grossier, ière [ grosje, jɛr ] adj.
1 ♦ (1555) Qui est de mauvaise qualité ou qui est façonné de manière rudimentaire. ⇒ brut, commun, gros (I, 8o), ordinaire. « de la mauvaise nourriture, du vin grossier » (Romains). Instrument grossier. ⇒ rudimentaire. Vêtement grossier.
♢ Qui manque de soin, de fini. Travail grossier (cf. Ni fait ni à faire). Dessin grossier. ⇒ informe. C'est une grossière imitation. ⇒ maladroit.
♢ (Abstrait) Qui manque d'élaboration, d'approfondissement, de précision. Solution grossière. ⇒ approximatif. Je n'en ai qu'une idée grossière. ⇒ élémentaire, imparfait, imprécis, sommaire, 3. vague.
2 ♦ Qui manque de finesse, de grâce. ⇒ épais, lourd. Visage aux traits grossiers. Attaches grossières.
3 ♦ Vx ou littér. Qui n'a pas été dégrossi, poli par la culture, l'éducation. Peuples grossiers. ⇒ barbare, fruste, inculte, primitif. Être grossier dans ses manières. ⇒ balourd, incivil, indélicat, inélégant, lourdaud, rustre (cf. Mal dégrossi). « Gens grossiers, sans esprit, à qui l'on n'apprend rien » (La Fontaine). ⇒ béotien, philistin.
♢ Par ext. Cour. Digne d'un esprit peu subtil, peu cultivé. ⇒ gros, maladroit. C'est une ruse grossière (cf. Cousu de fil blanc). Faute, erreur grossière. ⇒ grave, lourd. Ignorance grossière. ⇒ 1. crasse.
♢ Littér. Relatif à ce qui est bassement matériel, charnel. Préoccupations grossières. Plaisirs grossiers. ⇒ 2. animal, 1. bas, bestial.
4 ♦ Cour. Qui offense la pudeur, qui est contraire aux bienséances. Propos grossiers. ⇒ 2. cru, inconvenant, incorrect, malhonnête, obscène, ordurier, scatologique, trivial, vulgaire. Mot grossier. ⇒ malsonnant; gros (mot), grossièreté. Injure grossière. ⇒ insultant. Geste grossier.
5 ♦ (1690) Cour. (Personnes) Qui agit d'une manière contraire aux bienséances. « Il s'est montré grossier, violent, incorrect à tous points de vue » (Duhamel). Être grossier avec qqn. Un homme grossier envers les femmes. ⇒ discourtois, incorrect, insolent. Grossier personnage. ⇒ goujat.
⊗ CONTR. Fini, raffiné. Délicat, 1. fin, parfait, 1. précis. Civilisé, cultivé. Correct, décent, distingué, élégant; civil, courtois.
● grossier, grossière adjectif (de gros) Qui est rude et de mauvaise qualité, qui est fait de manière rudimentaire : Du tissu grossier. Qui n'est qu'ébauché, qui n'est pas affiné, approfondi : Je n'ai qu'une grossière idée de la question. Qui est fait sans soin, qui est mal fini : Lavage grossier. Se dit d'une partie du corps qui est épaisse, lourde : Des traits grossiers. Dont l'esprit et les mœurs manquent de raffinement, d'éducation, de culture ; qui dénote ces manques : Un esprit grossier. C'est un grossier personnage. Il a commis une grossière erreur. Qui témoigne de peu de finesse d'esprit ou d'un manque d'élaboration : Une ruse grossière. Qui choque les bienséances, la pudeur : Un langage grossier. Se dit d'une roche dont la taille du grain dépasse 2 mm. ● grossier, grossière (citations) adjectif (de gros) Victor Segalen Brest 1878-Huelgoat 1919 C'est grossier comme si souvent la vie dans son goût inné pour le tréteau […]. Peintures Plon ● grossier, grossière (expressions) adjectif (de gros) Topologie grossière, partie de P(E) formée de et E, qui est une topologie sur l'ensemble E. ● grossier, grossière (synonymes) adjectif (de gros) Qui est rude et de mauvaise qualité, qui est fait...
Synonymes :
- gros
Contraires :
- ciselé
- fignolé
- irréprochable
- léché
- parfait
- perlé
- soigné
Qui n'est qu'ébauché, qui n'est pas affiné, approfondi
Synonymes :
- élémentaire
- primitif
- sommaire
Contraires :
- élaboré
- exact
- précis
Se dit d'une partie du corps qui est épaisse, lourde
Synonymes :
- lourd
- massif
Contraires :
- délicat
- fin
Dont l'esprit et les mœurs manquent de raffinement, d'éducation, de...
Synonymes :
- fruste
- goujat
- inculte
- malotru
- pignouf (populaire)
- rustique
- rustre
Contraires :
- civilisé
- courtois
- cultivé
- éduqué
- galant
- raffiné
Qui témoigne de peu de finesse d'esprit ou d'un manque...
Synonymes :
Qui choque les bienséances, la pudeur
Synonymes :
- choquant
- cru
- gras
- obscène
- trivial
Contraires :
- correct
- décent
grossier, ère
adj.
d1./d Sans raffinement, de mauvaise qualité, de fabrication rudimentaire. Des vêtements grossiers.
d2./d Sommaire, imparfait. Nettoyage grossier. Imitation grossière.
d3./d Rude, inculte. Une population grossière.
d4./d Qui relève d'une certaine ignorance; flagrant. Des fautes grossières.
d5./d Qui choque en contrevenant à la bienséance. Vocabulaire grossier. Quel grossier personnage!
⇒GROSSIER, -IÈRE, adj.
A. — Qui est constitué d'une matière médiocre ou dont la fabrication est rudimentaire. Métal, pain, tissu, vêtement grossier; laine, nourriture, pierre grossière. Là, rien n'attestait les choses de la vie, il ne s'y trouvait même pas le moindre ustensile nécessaire à la préparation des aliments les plus grossiers (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 19). Ses moustaches, poissées d'un cosmétique grossier, ressemblaient à une brochette dont on lui eût traversé la lèvre supérieure (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 348). Alors elle se décida, et, relevant sa robe, montra une forte jambe de vachère, mal serrée en un bas grossier (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1187) :
• 1. On s'est massacré dans la chapelle. Le dedans, redevenu calme, est étrange. On n'y a plus dit la messe depuis le carnage. Pourtant l'autel y est resté, un autel de bois grossier adossé à un fond de pierre brute.
HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 370.
— Dont la façon, l'exécution manquent de soin, de fini. Bijou grossier; meuble d'un travail grossier; architecture, sculpture grossière; ébauche, imitation grossière. Autour de nous, rien que des choses d'autrefois, pauvres et primitives. Des chapelets très grossiers sont suspendus aux pierres brutes, au granit des murs (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 416). L'abside de l'église de Combray, peut-on vraiment en parler? Elle était si grossière, si dénuée de beauté artistique et même d'élan religieux (PROUST, Swann, 1913, p. 62) :
• 2. Le domaine propre du dessin, au contraire, c'est l'instantané, c'est-à-dire le mouvement et l'action. Et un enfant, par un dessin grossier, peut bien faire comprendre qu'un cheval galope, ou qu'un homme court...
ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 279.
♦ En partic. Dont l'exécution ne réclame aucune finesse. Ce qui l'attendait si elle épousait un garçon comme Eutrope Gagnon, une vie de labeur grossier dans un pays triste et sauvage (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 193) :
• 3. ... il eût été difficile de dire le rang que Caroline occupait dans la maison. Elle ne se livrait point à de grossiers travaux domestiques; ses mains blanches le disaient assez : pourtant Caroline était habituellement éveillée, comme la bonne, à cinq heures l'été, à six heures l'hiver.
GOZLAN, Notaire, 1836, p. 5.
— P. ext.
1. [En parlant d'une chose abstr.] Dont l'élaboration est imparfaite, approximative. Analyse, notion, solution grossière; n'avoir, ne donner qu'une idée grossière de qqc. Comme il avait surpris (...) un désir d'être différent et indépendant, il me proposa la domination. Grossière psychologie (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 210). La perception sensible la plus grossière, (...) celle qui est dévolue à l'enfant ou à l'idiot (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 526). L'imagination grossière du Moyen Âge a placé Satan dans un royaume de flammes et de cris (ROMAINS, Copains, 1913, p. 200) :
• 4. Le mécanisme de l'imagination que nous proposons est certainement très grossier, très imparfait, mais il est grossier uniquement parce qu'il est schématique, non parce qu'il est faux.
RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 180.
2. [En parlant d'une pers. sous son aspect physique] Qui manque de finesse, de grâce. Visage aux traits grossiers; attaches, mains grossières. Un gros homme, demi-paysan, demi-bourgeois, à figure grossière, bourgeonnée, mais pleine de bonhomie (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 142) :
• 5. C'est un jeune homme vulgaire, presque grossier. Ses cheveux bruns et mal peignés entourent confusément son front étroit; son œil noir s'enfonce sous des sourcils épais; son nez, gros et charnu, s'avance au-dessus d'une large bouche qui surmonte un menton osseux...
DU CAMP, Hollande, 1859, p. 23.
B. — Qui n'a pas été affiné par la civilisation, l'éducation, la culture. Public grossier; dehors, gens grossiers; manières, mœurs grossières. Peuples grossiers (CHÉNIER, Poèmes, Amérique, 1794, p. 112). Siècle grossier (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 23). Le père de l'ouvrier lettré, plus grossier et plus lourd, inférieur de tant de manières, avait néanmoins plus d'un avantage sur son fils (MICHELET, Peuple, 1846, p. 105). Au monastère d'Assise, un moine avait un accent grossier, qui puait sa Calabre. Ses compagnons se moquaient de lui (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 55) :
• 6. On a vu des criminels qui tout dégouttans encore de meurtre, se faisaient scrupule de manger de la viande le vendredi; et les esprits grossiers, à qui l'on a persuadé que le plus grand des crimes consiste à désobéir aux pratiques ordonnées par l'Église, épuisent leur conscience sur ce sujet...
STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 154.
— P. ext. Qui est le fait d'une personne sotte, naïve ou peu subtile. Mensonge, piège, stratagème grossier; manœuvre, ruse grossière. Les Barricini (...) étaient les ennemis de sa famille, mais il fallait les préjugés grossiers de ses compatriotes pour leur attribuer un assassinat (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 73).
♦ Qui dénote beaucoup d'ignorance. Faute, illusion grossière. Tous les traducteurs d'Homère qui ont introduit le mot vous dans le dialogue ont fait un grossier contre-sens. Les Grecs se sont toujours tutoyés et ils se tutoieront toujours (ABOUT, Grèce, 1854, p. 58). Croyez-vous donc encore que la science et la philosophie nient le surnaturel? Erreur, mon jeune ami : erreur grossière (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1380).
Ignorance grossière. Profonde ignorance. J'interrogeai les prêtres si renommés dans la science des choses du ciel et des traditions de la terre (...). Retombés dans une grossière ignorance, ils n'entendent plus la langue hiéroglyphique (CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 119).
— En partic. Relatif aux réalités matérielles, charnelles, par opposition aux réalités spirituelles. Matérialisme grossier, appétits, désirs grossiers; préoccupations grossières. Un jouisseur grossier (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 238). Un plaisir à la fois grossier parce qu'il reposait sur un bien-être matériel et délicat parce que derrière lui s'estompait une pure vision (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 89) :
• 7. ... une âme prosaïque, c'est-à-dire lente et timide pour tout ce qui est délicat, et ne sentant avec passion que les intérêts grossiers de la vie : l'amour des écus, l'orgueil d'avoir de beaux chevaux, les désirs physiques, etc.
STENDHAL, Amour,1822, p. 301.
C. — Qui est contraire à la bienséance, ou à la décence. Geste, langage, rire grossier; mots, propos grossiers; conversation, histoire, plaisanterie grossière; injures, manières grossières. Bosch redit sans cesse l'obsession des instincts qui sollicitent l'homme et compromettent son salut (...). Le détail grossier, voire scatologique, abonde (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 323).
— [En parlant d'une pers.] Qui agit d'une manière contraire à la bienséance. Muche, à sept ans, était un petit bonhomme joli comme un ange et grossier comme un roulier. Il avait (...) une bouche pure qui sacrait, qui disait des mots gros à écorcher un gosier de gendarme (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 724). Tu crois qu'en refusant d'aller dans le monde et en étant grossière avec les gens tu échappes à ta classe : tu es une bourgeoise mal léchée, c'est tout (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 180) :
• 8. On ne dérange pas un homme qui dort, pour rien du tout, surtout que c'est la dixième fois. Cet enfant est fort comme un Turc et il est toujours sur le point de mourir à trois heures du matin! (...) Alors, quoique je ne sois pas grossier, puisque je suis docteur et membre de l'Académie de Marseille, je dis merde! et je n'ajoute pas un mot de plus.
PAGNOL, Fanny, 1932, III, 14, p. 211.
♦ Grossier personnage. Individu mal élevé, indélicat :
• 9. ... Fontan avait mis à la porte Madame Lerat, en disant qu'il ne voulait plus la rencontrer chez lui (...). Aussi ne tarissait-elle pas contre ce grossier personnage. Elle lui reprochait surtout d'être mal élevé, avec des mines de femme comme il faut, à qui personne ne pouvait en remontrer sur la bonne éducation.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1308.
C. — (vx)Marchand grossier ,,Cette locution vieillit : on dit marchand en gros`` (LITTRÉ). Cf. également grossiste.
REM. Grossiérisé, -ée, adj. Rendu grossier, cf. supra B. Ils interprètent à contre sens la classification de Comte (...). Non pas seulement à contre sens. Mais à sens diminué. À sens grossier, grossiérisé (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 816).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1260 « ouvrier en fer travaillant de grosses pièces » (E. BOILEAU, Métiers, 44 ds T.-L.) cf. aussi charpentier grossier « ouvrier charpentier travaillant le gros œuvre » (ID., ibid., 106, ibid.); 2. 1305 « commerçant en gros » (Lett. pat. de Phil. le Bel, Annuaire de la boulangerie des arrond. de St Denis et de Sceaux, p. 207, Paris 1856 ds GDF.). B. Adj. 1. 1550 « rustre, inculte, primitif » grossiere multitude (RONSARD, Bocage, II, 104, éd. P. Laumonier, Œuvres, t. 2, p. 161); 2. 1555 « façonné sans finesse, rustique » grossiere laine (ID., Hymne des astres, 146, ibid., t. 8, p. 156); 3. 1604 « qui est l'effet d'un manque d'habileté, de finesse ou d'intelligence » grossière erreur (MONTCHRESTIEN, Hector, éd. Petit de Julleville, Tragédies, p. 6 ds IGLF); 4. fin XVIIe s. « choquant, qui tourne à l'obscénité » (ST EVREMONT, Œuvres mêlées, t. 3 ds RICH. 1710). Dér. de gros1 adj.; suff. -ier. B, attesté indirectement par grossièrement au XIVe s., l'est en a. prov. dès le début XIIe s. (jogarun joc grosser « jouer gros jeu » ds Guillaume de Poitiers, éd. Pasero, VI, 45) mais il est difficile d'établir le cheminement d'un empr. du fr. à l'a. prov. (cf. FEW t. 4, p. 280a, note 52). Fréq. abs. littér. : 2 821. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 863, b) 3 754; XXe s. : a) 4 558, b) 3 092. Bbg. DELB. Matér. 1880, p. 159.
grossier, ière [gʀosje, jɛʀ] adj.
ÉTYM. XIIe; de gros.
❖
———
I Vx.
1 Charpentier grossier, travaillant le gros œuvre.
———
II Mod.
1 (1555). Qui est de basse qualité, de peu de valeur, ou qui est façonné rudimentairement. ⇒ Brut, commun, ordinaire. || Matière grossière. || Calcaires grossiers, plus ou moins impurs et mélangés de silice ou d'argile. || Instrument grossier. ⇒ Rudimentaire. || Laine grossière (→ Cape, cit. 1). || Drap, tissu grossier. || Vêtement grossier (→ Dame, cit. 14). || Nourriture grossière. || Un grossier pain de seigle.
1 Le sec et grossier pain d'avoine qui est la principale nourriture du pauvre paysan savoyard (…)
H. de Saussure, Voyage dans les Alpes, I, p. 344.
2 (…) il était convaincu qu'on y donne de la mauvaise nourriture, du vin grossier (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 201.
♦ Qui manque de soin, de fini. || Travail grossier. ⇒ Imparfait, sommaire; → Ni fait ni à faire. || Savonnage, essorage grossier. || Dessin grossier. ⇒ Informe; → Cadre, cit. 1. || Grossière ébauche (cit. 1). || Meuble, bijou d'un travail grossier. || Grossière imitation. — (Abstrait). Qui manque d'élaboration, d'approfondissement, de précision. || Solution grossière. ⇒ Approximatif; → Expédient, cit. 9. || Je n'en ai qu'une idée grossière. ⇒ Élémentaire, imparfait, imprécis, vague. || Cette brochure ne vous en donnera qu'une première idée bien grossière.
3 Toute politique, même la plus grossière, suppose une idée de l'homme, car il s'agit de disposer de lui, de s'en servir, et même de le servir.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 72.
2 (1690). Qui manque de finesse, de délicatesse, de grâce (en parlant des traits, des formes d'une personne). ⇒ Épais, gros, lourd, massif, mastoc. || Visage aux traits grossiers, qui semble taillé à coups de serpe. || Une personne forte, épaisse, aux formes grossières. || Mains, attaches grossières.
3 (1550). Vx ou littér. (Personnes, esprits…). Surtout après le nom. Qui n'a pas été dégrossi, poli par la culture, l'éducation, la civilisation. || Peuple grossier. ⇒ Barbare, fruste, inculte, primitif, rude. || Gens grossiers, peu raffinés (→ Abject, cit. 2; amusement, cit. 8; avilir, cit. 25; équivoque, cit. 5). || Public grossier qui n'apprécie pas le beau (→ Amusant, cit. 5). — Qui témoigne de grossièreté. || Les mœurs, les manières grossières d'un campagnard. ⇒ Agreste, rustique, sauvage, vulgaire. || Grossière âpreté (cit. 6) des mœurs. || Âme basse et grossière (→ Bas, cit. 24). || Esprit grossier des vulgaires humains (→ Droit, cit. 14). || Homme grossier dans ses manières. ⇒ Balourd, dégrossi (mal dégrossi), incivil, indélicat, inélégant, lourdaud, paysan, rustaud, rustre; → aussi Brute, butor, charretier, crocheteur, faraud (cit. 1), goujat, huron, malappris, malotru, manant, maroufle, mufle, pignouf, ostrogoth, wisigoth; ours mal léché, cheval (de carrosse…). (REM. Une bonne part de ce champ sémantique est formé de termes vieillis, comme grossier lui-même, dans ce type d'emplois.) — Homme grossier d'esprit. ⇒ Béotien, philistin; → Avoir l'esprit enfoncé dans la matière. || Devenir moins grossier. ⇒ Décrasser (se), dégrossir (se).
4 La plupart des jeunes gens croient être naturels lorsqu'ils ne sont que mal polis et grossiers.
La Rochefoucauld, Maximes, 372.
5 (…) Vous n'êtes que racaille,
Gens grossiers, sans esprit, à qui l'on n'apprend rien.
La Fontaine, Fables, VIII, 21.
6 Nos pères, tout grossiers, l'avaient (le goût) beaucoup meilleur (…)
Molière, le Misanthrope, I, 2.
♦ (1604). Cour. (Avant ou après le nom). Digne d'un homme peu évolué, d'un esprit simple, peu subtil, peu cultivé. ⇒ Gros, maladroit. || Grossier artifice (cit. 8). || Manœuvre, ruse grossière (→ Cousu de fil blanc). || Ce mensonge grossier n'a trompé personne. || Le piège grossier des sens (→ Erreur, cit. 8), des mots (→ Fallacieux, cit. 5). || Grossière illusion. || Faute (cit. 32), erreur grossière. ⇒ Balourdise, lourderie. || Grossière confusion, grossier contresens. || Ignorance grossière. ⇒ Crasse.
7 Faut-il, Monsieur, qu'une personne comme vous s'amuse à ces grossières feintes ?
Molière, le Médecin malgré lui, I, 5.
8 (…) un enchaînement d'erreurs et d'illusions, aussi grossières que le peut être une illusion d'optique : le bâton brisé dans l'eau, par exemple, ou mieux le rocher qui paraît monter sous les eaux de la cascade.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 123.
♦ Littér. (L'antéposition est possible, mais plus rare et stylistique). Relatif à ce qui est bassement matériel, charnel, par opposition à ce qui concerne l'esprit. || Un bien-être grossier et stupide. ⇒ Matériel; → Élancement, cit. 3. || Préoccupations grossières (→ Assouvissement, cit. 2). || Plaisirs grossiers. ⇒ Animal (cit. 2), bas, bestial, charnel, sensuel. || Amour grossier (→ Civilisation, cit. 4). || Débauche grossière. ⇒ Crapule. || Appétits, désirs grossiers.
9 Vous, du côté de l'âme et des nobles désirs,
Moi, du côté des sens et des grossiers plaisirs (…)
Molière, les Femmes savantes, I, 1.
4 a (Fin XVIIe, Saint-Évremond). Cour. (Après le nom). Qui offense la pudeur, qui est contraire aux bienséances. || Propos grossiers. ⇒ Bas, blessant, choquant, cochon, cru, dégoûtant, inconvenant, malhonnête, malséant, malsonnant, obscène, ordurier, trivial, vulgaire. || Terme, mot grossier. ⇒ Gros (mot), grossièreté, juron. || Injure grossière. ⇒ Insultant; → Cordialement, cit. 4. || Dire des mots grossiers. ⇒ Injurier, insulter, jurer; → Être mal embouché. || Raconter des choses grossières. → Dire des horreurs. || Histoire, plaisanterie grossière. ⇒ Gaulois, poivré, salé; → Plaisanterie de corps de garde. || Équivoque (cit. 16) grossière. || Appellation grossière (→ Fille, cit. 39). || Faire des choses grossières, des gestes grossiers (→ Délicatement, cit. 3). || Il est très grossier.
10 (…) tous ces seigneurs de la cour, qui n'étaient pas tout à fait dans l'habitude d'être grossiers et de voir chez le roi des joyeusetés aussi libres (…)
Beaumarchais, le Barbier de Séville, Notice.
11 J'ai même un grand goût pour les histoires libertines, si elles sont spirituelles et point grossières.
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XXXVII.
b (1690, Furetière). Cour. (Personnes). Qui agit d'une manière contraire aux bienséances. || Un homme grossier envers les femmes. ⇒ Discourtois, effronté, impoli, incorrect, insolent; → De mauvaise compagnie. || Mari grossier et brutal (→ Félin, cit. 3). || Femme grossière. ⇒ Harengère, poissarde.
12 Il s'est montré grossier, violent, incorrect à tous points de vue. J'ai pris sur moi de lui fermer la porte au nez et de le laisser dehors tant qu'il sera dans cet état.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, XV.
♦ ☑ Loc. (Grossier antéposé). Grossier personnage : personne qui fait montre de grossièreté (souvent en appellatif ou apostrophe).
❖
CONTR. Achevé, fignolé, fini, ouvragé, raffiné, recherché, travaillé. — Délié, délicat, fin, mignon. — Parfait, précis. — Aristocratique, civilisé, cultivé, éduqué, évolué, poli, raffiné. — Élevé, éthéré, léger, subtil. — Correct, décent, distingué, élégant. — Aimable, avenant, civil, complaisant, courtois.
DÉR. Grossièrement, grossièreté.
Encyclopédie Universelle. 2012.