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cause

cause [ koz ] n. f.
XIIe; lat. causa « cause » et « procès » → chose
ICe qui produit un effet (considéré par rapport à cet effet).
1(1170) Ce par quoi un événement, une action humaine arrive, se fait. origine; motif, objet, raison, 3. sujet. « Si les effets matériels de quelques actions sont pareils à diverses époques, les causes qui les ont produites sont différentes » (Chateaubriand). Il n'y a pas d'effet sans cause (cf. Pas de fumée sans feu). À petite cause grands effets. La, une cause de... : ce qui produit, occasionne (qqch.). Cause profonde, réelle; apparente. Chercher, trouver la cause. La cause de sa réussite. Cause de troubles ( semence, source) , de guerre ( casus belli) . « La cause de ma gêne, de ma rougeur, elle se nomme timidité » (Colette).
Être (la) cause de. 1. causer, occasionner. « Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause » (La Fontaine). Vous serez cause, la cause de son bonheur, de sa perte. « si j'étais cause Qu'il fût à mon cher maître arrivé quelque chose » (Molière). Être la cause involontaire, innocente, d'un malheur.
Loc. prép. À CAUSE DE : par l'action, l'influence de. Tout est arrivé à cause de lui, de sa bêtise, par la faute de. « “Après cela, donc à cause de cela” est souvent un axiome faux » (Maurois). Par ext. En raison de. Je lui pardonne, à cause de son âge. Vx À CAUSE QUE : parce que. « Le portrait, que j'ai laissé à moitié fait à cause que je m'endormais » (Marivaux). POUR CAUSE DE. Le magasin est fermé pour cause d'inventaire, de décès. — ET POUR CAUSE : pour une raison évidente (qu'il est donc inutile de donner). Il n'a pas osé venir, et pour cause !
2(XIVe ) Principe d'où une chose tire son être; le fait d'un être ( 1. agent, auteur , créateur) qui modifie un autre être (le détruit ou plus souvent le crée). fondement, moteur, origine, principe. « La cause [est] l'antécédent constant » (Goblot). Cause première, au-delà de laquelle on ne peut en concevoir d'autre. Causes secondes. Causes finales : but pour lequel chaque chose aurait été faite. ⇒ finalité. Enchaînement des causes et des effets. Rechercher, reconnaître, attribuer une cause. étiologie .
3Vx ou loc. Ce pour quoi on fait qqch. but, considération, intention, mobile, motif, occasion, 2. prétexte, raison, 3. sujet. Cause grave, légitime, juste. « j'ai certaine cause Qui me fait demander ce récit » (Molière). Mod. Sans cause; non sans cause. Pour une cause sérieuse. Pour la bonne cause : pour des motifs honorables.
4Dr. Cause d'une convention, d'une obligation : but en vue duquel une personne s'oblige envers une autre. ⇒ objet; fondement. Cause licite. Cause illicite, immorale.
II
1(v. 1120) Affaire qui se plaide. procès. Bonne, mauvaise cause. Cause civile, criminelle. Causes célèbres. Confier une cause à un avocat. Plaider, gagner une cause. Fam. Un avocat sans causes, sans clientèle. — Par ext. Il plaida « la cause de la raison, la cause même du simple bon sens » (Loti). Loc. Pour les besoins de la cause. Avoir, obtenir gain de cause, avoir cause gagnée : l'emporter, obtenir ce qu'on voulait. La cause est entendue, jugée : les débats sont clos. En tout état de cause.
Loc. EN CAUSE. Être en cause : être l'objet du débat, de l'affaire. Les intérêts en cause, en jeu. Tu n'es pas en cause, concerné. — Mettre en cause : appeler, citer au débat une personne qui est amenée à se défendre ou à témoigner. ⇒ appeler, citer, invoquer; accuser, attaquer, suspecter. Être mis en cause. Mettre hors de cause. disculper. Remettre en cause un acquis. Se remettre en cause. Remise en cause. question. En désespoir de cause : comme dernière ressource, tout autre moyen étant impossible. En connaissance de cause : en connaissant les faits.
2(1549) Par ext. L'ensemble des intérêts à soutenir, à faire prévaloir. 1. parti. Une cause injuste. La cause du peuple, d'un parti. Défendre, soutenir la cause de qqn. Une sensibilité « prête à épouser et à servir toute grande cause qui fût vraiment digne d'un sacrifice total » (Martin du Gard). Abandonner une cause. Une cause perdue. Loc. Prendre fait et cause pour qqn, prendre son parti, le défendre, le soutenir. Faire cause commune avec qqn : mettre en commun ses intérêts.
⊗ CONTR. Conséquence, effet, produit, résultat.

cause nom féminin (latin causa, raison) Ce qui produit quelque chose ; raison ou origine de quelque chose : Les enquêteurs recherchent les causes de l'accident. Il n'y a pas d'effet sans cause. Banque Origine de la dette que constate un effet de commerce. (Un effet sans cause est nul.) Droit Une des conditions exigées par le Code civil pour la validité des obligations conventionnelles. Raison d'une obligation dans un contrat ; avantage matériel ou moral que propose le contractant. ● cause (citations) nom féminin (latin causa, raison) Bernard Le Bovier de Fontenelle Rouen 1657-Paris 1757 Assurons-nous bien du fait avant de nous inquiéter de la cause. Histoire des oracles Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Felix qui potuit rerum cognoscere causas. Les Géorgiques, II, 489 Isocrate Athènes 436-Athènes 338 avant J.-C. Souvent déjà de faibles causes ont produit de grands maux. Contre Lokhitès, 7 (traduction G. Mathieu) cause (expressions) nom féminin (latin causa, raison) À cause de, en raison de, pour ce motif : La voiture a dérapé à cause du mauvais état des pneus. Être cause de, occasionner, provoquer quelque chose : Les pluies sont cause de graves inondations. Et pour cause, ayant de bonnes raisons pour cela. Pour cause de, pour telle ou telle raison. Théorie des causes actuelles, synonyme de actualisme. Complément de cause, subordonnée de cause, complément ou subordonnée exprimant la raison pour laquelle est effectuée l'action exprimée par le verbe principal. (Exemples : Agir par jalousie ; Je pleure parce que tu t'en vas.) Cause première, dans la tradition scolastique et classique, élément fondateur ou créateur de la réalité. (Les scolastiques assimilent généralement Dieu à la cause première.) Cause seconde, dans la tradition scolastique et classique, élément qui en détermine un autre en se situant lui-même comme subordonné à un élément premier, appelé Dieu, ou substance, suivant les cas. Cause de soi, qui n'a besoin que de soi-même pour exister. ● cause (synonymes) nom féminin (latin causa, raison) Ce qui produit quelque chose ; raison ou origine de quelque chose
Synonymes :
- explication
- origine
- raison
- source
Contraires :
- conséquence
- contrecoup
- effet
- répercussion
- résultat
- suite
Géologie. Théorie des causes actuelles
Synonymes :
- actualisme
cause nom féminin (latin causa, procès) Affaire pour laquelle on comparaît en justice ; procès. Dans une demande en justice, élément du procès qui permet de déterminer l'étendue du litige et sert de fondement juridique aux prétentions du demandeur. L'ensemble des intérêts à soutenir en faveur de quelqu'un, d'un groupe de personnes, d'un ordre de choses, etc. : Consacrer sa vie à la cause de la paix.cause (citations) nom féminin (latin causa, procès) Guillaume de Salluste, seigneur Du Bartas Montfort, près d'Auch, 1544-Condom 1590 La victoire ne rend un grand prince louable, Ains la cause qu'il va par armes débattant. Le Triomphe de la Foi mais Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 Les hommes, si lassants à voir dans les manœuvres de l'ambition, combien sont-ils attrayants dans l'action pour une grande cause ! Mémoires de guerre, l'Unité Plon Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Mourir pour une cause ne fait pas que cette cause soit juste. Les Lépreuses Gallimard Jacques Prévert Neuilly-sur-Seine 1900-Omonville-la-Petite, Manche, 1977 — Qu'est-ce que cela peut faire que je lutte pour la mauvaise cause puisque je suis de bonne foi ? — Et qu'est-ce que ça peut faire que je sois de mauvaise foi puisque c'est pour la bonne cause. Spectacle Gallimardcause (difficultés) nom féminin (latin causa, procès) Orthographe 1. Être cause de, que. Dans cette locution, cause reste invariable : ses retards répétés sont cause de son renvoi ; ses retards répétés sont cause qu'il a été renvoyé. 2. Avoir pour cause ou pour causes. On écrit cause au singulier quand il n'y a qu'une seule cause : son renvoi a pour cause ses retards répétés. On écrit causes au pluriel quand il y a plusieurs causes : son renvoi a pour causes son inexactitude et ses absences répétées. Emploi 1. À cause de (+ nom ou pronom) loc. prép. : elle est partie à cause du mauvais temps. 2. À cause que (+ proposition subordonnée) : « ils ne découvrent pas la lumière à cause qu'ils détournent les yeux »(Bossuet). Cette construction n'est plus employée. On emploie aujourd'hui parce que : elle est partie parce qu'il faisait mauvais temps (et non : à cause qu'il faisait mauvais temps). ● cause (expressions) nom féminin (latin causa, procès) Cause de béatification ou de canonisation, enquête (procès) menée par Rome et pouvant aboutir à la béatification ou à la canonisation d'un chrétien défunt. Cause matrimoniale, procédure introduite pour faire éventuellement reconnaître la nullité d'un mariage qui n'aurait eu que les apparences de la validité. En (toute) connaissance de cause, pertinemment, en personne qui s'y entend. En tout état de cause, quoi qu'il en soit, quoi qu'il arrive. Être en cause, être concerné par les événements ; être incriminé, être en question : De gros intérêts sont en cause. Être hors de cause, ne pas être concerné ou échapper à tout soupçon ; n'être pas en question : Pour ce vol vous êtes hors de cause. Faire cause commune avec quelqu'un, unir ses intérêts aux siens. La cause est entendue, il y a assez d'éléments pour se faire une opinion, on sait à quoi s'en tenir. Mettre en cause, rendre quelqu'un, quelque chose, responsables de quelque chose. Mettre quelqu'un hors de cause, le disculper. Pour la bonne cause, pour un idéal qu'on sert ou, familièrement, pour le mariage Remettre en cause, remettre en question, revenir sur une décision. ● cause (synonymes) nom féminin (latin causa, procès) Affaire pour laquelle on comparaît en justice ; procès.
Synonymes :
- affaire
- cas
- procès

cause
n. f.
d1./d Ce qui fait qu'une chose est ou se fait. La sécheresse fut la cause des mauvaises récoltes. Il s'est fâché, et non sans cause.
|| être cause de: être responsable de, entraîner. Les enfants sont souvent cause de soucis.
|| Pour cause de: en raison de. Fermé pour cause d'inventaire.
|| GRAM Complément de cause: complément indiquant la raison, le motif pour lesquels une action se produit.
|| PHILO Cause première: cause au-delà de laquelle on ne peut en concevoir d'autre.
Cause finale.
d2./d Loc. Prép. à cause de: en tenant compte de, par l'action de. Il est resté à cause de vous. Il n'a rien vu à cause du brouillard.
|| (Québec) Loc. conj. Fam. à cause que: parce que. Elle n'est pas venue à cause qu'elle était malade.
adv. Rég. à cause?: pourquoi?
d3./d DR Fait auquel la loi attache la vertu de produire un effet de droit et qui justifie l'application d'une règle. L'obligation sans cause ne peut avoir aucun effet.
————————
cause
n. f.
d1./d Procès qui se plaide et se juge à l'audience. Gagner, perdre une cause. Bonne, mauvaise cause. Plaider une cause.
|| Avoir, obtenir gain de cause: obtenir l'avantage dans un procès, dans une discussion.
|| En connaissance de cause: en connaissant les faits.
|| être en cause: être concerné, faire l'objet d'un débat.
|| être hors de cause ou (Belgique, Luxembourg) hors cause: ne pas être concerné. Le suspect fut mis hors de cause, fut disculpé.
d2./d Ensemble des intérêts d'une personne, d'un groupe, d'une idée. Une cause juste.
|| La bonne cause: la cause que l'on croit juste.
|| Faire cause commune avec qqn, s'allier avec lui.
|| Prendre fait et cause pour qqn, prendre sa défense.

I.
⇒CAUSE1, subst. fém.
I.— A.— Affaire pour laquelle une action est intentée en justice et qui fait l'objet d'un procès. Une cause imperdable; juger une cause. Greffier, appelez la cause, et faites paraître l'accusée (MÉRIMÉE, Théâtre de Clara Gazul, 1825, p. 138). Elle allait sans cesse assister aux audiences des tribunaux où se jugeaient les causes des pauvres (MONTALEMBERT, Histoire de ste Élisabeth de Hongrie, 1836, p. 334).
Avocat sans causes. Avocat qui ne trouve pas d'affaires à plaider. Misérable plaidaillon! Avocat sans causes! Canaille! (COURTELINE, Un Client sérieux, 1897, 1, p. 8) :
1. Le jeune avocat sans causes, le jeune médecin sans clients, sont les deux plus grandes expressions du désespoir décent, particulier à la ville de Paris, ...
BALZAC, Le Cousin Pons, 1848, p. 166.
Loc. adv. Avec, en (toute) connaissance de cause. Avec pleine connaissance de l'affaire. Au fig. :
2. ... faites-moi part des nouveaux événements qui vous ont rendu tant de gaieté, de manière à me procurer le plaisir d'y prendre part avec connaissance de cause.
NODIER, La Fée aux miettes, 1831, p. 167.
3. Mon rôle ne sera jamais que de recevoir et de bénir le vœu que vous allez prononcer, pourvu que ce soit en toute connaissance de cause, après réflexion et librement.
BERNANOS, Dialogues des Carmélites, 1948, 4e tabl., 13, p. 1684.
B.— P. méton. Le procès lui-même ou les débats auxquels il donne lieu (souvent envisagés du point de vue de la défense de l'accusé ou d'une des parties engagées dans le procès). Une grande cause criminelle était à l'ordre du jour des Assises (BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 522). Nous sentions ce murmure d'une cause gagnée dans l'auditoire (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1853, p. 99) :
4. La séance est levée, Messieurs, dit le président, et la cause remise à la prochaine session. L'affaire doit être instruite de nouveau et confiée à un autre magistrat.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 678.
SYNT. Cause civile, criminelle; cause d'appel; gagner, perdre une cause; remise de cause.
1. Expr. La cause est entendue. Les débats sont clos. La cause est entendue, répondit le président du tribunal. Nous rendrons le jugement à huitaine (CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, p. 217). Aux Assises, la cause fut vite entendue (RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 51).
Au fig. Et notre ami Lachaume, ajouta-t-il en changeant de ton pour bien signifier que la cause était entendue, comment va-t-il? (DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 187).
2. Locutions
a) Loc. verbales
Avoir, obtenir gain de cause. Gagner (le procès) :
5. Des Juifs de l'État-Major ont découvert qu'après avoir obtenu gain de cause dans l'affaire Dreyfus, nous n'abandonnions pas le colonel Picquart.
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 246.
Au fig. Obtenir, après un minimum de lutte, ce qu'on demande; obtenir l'avantage. Elle se servit, comme toutes les femmes, de l'amour qu'elle inspirait pour avoir gain de cause (BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 20). Après un combat sévère, les opposants eurent gain de cause (J. MEYNAUD, Les Groupes de pression en France, 1958, p. 14).
Avoir cause gagnée. Vieilli. Même sens : Obtenir, après un minimum de lutte, ce qu'on demande; obtenir l'avantage. Si le plus subtil de ses adversaires en est réduit à des inventions aussi lamentables, le mysticisme a cause gagnée (BREMOND, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 4, 1920, p. 587).
Donner gain de cause (à qqn). Déclarer (à l'issue d'un procès) le bien fondé d'une plainte, d'une requête, etc. :
6. — Eh! bien, le procès? lui cria-t-on.
— Gagné! répondit le vicaire-général... L'arrêt vient de nous donner gain de cause sur tous les points, et réforme le jugement de première instance...
BALZAC, Albert Savarus, 1842, p. 6.
Au fig. Accorder à quelqu'un, après délibération, ce qu'il demande :
7. Les progrès substantiels réalisés par la France dans le domaine de l'arme atomique, (...), devraient lui donner gain de cause dans cette importante négociation à venir...
GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, 1962, p. 253.
Être en cause (anton. être hors de cause). Être partie au procès :
8. Il faut que vous sachiez d'abord qu'aucun de nous n'est coupable. Il s'agit d'une coïncidence, d'un concours de circonstances. Juridiquement, vous n'êtes pas en cause...
CAMUS, Les Possédés, adapté de Dostoïevski, 1959, 3e part., 16e tabl., p. 1089.
Au fig. Être en question. Voici notre règle : quand nos droits ne sont pas en cause, souffrir de bon cœur; quand la justice et nos droits sont en cause, nous défendre (MONTHERLANT, Port-Royal, 1954, p. 992) :
9. Il ne semblait point que le hasard fût là en cause, au moins qu'il fût en cause seul.
R. AMADOU, La Parapsychologie, 1954, p. 278.
Cela est hors de cause. Il n'en est pas question.
Mettre (qqn) en cause. Le faire citer dans un procès. Au fig. a) S'en prendre à; mettre en question. Mettre en cause la morale, la religion, les valeurs traditionnelles. La veille, Sixte-Quenin avait mis en cause l'honorabilité du ministre de la Guerre (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 433). b) Incriminer. La gourmandise d'Olivier ne pouvait être mise en cause (R. ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, p. 843). Il était certain que la valeur des troupes ne pouvait pas être mise en cause (JOFFRE Mémoires, t. 1, 1931, p. 259).
Loc. substantivées. Mise en cause (ou hors de cause); remise en cause.
Remettre en cause.
Mettre (qqn) hors de cause. Déclarer qu'il ne doit pas être partie au procès; déclarer qu'il n'est pas incriminable :
10. Esterhazy est renvoyé devant un conseil d'enquête qui, pour tous les faits à propos desquels il a été acquitté ou mis hors de cause, lui infligera peut-être une punition disciplinaire.
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 95.
Au fig. a) (Le) laver de tout soupçon. b) Fam. Faire abandonner une entreprise, une activité :
11. Dès l'an II, les traits essentiels de sa campagne d'Italie se trouvaient tracés : mettre le Piémont hors de cause, conquérir la Lombardie, puis, négligeant la péninsule, marcher sur Vienne.
G. LEFEBVRE, La Révolution fr., 1963, p. 480.
b) Loc. adv.
En tout état de cause. Quel que soit l'état du procès. La prescription peut être opposée en tout état de cause (Ac. 1835-1932).
Au fig. Quoi qu'il en soit, de toute manière; dans tous les cas. On peut à bon droit souligner le rôle, en tout état de cause, important des innovations surtout techniques (J.-A. LESOURD, C. GÉRARD, Hist. écon., t. 1, 1968, p. 142) :
12. Je considère, pour ma part, que le problème de la gestion des entreprises nationales n'est pas encore résolu, qu'il faut lui trouver des solutions originales et qu'en tout état de cause rien n'empêche de donner à ceux qui auront la charge de cette gestion une formation plus exactement appropriée à leurs fonctions.
C. PINEAU, La S.N.C.F. et les transp., fr., 1950, p. 19.
En désespoir de cause. En dernier recours. Lui-même, suivant la route opposée, tâchait d'arriver à Poitiers pour se réfugier, en désespoir de cause, dans la basilique de Saint-Hilaire (THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 1, 1840, p. 302) :
13. Nous demandons également l'amnistie pour celles qui, victimes du régime, ont eu recours, en désespoir de cause, à la pratique de l'avortement clandestin.
R. BIOT, Politique de la santé publ., 1933, p. 47.
II.— A. Les intérêts de l'accusé ou d'une des parties en litige. Plaider la cause de qqn.
Loc. Pour les besoins de la cause. Dans l'intérêt de la partie qu'on défend. Au fig., souvent avec une nuance péj. Il ne faudrait pas en conclure que cette seconde expérience a été faite pour les besoins de la cause (V. D'INDY, Cours de compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 98).
B.— P. ext. Parti ou ensemble d'intérêts ou de principes d'intérêt général, qu'on s'attache à soutenir, à faire triompher. Si la patrie vous est chère, et si l'intérêt de l'humanité vous touche, osez embrasser la cause de la liberté (PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 347). Les grandes causes demandent des hommes supérieurs, de nobles cœurs, de grandes âmes (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 276) :
14. ... les « États-Unis et la Grande-Bretagne étaient d'accord pour que Madagascar fût restituée à la France dès que l'occupation de cette île ne serait plus essentielle pour la cause commune des Nations-Unies ».
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 205.
SYNT. a) La cause publique; la cause du peuple, de la liberté, de la religion. b) Une bonne, une noble, une sainte cause; une mauvaise cause; une cause honorable. c) Défendre, servir, soutenir, trahir une cause; embrasser, épouser une cause; combattre pour sa cause; gagner qqn à sa cause.
Locutions
Faire cause commune avec qqn. Épouser les intérêts de quelqu'un (en l'aidant); s'associer avec lui dans l'action Je ne pourrais pas me résoudre à faire cause commune avec lui contre toi (Mme DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1787, p. 186). Une partie des fellahs ou paysans musulmans sujets des Francs avaient fait cause commune avec l'ennemi (GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 100).
Prendre fait et cause pour qqn. Prendre son parti (en le soutenant).
Prononc. et Orth. :[ko:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Mil. XIIe s. fere la cause de « assumer l'affaire de, faire droit à » (Psautier de Cambridge, psaume 139, verset 13, éd. Francisque-Michel, p. 249); 1165-70 « affaire, procès » (B. DE STE MAURE, Troie, 5466 ds T.-L.); 1606 causes d'appel (NICOT); 1718 être en cause, mettre en cause (Ac.); 1797 donner gain de cause (GATTEL); 1816-24 en désespoir de cause (CHATEAUBRIAND, Mél. pol., p. 90); 2. 1465 p. ext. « intérêts (en partic. d'une pers.) » (Farce de Pathelin, éd. R. T. Holbroock, 1075, Paris, 1929, p. 56); fin XVe s. cause perdue (COQUILLART, Poésies, éd. Charles d'Héricault, Paris, 1857, t. 2, p. 138); XVIIe s. prendre fait et cause (Mme de Sévigné ds DOCHEZ, Nouv. dict. de la lang. fr., Paris, 1860); 1787 faire cause commune (Mme DE STAËL, loc. cit.); 1814-48 les besoins de la cause (HUGO, Correspondance, p. 277). Empr. au lat. class. causa « procès, affaire judiciaire » et « intérêts de quelqu'un, de quelque chose ».
II.
⇒CAUSE2, subst. fém.
Ce qui produit un effet. Il n'est pas d'effet sans cause (J. BOUCHER DE PERTHES, De la création, t. 2, 1838-41, p. 317).
I.— [L'idée dominante est celle d'orig., de principe] PHILOS.
A.— Ce qui fait que des choses ou des êtres sont. Dieu est cause des êtres (GILSON, L'Esprit de la philos. médiév., 1931, p. 77) :
1. ... l'athée qui, dominé, subjugué par la présence de l'effet, avoue à son propre insu, la nécessité de la cause, suppose la matière comme cause du monde physique, et le peuple ou l'homme comme cause du monde social.
BONALD, Essai analytique sur les lois naturelles de l'ordre soc., 1800, p. 241.
2. ... l'univers doit tout savoir, puisqu'il connaît les causes, étant lui-même la cause sans cause, de toutes les causes.
MAETERLINCK, L'Autre monde, 1942, p. 24.
Par antonomase. Dieu. [L'âne, à l'homme :] Et tu ne consens pas à l'univers, s'il est Comme l'a fait la Cause et non comme il te plaît (HUGO, L'Âne, 1880, p. 326).
Cause suprême, universelle. Dieu :
3. ... le monde fut regardé comme Dieu ou comme cause suprême et universelle de tous les effets qu'il produit, et dont l'homme fait partie.
DUPUIS, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 2.
Spécialement
Cause première. ,,Celle qui agit par elle-même, indépendamment de toute autre cause`` (FOULQ.-ST-JEAN 1962). Ô toi! Cause première à qui l'effet remonte, Aux yeux de Lucifer voile mon flanc si nu (M. ROLLINAT, Les Névroses, Le Fantôme du crime, 1883, p. 5) :
4. Si Dieu est absolu, il n'est pas cause première : une idée de cause implique, en effet, une relation de cause à effet. Si, cherchant à tourner l'obstacle, on suppose qu'il existait par lui-même avant d'être cause et créateur, il cesse d'être infini, car l'infini suppose tous les modes d'existence possibles et simultanés.
ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 267.
Cause seconde. Celle qui agit sous la dépendance d'une autre cause. Dieu laisse agir les causes secondes (Ac. 1835-1932).
SYNT. Cause efficiente, extrinsèque, intrinsèque, occasionnelle, suffisante; lien, rapport, relation de cause à effet.
B.— Cause finale. Ce qui a pour origine la fin recherchée :
5. Né d'une cause finale, l'univers est nécessairement imprégné de finalité, c'est-à-dire que l'on ne saurait en aucun cas y dissocier l'explication des êtres de la considération de leur raison d'être.
GILSON, L'Esprit de la philos. médiév., 1931, p. 107.
II.— [L'idée dominante est « ce qui rend compte des conditions de l'existence ou de la nature d'une chose; ce qui permet de comprendre »]
A.— 1. Ce qui produit ou occasionne quelque chose. Jamais il n'y eut de nobles effets d'une cause vicieuse (Mme COTTIN, Claire d'Albe, 1799, p. 223). Il souffrait sans connaître la cause de son mal (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 313). Tout martyre est pour le grand homme une cause de génie (J.-G. PROD'HOMME, Les Symphonies de Beethoven, 1921, p. 462) :
6. ... je la voyais souvent triste sans qu'elle m'expliquât jamais le sujet de ses tristesses, autrement que par une cause physique.
A. DUMAS Fils, La Dame aux Camélias, 1848, p. 195.
7. ... la haine lente, inconsciente, s'aggrava entre Lise et Françoise. Leur bonne tendresse de jadis en arrivait à une rancune sans raison apparente, qui les heurtait du matin au soir. Au fond, la cause unique était l'homme, ...
ZOLA, La Terre, 1887, p. 306.
SYNT. a) Une cause apparente, déterminante, directe, fortuite, immédiate, profonde, occulte. b) Descendre des causes aux effets; rechercher les causes d'un échec.
Locutions
a) Loc. verbales
Avoir pour cause :
8. ... il arrive d'ordinaire qu'une génération fait peu de cas de ce pourquoi la génération précédente a donné sa vie. Ces variations ont pour cause l'incertitude de nos idées sur le but à atteindre et sur la fin ultérieure de l'humanité.
RENAN, L'Avenir de la sc., préf., 1890, p. XVI.
Être cause de. Causer, provoquer. C'est toi qui es cause de ma folie, c'est toi aussi qui en es le remède (HUGO, Lettres à la fiancée, 1822, p. 221). Messieurs, vous serez cause de ma ruine (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1858, p. 549) :
9. Je sais que l'argent est cause de tous les maux qui désolent nos sociétés si cruelles et dont nous sommes si fiers.
A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 59.
Être cause que. Être responsable de ce que. Cela est cause que j'ai tâtonné si longtemps (GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1098) :
10. Je vous avouerai, Madame, que je ne puis vous aimer, car vous serez cause que mon fils mourra de la poitrine.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 3, 1836, p. 301.
11. Le choc de l'arrêt en gare de Nevers fut cause que l'ivrogne, de la banquette où il gisait, roula sur le plancher.
ROMAINS, Les Copains, 1913, p. 95.
b) Loc. prép.
À cause de.
Du fait de. On la croyait moins vieille, à cause de ses cheveux bruns (FLAUBERT, Trois contes. Un Cœur simple, 1877, p. 64). On ne pouvait laisser les fenêtres ouvertes, à cause du bruit (R. ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, p. 865).
,,Pour l'amour de, en considération de`` (Ac. 1835-1932). À cause de lui; à cause de cela (Ac. 1835-1932).
Pour cause de (+ subst. de l'inanimé sans article, désignant le plus souvent des événements ou des phénomènes fréquents). En raison de. 229. Le mari pourra demander le divorce pour cause d'adultère de sa femme (Code civil, 1804, p. 43). Ce proviseur est un digne prêtre, il m'a conseillé de retirer mon petit fantassin pour cause de santé (BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 253) :
12. Je me rappelle distinctement (...) la visite du médecin, les sangsues qu'on me mit derrière l'oreille, l'inquiétude de ma mère, et la bonne congédiée pour cause d'ivrognerie.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 152.
SYNT. Expropriation pour cause d'intérêt public; (en parlant d'un magasin, d'une entreprise commerciale, etc.) fermé pour cause de décès, d'inventaire. Fermé pour cause de première communion (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Maison Tellier, 1881, p. 1183).
c) Loc. conj., vieilli. À cause que. Parce que :
13. Si les choses nous apparaissent en songe plus grandes, plus belles, plus touchantes ou plus terribles, c'est à cause qu'elles y sont mesurées à la puissance d'un sentiment délivré des liens de la raison.
MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 138.
2. Principe qui inspire une action, ce en vue de quoi on fait quelque chose; visée qui est à l'origine de. Synon. mobile, motif, raison :
14. ... pourquoi le frère tuait-il ainsi le frère?
JEPPO. — Je ne vous le dirai pas. La cause du meurtre est tellement abominable, que ce doit être un péché mortel d'en parler seulement.
HUGO, Lucrèce Borgia, 1833, I, part. 1, 1, p. 10.
15. Peut-être cette jeune fille [Sara] avait-elle été compromise par quelque cause provenant de l'avidité de sa mère (...) elle avait l'air si candide...
NERVAL, Les Illuminés, 1852, p. 205.
Sans cause. Sans raison, sans motif. C'étaient des épanchements sans fin, des gaietés sans cause (FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 1, 1869, p. 69). Vous tâcherez de combattre ses tristesses sans cause (GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, p. 300).
Loc. interjective. Et pour cause. Avec raison; pour un motif légitime. Quant à la couleur qui est partie de la peinture, vous faites semblant de la mépriser, et pour cause (E. DELACROIX, Journal, 1856, p. 12).
DROIT
♦ Avantage recherché, motif qui est à l'origine d'un contrat. Cause d'un contrat, d'une obligation. 1131. L'obligation sans cause, ou sur une fausse cause, ou sur une cause illicite, ne peut avoir aucun effet (Code civil, 1804, p. 204).
Loc. adv. À ces causes. Pour ces motifs; ,,en considération de ce qui vient d'être exposé`` (Ac. 1835-1932).
3. GRAMM. Complément circonstanciel de cause.
B.— Dans le domaine des sc. expérimentales. Ce qui, en tant que condition constante et nécessaire, a pour corrélation la production d'un phénomène. La même cause produit toujours le même effet :
16. [il s'agit de] saisir dans toutes les circonstances qui accompagnent la production du phénomène celle qui constitue réellement son déterminisme et qui doit être appelée sa cause prochaine.
C. BERNARD, Principes de méd. exp., 1878, p. 4.
Cause adéquate. Celle qui fournit une explication suffisante :
17. ... les traces cérébrales et les autres dispositifs corporels ne sont pas la cause adéquate des phénomènes de mémoire; ...
MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 472.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. causabilité. Synon. de causalité. J'ai détruit les principes de causabilité et de finalité, et quatorze doctrines philosophiques (AYMÉ, Brûlebois, 1926, p. 172).
Prononc. et Orth. :[ko:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 latinisme causa « raison, motif » (Rois, 37 ds T.-L.); 1174 être cause de qqc. (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, 5975, ibid.); 1348 à cause de (Coutumes Lille, éd. Roisin, p. 382); XVIe s. à cause que (CALVIN, Instit., II, p. 100 ds HUG.), réputé vieilli ds Lar. 19e; 1690 causes d'opposition (FUR.); 1740 agir en connoissance de cause (Ac.); 1803 pour cause d'adultère (CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, p. 558); 2. ca 1360 philos. « principe, origine de quelque chose » (ORESME, Eth., 21 ds LITTRÉ [en parlant de Dieu]); XVIe s. cause efficiente, finale (CALVIN, Instit., 616 ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. causa « cause, motif, raison » terme de philos.; spéc. au sens de « la cause première » ds la philos. stoïcienne; employé chez les aut. chrétiens en parlant de Dieu (St Augustin, ds TLL s.v., 663, 2).
STAT. — Cause1 et 2. Fréq. abs. littér. :21 768. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 38 142, b) 26 744; XXe s. : a) 27 098, b) 29 405.
BBG. — DUCH. 1967, § 12.1. — GALL. 1955, p. 416. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 242, 329. — KULAKOVA (S. A.). Le Processus de formation des loc. prépositives de cause. Leningradskij gos. pedagogiceskij institut im A. I Gercena. Ucenye zapiski. 1959, t. 112, pp. 79-90 [Cr. VILDÉ-LOT (I.). Fr. mod. 1965, t. 33, pp. 309-310]. — LA MÉNARDIÈRE (C. de). Le Fr. tel qu'on le parle. Fr. R. 1971, t. 44, p. 710. — LUTAUD (O.). Translation, trad., tradition. Empr. lex. au premier radicalisme angl. In : COLLOQUE DU CENTRE DE LEXICOL. POL. 1968. 26-28 avr. St-Cloud. Cah. lexicol. 1968, t. 13, n° 2, p. 58. — ROG. 1965, pp. 106-107, 135. — VERNAY (H.). Zu raison und cause im 16. Jahrht. Z. rom. Philol. 1962, t. 78, pp. 470-472.

cause [koz] n. f.
ÉTYM. XIIe; lat. causa, aux deux sens de « cause » et de « procès ». → Chose.
———
I Ce qui produit un effet.
1 (XIVe). Philos. et littér. Principe d'où une chose tire son être; le fait d'un être ( Agent, auteur, créateur), qui modifie un autre être (le détruit ou plus souvent le crée). Fondement, moteur, origine, principe; causal, causalité. || La cause suprême, souveraine, universelle : Dieu. || Cause première, au delà de laquelle on ne peut en concevoir d'autre. || Causes secondes, dérivant, procédant de la première. || Cause finale : but pour lequel chaque chose aurait été faite. Finalité. || Cause déterminante, efficiente, formelle; immédiate, instrumentale, matérielle, médiate, morale, occasionnelle, occulte, physique, prédisposante, préexistante, suffisante. || Des causes analogues produisent de mêmes effets. Déterminisme. || Analogie de cause à effet. || Causes et effets correspondants. Corrélation. || Enchaînement des causes et des effets.Connaissance, explication des causes premières. Métaphysique. || Rechercher, reconnaître, attribuer une cause. Étiologie; analyse.
1 La manière de démontrer est double : l'une se fait par l'analyse ou résolution, et l'autre par la synthèse ou composition. L'analyse montre la vraie voie par laquelle une chose a été méthodiquement inventée, et fait voir comment les effets dépendent des causes (…)
Descartes, Réponses aux 2mes objections.
2 Le ciel règle souvent les effets sur les causes (…)
Corneille, Pompée, V, 2.
3 Il pensait que la cause universelle, ordinatrice et première était bonne.
Diderot, Opinions des anciens philosophes, Pythagorisme, in Littré.
4 Un être suprême, intelligent, infini est la cause originaire de tous les êtres.
Voltaire, Traité métaphysique, II.
5 Si une horloge n'est pas faite pour montrer l'heure, j'avouerai alors que les causes finales sont des chimères (…) Toutes les pièces de la machine de ce monde semblent pourtant faites l'une pour l'autre.
Voltaire, Dict. philosophique, Causes finales, 2.
6 Oh ! demain, c'est la grande chose !
De quoi demain sera-t-il fait ?
L'homme aujourd'hui sème la cause,
Demain Dieu fait mûrir l'effet.
Hugo, les Chants du crépuscule, V, « Napoléon », II, 2.
7 Ce qu'il y a de merveilleux dans les affaires humaines, c'est l'enchaînement des effets et des causes.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, p. 25.
8 Vous me démontriez à la fois avec une dialectique irrésistible que toute hypothèse sur la cause première est un non-sens (…)
Paul Bourget, le Disciple, IV, II, p. 141.
9 « Je crois », articula Bœhm, « que pour bien expliquer les faits par les causes, la bonne méthode serait d'aller chercher les choses plus avant (…) »
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 122.
10 (…) les causes naissent indéfiniment les unes des autres, chaque cause étant l'effet d'une autre cause, et chaque effet, la cause d'autres effets.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 314.
2 (1170). Cour. Ce par quoi un événement arrive, une action se fait. Origine, motif, raison, 1. sujet (2.), et aussi 3. sujet (II.) || Il n'y a pas d'effet (de phénomène) sans cause (→ Pas de fumée [supra cit. 1] sans feu).À petite cause grands effets.(La, une cause de…). Ce qui produit, occasionne (qqch.). || Cause profonde, réelle; apparente. || Cause de bonheur, de succès, de réussite. || La cause qui fait naître un sentiment, une réaction. || Cause de douleurs, de maux. || Cause de désunion, de division, de troubles ( Semence, source). || La cause d'une guerre ( Casus belli). || Cause conférant un droit ( Titre). || Trouver la cause; indiquer la cause.
11 La cause de nos maux doit-elle être impunie ?
Corneille, Nicomède, V, 6.
12 On demande à Chloris la cause de sa peine :
Elle l'a dit; ce fut sans s'attirer de haine.
La Fontaine, Fables, Appendice, V, « Les Filles de Minée ».
13 Plût aux Dieux (…) que votre amant fidèle
Pût avoir de leur haine une cause nouvelle (…)
Racine, la Thébaïde, II, 2, var.
14 (…) ces étoiles extraordinaires dont on ignore les causes, et dont on sait encore moins ce qu'elles deviennent après avoir disparu (…)
La Bruyère, les Caractères, II, 22.
15 Si les effets matériels de quelques actions sont pareils à diverses époques, les causes qui les ont produits sont différentes.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 4.
16 La cause fait naître, elle est proprement efficiente. Le motif meut, pousse à vouloir, sollicite une cause libre à agir (…) Je sais la cause de votre affiction et le motif de votre démarche (…) Les raisons sont des motifs éclairés, des considérations (…)
Lafaye, Dict. des synonymes, Suppl., Cause.
17 On connaît toujours trop les causes de sa peine,
Mais on cherche parfois celles de son plaisir (…)
Sully-Prudhomme, Tendresses et Solitudes, « Joies sans causes ».
18 (…) cette anomalie donc dérivait, comme beaucoup d'apparentes singularités sentimentales de causes très simples.
Paul Bourget, Un divorce, III, p. 94.
19 Si grands qu'ils aient été, Cambon et Carnot ont été des administrateurs, non des gouvernants. Ils ont été des effets; Robespierre était une cause.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. VIII, le Gouvernement Révolutionnaire, p. 178.
20 (…) nous n'avons aucune puissance sur les passions tant que nous n'en connaissons pas les vraies causes.
Alain, Propos sur le bonheur, p. 7.
21 Aucune action humaine n'a de source unique, les motifs les plus divers se coalisent pour la nécessiter, elle est l'aboutissement de causes dissemblables et multiples, dont on ne voit que la plus sensibles ou la dernière.
Edmond Jaloux, Le jeune homme au masque, XIV, p. 225.
22 Je n'ose nommer qu'à présent la cause de ma gêne, de ma rougeur, de ma maladresse (…) elle se nomme timidité.
Colette, la Naissance du jour, p. 127.
23 Ces réformes-là, elles peuvent atténuer certains effets du mal : elles ne s'attaquent jamis aux causes !
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 225.
Être cause de.., être cause que… 1. Causer, occasionner, provoquer. || Vous serez cause, la cause de son bonheur, de sa gloire, de sa douleur, de sa perte, de sa mort. || Être la cause involontaire, innocente. || Les affaires qui me sont survenues sont cause que je n'ai pu aller vous voir (Académie).
24 (…) Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
La Fontaine, Fables, I, 5.
25 Approchez; je suis sourd : les ans en sont la cause.
La Fontaine, Fables, VII, 16.
26 Madame, les conquérants, Alexandre et les autres mondes sont causes de notre départ.
Molière, Dom Juan, I, 3.
27 (…) j'aurais un regret mortel, si j'étais cause.
Qu'il fût à mon cher maître arrivé quelque chose.
Molière, le Dépit amoureux, V, 2.
28 Elle en mourra, Phœnix, et j'en serai la cause (…)
Racine, Andromaque, II, 5.
29 Cette disposition acariâtre de la nation fut, il faut l'avouer, la cause de plusieurs des fautes dont on a fait peser la responsabilité sur le gouvernement de la Restauration.
Renan, Philosophie de l'Hist. contemporaine, I.
30 (…) l'argent est cause de tous les maux (…)
France (→ Argent, cit. 47).
Pour cause de… || Fermé pour cause de décès, d'inventaire. || Pour cause de santé.
Loc. prép. À cause de : par l'action, l'influence de. fam. Because. || À cause de lui : par sa faute. || À cause de cela.
31 Le rapport de cause est, dans le langage, intimement lié au rapport de suite dans le temps. Un fait qui s'est développé après un autre apparaît comme le résultat de cet autre. C'est le vieux sophisme : « Après cela, donc à cause de cela ».
F. Brunot, la Pensée et Langue, XXI, VI, p. 812.
32 « Après cela, donc à cause de cela » est souvent un axiome faux.
A. Maurois, Un art de vivre, I, 6, p. 27.
Par ext. || Je lui pardonne à cause de son âge. Considération (en), raison (en).
33 On est contraint parfois de souffrir leurs mauvaises qualités à cause des bonnes.
Molière, le Malade imaginaire, I, 6.
Loc. conj. Vieilli. À cause que. Parce que.
34 Sa naissance inconnue est peut-être sans tache :
Vous la présumez basse à cause qu'il la cache (…)
Corneille, Don Sanche, I, 1.
35 (…) le portrait, que j'ai laissé à moitié fait, à cause que je m'endormais.
Marivaux, la Vie de Marianne, V, p. 192.
3 Vieilli ou loc. Ce pour quoi on fait quelque chose. But, considération, intention, mobile, motif, objet, occasion, prétexte, raison, 3. sujet (II.). || Cause grave, juste, légitime. || Pour une cause légère, futile. || Pour une cause sérieuse.Pour la bonne cause : pour des raisons, des motifs honorables; (fam.) pour épouser. || Vous connaissez la cause qui m'a fait agir. || La cause du crime. Mobile.
36 S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce gland eût été gourde ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison;
J'en vois bien à présent la cause.
La Fontaine, Fables, IX, 4.
37 Pardonnez-moi, mais j'ai certaine cause
Qui me fait demander ce récit entre nous.
Molière, Amphitryon, II, 2.
38 Mais que, de gaieté de cœur,
On passe aux mouvements d'une fureur extrême,
Que sans cause l'on vienne (…)
Molière, Amphitryon, II, 6.
Mod. Sans cause; non sans cause : non sans raison.
39 De sa mort en ces lieux la nouvelle semée
Ne vous a pas vous seule et sans cause alarmée.
Racine, Mithridate, V, 4.
Et pour cause : pour des motifs évidents, qu'il n'est pas nécessaire ou opportun d'expliciter.
40 Venez, singe, parlez le premier, et pour cause.
La Fontaine, Fables, I, 7.
41 (…) Taisez-vous, et pour cause.
Molière, l'École des maris, III, 7.
41.1 Tous ces villages (…) sont à peu près déserts (à cause) de la crainte (…) que les blancs que nous sommes, suivis immédiatement du commandant ne parcourent le pays en vue de réquisitionner des hommes pour le chemin de fer, et de s'emparer d'eux par tous les moyens. Si grande que soit la gentillesse qu'on leur témoigne, ils se méfient, et pour cause.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 791.
4 Dr. || Cause d'une convention, d'une obligation : but en vue duquel une personne s'oblige envers une autre. Objet. || Cause licite.
42 Quatre conditions sont essentielles pour la validité d'une convention :
Le consentement de la partie qui s'oblige;
Sa capacité de contracter;
Un objet certain qui forme la matière de l'engagement;
Une cause licite dans l'obligation.
Code civil, art. 1108.
Cause illicite, immorale.
43 La cause est illicite, quand elle est prohibée par la loi, quand elle est contraire aux bonnes mœurs ou à l'ordre public.
Code civil, art. 1133.
Enrichissement sans cause. Enrichissement.
———
II
1 (V. 1120). Dr. Affaire, procès qui se plaide. || Bonne, mauvaise cause. || Cause douteuse, embrouillée. || Cause civile, criminelle. || Causes célèbres. || Appeler, déférer, évoquer une cause devant un tribunal. || Liste d'inscription des causes à juger. Rôle. || Confier une cause à un avocat (→ Bien-disant, cit.). || Se charger d'une cause. || Plaider, défendre, soutenir une cause. || Plaider sa cause. || Instruire, juger une cause. || Statuer sur une cause. || Séparation de deux causes. Disjonction. || Gagner une cause.Avoir, obtenir gain de cause, avoir cause gagnée : avoir l'avantage dans un procès, et, par ext., dans une affaire courante, une discussion. || Donner gain de cause.Perdre une cause. || La cause est en état, prête à être plaidée.La cause est entendue : les débats sont clos; (au fig.) il n'y a rien à ajouter, l'opinion est faite. || Cause non jugée, pendante, remise.En l'état de la cause; en tout état de cause : quoi qu'il en soit, de toute manière (→ Assistance, cit. 12), et, par ext., dans tous les cas. — ☑ Loc. fig. Pour les besoins de la cause. Besoin.
44 Devant certaine guêpe on traduisit la cause.
La Fontaine, Fables, I, 21.
45 Depuis tantôt six mois que la cause est pendante (…)
La Fontaine, Fables, I, 21.
46 L'homme, trouvant mauvais que l'on l'eût convaincu,
Voulut à toute force avoir cause gagnée.
La Fontaine, Fables, X, 1.
47 Quelques autres (…) ont payé l'amende pour n'avoir pas comparu à une cause appelée.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, Du débit des nouvelles.
48 Devant elle (la Justice) à grand bruit ils expliquent la chose;
Tous deux avec dépens veulent gagner leur cause.
Boileau, Épîtres, 2.
Cour. Affaire.
49 (…) Je voudrais m'en coutât-il grand'chose,
Pour la beauté du fait avoir perdu ma cause.
Molière, le Misanthrope, I, 1.
50 Achmet plaida avec larmes la cause de la raison, la cause même du simple bon sens (…)
Loti, Aziyadé, XIX.
51 (…) je vois en lui (M. de Montalembert) un orateur des plus distingués, l'avocat ou plutôt le champion, le chevalier intrépide et brillant d'une cause (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 5 nov. 1849.
51.1 Je crains que vous ne sachiez vous faire entendre de l'estimable gorille qui préside aux destinées de cet établissement (…) À moins que vous ne m'autorisiez à plaider votre cause, il ne devinera pas que vous désirez du genièvre.
Camus, la Chute, p. 7.
Fam. || Un avocat sans causes, sans clientèle.
En cause.Être en cause : être l'objet du débat, être partie au procès, et, par ext., à l'affaire dont il s'agit.Mettre en cause : appeler, citer au débat une personne qui est amenée à se défendre ou à témoigner. Appeler, citer, invoquer; accuser, attaquer, suspecter (→ fam. Dans le coup). || Être mis en cause.Mettre hors de cause : renvoyer de l'accusation, dégager de toute suspicion. Acquitter, disculper.Cela est hors de cause : il ne saurait en être question.Figuré :
52 (…) elle disait tout cela avec le détachement d'une personne qui invente un joli conte, mais ne saurait être mise en cause (…)
Loti, les Désenchantées, XXX, p. 178.
53 La personnalité du lecteur est alors directement mise en cause; car c'est lui dont le sentiment admettra ou rejettera certains faits, décidera ce qui est histoire et ce qui ne l'est point.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 15.
Remettre en cause (qqch.) : réexaminer de manière critique; mettre en cause une deuxième fois. Reconsidérer, réexaminer (→ Chambardement, cit. 1).Syn. : remettre en question (supra cit. 22). — ☑ Se remettre en cause : accepter de faire la critique de son comportement. — ☑ Remise en cause : réexamen critique.
53.1 (Ausonius) acquiert, sans effort, une patience infinie (…) Il reprend sa besogne, se montre comme toujours serviable et avenant, renonce à se remettre en cause, se dit que dans l'absolu il est aussi digne de considération qu'à ses propres yeux.
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 307.
53.2 (…) l'affection ne va pas jusqu'à la remise en cause de leurs propres lois morales. Ils sont conservateurs (…)
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 185.
En désespoir de cause : comme dernière ressource, tout autre moyen étant impossible.
En connaissance de cause : en connaissant les faits. || Agir, juger, parler en connaissance de cause, sans connaissance de cause.
54 Je (…) saurai déchaîner contre (mes ennemis) des zélés indiscrets, qui, sans connaissance de cause, crieront en public contre eux (…)
Molière, Dom Juan, V, 2.
55 Mon cher Gide, votre générosité vous honore, mais nous n'avons pas besoin de vos avertissements; nous agissons en toute connaissance de cause; ce qui vous choque, vous, ondoyant, c'est la droiture de notre ligne de conduite (…)
Gide, Journal, 7 janv. 1917.
2 (1549). Qualifié. Ensemble des intérêts à soutenir, à faire prévaloir. Intérêt, parti. || La bonne cause. || Une cause noble. || Une cause injuste. || La cause du prochain. || La cause du peuple. || La cause publique. || La cause de l'État. || Cause de l'Église, d'un parti. || La cause de l'humanité, de la justice, de la paix, de la science (→ Autopsie, cit. 2). || Embrasser, épouser, prendre en main une cause. || Rallier qqn à une cause. || Défendre, favoriser, servir, soutenir la cause de qqn. || Combattre, mourir pour une cause. || Faire triompher une cause.Abandonner une cause. || Une cause désespérée, perdue.
56 Mais je viens de savoir quel étrange malheur
D'un fils victorieux a suivi la chaleur,
Et que son trop d'amour pour la cause publique
Par ses mains à son père ôte une fille unique.
Corneille, Horace, V, 2.
57 Ils ont couvert leurs intérêts de la cause de Dieu (…)
Molière, Tartuffe, Préface.
58 Plus n'est question, dans ce monde furieux, de servir hautainement la cause de l'esprit ou celle de l'humanité.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XI, p. 149.
59 (…) derrière cette réserve dont elle ne se départait pas, il sentait palpiter une sensibilité sous pression, prête à épouser, et à servir, toute grande cause qui fût vraiment digne d'un sacrifice total.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 225.
Prendre fait et cause (pour qqn), prendre son parti, le défendre, le soutenir avec vigueur.
Faire cause commune (avec qqn), mettre en commun ses intérêts. Accord, association.
CONTR. Conséquence, effet, produit, résultat.
DÉR. 1. Causer.
COMP. Ayant cause.
HOM. Formes des v. 1. causer, 2. causer.

Encyclopédie Universelle. 2012.