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RESPIRATION
RESPIRATION

La physiologie comparée de la respiration a pour objet l’étude des mécanismes assurant les échanges de l’oxygène et du dioxyde de carbone (gaz carbonique) entre les organismes vivants et le milieu, aqueux et aérien, dans lequel ils vivent. L’oxygène est utilisé et le dioxyde de carbone libéré dans les cellules, plus précisément dans les mitochondries, siège des oxydoréductions qui fournissent l’énergie nécessaire à la vie. S’il est vrai que, dans certaines circonstances, la plupart des cellules animales, privées d’oxygène en quantité suffisante, peuvent produire de l’énergie en recourant à la dégradation du glycogène jusqu’à l’acide lactique (anaérobiose), un tel mécanisme cesse dès que l’oxygène est admis dans le milieu en quantité suffisante (aérobiose).

1. La respiration des animaux

Échanges gazeux

Pour les êtres de petite taille, de diamètre inférieur à 1 millimètre, les échanges des molécules d’oxygène et de gaz carbonique entre le milieu et les cellules s’effectuent par diffusion. En effet, les tissus animaux sont perméables aux gaz respiratoires, avec cette particularité que la perméabilité est beaucoup plus élevée pour le gaz carbonique que pour l’oxygène, car celui-là est beaucoup plus soluble que celui-ci dans les liquides de l’organisme.

Chez les Métazoaires de taille plus importante, à l’exception des Insectes et de quelques Arachnides, la diffusion des molécules d’oxygène et de gaz carbonique dans l’organisme ne peut suffire; un milieu est nécessaire pour assurer le transport, la convection d’oxygène et de gaz carbonique de la surface d’échanges externe jusqu’aux tissus. Le sang, qui joue le rôle de milieu vecteur, a la propriété de fixer et de libérer rapidement de grandes quantités de gaz carbonique et d’oxygène. Celui-ci y est souvent fixé sur un pigment: hémocyanine chez la plupart des Mollusques et des Crustacés, hémoglobine chez quelques Invertébrés et chez tous les Vertébrés. Quant à la convection du sang, elle est assurée par les mouvements de l’ensemble du corps, par le battement de cils, par la contraction des vaisseaux chez beaucoup d’Invertébrés, par la contraction d’un cœur stricto sensu chez les Mollusques et chez tous les Vertébrés.

Chez les Insectes, la solution apportée au problème de la pénétration de l’oxygène jusqu’aux cellules et du rejet du dioxyde de carbone est toute différente. Ces animaux possèdent en effet des trachées , fins tubes qui, d’une part, s’ouvrent latéralement par des stigmates à la surface du corps et, d’autre part, se subdivisent pour aboutir à des trachéoles d’une extrême finesse, pouvant pénétrer dans les cellules elles-mêmes et venir au contact des mitochondries; ainsi, par diffusion, et grâce à quelques mouvements de l’animal, l’air ambiant est mis directement au contact des tissus (cf. INSECTES, fig. 6).

Chez les Métazoaires de taille relativement importante, les zones d’échanges gazeux entre l’organisme et le milieu ambiant présentent une grande diversité morphologique, de laquelle se dégagent deux traits saillants: le rapport entre la surface d’échanges et la masse corporelle est toujours élevé, et la paroi qui sépare les milieux externe et interne est toujours mince.

Organes respiratoires

Chez beaucoup d’animaux aquatiques, la surface d’échanges externe est augmentée par le développement d’évaginations de la surface du corps, simples plissements des téguments ou bien branchies, qui peuvent être soit libres dans le milieu extérieur (par exemple, chez les larves de Batraciens), soit cachées dans une cavité palléale chez les Mollusques, dans une cavité branchiale chez les gros Crustacés et chez les Poissons.

Par contre, chez les Mollusques pulmonés, chez quelques Poissons, les Dipneustes, chez la plupart des Amphibiens et tous les autres Vertébrés, l’invagination de l’endoderme conduit à la formation de poumons, généralement aériens. Chez les Mammifères, les poumons sont subdivisés en alvéoles, particulièrement nombreux. Chez les Oiseaux, ils sont formés de tubes parallèles, les parabronches, d’où émergent radialement de petits canaux, les capillaires aériens, qui viennent au contact des capillaires sanguins.

La formation de poumons apparaît comme la seule possibilité offerte aux animaux, à l’exception des Insectes, pour pouvoir évoluer librement dans l’atmosphère, car la vie aérienne n’est possible que si deux conditions sont remplies: faible perte d’eau, échanges respiratoires suffisants. La peau des Reptiles, des Oiseaux et des Mammifères étant presque imperméable à l’eau, la seule perte d’eau importante s’effectue par la respiration pulmonaire; mais, grâce à la grande richesse de l’air en oxygène, la convection ventilatoire d’air et, par suite, la perte d’eau avec le gaz expiré, saturé de vapeur d’eau, sont faibles. La situation est toute différente chez les Amphibiens, dont la respiration cutanée est obligatoire: ou bien ils vivent plus ou moins immergés dans l’eau ou bien, s’ils sont aériens, leur peau devant être humide pour rester perméable aux gaz, ces animaux demeurent au voisinage des points d’eau ou tout au moins séjournent dans une atmosphère très humide.

Convection de l’eau et de l’air

Disposer d’une large surface d’échanges gazeux est une condition nécessaire aux animaux de grande taille; il est indispensable de surcroît que le milieu ambiant, au contact de cette surface, soit renouvelé. Chez certains Invertébrés, la convection de l’eau est assurée par les mouvements de l’animal ou par le battement de cils. Mais pour les animaux plus complexes, une convection massive du milieu externe est nécessaire. Chez les animaux aériens, la convection est bidirectionnelle , consistant en des mouvements de va-et-vient d’air, milieu léger, peu visqueux, dont la richesse en oxygène autorise un débit modéré. En revanche, l’eau, pour une tension d’oxygène donnée, contient beaucoup moins d’oxygène que l’air, si bien que le débit de convection chez les animaux aquatiques est relativement considérable. Par exemple, un Vertébré aérien ventile 20 à 30 litres d’air pour en retirer 1 litre d’oxygène, alors qu’un Poisson fait circuler 300 à 500 litres d’eau pour en extraire la même quantité. Mais une circulation si considérable pose des problèmes mécaniques particuliers aux animaux aquatiques, puisque l’eau est 800 fois plus dense et 60 fois plus visqueuse que l’air: une convection bidirectionnelle par va-et-vient d’eau, comme celle de l’air chez les Vertébrés supérieurs, nécessiterait un travail considérable. En fait, la seule solution possible réside dans un mécanisme de convection unidirectionnelle de l’eau qui, entrant par la bouche et s’échappant par les fentes operculaires, s’écoule d’une manière presque continue à travers les lamelles branchiales.

Équilibre acido-basique

La différence considérable du besoin de convection chez les animaux aquatiques et chez les animaux aériens s’accompagne d’une différence très marquée des pressions partielles de gaz carbonique (p CO2), mesurées dans l’eau ou l’air expirés et dans le sang de ces deux groupes d’animaux. Le dioxyde de carbone, en effet, est très soluble dans l’eau, si bien que la valeur de p CO2, dans l’eau expirée par les animaux aquatiques, est très faible, excédant de 1 à 2 torrs seulement celle de l’eau ambiante. En revanche, chez les Vertébrés aériens qui ventilent, par unité d’oxygène consommé, beaucoup moins que les Poissons, p CO2 du gaz expiré peut atteindre plusieurs dizaines de mm Hg.

Le sang suivant d’assez près les variations de p CO2 de l’eau branchiale chez les animaux aquatiques et du gaz pulmonaire chez les animaux aériens, l’état acide-base est profondément différent chez les uns et les autres.

La relation entre le pH, la concentration de bicarbonate et celle de l’acide carbonique (cette dernière étant directement proportionnelle à p CO2) est définie par l’équation de Henderson-Hasselbalch (cf. appareil RESPIRATOIRE - Physiologie, Stimulus pH ).

On observe que les valeurs du pH sanguin des animaux aériens et aquatiques, placés à la même température ambiante, sont très voisines. Dès lors, puisque, chez les animaux aériens, pCO2 est beaucoup plus élevé que chez les animaux aquatiques, la concentration du bicarbonate [HC3-] est aussi beaucoup plus forte chez les premiers que chez les seconds. L’ensemble de ces observations semble indiquer que la régulation de la convection respiratoire du milieu ambiant, aquatique ou aérien, tend vers un double but: oxygénation convenable de l’organisme, détermination d’une valeur caractéristique du pH.

2. La respiration des végétaux

Mis à part certaines bactéries strictement anaérobies et différents champignons comme les levures, capables de vivre en anaérobiose, tous les végétaux ont besoin d’oxygène, et l’oxydation de leurs métabolites conduit au dioxyde de carbone.

La respiration se constate chez les organismes ou les organes non chlorophylliens (champignons, racines, tissus divers) aussi bien à la lumière qu’à l’obscurité. Pour les organes chlorophylliens, la respiration est masquée à la lumière par l’activité photosynthétique qui aboutit à des échanges gazeux inverses, dix à cinquante fois plus intenses. Néanmoins, les échanges respiratoires des feuilles, mesurés à l’obscurité, montrent une absorption moyenne d’oxygène de 1 millilitre par heure pour 10 à 20 grammes de substance fraîche et un rejet à peu près semblable de gaz carbonique. La respiration est ainsi, comme chez les animaux, une manifestation constante de la vie en aérobiose. C’est aussi un processus plus économique au point de vue matériel et énergétique que l’anaérobiose [cf. AÉROBIOSE ET ANAÉROBIOSE].

Échanges gazeux

Les végétaux sont dépourvus d’un appareil respiratoire et d’un appareil circulatoire assurant le transfert des gaz dissous ou libres. Les échanges gazeux se font donc essentiellement par diffusion. L’épiderme, souvent revêtu d’une cuticule cireuse, est très peu perméable aux gaz. Chez les végétaux aériens, Cormophytes, ce sont les stomates répartis à sa surface qui, par leur nombre, permettent une diffusion rapide des gaz entre le milieu extérieur et le milieu intérieur; d’autre part, par leur sensibilité à la lumière et à la sécheresse, qui en favorisent l’une leur ouverture, l’autre leur fermeture, ils assurent un contrôle –relatif toutefois – de la vitesse des échanges entre l’oxygène, le gaz carbonique et la vapeur d’eau [cf. HYDRODYNAMIQUE VÉGÉTALE].

À l’intérieur des tissus, les espaces intercellulaires (méats et lacunes) et les perforations des parois cellulosiques facilitent la circulation des gaz soumise aux seules lois de la diffusion. Au niveau cellulaire, comme le manifestent beaucoup de Thallophytes, le problème des échanges gazeux concerne, comme pour tout autre système cellulaire, le franchissement des membranes protoplasmiques, la circulation intracellulaire des gaz à l’état dissous, l’engagement de l’oxygène dans les oxydations cellulaires et la libération du dioxyde de carbone par voie enzymatique au niveau des mitochondries.

Utilisation de l’énergie respiratoire

L’intensité respiratoire est très variable selon les organes, les feuilles respirant davantage par unité de masse que les organes compacts: tiges, fruits ou racines. Elle varie aussi beaucoup avec l’âge des tissus: élevée dans les tissus jeunes, elle est nettement plus faible dans les tissus adultes; elle est très intense lors de la crise climactérique, au début de la maturation des fruits; il est possible de distinguer une respiration de croissance et une respiration d’entretien, cette dernière correspondant à une consommation d’énergie inhérente à la simple maintenance des cellules en vie. L’énergie libérée par la respiration n’est que partiellement utilisée à l’entretien des cellules; la majeure partie (90 à 98 p. 100) est perdue sous forme de chaleur qui diffuse dans le milieu ambiant; cette émission de chaleur peut, dans des phases de croissance active, élever la température tissulaire de plusieurs dizaines de degrés (germinations compactes, croissance rapide de la fleur d’arum).

D’une manière générale, les végétaux ne possédant pas de régulation thermique, la température agit directement sur leur métabolisme. L’intensité respiratoire s’élève entre 0 0C et 35-40 0C et décroît rapidement pour des températures plus élevées, par suite d’une dégradation progressive des structures cellulaires.

Photorespiration

Si la lumière détermine la prédominance des échanges gazeux photosynthétiques, la photosynthèse s’accompagne, en revanche, d’une respiration particulière, directement liée à l’oxydation rapide de produits intermédiaires du métabolisme de synthèse (ribulose biphosphate). C’est la photorespiration qui restitue à l’atmosphère jusqu’à 50 p. 100 du dioxyde de carbone assimilé par la photosynthèse. Cette photorespiration, qui cesse à l’obscurité, affecte la plupart des végétaux, notamment ceux des régions tempérées. Différentes plantes d’origine tropicale (maïs, canne à sucre) qui ont un métabolisme photosynthétique particulier (en C4) en sont exemptes; de ce fait, leur rendement photosynthétique et leur rendement de croissance sont plus élevés [cf. PHOTOSYNTHÈSE].

respiration [ rɛspirasjɔ̃ ] n. f.
• v. 1370; lat. respiratio
1Le fait d'aspirer et de rejeter l'air par les voies respiratoires. expiration, inspiration (II); haleine, souffle; ventilation. « Elle sent la respiration de l'homme monter et descendre comme une vague » (Saint-Exupéry). Arrêt de la respiration par asphyxie, syncope, étouffement. Retenir sa respiration. souffle. (Avec un compl.) Le fait de respirer (un fluide). Respiration de vapeurs, d'un air vicié. inhalation.
« Elle respirait, mais d'une respiration qui lui paraissait faible et prête à s'éteindre » (Hugo). Respiration haletante, entrecoupée, difficile. anhélation, asthme, dyspnée, essoufflement, halètement, suffocation. Respiration bruyante ( stertor) , sibilante, striduleuse.
(1834) Respiration artificielle : ensemble de moyens (insufflations, mouvements communiqués à la cage thoracique, bouche-à-bouche, etc.) pratiqués pour rétablir les fonctions respiratoires. « J'ai pratiqué maintes fois la “respiration artificielle manuelle” sur les grands blessés » (Duhamel). Respiration assistée, à l'aide de respirateurs.
2Physiol. Ensemble des fonctions assurant les processus d'oxydation d'un organisme vivant. La respiration fait partie des fonctions de nutrition. Respiration externe, pulmonaire : absorption d'oxygène et rejet de gaz carbonique par le poumon ( hématose) . Respiration interne, tissulaire, cellulaire. Respiration cutanée. perspiration. Respiration branchiale des animaux aquatiques. Chez les végétaux supérieurs, la respiration se fait surtout par la feuille. Respiration tissulaire des animaux et des végétaux. Pigments, organites de la respiration cellulaire. mitochondrie.
3Mus. Ponctuation d'un discours musical (musique vocale ou instrumentale). phrasé.

respiration nom féminin (latin respiratio) Fait de respirer : Une respiration bruyante. Ensemble des phénomènes permettant l'absorption de l'oxygène et le rejet du gaz carbonique par les êtres vivants. Art de ponctuer la phrase musicale. ● respiration (citations) nom féminin (latin respiratio) René Char L'Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse, 1907-Paris 1988 Toute respiration propose un règne. Seuls demeurent Gallimardrespiration (expressions) nom féminin (latin respiratio) Respiration artificielle, ensemble des manœuvres destinées à suppléer à la respiration naturelle, lorsque celle-ci est insuffisante ou inefficace, pour assurer une hématose satisfaisante. ● respiration (synonymes) nom féminin (latin respiratio) Fait de respirer
Synonymes :
- haleine
- souffle

respiration
n. f.
d1./d Action de respirer.
|| MED Respiration artificielle: ensemble des méthodes permettant d'assurer la ventilation pulmonaire en cas de défaillance de celle-ci (insufflations, bouche-à-bouche, procédés manuels produisant le mouvement thoracique, etc.). Syn. ventilation artificielle.
Respiration assistée: aide respiratoire apportée par l'anesthésiste à une personne sous anesthésie générale et qui consiste à presser sur le sac respiratoire en suivant le rythme du sujet.
Respiration contrôlée: substitution à la respiration naturelle, chez un sujet sous anesthésie, d'un rythme artificiel commandé par l'anesthésiste.
d2./d Fonction qui préside aux échanges gazeux entre un être vivant et le milieu extérieur, et qui assure l'oxydation des substances organiques.
Encycl. Toute cellule aérobie, végétale ou animale, respire. Alors que la respiration s'effectue chez les organismes rudimentaires par simple diffusion à travers la membrane cellulaire et, s'il y a lieu, les tissus de l'oxygène de l'air ou de l'eau, chez les organismes doués d'une taille et d'une activité métabolique importantes, les appareils respiratoires sont de trois types: branchies (poissons, têtards, etc.); poumons (poissons dipneustes, amphibiens adultes, reptiles, oiseaux, mammifères); trachées (insectes, myriapodes). Chez les plantes, le carbone est fixé et l'oxygène est rejeté (V. photosynthèse). Chez les animaux munis de poumons, donc chez l'homme, la respiration est caractérisée par deux temps: l' inspiration, active (où l'air pénètre dans les voies respiratoires), est produite par une contraction du diaphragme et des muscles intercostaux qui dilate la cage thoracique et par suite les poumons; l' expiration, passive (où l'air est expulsé), est due à l'élasticité de la cage thoracique et des poumons. Les échanges gazeux se font au niveau des alvéoles pulmonaires entre l'air inspiré et le sang veineux; c'est le phénomène de l' hématose: l'oxygène, qui a diffusé à travers la paroi des alvéoles, parvient au sang, où la plus grande partie se combine à l'hémoglobine pour former l'oxyhémoglobine; le sang oxygéné, rouge vif, parvenu aux tissus, leur abandonne son oxygène et se charge à nouveau de gaz carbonique.

⇒RESPIRATION, subst. fém.
A. — Action de respirer, manière de respirer. Faire des exercices de respiration. Elle sentait contre sa joue le souffle d'une respiration haletante (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 157). Chez un enfant qui dort, le ventre se soulève à chaque respiration (Arts et litt., 1935, p. 36-7):
La respiration avait des ratés, des arrêts qui semblaient ne plus devoir finir, et pendant lesquels Jacques, la vie suspendue, se tournait vers son frère sans pouvoir lui-même reprendre souffle.
MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1275.
Au plur. C'est d'ailleurs par de grandes respirations que souvent on calme les palpitations (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p. 196). Deux oreillers relevaient sa tête; ses respirations étaient courtes, petites doses d'air, minces et sans volume (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 493).
P. méton. Même si la maison n'avait point cette respiration des maisons habitées, où l'on sent les haleines des gens endormis (ZOLA, Cap. Burle, 1883, p. 134).
Loc. verb. En avoir la respiration coupée; en perdre la respiration. En avoir le souffle coupé; en perdre le souffle. Une façon (...) de gagner du terrain en étirant les bras et les jambes, une fringale telle qu'il en perd la respiration et s'ébroue (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 275). Quelques secondes, sans savoir si l'on va glisser en arrière et s'engloutir (...). J'en avais la respiration coupée (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 100):
P. métaph. (Aller) prendre sa respiration auprès de. (Aller) s'aérer, se changer les idées auprès de. Cette bergerie de Latche, dans les Landes, où François Mitterand s'en va périodiquement prendre sa « respiration » auprès de son couple d'ânes (Le Nouvel Observateur, 19 déc. 1977, p. 70, col. 3).
SYNT. Forte respiration; respiration courte, gênée, irrégulière, normale, oppressée, paisible, pénible, précipitée, profonde, rapide, régulière, ronflante; arrêt de la respiration; respiration anormale, brutale, défectueuse, difficile, entrecoupée, essoufflée, rauque, sibilante, striduleuse; faciliter, rythmer la respiration; contrôler, reprendre, retenir sa respiration; respiration d'un air vicié, d'un gaz toxique, de fumées nocives.
B. — Spécialement
1. MUSIQUE
a) Domaine du chant. Pause où doit respirer le chanteur, ce qui lui permet de prendre certaines notes, certains ports de voix afin de respecter un certain phrasé; endroit marqué par cette respiration; p. méton, cette marque (virgule au-dessus de la portée). (Ne pas abuser des) respirations (trop) fréquentes (et) superflues. Que le compositeur chante lui-même chacune des parties, et place le texte le plus naturellement possible; il doit aussi penser (parfois même les indiquer) aux respirations indispensables (POTIRON, Mus. église, 1945, p. 47).
b) P. anal., domaine instrumental. Endroit où l'exécutant doit marquer dans la mélodie une pause, la pause elle-même; p. méton., la notation (le plus souvent un tiret ou une virgule). L'archet du violoncelle ne pouvant s'étendre aussi longuement que celui du violon, les phrases mélodiques devront être plus courtes et donner à l'archet des respirations plus nombreuses (E. GUIRAUD, BUSSER, Instrument., 1933, p. 27).
2. PHYSIOL. ,,Ensemble des fonctions par lesquelles sont assurés les échanges gazeux de l'organisme (absorption d'oxygène et élimination de gaz carbonique). Ce sont: 1) la respiration externe, accomplie par le poumon, par laquelle le sang veineux se transforme en sang artériel oxygéné; 2) la respiration interne, soit les échanges gazeux entre le sang et les tissus; 3) la respiration cellulaire (au niveau des tissus) qui comprend tous les processus métaboliques par lesquels la cellule s'enrichit en oxygène (...) et se débarrasse du gaz carbonique et des déchets`` (MAN.-MAN. Méd. 1980). Un homme peut faire la grève de la faim, non de la respiration (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 108). Il est facile [dans un sous-marin atomique] de renouveler par des moyens chimiques l'air nécessaire à la respiration de l'équipage (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 180).
Respiration artificielle. Ensemble des moyens pratiqués pour rétablir les fonctions respiratoires notamment chez les asphyxiés, les noyés, les électrocutés. Synon. ventilation artificielle. Appareil à respiration artificielle du Prof. Léon Binet et du Dr Jean Gosset, se montant sur les tables d'opération (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p. 100).
Respiration assistée. Ensemble des moyens destinés à suppléer à l'absence de respiration par un appareillage approprié chez les malades dans l'impossibilité de respirer par eux-mêmes (d'apr. MONC. 1971).
PHYSIOL. VÉGÉT. ,,Ensemble des phénomènes d'échanges gazeux entre un végétal et l'atmosphère`` (BÉN.-VAESK. Jard. 1981). Respiration diurne, nocturne.
SYNT. a) Mécanisme, phénomène, rythme, organes, hygiène, physiologie, phases de la respiration; effort, réflexe, travail de la respiration; anomalies, gênes, mesure de la respiration; méthodes de respiration, bloquer la respiration. b) Respiration externe ou pulmonaire (mammifères, oiseaux, reptiles); respiration branchiale, cutanée, intestinale par la vessie natatoire, par le labyrinthe (poissons), trachéale (insectes, arachnéides).
Rem. MAN.-MAN. Méd. 1980 ,,En langage courant, la respiration désigne uniquement la fonction des poumons``.
C. — Au fig. ou p. métaph.
1. [Avec évocation sonore du souffle de la respiration]
a) [À propos d'éléments naturels] Respiration de la mer, de l'espace, de la nuit. On entendait maintenant de façon distincte la sourde respiration des vagues contre la falaise (CAMUS, Peste, 1947, p. 1425).
b) [À propos de machines] Respiration légère et facile des locomotives. Tous les bruits connus de la fabrique, la respiration haletante et sourde des machines étaient en pleine activité (A. DAUDET, Fromont jeune, 1874, p. 334).
2. [Avec assimilation du rythme de la respiration à la vie elle-même]
a) [Dans le domaine des rapports et des syst. soc.] Rendre la respiration à la liberté de la presse, aux lettres. L'homme ne peut se passer de cette respiration psychique qu'apporte l'art (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 384). La liberté est ainsi à la fois la respiration de la conscience et l'oxygène vital qui aère et ventile cette conscience (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 218).
b) Domaine des lettres. Renan, son style à respiration lente et calme (RENARD, Journal, 1906, p. 1082). En écoutant les confidences de son Journal intime [d'Eugénie de Guérin], on l'entend respirer et (...) c'est une respiration sublime (BARRÈS, Cahiers, t. 8, 1910, p. 207).
c) Domaine de la mus. Il naît de l'archet une prononciation, si l'on peut dire, une articulation et un accent, que la voix humaine ne suggère point; et il y a une respiration du violon (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 118). Il reste du jazz quelque chose de spasmodique, mais une respiration immense, dramatique, s'y est ajoutée (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 94).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1370 « action de respirer » (GUY DE CHAULIAC, Chirurgie, ms. Montpellier d'apr. G. SIGURS, p. 72, v. aussi p. 521); b) fin XVe s. fig. « fait de revenir à la vie, de reprendre courage » (Ancienn. des Juifs, Ars. 5082, f ° 45d ds GDF.); c) 1834 en partic. respiration artificielle (T. DE BERNEAUD, in F.-E. GUÉRIN, Dict. pittoresque d'hist. nat., I, p. 310b ds QUEM. DDL t. 8); 2. 1783 respiration (à propos des plantes) (BULLIARD Bot.); 3. 1845 mus. (BESCH.). Empr. au lat. respiratio « action de respirer », « pause pour reprendre haleine » et « exhalation, évaporation ». Fréq. abs. littér.:1 421. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 392, b) 1 786; XXe s.: a) 1 448, b) 2 173. Bbg. QUEM. DDL t. 8 (s.v. respiration artificielle), 21 (s.v. respiration syncopale).

respiration [ʀɛspiʀɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XVe; respiracio en provençal au XIVe; du lat. respiratio, de respirare « exhaler, respirer ».
1 a Le fait d'absorber et de rejeter l'air par les voies respiratoires (en parlant de l'homme et de certains animaux). Aspiration, expiration, inspiration, souffle. || Les besoins de la respiration (→ Raréfier, cit. 1). || Le rythme, le mouvement alternatif de la respiration. || Arrêt de la respiration, par asphyxie, syncope ( Apnée).(Avec un compl.). Le fait de respirer. || Respiration de vapeurs, d'un air vicié. Inhalation; respirer (III.).
b Manière de respirer. Haleine, souffle. || Respiration aisée, facile; difficile (→ Contraction, cit. 3; et aussi bronche, cit. 2). || Respiration angoissée, courte, sèche (→ Embraser, cit. 3), intermittente (cit. 1), rauque (→ Incurable, cit. 4). aussi Râle (cit. 2), râler. || Respiration haletante (→ Horriblement, cit. 5), entrecoupée, pantelante, précipitée… Anhélation, essoufflement, halètement, haleter, pantelant, panteler, suffocation, suffoquer; dyspnée. || Respiration bruyante; respiration amphorique, sibilante, sifflante, singultueuse, stertoreuse, striduleuse… || Respiration oppressée des asthmatiques. Asthme.Méd. || Respiration expiratrice (expiration brusque; inspiration; repos). || Respiration syncopale (1916, in D. D. L.). || Respiration bruyante des chevaux. Cornage.Arrêter, empêcher la respiration normale de qqn en l'étouffant, en l'étranglant. Étouffement, étranglement, strangulation.
1 Il écouta son souffle; elle respirait; mais d'une respiration qui lui paraissait faible et prête à s'éteindre.
Hugo, les Misérables, II, V, VIII.
2 Mais un homme que l'on ne connaissait pas entra, mouillé de sueur, effaré, les pieds saignants, la ceinture dénouée; sa respiration secouait ses flancs maigres à les faire éclater (…)
Flaubert, Salammbô, VIII.
3 Mais une seule respiration endormie dans une chambre éloignée émeut l'atmosphère au point qu'à notre insu, une petite vague de chaleur humaine vient battre notre cœur.
F. Mauriac, Genitrix, XVIII.
4 Couchée en travers de cette poitrine, elle sent la respiration de l'homme monter et descendre comme une vague et c'est l'angoisse d'une traversée.
Saint-Exupéry, Courrier Sud, II, XIII.
(Au plur). Rare. || Une voix suffoquée par des respirations haletantes (→ Ouvrir, cit. 5).
c Spécialt. Respiration aisée, normale. || Perdre la respiration (→ Oppresser, cit. 2). || Ôter la respiration (cf. Mme de Sévigné, Fénelon, in Littré).Contenir (→ Empoisonner, cit. 3), retenir sa respiration. Souffle.
d Façon particulière de respirer, dans certaines activités (chant, sports…). || La respiration et l'appui (cit. 6), dans le chant (cit. 6).
e Loc. (1834). Respiration artificielle : ensemble de manœuvres (insufflations, mouvements communiqués à la cage thoracique, tractions de la langue, bouche-à-bouche, etc.) pratiquées pour rétablir les fonctions respiratoires, chez les asphyxiés, etc. (cf. Garnier). Syn. : ventilation artificielle.
5 J'ai pratiqué maintes fois la « respiration artificielle manuelle » sur les grands blessés des deux guerres, sur des malades qui supportaient mal l'anesthésie, etc.
G. Duhamel, Problèmes de civilisation, p. 97.
Respiration assistée. Ventilation (assistée).
2 Par métaphore et fig. Souffle, bruit, rythme. || La respiration de la mer (→ Grondement, cit. 3; huileux, cit. 2). || La respiration des locomotives (cit. 3).
3 Didact. (physiol.). Ensemble des fonctions (absorption d'oxygène, rejet de gaz carbonique et d'eau) assurant les processus d'oxydation d'un organisme vivant. || Respiration externe ou pulmonaire (2. Pulmonaire, sens 1) : fixation et transport des gaz respiratoires par le sang; respiration interne (cellulaire ou tissulaire), au cours de laquelle le carbone et l'hydrogène sont retirés aux substances organiques et combinés à l'oxygène. || La respiration fait partie des fonctions de nutrition.
Respiration cutanée (à travers les téguments, la peau), propre aux organismes sans appareil respiratoire. Perspiration. || Respiration branchiale (Poissons, Crustacés. Branchie), trachéale (Insectes, Arachnides. Trachée; stigmate), pulmonaire (Reptiles, Oiseaux, Mammifères. Poumon). || Chez l'homme, la respiration externe se fait par un appareil complexe. Respiratoire; bouche, larynx, nez; bronche, trachée-artère; poumon.
(1797). Physiol. de la végétation. Ensemble de phénomènes d'échanges gazeux. || Chez les végétaux supérieurs, la respiration se fait surtout par la feuille. aussi Chlorophyllien (assimilation).
4 Mus. Ponctuation d'un discours musical (musique vocale ou instrumentale). Phrasé.

Encyclopédie Universelle. 2012.