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recevoir

recevoir [ r(ə)səvwar; rəs(ə)vwar ] v. tr. <conjug. : 28>
• 1273; receivre Xe; lat. recipere
I(Sens pass.) Se voir adresser (qqch.).
1Être mis en possession de (qqch.) par un envoi, un don, un paiement, etc. Recevoir une lettre, un colis, un catalogue. J'ai reçu une lettre de mes parents. Recevoir un cadeau, des étrennes. L'aumône avilit « celui qui la reçoit et celui qui la fait » (France). Recevoir de l'argent. encaisser. Recevoir une somme, un salaire, une gratification. percevoir, 1. toucher. Recevoir une récompense, une décoration, un prix. obtenir. Absolt Donner et recevoir. « Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en trois mots » (Beaumarchais). Loc. Donner d'une main et recevoir de l'autre.
(Compl. abstrait) Recevoir un message, un appel. Par ext. Je ne le reçois plus : la communication est interrompue. Je vous reçois cinq sur cinq. Recevoir un ordre, une mission. Recevoir des compliments, des félicitations. Recevez, Monsieur, mes salutations, l'assurance de mon dévouement (formules). Je n'ai pas de leçon à recevoir de vous. Recevoir de l'instruction, un certain genre d'éducation. Recevoir des soins, des secours. « L'amour, c'est [...] le plaisir reçu et donné » (Léautaud). Relig. Recevoir la communion, un sacrement.
Turf Cheval qui reçoit d'un concurrent cinq livres, vingt-cinq mètres, qui est avantagé par rapport à lui de cinq livres, vingt-cinq mètres (opposé à être handicapé).
2(1080) Être atteint par, être l'objet de (qqch. que l'on subit, que l'on éprouve). (Concret) Recevoir des coups, des blessures. « Je reçus comme une gifle [...] la phrase de maman » (Duhamel). Qu'est-ce qu'il a reçu ! attraper, prendre. Recevoir la pluie, une averse, une douche. Absolt écoper, trinquer. « Tout le secret des armes consiste à donner et à ne point recevoir » (Molière). (Abstrait) Recevoir un affront, des injures, un châtiment, une leçon. essuyer, subir. Il a reçu son compte, (fam.) son paquet. Il a reçu un choc (émotif).
(Sujet chose) La lune reçoit sa lumière du soleil. Corps qui reçoit un mouvement. La matière qui a reçu telle ou telle forme. (Choses abstraites) Être l'objet de. prendre. « Ce vieil adage reçut une nouvelle confirmation » (Nerval). « l'affaire dont nous nous sommes entretenus recevra une heureuse solution » (Maupassant),on lui donnera, elle aura...
II(Sens actif) Laisser entrer ou venir à soi, donner accès à.
1(1538) Laisser entrer (qqn qui se présente). « Il les reçut, entouré d'un appareil guerrier » (Madelin).
(En parlant de réceptions officielles) Recevoir un nouvel académicien. récipiendaire. Spécialt Faire venir chez soi pour un repas, une réunion. Recevoir qqn à dîner, à sa table. Faire entrer en allant chercher et en accompagnant. introduire. « Elle se dérangeait pour recevoir celles qui entraient » (Flaubert).
Réserver un accueil (bon ou mauvais). accueillir, traiter. Être bien reçu, avec les honneurs. Recevoir qqn à bras ouverts, avec empressement. Être mal reçu. Être reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Par plais. Recevoir l'ennemi à coups de canon. Prends ton fusil, on va les recevoir !
Absolt Accueillir habituellement des amis, des invités; donner une réception. Une femme qui sait recevoir. Le gouverneur « recevait, donnait à dîner » (Taine). « J'ai mon jour, le mercredi, où je reçois » ( Balzac). Ils reçoivent très peu. « Les Loménie recevaient dans leur jardin » (Aragon). Accueillir les visiteurs. Monsieur le Directeur reçoit tel jour, de telle heure à telle heure. Le médecin va vous recevoir. Par ext. Recevoir une visite, la visite de qqn.
Fig. (Compl. chose) accueillir. La Commune « reçut la proposition très froidement » (Michelet). P. p. adj. Initiative mal, bien reçue.
2(déb. XIIIe) Laisser entrer (qqn) à certaines conditions, après certaines épreuves. admettre. (Surtout au pass.) Être reçu à une grande École. Être reçu à un examen, un concours. P. p. adj. Candidats admissibles, reçus. Société, club où l'on ne reçoit pas certaines personnes.
3Faire entrer (qqch.), recueillir. Ce fauteuil « tourné de biais pour mieux recevoir le jour de la fenêtre » (Martin du Gard). Salle capable de recevoir deux mille personnes. contenir.
Par ext. (d'un récipient) Creuset qui reçoit le minerai en fusion. Fleuves qui reçoivent des affluents.
4Littér. Admettre en son esprit (comme vrai, légitime). admettre, reconnaître. « Ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle » (Descartes). Coutumes, usages reçus. « Dictionnaire des idées reçues », de Flaubert.
Dr. Accepter comme recevable. Recevoir une plainte. « Aucune demande ne sera reçue dans les tribunaux » ( CODE DE PROCÉDURE CIVILE ). Loc. Fin de non-recevoir. 1. fin (II, 3o ).
III ♦ SE RECEVOIR v. pron.
1(Récipr.) Ils se reçoivent beaucoup (cf. supraII, 1o).
2(Réfl.) Turf, sport Retomber d'une certaine façon, après un saut. Sauteur qui se reçoit sur la jambe droite ( réception, I, A, 3o) . Apprendre à se recevoir.
⊗ CONTR. Donner, émettre, envoyer, offrir, payer, verser. — Éliminer, exclure, recaler, refuser.

Recevoir introduit des formules de politesse à la fin d'une lettre. : Recevez, Monsieur, l'expression de mes sentiments très respectueux.

recevoir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Se voir donner, envoyer, adresser (qqch).
|| (Concret) Recevoir un legs, un cadeau. Recevoir du courrier.
|| (Abstrait) Recevoir des ordres, des conseils, des compliments.
(Sujet n. de chose.) Ce passage peut recevoir plusieurs interprétations.
d2./d Prendre sur soi, subir.
|| (Concret) Recevoir des coups, une averse.
|| (Abstrait) Recevoir un affront.
d3./d Laisser entrer; recueillir. Cette pièce reçoit le soleil du matin. La mer reçoit l'eau des fleuves.
d4./d Accueillir; faire un certain accueil à. Il nous a bien reçus.
|| (Objet n. de chose.) Comment a-t-il reçu votre proposition?
d5./d Accueillir chez soi. Recevoir des amis.
Absol. Ils ne reçoivent jamais.
|| Accueillir pour une entrevue. Le directeur vous recevra dans un instant.
d6./d Admettre à un examen. Recevoir un candidat.
d7./d Admettre, accepter comme vrai, reconnaître. Idées toutes faites que l'on reçoit sans examen, ou idées reçues.
d8./d RADIOELECTR Capter (des ondes). Ce poste ne reçoit pas les ondes courtes. Je vous reçois mal.
rII./r v. Pron. SPORT Retomber d'une certaine manière (après un saut). Se recevoir sur les mains.

⇒RECEVOIR, verbe trans.
A. — [Avec un sens passif]
1. Qqn reçoit (qqc.) (de qqn). [Le suj. désigne le plus souvent une pers., un groupe, un organisme]
a) Être mis en possession de, accepter, accueillir (ce qui a été envoyé, transmis, donné).
) [Le compl. désigne des valeurs concr., matérielles] Recevoir un appel téléphonique, un cadeau, une lettre, un message, un paquet, un télégramme; recevoir de l'argent, l'aumône, un paiement, des subventions, un traitement; reçu mille francs de M. Un Tel; recevoir un prix, une récompense; recevoir des garanties, des offres; recevoir une donation, un legs; recevoir des étrennes. Listes d'ouvrages reçus par la rédaction d'un journal ou d'une revue (Civilis. écr., 1939, p. 24-15):
Après la guerre de 1914-1918, l'État établit aussi quelquefois un troisième budget, servant à régler, sur les réparations reçues de l'Allemagne, les dommages de guerre français.
LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p. 225.
Absol. J'aime mieux recevoir que donner, me répondit-il brusquement; entendre que parler (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 113).
Proverbe. Il vaut mieux donner que recevoir (Ac.).
MÉD., BIOL. On sait (...) que les sangs de tous les individus sont loin d'être interchangeables, et qu'on ne peut sans péril injecter à celui-ci du sang de celui-là, alors qu'il recevra impunément du sang de cet autre (CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. génét., 1936, p. 90).
) P. anal.
Recevoir par les sens. Synon. de percevoir. Suivant l'étymologie, les mots idée, image, ne devraient non plus s'appliquer qu'aux impressions reçues par le sens de la vue et aux réminiscences de ces impressions (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 167). Le simple fait que certains rêves reproduisent avec plus ou moins de fidélité les images reçues par les sens suffit parfois à engendrer des doutes profonds (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 138).
Entendre. Dites-vous que la parole est reçue moins vite (...) par les personnes situées au fond de la salle (WICART, Orateur, t. 2, 1936, p. 382).
ACOUST., ÉLECTR., RADIO, TÉLÉCOMM. Capter. Recevoir cinq sur cinq; recevoir de l'énergie électrique. Les auditeurs auront remarqué que la station de Vienne est bien mieux reçue (Vocab. radioph., [1933-52]). Appareil permettant de recevoir les ondes radiophoniques et de les reproduire (LAFON 1969, s.v. récepteur de radio).
b) Se voir conférer, témoigner quelque chose; accueillir (ce qui a été exprimé), en partic., prendre acte (de ce qui a été proposé). Recevoir des témoignages d'amitié, de sympathie; recevoir un enseignement, une formation sérieuse, de l'instruction; recevoir des nouvelles; recevoir des compliments, des félicitations, des honneurs, des louanges; recevoir des remerciements. Les perfides espérances que j'ai reçues de votre bouche ne me laissent que la honte d'une témérité dont je rougis (LEMERCIER, Pinto, 1800, III, 12, p. 97). Tous les hommes sont égaux par le cœur. La femme du peuple qui voit son enfant prêt à être écrasé sous une roue a un cri aussi éloquent que la femme qui a reçu la meilleure éducation (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1815, p. 79). V. envoi B 2 ex. de Civilis. écr.
En partic.
) Se voir transmettre, attribuer quelque chose.
Recevoir la vie, l'existence. Les parents de qui elle a reçu le jour (Ac. 1835-1935).
♦ [Le suj. désigne une chose] Qqc. reçoit qqc. [Le statut des personnels administratifs] n'a pas encore reçu sa forme définitive (Encyclop. éduc., 1960, p. 252). Ce terme [cépage] n'est pas susceptible de recevoir une définition botanique exacte, c'est une unité systématique vigneronne qui s'intègre assez mal dans notre façon moderne de penser (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 25).
♦ [Le suj. désigne un être humain] Qqn reçoit qqc. Recevoir le baiser d'un ami. Elle a reçu mon amour, (...) j'ai reçu sa foi (BOREL, Champavert, 1833, p. 175). Sans avoir reçu le don des langues, je suis un polyglotte assez distingué (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 12).
) Se voir confier (quelque chose).
Recevoir les confidences de qqn. Recevoir les dernières volontés de qqn (Ac. 1835-1935). Au fig. Recevoir les derniers soupirs de qqn (Ac. 1835-1935). Assister quelqu'un à sa mort. Je l'ai assisté à son heure suprême; j'ai reçu ses derniers adieux, j'ai recueilli son dernier soupir (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 144). Je n'étais pas présente pour recevoir le dernier soupir. J'arrivai à cinq heures, c'était fini (JOUVE, Paulina, 1925, p. 110).
ADMIN., JUST. Se voir confier (une tâche, une charge officielle, un message).
ADMIN. Recevoir une mission. Tous les papes, depuis l'origine, ont reçu et exercé les mêmes pouvoirs d'infaillibilité doctrinale et de juridiction immédiate et universelle (BOEGNER ds Foi et vie, 1936, p. 116). Recevoir + subst. non déterminé. Recevoir communication, confirmation, mission, notification (de qqc., de faire qqc.). Tout le monde lui parla d'acheter une voiture, et trois jours après avoir reçu avis de sa nomination il partit bravement par la malle-poste (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 419). La sous-commission des experts avait reçu pouvoir de la commission d'investissement de proposer toutes modifications ou rectifications au programme établi (Qq. aspects équip. agric., 1951, p. 28).
JUST. Recevoir une déposition (ROLAND-BOYER 1983).
c) [Dans les formules de politesse d'usage dans la correspondance] Synon. de agréer. Recevez, monsieur, mes salutations. Et je vous prie de recevoir l'assurance de mes sentiments les plus distingués (FLAUB., Corresp., 1872, p. 9).
d) RELIG. Prendre, accepter, accueillir ce qui est donné, communiqué; ,,être gratifié de`` (MARCEL 1938). Recevoir une bénédiction, l'absolution, l'extrême-onction, un sacrement; recevoir la foi. Recevoir son pardon (Ac. 1835-1935). Elle ne désirait recevoir la communion qu'une fois par semaine environ (JOUVE, Paulina, 1925, p. 216).
Recevoir la lumière. ,,Être initié`` (FAUCHER 1981).
Au passif. Être reçu à (qqc.). Après cette initiation tout enfant nouveau-né est reçu à la Sainte Communion (Philos., Relig., 1957, p. 52-2).
2. Être l'objet (d'une action que l'on subit, de ce que l'on éprouve, de ce que l'on ressent).
a) Qqn reçoit qqc. Je reçus l'accueil le plus flatteur (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 377).
Synon. de prendre (v. ce mot 1re Section V B 2 b). Recevoir un affront, un blâme, une gifle; recevoir des coups, des blessures; recevoir une balle; recevoir la pluie. Fam. Qu'est-ce qu'il a reçu! (ROB.). Synon. qu'est-ce qu'il a pris!
Recevoir les ordres de qqn. ,,Être soumis à sa volonté, à ses ordres`` (Ac.).
Locutions
Recevoir un choc. V. choc C 1 a. J'avais posé sa valise sur une chaise et, en me retournant vers elle, je reçus un choc. Son visage s'était brusquement défait (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 26).
Recevoir son compte. V. compte II C 3 c. Nous n'avons relevé dans la maison, ni dans le parc, aucune trace de sang. Le type a reçu son compte juste à l'endroit où il est tombé (BERNANOS, Crime, 1935, p. 776).
Recevoir le coup de grâce. V. coup A 2 synt.
N'avoir de leçons, d'ordres à recevoir de personne. Quant aux vains scrupules dont vous me signalez le danger, je crois que, sous ce rapport, je n'ai de leçons à recevoir de personne (CUREL, Nouv. idole, 1899, II, 5, p. 216). Tu commences à m'agacer, mon garçon! je n'ai d'ordres à recevoir de personne, ici (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 264).
b) PHYSIOL., PHYS. Recevoir une excitation (v. ce mot A 2 a). Recevoir une impulsion (v. ce mot B 1).
[Le suj. désigne une chose] Qqc. reçoit qqc. Recueillir. Une vasque faite pour recevoir l'eau. Le miroir reçoit les images des objets (Ac.).
♦ [Le compl. désigne des rayons lumineux] Qqc. fait recevoir qqc. à qqc.; qqc. est reçu sur qqc. Recueillir. Cette configuration [d'une statuette, dit Rodin] lui fait recevoir en plein la lumière qui se distribue mollement sur le torse et les membres, et ajoute ainsi à l'agrément de l'ensemble (RODIN, Art, 1911, p. 53). Les rayons diffractés sont reçus sur une plaque photographique (FRIEDEL, Cristallogr., 1926, p. 373).
B. — [Avec un sens passif] Donner accès, laisser entrer.
1. Qqn reçoit (qqn). Laisser entrer, accueillir (une personne qui se présente, un invité, un client). Recevoir la famille tous les dimanches; recevoir qqn à sa table; recevoir la visite de qqn.
Souvent au passif. Qqn est reçu chez qqn. Pour lui « les duchesses » ont une importance énorme, parce que sa vanité est flattée lorsqu'il est reçu chez elles (LARBAUD, Journal, 1932, p. 260).
Dans le lang. admin., officiel, professionnel. On alla le recevoir au bas de l'escalier (Ac. 1835-1935). Ce fut également pendant le conseil que M. Viviani alla recevoir l'ambassadeur d'Allemagne qui devançait le rendez-vous demandé par lui la veille (JOFFRE, Mém., t. 1, 1914, p. 226). Permettre à ces praticiens de recevoir en consultation des malades qui leur sont adressés personnellement (Réforme hospit., 1959, p. 15).
Absol. Recevoir fréquemment, peu, très peu; recevoir à dîner; monsieur le Directeur reçoit de telle heure à telle heure. On reçoit demain à la Cour. Ce ministre reçoit deux fois par semaine (Ac. 1878, 1935). Tullia recevait. Tous les lundis elle donnait un thé (BALZAC, Prince Bohême, 1840, p. 387).
2. Qqn reçoit qqn. [L'accent est mis sur la manière de recevoir] Recevoir de telle ou telle manière. Recevoir amicalement, froidement, simplement. Un vieux chanoine, qui nous reçut comme des chiens (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p. 95).
Loc. Recevoir qqn à bras ouverts. Partout, grâce au képi du prince Grégory, nos chasseurs étaient reçus à bras ouverts (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 120). V. bras ex. 78. Recevoir qqn en coup de vent. Recevoir qqn entre deux portes (v. porte1 I A 2 a ). Fam. Recevoir qqn comme un chien dans un jeu de quilles (Ac.).
Au passif. Être bien, mal reçu; être reçu comme chez soi. Nous étions reçus à cœur ouvert partout, et toujours il fallait manger et boire (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 108).
3. Surtout au passif. Admettre, accueillir (quelqu'un, quelque chose) sous certaines conditions, après diverses épreuves.
[En parlant de candidats à un examen, un concours] Synon. admis. Être reçu à un concours, à un examen; être reçu premier, haut la main; être reçu chirurgien, docteur, lieutenant, médecin. Le latin m'ennuie, et si ce n'était qu'il faut être reçu bachelier, je n'en ferais de ma vie (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 66). Les élèves licenciés de l'École Normale Supérieure (...) reçus à l'épreuve orale de la partie théorique, peuvent (...) effectuer une période d'initiation aux fonctions d'enseignement (Encyclop. éduc., 1960, p. 374).
ARTS DU SPECTACLE. [La structure d'accueil est le comité de lecture, la direction de l'institution] Accepter (une œuvre) en vue de la monter. [La Comédie Française] reçut — en 1881, c'était méritoire — Les Corbeaux d'Henry Becque et les joua en 1882 (DUSSANE, La Comédie Fr., Paris, Hachette, 1960, p. 56). Au part. passé. Pièce reçue à l'Opéra. [La structure d'accueil est le public] Pièce bien reçue. Les Mémoires d'Outre-Tombe, mal reçus du public, déplurent particulièrement à M. Dubois qui reprochait à Chateaubriand l'outrance du langage et le vide de la pensée (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 451).
Recevoir le chapeau de cardinal, la croix de la Légion d'honneur. ,,Être nommé cardinal, chevalier de la Légion d'honneur`` (Ac. 1935).
4. Littér. Être reçu à + inf. Avoir le droit de, être autorisé à, être admis à. Tout le monde, d'ailleurs, est reçu à payer comptant (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 255). Personne n'est reçu à venir du dehors lui demander [au philosophe] explications et comptes rendus de mandat (NIZAN, Chiens garde, 1932, p. 43).
DR. Admettre. On l'a reçu à prouver (Ac. 1835-1935). Celui qui ne peut pas trouver une caution, est reçu à donner à sa place un gage en nantissement suffisant (Code civil, 1804, art. 2041, p. 367).
P. ext., loc. Fin de non-recevoir. V. fin1 B 1 dr.
5. PHYS., TECHNOL., ARTS PLAST., GÉOL., ZOOL. Accueillir.
Qqn reçoit qqc. Cette presse [à platine] étant en marche les seuls gestes nécessaires de l'ouvrier sont pour marger sa feuille, c'est-à-dire pour la placer contre les taquets de marge établis par lui et pour la recevoir (VALOTAIRE, Typogr., 1930, p. 47).
Qqc. reçoit qqc. Le prothorax est canaliculé en dessous pour recevoir le bec (E. PERRIER, Zool., t. 1, 1893, p. 1276). Le tirage d'une affiche une fois achevé, on efface le dessin par le même procédé de grainage et la pierre est prête à recevoir une nouvelle composition (Arts et litt., 1935, p. 30-17).
♦ Accueillir (en amortissant). Et terminons en représentant (...) un amortisseur pour recevoir le choc des portes qui est tout simplement formé en pratiquant sur le mur un trou tronconique dans lequel on peut engager la plus grande base du bouchon, ainsi tenu solidement (ROUSSET, Trav. pts matér., 1928, p. 61).
♦ Laisser entrer, recueillir. Une autre dépression (...) s'était formée de façon à recevoir, à l'époque du Westphalien supérieur, les dépôts d'eau douce ou saumâtre (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 193).
C. — Empl. pronom. réfl., SPORTS. ,,Prendre (ou reprendre) contact avec le sol en équilibre, notamment à la fin d'un saut`` (PETIOT 1982). Se recevoir en souplesse. La chute s'exécute en se recevant au sol sur les talons, les jambes tendues (R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941, p. 146).
[En parlant d'un cheval qui a sauté] Se recevoir bien ou mal. Arriver de l'autre côté de l'obstacle d'aplomb sur ses jambes ou avoir du mal à retrouver son équilibre en touchant terre (d'apr. PEARSON 1872). Mal placé, mal assis, n'accompagnant pas l'animal, se recevant mal et le faisant mal se recevoir du même coup (VIALAR, Bien-aller, 1952, p. 53).
Prononc. et Orth.:[], (il) reçoit []. PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930, Lar. Lang. fr. [-], BARBEAU-RODHE 1930 [], [], et dans je reçois [], [-]. MARTINET-WALTER 1973 dans il faut le recevoir [-] (15/18). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2e moit. Xe s. reciwre « accepter quelqu'un, laisser entrer quelqu'un » (St Léger, éd. J. Linskill, 57); b) ca 1145 « accueillir quelqu'un d'une certaine manière » (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 56 : Cil le recut mut bonement); c) 1721 (MONTESQUIEU, Lettres persanes, t. 1, p. 97: nous sommes reçus agréablement dans toutes les compagnies et dans toutes les sociétés); d) 1727 recevoir la visite de qqn (BOISSY, Français à Londres, 7, p. 31); 2. a) ca 1050 « prendre, accepter ce qui est offert » (Alexis, éd. Chr. Storey, 98); b) 1155 (WACE, Rou, éd. I. Arnold, 13815: Primes li rei, puis li barun Orent tuit receü baptesme); c) ca 1100 « subir » (Roland, éd. J. Bédier, 1178: colps ferir, e receivre et duner); d) ca 1165 « éprouver (un sentiment) » (BENOÎT DE SAINTE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 16041: Mout ont grant joie receüe); 3. a) ca 1100 « agréer, admettre » (Roland, 38: Si recevrez la lei des chrestiens); b) 1579 (H. ESTIENNE, Precellence, éd. H. Huguet, p. 177: ce mot jeune d'autant plus aisément doit etre receu parmi nous); c) 1657-58 (PASCAL, Art de persuader, section II, éd. L. Lafuma, p. 356: jamais une démonstration dans laquelle ces circonstances sont gardées n'a pu recevoir le moindre doute); 4. ca 1265 p. ext. (BRUNET LATIN, Tresor, éd. F. J. Carmody, p. 313: comme la cire reçoit la figure dou saiel); 5. 1283 dr. recevoir en jugement (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes, éd. A. Salmon, t. 1, p. 128), d'où fin de non recevoir (EST. 1538, s.v. praescribo); 6. déb. XVe s. « installer dans une charge, une fonction » (Arch. Nord, B, 146, 7e cahier, f ° 6); 7. 1611 part. passé subst. « récépissé » (COTGR.); 8. 1872 sports se recevoir « prendre ou reprendre contact avec le sol » (PEARSON). Du lat. recipere (de re « en arrière » et « en retour » et capere « prendre ») « retirer, ramener », « prendre en retour, reprendre, se reprendre » et par effacement du sens de la particule « accueillir, accepter, admettre », avec changement de conjug. au XIIIe s. (v. T.-L.) de receivre à recevoir comme percevoir. Fréq. abs. littér.:19 598. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 36 671, b) 28 983; XXe s.: a) 22 921, b) 22 739. Bbg. BOGACKI (K.). Les Prédicatifs locatifs stat. en fr. Warszawa, 1977, p. 67. — CHAURAND (J.). Conversion des actants et coréférence des circonstants. Ling. Investig. 1985, t. 9, n ° 1, pp. 55-68. — GROSS (G.). Un Cas de constr. inverse: donner et recevoir. Ling. Investig. 1982, t. 6, pp. 1-44. — GUIRAUD (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, t. 17, p. 14. — KOCH (P.). Verb-Valenz-Verfügung. Heidelberg, 1981, p. 224, 271, 305, 331. — LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 157-159.

recevoir [ʀəsvwaʀ; ʀ(ə)səvwaʀ] v. tr.
CONJUG. je reçois, tu reçois, il reçoit, nous recevons, vous recevez, ils reçoivent; je recevais, nous recevions; je reçus, nous reçûmes; je recevrai, nous recevrons; je recevrais, nous recevrions; reçois, recevons, recevez; que je reçoive, que tu reçoives, qu'il reçoive, que nous recevions, que vous receviez, qu'ils reçoivent; que je reçusse, que nous reçussions (inus.); recevant; reçu, ue.
ÉTYM. 1273; receivre, fin Xe; receveir, 1080; recivoir, au sens II, v. 1200; sens I, v. 1050; du lat. recipere, de re-, et capere « prendre, saisir ». REM. L'infinitif du verbe a d'abord hésité entre receveir (-oir), qui l'a emporté, et receivre; la forme moderne vient des formes du type nous recevons, sur le modèle de verbes comme avoir, devoir.
———
I (Sens passif). Se voir adresser (qqch.).
1 Être mis en possession de (qqch.) par suite d'un envoi, d'un don, d'un paiement, d'une communication, etc. || Recevoir une lettre (→ Éperdu, cit. 2), une réponse (→ Expression, cit. 18). || Recevoir un colis, un paquet (→ Messager, cit. 4), un catalogue (cit. 2), un livre (→ Moisson, cit. 5). || Recevoir un cadeau (→ Maître, cit. 66). || Recevoir un don (1. Don, cit. 7), une aumône (cit. 8, 13 et 14), des étrennes (cit. 7) || Recevoir un héritage, une donation. Acquérir. || Recevoir de l'argent. Encaisser (cit. 1); recette, rentrée. || Recevoir des arrhes (cit. 1), un paiement (→ Consignation, cit. 1), des appointements, des gages (→ Cuisinier, cit. 3), un salaire (→ Pourcentage, cit. 1), une gratification (cit. 1),… Percevoir, toucher. || Déclarer avoir reçu une telle somme. Récépissé, reconnaissance, reçu.Recevoir une récompense, une décoration (→ Légion, cit. 8), un prix… Avoir, obtenir.Absolt. || Donner (cit. 11 et 12) et recevoir. || « Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en trois mots » (→ Courtisan, cit. 2). || Toutes personnes peuvent disposer et recevoir… (Code civil, art. 902). — ☑ Loc. Donner d'une main et recevoir de l'autre.
1 (…) il aimait à enrichir les femmes les seuls êtres qui sachent bien recevoir parce qu'elles peuvent toujours rendre.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 219.
2 (…) mais Chardonneux était loin de Paris; le chevalier ne recevait pas la gazette, ou, s'il la recevait, ne la lisait pas (…)
A. de Musset, Pierre et Camille, VIII.
Recevoir la communion, un sacrement (→ Fructifier, cit. 3; néophyte, cit. 2). || Recevoir l'absolution (→ Offense, cit. 6), l'extrême-onction. || Recevoir les ordres (→ Célibat, cit. 8). || « Qu'il nous faut du malheur recevoir le baptême »… (→ 1. Loi, cit. 36, Musset, par métaphore).
3 Que doit faire le chrétien qui doit recevoir ce sacrement, s'il se sent en péché mortel ? Il doit se confesser avant que de le recevoir. Dans quel temps est-on plus obligé de recevoir la confirmation ? Dans le temps que l'Église est persécutée.
Bossuet, Catéchisme qui doit se faire…, XVIII.
Recevoir une nouvelle (→ Heure, cit. 52), des nouvelles de qqn (→ Flamberge, cit. 1). || Recevoir un avis (cit. 33), un avertissement (→ Malheur, cit. 39), un appel (→ Irrécusable, cit. 2). || Recevoir une commande (→ Jaquette, cit.), un ordre (→ Obéissance, cit. 3 et 4). || Recevoir une mission (→ Historiographe, cit. 2)… || Recevoir des compliments (cit. 7), des hommages (→ Fadeur, cit. 6), des honneurs (cit. 100). || Recevoir des félicitations (→ Blackbouler, cit. 2). || Recevoir un accueil (cit. 1) gracieux…(Formule épistolaire). || Recevez, Monsieur, mes salutations, l'assurance de mon dévouement. Agréer (→ Personne, cit. 8).Recevoir un aveu (→ Flatteur, cit. 10), des confidences (→ Friand, cit. 6). || Recevoir un conseil. || Recevoir la foi (→ Engager, cit. 14), la parole… de qqn. || Recevoir un privilège (→ Impalpable, cit. 1), un droit (3. Droit, cit. 14), un héritage (→ Nation, cit. 1). || Recevoir des soins (→ Après, cit. 27), des secours, de l'instruction (→ Ignorance, cit. 4), un certain genre (cit. 31) d'éducation. || « N'osant rien demander (cit. 9) et n'ayant rien reçu » (Arvers). || Recevoir un titre (→ Allongement, cit. 3), un nom (→ Faculté, cit. 3).
4 Je sens que je me meurs. Approchez-vous, mon fils…
(…) Venez, et recevez l'âme de Mithridate.
Racine, Mithridate, V, 5.
5 Horace était enfin un de ces amis qui ne s'inquiètent pas de ce qu'ils reçoivent en échange de ce qu'ils donnent, certains de recevoir à leur tour plus qu'ils ne donneront.
Balzac, la Messe de l'athée, Pl., t. II, p. 1151.
6 Des connaissances, des conseils, mes trois fils en ont reçus.
G. Duhamel, la Musique consolatrice, III.
Recevoir qqch. de qqn. Tenir. || Recevoir de la nature un sentiment (→ 3. Mal, cit. 43), un certain caractère (→ Prévoyance, cit. 3). || Les dons qu'il a reçus du ciel en partage. || Recevoir de ses ancêtres, de ses parents (cit. 3) certains traits physiques ou moraux (→ Éternité, cit. 7; génération, cit. 25; humain, cit. 8). Hériter.Recevoir l'être (2. Être, cit. 4), le jour (→ 1. Augure, cit. 2), la vie… || Le plaisir qu'une créature aimée reçoit d'un autre (→ Jalousie, cit. 28).
Recevoir des avantages, un agrément, un déplaisir… de qqch. Tirer. || La récompense que l'on reçoit des choses que l'on fait (→ Applaudissement, cit. 10). || Ne recevoir de leçons (cit. 11) que de l'expérience. || Recevoir quelque plaisir de la diffamation (cit. 1).
7 Il a reçu du Ciel certaine bonté d'âme (…)
Molière, les Femmes savantes, I, 3.
8 Quel fruit recevront-ils de leurs vaines amours ?
Racine, Phèdre, IV, 6.
Turf. || Cheval qui reçoit d'un adversaire cinq livres, vingt-cinq mètres, qui est avantagé par rapport à lui de cinq livres, de vingt-cinq mètres (par suite des conditions de la course ou d'un handicap).
(Sujet n. de chose). || La pause (cit. 5) reçoit son sens des notes qui l'entourent. || Recevoir sa valeur de… (→ Figure, cit. 26). Emprunter. || Verbe qui reçoit des acceptions différentes selon que son complément d'objet désigne une personne ou une chose.
2 (1080). Sujet n. de personne. Être atteint par…, être l'objet de… (qqch. que l'on subit, que l'on éprouve).(Concret). || Recevoir des coups (cit. 4 et 46), des blessures (→ Estomac, cit. 14). || Recevoir une gifle (cit. 7), un soufflet (→ Joue, cit. 4), une correction, une pile (cit. 2). || Recevoir des balles (→ Ou, cit. 19), du plomb (→ Guetter, cit. 4), un boulet (→ Honneur, cit. 54)… || Il a reçu une balle dans la jambe. || Qu'est-ce qu'il a reçu ! Attraper, prendre. || Recevoir des prunes sur la tête (→ Prunier, cit. 1). || Recevoir quelques éclaboussures (cit. 3) de la bataille. || Recevoir la pluie, une averse, une douche (cit. 2). || Recevoir le soleil de face (→ Mi-temps, cit. 1).Absolt. Écoper, trinquer. || « Tout le secret des armes (cit. 39) consiste à donner et à ne point recevoir » (Molière).
9 (…) car d'entrer chez quelqu'un la nuit, de lui souffler sa femme, et d'y recevoir cent coups de fouet pour la peine, il n'est rien plus aisé (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, I, 1.
(Abstrait). || Recevoir un affront (→ Hasard, cit. 9), un camouflet, des injures (→ Adoucir, cit. 7), un châtiment, une leçon (cit. 20) Essuyer, subir. || Il a reçu son compte, (fam.) son paquet.Recevoir des empreintes (cit. 9); une impression (cit. 47; et → Frapper, cit. 42; ineffaçable, cit. 4). Éprouver; réceptif, susceptible.
10 (…) il n'y avait pas de raison pour que je ne reçusse des sensations de ce genre dans le monde aussi bien que dans la nature, puisqu'elles sont fournies par le hasard (…)
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 918.
10.1 Il est naturel que mes confrères socialistes aient été mécontents et qu'ils ne me l'aient pas caché (…) Mais trop c'est trop ! Franc-Tireur, le Populaire, la République de Normandie, Demain… Il n'est pas de jour où je ne reçoive mon paquet.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 214.
(Mil. XIIe). Sujet n. de chose. || La lune (cit. 1) reçoit sa lumière du soleil (→ Demi-cercle, cit. 1). || Corps qui reçoit un mouvement (→ Expansif, cit. 1; machine, cit. 3). || Recevoir une excitation (cit. 12), une impulsion (cit. 2), une certaine vitesse (→ Propulsion, cit.). || Les corps animés reçoivent et communiquent l'influence des astres (→ Magnétiseur, cit. 1). || La matière qui a reçu telle ou telle forme (→ Ouvrage, cit. 1). || Dans sa chute, sa jambe droite a reçu tout le poids du corps.
(Chose abstraite). Être l'objet de. Prendre. || Cet adage (cit. 3) reçut une nouvelle confirmation. || Ces points pourraient recevoir leur élucidation (cit.). || Mot qui reçoit une signification (→ Galamment, cit. 3; liberté, cit. 19). || Les nominaux (cit. 5) ne peuvent recevoir toutes les caractérisations que reçoit le nom. || Cette loi ne doit jamais recevoir d'atteinte (→ Gardien, cit. 4).
11 (…) avant trois mois l'affaire dont nous nous sommes entretenus recevra une heureuse solution.
Maupassant, Pierre et Jean, VII.
———
II (Sens actif). Laisser entrer ou venir à soi, donner accès à.
1 Laisser entrer (qqn qui se présente). || Prince, ministre qui reçoit qqn (→ Appareil, cit. 10; atermoyer, cit. 2; évêque, cit. 3). || Dans l'ancien code civil, la femme était obligée d'habiter avec le mari et il était tenu de la recevoir.
Spécialt. Faire venir chez soi pour un repas, une réunion. Inviter. || Recevoir des amis (→ ci-dessous, absolt, recevoir). || Recevoir qqn à dîner, à sa table (→ Parasite, cit. 1).Être reçu entre deux portes (cit. 9).
Faire entrer en allant chercher, en accompagnant. Introduire. || Se déranger (cit. 11) pour recevoir qqn qui entre. || Des garçons (cit. 24) habillés de noir nous reçurent et nous conduisirent…
12 Le domestique revint. Madame allait recevoir Monsieur (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, VI.
13 (…) ce vieux M. de Mesnilgrand, qui ne voyait pas un chat d'ordinaire, se mettait à inviter et à recevoir les anciens amis et camarades de régiment de son fils et à se gaver de ces somptueux dîners d'avare (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées ».
Spécialt. (En parlant de réceptions officielles, solennelles). || Recevoir un nouvel Académicien (→ Doser, cit.; et aussi discours, cit. 15). Réceptionnaire, récipiendaire. || Se faire recevoir solennellement en Sorbonne (→ Grand, cit. 61).
13.1 Vous savez, là où on est, c'est bien en attendant, mais c'est vraiment trop petit. On ne peut recevoir personne (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 140.
Réserver un accueil (bon ou mauvais) à (qqn). Accueillir, traiter; hospitalité. || Recevoir qqn les bras (cit. 24) ouverts, avec empressement (cit. 1). || Recevoir le client avec amabilité (→ Guelte, cit. 1). || Recevoir mal qqn (→ Œil, cit. 39), avec une politesse glacée (cit. 24).Recevoir qqn comme un chien (cit. 34) dans un jeu de quilles.Par plais. || Recevoir l'ennemi à coups de canon.Fam. Se faire recevoir : subir une réprimande.
14 Quand nous arrivâmes, on nous reçut avec honneur; car les Crétois sont les peuples du monde qui exercent le plus noblement et avec le plus de religion l'hospitalité.
Fénelon, Télémaque, V.
15 Reçois mes compliments pour la manière dont tu as reçu le sieur Villemain. Tu t'es bien conduite.
Flaubert, Correspondance, 387, 30 avr.-1er mai 1853.
(Passif et p. p.). || Être bien reçu, en cérémonie, avec les honneurs (→ Admettre, cit. 1; caïd, cit. 1; endurer, cit. 13). || Être mal reçu (→ Face, cit. 61).
(1798). Absolt. Accueillir habituellement des amis, des invités; donner une réception.Une femme qui sait recevoir : une parfaite maîtresse de maison. || Il recevait, donnait à dîner (→ 1. Montre, cit. 5). || Le cénacle (cit. 3), entourage d'un poète qui reçoit. || Avoir un jour (cit. 52) où l'on reçoit (→ Maison, cit. 20). || Ils reçoivent très peu.Admin. Accueillir les visiteurs. || Monsieur le Directeur reçoit tel jour de telle heure à telle heure.
16 En 1820, la marquise sortit de sa léthargie, parut à la cour, dans les fêtes et reçut chez elle.
Balzac, l'Interdiction, Pl., t. III, p. 42.
17 Les Loménie recevaient dans leur jardin, avec des chaises de paille autour d'une table verte, sous un grand figuier… Il y avait trois vieilles dames avec des rubans au cou, et Mlle Éva avec un jabot plissé qui préparait le thé et les petits fours (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XIV.
Par ext. || Recevoir une visite, des visites, la visite de qqn… (→ Militer, cit. 3; 1. prêt, cit. 9).
18 Pasteur dîne en ville tous les dimanches et reçoit chaque jour visite sur visite, quand Bobillard, si férié que soit le jour, ne va chez personne et ne reçoit chez lui âme qui vive.
M. Jouhandeau, Chaminadour, III, XII.
2 Fig. (Compl. n. de chose). Accueillir. || Recevoir froidement (cit. 1) une proposition (→ Esprit, cit. 166). || Je me demande comment il recevra mes conseils. Prendre.P. p. adj. || Initiative mal, bien reçue.
19 (…) cette liberté ne pouvait pas être mal reçue.
Racine, Andromaque, 2e préface.
20 Ce qu'on appelle une oraison funèbre n'est aujourd'hui bien reçue du plus grand nombre des auditeurs, qu'à mesure qu'elle s'éloigne davantage du discours chrétien (…)
La Bruyère, les Caractères, XV, 20.
3 (Déb. XIIIe). Laisser entrer (qqn) à certaines conditions, après certaines épreuves. Admettre. (Surtout au passif). || Se faire recevoir licencié (cit.) ès lettres, avocat (→ Mon, cit. 10). || Être reçu à un examen, au concours d'entrée à… || Être reçu à l'agrégation. || Être reçu à une Grande École, à Normale supérieure. Passer. || Il n'a pas été reçu. Recaler, refuser. || Être reçu au rang des doctes (cit. 5). || Société, club où l'on ne reçoit pas certaines personnes. || Être reçu sur présentation de deux parrains.(Relig.). || On n'était reçu alors dans l'Église qu'après avoir abjuré (cit. 2) sa vie passée.
21 Il y avait bien cinq à six forts à l'École centrale qui furent reçus à l'École Polytechnique en 1797 ou 98 (…)
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 34.
22 Il venait d'être reçu à son examen avec mention (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XIII.
Vieilli ou littér. || Être reçu à… (suivi de l'inf.) : être autorisé à…, avoir le droit de… (→ Assassiner, cit. 5).Vx. || Recevoir qqn à…
23 (…) on n'est jamais reçu à dire que tout est perdu quand on n'a rien tenté.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 347.
4 (1538). Faire entrer (qqch.). Mettre, recueillir (→ Jongler, cit. 1). || Recevoir un liquide dans un récipient. || Tourner son fauteuil pour mieux recevoir le jour de la fenêtre (→ Origine, cit. 8).Par ext. (d'un récipient). || Les eaux de la source sont reçues dans un bassin. Receveur (III.). || Creuset qui reçoit le minerai en fusion (→ Impureté, cit. 3). || Les os (cit. 1) se creusent de cavités pour recevoir les parties molles. || Lacs (cit. 4) qui reçoivent des eaux. || Les fleuves reçoivent des affluents. || Le port reçoit de grands navires. || Salle capable de recevoir deux mille personnes. Contenir.Par métaphore. || Mon cœur est grand, il peut tout recevoir (→ Percer, cit. 6; et aussi lumineux, cit. 7).
24 Quand un cheval de bois par Minerve inventé,
D'un rare et nouvel artifice
Dans ses énormes flancs reçut le sage Ulysse,
La Fontaine, Fables, II, 1.
5 (1080). Littér. Admettre en son esprit (comme vrai, légitime). Admettre, reconnaître. || « Ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment (cit. 1) être telle » (Descartes). || Recevoir toutes les opinions d'autrui (→ Inconstance, cit. 1). || La version de la Bible que l'Église a reçue sous le nom de Vulgate (→ Hébreu, cit. 8). || Recevoir la loi de Moïse (→ Après, cit. 76).
25 La nouvelle de M. de Beauvilliers (…) est une fausseté de cette année (…) M. de Lamoignon ne voulut point la recevoir (…)
Mme de Sévigné, 1147, 9 mars 1689.
(Au passif). || Il est reçu que…, c'est reçu, admis, considéré comme vrai.
26 Il était reçu que le Messie en ferait beaucoup (de miracles).
Renan, Vie de Jésus, Œ. compl., t. IV, p. 244.
27 (…) on joue parce qu'il faut jouer, parce que c'est reçu; ce ne serait plus reçu que personne ne jouerait, absolument comme, à des époques successives, il est de bon goût de se battre et de bon goût de ne se battre pas.
A. de Gobineau, les Pléiades, I, VII.
Au p. p. → ci-dessous, reçu, ue.
28 C'est une affaire très chanceuse que de démontrer scientifiquement la vérité morale la plus universellement reçue.
France, Pierre Nozière, II, p. 146.
6 Accepter (qqch.) comme agréable. Agréer. || Recevoir les suggestions de qqn (→ Préalable, cit. 2). || Je reçois vos excuses.Dr. Accepter comme recevable. || Aucune demande (cit. 8)… ne sera reçue dans les tribunaux… || La Convention reçut et discuta un projet (→ Instituteur, cit. 4). — ☑ Loc. Non-recevoir. || Fin de non-recevoir.
7 Vx. (Sujet n. de chose). Comporter. || Cette idée générale de la beauté (cit. 4) reçoit de très grandes différences. || Recevoir des difficultés. Souffrir. || Cela ne reçoit point de contradiction (cit. 1).
29 (…) d'une tendresse qui ne peut recevoir de comparaison.
Mme de Sévigné, 276, 16 mai 1672.
——————
se recevoir v. pron.
1 (Récipr.). || Nos deux familles se reçoivent trois ou quatre fois par an.
2 (Réfl.). Vx. || Se recevoir sur : se retenir par. || « Le perroquet se reçoit sur son bec » (Littré).
(1872, turf; puis sports, 1899, d'abord en lutte). Mod. Retomber d'une certaine façon après un saut. || Le cheval a bien franchi l'obstacle mais il s'est mal reçu. || Sauteur qui se reçoit sur la jambe droite. Réception.Fam. || Se recevoir sur le derrière : tomber sur le derrière.
30 Dans la course, « l'instant de suspension et d'extension qui suit la détente de la jambe arrière » est un instant particulier, différent par sa valeur de l'instant où le corps se détend, différent par sa valeur de l'instant où le corps se reçoit.
Montherlant, les Olympiques, p. 59.
31 (…) il fait un demi-saut périlleux et quitte les agrès il se reçoit sur le sable (…)
Tony Duvert, Paysage de fantaisie, p. 150.
——————
reçu, ue p. p. adj.
1 (Au sens I). || Coups reçus. || Les avanies reçues. Subi. || Le plaisir reçu et donné (→ 1. Physique, cit. 6; mutuellement, cit. 1).
2 (Au sens II). || Les amis reçus. || Bien reçu, mal reçu.(Choses). → ci-dessus cit. 19, 20.
Spécialt. || Les candidats reçus et les candidats refusés.N. || Les admissibles et les reçus.
Reçu à… → ci-dessus, cit. 28 et supra.
Vx (langue class.). Personnes. || Être reçu à (et inf.) : être autorisé à…
3 (Sens II, 5; → cit. 28, ci-dessus). Admis, reconnu. || Opinions, idées communément, généralement reçues (→ Jugement, cit. 5). || Coutumes, usages reçus (→ Attacher, cit. 108; équité, cit. 15). || Les idées reçues (→ 1. Masse, cit. 28; miracle, cit. 3). || Le Dictionnaire (cit. 13) des idées reçues, de Flaubert. || Théorie actuellement reçue (→ Anoblir, cit. 7; 1. faux, cit. 58). || Mot reçu (→ Fixer, cit. 9). || Employer un mot dans le sens le plus généralement reçu.
CONTR. Adresser, bailler, donner, émettre, envoyer, léguer, offrir, transmettre. — (En parlant de l'argent) Débourser, décaisser, payer, verser. — Esquiver (un coup). — Ajourner, dresser, éliminer, exclure, refuser. Déverser.
DÉR. Recevable, receveur, reçu. — (Du rad. lat.) Récépissé, réceptacle, récepteur, réceptif, réception, recette, récipiendaire, récipient.

Encyclopédie Universelle. 2012.