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paraître

paraître [ parɛtr ] v. intr. <conjug. : 57>
pareistre 980; bas lat. parescere, class. parere
IDevenir visible.
1Se présenter à la vue. apparaître. « lorsque au matin le jour vient à paraître » (Musset). poindre, 2. pointer. « La canne levée retomba [...] sur le front et les tempes jusqu'à ce que le sang parût » (Green).
Fig. Venir au jour. Les premières roches qui ont paru sur la croûte terrestre. Lorsque cette institution parut. éclore, naître.
(Personnes) se montrer. « Lorsque l'enfant paraît » (Hugo ). « La porte de la chambre s'ouvrit. Elle parut, et vint à lui » (Maupassant).
2(1677) Être mis en vente, livré au public (publications). Faire paraître un ouvrage. éditer, imprimer, publier. Les « Fleurs du mal » ont paru en juin 1857. Son nouveau roman est paru, vient de paraître. À paraître prochainement. Nouveautés parues ce mois-ci. Faire paraître un décret au Journal officiel (cf. Rendre public).
Impers. Il va paraître, il a ou il est paru une nouvelle édition de cet ouvrage.
II(XVIe) Être visible, être vu.
1Vieilli ou littér. Se voir. Une substance à travers laquelle les objets paraissent. transparaître.
Mod. (avec un adv. ou à la forme négative) Vous aurez beau frotter cette tache, il en paraîtra toujours qqch. « Dans quelques jours il n'y paraîtra plus » (Maupassant).— FAIRE, LAISSER PARAÎTRE : rendre visible, laisser voir. ⇒ manifester, montrer. Laisser paraître ses sentiments.
2Se montrer dans des circonstances où l'on doit remplir quelque obligation. Il n'a pas paru à son travail depuis deux jours. Bien que « sa fortune lui permît de paraître avantageusement à la cour » (Musset).
Paraître en justice. comparaître. Paraître en public, sur scène, à l'écran. se produire.
3Absolt Se donner en spectacle, se faire remarquer. briller. « Elle aimait un peu trop paraître » (France).
III V. « d'état » (XVIe) Être vu sous un certain aspect. sembler.
1(Avec un attribut du sujet) Sembler, avoir l'air. Il paraît satisfait. Ses nattes la font paraître plus jeune que son âge. « La blessure qui n'avait pas paru grave, mit longtemps à guérir » (Romains). Minutes qui paraissent interminables.
Donner (à qqn) l'impression d'être. Je vais vous paraître vieux jeu. Cela me paraît louche. « Hermann à mes côtés me paraissait une ombre » (Hugo).
2(Semi-auxil., devant un inf.) Il paraît douter de lui-même. « elle les laissait venir, sans qu'elle parût remarquer leur présence » (R. Rolland).
Paraître (avoir) trente ans. 1. faire. Ne pas paraître son âge.
3Spécialt (opposé à « être effectivement ») Se faire passer pour. « les uns veulent paraître ce qu'ils ne sont pas; les autres sont ce qu'ils paraissent » (La Rochefoucauld). « Il s'agit d'être grand, et non de le paraître » (R. Rolland).
Absolt Se donner une apparence flatteuse (cf. Se faire valoir). Être et paraître.
4Impers. sembler. Littér. Il me paraît que (et indic. ou condit.) :j'ai l'impression que... « Il me paraît qu'on devrait [...] admirer l'inconstance [...] des hommes » (La Bruyère).Il ne paraît pas que (et subj.). Il ne leur paraissait pas que le départ fût proche. Il paraît (et adj. attribut) de (et inf.). Il paraît nécessaire d'agir ainsi. Il paraît (et adj.) que (et indic. pour exprimer l'idée de certitude; et subj., l'hypothèse ou la négation). Il paraît évident qu'on va augmenter les impôts. Il (me) paraît préférable que vous sortiez. Il ne me paraît pas certain qu'il vienne. Il paraît douteux qu'il vienne.
Spécialt (1636) IL PARAÎT, IL PARAÎTRAIT QUE (et indic.) :le bruit court que. « Il paraît qu'à Verdun il meurt plus de cinq mille hommes par jour » (Romains).Pop. Paraît que, paraîtrait que (et indic.). Paraît qu'il a trouvé du travail. (En incise) PARAÎT-IL . Le charmant roi mage « avec lequel on lui avait trouvé autrefois — paraît-il — une grande ressemblance » (Proust).À ce qu'il paraît : selon ce qu'on dit, selon les apparences. « Vous vous révoltez, à ce qu'il paraît » (Zola).
IV N. m. (1775) Philos. ou littér. Le paraître : l'apparence. L'être et le paraître. « Nous autres, pauvres comédiens, [...] à défaut de l'être nous avons au moins le paraître » (Gautier). ⊗ CONTR. 1. Cacher (se), disparaître. ⊗ HOM. Parais :parais (parer); paraissent :paresse (paresser).

paraître verbe intransitif (latin populaire parescere, du latin classique parere) Apparaître, poindre : Dès que le soleil paraîtra. Se montrer, se présenter quelque part : Elle parut sur le seuil de la porte. Il n'est pas paru au bureau depuis huit jours. Se faire remarquer intentionnellement, se donner en spectacle, briller (à l'infinitif surtout) : Le désir de paraître. Être publié, être mis en vente, en parlant d'un ouvrage : Faire paraître une nouvelle édition d'un ouvrage. Être publié, être diffusé, en parlant d'une information : La nouvelle est parue dans le journal. (auxiliaire avoir) Donner l'impression d'être ; sembler : Il (me) paraît nerveux. Le voyage m'a paru long. (auxiliaire avoir) Donner l'impression d'avoir tel âge : Elle ne paraît pas son âge.paraître (citations) verbe intransitif (latin populaire parescere, du latin classique parere) Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 Retire-toi dans toi, parais moins, et sois plus. Les Tragiques Claude Aveline Paris 1901-Paris 1992 Un jour par an, le Mardi gras par exemple, les hommes devraient retirer leur masque des autres jours. Avec toi-même, etc. Mercure de France Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Paraissez, Navarrais, Mores et Castillans. Le Cid, V, 1, Rodrigue André Gide Paris 1869-Paris 1951 On ne peut à la fois être sincère et le paraître. L'Immoraliste Mercure de France Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 J'ai l'habit d'un laquais et vous en avez l'âme. Ruy Blas, V, 3, Ruy Blas Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Le peuple n'a guère d'esprit et les grands n'ont point d'âme : celui-là a un bon fond et n'a point de dehors ; ceux-ci n'ont que des dehors et qu'une simple superficie. Faut-il opter ? Je ne balance pas, je veux être peuple. Les Caractères, Des grands François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 On se console souvent d'être malheureux par un certain plaisir qu'on trouve à le paraître. Maximes Guy de Maupassant château de Miromesnil, Tourville-sur-Arques, 1850-Paris 1893 Quand on a le physique d'un emploi, on en a l'âme. Mont-Oriol André Pieyre de Mandiargues Paris 1909-Paris 1991 La nature du monde change-t-elle, ou bien est-ce la véritable nature qui triomphe de l'apparence ? Dans les années sordides Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Tout système est une entreprise de l'esprit contre lui-même. Une œuvre exprime non l'être d'un auteur, mais sa volonté de paraître, qui choisit, ordonne, accorde, masque, exagère. Variété, Une vue de Descartes Gallimardparaître (difficultés) verbe intransitif (latin populaire parescere, du latin classique parere) Conjugaison Paraître se conjugue avec l'auxiliaire avoir. Dans le sens de « être publié » (ce livre a paru, ce livre est paru), il peut se conjuguer avec avoir ou avec être, mais les deux constructions expriment des nuances de sens différentes. Celle avec avoir présente l'action, celle avec être insiste davantage sur le résultat. Ainsi, on dira plutôt le roman a d'abord paru en feuilleton dans une revue mais le dernier volume de la série est enfin paru. Toujours un accent circonflexe sur le i devant un t : il paraît, il paraîtra. Sens 1. Paraître / apparaître. Les deux verbes n'ont pas tout à fait le même sens. Employé avec un adjectif, le premier exprime une impression, le second un constat. Le projet paraît réalisable = il a l'air réalisable, probablement est-il réalisable. Le projet apparaît réalisable = il est manifestement réalisable, il n'y a pas de raison de douter qu'il soit réalisable. 2. Paraître / sembler : employé avec un adjectif, paraître décrit de manière neutre l'aspect, l'apparence : il paraît jeune (et il l'est, pour autant qu'on sache). Sembler laisse entendre que la réalité pourrait ne pas correspondre à l'apparence : il semble jeune (mais peut-être est-il plus vieux qu'il ne paraît). Registre Paraît-il / à ce qu'il paraît. À ce qu'il paraît est familier et appartient à la langue parlée. À l'écrit et dans l'expression soignée, on utilisera de préférence paraît-il. ● paraître (expressions) verbe intransitif (latin populaire parescere, du latin classique parere) À ce qu'il paraît, paraît-il, selon les apparences, selon ce qu'on dit. Il paraît que, on dit que : Il paraît que vous avez été malade ? Il paraît + adjectif de, que, les circonstances semblent indiquer que ; il semble : Il paraît nécessaire d'insister. Il y paraît, cela se remarque (souvent en phrase négative) : Il a été souffrant, mais il n'y paraît plus. Il paraîtrait que, le bruit court que : Il paraîtrait que la situation est catastrophique. Laisser paraître ses sentiments, les manifester, les laisser voir sur le visage. ● paraître (homonymes) verbe intransitif (latin populaire parescere, du latin classique parere)paraître (synonymes) verbe intransitif (latin populaire parescere, du latin classique parere) Apparaître, poindre
Synonymes :
- apparaître
- éclore
- faire (familier)
- montrer son nez (familier)
- naître
Contraires :
- disparaître
Se montrer, se présenter quelque part
Synonymes :
- se présenter
Se faire remarquer intentionnellement, se donner en spectacle, briller (à...
Synonymes :
- plastronner (familier)
Donner l'impression d'avoir tel âge
Synonymes :
- avoir l'air
Laisser paraître ses sentiments
Synonymes :
- déployer
- étaler
- faire montre de
paraître nom masculin singulier (de paraître) Littéraire. Manière d'être envisagée du point de vue de l'apparence : Vivre sur le mode du paraître.

paraître
v. (et n. m.)
aA./a v.
rI./r v. intr.
d1./d Commencer à être visible, à exister; apparaître. Elle lisait toujours lorsque le soleil parut. "Lorsque l'enfant paraît, adieu le ciel et la patrie et les poètes saints!" (V. Hugo).
d2./d Se montrer, être visible. Son chagrin paraît, bien qu'elle le cache.
Dans une heure, il n'y paraîtra plus, cela ne sera plus visible, sensible.
d3./d Se montrer, manifester sa présence alors qu'on est attendu. Paraître sur la scène.
d4./d être publié, mis en vente. Son dernier livre vient de paraître.
|| (Emploi impers.) Il paraît chaque jour plusieurs journaux.
d5./d Paraître (+ attribut du sujet ou inf.): avoir l'apparence de, sembler. Ton histoire me paraît bizarre. Il paraît souffrir.
d6./d Absol. Briller, se faire remarquer. Il cherche trop à paraître.
rII./r v. impers.
d1./d Il paraît, il paraîtrait que: on dit que, le bruit court que.
(En propos. incidente.) Son frère, paraît-il, va se marier.
d2./d Il (me, te,...) paraît: il (me, te,...) semble.
aB./a n. m. PHILO Le paraître: l'apparence.

I.
⇒PARAÎTRE1, verbe intrans.
I. —Devenir visible.
A. —Qqc. paraît
1. Se présenter à la vue, soudainement ou progressivement. Les fleurs mâles du coudrier, qui paraissent dès l'hiver, se manifestent sous la forme de chenilles suspendues aux branches (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.323). Au-dessus des saules paraissait une fumée blanche qui quelquefois s'élevait dans le ciel en tournoyant (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.39). Sa voix tremblait, des larmes parurent dans ses yeux (ZOLA, Débâcle, 1892, p.488).
En partic. [Le suj. désigne un astre] Apparaître à l'horizon. Synon. se lever. Une première étoile parut sitôt le jour retiré (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.35).
♦[P. méton.] Le jour paraît. Le ciel, de lilas très pâle, pâlit encore, et tout à coup une immense déchirure jaune le fendit à l'est. L'aube parut dans le désert vide (BENOIT, Atlant., 1919, p.315).
Au fig.
♦Commencer à exister, venir au jour. Synon. éclore, naître. Avec la sensibilité paraît la conscience à un degré quelconque, et tous les rapports possibles, antérieurs comme postérieurs, viennent dès lors se centraliser sous la catégorie de personnalité (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p.VII).
♦Être manifeste, être mis en évidence. Synon. éclater, surgir, ressortir. La vérité du sentiment paraissait dans les regards de Sara (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.15). S'ils proclamaient leurs objectifs avec cette franchise où paraissent les objectifs mêmes de la révolution qui les menace... (NIZAN, Chiens garde, 1932, p.116).
2. Domaine de la commun.
a) [Le suj. désigne une production] Être publié, mis en vente, être livré au public. (Livre) à paraître, qui vient de paraître; paraître le jeudi. Une Saison en Enfer, parue à Bruxelles, 1873, chez Poot et Cie, 37, rue aux Choux, sombra corps et biens dans un oubli monstrueux (VERLAINE, OEuvres compl., t.4, Poètes maud., 1884, p.34). Samedi 8 décembre. Ce matin a paru à la librairie Quantin l'édition illustrée de l'Histoire de la société française pendant la Révolution (GONCOURT, Journal, 1888, p.871). Les films de qualité parus sous l'occupation se comptent sur les doigts (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p.120).
[P. méton. du suj.] —Quand paraissons-nous? —Votre livre? mais il a paru il y a huit jours (A. DAUDET, Immortel, 1888, p.55):
1. Mon article est expédié depuis lundi à Denis, avec une lettre, où je déclare me soumettre à son appréciation, et où je lui annonce mon article sur Claudel. Pas de réponse encore. Je ne sais donc si et quand je paraîtrai. Le numéro de juin ne m'est pas encore parvenu.
RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p.190.
b) [Le suj. désigne un texte, un article] Être publié. Annonce parue dans un journal. Pas une seule fois leur nom [à certains artistes de nos deux grandes scènes lyriques] n'a paru sur l'affiche, et n'y paraîtra de longtemps (P. LALO, Mus., 1899, p.52). Une série de dispositions qui ont fait l'objet de deux ordonnances, d'un décret et d'une circulaire parus simultanément au Journal officiel (Réforme hospit., 1959, p.7). Faire paraître. Publier. Faire paraître une annonce.
Rem. En ce sens I A 2, paraître s'emploie avec l'auxil. avoir si l'on veut présenter l'action dans son accomplissement, avec l'auxil. être si l'on veut insister sur le résultat.
B. —Qqn paraît. Se faire voir avec une certaine soudaineté, intentionnellement ou non. Synon. se montrer. Paraître à la porte, sur le seuil; paraître en public. Chaque matin, mon entrepreneur paraissait à l'heure du déjeuner afin de connaître le résultat de mes démarches (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.253). C'est alors qu'au balcon Sérieux comme un pape Paraît le pape (PRÉVERT, Paroles, 1936, p.132). V. cercle II B ex. de Hugo.
Au fig. Commencer à se manifester, à jouer un rôle. Voici un poète [Dante] qui parut dans un siècle tumultueux, qui marcha comme enveloppé d'orages (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.14). L'univers change autour de nous (...): de nouveaux peuples paraissent sur la scène du monde; d'anciens peuples ressuscitent au milieu des ruines (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p.283).
II. —Être visible, être vu.
A. —Qqc. paraît
1. Se voir. Vous avez cru effacer cette tache, elle paraît encore (Ac.). Les courtisans, il est vrai, ne font rien; nulle oeuvre, nulle besogne qui paraisse (COURIER, Pamphlets pol., Au réd. «Censeur», 1820, p.33).
Empl. impers. Il paraissait des taches livides en plusieurs endroits de son corps (Ac. 1835-1935).
Au fig. Être manifeste. Il va bientôt paraître que je n'acquis point une suffisante intelligence des opérations qu'effectuait cette dame vénérable (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.54).
2. Empl. impers. Il y paraît. Cela se voit, il y a des marques, des traces. L'orage a passé par cette contrée, il y paraît (Ac.).
[Le plus souvent avec un adv. ou dans un cont. négatif] Je les ai écrites, presque toutes [ces notices], il y a fort longtemps, à une époque où j'avais peu d'expérience, et il n'y paraît que trop (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p.II):
2. ... ceux-ci [les sergents de ville] (...) époussetaient alors, en se jouant, du bout de leurs sorties-de-bal, les têtes espiègles et mutines. C'était une attention qui, pour être délicate, n'en n'était pas moins sensible. Le lendemain, il n'y paraissait plus.
VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.9.
Sans qu'il y paraisse. Sans que cela se remarque, sans qu'on s'en doute. Maître, si tu as un ennemi, dis-le, et je t'en débarrasserai sans qu'il y paraisse autrement (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, III, 1, p.167).
B. —Qqn paraît. Se montrer dans un lieu, dans une circonstance où l'on a quelque chose à faire. Synon. être présent, prendre part à. Comment? Trois heures et demie étaient sonnées et ce lambin n'avait pas paru (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.330). Le premier peloton déboucha au milieu d'insultes. On lui montrait le poing... on l'accusait de ne plus jamais paraître à la bataille, sinon quand la besogne était faite (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.94):
3. Sur les cent cinquante électeurs dont se composait le collége dont je briguais les suffrages se trouvaient vingt légitimistes, opulents propriétaires du pays, qui ne paraissaient jamais à l'élection, et vingt autres noms qui, pour des motifs divers, ne devaient pas répondre à l'appel. Restaient cent-dix votants.
REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.321.
En partic.
♦Synon. de comparaître. Paraître à la barre, devant ses juges; paraître devant Dieu. Accusée, paraissez devant le tribunal du Saint-Office (MÉRIMÉE, Théâtre C. Gazul, 1825, p.138). Paraître en justice est toujours une chose grave, quand on ne traite pas la procédure comme une distraction et la chicane comme un moyen d'hygiène (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.214). À peine installé au clos, le marquis fit paraître tous les hommes des campagnes circonvoisines et leur fit donner les étrivières pour avoir violé le tombeau de Virgilii (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.150).
♦[Le suj. désigne un acteur, un personnage] Se présenter sur scène, jouer un rôle dans un film. Paraître sur la scène du Français, au dernier acte, dans les Misérables.
Loc. verb. Paraître à son avantage. Se montrer sous son meilleur jour. V. bouffer ex. 7.
Empl. abs. Se faire remarquer, vouloir briller, se mettre en vue. Synon. briller. Aimer à paraître, vouloir paraître; le désir de paraître. Je ne cherche pas à paraître. Je n'ai pas le souci de plaire. Je me suffis à moi-même (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.844).
C. —Faire, laisser paraître qqc. Faire, laisser voir.
1. Qqn fait, laisse paraître qqc. Synon. manifester, montrer. Faire paraître son chagrin, son bon sens; laisser paraître son amour, sa curiosité, son déplaisir, sa faiblesse, sa joie, sa surprise. Je m'appliquais à ne rien laisser paraître de mes sentiments, à n'avoir l'air étonné de rien, choqué de rien (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.139). Il [le juge] ne songeait visiblement qu'à faire paraître sa puissance et à se rendre redoutable (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.433).
2. Qqc. fait, laisse paraître qqc. Des nuages très bas (...) ne laissaient plus paraître les dernières étoiles que dans la profondeur de leurs déchirures (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p.192).
III. —Être vu sous un certain aspect.
A. —Sembler, avoir l'air.
1. Paraître (à qqn) + attribut du suj.
a) Qqn paraît. Paraître austère, désirable, joli, gai, grand; paraître indifférent, insensible; paraître à l'aise, au-dessus de tout soupçon. Oh! Je dois vous paraître un peu fou... Je me contredis! Mais je suis venu pour tout vous avouer (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 6, p.9). Pour ne pas paraître une prostituée aux yeux du monde, vous vous êtes prostituée aux yeux de Dieu? (SALACROU, Terre ronde, 1938, II, 3, p.209).
b) Qqc. paraît. Paraître chimérique, facile, favorable, invraisemblable; paraître sans réplique. Tout compte fait, je me trouvais, par suite de mes gains, à la tête d'une dizaine de mille francs qui me paraissaient un capital inépuisable (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p.176). En cet Armagnac, où l'on cuit presque tout encore à la fine graisse d'oie, user du beurre pour les aliments paraissait une hérésie (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.245).
2. Paraître (à qqn) + inf.
a) Qqn paraît. Paraître comprendre, hésiter, ignorer, se souvenir; paraître à plaindre, souffrir. Sans paraître y prêter la moindre attention, l'abbé Cruchot avait su deviner la conversation de Charles et de Madame des Grassins (BALZAC, E. Grandet, 1834, p.61):
4. —Hé bien, le hasard... —Il n'y a pas de hasard, monsieur. —C'est du moins le nom que je donne à la Providence lorsqu'elle me paraît compliquer les choses au lieu de les simplifier.
BERNANOS, Crime, 1935, p.855.
En partic. Avoir un aspect physique correspondant à tel âge. Elle paraissait avoir quatorze ans, et d'autres disaient seize, tant elle était grande et déjà femme de corps et de manières (R. BAZIN, Blé, 1907, p.74).
♦[Le plus souvent, p.ell. de l'inf.] Synon. de faire (v. faire1 III F). Paraître vieux. Il accuse quarante-deux ans, mais ne paraît pas son âge (GIDE, Voy. Congo, 1927, p.774). Un homme paraissant la soixantaine bien sonnée (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.737). Cette gronderie sucrée m'écoeura. J'étais surtout vexé de paraître encore assez jeune pour la subir. Si mes douze ans en paraissaient dix, j'avais la dureté des garçons de quatorze (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.91).
b) Qqc. paraît. Le sens moral me paraît baisser de plus en plus; on se rue dans le médiocre (FLAUB., Corresp., 1862, p.17). C'est à l'appel de la France que nous avons obéi. Au moment où tout paraissait crouler dans le désastre et dans le désespoir (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.628).
B. —[P. oppos. à être effectivement] Avoir l'apparence de, passer pour. Il ne suffit pas de paraître homme de bien, il faut l'être (Ac.). J'ai toujours voulu, je veux encore paraître ce que je ne suis pas, et je néglige trop ce que je pourrais être (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.160):
5. Mon esprit ergotait tantôt, pour savoir s'il faut d'abord être, pour ensuite paraître; ou paraître d'abord, puis être ce que l'on paraît? (Comme ceux qui achètent d'abord à crédit, puis, après, s'inquiètent de la somme qu'il faut pour solder leur dette; paraître avant que d'être, c'est s'endetter envers le monde extérieur).
GIDE, Journal, 1891, p.25.
C.Empl. impers.
1. Littéraire
Il me (nous, vous, etc.) paraît que + ind. ou cond. J'ai l'impression que. À mesure que nous avançons vers l'Amérique, je ne puis m'empêcher de devenir plus triste. Je ne sais pourquoi, il me paraît que le temps le plus heureux de notre vie aura été celui de la traversée (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p.44). Il me parut qu'il faisait froid et même que ce froid était sépulcral (JOUVE, Scène capit., 1935, p.186).
Il ne (me) paraît pas que + subj. Il ne (me) semble pas que. Il ne paraît pas qu'il [Le Corrège] soit jamais sorti de son pays natal (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.36). Il ne me paraît pas qu'on puisse correctement parler (ainsi que fait la radio) de «défense acharnée»; ce dernier mot doit être réservé pour l'attaque (GIDE, Journal, 1943, p.250).
À ce qu'il me paraît; autant, selon, suivant qu'il me paraît. À ce qu'il me semble, pour autant que je puisse en juger. À ce qu'il me paraît, cette affaire est fort embrouillée (Ac. 1935).
2. [Pour exprimer une appréciation, une estimation, un jugement ou encore un renforcement] Il (me, te, lui, etc.) paraît + adj. ou adv.
a) [Suivi de de + inf.] Il paraît nécessaire d'agir ainsi, il me paraît inutile d'insister. Ça nous paraît drôle de nous trouver dans une chambre claire, tendue de papier moucheté de fleurs lilas et feuillé de vert (HUYSMANS, Soir. Médan, Sac au dos, 1880, p.135). Impossible de tout citer de ce Pardon (...). Mais il nous paraîtrait mal de prendre congé de Corbière sans donner en entier le poème intitulé la Fin (VERLAINE, OEuvres compl., t. 4, Poètes maud., 1884, p.13).
b) [Suivi de que + ind., cond. ou subj.] Il me paraît évident que cette manière de faire me frustrerait (DELACROIX, Journal, 1822, p.20). Il paraît bien qu'il goûta avec plaisir à la fille de Jephté (A. FRANCE, Mannequin, 1897, p.279).
3. En partic. Il paraît, il paraîtrait que + ind. ou cond. On dit que, on prétend que, le bruit court que. Il paraît que sir Archibald Falkland a été assassiné (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.321). Elle m'a fait dire qu'elle tâcherait de passer tout à l'heure si elle avait un instant. Il paraît qu'elle a un travail fou (BOURDET, Sexe faible, 1931, I, p.253). Il paraît qu'à Verdun il meurt plus de cinq mille hommes par jour (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.236).
P. ell.
Paraît que (fam.), paraîtrait que (fam.):
6. Il [l'aubergiste] expliquait: —Paraît que c'est un comte! Le jour que je l'ai vu débarquer, j'ai dit au père: «C'est un homme qu'a des passions. Regarde les boursoufles qu'il a sous les yeux. Ça, tu sais, ça ne trompe pas». Moi, quelque chose me dit qu'il a fait des malhonnêtetés.
MONTHERL., Célibataires, 1934, p.898.
Il paraît, il paraîtrait. —Ah! Te voilà! beugla-t-il [l'officier] en reconnaissant La Guillaumette. Eh bien! Tu es encore un joli coco, et tu en fais de belles, il paraît! (COURTELINE, Train 8h47, 1888, 1re part., IV, p.39). Politesse de nos aïeux, vous êtes morte, Il paraît, on le dit. Vous êtes tout au moins, chez nous, en quelque sorte Tombée en discrédit (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p.281).
En incise. Paraît-il. Je pleurais, je me roulais sur mon lit, j'étais paraît-il, dans un état inquiétant. On envoya chercher le docteur (GYP, Souv. pte fille, 1928, p.79).
À ce qu'il paraît. Selon ce qu'on dit, selon les apparences. Celle qui devint la Calonne, celle qui coucha à ce qu'il paraît avec toute la Pologne (GONCOURT, Journal, 1864, p.87). —Ah! Vous voilà!... Vous vous révoltez, à ce qu'il paraît (ZOLA, Germinal, 1885, p.1319).
Prononc. et Orth.:[], (il) paraît []. Ac. 1694 et 1718: paroistre, ,,on prononce ordinairement parestre``; 1740-1798: paroître, ,,on prononce parêtre``; dep. 1835: paraître. Conjug. Ind. prés. je, tu parais, il paraît, nous paraissons, vous paraissez, ils paraissent; imp.je paraissais,... nous paraissions; passé simple je parus,... nous parûmes; fut. je paraîtrai,... nous paraîtrons; impér. parais, paraissons, paraissez; subj. prés. que je paraisse,... que nous paraissions; subj. imp. que je parusse,... que nous parussions; part. prés. paraissant; part. passé paru, ayant paru. V. connaître. Étymol. et Hist. I. A. 1. Fin Xes. fut. 3e pers. du sing. «se faire voir soudainement, se montrer (en parlant du Christ ressuscité)» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 362: Quar el zo dis que resurdra Et al terz di vius pareistra), ex. isolé; 1583-90 se paroistre «(d'une personne) se faire voir, se présenter» (BRANTÔME, Grands capitaines estrangers ds OEuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p.148); 1636 intrans. (CORNEILLE, Cid, V, 1: Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans...); a) 1583-90 «briller, se distinguer» (BRANTÔME, op. cit., p.99: Il monstroit bien [...] qu'il vouloit se signaller et parestre par dessus les autres); 1617 empl. abs. (D'AUBIGNÉ, Faeneste, I, 2 ds OEuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 2, p.387: je vous demande pourquoi vous vous donnez tant de peines. Faeneste. Pour parestre); b) 1667 faire paroistre «tirer de l'obscurité, mettre en renom» (BOILEAU, Satires, IX ds OEuvres, éd. F. Escal, p.53); 2. 1632 «intervenir dans une affaire» (ROTROU, Hercule mourant, IV, 1 ds OEuvres, éd. 1820, t. 2, p.51: Mais tu portes le coup et tu ne parois pas); 3. 1666 «se présenter devant un tribunal» [cf. comparaître] (MOLIÈRE, Misanthrope, II, 6). B. 1. Ca 1165 «être, devenir visible, pointer, surgir» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 20142: beslivant ala li cous, Por quant del test pareist li os; 25993: Trei mile veiles de color I pareissent sor maz dreciees); fin XIIIes. (ID., ibid., 955, var. ms. K: Quant vint contre le tens novel [...] Que la flors pareist blanche e bele); av. 1630 faire paroystre (D'AUBIGNÉ, La Création, II, éd. citée, t. 3, p.339: Avent que le soleil fist ses rayons paroystre); 2. ca 1165 «(d'un sentiment, d'une qualité, d'un défaut) être perceptible, se manifester» (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 8258, 25160); 1656 faire paraître «montrer» (SEGRAIS, Nouv. franç., 5e Nouv., p.13-14 ds LIVET Molière: en luy faisant paraître une vertu trop sévère). C. 1. Ca 1165 suivi d'un attribut du suj. (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 19396: Tant com li siegles tient e dure, Pareistra mais sa sepoulture Riche desci qu'al finement); 1666 (MOLIÈRE, op. cit., II, 4: La géante paroît une déesse aux yeux); 2. suivi d'un inf. av. 1622 paroistre de + inf. «sembler» (Fr. DE SALES, Lettres, 229 —XII, 301 —ds HUG.); 1685 paraître + inf. (BOSSUET, Oraison funèbre de Anne de Gonzague ds OEuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, p.149); 3. 1672 suivi d'un adj. numéral indiquant l'âge d'une personne (avec ell. du verbe avoir) (Lettre de Mme de La Fayette à Mme de Sévigné, 30 déc. ds Lettres de Mme de Sévigné, éd. M. Monmerqué, 310, t. 3, p.180: Elle paraît soixante ans). II. Empl. comme verbe unipersonnel A. 1. Ca 1165 i pareisse! «que la chose se voie, qu'il y en ait des marques!» (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 13505: S'onc m'amastes, or i pareisse!); ca 1590 il y paroist (MONTAIGNE, Essais, I, XX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.90); 1690 il y paroist bien; sans qu'il y paroisse (FUR.); 2. a) fin XIIIes. bien i pareist que + ind. «il est bien visible que» (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 12135, var. ms. K; 12931, var. ms. K: molt lor pareist bien [...] que...); b) 1636 il paroit que + subj. «il semble que, il est visible que» (MONET, p.634b); 1670 il paroist que + ind. «id.» (RACINE, Bérénice, Préf.); 1680, 26 juin il me paroît que «j'ai la conviction que» (SÉVIGNÉ, Lettres, éd. É. Gérard-Gailly, p.758); c) 1718 il paraît suivi d'un adj. attribut + de suivi de l'inf. (MASSILLON, Carême, Doutes sur la relig. ds LITTRÉ: Il paraît glorieux de ne rien croire). Du lat. vulg. parescere, très rarement relevé (Ves., Anonym. med., éd. Piechotta ds LÖFSTEDT, p.58; VIIIes. Angleterre ds BLAISE Lat. chrét.), verbe inchoatif formé sur parere «apparaître, se montrer», au mode impers. paret «il est patent, il est manifeste». L'a. fr. paroistre ne semble pratiquement pas att. entre Benoît de Ste-Maure (où l'on relève paroir à côté de paroistre) et la 2e moitié du .VIes.; il est possible que le mot ait été repris à cette époque à la lang. d'oc par l'intermédiaire du Poitou et se soit répandu dans le domaine d'oïl (FEW t. 7, 647a): a. prov. pareisser 1145-80 (BERNARD DE VENTADOUR, Chansons, éd. C. Appel, 24, 2, p.140); XIIes. (PEIRE ROGIER, éd. C. Appel, I, 1, p.38); fin XIIes. (GIRAUT DE BORNEILH, éd. A. Kolsen, 27, 11 et gloss.). De parere est issu l'a. fr. paroir (ca 1100 «apparaître [en parlant de l'aube]» Roland, éd. J. Bédier, 2845; 1119 «paraître [+ inf.]» PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 2528; ca 1140 parut «il apparut, on vit clairement [+ interr. indir.]» GAIMAR, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 2248), encore relevé au XVIes. (COTGR.; HUG.), évincé à cette époque par paraître. Fréq. abs. littér.:42220. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 62710, b) 60800; XXes.: a) 54429, b) 60738. Bbg. LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.254-255. — ROULET (E.). Des Modalités implicites intégrées en fr. contemp. Cah. F. Saussure. 1979, n° 33, pp.58-61.
II.
⇒PARAÎTRE2, subst. masc.
Lang. philos. ou littér., au sing. seulement. Apparence (par oppos. à l'être). J'envie les hommes comme Berryer (...) toujours attentif au désir du monde, au paraître, à ce qui est superficiel, et satisfait de cela (DELACROIX, Journal, 1854, p.231). Quiconque a l'être ne peut avoir l'apparence. L'apparence enchaîne l'être. Le cours du temps arrache le paraître de l'être et l'être du paraître, par violence (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p.47).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1798: paroître. V. paraître1. Étymol. et Hist. 1617 (D'AUBIGNÉ, Méditations sur les psaumes, Ps. 84 ds OEuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t.2, p.146). Subst. de paraître1. Bbg. GOHIN 1903, p.231.

paraître [paʀɛtʀ] v. intr. [CONJUG. connaître.]
ÉTYM. 980, pareistre; du lat. de basse époque parescere, lat. class. parere. REM. Paraître s'emploie toujours avec l'auxiliaire avoir quand le sujet est une personne; il peut se conjuguer avec être quand il s'agit d'une chose et spécialt d'une publication (→ ci-dessous, I., 2.). On conjugue le participe passé « avec avoir, si l'on pense surtout à l'action prise en soi (considérée dans son accomplissement);… avec être, si la pensée s'attache plutôt à l'état (considéré comme résultat de l'action)… » G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §709.
———
I Devenir visible.
1 S'offrir subitement ou progressivement à la vue. Apparaître (I., 1.). || L'aube (1. Aube, cit. 5) paraissait à peine. || « L'aurore, paraissant derrière les montagnes, enflammait (cit. 2, Chateaubriand) l'orient ». || Le jour est près de paraître. Poindre, pointer (→ Heure, cit. 55). || Arc-en-ciel (cit. 1) qui paraît après l'orage. || Un hydravion parut (→ Fanal, cit. 4). || Une voiture parut au fond de la place (→ Fouetter, cit. 3). || Troupe d'oiseaux (cit. 14) qui paraît dans le ciel. Surgir. || « Que vois-je ici (cit. 1, La Fontaine) paraître ? »(En parlant de choses qu'on aperçoit imparfaitement à cause de leur éloignement). || Collines qui paraissent à l'horizon. Dessiner (se). || Mer où des îlots paraissent à fleur (cit. 37) d'eau. Émerger.
1 (…) lorsque au matin le jour vient à paraître (…)
A. de Musset, Premières poésies, « Quand je t'aimais… ».
2 Des lumières paraissaient chez les voisins, on commençait à s'inquiéter de cette tuerie (…)
Zola, la Terre, IV, II.
3 La canne levée retomba d'abord sur la poitrine de la victime, puis avec une violence frénétique sur le front et les tempes jusqu'à ce que le sang parût.
J. Green, Léviathan, I, XIII.
Par métaphore :
4 Quand ce feu caché paraissait, c'était par flammes violentes et brèves qui me réchauffaient le cœur d'autant plus vivement que je les sentais involontaires.
A. Maurois, Climats, I, IV.
Vx (langue class.). Devenir manifeste, être mis en évidence. Dévoiler (se), éclater, ressortir. || « Les marques de sa cruauté (cit. 1, La Fontaine) parurent avec l'aube… ». || « La maladresse (cit. 6) qu'on avait faite parut alors dans son énormité. »
5 Que dis-je ? Il reconnaît sa dernière injustice.
Ses remords ont paru, même aux yeux de Narcisse.
Racine, Britannicus, V, 1.
Fig. Commencer à être, à exister, venir au jour. || Les premières roches qui ont paru sur la croûte (cit. 7) terrestre. || Mot nouveau qui paraît subitement. Éclore, naître (→ Durer, cit. 8). || Dès que la lithographie parut… (→ Gravure, cit. 4).Par ext. Commencer à se manifester, entrer en scène. || La règle des trois unités prit un caractère absolu à l'époque où parut Corneille.
2 (1677). En parlant de publications. Être mis en vente, livré au public. || Faire paraître un ouvrage. Éditer, imprimer, publier. || Le volume des « Fleurs du Mal » a paru en juin 1857 (→ Manuscrit, cit. 2). || Le nouvel annuaire des Postes est paru. || Livre qui doit paraître l'hiver prochain (→ Minute, cit. 3). || Vient de paraître. || À paraître dans cette collection… || Journal qui paraît tous les mois (→ Encyclopédique, cit. 1). || Revues paraissant sur papier de luxe (→ Difficile, cit. 16).Faire paraître un décret au Journal officiel. Public (rendre). || Interview (cit. 2) qui vient de paraître dans un journal.Au p. p. adj. || « Les Olympiques » (cit. 2) de Montherlant, parues en 1924. || Un petit livre tout frais (1. Frais, cit. 17) paru.
6 (…) les entretiens de Jacques le Fataliste et de son maître, ouvrage le plus important qui ait paru depuis le Pantagruel de maître François Rabelais (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 738.
7 J'ai lu, avant-hier, tout un volume du père Michelet, le sixième de sa Révolution, qui vient de paraître.
Flaubert, Correspondance, 425, 12 sept. 1853.
8 D'un écrivain vivant, c'est toujours le dernier livre paru qui compte. Le classement définitif se fait pour les morts, plus juste, plus serein et plus désintéressé.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 454.
Impers. || Il va paraître, il a ou il est paru une nouvelle édition revue et corrigée de cet ouvrage.
3 (Sujet n. de personne). Se faire voir (intentionnellement ou non) avec une certaine soudaineté. Montrer (se). || « Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans » (cit. Corneille). || « Lorsque l'enfant (cit. 4, Hugo) paraît… » || Voir paraître quelqu'un (→ Aussi, cit. 27; époumoner, cit. 1). || Tarder à paraître (→ Inquiétude, cit. 15). || Dès que Napoléon paraissait, on oubliait les horreurs de la guerre (→ Abhorrer, cit. 5). || Il suffit qu'il paraisse pour que… (→ Autour, cit. 13).Paraître à la porte, sur le seuil (→ Cantonade, cit.), à la fenêtre (→ Fanfaron, cit. 3). || Le roi parut au balcon.Paraître en un lieu (→ Audace, cit. 17, Corneille). Présenter (se). || « Ne parais jamais devant moi autrement qu'en bouffon » (cit. 6, Musset).Vx. Apparaître. || « Jésus-Christ paraîtra lui-même à ces malheureux » (Bossuet).
9 Non, je ne vous crois point. Mais quoi qu'il en puisse être,
Pour jamais à mes yeux gardez-vous de paraître.
Racine, Bérénice, III, 3.
10 (…) le peuple ne paraissait dans la ville que pour y passer avec précipitation : nul entretien, nulle familiarité (…)
La Bruyère, Disc. sur Théophraste.
11 La porte du fond s'ouvre. Paraît Hernani déguisé en pèlerin.
Hugo, Hernani, III, 1 (jeu de scène).
12 La porte de la chambre s'ouvrit. Elle parut, et vint à lui, la main tendue.
Maupassant, Notre cœur, II, VII.
13 Enfin, il avait vu s'entrebâiller la porte extérieure, et paraître la dame (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 67.
14 (…) elle gardait la coquetterie de ses vingt-cinq ans et jamais elle n'eût consenti à paraître devant ses clients avant d'avoir prodigué à sa beauté défaillante les encouragements de la poudre et du rouge.
J. Green, Léviathan, I, III.
———
II (XVIe). Être visible, être vu.
1 a Vx ou littér. Se voir (sens passif). || Blessure (cit. 1) dont la cicatrice paraît toujours. || Corps à travers lesquels les objets paraissent. Transparaître; transparence, transparent (→ Diaphane, cit. 1).
Fig. Se manifester. || La violence de son amour a paru jusque (cit. 20) dans son silence. || Il eut un geste où paraissait un peu d'irritation. || « Quelque industrie (cit. 1, Bossuet) qui paraisse dans ce que font les animaux ». || L'esprit (cit. 162, Pascal) qui paraît dans toute leur conduite. Briller.
15 (…) tous vices de l'âme, mais différents, et qui avec tout le rapport qui paraît entre eux, ne se supposent pas toujours l'un l'autre dans un même sujet.
La Bruyère, les Caractères, XI, 4.
Impersonnel. Vx. || Familles où il paraît de la probité et de la religion (→ Abondance, cit. 3).Il paraît que… : il est visible que…, on voit que…
16 Il paraît bien qu'il n'a jamais lu Sophocle (…)
Racine, Bérénice, Préface.
b Mod. (Surtout avec un adverbe de manière, de quantité, de temps, ou à la forme négative). || Il en paraît (qqch.) : on en voit (qqch.). || À juger d'après ce qu'il en paraît ( Apparence). || Vous aurez beau frotter cette tache, il en paraîtra toujours quelque chose. || Sans qu'il en parût rien (→ Inaperçu, cit. 2).Il y paraît : on le voit bien, cela se voit. || Elle venait d'être très malade et il y paraissait encore.(Plus cour. en emploi négatif). || Il n'y paraît pas beaucoup (→ Grâce, cit. 32). || Un peu d'onguent (cit. 3), et il n'y paraîtra plus rien.
17 (…) j'ai vu combien l'usage du grand monde donne d'aisance, aux dames comme il faut, pour mentir sans qu'il y paraisse.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, II, 24.
18 Ils se décourageaient. Des hordes nombreuses s'en allèrent. La foule était si grande qu'il n'y parut pas.
Flaubert, Salammbô, XIII.
19 Elle datait du dix-huitième siècle, ma grand-mère. Et il y paraissait bien !
France, le Livre de mon ami, « Livre de Pierre », II, III.
20 (…) il a encore beaucoup de peine. Dans quelques jours il n'y paraîtra plus.
Maupassant, l'Inutile Beauté, II.
21 Cependant, tout en le suivant, je m'efforçais de le guider sans qu'il y parût.
Jean de Lacretelle, Silbermann, IV.
Faire, laisser paraître : rendre visible, laisser voir. Manifester, montrer. || L'absence de scrupules qu'il laisse paraître (→ Gêneur, cit.). || Faire paraître son jugement, son bon sens (→ Hanter, cit. 7). || Cette affabilité (cit. 2) que vous faites paraître pour tout le monde. Témoigner (→ Désespérer, cit. 4). || La surprise qu'on fit paraître en le revoyant (→ Ignorer, cit. 31).
22 Qui a de la valeur, si (qu'il) le fasse paraître en ses mœurs, en ses propos ordinaires (…) au jeu, au lit, à la table, à la conduite de ses affaires, et économie de sa maison.
Montaigne, Essais, II, XXXVII.
23 À cet excès d'amour qu'il me faisait paraître,
Je me croyais déjà maîtresse de ton maître (…)
Corneille, la Galerie du palais, IV, 1.
24 Quels sentiments aurai-je à lui faire paraître ?
Molière, Tartuffe, V, 4.
25 Les deux jeunes gens (…) ressentaient l'un pour l'autre une sympathie assez vive. Mais ils se défendaient d'y céder trop rapidement, et surtout d'en laisser paraître les signes avec une facilité vulgaire.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XV, p. 162.
2 Se montrer, se trouver dans un endroit, un milieu, dans des circonstances où l'on a à remplir quelque obligation (qui peut aller d'un simple acte de présence à un rôle très actif). || Il n'a pas paru au bureau de la journée. || Paraître dans le monde, (vx) au monde (→ Humiliation, cit. 15). || Paraître à, dans une réunion. || Paraître à la cour (→ Côté, cit. 4) et dans les fêtes (→ Léthargie, cit. 5). || Il consent à paraître au festin (→ Morigéner, cit. 2). — ☑ Paraître à son avantage.
26 Bien qu'il fût jeune encore et que sa fortune lui permit de paraître avantageusement à la cour (…)
A. de Musset, Contes, « Pierre et Camille », I.
Spécialt. || Paraître en justice, devant les juges. Comparaître. || Témoin qui paraît à la barre.
27 (…) perçant la foule pour paraître à l'audience (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, « De l'air empressé ».
Paraître en public, en scène, sur (une, la) scène, à l'écran. Produire (se). || Danseuse qui paraît dans un ballet à l'Opéra (cit. 5). || Pièce où certains acteurs ne paraissent pas au premier acte. || Masque (1. Masque, cit. 1) sous lequel paraissait l'acteur dans le théâtre antique. || Faire paraître des personnages sur la scène (→ par métaphore Idée, cit. 24).
Jouer un rôle dans…, prendre part à… || Paraître dans une affaire louche, un complot.Fig. (Sujet n. de chose). Se trouver, être.Paraître en nom, ou, ellipt., paraître : faire figurer son nom dans la raison sociale (d'une affaire, d'une entreprise).
28 M. de Montech, dont le nom n'avait jamais paru dans la raison sociale (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 144.
3 Absolt. Se mettre en vue, se donner en spectacle. || Chercher à s'effacer (cit. 29) plus qu'à paraître. Briller.Aimer (à) paraître : aimer (à) se faire remarquer. || Le désir (cit. 10) de paraître. Vanité.
29 Le pantalon bleu, le gilet en étoffe dite écossaise, la cravate en soie bleu de ciel, et la chemise en calicot rayé de bandes roses exprimaient au milieu de tant de ruines un tel désir de paraître, que ce contraste formait non seulement un spectacle, mais encore un enseignement.
Balzac, Un début dans la vie, Pl., t. I, p. 745.
30 Sa femme était fort aimable; je crois qu'elle avait été jolie. Elle aimait un peu trop paraître.
France, le Crime de S. Bonnard, II, Œ., t. II, p. 368.
———
III (XVIe). Dans une phrase attributive. Être vu sous un certain aspect avec les signes extérieurs d'une certaine manière d'être ou d'agir.
1 a (Avec un attribut du sujet et un complément indirect). Donner (à qqn) l'impression d'être… Sembler. || Il m'avait paru changé (→ Abrutir, cit. 1). || Je vais vous paraître vieux jeu (cit. 74). || Elle lui parut inaccessible (cit. 17). || Vous ne me paraissez pas fort en histoire (cit. 10). || Tout cela nous paraissait assez louche (1. Louche, cit. 10). || Cela lui parut mesquin (cit. 6). || C'est l'hypothèse qui me paraît la plus vraisemblable. || Rien ne lui paraît plus blâmable (cit. 3). || Son mariage lui paraissait mal assorti (cit. 18).(Avec un substantif pour attribut). || Une bourse d'or me paraît toujours un argument (cit. 14, Beaumarchais) sans réplique. || Cela lui paraissait une atteinte (cit. 15) à son indépendance. || Le ton de cette femme lui parut une provocation (→ Lettre, cit. 4).
31 Et ton nom paraîtra, dans la race future,
Aux plus cruels tyrans une cruelle injure.
Racine, Britannicus, V, 6.
32 La nuit était fort noire et la forêt très sombre,
Hermann à mes côtés me paraissait une ombre.
Hugo, les Contemplations, IV, XII.
33 Lorsque l'autorité cesse de paraître juste aux sujets, il faut encore du temps pour qu'elle cesse de le paraître aux maîtres (…)
Fustel de Coulanges, la Cité antique, IV, VI.
34 Cette eau-ci lui parut d'une saveur point trop désagréable (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, X, p. 81.
35 Entendre parler de son amour avec cette désinvolture, et par une étrangère, lui parut monstrueux.
J. Green, Adrienne Mesurat, I, XIII.
b (Sans complément indirect). Avoir l'air. || Paraître impassible (cit. 5), indifférent (cit. 25), insensible (→ 2. Affecter, cit. 9). || Des gens qui paraissent agréables (cit. 6). || Paraître jeune, plus jeune (cit. 7) que son âge. Faire (III., 5.).Paraître à son avantage. || Jeune fille que ses nattes (cit. 5) font paraître enfant. || Cela parut drôle (→ Ami, cit. 27). || Choses qui paraissent impossibles (cit. 5). || Minutes qui paraissent interminables (cit. 4). || Cette formule parut heureuse (→ Adopter, cit. 5). Avérer (s'). || Incident (cit. 5) qui paraît grave.(Avec un substantif pour attribut). || L'inégalité politique parut une iniquité (cit. 7). Figure (faire). || Geste qui peut paraître une dérobade (cit. 2). || Mouche (cit. 12) qui paraît (comme) un grain de beauté naturel. Simuler.
36 Tous les bonheurs me viennent donc à la fois (…) puisque c'est toi qui viens me chercher, et que tu parais aussi content que moi-même.
G. Sand, la Petite Fadette, XL.
37 L'œuvre qu'on portait en soi paraît toujours plus belle que celle qu'on a faite.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, Dernier livre.
38 La blessure, qui n'avait pas paru grave, mit longtemps à guérir.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XVI, XIX, p. 181.
39 Les rumeurs lointaines de la fête faisaient paraître le quartier silencieux (…)
Camus, la Peste, p. 325.
2 Paraître, « semi-auxiliaire » employé devant un infinitif. Sembler. || Tout le monde parut être de son avis. Mine (avoir la). || Sa grande adresse (cit. 11) est de paraître me ménager. || Paraître douter (cit. 26) de soi. || Céder (cit. 18) sans paraître obéir. || Il paraît se destiner (cit. 8) à la diplomatie. || Elle parut se souvenir de ce nom (→ Honneur, cit. 93). || Dans le calembour (cit. 3) la même phrase paraît présenter deux sens indépendants.Imitation qui nous paraît aller jusqu'à la caricature (cit. 4).
40 (…) il me paraît avoir à cœur de me prouver qu'il a en effet plus d'honnêteté qu'on ne lui en suppose (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXVII.
41 Tranquillement installée dans un coin du salon, elle les laissait venir, sans qu'elle parût remarquer leur présence (…)
R. Rolland, l'Âme enchantée, t. I, p. 172.
Spécialt. || Une femme n'a que l'âge (cit. 16) qu'elle paraît avoir. || Paraître avoir trente ans et, ellipt., il paraît trente ans. Faire (III., 5.).Tu ne parais pas ton âge, même à beaucoup (cit. 21) près.
3 Par oppos. à « être (1. Être, cit. 52) effectivement » ou à un autre verbe de sens voisin. Se faire passer pour… || L'hypocrite (cit. 1) cache ce qu'il est pour paraître ce qu'il n'est pas. Passer (pour). || « Les uns veulent paraître ce qu'ils ne sont pas; les autres sont ce qu'ils paraissent » (→ Déplaire, cit. 9; extérieur, cit. 12, La Rochefoucauld). || « L'orgueilleux se croit quelque chose; le glorieux (cit. 18, Voltaire) veut paraître quelque chose ».« Le désir de paraître habile (cit. 6, La Rochefoucauld) empêche souvent de le devenir ». || « Valoir exactement ce qu'on paraît, ne pas chercher à paraître plus qu'on ne vaut » (→ Authentique, cit. 17, Gide).
42 Nous gagnerions plus de nous laisser voir tels que nous sommes, que d'essayer de paraître ce que nous ne sommes pas.
La Rochefoucauld, Maximes, 457.
43 (…) la passion unique qui fait mouvoir tous ces cœurs parisiens, c'est l'envie de paraître justement un peu plus que ce qu'ils sont; la très bonne compagnie se distingue par cela qu'elle veut toujours paraître mais seulement paraître ce qu'elle est.
Stendhal, le Rose et le Vert, V.
44 Il s'agit d'être grand, et non de le paraître.
R. Rolland, Vie de Beethoven, p. VII.
Absolt. Se donner une apparence flatteuse. Valoir (se faire). || Être (1. Être, cit. 50 et 51) et paraître.
45 Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire, et nous nous efforçons pour cela de paraître.
Pascal, Pensées, II, 147.
46 Dans un pays où tout le monde cherche à paraître, beaucoup de gens doivent croire, et croient en effet, qu'il vaut mieux être banqueroutier que de n'être rien.
Chamfort, Maximes…
47 Comment se tirer de cette contrariété de deux instincts capitaux de l'intelligence ? (…) L'un nous pousse à paraître et l'autre nous anime à être, et à nous confirmer dans l'être.
Valéry, Variété II, p. 90.
4 Impersonnel. Sembler. Littér. || Il me paraît que (suivi de l'indicatif ou du conditionnel) : j'ai l'impression que… || Il me paraît bien qu'elle s'est trompée, que vous auriez réussi. || Il me paraît que les premiers naturalistes (cit. 1, Buffon) ont été aussi les plus grands.Il ne paraît pas que (suivi du subjonctif). || Il ne paraît pas que la nature ait fait les hommes pour l'indépendance (cit. 9). || Il ne leur paraissait pas que le départ fût proche.
48 Il me paraît, par votre lettre, que vous portez un peu d'envie à Mlle de la Chapelle (…)
Racine, Lettres, 132, 3 oct. 1694.
49 Il me paraît qu'on devrait (…) admirer l'inconstance (…) des hommes (…)
La Bruyère, les Caractères, XIII, 12.
|| « Suivant, selon, autant qu'il me paraît, à ce qu'il me paraît, cette affaire est fort embrouillée » (Académie).Plus cour. || À ce qu'il paraît (→ Ce semble).
Il paraît (construit avec un adjectif attribut) : il me paraît bien hardi de…, suivi de l'infinitif (→ Mandement, cit. 3). || Il paraît enfantin de… (→ Dénombrer, cit. 2). || Il ne me paraissait plus possible de fausser (cit. 3) politesse à mes hôtes.Il paraît certain, évident que…, suivi de l'indicatif (→ Incurie, cit. 3). || Il me parut vraisemblable qu'il n'avait pas mangé depuis deux jours (→ Dévorer, cit. 6).Il paraîtra inconcevable que…, suivi du subjonctif (→ Arroger, cit. 5). || Il me paraît préférable que vous vous taisiez.REM. Le mode de la complétive dépend du sens de l'adjectif attribut.
50 Il me paraît superflu que vous me consultiez
Émile Augier, le Gendre de M. Poirier, II, 5.
51 Il ne me paraît pas possible qu'on puisse avoir l'esprit tout à fait commun, si l'on fut élevé sur les quais de Paris, en face du Louvre et des Tuileries (…)
France, le Livre de mon ami, « Livre de Pierre », II, VI.
52 Tout ce qui concernait la sûreté civile gardait à ses yeux trop peu de mystère pour qu'il ne lui parût pas légèrement naïf de s'en émouvoir.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 205.
(1636). Il (cit. 22) paraît…, il paraîtrait que…, suivi de l'indicatif : on dit que…, on prétend que… le bruit court que… || Il paraît qu'on va doubler (cit. 2) les impôts. || Il paraît qu'elle le menait (cit. 12) au doigt et à l'œil.Pop. || Paraît qu'on va avoir la guerre (→ Nouvelle, cit. 5; et aussi bousiller, cit. 2; 1. foutre, cit. 6). — ☑ Il paraît… || Elle va se marier, il paraît, à ce qu'il paraît, on le dit, à ce qu'on dit. || Nous avons des allures trop indépendantes, à ce qu'il paraît (→ Mater, cit. 2).(En incise). || Paraît-il… || La version, paraît-il, était difficile (→ Latin, cit. 5; assaut, cit. 13; machine, cit. 15; marché, cit. 16).
53 Bouilhet m'est revenu fort assombri. Il paraît que vous n'avez pas été gais là-bas.
Flaubert, Correspondance, 434, 23 oct. 1853.
54 Il paraît que vous avez été étonnant d'esprit ?
Émile Augier, les Effrontés, IV, 9.
55 (…) le charmant roi mage (…) avec lequel on lui avait trouvé autrefois — paraît-il — une grande ressemblance.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. III, p. 181.
56 Il paraît qu'ils sont saouls la moitié du temps (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VI, X, p. 79.
———
IV N. m. (1775). Philos. ou littér. Apparence. || Dualisme de l'être (2. Être, cit. 3) et du paraître.
57 Nous autres, pauvres comédiens, ombres de la vie humaine et fantômes des personnages de toute condition, à défaut de l'être nous avons au moins le paraître, qui lui ressemble comme le reflet ressemble à la chose.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, V.
CONTR. Cacher (se), disparaître. — Coucher (se), enfoncer (s').
COMP. et DÉR. Apparaître, comparaître, disparaître, reparaître, transparaître. — Parution.

Encyclopédie Universelle. 2012.