vie, ce qui procure une prompte intoxication; aussi dit-on, pour: être ivre, avoir le nez de chien`` (FRANCE 1907). b) Région. Variété de hérisson. Il s'agissait d'un nez-de-cochon, que les rabouins distinguent de la variété [des hérissons] nez-de-chien et font cuire à l'étouffée dans la glaise (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.122). 2. Nez(-)de (-)cochon, (Nez de cochon, Nez-de -cochon)subst. masc. a) Arg. milit. ,,Cagoule, masque contre les gaz`` (ESNAULT, Notes compl. Poilu, [1919] 1957). b) Région. Variété de hérisson. (Ds ROB. Suppl. 1970). V. supra H. BAZIN, loc. cit. 3. Nez(-)de (-)chat, Nez(-)de(-)chats, (Nez de chat, Nez-de -chat, Nez de chats, Nez-de-chats)subst. masc. a) Bot. Nom vulgaire de la lépiote élevée. Synon. coulemelle. Il mit l'eau à la bouche de tout le conseil général en discourant une heure durant sur les morilles, les bolets, les nez-de-chat et les oronges (ARÈNE, J. Figues, 1870, p.33). Les bois sont pleins d'oronges, de bolets, de nez-de-chats. Goûtez-vous les champignons? (MORAND, Homme pressé, 1941, p.39). b) Région. (Jura). ) ,,Vent frais du Nord-Ouest`` (VILLEN. 1974). ) ,,Sobriquet donné (...) à une personne, surtout à un enfant difficile sur la nourriture`` (FRANCE 1907). 4. Nez coupé, subst. masc., bot. Faux Pistachier, dont les graines présentent une cicatrice qui a valu ce nom à l'arbuste (d'apr. G. NICHOLSON, S. MOTTET, Dict. pratique d'hortic. et de jard., Paris, G. Doin, 1939, p.122). V. aussi cache-nez et pince-nez.
Prononc. et Orth.: [ne]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. né. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) Ca 1100 «organe saillant de la face, siège de l'odorat» (Roland, éd. J. Bédier, 1646: Tresqu'al nasel tut le elme li fent, Trenchet le nés e la buche e les denz); b) 1176-81 «mufle» (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, 3437); 2. 1121-34 pendre devant le nés «menacer» (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 146 ds T.-L.); XIIIe s. [ms.] pendre au nés (Proverbes français, éd. J. Morawski, var. du n°355, v. note p.99); 3. fin du XVe s. tirer les vers du né (Moralité de pouvre peuple, 452 ds Mél. Lommatzsch, 1975, p.170); 4. 1559 [éd.] se laisser mener par le nez (AMYOT, Vie des hommes illustres grecs et romains, Caton, t.1, f° 237 r°); 5. 1585 ne pas regarder plus loin que le bout de son nez (NOËL DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t.2, p.26); 6. 1640 faire un pied de nez à qqn (OUDIN Curiositez); 7. 1821 à vue de nez (DESGRANGES, Petit dict. du peuple, p.99); 8. 1857 se manger le nez (GONCOURT, Journal, p.322); 9. a) 1858 faire son nez, avoir le nez long «faire triste mine, avoir l'air confus» (LARCH., p.614); b) 1949 belgicisme faire de son nez (HANSE); 10. a) 1872 se piquer le nez «s'enivrer» (POULOT, loc. cit.); b) 1934 avoir un verre dans le nez (MONTHERL., loc. cit.). B.1. 1550 fourrer le nez quelque part (BONIVARD, Chroniques de Genève, I, 211 ds FEW t.7, p.32a); 2. 1585 fermer la porte au nez à (qqn) (NOËL DU FAIL, op. cit., t.2, p.97); 3. a) 1608 [éd.] au nez de (qqn) (REGNIER, Satyre, IX, 22 ds OEuvres, éd. G. Raibaud, p.93); b) 1852 à son nez et barbe (HUMBERT, Nouv. gloss. genev., p.57); 4. 1660 nez à nez (OUDIN Fr.-Esp.);5. 1821 avoir (qqn) dans le nez «en vouloir (à quelqu'un)» (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, f°5 r°, § 14). II. 1. 1572 «sens de l'odorat» (BUDÉ, Traicté d'aulcuns mots et maniere de parler appartenans à la vénerie, p.21 d'apr. FEW t.7, p.30b); 2. 1587 avoir bon nez «avoir de la sagacité, du flair» (CHOLIÈRES, Les Apresdisnées,II ds OEuvres, éd. P.Lacroix, t.2, p.64). III. 1. 1573 «proue» (DUPUYS, s.v. beaupré); 2.1831 géogr. «cap» (WILL.); 3. 1903 nez de gouttière (Nouv. Lar. ill.); 4.1911 aéron. piquer du nez (Lar. mens., déc. II, 277b ds QUEM. DDL t.16, s.v. piquer). Du lat. nasus «nez d'homme; sens de l'odorat; finesse du goût; moquerie; goulot d'un vase, anse». Le belgicisme faire de son nez vient prob. du sud-néerl. van «de» zijn «son» neus «nez» maken «faire» (cf. BAET. Pensées 1971). Au sens III 2, empr. au norv. naes de même sens (FALK-TORP). Fréq. abs. littér.: 7055. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 4499, b) 12701; XXe s.: a) 14376, b) 10712. Bbg. QUEM. DDL t.4, 5, 14, 15, 21 (s.v. nez à pompette). —RENSON (J.). Les Dénominations du visage en fr. et dans les autres lang. rom. Paris, 1962, pp. 468-469.
nez [ne] n. m.
ÉTYM. 1080, nes; du lat. nasus.
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1 Partie saillante du visage, située dans son axe, entre le front et la lèvre supérieure et qui abrite la partie antérieure des fosses nasales.
1 Le nez est la partie la plus avancée et le trait le plus apparent du visage (…) La forme du nez et sa position plus avancée que celle de toutes les autres parties de la face sont particulières à l'espèce humaine (…) c'est par cet organe que l'homme et la plupart des animaux respirent et sentent les odeurs.
Buffon, Hist. nat. de l'homme, Descript. homme, De l'âge viril.
a Apparence du nez; parties du nez; formes du nez. ⇒ fam. Blair, nase, pif, tarin. || Base, racine, ailes (cit. 28), arête (cit. 2 et 3), lobe du nez. — Fam. || Poils du nez. || Le bout du nez (au fig. → ci-dessous, 2.). || Les trous de nez : les narines. — Gros (cit. 5) nez; long nez (→ Ibis, cit. 2). || Nez monumental (cit. 3), proéminent. ⇒ Appendice, et, fam., piton, trompe. — Nez droit, régulier, grec… || Nez aquilin, bourbonien, busqué (cit. 1 et 2), courbé. || Nez crochu (cit. 1), recourbé. || Nez en bec d'aigle, d'une courbure (cit. 3) aquiline. || Nez effilé (cit. 4), pointu, en lame de couteau. || Nez tombant, pendant en éteignoir… || Nez écrasé, épaté (cit. 9 et 10), camard (cit. 2, 3 et 4), camus (cit. 3). — ☑ (1835; fait en pied, 1609). Nez en pied de marmite (cit. 4). — Nez en patate : gros nez rond. || Nez retroussé (→ Malingre, cit. 2). — (1861, Larchey). || Nez en trompette… — Nez rouge (→ Éclater, cit. 27), enluminé. || Nez fleuri, bourgeonnant, bourgeonné… ⇒ Truffe. — Loupe (cit. 1), bouton sur le nez. — (Avec un adj. de valeur abstraite). || Nez fripon (cit. 10), impertinent (cit. 11), mutin, spirituel…
2 (…) c'est peut-être le seul (homme) qui ait le nez expressif; il loue du nez, il blâme du nez, il décide du nez.
3 Le nez, très avancé, formait une seule ligne parfaitement droite, et donnait, par malheur, à un profil, fort distingué d'ailleurs, une ressemblance irrémédiable avec la physionomie d'un renard.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXIX.
4 Et pouvez-vous me dire, demanda-t-il — quel est le sens du mot nez ? — Un nez, — mon père (…) a été défini diversement par un millier d'auteurs… Le nez, suivant Bartholinus, est cette protubérance, — cette bosse, — cette excroissance, — cette… — Cela va bien, Robert, interrompit le bon vieux gentleman… Votre éducation peut être considérée maintenant comme achevée (…) et vous n'avez rien de mieux à faire que de suivre simplement votre nez.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Nouvelles histoires extraordinaires, « Lionnerie ».
5 Et, afin que rien ne manquât à cette ravissante figure, le nez n'était pas beau, il était joli; ni droit, ni courbé, ni italien ni grec; c'était le nez parisien, c'est-à-dire quelque chose de spirituel, de fin, d'irrégulier et de pur, qui désespère les peintres et qui charme les poètes.
Hugo, les Misérables, III, VI, II.
6 Elle avait une tête piriforme, des joues qui ballottaient, dégonflées, un nez fastueux et tombant bas, fleurant de près une lèvre inférieure s'avançant ainsi qu'une console et simulant la moue d'un insistant dédain (…)
Huysmans, la Cathédrale, p. 79.
6.1 Mon nez est grand, — d'une dimension même considérable. — C'est un nez à la foi envahisseur et vaporisateur. Il se busque, soudain, vers le milieu, en forme de coup-de-pied, — ce qui, chez tout autre individu que moi, signalerait une tendance vers quelque noire monomanie. Voici pourquoi : le Nez, c'est l'expression des facultés du raisonnement chez l'homme; c'est l'organe qui précède, qui éclaire, qui annonce, qui sent et qui indique. Le nez visible correspond au nez impalpable, que tout homme porte en soi en venant au monde. Si donc, dans le cours d'un nez, quelque partie se développe, imprudemment, au préjudice des autres, elle correspond à quelque lacune de jugement, à quelque pensée nourrie au préjudice des autres.
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 41-42.
7 Par une transposition de sens, M. de Cambremer vous regardait avec son nez. Ce nez de M. de Cambremer n'était pas laid, plutôt un peu trop beau, trop fort, trop fier de son importance. Busqué, astiqué, luisant, flambant neuf, il était tout disposé à compenser l'insuffisance spirituelle du regard; malheureusement, si les yeux sont quelquefois l'organe où se révèle l'intelligence (…) le nez est généralement l'organe où s'étale le plus aisément la bêtise.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 66.
8 Non pas un petit nez de chien, court, sensuel (…) mais un nez de musée, clé de voûte du visage, poutre maîtresse d'où partaient tous les autres traits (…)
Paul Morand, Champions du monde, p. 102.
9 Le nez en bec d'aigle, et bien coupant, exprime toujours quelque dureté impérieuse (…) Le nez retroussé, peu ou beaucoup, exprime un tout autre caractère, une certaine bonhomie, des sentiments affectueux, le rire facile, la confiance, la douceur. Tous les enfants, au premier âge, ont ce nez-là.
Alain, Propos, 4 févr. 1912, Nez.
10 Mais le nez, aquilin juste assez, le nez délicieux et ses conquérantes narines, mais le pli chaste, le sillon de velours qui creusait sous le nez la lèvre supérieure, demeuraient intacts, authentiques, respectés du photographe même.
Colette, la Fin de Chéri, p. 155.
♦ ☑ Allus. littér. Le nez de Cléopâtre.
11 Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé.
Pascal, Pensées, II, 162.
12 Si la morale de Cléopâtre eût été moins courte, la face de la terre aurait changé. Son nez n'en serait pas devenu plus long.
Lautréamont, Poésies, II (→ aussi Chirurgie, cit. 3, Valéry).
♦ Le nez de Cyrano. || La tirade des nez (Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 4; → Amputer, cit. 2; camard, cit. 5; magistral, cit. 2; et aussi cap, cit. 5).
13 (…) Énorme, mon nez !
Vil camus, sot camard, tête plate, apprenez
Que je m'enorgueillis d'un pareil appendice,
Attendu qu'un grand nez est proprement l'indice
D'un homme affable, bon, courtois, spirituel (…)
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 4.
♦ Faux nez : pièce (de carton, de matière plastique), imitant un nez. || Mutilé qui porte un nez de cuir, d'argent. || Nez de cuir, roman de La Varende. || Paire de lunettes qui chevauche (cit. 2) le nez, qu'on se campe (cit. 4) sur le nez; nez orné de lunettes (cit. 1). ⇒ Lorgnon, pince-nez (→ Besicles, cit. 2; binocle, cit.). || Mettre des lunettes sur son nez. ⇒ Chausser.
14 Ses lunettes chaussées au bout du nez qu'il avait gros et rond (…)
France, le Livre de mon ami, « Livre de Pierre », II, II.
♦ Froncer (cit. 4) le nez (→ Grimace, cit. 5). || Se gratter (cit. 7), se frotter, se pincer le nez. || Fourrer, mettre ses doigts dans son nez, dans le nez. — ☑ Fig. (argot des sports). Gagner les doigts dans le nez, sans aucune difficulté. — ☑ Se boucher le nez, pour ne pas sentir une odeur désagréable. — Chiquenaude (cit. 2) sur le nez. ⇒ Nasarde, nasarder. || Torsion du nez (→ Enfoncement, cit. 2). — ☑ Par plais., fig. Si on lui pinçait, si on lui pressait, si on lui tordait le nez, il en sortirait du lait (cit. 10 et 10.1).
15 Ne vous inondez pas de vos flacons damnés;
Qu'on puisse vous parler sans se boucher le nez.
A. de Musset, Premières poésies, « À quoi rêvent les jeunes filles », I, 2.
b Fonctions du nez. ⇒ Odorat, olfaction; sentir. || Aspirer (⇒ Inhaler, renifler), souffler, respirer par le nez (⇒ Respiration). || Aspirer du tabac par le nez. ⇒ Priser. || Fumer (cit. 27) en rendant la fumée par le nez. || Brusque et bruyante expiration par le nez. ⇒ Éternuement. || Bruit de la gorge et du nez, pendant le sommeil (⇒ Ronfler).
16 Pendant que je faisais, en pure perte, des observations phrénologiques, le bon Allemand s'était lesté le nez d'une prise de tabac, et commençait son histoire.
Balzac, l'Auberge rouge, Pl., t. IX, p. 958.
17 (son nez) oblige à penser que le nez est un organe qui renifle, et qu'il faut moucher de temps en temps avec bruit, le mouchoir s'attardant ensuite une seconde à curer le creux de chaque narine.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, I, p. 5.
♦ ☑ Loc. fig. Ce n'est pas pour ton nez (par allus. au tabac à priser) : ce n'est pas pour toi.
18 J'ai du bon tabac, dans ma tabatière,
J'ai du bon tabac, tu n'en auras pas.
J'en ai du fin et du râpé,
Ce n'est pas pour ton fichu nez.
Chanson populaire.
19 Elle est charmante, je l'ai vue. — Alors, elle n'est pas pour ton nez.
Émile Augier, les Effrontés, III, 1.
♦ ☑ Loc. (1606). Parler du nez. ⇒ 2. Nasal, nasiller. || Voix du nez (→ Annonce, cit. 5).
♦ … à, au nez. (En parlant des odeurs). || Odeur de moisi (cit. 6), humide au nez. ☑ Fig., par plais. Un manque de distinction qui pue au nez (→ Camembert, cit.). ☑ Ça sent la graisse, le gaz à plein nez, très fort. ⇒ Sentir.
20 Ai-je bien fait de la bile ? — Ma foi ! je ne me mêle point de ces affaires-là : c'est à Monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu'il en a le profit.
Molière, le Malade imaginaire, I, 2.
20.1 Ces gentilshommes de province (qui) sentaient encore à plein nez leur monarchie (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, p. 145.
c En parlant des sécrétions de la muqueuse nasale (⇒ Morve, mouchure, mucus, pituite), des maladies de la région nasale (⇒ Coryza, rhinalgie, rhinite, rhume; ozène [maladie du punais]). || Écoulement par le nez; saignement de nez. ⇒ Hémorragie (cit. 1); épistaxis. ☑ Loc. Saigner du nez (→ ci-dessous, cit. 21.1). — Embarras, enchifrènement du nez. || Avoir le nez bouché. ☑ Avoir la goutte, la morve au nez. ⇒ Roupie. || Nez qui coule (cit. 19). — Moucher son nez. ⇒ Mouchoir (→ pop., vx. Moucher la chandelle). — Soins du nez. ⇒ Rhino- (rhinoscopie, rhinoplastie); oto-rhino-laryngologiste; errhin. — Tumeur, polype du nez.
21 Précisément à cet instant-là, le grand-père allait se moucher; il resta court, tenant son nez dans son mouchoir et regardant Cosette par-dessus : — Adorable, s'écria-t-il.
Hugo, les Misérables, V, V, IV.
21.1 Une goutte tomba Sueur Et sa couleur
Lueur Le sang si rouge et j'ai ri des damnés
Puis enfin j'ai compris que je saignais du nez
À cause des parfums violents de mes fleurs.
Apollinaire, Alcools, p. 94.
♦ Anat. (Incluant les fosses nasales). ⇒ Nasal, olfactif, pituitaire. || Parties extérieures du nez. || Intérieur du nez. ⇒ Fosse (nasale), narine. || Os et cartilages (⇒ Cornet, lame; ethmoïde; cloison, vomer), muscles (muscle myrtiforme, etc.), nerfs du nez.
2 ☑ Loc. métaphorique et fig. Mener par le nez (1559); mener qqn par le bout (cit. 4) du nez, par le nez (→ Besoin, cit. 66; faiblesse, cit. 24), le mener à sa guise (par allus. au cheval que l'on mène par la bride). || Se laisser mener par le bout du nez. ⇒ Soumission.
22 Ah ! les maris seront toujours bernés,
Jaloux et sots, et conduits par le nez.
23 Veux-tu que je te parle vrai ? On m'a pris pour une espèce de benêt qu'on se promettait de mener par le nez aux pieds du curé de la paroisse. Ils se sont trompés.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 701.
24 « Eh bien, quel mal (disait Louis XV), de moi, par exemple ? — De vous, madame, que vous étiez hautaine, intrigante; que vous meniez votre mari par le nez ». M. de Beauvau était présent : on se hâta de changer de conversation.
Chamfort, Caractères et anecdotes, « Mme du Barry et Mme de Beauvau ».
♦ ☑ (1640). Ne pas voir au bout (cit. 3) de son nez (vieilli). — ☑ Mod. Ne pas voir plus loin (cit. 1) que le bout de son nez : être borné, manquer de discernement ou de prévoyance. ⇒ Imprévoyant.
25 Nous sommes tous contraints et amoncelés en nous, et avons la vue raccourcie à la longueur de notre nez.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
26 Faut pas penser comme ça, petite tête : faut voir un petit peu plus loin que le bout de son nez; faut songer à l'Europe d'après-demain.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 72.
♦ ☑ (1821). À vue de nez : à première estimation, sans regarder plus loin, en gros, approximativement.
27 — Cela sera-t-il bien cher ? dit Constance à l'architecte.
— Non, madame, six mille francs, à vue de nez… — À vue de nez ! s'écria madame Birotteau. Monsieur, je vous en prie, ne commencez rien sans un devis et des marchés signés.
Balzac, César Birotteau, Pl., t. V, p. 387.
♦ ☑ Cela lui pend au nez : cela va lui arriver. ⇒ Menace, menacer. — ☑ Tirer les vers du nez à qqn. ⇒ Ver. — ☑ Fam. Se manger, se bouffer le nez : se disputer violemment. — ☑ (1875). Fam. Se piquer le nez : s'enivrer, se griser (⇒ Ivrogne). ☑ Avoir le nez sale : être ivre. ☑ Avoir un verre dans le nez, un coup dans le nez : être un peu ivre (allusion aux marques nasales de l'ivrognerie : nez rouge, etc.).
27.1 Avec cinq rhums et six apéritifs dans le nez, le nain commençait à être rétamé.
R. Queneau, le Chiendent, p. 403.
27.2 — Est-ce qu'elle est soûle ou folle ou droguée ?
— Rien de tout ça, M'sieu Narcense. Elle est saine d'esprit, ma sœur. Et aujourd'hui, elle n'avait rien dans l'nez, ma sœur.
R. Queneau, le Chiendent, p. 173.
♦ ☑ Fam. Peler le nez de qqn, l'ennuyer. — ☑ Il ment, son nez remue, bouge, s'allonge… — ☑ (1690 : comme le nez au visage). Mod. Être comme le nez au milieu du visage, de la figure, très apparent (⇒ Visible), et, au fig., évident. || Cela se voit comme le nez au milieu de la figure, du visage.
♦ ☑ Vx. Il oublierait son nez, se dit d'une personne très distraite.
♦ ☑ Faire un long nez, un nez long d'une aune (cf. Une mine de trois pieds de long), un drôle de nez : faire une moue de déception, de dépit, de mécontentement. ☑ On dit aussi allonger le nez. Absolt. || Il en fait, un nez ! || Il a fait un de ces nez !
28 Pour la première fois que le péril se met en face de moi, je veux voir comment il a le nez fait quand on l'irrite, et quel nez je ferai en face de lui.
J. Vallès, le Bachelier, XXXI.
29 Je m'étais trompé la première fois, voilà tout. Le malheur est qu'elle faisait un nez ! Et je faisais un nez ! Et la première (…) celle qui avait vraiment les yeux de rainette, elle ne savait plus très bien si elle devait rire ou faire aussi le nez.
G. Duhamel, Salavin, V, X.
♦ (1640). || Pied de nez. ☑ Avoir, se trouver un pied de nez (vx), un nez allongé par le dépit (un nez d'un pied de long). Par ext. ☑ Faire un pied de nez à qqn, un geste de dérision, de moquerie qui consiste à étendre la main, doigts écartés, en appuyant le pouce sur son nez.
♦ ☑ Belgicisme. Faire de son nez : prendre un air prétentieux, sûr de soi, arrogant.
29.1 Leduc se leva blême de colère (…)
— Toi, tu n'as pas toujours fait de ton nez comme maintenant !
Hubert Krains, le Pain noir, p. 110.
3 (Dans des loc.). Face, figure, visage… ☑ Montrer son nez : se montrer. ☑ Montrer le bout de son nez : se montrer à peine, apparaître. ☑ Rare. Cacher son nez (⇒ Cache-nez).
♦ ☑ Mettre le nez, son nez à la fenêtre, à la porte, s'y mettre. ☑ Fam. Mettre le nez dehors : sortir. || Il fait un temps à ne pas mettre le nez dehors. ☑ Tourner son nez, le nez vers… (→ Émoi, cit. 2).
30 Les uns se mirent à causer; d'autres à aller et venir, à mettre le nez à la porte, à regarder le ciel et à rentrer en jurant et frappant du pied (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 582.
31 (…) nous avions le nez tourné vers la France.
Th. Gautier, Voyage en Russie, XXI.
♦ ☑ (XIXe, in Littré). Le nez en l'air, au vent : la tête levée, et, au fig., en musant (→ Badaud, cit. 5). ☑ Vx. Porter le nez haut (cit. 99). || Dresser, lever le nez. — ☑ Mod. Baisser (cit. 12) le nez : baisser la tête, spécialt, en signe de honte, de dépit. ☑ Piquer du nez : laisser tomber sa tête en avant (en parlant de qqn qui s'endort, s'assoupit). Voir ci-dessous (II., 1.) le sens fig. de « tomber ». ☑ Le nez à terre : penché en avant (→ Emboîter, cit. 5). ☑ Fourrer le nez dans son assiette (cit. 17).
32 Georges, en entendant sa mère aborder ce sujet, avait baissé le nez dans sa tasse; mais il le releva et regarda le comte, étonné de sa réponse. Pourquoi mentait-il si carrément ?
Zola, Nana, VI.
♦ Spécialt. ☑ Fourrer son nez dans de vieux papiers, les déchiffrer, les compulser… (→ 2. Bouquiner, cit. 2). ☑ N'avoir jamais fourré, mis le nez dans un livre : être inculte. ☑ Avoir le nez sur son travail, ne pas lever le nez, y rester plongé, sans se laisser distraire d'une occupation. ⇒ Application.
33 Quand je suis resté trois heures le nez sur le Code, pendant lesquelles je n'y ai rien compris, il m'est impossible d'aller au-delà (…)
Flaubert, Correspondance, 60, 25 juin 1842.
♦ ☑ (V. 1550). Fig. Mettre, fourrer son nez dans les affaires d'autrui, les examiner, s'en mêler indiscrètement. ⇒ Immiscer (s'). || Il fourre son nez partout : il est d'une curiosité avide, indiscrète. ⇒ Fouiller, fouiner, fureter (→ Indécis, cit. 1).
34 (…) ces messieurs de la Justice, quand une fois leur nez s'est fourré chez vous, ils vont chercher tout ce qui s'est passé dans les temps, et ça n'en finit plus (…)
Loti, Ramuntcho, II, XI.
35 Je l'ai vu fureter autour de mon bureau. Sa myopie lui est une excellente excuse pour mettre son nez partout.
G. Duhamel, Salavin, « Journal », 13 février.
♦ ☑ Avoir le nez sur qqch., être tout près, tout contre.
36 — Et vous, la mère ? toujours le nez sur la marmite, donc ? Vous goûtez la soupe. C'est d'une bonne cuisinière.
France, le Livre de mon ami, « Livre de Suzanne », II, I.
37 Pour bien décrire quelque chose, il ne faut pas avoir le nez dessus.
Gide, Journal, sept. et oct. 1909.
♦ ☑ Tomber sur le nez, se casser le nez (→ Chute, cit. 18, Molière). — ☑ Se casser le nez à la porte de qqn : trouver porte close, et, fig., éprouver un échec (→ Échouer, cit. 5; ligne, cit. 34). || Mon raisonnement se casserait le nez, ne résisterait pas (aux faits, à la critique…). — ☑ Fermer (cit. 2) la porte au nez de qqn, le congédier, et, fig., le rebuter avec brusquerie.
38 En attendant, mes créanciers peuvent se casser le nez contre ma porte tout à leur aise.
A. de Musset, Fantasio, I, 3.
♦ ☑ (1660). Nez à nez [neane]. || Se trouver nez à nez avec qqn, le rencontrer brusquement, à l'improviste. ⇒ Face (à face); → Aventurier, cit. 1.
39 Une fois entré, vous vous trouviez nez à nez avec une grande glace.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 693.
40 Ivich se précipita sur la porte et l'ouvrit; elle se trouva nez à nez avec son père, il avait l'air solennel et guilleret.
Sartre, le Sursis, p. 295.
♦ ☑ (1609, Régnier). Au nez de qqn, devant lui, près de lui, sans se cacher (avec une idée de bravade, d'impudence). ⇒ Braver (→ Au nez et à la barbe). Vx. || Dire qqch. au nez de qqn, en face. — ☑ Mod. Rire au nez. ⇒ Moquer (se). — ☑ Étaler (cit. 7) devant le nez, fourrer (cit. 16) sous le nez. ☑ Regarder qqn sous le nez, avec impudence. ⇒ Narguer. — ☑ Vx. Donner de l'encensoir (cit. 4) par le nez. ☑ Souffler de la fumée au nez de qqn. ⇒ Camouflet (sens étym.).
41 (…) la coquine me dit au nez qu'elle se moque de le prendre.
Molière, l'Avare, I, 5.
42 On ne vous a pas dit qu'elle avait jeté au nez du marquis le beau diamant dont il lui avait fait présent; mais elle le fit : je le sais par les voies les plus sûres.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 635.
43 Avoue-le, vieux scélérat, tu la trompes ici, à son nez, à sa moustache (elle en a !) […]
Bernanos, Sous le soleil de Satan, Prologue, IV.
44 J'en étais presque à regretter… — Regretter quoi ? — Ben, de ne pas être aussi lâche pour pouvoir leur envoyer des trucs comme ça dans le nez.
G. Duhamel, Salavin, V, XIII.
♦ ☑ Passer sous le nez, se dit d'une chose qui échappe à qqn après avoir semblé être à sa portée.
45 Si je sais compter, nous aurons devant nous trois places vides. — Trois places qui nous passeront sous le nez, et qui seront données à des ventrus, à des laquais, à des espions, à des hommes de la Congrégation (…)
Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 964 (1837).
4 (Vx ou en loc.). a Odorat. ☑ Il a bon nez, il sent de loin (Académie). || Odeur qui prend au nez. — ☑ Loc. fig. La moutarde lui monte au nez. ⇒ Moutarde (cit. 1 et supra). — ☑ (1821). Fam. Avoir qqn dans le nez, le détester (→ Ne pas pouvoir le sentir).
b (1587, avoir du nez). Symbole du flair, et, fig., de la perspicacité. ☑ Avoir le nez creux, le nez fin. ☑ Avoir du nez (⇒ Clairvoyance, prévoyance, sagacité). || Ils se sont bien débrouillés, ils ont eu du nez (→ Loge, cit. 12).
46 (…) il a bon nez, il n'est pas longtemps la dupe (…)
Mme de Sévigné, 185, 19 juil. 1671.
47 (…) il y a là de quoi faire rire les gens qui ont le nez fin (…)
Voltaire, Lettre au roi de Prusse, août 1759.
48 (…) à qui avait du nez, l'odeur de la Ligue leur sortait par les pores.
Saint-Simon, Mémoires, II, XLIX.
5 (En parlant des animaux). Mufle, museau, groin, hure, etc. — REM. Nez ne se dit qu'en parlant de certains animaux et surtout de ceux qui sont doués de flair (particulièrement du chien). || Fox-hound (cit.) au nez fin. || Chien qui hurle (cit. 3), le nez bas… || Il fouissait (cit. 3) le sol de son nez. — En quatre coups de nez… ⇒ Flair (cit. 1). || Chien de chasse qui suit une piste le nez à terre. ⇒ Flairer.
49 Ils examinaient alors à la dérobée les bois, les sentiers et les rochers qui encaissaient la route, mais de l'air avec lequel un chien, mettant le nez au vent, essaie de subodorer le gibier (…)
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 768.
♦ Instruments pour maintenir le nez des chevaux (⇒ Naseau), des taureaux… ⇒ Serre-nez, tord-nez. || Passer un anneau, une boucle au nez (au groin) d'un porc. ⇒ Boucler.
♦ Prolongement du nez des proboscidiens. ⇒ Trompe. || Le rhinocéros porte, selon l'espèce, une ou deux cornes sur le nez.
♦ ☑ Loc. Nez de chien, nez de cochon : noms populaires et régionaux de variétés de hérissons.
50 (…) le hérisson, qui resta prudemment roulé en bogue (…) Il s'agissait d'un nez-de-cochon, que les rabouins distinguent de la variété nez-de-chien et font cuire à l'étouffée dans la glaise.
Hervé Bazin, Vipère au poing, p. 116.
♦ ☑ (1818). Nez de chat : la lépiote élevée.
———
II
1 Partie saillante située à l'avant (de qqch.). ⇒ Avant. — Avant (d'un navire). ⇒ Proue. || Bâtiment trop chargé à l'avant qui tombe sur le nez, a le nez dans l'eau, est sur le nez. — Partie effilée à l'avant du fuselage (d'un avion). || Avion qui pique du nez. ☑ Loc. fig. Piquer du nez : tomber rapidement. || La Bourse pique du nez : elle baisse rapidement et sensiblement. — Partie avant d'une planche à roulettes. — Techn. Extrémité d'une canne de verrier, opposée à l'embouchure. || « L'autre extrémité ou “nez” sert à prélever le verre par adhérence » (Meyer et Grivet, le Verre, p. 49). — Ch. de fer. || Suspension (d'un moteur) par le nez, par un bossage de la carcasse (nez de sécurité). — Pièce d'une machine-outil qui forme une avancée. || Nez de broche, de tour. || Nez de busc : ressaut de la crosse d'un fusil. — Nez d'une marche : moulure à l'avant de celle-ci, en surplomb de la contre-marche. — Nez et talon (d'un pneu). — Techn. || Nez de gouttière : morceau de zinc conique soudé à un tuyau de descente. — Ch. de fer. || Nez de quai : partie extrême du quai, surplombant la voie ferrée.
2 Géogr. ⇒ Cap. || Le nez de Jobourg.
❖
HOM. Né.
Encyclopédie Universelle. 2012.