revenir [ r(ə)vənir; rəv(ə)nir ] v. intr. <conjug. : 22> I ♦ (Personnes)
1 ♦ Venir de nouveau. Le docteur promit de revenir le lendemain. ⇒ repasser. Il n'est pas revenu nous voir.
♢ Venir d'un lieu, d'une situation, au lieu, à la situation où l'on était auparavant. Revenir sur ses pas, en arrière (cf. Tourner bride; faire demi-tour, rebrousser chemin). « On ne devrait jamais revenir, aussi bien sur les lieux de ses crimes que sur les lieux de ses petits bonheurs » (Boudard). Revenir chez soi, dans son pays. ⇒ rentrer, retourner; fam. rappliquer. Revenir à sa place. ⇒ regagner. Je reviens dans une minute, tout de suite, je serai de retour. Revenir au pouvoir. — Par ext. Son mari lui est revenu (après une fugue, une rupture).— Revenir à soi : reprendre conscience (après un évanouissement). Revenir à la vie.
2 ♦ Fig. REVENIR SUR (qqch., un sujet),le reprendre. « Puisque nous avons promis au juge de ne pas revenir sur cette affaire, il n'en faut plus parler » (Diderot). À quoi bon revenir là-dessus ? Je reviendrai là-dessus : j'expliquerai ce point. — Y revenir. « On dirait même que c'est là leur sujet favori et presqu'exclusif. Elles y reviennent toujours » (Caillois). — Par ext. La conversation revient sur tel sujet.
♢ Revenir sur son opinion, sa promesse, sa parole. ⇒ se dédire, se rétracter. « En attendant que celui-ci revînt sur son absurde décision » (Martin du Gard).
3 ♦ REVENIR À (qqch. que l'on a laissé, délaissé). Revenir à ses premières amours. Revenir à de meilleurs sentiments. ⇒ retourner.
♢ Revenons à notre sujet. Revenons à nos moutons. — Il n'y a plus à y revenir : n'insistez pas. « Nous en revînmes forcément à parler de la vie en général » (Céline).
4 ♦ Revenir de (un lieu). ⇒ rentrer. Les enfants reviennent de l'école. Il est revenu fatigué de ce voyage. « Le comte de Guilleroy parut, revenant de dîner en ville » (Maupassant). — Littér. Il s'en revenait de la chasse.
♢ Sortir (d'un état). Revenir d'une maladie. ⇒ guérir. Revenir de loin. En revenir. ⇒ échapper, réchapper.
♢ Ne pas revenir de son étonnement, de sa surprise. N'en pas revenir : être extrêmement étonné. « Être battu sur son propre terrain, il n'en revenait pas » (Chateaubriand).
5 ♦ Fig. Revenir de ses illusions, de ses prétentions (cf. En rabattre). Il en est revenu : il en est guéri, désabusé. — Par ext. Être revenu de tout. ⇒ blasé, détaché. « pour être revenu de tout, mon ami, il faut être allé dans bien des endroits » (Musset).
II ♦ (Choses)
1 ♦ Apparaître, se manifester à nouveau. « Hélas ! Quand reviendront de semblables moments ! » (La Fontaine). Fêtes qui reviennent à dates fixes. « Quand je sentis contre moi le bras de la jeune fille, le calme et l'assurance me revinrent » (Duhamel). Ce mot, ce nom revient souvent dans la conversation. Le courage, l'appétit lui revient. Une affaire qui revient sur le tapis.
♢ Retourner en un lieu. La lettre mal adressée lui est revenue. « Les grands chars gémissants qui reviennent le soir » (Hugo).
♢ Être de nouveau (dans un état). La situation revient à la normale, redevient normale. Les rayures reviennent à la mode.
2 ♦ (Sujet chose) Revenir à qqn, à l'esprit, à la mémoire de qqn. « Peut-être cela me reviendra-t-il comme beaucoup de choses me reviennent en écrivant » (Stendhal ). Ça me revient ! je m'en souviens à l'instant. Il me revient que (et indic.). ⇒ se souvenir.
♢ Convenir. Vx « Cette tapisserie revient bien à ce meuble » (Furetière). Mod. Il a une tête qui ne me revient pas. ⇒ plaire.
3 ♦ Revenir à qqn, aux oreilles de qqn, parvenir à sa connaissance. Un rapport « fort propre à justifier ces préoccupations, si, par hasard, il en revenait quelque chose aux oreilles du gouvernement britannique » (Madelin). Il m'est revenu de plusieurs sources...
4 ♦ Revenir à qqn, lui échoir. « Il me revient, sur l'argent que je viens de changer, soixante francs » (Romains). Le titre lui revient de droit. « C'était le futur Henri IV à qui revenait la couronne » (Bainville). Cet honneur vous revient. ⇒ appartenir. — Impers. C'est à lui qu'il revient de faire cette demande. ⇒ incomber.
5 ♦ Coûter au total. Revenir cher. Le dîner est revenu à cent francs par personne. La production revient à quelques centimes la pièce (cf. Prix de revient). Cela m'est revenu très cher.
♢ Équivaloir. Cela revient à dire que : c'est comme si on disait que. Cela revient au même, à la même chose.
III ♦ (1798; se revenir « retrouver vie, fraîcheur » XVIe)
1 ♦ Faire revenir un aliment, le passer dans un corps gras chaud pour en dorer et en rendre plus ferme la surface. ⇒ rissoler. Il « alluma le poêle et fit “revenir” le lapin » (Dabit). — Oignons revenus au beurre.
2 ♦ Fam. Retrouver sa propreté, sa netteté. Après deux lavages, les rideaux sont bien revenus.
● revenir verbe intransitif (latin revenire) Venir à nouveau, une autre fois quelque part : Les oiseaux migrateurs reviennent tous les ans. Regagner le lieu où l'on était, le lieu où l'on est habituellement : Après l'entracte, les spectateurs reviennent à leur place. Se présenter, se manifester de nouveau : Le froid et la neige sont revenus. Rentrer après avoir accompli telle action : Elle revient de faire ses commissions. Sortir d'un état passager pour retrouver son état normal : Il n'est pas encore revenu de sa surprise. Littéraire. Abandonner une manière de sentir, de penser, la désavouer : Revenir de ses préventions. Retrouver un état perdu, des moyens dont on était privé : Revenir à de meilleurs sentiments. En parlant d'un matériau, retrouver son état normal, antérieur, après un traitement particulier : Tissu qui est bien revenu au lavage. Se livrer, s'adonner de nouveau à quelque chose : Revenir au projet initial. Être retourné, rendu à quelqu'un : La lettre est revenue à son destinataire. Retourner près de quelqu'un, avoir à nouveau les mêmes sentiments à son égard. Se présenter de nouveau à l'esprit, à la conscience de quelqu'un : Des souvenirs qui reviennent à la mémoire. Être recouvré, récupéré par quelqu'un : Les forces lui reviennent lentement. S'élever au total, à la somme de, coûter tant à quelqu'un : L'entretien de cette voiture me revient cher. Être équivalent à quelque chose d'autre, s'y ramener : Cela revient en fait à une rupture. Rattraper ou se rapprocher d'un concurrent, d'une équipe : Revenir au score. ● revenir (citations) verbe intransitif (latin revenire) Douglas MacArthur Fort Little Rock, Arkansas, 1880-Washington 1964 Je reviendrai. I shall return. Déclaration du 13 mars 1942 Commentaire MacArthur prononça cette phrase à son arrivée en Australie après avoir quitté l'îlot de Corregidor, dans la baie de Manille. Voici la citation exacte : « Le président des États-Unis m'a ordonné de traverser les lignes japonaises et de me rendre de Corregidor en Australie, dans le but d'organiser, contre le Japon, l'offensive américaine, dont le premier objectif est la délivrance des Philippines. J'ai passé au travers, mais je reviendrai. » Corregidor fut reconquis le 2 mars 1945. ● revenir (difficultés) verbe intransitif (latin revenire) Conjugaison Comme venir. Avec l'auxiliaire être. ● revenir (expressions) verbe intransitif (latin revenire) Revenir sur quelque chose, reparler d'un sujet, d'une question : Il revient sans cesse sur sa jeunesse ; reconsidérer ce que l'on a dit ou fait, changer d'avis : On ne reviendra pas sur cette décision. En revenir, revenir de loin, sortir sain et sauf d'une maladie ou d'un danger où l'on risquait de perdre la vie. En revenir à quelque chose, reprendre de l'intérêt pour ce qu'on avait délaissé : Il faut en revenir à notre première idée ; reparler d'un sujet après une digression : Revenons-en à notre affaire. (Être) revenu de tout, être complètement désabusé, indifférent à tout. Faire revenir un aliment, le faire colorer dans un corps gras chaud. Littéraire. Il me revient que, je me souviens. Il n'y a plus à y revenir, c'est définitif, c'est irrévocable. Familier. Il (ça) s'appelle Reviens, se dit lorsqu'on prête quelque chose qu'on veut récupérer. Ne pas revenir sur quelque chose, en Belgique, ne pas s'en souvenir. N'en pas revenir, être extrêmement surpris. Familier. Ne pas revenir à quelqu'un, lui déplaire, lui inspirer de la méfiance : Ces gens-là ne me reviennent pas. N'y revenez pas (plus), avertissement, avec menace voilée, à ne pas recommencer. Revenir à soi, reprendre conscience après un évanouissement. Revenir au même, être équivalent. Revenir sur ses pas, refaire en sens inverse le chemin parcouru. ● revenir (synonymes) verbe intransitif (latin revenire) Venir à nouveau, une autre fois quelque part
Synonymes :
- repasser
Regagner le lieu où l'on était, le lieu où l'on...
Synonymes :
- rentrer
Se présenter, se manifester de nouveau
Synonymes :
- réapparaître
Se livrer, s'adonner de nouveau à quelque chose
Synonymes :
- retourner à
- se remettre à
Se présenter de nouveau à l'esprit, à la conscience de...
Synonymes :
Être recouvré, récupéré par quelqu'un
Synonymes :
- récupérer
Faire revenir un aliment
Synonymes :
- rissoler
- sauter
Familier. Ne pas revenir à quelqu'un
Synonymes :
- agréer
- convenir
● revenir
verbe transitif indirect
Être destiné à quelqu'un, lui appartenir, lui échoir légitimement : À sa mort, tous ses tableaux reviendront au musée.
Échoir, incomber à quelqu'un (souvent impersonnel) : C'est à vous qu'il revient de présider la réunion.
● revenir (synonymes)
verbe transitif indirect
Échoir, incomber à quelqu'un (souvent impersonnel)
Synonymes :
- afférer
- incomber
revenir
v. intr.
rI./r
d1./d Venir de nouveau. Il est revenu trois jours plus tard.
d2./d Retourner (au lieu d'où l'on est parti). Revenir au pays.
|| v. Pron. (Québec) Cour. S'en revenir: retourner (d'où l'on vient). Je les vois qui s'en reviennent.
d3./d Revenir sur ses pas: rebrousser chemin.
|| Fig. Revenir sur une chose, y prêter de nouveau attention; en reparler. Il n'y a pas à revenir là-dessus, à y revenir.
— Revenir sur une décision, la reconsidérer, l'annuler. Revenir sur sa promesse, s'en dédire.
d4./d (Choses) Retourner au point de départ. Le questionnaire est revenu sans avoir été rempli.
rII./r Revenir à.
d1./d Reprendre (ce qu'on a quitté). Revenir à ses habitudes.
— N'y revenez pas: ne recommencez pas; n'insistez pas.
d2./d être rapporté à.
|| v. impers. Il m'est revenu certains propos.
d3./d Revenir à soi: sortir d'un évanouissement.
d4./d (D'un état, d'une faculté, etc.) être recouvré par (qqn). L'appétit lui est revenu.
d5./d Se présenter de nouveau à l'esprit de (qqn). Cela me revient: je m'en souviens.
d6./d échoir à. Cette part lui revient.
|| v. impers. C'est à vous qu'il revient de trancher.
d7./d équivaloir à. Cela revient au même: le résultat est le même.
d8./d Coûter. Cela me revient cher.
rIII/r Revenir de.
d1./d Rentrer. Revenir de voyage.
|| Je n'en reviens pas: je suis stupéfait.
|| Revenir d'une erreur, d'une illusion, s'en affranchir.
— Il est revenu de tout: il est blasé.
rIV./r CUIS Faire revenir un aliment, le faire cuire superficiellement, dans une matière grasse.
⇒REVENIR, verbe
I. — Venir, se manifester de nouveau (quelque part).
A. — [Le suj. désigne un être animé] Sûr qu'on est venu, fit-elle de sa voix aigre. On est venu, et on revient (BERNANOS, Crime, 1935, p. 835):
• 1. Deux, trois années après (...), il a fait sa première réapparition à la Calade et, depuis, il y revient bien régulièrement toutes les années bissextiles...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 159.
— Empl. impers. Si il revient des clients! de quoi alors on aura l'air? Il faut vous reposer plutôt...! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 466).
— Rare. [Avec une valeur temporelle] Faire sa réapparition après avoir disparu du cours de l'histoire. Tiens, Michel, si les duchesses revenaient, je pourrais aussi être duchesse (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 268).
B. — [Le suj. désigne qqc. d'inanimé] L'hiver, le printemps revient; expression, formule, terme qui revient souvent sous la plume de qqn. Le soleil revint ensoleiller les places D'une ville marine apparue contremont (APOLL., Alcools, 1913, p. 110). [Les fièvres] revenaient tous les trois ou quatre jours (...) et abattaient le patient (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 114).
— [En parlant d'un organe, d'un végétal] Pousser de nouveau, souvent après avoir été coupé. Ses cheveux commencent à revenir (Ac. 1835, 1878). Les cieux se sont ouverts, des milliers de fleurs sont revenues sur les prairies de Hollyn (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 40).
— [En parlant de la matière du discours] Être mentionné à plusieurs reprises. Les auteurs grecs et latins reviennent souvent dans ses écrits (Ac. 1935). Il y avait principalement un certain duché de Barancy qui revenait dans toutes les conversations (A. DAUDET, Jack, t. 1, 1876, p. 152).
♦ Au fig. Revenir sur le tapis. Devenir de nouveau un sujet de conversation. [À la Puerta del Sol] Balmaseda, Cabrera, Palillos et autres chefs de bande plus ou moins importants reviennent à toute minute sur le tapis (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 100). Celui-ci [le répétiteur] allait bientôt faire une période militaire (...). La loi de trois ans, tout naturellement, revint sur le tapis (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 280).
— Empl. impers. Les premières dents de cet enfant sont tombées, il lui en revient d'autres (Ac. 1835-1935). On ne pourrait seulement pas s'asseoir sur l'herbe; puis, ça ne paraissait pas fini, il reviendrait peut-être une saucée (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 440). Il me revient dans la parole quelque chose de mes pensées du matin sur la jeunesse actuelle (GONCOURT, Journal, 1888, p. 894).
II. — Faire retour (à un point de départ).
A. — Qqn revient de qq. part. Synon. rentrer. Revenir de la chasse, de la guerre, de voyage. La femme du monde, qui sort de chez le mari, va à la faute ou en revient (GONCOURT, Journal, 1865, p. 215):
• 2. En revenant du pacage ou avant d'y aller, il portait la pâtée aux cochons, coupait les herbes pour la volaille, retournait les litières, fendait le bois de la cuisine, sarclait au jardin...
PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 89.
♦ Des esprits reviennent et, empl. impers., il revient des esprits dans cet endroit. ,,On croit y voir des fantômes, on y entend des bruits que le vulgaire attribue à des esprits`` (Ac. 1798-1935).
— Au fig.
♦ (Sembler) revenir de l'autre monde (fam.). Avoir l'air déconcerté, ne pas être au courant d'un fait, d'un événement remarquable arrivé depuis peu (d'apr. Ac. 1798-1935).
♦ Revenir de Pontoise, de Chaillot (dans l'arg. du peuple). ,,Avoir l'air étonné, ahuri; dire des sottises`` (DELVAU 1866, p. 339). Revenir du Congo (vx). Ne plus être au fait des modes, des mœurs, de l'opinion. Après une longue révolution, beaucoup de gens semblent revenir du Congo (BOISTE 1823, BESCH. 1845).
B. — Qqn revient d'un point de départ de qqc., de qqn. [Avec une valeur temporelle] Dominique montait à son cabinet, c'est-à-dire qu'il revenait de vingt-cinq ou trente ans en arrière, et cohabitait pour quelques heures avec son passé (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 27).
♦ Revenir (d'un état physique ou moral altéré). Se remettre de. Revenir de son évanouissement, d'une maladie. Truguelin, revient de son accablement, comme s'il sortait d'un long sommeil (GUILBERT DE PIXER., Coelina, 1801, III, 2, p. 42). Il retourna auprès de Noël qui commençait à revenir de son étourdissement (...). Il le souleva dans ses bras et dit à l'Anaïs: — Ce n'est rien du tout, le voilà qui remue déjà (AYMÉ, Jument, 1933, p. 300).
— Locutions
♦ Ne pas en revenir. Succomber à une grave maladie, ne pas échapper à un grave danger. V. maladie ex. 6.
♦ Revenir de loin. Échapper à de graves dangers. Ses dernières années furent édifiantes, il était revenu de loin (Ac. 1935). Il est crevé! (...) — Avec des soins, on revient de loin! (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 38).
♦ Revenir d'un étonnement, d'une frayeur, d'une surprise. Retrouver ses esprits après une émotion violente. V. fou1 I B 1 b ex. de Proust.
♦ Ne pas en revenir, n'en pas revenir. Être saisi d'un profond étonnement. Mme Daudet (...) n'en revenait pas de la bêtise, de l'ignorance, de la prétention de ce monde (GONCOURT, Journal, 1894, p. 556):
• 3. Elle est née souffre-douleur. Elle a repris tout naturellement sa mine habituelle de résignation. Je n'en reviens pas encore qu'une sainte de son acabit se fût mise dans le cas, même à son âge, d'avoir à y renoncer.
HERMANT, M. de Courpière, 1907, I, 6, p. 7.
— Renoncer à quelque chose/à quelqu'un, en ayant souvent conscience de s'être trompé. Plus tard, on revient des femmes (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 249). Involontairement on songerait à l'Alsace. Mais la pensée comme la vue reviennent vite de cette illusion (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 297).
♦ Revenir (d'une erreur, d'une illusion). Il n'épargna rien pour faire revenir Chépar de ses égaremens honteux (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 30). Il se plaît à revenir, sur leur compte, de ses erreurs passées: — Je ne les aurais jamais crus si démerdards [les gendarmes] (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 227). Souvent au part. passé. Revenu de, revenu de tout. Qui a perdu toutes ses illusions sur quelqu'un/quelque chose, qui y est indifférent. Taine, revenu de Rousseau, voit soudain dans Racine le comble du verbalisme (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 61). [P. méton.] Ce sourire dont elle dit qu'il semble revenu de tout (BERNANOS, Crime, 1935, p. 849).
— Absol. Faire la paix, se remettre d'accord avec quelqu'un. Quand on l'a fâché une fois, c'est pour toujours; il ne revient jamais. On n'a besoin que de lui parler raison, il revient aussitôt (Ac. 1798-1935).
C. — Qqn revient (quelque part)
1. Qqn revient à/chez/dans qqc., qqn. Revenir en arrière. Reviens! Reviens! Hélas! Pendant que la souffrance t'éprouve là-bas, elle nous éprouve ici (HUGO, Corresp., 1864, p. 482). Le soir (...) il (...) se retirait dans sa chambre (...), et bientôt, (...) revenait dans le dortoir s'assurer que tout le monde dormait (BILLY, Introïbo, 1939, p. 24).
a) MAR. [En parlant d'un navire] Revenir au lof. ,,Reprendre route au plus près après une abatée`` (MERRIEN 1958). Revenir en relâche. Être obligé de retourner au port par suite de mauvais temps, d'avaries ou pour toute autre raison (d'apr. GRUSS 1978). Revenir en route. Reprendre une route après s'en être écarté par suite d'une embardée (d'apr. Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop. et MERRIEN 1958):
• 4. Convulsivement, à chaque paroxysme de la tourmente, il [le bateau] girait, loffant, soudain redressé, et puis dès qu'il essayait de « revenir », couché encore, sous une nouvelle gifle du vent, rasant du plat de sa voile la surface flagellée.
CHEVRILLON, Bret. hier, II, 1925, p. 84.
b) [Avec une valeur temporelle] Est-ce qu'il suffit de la jouer [la comédie de la jeunesse] pour revenir à leur âge? (SARTRE, Nausée, 1938, p. 153). En venir de nouveau à. Il en revenait à sourire, réconcilié avec lui-même: — Comment, vous n'savez pas? Tout le bourg en a rigolé (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 156).
c) Au fig.
— Reprendre (ce qu'on a interrompu, délaissé ou abandonné). Synon. retourner à. Revenir à ses premières amours, à ses études, au pouvoir. La psychologie contemporaine revient de plus en plus à l'idée de Spinosa (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 48). Les fausses richesses font quelquefois effet, par souvenir, au lieu qu'une belle œuvre étonne quand on y revient (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 335).
— Revenir à (un sujet de conversation). Je le crois un peu coureur, reprit Madame Boche, en revenant à Lantier, sans le nommer (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 390). Dès que le robinet va comme il faut, il [le marchand de robinets] se moque du reste, (...) c'est par la manière surtout que les opinions diffèrent; (...). Mais je reviens au marchand de robinets. Il se moque de l'opinion, mais non pas tout à fait; car il doit fixer les prix d'après les visages (ALAIN, Propos, 1921, p. 193).
— Loc. Revenir à ses moutons. V. mouton D 3.
— Revenir à la charge. Retourner au combat après avoir reculé ou avoir été battu. L'ennemi attaque lui-même à la grenade et revient à la charge une seconde fois à la tranchée de Belfort (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 292).
♦ Au fig. V. charge I B 1.
— À tout bon compte revenir. V. compte I B 1.
— Ne plus/pas y revenir. Ne plus recommencer à dire ou faire quelque chose. — Ah! ça, devenez-vous voleur sur vos vieux jours (...) Je vas conter cela tout chaud à madame. — Tais-toi, Marion, dit le vieillard en tirant de sa poche deux écus de six francs. Tiens... — Je me tairai, mais n'y revenez pas! (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 636).
— Il n'y a pas à y revenir. L'affaire est close, la question est réglée. M. de Talon, inquiet, dépose les bulletins dans l'urne et, chaque fois, frappe de la paume sur la boîte comme pour dire: « Il n'y a pas à y revenir » (RENARD, Journal, 1900, p. 580).
— En revenir à. Après mille circuits, la théorie en revient, sur la matière et sur la vie, aux toutes premières conceptions des premiers penseurs (AMIEL, Journal, 1866, p. 281). J'en reviens toujours à Lochac et à Audiberti; mais l'abondance d'Audiberti m'effraie pour lui (LARBAUD, Journal, 1934, p. 294).
— En partic. Se retrouver dans l'état physique ou moral dont on jouissait auparavant. Revenir à la santé. Le courant d'air frais que produisait le mouvement rapide du char fit bientôt revenir Tahoser à la vie (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 305). On aura l'occasion de dire comment, sous l'influence de l'opinion revenue à des sentiments plus nuancés, le problème du mode de scrutin et celui de la seconde chambre se posent actuellement (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 97).
♦ Revenir (à soi)
Reprendre ses esprits après s'être évanoui ou avoir été soustrait au monde sensible. La flamme cependant, en me portant sur les joues, m'a fait un peu revenir, mais pas assez pour voir toute l'horreur du spectacle qui m'environnait (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1720). Un jour qu'elle [Esther, la fermière] se promenait dans la campagne, elle rencontra une petite fille évanouie de fatigue, au bord d'un chemin. Elle la fit revenir à elle, lui donna du pain, du lait, lui demanda son nom (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 274). Empl. factitif, région. (Dauphiné, Provence). [Le suj. désigne une pers., une odeur] Faire reprendre ses esprits à (quelqu'un), (lui) faire retrouver ses forces. Elle tomba en défaillance, et il fallut la revenir avec du vinaigre (J. HUMBERT, Nouv. gloss. genev., 1852, p. 157). Saucisse et la femme de Frédéric II se faisaient revenir le cœur avec de petits verres d'eau-de-vie de noyaux (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p. 73).
Retrouver son calme. ,,Prendre de meilleurs sentiments. Après de longs égarements, on peut encore revenir à soi`` (Ac. 1798-1935). Ma mère, qui connaissait cet état nerveux (...) le pinçait fortement pour que ce fût plus vite fini. Alors il revenait à lui-même (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 179).
— Revenir à qqn. Entretenir de nouveau avec quelqu'un des relations amicales ou amoureuses, éprouver de nouveau des sentiments d'affection ou d'amitié à son égard:
• 5. Il crut qu'elle mourait, de remords et de honte, courut à elle. — Mère, mère! Elle l'avait pris dans ses bras (...). Elle ne pouvait réaliser jusqu'à quel point il avait dû se vaincre, se hausser, pour revenir à elle.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 270.
♦ En partic. Revenir (à Dieu). Retrouver des sentiments de piété. La compassion pour les âmes! Pour les âmes faibles, égarées, pécheresses, et revenant toujours (DUPANLOUP, Journal, 1863, p. 247). Seigneur, je reviens à toi, parce que je crois que tout est vanité, hors te connaître (GIDE, Journal, 1891, p. 27). V. déserter ex. 5. Revenir au giron de l'Église. ,,Rentrer dans le sein de l'Église catholique`` (Ac. 1835-1935).
2. Qqn revient + inf. marquant le but du mouvement. Maupassant (...) entrait ici accompagné d'une charmante femme et ressortait aussitôt, après lui avoir dit qu'il reviendrait la chercher dans une petite demi-heure. Naturellement (...) il ne reparaissait plus (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 248).
3. Qqn revient contre qqc. (dans le domaine du dr.). Revenir par opposition contre une sentence, un jugement, par requête civile contre un arrêt. ,,Se pourvoir en justice contre une sentence, contre un arrêt`` (Ac. 1798-1878). Revenir par des lettres de rescision contre un traité, un contrat (Ac. 1798-1878).
— P. ext. S'opposer à quelque chose qui a été convenu, décidé. Quel qu'il soit [le prix d'un terrain], il sera un titre contre lequel le sauvage n'osera jamais revenir (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 195).
4. Qqn revient sur qqn/qqc.
a) Qqn revient sur qqn. Retourner en arrière pour retrouver quelqu'un. Au fort d'une discussion on le voyait quelquefois tourner sur lui-même brusquement, faire quelques pas comme s'il allait chercher des objections et revenir sur son adversaire par un mouvement brusque (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 67).
— SPORTS (dans une épreuve). Reprendre contact avec le(s) concurrent(s) placé(s) en tête. Cheval revenant sur un autre. Prenant trois longueurs à l'Italien qui revient très fort, mais insuffisamment (L'Auto, 14 août 1933, p. 3 ds GRUBB Sports 1937, p. 64).
— DR. Revenir sur qqn. ,,Exercer contre quelqu'un une action en garantie`` (Ac. 1798-1878). Vous êtes garant de cette rente; ayez soin qu'elle soit bien payée, sans quoi l'on reviendra sur vous. Si l'on vous dépossède du bien qui vous est échu lors du partage, vous aurez droit de revenir sur vos copartageants (Ac. 1798-1878).
b) Qqn revient sur qqc.
— Revenir sur ses pas. Revenir en arrière. Synon. faire demi-tour. Jean Valjean (...) s'était engagé dans les rues, faisant le plus de lignes brisées qu'il pouvait, revenant quelquefois brusquement sur ses pas pour s'assurer qu'il n'était point suivi (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 536). Au fig. Renoncer à un projet; adopter de nouveau une première opinion, une première manière de faire. À peine eus-je articulé ces mots que je devinai l'imminence de la grande crise. Je n'avais plus à revenir sur mes pas. La guerre était déclarée (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 44). [En parlant d'un inanimé] Il semble que la vie revienne sur ses pas, que l'homme commence une nouvelle jeunesse (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 250).
— Revenir sur l'eau (vieilli). Synon. refaire surface. Revenir sur l'eau après avoir plongé (Ac. 1835-1935). Au fig. [En parlant d'un inanimé] V. eau I A 2 d. Cette mutilation revient toujours sur l'eau, à propos de ce pauvre Renzo. Moi, je trouve cela drôle, d'avoir coupé la tête à tous ces hommes de pierre (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, I, 4, p. 104).
— Reprendre, s'entretenir à nouveau (d')un sujet que l'on a momentanément abandonné; en reparler de nouveau. On changea d'entretien. Cécile revint sur ses cousines, dont les goûts la préoccupaient (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1202). Nous avons dû évoquer incidemment la cosmicité de la maison. Mais il nous faudra revenir sur ce caractère (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 44).
♦ Absol., PEINT. Donner une deuxième façon à une même œuvre. Ébaucher les chairs dans l'ombre avec tons chauds (...) et revenir avec des verts (DELACROIX, Journal, 1863, p. 434).
SYNT. Revenir sur une affaire, un chapitre, une idée, un point, une question, un sujet; revenir sur sa décision, sa parole, sa promesse.
— Revenir sur le passé. Reconsidérer ce qui a été dit ou fait. J'avais du mal à ne pas m'irriter en la voyant revenir ainsi sur le passé (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 906).
— Revenir sur le compte de qqn. Adopter une nouvelle opinion, favorable ou défavorable, à son sujet. J'en suis bien revenu sur Mazarakis. C'est un rastaquouère comme tous les autres (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 236). V. élogieusement, dér. s.v. élogieux ex. de Goncourt.
♦ Absol. Adhémar: Vous avez donc bien mauvaise opinion de moi? Catherine: J'en avais une assez médiocre, j'en conviens; mais je ne demande qu'à revenir (AUGIER, Lions, 1870, p. 185).
D. — Qqc. revient (quelque part)
1. Qqc. revient vers/à... qqc./qqn. Anton. s'écarter, s'éloigner de. Lettre revenant à son expéditeur. Le mulet s'arrêta au bord du sentier qui va, serpentant, tournant sans cesse et revenant (...) le long de la montagne droite (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Aub., 1886, p. 1075). Le regard de l'observateur revenait à la photo, fasciné (...); les faces de la photo, elles, n'avaient plus de regard (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 552). V. coronule ex. Revenir sur soi-même. Ce ruisseau revient plusieurs fois sur lui-même (LITTRÉ). Un seul courant électrique revenant sur lui-même (A.-M. AMPÈRE ds Ann. chim. et phys., t. 15, 1820, p. 191).
— Loc., pop. (Il s'appelle) reviens. ,,Se dit d'un objet que l'on prête et dont on désire le retour`` (CAR. Argot 1977).
— Empl. impers. Les hélices où il ne revenait pas dans l'axe une portion rectiligne du conducteur, me présentaient en outre les effets d'un conducteur rectiligne égal à l'axe de ces hélices (A.-M. AMPÈRE ds Ann. chim. et phys., t. 15, 1820, p. 176). Sans compter qu'elles [les voitures] se vident et qu'il reviendra la moitié de la moisson sous le râteau (AYMÉ, Jument, 1933, p. 205).
— Absol. Ce mouvement retenu, sinueux, contournant et revenant, qui sépare si fortement la prose de toute poésie et de toute éloquence (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 314).
— Spécialement
♦ Rare, vieilli. [En parlant d'un aliment] Augmenter de volume. Lorsque le levain est revenu, mêlez-le à la pâte (...) mettez la pâte dans le moule et laissez-la revenir; lorsque le moule est rempli, faites cuire (Gdes heures cuis. fr., J. Gouffé, 1877, p. 186).
♦ LAIT. [En parlant d'un fromage] Retrouver, dans un endroit humide, après affinage et durcissement, la mollesse de matière qui caractérise le début de sa fabrication. Chaque fromager a sa méthode particulière pour faire revenir le fromage (Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845).
♦ [En parlant d'un vêtement ou d'un produit] Retrouver ses qualités originelles. Ce tricot est bien revenu au lavage (Lar. Lang. fr.). Lorsque les épinards ont été atteints par la gelée, rien n'est plus facile de les utiliser. Il suffit (...) de les faire tremper dans l'eau froide (...). Ils reviennent parfaitement et peuvent être consommés sans inconvénient (GRESSENT, Potager mod., 1863, pp. 375-376).
♦ MÉTALL. [En parlant d'un acier, d'un alliage] (Faire) subir le revenu. Les ressorts sont confectionnés en acier dur trempé et revenu (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 17).
P. anal. [Pour dorer au mercure, le gratte-bossage effectué,] on portait alors l'objet [à dorer] dans le fourneau servant au recuit (...) pour faire « revenir » la dorure (GASNIER, Dépôts métall., 1927, p. 52).
2. Qqc. revient à (qqn)
a) [En parlant d'un aliment] Provoquer des renvois désagréables. L'ail, l'échalote revient (Ac. 1835-1935). Le boudin que j'ai mangé me revient (Ac. 1835, 1878). La poésie des tropiques me dégoûtait. Mon regard, ma pensée sur ces ensembles me revenaient comme du thon (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 216).
b) [En parlant d'une information] Venir aux oreilles d'une personne. De différents côtés, des nouvelles de lui me reviennent (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1900, p. 376).
— Empl. impers. À Plémobiers, les démêlés de Mgr Duberville et de son clergé se prolongeaient et il nous en revenait des échos (BILLY, Introïbo, 1939, p. 103). De tous côtés, il nous revient que les troupes américaines (...) se sont admirablement battues (GIDE, Journal, 1943, p. 240). En incise. [Les] autorités allemandes (...), me revient-il, se sont affectées de certains passages [d'un carnet de journal] (GIDE, Journal, 1943, p. 207).
c) [En parlant d'un souvenir] Revenir à/dans l'esprit; revenir à la/dans la/en mémoire. En m'éveillant, l'idée du gentleman me revenait encore (AMIEL, Journal, 1866, p. 224). Des paroles de son père lui revenaient à mesure en mémoire (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 68).
— Empl. impers. Il me revient ce mot échappé à Chateaubriand: « Napoléon! Il écrivait... il écrivait, tenez, comme Balzac! » (GONCOURT, Journal, 1864, p. 98). Il lui revint en mémoire que son cahier d'examens de conscience n'était pas à jour (AYMÉ, Jument, 1933, p. 122).
d) [En parlant d'une faculté ou d'une fonction vitale] En lisant ce que vous dites de mes croquis de passant et d'amateur, je me tiens à quatre pour ne pas être pris de vanité. Heureusement, la raison me revient vite (HUGO, Corresp., 1866, p. 519). Très vite, la lucidité lui revint, entière, avisée même (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1349).
— Empl. impers. J'avais trop mal. J'ai un peu fumé. Il m'est revenu un peu de courage (BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 165).
e) [En parlant d'un bien propre] Appartenir légitimement, échoir à quelqu'un (comme avantage ou désavantage). Revenir de droit; rendre à César ce qui revient à César et à Dieu ce qui revient à Dieu; c'est à x que revient la gloire, l'honneur, le mérite de quelque chose. Porel, à qui revient l'idée de faire une pièce du roman [Germinie Lacerteux] (GONCOURT, Journal, 1887, p. 665). Cette désignation [le haut] revient à la région où apparaît la tête (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 285).
— Empl. impers. Je vous ai dit (...) qu'il vous reviendrait une cinquantaine de mille francs, il ne vous reviendra pas davantage (BECQUE, Corbeaux, 1882, 3, 8, p. 188). Je ne dirai pas un mot de plus (...). C'est à Éva qu'il revient de continuer cette scène (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, III, 2, p. 123).
f) Convenir, plaire. Son humeur me revient fort (Ac. 1835-1935). Il a un air, des manières qui reviennent à tout le monde, qui reviennent fort, qui ne reviennent point (Ac. 1835-1935). Un homme simple et bienveillant revient (Nouv. Lar. ill.). C'est un jeune prêtre qui me revient assez (MÉRIMÉE, Abbé Aubain, 1847, p. 156). Les matadors (...) disent d'un taureau de cette espèce: « Il a une tête qui ne me revient pas » (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 492).
3. Qqc. revient à (faire) qqc.
a) Se ramener à. Comme si cette localisation d'un progrès dans l'espace ne revenait pas à affirmer que, même en dehors de la conscience, le passé coexiste avec le présent! (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 93). En somme, toute son éloquence revenait à ceci: « Entre Santos Iturria et moi, vous avez choisi (...) » (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 176).
— Locutions
♦ Revenir au même. V. même I B 2.
♦ Revenir à dire. Une pensée qui se contenterait d'exister pour soi (...), aussitôt apparue tomberait à l'inconscience, ce qui revient à dire qu'elle n'existerait pas même pour soi (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 206).
b) Vieilli. Présenter un rapport de conformité, de similitude avec (quelque chose). Cette couleur revient à celle de votre habit (Ac. 1835, 1878). Prenez de ces deux objets celui que vous voudrez, l'un revient à l'autre (Ac. 1835, 1878). M. de Buffon lui-même paraît le fixer [le temps pendant lequel les animaux nouveau-nés ont besoin de leur mère] à 4 ans pour l'enfant d'un homme social, ce qui revient assez à notre calcul (LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p. 451).
III. — [Qqc. revient à qqn à tel prix] Une poire qui revient à trois sols est quelquefois vendue dans la capitale jusqu'à des cinq et six francs! (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 40). La vie à l'hôtel revenait beaucoup trop cher (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 116).
— Rare. [En parlant d'un être animé] Je suis ta danseuse, ton écurie, ta collection, je te reviens à des prix fous! (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1895, p. 252). [Sans prép. devant la mention du prix] Pension, ferrures, soins: un cheval revient un million par an à son propriétaire (ZITRONE, Courses, 1962, p. 294).
IV. — CUIS. [Qqn fait revenir un aliment (dans un récipient)]
A. — Vieilli. Faire revenir de la viande. La mettre en état soit d'être piquée, bardée, avant d'être rôtie, soit de résister à l'altération, en la présentant au feu. Il faut faire revenir ces pigeons, ces poulets sur le gril, sur les charbons, dans l'eau bouillante (Ac. 1798-1878). Cette longe de veau n'est pas bien revenue (Ac. 1798-1878).
B. — Usuel. Faire revenir de la viande, du poisson, des légumes, des oignons. (Laisser) se colorer plus ou moins fortement, avant la cuisson proprement dite, une volaille, un poisson, un légume dans un corps gras fortement chauffé (d'apr. COURTINE, Gastr. 1984). Lapin sauté! cria-t-il (...). Il « tomba la veste », alluma le poêle et fit « revenir » le lapin (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 145). V. aussi cari ex. Absol. (...) Mettez ces légumes dans une casserole avec (...) cinq hectos de beurre; faites revenir d'une couleur rouge (Gdes heures cuis. fr., J. Gouffé, 1877, p. 183). Je connaissais toutes les ragougnasses, toutes les manières de faire « revenir » (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 471).
V. — Fam. ou littér., vieilli. S'en revenir (de). [Le suj. désigne un être animé ou considéré comme tel] Faire retour dans le lieu d'où l'on était parti. Synon. s'en retourner. J'aperçus de loin un grand col bleu, dans une carriole qui s'en revenait bon train vers Plouherzel (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 95). L'amour (...) S'en revient pour chauffer devant le feu qui flambe Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes (NOAILLES, Cœur innombr., 1901, p. 84). On voyait des familles qui s'en revenaient de la plage (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 28).
REM. Revenir, subst. masc. sing. à valeur de neutre, vieilli ou littér. a) [Corresp. à supra I B] Cette mort, dans le premier moment, glaça d'effroi tous les cœurs; on appréhenda le revenir du règne de Robespierre (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 137). b) [Corresp. à supra II C 1] Les fenouils m'ont dit: Il t'aime si Follement qu'il est à ta merci: Pour son revenir va t'apprêter. — Les fenouils ne savent que flatter! (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 35).
Prononc. et Orth.:[], (il) revient [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug., v. venir. Étymol. et Hist. I. Venir d'un lieu, d'une situation où l'on a été, dans un lieu, une situation où l'on se trouvait primitivement A. En parlant d'un animé 1. lieu 2e moit. Xe s. intrans. (St Léger, éd. J. Linskill, 87: Reis Chielperics [...] Presdra sos meis, a lui [Lethgier] tramist; Cio li mandat que revenist); id. suivi de l'inf. (ibid., 474: Si revenisses ta spuse conforter); id. réfl. (ibid., 285: Cum s'en alat e cum il s'en revint); ca 1200 revenir de + topon. (GUIOT DE PROVINS, Bible, 2613 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 91); 1559 impers. [en parlant d'un lieu hanté de spectres] il y revenait des esprits (AMYOT, trad. de PLUTARQUE, Hommes illustres, Solon, XIX, éd. G. Walter, t. 1, p. 184); 1580 revenir de l'autre monde (MONTAIGNE, Essais, II, 6, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 377, v. aussi revenant subst.); 2. revenir a a) ca 1050 un sujet momentanément laissé de côté (St Alexis, éd. Chr. Storey, 101: Or revendrai al pedra ed a la medra); b) ca 1200-20 ce qui a été abandonné, une situation passée revenir a la loi paiene (Pseudo-Turpin, I, 1, 6 ds T.-L.); 3. d'un état physique, moral a) revenir de ) ca 1100 revenir de pasmeisuns (Roland, éd. J. Bédier, 2233); ca 1150 empl. abs. « recouvrer ses esprits » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 5920); ) 1377 réfl. s'en revenir « recouvrer la santé (en parlant d'un oiseau) » (GACE DE LA BUIGNE, Deduis, 7260 ds T.-L.); 1606 revenir de quelque mal (NICOT); ) 1377 réfl. s'en revenir « changer d'opinion » (GACE DE LA BUIGNE, op. cit., 11997 ds T.-L.); 1647 part. passé revenu de « désabusé de » (SCARRON, Don Japhet, III, 4, éd. R. Garapon, p. 62); ) 1664 n'en pouvoir revenir « être fort surpris » (MOLIÈRE, Tartuffe, IV, 6); b) revenir a, en déb. XIIe s. revenir en ses sens « recouvrer ses esprits » (BENEDEIT, St Brendan, 817 ds T.-L.); 1580 revenuz a eux (MONTAIGNE, op. cit., II, 2, p. 347); c) 1268 trans. « ranimer (une personne), la rappeler à la vie » (Claris et Laris, 17350 ds T.-L.), encore relevé au XVIe s. (HUG.); à nouv. au XIXe s. 1890 (A. DAUDET, Port-Tarascon, p. 184); 4. d'une occupation ca 1200 revenir de suivi de l'inf. (Bueve de Hantone, I, 7288 ds T.-L.: forestier, Qui revenomes de la forest gaitier); 5. « être en rapport de convenance, être du goût de, plaire » 1310-40 part. prés. adj. « qui plaît » lecieres ... mal revenans (JEAN DE CONDÉ, Dits et contes, I, 185, 586, ibid.). B. En parlant de choses 1. ca 1050 « retourner d'un lieu au point de départ » (St Alexis, 190: Dreit a Lalice revint li sons edrers); ca 1200 (GUIOT DE PROVINS, Chans., IV, 15 ds Œuvres, p. 7: Li mals ke j'ai ne vait mie et revaint); 2. a) ca 1130 « se résumer à, aboutir à » (Li Ver del Juise, 54 ds T.-L.: Li orguelz de cest secle revient a petit pris); ca 1160 (Eneas, 3478, ibid.); b) 1358 « être en rapport d'équivalence; se ramener à, équivaloir à » en parlant de la valeur d'un poids (doc. Arch. Valenciennes ds GDF. Compl.); 1530 en parlant d'une somme (PALSGR., p. 248b: a combien [...] revient le tout?); 1645 l'un revient à l'autre (C. OUDIN, Seconde part. du Tresor des deux lang. fr. et esp., Paris, Sommaville); 1671 tout revient au mesme (POMEY); 3. a) ca 1170 « (d'un état, d'une qualité perdus) être retrouvé » (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, 835: Ore est sa joie revenue); b) 1376 « (d'une chose) retrouver son état, sa qualité perdus » (Modus, 111, 1 ds T.-L.: comment l'en fait revenir une panne ploiee); 4. a) 1261, juin revenir a « échoir à quelqu'un comme profit » (doc. Arch. Tournai ds GDF. Compl.); b) fin XIVe s. part. prés. adj. « qui fournit un revenu » (FROISSART, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, t. 15, p. 239: evesquiet [...] la mieux revenant [...] de toute Angleterre); 1600 « fournir un revenu, rapporter » (O. DE SERRES, Theatre d'agric., II, Paris, Jamet Métayer, p. 89), v. aussi revenant-bon et revenu; 5. ca 1200 revenir devant (a aucun) « venir en mémoire; causer des regrets » (Poème moral, éd. A. Bayot, 1213); 1230 (Gaidon, 137 ds T.-L.); 6. ca 1256 « provoquer une régurgitation » revenir à le bouche (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 15, 17); 7. a) ca 1393 cuis. réfl. « (d'un mets liquide) diminuer de volume » (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, II, 5, 313, p. 270, 3); b) av. 1558 id. « (d'une viande, d'un poisson) prendre couleur, étant passé au feu » (MELL. DE S. GEL., Œuvres poét., p. 84, éd. 1719 ds GDF. Compl.); 1606 faire revenir (une viande) « l'amollir en la passant sur la braise, ou en la trempant dans de l'eau chaude » (Thresor des trois langues d'apr. FEW t. 10, p. 351b); 1611 (COTGR.); 1798 faire revenir des légumes dans de la graisse (Ac.); 8. 1671, 18 mai « (d'une rumeur) être dite, rapportée » (SÉVIGNÉ, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 296). II. Venir ou se manifester à nouveau A. d'une personne 1. ca 1050 « venir une nouvelle fois » (St Alexis, 176: Revint li costre a l'imagine el muster); 2. 1728 revenir sur le compte de (qqn) « quitter l'opinion qu'on avait de quelqu'un » (ALLAINVAL, École des bourgeois, III, 1 ds LITTRÉ); 3. 1762 revenir sur une affaire « en reparler » (Ac.). B. d'un inanimé 1. ca 1180 « se manifester à nouveau » (HUE DE ROTLANDE, Ipomedon, éd. A. J. Holden, 5174: La nuit revent, le jur s'en vet); 2. ca 1256 spéc. « repousser (en parlant de poils) » (ALDEBRANDIN DE SIENNE, op. cit., p. 89, 9). Du lat. revenire « revenir » aux sens propre et fig.; au sens de « échoir (d'un bien) » anno 730 ds NIERM. Le sens « ranimer, faire revenir (une personne) à la vie » [I A 3 c] est relevé en a. prov. dès ca 1195 (ARNAUT DE MAREUIL, Poés. lyriques, éd. R. C. Johnston, XVII, 16: revenir lo cor), ainsi que dans la lang. mod. (MISTRAL), de là, l'empl. du mot par A. Daudet; ce région. connaît un large usage dans le Midi. Fréq. abs. littér.:27 944. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 34 360, b) 46 726; XXe s.: a) 40 231, b) 40 292. Bbg. BALDINGER (K.). Vers une sém. mod. Paris, 1984, pp. 136-167. — PINCHON (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, p. 261, 263, 286. — QUEM. DDL t. 5, 10, 14, 31. — SANKOFF (G.), THIBAULT (P.). L'Alternance entre les aux. avoir et être en fr. parlé à Montréal. Lang. fr. 1977, n ° 34, pp. 97-99.
revenir [ʀ(ə)vəniʀ; ʀəvniʀ] v. intr. [CONJUG. venir.]
ÉTYM. V. 980; de re-, et venir.
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I Venir ou se manifester de nouveau.
A Revenir, revenir sur…
1 (Sujet n. de personnes). a Revenir : venir de nouveau là où l'on était déjà venu. || Je reviendrai demain ici à la même heure (→ Cadenas, cit. 2). || Le docteur promit de revenir le lendemain (→ Passer, cit. 116). || La première visite faite, on revient sans motif (→ Maison, cit. 34). ⇒ Rappliquer. || Dis-lui que je suis empêché (cit. 34) et qu'il revienne une autre fois. || La maison où il revenait tous les ans à l'automne (→ Désirer, cit. 5). || Elle revenait dix fois devant les vitrines de la pâtisserie (cit. 3). — Le maître d'hôtel (cit. 16) revenait tous les ans faire la saison.
1 (…) le bon père le fit d'abord déjeuner, et ensuite il lui donna une leçon de lecture; l'enfant revint le lendemain et puis le surlendemain, et si souvent, que non seulement il sut bientôt lire, mais encore écrire (…)
Th. Gautier, les Grotesques, IV, p. 128.
♦ ☑ Loc. Revenir à la charge. — ☑ Revenir sur l'eau, à la surface : être de nouveau en faveur, en crédit. — REM. Se dit aussi de choses dont on recommence à parler, qui reparaissent dans l'actualité.
b (1773). || Revenir sur (qqch.) : reprendre (une question, un sujet), examiner ou traiter à nouveau (→ Exercer, cit. 7; instrument, cit. 8). || Je ne reviendrai pas sur cette histoire rebattue (→ Partager, cit. 22), sur ces griefs (→ Juste, cit. 18), sur ses erreurs (→ Double, cit. 11). || À quoi bon revenir là-dessus ? — Reprendre pour remanier, amender. || Revenir sans fin sur un chapitre (→ Enrichissement, cit. 4), sur toutes les phrases (→ Aiguiser, cit. 15).
2 (…) puisque nous avons promis au juge sur notre parole d'honneur de ne pas revenir sur cette affaire, il n'en faut plus parler.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 646.
3 J'admire les grandes passions. La sienne (de Louis Blanc) est véritablement intarissable, infatigable. Elle revient sans cesse, à propos, sans propos, sur les faits, sur le sens des faits, les moindres misères, enfin tout.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Préface 1868.
♦ Annuler, changer complètement (ce qu'on a dit, promis). ⇒ Dédire (se), rétracter (se). || Il revient maintenant sur tout ce qu'il a dit. || Revenir sur sa parole, ses engagements, sa promesse. ⇒ Reprendre. || Revenir sur un jugement téméraire (→ Humiliant, cit. 5). ⇒ Déjuger (se).
4 Craignant de voir le Pharaon revenir sur sa parole, les Hébreux se préparaient au départ (…)
Th. Gautier, le Roman de la momie, XVII.
5 (…) il avait confié à son agent de change le soin de gérer la part de Jacques, en attendant que celui-ci revînt sur son absurde décision.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 207.
6 Les transactions qui constituent le prétexte de cette entrevue, et desquelles Quesnel semble brusquement prendre la décision irréfléchie, revenant d'ailleurs sur les ordres donnés, en en substituant d'autres, ne légitimaient pas cet appel pressant par pneu (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XVI.
2 (Sujet n. de chose). Apparaître ou se manifester de nouveau. || Ces crises (cit. 1) revinrent plusieurs fois. || « Hélas ! (cit. 3) quand reviendront de semblables moments ? » (La Fontaine). → aussi Âge, cit. 35 et 46; bout, cit. 46; passer, cit. 62. || L'occasion (cit. 11) ne revient pas (→ Chauve, cit. 6). || Fièvre qui revient. ⇒ Périodique, récurrent. || Mots qui reviennent souvent dans la conversation, sur les lèvres (cit. 27), sous la plume de qqn (→ Abîme, cit. 13; égotiste, cit.; humble, cit. 12; impossibilité, cit. 4). || Motifs musicaux revenant à plusieurs reprises. ⇒ Leitmotiv. || Cette idée me revenait à l'esprit (→ Montagne, cit. 8), lui revenait sans cesse (→ Exil, cit. 15; mythe, cit. 1). ☑ La question revenait sur le tapis.
7 (…) les habitudes du jeune âge reviennent avec force dans la vieillesse de l'homme.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 468.
♦ (1387). Vx. Repousser. || « La tête revient difficilement aux escargots » (cit. 1, Voltaire). || J'ai vu la graisse revenir, mes muscles s'ankyloser (→ Forme, cit. 76). — Par métaphore. ⇒ Renaître.
8 Ces robes (…) c'était celles dont Elstir, quand il nous parlait des vêtements magnifiques des contemporaines de Carpaccio et de Titien, nous avait annoncé la prochaine apparition, renaissant de leurs cendres, somptueuses, car tout doit revenir (…) comme le proclament, buvant aux urnes de marbre et de jaspe des chapiteaux byzantins, les oiseaux qui signifient à la fois la mort et la résurrection.
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 369.
1 (Personnes). Retourner (dans un lieu), faire retour à… || Revenir chez soi, à la maison. ⇒ Rentrer, retourner (→ Enivrer, cit. 18; gîte, cit. 3; heure, cit. 55; reconduire, cit. 2). || Un foyer (cit. 15) est un lieu où l'on revient. ⇒ Réintégrer. || Revenir dans son village, son pays, en France (→ Ingrat, cit. 8; malaria, cit.; migrateur, cit.). || Revenir à sa place. ⇒ Regagner (→ Figure, cit. 9). || Revenir à sa table de travail (→ Instrument, cit. 16). || Revenir au point d'où on était parti (→ Image, cit. 39; indifférence, cit. 28). || Il y est revenu.
♦ Revenir sur ses pas, revenir en arrière. ⇒ Bride (tourner), demi-tour (faire), reculer, refluer, rétrograder.
♦ Absolt. || Revenir, être revenu : être de retour (→ Bouche, cit. 27; bride, cit. 14; campagne, cit. 5; dépouiller, cit. 20; égrillard, cit. 3). || Faire revenir. ⇒ Ramener, rappeler. || Je reviens dans une minute, tout de suite : je ne fais qu'aller et venir. || « La concierge revient de suite ».
♦ Par métaphore. || Chassez le naturel, il revient au galop (→ Changer, cit. 43). Suivi d'un attribut. || Parti maigre (cit. 1), il revenait gras.
8.1 Il avait un jour essayé de la solution qui consiste à fermer boutique en laissant derrière soi un petit mot : « Je reviens dans cinq minutes » (…)
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 161.
9 (…) Jacques Clément raccommodait ses sandales pour le voyage de Saint-Cloud; ses confrères lui demandèrent en riant combien son ouvrage durerait : « Assez pour le chemin que j'ai à faire, répondit-il : je dois aller, non revenir ».
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 260.
10 Sire, vous reviendrez dans votre capitale,
Sans tocsin, sans combat, sans lutte et sans fureur,
Traîné par huit chevaux sous l'arche triomphale,
En habit d'empereur !
Hugo, la Légende des siècles, XLVIII.
11 Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens. Je te jure que je serai bon. Si j'étais maussade avec toi, c'est une plaisanterie où je me suis entêté; je m'en repens plus qu'on ne peut dire. Reviens, ce sera bien oublié.
Rimbaud, Correspondance, XXII, 4 juil. 1873.
♦ (Choses). || Navire qui revient sans fret (cit. 3) dans son port d'armement. || « Les grands chars (cit. 5) gémissants qui reviennent le soir » (Hugo). || Envoyer quelques pages à l'imprimerie d'où elles reviennent en placards (cit. 3). || La lettre m'est revenue. || « (…) et l'assiette volant S'en va frapper le mur et revient en roulant » (→ Esquiver, cit. 1, Boileau). — Par métaphore (en parlant de l'amour). → Irradier, cit. 3. — (1256). Spécialt. Vx. Provoquer une régurgitation, un renvoi (→ par métaphore Digérer, cit. 12).
2 Par ext. || Revenir près de qqn (→ Bouder, cit. 4), à qqn, vers qqn, etc. : se manifester de nouveau avec lui, dans son intimité. — (Suivi d'un attribut). || Il m'est revenu fort assombri (→ Paraître, cit. 53). — (V. 1640, Voiture). Spécialt. || Revenir à : revenir auprès de (qqn qu'on a quitté, ce retour s'accompagnant d'un sentiment de défaite ou d'un désir de réconciliation). || Si votre frère pèche contre vous et qu'il revienne à vous (→ Pardonner, cit. 2, Évangile). || Il te reviendra (→ Faim, cit. 13; et aussi pleurnicherie, cit. 1). — (Dans le même sens). Absolt (vx). || « Prompte à s'offenser, lente à revenir » (Diderot, in Littré).
12 Le monde subsiste pour exercer miséricorde et jugement, non pas comme si les hommes y étaient sortant des mains de Dieu, mais comme des ennemis de Dieu, auxquels il donne par grâce assez de lumière pour revenir, s'ils le veulent chercher et le suivre (…)
Pascal, Pensées, VIII, 584.
13 — Je vais en Flandre. Il faut que ton roi, cher Silva,
Te revienne empereur (…)
Hugo, Hernani, I, 3.
14 Eh bien, cette liaison brisée s'est toujours renouée pour se briser et se renouer encore ! Était-ce caprice ? Était-ce habitude ? C'était quelque chose de plus ou de moins que l'amour. Tu me revenais quand je t'attendais, comme si nous avions deviné, moi, ton retour; toi, mon attente !
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, I, V.
15 Laissant sa maison, sa petite femme niaise et jolie, il est revenu, il m'est revenu ! Qui pourrait me l'enlever ? Maintenant, maintenant je vais organiser notre existence (…)
Colette, Chéri, p. 168.
C (Sujet n. de personne). || Revenir de : venir de.
1 ⇒ Rentrer. || Revenir de la ville (→ Existence, cit. 10), du lycée (→ Paradis, cit. 6), de l'église (→ Parsemer, cit. 1). || Voyageurs qui reviennent de Russie (→ Quinquennal, cit.), de loin (→ Attester, cit. 10). — Revenir de la guerre (→ Glisser, cit. 4; mien, cit. 18), de la promenade, d'une expédition (→ Écoper, cit. 2), d'un enterrement (→ Qui, cit. 41), de la messe (→ Fleurir, cit. 21). — Revenir de…, suivi de l'inf. (→ Haler, cit. 2; nettoyeur, cit.). || Elle revenait de faire son marché. — (Suivi d'un attribut). || Revenir vivant du combat (→ Affronter, cit. 2), de la guerre, de faire la guerre. || Revenir d'une exploration un peu soulagé (→ Détente, cit. 4).
16 Coupeau (…) l'avait forcée à entrer comme elle traversait la rue, revenant de porter du linge (…)
Zola, l'Assommoir, II, t. I, p. 39.
17 (…) il parlait déjà de s'en aller pour faire une visite aux Corbelle, quand le comte de Guilleroy parut, revenant de dîner en ville.
Maupassant, Fort comme la mort, I, III.
2 (1080). Sortir (d'un état). || Revenir d'une maladie. ⇒ Guérir (→ Dessèchement, cit. 3; gaillard, cit. 2). || Il était revenu de ses blessures (→ 2. Mort, cit. 4). || Revenir de son évanouissement (cit. 3). || Une sorte d'enivrement fiévreux dont je ne pouvais revenir (→ Frénésie, cit. 4). || En revenir : échapper à un grave danger. ☑ Revenir de loin.
REM. La langue classique (→ cit. 18) et certains usages régionaux (→ cit. 21) connaissent un emploi absolu de revenir au sens de « reprendre vie, reprendre connaissance, conscience ». On peut considérer cet emploi comme correspondant à revenir de… (l'évanouissement, la mort apparente) ou à revenir à (soi, la vie, etc.).
18 (…) elle était prête à ensevelir, lorsque, avec une goutte de quelque chose, vous la fîtes revenir et marcher d'abord par la chambre.
Molière, le Médecin malgré lui, I, 5.
19 Lorsque le maître fut un peu revenu de sa chute et de son angoisse, il se remit en selle (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 517.
20 — Mais, dit la sœur Philomène, vous en reviendrez (…) nous vous sauverons, n'est-ce pas, monsieur Barnier ?
— Certainement (…) nous vous sauverons (…) dit l'interne (…)
Ed. et J. de Goncourt, Sœur Philomène, XII.
21 Et on vous a tiré sur l'herbe, lui et moi. Tout de suite, vous avez dégorgé de l'eau. Il m'a dit : « Il n'est pas mort, il va revenir ».
J. Giono, Regain, I, IV.
♦ (XVIIe). || Revenir de son étonnement, de sa surprise. — ☑ (1671). Loc. N'en pas revenir : être très étonné (→ Assommer, cit. 15, Molière). || Je n'en reviens pas, je n'en suis pas encore revenu. || Je n'en reviens pas d'avoir réussi (fam.), qu'il ait réussi. — (XVIIe). Abandonner; cesser d'avoir. || Revenir d'une erreur, d'une démarche précipitée (→ Manquer, cit. 83), s'en dégager, en sortir. ⇒ Corriger. || Il est revenu de ses préventions (cit. 6), de ses illusions, il en est guéri, désabusé. || Je suis revenue de toutes mes folles pensées (→ Pénitence, cit. 5). ⇒ Dégriser. || Il est bien revenu de son enthousiasme, de ses anciennes admirations. ⇒ Décompter. || Idées fausses dont rien ne peut le faire revenir. ⇒ Détruire. — Par ext. || Je suis revenu des choses de ce monde (Académie), je ne m'y intéresse plus, j'en suis dégoûté. ☑ Il est revenu de tout : tout lui est désormais indifférent, il ne prend plus d'intérêt, de plaisir à quoi que ce soit. ⇒ Blasé, détaché. — REM. L'expression est souvent prise à double sens. → ci-dessous, cit. 24, Musset.
22 Madame de Rênal ne revenait point de son étonnement de le trouver si gauche et en même temps si hardi.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XIV.
23 (…) le sang-froid de Louis XVIII l'avait démonté; lui, M. de Talleyrand, qui se piquait de tant de sang-froid, être battu sur son propre terrain planté là, sur une place à Mons, comme l'homme le plus insignifiant : il n'en revenait pas !
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 32.
24 — Tu me fais l'effet d'être revenu de tout.
— Ah ! pour être revenu de tout, mon ami, il faut être allé dans bien des endroits.
A. de Musset, Fantasio, I, 2.
25 Jamais je n'ai compté sur mon prétendu talent pour vivre… Ce pauvre Beulé (…) ne revenait pas que j'en fisse si peu d'usage.
Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, Œ. compl., t. II, p. 897.
26 — Du point de vue de la science (…), disait-il parfois avec le sourire d'un homme revenu de beaucoup d'illusions, plein d'indulgence pour le plaisir d'autrui, et qui ne le recherche plus lui-même.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, Prologue, II.
26.1 On ne peut pas dire que dans le P. C. souterrain de la rue Schoelcher, sous le Lion de Belfort, mes camarades communistes « n'en revenaient pas » d'être là. Ils en revenaient hardiment. Mais ils savaient que deux fois leur pouvoir, tout relatif, avait tenu à un cheveu : un peu d'audace, un peu de bluff, un rien de jeu joué gaiement, et vite.
Claude Roy, Nous, p. 48.
D Revenir à… (fig.).
1 (V. 1050). Reprendre (ce qu'on avait laissé, abandonné). || « Revenir à ses premières amours » (cit. 37), à ses anciennes pratiques. → Immodéré, cit. 6; et aussi boire (qui a bu boira). || Revenir aux conceptions de l'Ancien Régime (→ Famille, cit. 29; inamovibilité, cit. 2). || Revenir au sens primitif d'un mot (→ Fortune, cit. 40), à la netteté (cit. 5) traditionnelle de la langue française, à la tradition racinienne (→ Noble, cit. 13). — Il faudra en revenir aux machines à forer (cit. 1). || Comment osez-vous en revenir à ces monstruosités ! (cit. 2). || Vous vous moquez du style 1900, mais on y reviendra !
♦ Reprendre (un sujet qu'on avait momentanément laissé). || Revenons à Paris et au quinzième siècle (→ Moyen âge, cit. 2), à Ronsard (→ Rat, cit. 8)…. ⇒ Retourner. || Pour revenir donc (cit. 4) à notre raisonnement…. ☑ Revenons à nos moutons. — J'en reviens à ton mot (→ Gros, cit. 18), à ces pages… (→ Prémonitoire, cit. 1).
27 Encore ! vous en revenez toujours là ?
Molière, le Malade imaginaire, III, 7.
28 Pour revenir à notre affaire,
Le cerf ne pleura point; comment eût-il pu faire ?
La Fontaine, Fables, VIII, 14.
29 J'aurai sûrement l'occasion de revenir à Schleiter, dans ces pages et les suivantes.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, IV.
29.1 Pour vous en revenir à notre affaire, j'examine la question en toute impartialité en me plaçant d'un point de vue social et humain et je prends mes responsabilités en conséquence.
M. Aymé, Travelingue, p. 253-254.
♦ (Suivi d'un infinitif) :
30 Nous en revînmes forcément à parler de la vie en général et puis de son existence en particulier.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 196.
2 (Mil. XVIe). Le sujet désigne une chose abstraite : souvenir, image, etc. Se présenter de nouveau à l'esprit qui a oublié la chose ou cessé de la considérer. || Deux traits de son caractère me revenaient à l'esprit (→ Désoler, cit. 6; et aussi reconnaître, cit. 4). || La pensée, le souvenir lui revint de… (→ Fond, cit. 20; invectiver, cit. 5). || Un souvenir me revient, revient à ma mémoire (→ Peindre, cit. 5). || Le nom (cit. 30) me revient.
31 Tous vos propos, vos gestes, votre grâce,
Qui toute nuit prisonnier me tenaient,
L'un après l'autre au cœur me revenaient (…)
Ronsard, Élégies, XX.
32 Mais quel était l'objet de mes amours ? Peut-être cela me reviendra-t-il comme beaucoup de choses me reviennent en écrivant.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 13.
33 Immobiles et silencieux, pourtant il retrouvait son ami, comme vous revient une musique oubliée.
Montherlant, le Songe, I, III.
♦ Revenir en… (le compl. désigne la mémoire, l'esprit ou une personne — par un pronom). || Chose qui revient en mémoire (cit. 9; → aussi Humeur, cit. 40). || Revenir en tête. ☑ Ça me revient ! : je m'en souviens à l'instant.
3 (Mil. XVIIe). Être rapporté à qqn, en parlant d'une rumeur, d'une nouvelle. || « Certains propos tenus sur sa conduite lui revinrent » (Académie). — Impersonnel. || Il me (lui,…) revient… (que) : on m'a dit, rapporté, appris (que)…, j'ai appris que… (→ Cannibale, cit. 3; indévot, cit.). || Il me revient de tous côtés que…
34 (…) si par malheur pour toi il me revenait qu'on dit dans la ville que mes discours n'ont plus leur force ordinaire (…) tu perdrais avec mon amitié la fortune que je t'ai promise.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, III.
35 Il me revient de tous côtés qu'on me brocarde (…)
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, IV, 4.
36 (…) rapport, fort propre à justifier ces préoccupations, si, par hasard, il en revenait quelque chose aux oreilles du gouvernement britannique.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, XVIII.
36.1 Il m'est revenu de plusieurs côtés que (ici, petit jeu de voltige avec un porte-mine d'argent) que certains services négligent de répondre aux lettres de la clientèle (…)
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 34.
4 ☑ (Fin XIIIe). Revenir à soi, ou, absolt, revenir : reprendre conscience, reprendre ses esprits (→ Apoplexie, cit. 2; briser, cit. 35; ébrouer, cit. 3; étambot, cit. 1; geler, cit. 3). || Quand je suis revenu à moi, après cet évanouissement. — Revenir à la santé, à la vie. ⇒ Revivre. — Absolt. || Revenir (→ ci-dessus, cit. 18, et supra cit. 21).
5 (Fin XIIe). Sujet n. de chose. Être retrouvé (en parlant d'une qualité perdue). || Je me sens tout ranimé (cit. 5) et le cœur me revient. || L'ouïe et la parole lui reviennent (→ Muet, cit. 2 et 6). || Toute sa lucidité (cit. 6) lui revint.
37 Quand je sentis contre moi le bras de la jeune fille, le calme et l'assurance me revinrent.
G. Duhamel, la Pierre d'Horeb, VIII.
6 (V. 1175). Sujet n. de chose. Échoir à qqn à titre de profit (⇒ Revenu), d'héritage…; être perçu. ⇒ Échoir, obtenir. || La propriété devait lui revenir à sa majorité (→ Loyer, cit. 2). || Un nombre important de milliards qui reviendraient à l'État (→ Réévaluation, cit.). || Elle veut être fixée (cit. 19) sur ce qui lui revient. — Impersonnel. || Il me revient tant sur cette opération. || Quel fruit lui en revient-il ? (→ Changeant, cit. 3). — Vieilli. || Que te revient-il de… ? : en quoi t'est-il profitable de…, à quoi te sert-il de… ?
38 (…) nous nous brouillerons, et tout cela arrivera avant qu'elle n'ait hérité de sa tante. Alors, comme on se moquera de moi ! Ma femme aime ses enfants, tout finira par leur revenir.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXI.
39 Mais que vous revient-il de vos froides doctrines ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Souvenir ».
40 Le premier prince du sang, c'était le fils d'Antoine de Bourbon et de la reine de Navarre, c'était le futur Henri IV à qui revenait la couronne si le roi et ses jeunes frères mouraient sans enfants.
J. Bainville, Hist. de France, IX, p. 165.
41 Il me revient, sur l'argent que je viens de changer, soixante francs.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, IX, p. 98.
42 Enfin heureusement que l'Abbé Protiste lui au moins est venu me trouver un beau matin afin qu'on se partage la ristourne, celle qui nous revenait de l'affaire du caveau de la mère Henrouille.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 342.
♦ Revenir de droit, ou, simplement, revenir : échoir en vertu d'un droit, d'une prérogative; appartenir. || L'appréciation de cette inéligibilité (cit.) revient aux Chambres. || Distinguer ce qui revient au sacré et ce qui proprement appartient au profane (cit. 5). — Impersonnel. || C'est à lui qu'il revient de…, suivi de l'inf. (→ Gratuit, cit. 9). ⇒ Incomber.
7 (1549). Fig., vx. (Sujet et compl. n. de chose). Être en rapport de convenance avec… ⇒ Convenir. || Cette tapisserie revient bien à ce meuble (Furetière). || Son humeur revient à la mienne (Furetière).
♦ (1460). Mod. (Compl. n. de personne). Plaire. || Cette logique-là ne me revient point (→ Rébarbatif, cit. 3, Molière). || Ta marquise ne me revient pas du tout (→ 1. Pie, cit. 4). || Il a une tête qui ne me revient pas. — REM. Il s'emploie en ce sens aujourd'hui surtout avec une négation.
43 (…) car sur mon âme, elle avait la mine d'un mauvais Esprit. Sa diable de figure noire ne vous revenait pas.
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, II, XVIII.
44 Il se lia en particulier avec M. Mydorge, alors réputé le premier mathématicien de France, dans lequel « il trouvait je ne sais quoi qui lui revenait extrêmement, soit pour l'humeur, soit pour le caractère d'esprit » (…) (Baillet, Vie de Descartes, 1691).
Valéry, Variété, Études philosophiques, in Œ., t. I, Pl., p. 812.
8 (Mil. XIVe). Sujet n. de chose, représenté en général par un pronom. Vx. Être en rapport de convenance parfaite, d'équivalence avec… ⇒ Équivaloir. — ☑ Loc. Mod. Cela revient au même (cit. 20; et → Assemblage, cit. 19; courage, cit. 5). — Cela revient à dire que… : c'est comme si on disait que… (→ aussi Quantification, cit.).
45 Si la vie est misérable, elle est pénible à supporter; si elle est heureuse, il est horrible de la perdre. L'un revient à l'autre.
La Bruyère, les Caractères, XI, 33.
9 (1530). Sujet n. de chose. Coûter au total (à qqn). || Le fret (cit. 1) revient, par tonne et par kilomètre, à 0 fr. 04. ⇒ Revient (prix de). || Le prix auquel reviendrait la marchandise (→ Importateur, cit.). || La fonte fabriquée sur place (cit. 11) reviendra bientôt plus cher… || Le dîner m'est revenu à quinze cents francs par personne.
———
II S'en revenir v. pron. (V. 1050). Littér. || S'en revenir (quelque part). ⇒ Retourner (s'en). — Littér. ou vieilli. || S'en revenir de. || Ils s'en revenaient de la chasse. || « Trois jeunes tambours s'en revenaient de guerre » (Chanson).
46 Et m'en suis revenu chez moi toujours courant (…)
Molière, les Fâcheux, II, 6.
47 Et sur le pont des Reviens-t'en
Si jamais revient cette femme
Je lui dirai Je suis content
Apollinaire, Alcools, p. 27.
———
III (1606; XVIe, se revenir, en parlant d'une viande qui se ramollit quand on la passe sur le feu; vraisemblablement, par l'intermédiaire du sens de revenir à soi « retrouver vie, fraîcheur »).
1 Vx. || Faire revenir de la viande : « faire renfler la viande en la mettant sur des charbons allumés ou sur un gril… avant que de larder ou de piquer la viande » (Richelet).
2 (1798). Mod. || Faire revenir de la viande, des légumes, un aliment, les passer dans un corps gras chaud pour en dorer et en rendre plus ferme la surface. ⇒ Rissoler. || Faire revenir des oignons. || Les hauts de côtelettes revenaient dans un poêlon (cit.). — Au p. p. || Oignons revenus au beurre.
48 Mademoiselle Remanjou adorait les lardons (…) Boche disait préférer les petits ognons (oignons), quand ils étaient bien revenus (…)
Zola, l'Assommoir, III, t. I, p. 106.
49 Il « tomba la veste », alluma le poêle et fit « revenir » le lapin. Il tendait le cou, humait l'odeur qui montait de la cocotte. Il aurait fallu du thym dans la sauce.
Eugène Dabit, Hôtel du Nord, XXII.
3 Techn. || Faire revenir l'acier. ⇒ Revenu.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
revenu, ue p. p. adj.
♦ Voir à l'article. — Spécialement :
1 (1652). Personnes. || Revenu de… : désabusé, désillusionné. → ci-dessus, cit. 24, 26.
2 (Sens III, 2). || Oignons revenus.
❖
CONTR. Aller. — Déserter, échapper (s'), évanouir (s'), partir, quitter, repartir. — Disparaître, effacer (s'). — Anticiper.
DÉR. Revenant, revenez-y, revenu, revenue, revient (prix de).
Encyclopédie Universelle. 2012.