ramener [ ram(ə)ne ] v. tr. <conjug. : 5>
1 ♦ Amener de nouveau (qqn). Ramenez-moi le malade, je veux l'examiner une seconde fois.
2 ♦ Faire revenir (qqn en l'accompagnant) au lieu qu'il avait quitté. Je vais vous ramener chez vous en voiture. ⇒ raccompagner, reconduire. « ils fuyaient dans les bois, on les ramenait enchaînés » (Zola) . Ramener un cheval à l'écurie. — REM. On ne peut employer ramener en parlant de choses; c'est alors rapporter qui convient : je vous rapporte votre argent.
♢ (Sujet chose) Provoquer le retour de (qqn). Le mauvais temps le ramena à la maison.
3 ♦ Faire revenir à un sujet. « il ramena la question sur l'achat éventuel d'une automobile » (Romains). — Faire revenir à un état. Ramener un noyé à la vie. ⇒ ranimer. — Ramener qqn à de meilleurs sentiments. Cela nous ramène dix ans en arrière. — « il est parvenu à ramener l'estomac à l'état normal » (Baudelaire). Ramener les prix au niveau antérieur.
4 ♦ Fig. Faire renaître, faire réapparaître, rétablir (une chose là où elle s'était manifestée). Le soir ramenait mes inquiétudes. « Notre maison, chaque dimanche, était secouée d'un accès de fièvre. Le lundi ramenait la paix » (Duhamel). ⇒ 1. restaurer, rétablir. J'ai tenté « de ramener au théâtre l'ancienne et franche gaieté » (Beaumarchais).
5 ♦ Amener (qqn) ou apporter (qqch.) avec soi, en revenant au lieu qu'on avait quitté. Il a habité quelque temps l'Angleterre et en a ramené une femme charmante. Ce camion était parti à vide et il a ramené tout un chargement ( ACADÉMIE ). « Une table basse, en cuivre ciselé, ramenée des Indes » (Sarraute).
6 ♦ Faire prendre une certaine position à (qqch.) en changeant sa direction naturelle ou précédente; remettre en place. « Ses mains terreuses ramenées derrière son dos, crainte de tacher la belle robe » (Courteline). Ramener sur ses genoux les pans d'une robe de chambre. ⇒ rabattre, tirer. — Cheveux ramenés sur le front.
7 ♦ Loc. fam. Ramener sa fraise : arriver, venir. Ramène ta fraise ! (cf. infra Se ramener). — Fig. Être prétentieux de manière démonstrative. Ellipt La ramener. ⇒ crâner. « S'il y avait un des mômes qui essayait de la ramener, le vieux lui tombait dessus à coup de tisonnier » (Aymé).
♢ SE RAMENER v. pron. Venir. ⇒ s'amener, rappliquer. « Des histoires de soldats qui se ramenèrent vêtus en civil » (Beauvoir).
8 ♦ Porter à un certain point de simplification ou d'unification. ⇒ réduire. Ramener une fraction à sa plus simple expression. « ramener les mouvements de l'esprit à ceux de la matière » (Sartre). « C'est ainsi qu'elle juge, ramenant tout au permis et au défendu » (Caillois). — Ramener tout à soi : être égocentrique.
♢ SE RAMENER À v. pron. (pass.). Se réduire, être réductible à. Ces lois se ramènent à une loi plus simple. « tout se ramenait à un jeu d'écritures » (Romains).
⊗ CONTR. 1. Écarter.
● ramener verbe transitif (de amener) Amener quelqu'un de nouveau quelque part : Ramener un malade à l'hôpital à la suite d'une rechute. Faire revenir quelqu'un, un animal, le remettre au lieu d'où il était parti ou auprès de la personne qu'il avait quittée : Ramener le bétail à l'étable. Faire revenir quelqu'un, quelque chose à tel niveau, tel point : Cela nous ramène loin en arrière. Amener avec soi quelqu'un ou un animal, rapporter quelque chose en revenant au lieu d'où l'on était parti : Ramener des fleurs de la campagne. Familier. Rendre ou rapporter à quelqu'un ce qui lui appartenait, rapporter quelque chose quelque part : Je vous ramène vos lunettes. Être la cause, le motif du retour de quelqu'un, d'un animal, de quelque chose en tel lieu : Le mistral a ramené le soleil. Remettre, faire revenir un objet à la place dont il s'est écarté, ou lui faire occuper une position nouvelle : Ramener sur soi la couverture qui a glissé. Faire revenir quelqu'un à tel état, à telle disposition d'esprit : Essayez de le ramener à la raison. Faire renaître un état antérieur, ou favoriser son retour : Des mesures destinées à ramener le calme dans les esprits. Concentrer sa pensée, un sentiment sur quelqu'un, quelque chose : Elle avait ramené toute son affection sur cet enfant. Réduire quelque chose à une forme moins complexe, moins importante : Ramener les prix à leur niveau ancien. Populaire. Faire sans arrêt mention, état de quelque chose, de quelqu'un, en particulier pour se faire valoir : Il ramène toujours sa science. Chorégraphie Faire passer une jambe d'arrière en avant ; lui faire prendre une position en raccourci. ● ramener (difficultés) verbe transitif (de amener) Conjugaison Attention à l'alternance è/e : je ramène, il ramène, mais nous ramenons ; il ramènera ; il ramènerait ; qu'il ramène mais que nous ramenions. Sens et emploi Ne pas employer ramener pour rapporter. → amener ● ramener (expressions) verbe transitif (de amener) Populaire. Ramener sa fraise ou la ramener, chercher à se mettre en avant, à imposer son point de vue de façon déplaisante, prétentieuse. Ramener tout à soi, considérer toutes choses exclusivement par rapport à soi-même. Ramener une bille, au billard, la toucher de telle façon qu'elle revienne près des autres. ● ramener (synonymes) verbe transitif (de amener) Amener quelqu'un de nouveau quelque part
Synonymes :
- remener
Faire revenir quelqu'un, un animal, le remettre au lieu d'où...
Synonymes :
Amener avec soi quelqu'un ou un animal, rapporter quelque chose en...
Synonymes :
Remettre, faire revenir un objet à la place dont il...
Synonymes :
- rabattre
- remonter
- tirer
Faire revenir quelqu'un à tel état, à telle disposition d'esprit
Synonymes :
- rappeler
Faire renaître un état antérieur, ou favoriser son retour
Synonymes :
- faire renaître
- remettre
- rétablir
Concentrer sa pensée, un sentiment sur quelqu'un, quelque chose
Synonymes :
Réduire quelque chose à une forme moins complexe, moins importante
Synonymes :
- réduire
● ramener
nom masculin
Attitude du cheval dont l'encolure est fléchie près de la nuque et la tête sensiblement verticale.
ramener
v.
rI./r v. tr.
d1./d Amener de nouveau. Il était déjà venu avec elle et il l'a ramenée.
d2./d Faire revenir (une personne, un animal) en un lieu d'où il était parti. Ramener qqn chez lui. Ramener les boeufs à l'étable.
— (Sujet n. de chose.) La nécessité l'a ramené ici.
|| Fig. Ramener le débat à son point de départ. Ramener qqn à la raison.
d3./d Réduire. Ramener l'inflation à un taux inférieur.
d4./d Faire régner de nouveau, rétablir. Mesures destinées à ramener l'ordre.
d5./d Amener ou apporter au retour d'un déplacement. Les bateaux des colons ramenaient des épices et des esclaves.
d6./d Replacer dans sa position initiale. Ramener une couverture sur ses jambes.
rII./r v. Pron.
d1./d Se ramener à: se réduire à. La difficulté se ramène à un manque de temps.
d2./d Fam. Arriver, venir.
⇒RAMENER, verbe trans.
I. — [Marque un déplacement du suj. et/ou de l'obj.]
A. — [Le compl. désigne une pers. ou un animal]
1. Amener de nouveau (en un lieu).
a) [Le suj. désigne une pers.] Ramener son enfant chez le dentiste. Vous allez me ramener cette jeune fille, lui dis-je (...). Vous vous rappelez bien: Mlle Albertine Simonet (PROUST, Sodome, 1922, p. 793).
b) [P. méton. du suj.] Le froid, la faim ramena notre chien à la maison. [Avril] Nous ramènera-t-il les cortèges d'oiseaux Et les fleurs en couronne aux parterres promises! (MUSELLI, Travaux et jeux, 1914, p. 20). Son père le prenait pendant les fêtes du jour de l'an et de Pâques, et les grandes vacances nous le ramenaient (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 154).
2. Faire revenir avec soi, à l'endroit que l'on avait temporairement quitté et qui se trouve être le lieu habituel d'habitation. Synon. raccompagner, reconduire. Le soir tombait: la mère ramena les chèvres (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 186):
• 1. ... bon-papa (...) envoya sa femme et sa fille à la Charité-sur-Loire (...). Bonne-maman, épuisée (...), tomba malade. Pour la soigner, il fallut la ramener à Paris...
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 64.
a) P. anal.
— [Le suj. désigne un véhicule] Transporter. Je me promène sur la route, en attendant le train qui va me ramener à Paris (GREEN, Journal, 1934, p. 216). Dans la voiture qui la ramène chez elle, la pauvre femme se plaint (GREEN, Journal, 1946, p. 46).
— [Le suj. désigne un chemin, une route] Mener, conduire. Ce soir-là, il roulait à vive allure, suivi de sa deuxième auto, sur une route qui le ramenait à L. (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 184).
♦ [Avec ell. du compl. d'obj.] Tout en redescendant les chemins qui ramenaient, un peu trop à pic à mon gré, vers Balbec (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 915).
b) ART MILIT., vx. Faire revenir aux bases de départ, repousser. La cavalerie chargea, mais elle fut vivement ramenée (Ac.).
3. Fam. Faire venir avec soi, à l'endroit d'où l'on était parti seul. Ramener une jeune fille au pair d'Angleterre; ramener un chat de la campagne.
4. Empl. pronom., pop. Arriver, revenir. Synon. pop. s'amener. Se ramener à toute allure. Capron s'est ramené dare-dare... Il a pu seulement constater... Il a levé les deux bras au ciel... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 365). Il se peut que l'oncle se ramène d'un jour à l'autre et fasse un scandale (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p. 48).
B. — [Le compl. désigne une chose]
1. JEUX (cartes, dés). Amener de nouveau. Il avait amené un roi, il en ramena un quand ce fut à lui de donner: il vient d'amener un sept, s'il le ramène, il a gagné (LITTRÉ, Ac.).
2. Rapporter d'un lieu (vers un autre). Jules Guichaoua (...) partait pour la pêche et, le soir, il ramenait au presbytère un gros merlan (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 139). C'était probablement une femme qui ramenait du ravitaillement de la campagne (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 37). Il ramena un lit de camp de l'appentis (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1616).
♦ Ramener qqc. à qqn. Rapporter (de quelque part) ce qui a été emprunté ou oublié. Est-ce que je te vois vendredi? Si oui, ramène-moi mon bouquin et mes aiguilles (FALLET, Banl. Sud-Est, 1947, p. 25).
♦ Empl. pronom. réfl. indir. Se ramener qqc. (de quelque part). Il me montre alors sur la carte, d'où qu'il vient lui... du bout du monde (...) C'était le mandarin en vacances. Il voulait se ramener [de France] un bijou, seulement il voulait le faire ciseler (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 205).
Rem. Ce sens couramment utilisé dans la lang. parlée ou écrite est impropre selon certains dict. et certains puristes. On ne ramène pas une chose, on la rapporte.
— En partic. Tirer à soi. Elle ouvrit une troisième grille; et, à deux mains, elle ramena une carpe qui tapait de la queue en râlant (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 719). Quand on s'imagine qu'il ne reste plus rien [dans la carriole], le conducteur se penche, cherche dans les coins et ramène encore trois cochons, une pile de couvertures et une jarre pansue (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 188).
3. [Le compl. désigne un moyen de locomotion] Conduire à l'endroit où il se trouvait initialement. Je vais ramener la barque. La réverbération de l'eau vous donnerait mal à la tête (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 176).
C. — Au fig. Faire revenir (à, sur).
1. Ramener qqn à + compl.
a) [Le compl. désigne un certain état physique] Ramener un noyé à la vie. L'aboiement d'un chien monta dans la nuit claire: les bergers égaraient parfois de longues semaines (...) ces bêtes que la solitude ramenait à une demi-sauvagerie (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 217).
♦ Ramener qqn à lui. Le ranimer, lui faire reprendre connaissance:
• 2. Il (...) lui lança à son tour un uppercut sous le menton, puis un coup de tête au plexus (...). L'Allemand gémit, recula (...). Otto et les femmes le prirent par les épaules et le poussèrent vers la cour, pour le ramener à lui.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 174.
— Vieilli
♦ [Sans compl. second.] Ce médecin a parfaitement ramené son malade (Ac. 1835, 1878).
♦ Ramener qqn de la mort, de l'article de la mort, des portes de la mort. Elle avait plus de dix fois ramené de l'article de la mort [son frère] en ne lui faisant pas d'autre remède que de le rafraîchir avec ses mains et son haleine (SAND, Pte Fad., 1849, p. 293).
b) [Le compl. désigne un certain état moral] Ramener qqn au bon sens, au devoir, à la raison; ramener qqn dans le droit chemin. Cette tristesse le ramenait à la sienne propre, frappait sur son chagrin comme sur un timbre (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 153). J'ai pensé qu'il pouvait raisonner Hector, le persuader, le ramener à la sagesse (AYMÉ, Cléramb., 1950, IV, 4, p. 208):
• 3. ... il suffit souvent d'un changement de condition pour ramener une femme à la vertu; c'est qu'elle ne revient pas de loin. On n'en pourrait dire autant de l'homme, que son imagination entraîne terriblement.
ALAIN, Propos, 1912, p. 130.
♦ Absol. La femme la plus corrompue est plus facile à ramener qu'un homme qui n'aurait fait même qu'un pas dans le mal (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 185).
— En partic. Ramener qqn à Dieu. Le convertir à la foi chrétienne. Je suis venue ici pour vous ramener à Dieu, je le sais maintenant. Vous voulez vous juger et vous sauver seul. Vous ne le pouvez pas. Dieu le pourra (CAMUS, Justes, 1950, IV, p. 376).
c) [Le compl. désigne un sujet, une occupation] L'horreur des plaisirs frelatés (...) me ramène au travail (GIDE, Journal, 1924, p. 785). Cet exemple même me ramène sans effort à ma thèse (VALÉRY, Variété [I], 1924, p. 29). Je le ramenais au sujet. J'étais décidé à ne pas le laisser se dérober (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 378).
2. Ramener qqc. [Le suj. désigne une pers. ou une chose]
a) [Le compl. désigne un état, une situation] Synon. faire renaître, rétablir. Napoléon Ier, notre empereur (...) a ramené et conservé l'ordre public, par sa sagesse profonde et active (Catéchisme impérial, 1806 ds Rec. textes hist., p. 135). Il cherchait une phrase, une caresse qui ramèneraient l'intimité entre eux (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 441). Cette concession parut suffire à ramener le calme (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 338).
b) Ramener qqc. sur + compl. On a fui, comme la peste, tout sujet qui risquait de ramener la conversation sur le capitaine de Saint-Avit (BENOIT, Atlant., 1919, p. 28). Il voulut ramener son attention sur le travail tout prêt (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 33).
II. — Mettre dans une certaine position.
A. — [Le compl. désigne une chose]
1. [Le compl. désigne un vêtement ou une étoffe servant à couvrir] Faire revenir à sa place initiale. Elle ramena sur ses épaules les pans de la grande écharpe de velours qu'elle portait comme une fourrure (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 300). Elle (...) ramenait le drap d'un geste frileux et rapide jusqu'à son cou (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 177).
2. [Le compl. désigne une partie d'un appareil] Faire revenir à sa position de départ. Ramener la commande à arrêt; ramener le bras du lecteur. Son rôle [du levier] est donc, dans ce cas d'abord, d'interrompre le courant en ramenant le rhéostat au repos (SOULIER, Gdes applic. électr., 1916, p. 136).
B. — [Le compl. désigne une partie du corps]
1. Ramener (une partie d')un membre jusqu'à, sous... + compl. Lui faire prendre une certaine position, l'amener dans une certaine direction. Elle ramena doucement ses deux poings fermés jusqu'à son menton (BERNANOS, Joie, 1929, p. 658). Il ramène ses jambes sous lui et s'assied sur ses talons, à la turque (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 256).
2. Ramener ses cheveux. Les rabattre vers les tempes et le front de manière à cacher un début de calvitie. Il ramenait une grosse mèche de cheveux plats, d'une tempe à l'autre, pour abriter sa précoce calvitie; car, malgré sa liberté d'allures, il était soucieux du décorum (GIDE, Si le grain, 1924, p. 537).
— Fam., absol. — D'ailleurs, j'ai été trépané. — Comment, mais ça ne se voit pas! — Mais si, c'est pour ça que je « ramène » un peu (LA VARENDE, Indulg. plén., 1951, p. 165).
3. Ramener ses yeux vers, sur + compl. Les amener à nouveau vers le point d'où ils s'étaient écartés. M'ayant rendu mon salut, il ramena ses yeux gris sur la ruche, et reprit son travail (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 88).
♦ Ramener son regard vers, sur + compl. Gustave ne manquait pas de ramener de moment en moment son regard sur Camille (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 245).
C. — ÉQUIT. Ramener un cheval. L'obliger, sous l'action du dressage, à maintenir l'encolure fléchie près de la nuque et la tête sensiblement verticale. On a mis une martingale à ce cheval pour le ramener (Ac. 1835, 1878).
— Empl. pronom. Ce cheval se ramène bien (Ac. 1835, 1878).
III. — Au fig.
A. — Ramener à + compl.
1. Ramener tout à. Faire tout converger vers, subordonner tout à. Ignace ramène tout à l'effort (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 467). Je ramenais tout à l'amour (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 432).
♦ Ramener tout à soi. Faire tout converger vers soi, faire preuve d'égocentrisme. Edmond qui ramenait tout à lui-même devant ce drame intérieur d'une famille alsacienne était bien prêt de se ranger du côté du fils (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 214).
2. Faire converger (plusieurs notions) vers un point de simplification et d'unification. Synon. réduire à. Comprendre, c'est contempler, c'est-à-dire ramener à l'unité ce qui est épars et successif (AMIEL, Journal, 1866, p. 217). L'apparente diversité des animaux peut être ramenée à un nombre restreint de modèles (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 124).
3. Empl. pronom. Se réduire. Tout le comportement humain se ramène-t-il, en fin de compte, à des réflexes conditionnés? (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 92). V. rame2 ex. de Albitreccia.
B. — Pop. Ramener sa fraise, sa gueule, sa pastille, sa poire ou, p. ell., la ramener. Intervenir en protestant; faire l'important. Synon. pop., fam. râler, rouspéter. Y aura chacun sa part, les gars, et pas d'rouspétance, ou l'premier qui la ramènerait, je l'brûle (CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 196). Qu'est-ce que t'as à ramener ta fraise, t'es jamais content! (DUSSORT, Preuves exist., 1927, dép. par Esnault, 1938, p. 82).
— Absol., vieilli. Fallait diviser pour résoudre!... C'était l'essentiel!... Tous les emmerdeurs en deux classes!... D'un grand côté... Tous ceux qui ramenaient pour la forme! (...) d'autre part ceux qui fumaient énormément, ceux qui sortaient pas du pétard... Ceux-là c'était du péril! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 506).
REM. Ramener, subst. masc., équit. Attitude du cheval qui consiste, sous l'action du dressage, à maintenir l'encolure fléchie près de la nuque et la tête sensiblement verticale. Le ramener s'obtient dans la décontraction et à partir de la descente d'encolure (...). Le ramener contrarie la nature du cheval. Il est donc normal qu'il s'y oppose (TONDRA Cheval 1979).
Prononc. et Orth.:[], (il) ramène [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. V. mener. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1re moit. XIIe s. « faire revenir quelqu'un à son état précédent » (Psautier Cambridge, 67, 7 ds T.-L.); b) ca 1175 « favoriser le retour à un état moral antérieur » (Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 22542); 2. ca 1155 « faire revenir à l'endroit d'où l'on était parti » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 4461); 1596 « amener de nouveau à un endroit donné » (HULSIUS); 3. 1680 terme de manège (RICH.); 1904 subst. « opération de dressage » (Nouv. Lar. ill.); 4. 1690 « amener avec soi quelqu'un ou quelque chose à un endroit d'où l'on était parti seul » (FUR.); 5. XIVe s. « réduire, simplifier » (Decretales, ms. Boulogne-sur-Mer, 123, f ° 1a ds GDF. Compl.); 6. 1844 « faire revenir à sa place une chose qui s'en était écartée » (SAINTE-BEUVE, Portr. femmes, p. 429); 7. 1876 « amener ses cheveux sur le devant de la tête pour cacher sa calvitie » (V. CHERBULIEZ, Rev. des deux mondes, 15 janv., p. 269 ds LITTRÉ Suppl. 1877); 8. 1908 la ramener (sa gueule), ramener sa fraise, sa pastille, sa poire « rouspéter, protester » (ds ESN.). B. 1. 1611 verbe pronom. équit. (COTGR.); 2. a) 1640 se ramener en soi « se replier sur soi-même en parlant de l'esprit » (CORNEILLE, Cinna, 369); b) 1740-55 « revenir à un sujet, reprendre le fil d'un discours » (ST SIMON, 323, 23 ds LITTRÉ); 3. 1869 « être réduit à, simplifié » (LITTRÉ); 4. 1916 « venir » (CARCO, Innoc., p. 156). Formé de l'élém. r(e)- et amener. Fréq. abs littér.:7 049. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9 338, b) 8 445; XXe s.: a) 9 647, b) 11 681.
DÉR. 1. Ramenable, adj. Que l'on peut ramener, faire revenir à de meilleurs sentiments. Au point où il en est, Eudolfe (...) est difficilement ramenable à l'honnêteté (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1225). — []. — 1res attest. fin XIVe s. « qui a rapport à quelque chose » (ROQUES t. 1, p. 349), 1842 « susceptible d'être ramené » (Ac. Compl.), 1869 « que l'on peut espérer corriger » (LITTRÉ); de ramener, suff. -able. 2. Ramenard, -arde, subst. et adj., pop. a) (Celui, celle) qui la ramène, qui intervient en protestant. (Dict. XXe s.). Synon. râleur. b) Prétentieux. Les Anglais sont furax (...). Dans la presse, ils s'interrogent, goguenards: et pourquoi pas rebaptiser Trafalgar Square square Tricolore, pendant qu'on y est? Non, mais c'est vrai. Je suis d'accord avec eux, pour une fois (...). Et il n'y a pas que nos victoires sur ces bêcheurs, sur ces ramenards d'Anglais (Le Monde, 29 sept. 1984, p. 24). — [], fém. [-]. — 1re attest. 1977 (J. LACANE, in Le Canard enchaîné, 27 juill., p. 6 ds CELLARD-REY 1980); de ramener, suff. -ard. 3. Rameneur, -euse, subst. a) Rare, littér. Celui, celle qui ramène quelqu'un, qui le fait revenir à l'endroit qu'il avait temporairement quitté. À la fin de ces réunions toutes masculines, un rien d'élément féminin: les femmes venant chercher les maris; et aujourd'hui, les rameneuses d'époux sont Mme Daudet, de Bonnières, Charpentier (GONCOURT, Journal, 1885, p. 505). b) Subst. masc. ) Pop. Homme presque chauve qui rabat ses cheveux vers les tempes et le front de manière à cacher une calvitie précoce. L'avez-vous seulement regardé, Chavarot? Il ramène... c'est un rameneur!... c'est un genou qui n'ose pas porter perruque, ou, si vous l'aimez mieux, un commerçant dégarni qui emprunte à son arrière-boutique quelques rossignols oubliés pour en parer sa devanture (LABICHE, Ptes mains, 1859, III, 6, p. 92). ) Arg. ,,Individu d'aspect et de mise respectables, chargé de racoler des dupes pour un tripot`` (FRANCE 1907). Un personnel de rameneurs qui, membres réguliers du cercle, gentlemen en apparence, ont pour mission de racoler ceux qui, bien nourris à la table d'hôte, seront, une heure après, dévorés à celle du baccara (H. MALOT, ibid.). c) Subst. fém., arg. ,,Prostituée qui racole sur la voie publique, qui ramène les clients chez elle`` (FRANCE 1907). La Garenne [table d'hôte-tripot] qui doit son nom au grand sacrifice de lapins que font chaque soir les rameneuses pour y attirer leurs amis (HOGIER-GRISON, Monde où l'on triche, 1re série, 1886, p. 167). — [], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) ca 1350 « qui ramène » (GILLES LI MUISIS, Poésies, I, 247 ds T.-L.), b) 1859 « celui qui, pour cacher sa calvitie, ramène ses cheveux sur le devant » (LABICHE, loc. cit.), c) 1902 « fanfaron d'audace » (d'apr. CHAUTARD Vie étrange Argot, p. 447), 1918 « homme toujours mécontent » (ds ESNAULT, Notes compl. Poilu); de ramener, suff. -eur2.
BBG. — KLEIN Vie paris. 1976, pp. 59-60 (s.v. rameneur).
1. ramener [ʀamne] v. tr. [CONJUG. mener.]
ÉTYM. XIIe rameiner; 1115, au sens 2.; de re-, et amener. → Mener.
❖
1 (Fin XVIe). Amener de nouveau (qqn). || Ramenez-moi le malade, je veux l'examiner une seconde fois.
2 Faire revenir (qqn en l'accompagnant) au lieu qu'il avait quitté et où il réside normalement. ⇒ Raccompagner, reconduire. || Ramenez-moi à Constantinople (→ Éclair, cit. 7). || On parla de me ramener en France (→ Intérieurement, cit. 2). || Nous allons le ramener, le prendre (cit. 3) avec nous. || Les Bourbons ramenés dans les fourgons (cit. 2), de l'étranger. || Ramener un malade sur un brancard (→ Paralysie, cit. 1). || Ramener un fugitif (→ Impôt, cit. 17; impuissant, cit. 18). || On me ramena l'enfant après son équipée (cit. 4). — Par métaphore. || Ramener à l'Église (cit. 3) les infidèles (→ Foi, cit. 45). — Voiture, train… qui ramène qqn quelque part (→ Avant, cit. 10; esquif, cit. 1; hurler, cit. 20). || Je lui ai parlé dans l'avion qui nous ramenait en France.
1 Cette belle éplorée ne pouvait parvenir à cacher ses peines. Tout à coup elle me prit le bras et me dit : « Ramenez-moi, je ne puis rester ici. »
Nerval, Petits châteaux de Bohême, IV.
2 — Allons, la femme, donne-lui tout de même la pâtée, puisque la faim le ramène.
Zola, la Terre, V, II.
♦ (Sujet n. de chose). Provoquer le retour de (qqn). || Le mauvais temps nous ramena à la maison.
♦ Milit. (Vx). || Ramener aux bases de départ, repousser.
3 Je vois aussi beaucoup de chevau-légers avec eux; mêlons-nous à leur désordre, car je crois qu'ils sont ramenés.
Ce mot est un terme honnête qui voulait dire et signifie encore en déroute, dans la langue militaire.
A. de Vigny, Cinq-Mars, IX.
♦ Ramener les bêtes à l'écurie (→ Provocation, cit. 1). || Je ramenai ses chevaux, sa tente et tout son équipage (→ Honneur, cit. 54).
3 Fam. et fautif (avec un compl. n. de chose). Rapporter (forme correcte). || Tu me ramèneras mon parapluie que j'ai laissé chez toi. || « Le sac de provisions… qu'Agnès ramena à la maison » (Ph. Hériat, Les grilles d'or; cité par Georgin, Jeu de mots, p. 30). || « Mon père… en ramenait (de Chine) cinquante espèces nouvelles (d'insectes) » (H. Bazin, la Mort du petit cheval; cité par R. Le Bidois, in Combat du 13 août 1953).
4 — Ça, dit-il, c'est un gri-gri, mon porte-chance. Je l'ai ramené de mon premier voyage en Afrique équatoriale.
G. Duhamel, la Nuit d'orage, XVIII.
4 (V. 1120). Faire revenir (qqn) à un état (physique ou moral), à des occupations, à un sujet… || Ramener un noyé à la vie. ⇒ Ranimer, ressusciter. — On l'a ramené à lui (→ Patatras, cit. 1). — Goethe nous ramène au pratique (→ Panique, cit. 4). || Ramener l'interlocuteur au sujet. || Ramener qqn à la raison, au devoir (⇒ Rappeler), à la foi, aux bonnes mœurs. ⇒ Corriger, convertir. || Ramener à de bons, à de meilleurs sentiments.
5 Je voudrais bien aller à Santa Maria di Falleri pour voir une ville qui n'a plus que la peau, son enceinte : à l'intérieur elle était vide : misère humaine à Dieu ramène.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 13.
6 Cette pensée nous ramène heureusement au sujet de ce discours.
France, le Petit Pierre, VIII.
7 Elle est tombée, par crise ou par mégarde, dans une anesthésie dont vous devinez comme moi le principe. Le seul massage, la seule circulation artificielle que nous puissions pratiquer dans ce cas, c'est de rapprocher d'aussi près que possible de sa conscience endormie le bruit de sa vie habituelle. Il ne s'agit pas de la ramener à elle, mais de la ramener à nous.
Giraudoux, Intermezzo, III, 6.
♦ Absolt. || Ramener qqn, l'amener à conciliation, à réconciliation. || Ramener les esprits, les calmer. || Ramener nos ennemis par la douceur (cit. 31). — (Sujet n. de chose). || Ce mot me ramène à l'idée (cit. 39) de notre séparation. || Cette habitude le ramenait à la sérénité (→ Paisible, cit. 2). || « Un peu de philosophie écarte (1. Écarter, cit. 14) de la religion et beaucoup y ramène » (Rivarol). → aussi Âme, cit. 16; culture, cit. 17.
♦ (Compl. n. de chose). || Ramener l'estomac (cit. 7) à l'état normal, un mannequin à l'immobilité (→ Oscillation, cit. 1). || Ramener les cours à la parité (cit. 4). || Ramener les prix au niveau antérieur. ⇒ Diminuer. — (En parlant de la pensée, de l'attention…). || « Ramener à un centre de repos mes pensées errantes » (2. Errant, cit. 11). || Ramener son regard sur la route (→ Jamais, cit. 16). || Cette mort ramenait ses pensées aux lieux (1. Lieu, cit. 7) de son enfance. — ☑ Ramener tout à soi, faire preuve d'égocentrisme, d'égoïsme.
8 (…) la pensée va peut-être encore plus loin, quand elle n'a point de bornes ni même de but déterminé, et que, sans cesse en rapport avec l'immense et l'infini, aucun intérêt ne la ramène aux choses de ce monde.
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, II.
9 Cet amant qui poursuit son idée à travers toutes les choses indifférentes que dit sa maîtresse pour l'empêcher d'en venir à lui parler de sa flamme, et qui sait ramener à son dessein les phrases qui l'en écartent le plus, cet amant est ingénieusement trouvé.
Th. Gautier, les Grotesques, IX, p. 290.
♦ Ramener vers, sur… || Ramener sur qqn toute son affection. ⇒ Concentrer.
10 C'est pourquoi, lorsque nous voulons comprendre notre situation présente, nos regards sont toujours ramenés vers la crise terrible et féconde par laquelle l'Ancien Régime a produit la Révolution, et la Révolution le Régime nouveau.
Taine, les Origines de la France contemporaine, Préface.
11 Puis il ramena la question sur l'achat éventuel d'une automobile (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 152.
5 (XIIIe). Fig. Faire renaître, faire réapparaître (une chose là où elle s'était manifestée). || Le soir ramenait mes inquiétudes (→ Apaisement, cit. 3). || Cette égalité ramènerait l'esclavage (cit. 12) des âmes. || J'ai tenté de ramener au théâtre l'ancienne gaieté (cit. 12). || Réaction sociale qui prétend ramener l'ensemble des croyances chrétiennes (→ Nier, cit. 5). || Mesures destinées à ramener la paix, l'ordre. ⇒ Restaurer, rétablir.
12 Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole;
Le Temps ramène les plaisirs.
La Fontaine, Fables, VI, 21.
13 Le soir ramène le silence.
Assis sur ces rochers déserts,
Je suis dans le vague des airs
Le char de la nuit qui s'avance.
Lamartine, Premières méditations, IV.
14 Le temps va ramener l'ordre des anciens jours.
Nerval, Poésies, Les chimères, « Delfico ».
15 Notre maison, chaque dimanche, était secouée d'un accès de fièvre. Le lundi ramenait la paix.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, IX.
6 (1690). Amener (qqn) ou apporter (qqch.) avec soi, en revenant au lieu qu'on avait quitté. || Il a habité quelque temps à l'étranger et en a ramené une femme charmante. || « Ce camion était parti à vide et il a ramené tout un chargement » (Académie).
7 Faire prendre une certaine position à (qqch.), en changeant sa direction naturelle ou précédente; remettre (qqch.) en place. || Ramener ses mains sur les bras du fauteuil (→ Buste, cit. 5), son bras à l'horizontale (cit. 5), sa tête vers la cheminée (→ Effarement, cit. 1). || Ramener sur ses genoux les pans d'une robe de chambre (→ Ouate, cit. 1). || Ramener une fourrure sur le cou d'une femme (→ Imitation, cit. 21). ⇒ Remettre. || Ramener un litham (cit.) sur ses yeux. ⇒ Rabattre, tirer… || Pressier ramenant le marbre (→ Frisquette, cit.). || Ramener qqch. au centre. ⇒ Centrer, centripète (cit.), diriger.
16 Que signifie cette casaque longue qui t'enveloppe de la tête aux pieds, et ce sac pointu que tu laisses tomber sur tes épaules, ou que tu ramènes sur tes oreilles ?
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, III.
17 Ses mains terreuses ramenées derrière son dos, crainte de tacher la belle robe (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 4e tableau, II.
♦ Au p. p. || Cheveux ramenés en croissants (cit. 3) le long des tempes. || Une jambe ramenée sur l'autre (→ Enlacer, cit. 11).
♦ Équit. || Ramener un cheval, lui faire exécuter le mouvement du ramener (2. Ramener). — Billard. || Ramener une bille, la toucher pour qu'elle revienne près des autres.
8 ☑ Loc. fig. (1908). Fam. Ramener sa gueule, sa fraise : protester, rouspéter; faire le malin, avoir des prétentions déplacées. — ☑ Loc. ellipt. La ramener. ⇒ Crâner. || Il commence à la ramener. || Tu la ramènes un peu trop. || Personne qui a l'habitude de la ramener. ⇒ Ramenard.
9 (XIIIe). || Ramener qqch. à… : porter à un certain point de simplification ou d'unification. ⇒ Réduire. || Ramener une fraction à sa plus simple expression. || Ramener les sentiments à des formules (cit. 9) identiques. || L'analyse est l'opération qui ramène l'objet à ses éléments déjà connus (→ Intuition, cit. 2, Bergson). || Ramener des services à une direction unique. ⇒ Centraliser. || Ramener les mouvements de l'esprit à ceux de la matière (→ Matérialisme, cit. 3). || Que toute figure soit ramenée à son trait le plus saillant (→ Optique, cit. 4). — Ramener à (et inf.). || Ramener la pensée (1. Pensée, cit. 16) à n'être qu'une des formes de l'énergie.
18 Tout devenait doux et facile; il (Abailard) traitait poliment la religion, la maniait doucement, mais elle lui fondait dans la main. Il ramenait la religion à la philosophie, à la morale, à l'humanité.
Michelet, Hist. de France, IV, IV.
19 (…) le geste discret de ses doigts ramenait à de justes proportions les affirmations bruyantes de l'employé (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 4e tableau, II.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se ramener v. pron.
1 (Réfl.). Vx. Se concentrer. || « L'âme, l'esprit se ramène en soi » (Corneille, in Littré). Revenir à un sujet. || « Je me ramène à ce qui se passait dans le continent » (Voltaire, in Littré).
2 (XXe). Fam. Venir. (On entend plus souvent, en ce sens, s'amener). || Allez ramène-toi ! || Il se ramène. — Fig. || Voilà l'autre qui se ramène, qui prend part tout d'un coup à la conversation.
3 (Récipr.) || Des philosophes qui veulent réciproquement se ramener dans la voie de la vérité (→ Entre-, cit. 8).
4 (XIXe). Passif. Se réduire, être réductible. || Ces lois se ramènent à une loi plus simple (→ Association, cit. 16; et aussi gouvernement, cit. 31; identification, cit. 2; philosophie, cit. 9). || Tout se ramenait à un jeu d'écritures (cit. 21). || Ça se ramène à une question d'indemnité (cit. 2).
20 Qui veut agir a besoin d'espérer, et l'espérance, même pour celui qui fonde sur Dieu, se ramène toujours à être une confiance dans les moyens d'action, qui sont les choses et les hommes.
Émile Faguet, Études littéraires XVIIIe s., p. 402.
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ramené, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article.
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CONTR. Déplacer, écarter.
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2. ramener [ʀamne] n. m.
ÉTYM. 1904; infinitif subst. de ramener.
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♦ Équit. Mouvement de dressage qui consiste à ramener la tête du cheval à la verticale (l'encolure fléchie près de la nuque). Cette attitude du cheval.
0 Le ramener est la fermeture de l'angle de la tête avec l'encolure, la nuque restant le point le plus haut de cette dernière : il met la tête dans la position la plus favorable pour accepter l'action du mors et favorise la tension de la ligne du dessus et l'engagement des postérieurs.
Henri Aublet, l'Équitation, p. 101.
Encyclopédie Universelle. 2012.