exquis, ise [ ɛkski, iz ] adj.
• 1393; lat. exquisitus « recherché », a. fr. esquis, p. p. du v. esquerre « rechercher », du lat. exquærere
1 ♦ Vx Remarquable dans son genre. ⇒ extraordinaire, raffiné, rare. Des « supplices exquis » (Bossuet). — Mod. Méd. Douleur exquise, vive et nettement localisée.
♢ Vx ou littér. (objets matériels) ⇒ précieux. « Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise » (Aubigné).
2 ♦ Fig.; vieilli ou littér. ⇒ excellent , parfait. Choix exquis. ⇒ judicieux. Idées exquises. — (Personnes) Admirable, remarquable.
3 ♦ Mod. Qui est d'une délicatesse recherchée, raffinée. ⇒ délicat, raffiné. Avec une politesse exquise. « Ils veulent savourer des sensations exquises; ils ne peuvent se contenter de sensations ternes » (Taine).
4 ♦ (XVIe) Cour. Qui produit une impression très agréable par sa délicatesse. ⇒ délicieux. Mets exquis, nourriture exquise. ⇒ délectable, savoureux . Un morceau exquis (cf. Un morceau de roi). « Ce vieux vin de Chypre est exquis » (Verlaine). C'est exquis. Arabesques, courbes exquises. ⇒ ravissant. Teint d'une fraîcheur exquise. — Femme exquise d'élégance et de beauté. Moue exquise. ⇒ adorable, aimable , charmant, délicieux. Un homme exquis. ⇒ attentionné, prévenant. « Le sourire exquis des hommes tristes qui sourient rarement » (France). — Sensation, impression exquise. ⇒ doux. Heure, journée exquise. — Subst. L'exquis : ce qui est exquis.
⊗ CONTR. Commun, ordinaire; imparfait. Vulgaire. 1. Amer, détestable, exécrable, mauvais, médiocre; laid; désagréable, repoussant.
● exquis, exquise adjectif (ancien français esquis, du latin exquisitus, choisi) Qui est recherché, choisi parmi ce qu'il y a de plus délicat pour le goût : Des vins exquis. Qui produit la plus délicate impression : Une exquise harmonie de couleurs. Qui est d'une délicatesse, d'une douceur, d'un charme particuliers : Une exquise gentillesse. Qui est très affable, d'une compagnie très agréable : Un homme exquis, plein d'attentions. ● exquis, exquise (expressions) adjectif (ancien français esquis, du latin exquisitus, choisi) Douleur exquise, douleur vive et nettement localisée. ● exquis, exquise (synonymes) adjectif (ancien français esquis, du latin exquisitus, choisi) Qui est recherché, choisi parmi ce qu'il y a de...
Synonymes :
- délectable
- délicieux
- suave
Contraires :
- dégoûtant
- détestable
- exécrable
- insipide
- mauvais
Qui produit la plus délicate impression
Synonymes :
- adorable
- charmant
Contraires :
- affreux
- horrible
- odieux
Qui est d'une délicatesse, d'une douceur, d'un charme particuliers
Synonymes :
- délicat
- subtil
Contraires :
- fruste
- grossier
- lourd
- pesant
Qui est très affable, d'une compagnie très agréable
Synonymes :
- aimable
- amène
- avenant
- cordial
- gentil
Contraires :
- acariâtre
- désagréable
- revêche
- rogue
exquis, ise
adj.
d1./d Qui est très agréable aux sens, spécial. au goût ou à l'odorat, par sa délicatesse. Un mets exquis. Un parfum exquis.
d2./d Qui a ou dénote du raffinement, de la délicatesse morale ou intellectuelle. Courtoisie exquise. Personne exquise.
⇒EXQUIS, ISE, adj.
A.— Vx, littér. [En parlant d'une chose] Qui est recherché, remarquable en son genre. Les paroles [de l'empereur] sont promptes peut-être, mais (...) la condamnation est toujours lente et le jugement exquis (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 468). La décence prise au sens le plus exquis du mot, la ravissante convenance (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 496) :
• 1. L'introduction du portrait, c'est-à-dire du modèle idéalisé, dans les sujets d'histoire, de religion ou de fantaisie, nécessite d'abord un choix exquis du modèle, et peut certainement rajeunir et revivifier la peinture moderne...
BAUDEL., Salon, 1846, p. 150.
— Emploi subst. L'exquis a disparu, étouffé par le commun. Car, pour la fleur aussi, « l'exquis est autant difficile que rare » (GIDE, Journal, 1910, p. 301).
— MÉD. Douleur exquise. ,,Douleur vive et nettement localisée en un point très limité`` (GARNIER-DEL. 1958). Il en aimait les blessures aiguës [d'une névrite] qui seules distraient d'une idée fixe et que la médecine nomme exquise (COCTEAU, Gd écart, 1923, p. 87).
B.— [En parlant d'une chose] Qui produit une impression agréable sur les sens par sa délicatesse. Mets, vin exquis; saveur exquise; arôme, parfum exquis; musique exquise; mobilier exquis. Le dîner est exquis et rare, des truffes, des plats montés, de vrais vins fins (GONCOURT, Journal, 1859, p. 651). — Oh!, C'est exquis!... Jamais je n'ai mangé d'aussi bonne confiture (ZOLA, Page amour, 1878, p. 999) :
• 2. Sous les sapins, on allume du feu, même en été, parce que c'est défendu; on y cuit n'importe quoi, une pomme, une poire, une pomme de terre volée dans un champ, du pain bis faute d'autre chose; ça sent la fumée amère et la résine, c'est abominable, c'est exquis.
COLETTE, Cl. école, 1900, p. 11.
— P. anal. Qui cause un plaisir raffiné d'ordre intellectuel. Poème, style exquis. J'ai commencé « Ellen en Bretagne » (...) C'est exquis à lire (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1905, p. 205) :
• 3. À Cluny. Les tapisseries me ravissent. Le détail des fleurs et des plantes est exquis de naturel et d'adresse.
GREEN, Journal, 1949, p. 308.
— P. ext. Qui a un charme délicieux. Sensation, heure exquise; moment, temps exquis. Ce furent trois jours pleins, exquis, splendides, une vraie lune de miel (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 103).
C.— [En parlant des qualités physiques d'une pers.] Qui est d'une beauté rare et délicate. Profil, sourire, visage exquis; geste, mouvement exquis. Il s'aperçut, en contemplant Eugénie, de l'exquise harmonie des traits de ce pur visage (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 102). Comme sur la corde d'une balançoire, étaient assises et groupées, ce soir-là, dans un entrelacement exquis, deux petites filles (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 185).
— [En parlant des qualités morales d'une pers.] Qui dénote une délicatesse recherchée. Discrétion, douceur, gentillesse, politesse exquise; avoir un goût exquis, des manières exquises. Les femmes ont un tact exquis pour deviner jusqu'où peuvent aller le zèle et l'abnégation de l'homme (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 239).
— [En parlant d'une pers.] Qui est aimable, d'une compagnie agréable. Un être exquis. Ce n'est pas difficile, d'être exquis de temps en temps; mais l'être toute sa vie!... (RENARD, Journal, 1894, p. 213). Gide a été cent fois plus exquis que je ne l'avais rêvé. Je suis resté deux longues heures avec lui (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1909, p. 75).
Rem. Pour le (Jeu du) cadavre exquis, cf. cadavre I A 1 hist., litt.
Prononc. et Orth. :[], fém. [-i:z]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1223 viande esquise (G. DE COINCY, éd. F. Kœnig, 1 Mir 11, 1620); 1393 voies exquises (Cité d'apr. JOUBERT, Baronnie de Craon, 557 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 148); ca 1450 dame exquise « d'une délicatesse recherchée » (Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 31082). De l'a. fr. esquis (XIIIe s. ds T.-L.). Part. passé adjectivé du verbe a. fr. esquerre, issu du lat. vulg. exquaerere, réfection du lat. class. exquirere « rechercher » d'apr. le simple quaerere; la forme exquis d'apr. le lat. exquisitus « choisi, recherché, raffiné », part. passé de exquirere. Fréq. abs. littér. :2 243. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 933, b) 4 691; XXe s. : a) 4 353, b) 2 756.
DÉR. 1. Exquisément, exquisement, adv. De manière exquise. Tout ce que tu m'as dit sur « Pelléas » est exquisement juste d'intuition (RIVIÈRE, Corresp., [avec Alain-Fournier], 1906, p. 346). L'air était exquisément tiède (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 1021). L'oreille minuscule, exquisement modelée, d'une transparence nacrée (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 86). — [], [--]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1878 sans accent, conformément à l'étymol. (cf. aussi GATTEL 1841, BESCH. 1845, LITTRÉ et DG). Mais ds Ac. 1932 et ds les dict. mod. avec l'accent aigu p. anal. avec des adv. formés sur le part. passé du type assurément. — 1re attest. 1507 exquisement (J. LE MAIRE, Œuvres, IV, 322 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 148); de exquis, suff. ment2; v. NYROP t. 3, § 608-609. — Fréq. abs. littér. : 24. 2. Exquisité, subst. fém., peu usité. Caractère de ce qui est exquis. Il y a vraiment dans cette vieille cuisine provinciale de notre France comme l'exquisité d'une civilisation (GONCOURT, Journal, 1874, p. 996). — []. Cf. é-1. — 1re attest. 1855 (SAND, Hist. vie, t. 4, p. 318); de exquis, suff. -ité. — Fréq. abs. littér. : 10.
exquis, ise [ɛkski, iz] adj.
ÉTYM. 1393; lat. exquisitus « recherché », d'après l'anc. franç. esquis, p. p. de esquerre « rechercher », du lat. exquaerere, de ex, et quaerere. → Quérir.
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REM. L'adj. épithète est en général placé après le nom; l'autre position est stylistique, mais relativement fréquente étant donné le caractère affectif, parfois affecté, du mot.
1 (1395). Vx. Qui est choisi entre plusieurs, qui est remarquable dans son genre. ⇒ Extraordinaire, extrême, rare, recherché. || « Tourments horribles et exquis; mort exquise et épouvantable » (Calvin). || « Exquise torture » (d'Aubigné). || « Exquise opiniâtreté » (Charron). || « Cruautés exquises » (d'Aubigné). || « Supplices exquis » (Bossuet, Polit., X, 5, 3).
♦ Mod. (Méd.). || Douleur exquise : douleur vive et nettement localisée en un point très limité. — Littéraire :
0.1 Il en aimait les blessures aiguës qui seules distraient d'une idée fixe et que la médecine nomme exquises, les admirant à l'égal d'une enluminure de missel.
Cocteau, le Grand Écart, p. 185.
♦ Par métonymie. || Point exquis, où la douleur est ressentie vivement.
0.2 La résistance du bois n'est pas la même selon l'endroit où l'on enfonce le clou : le bois n'est pas isotrope. Moi non plus; j'ai mes « points exquis ». La carte de ces points, moi seul la connais (…) j'aimerais qu'on distribuât préventivement cette carte d'acupuncture morale à mes nouvelles connaissances.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 111.
1 Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise.
Agrippa d'Aubigné, les Tragiques, IV, « Les feux ».
2 La maison de la ville et les meubles exquis (…)
La Fontaine, Fables, II, 20.
3 Littér. ⇒ Excellent, parfait; habile, judicieux; original, rare. || Qualité exquise. || Choix exquis. || Idées exquises (→ Écumer, cit. 8, Joubert).
3 Et plus le bien qu'on quitte est noble, grand, exquis (…)
Corneille, Cinna, II, 1.
4 Du nom de fierté noble on arma l'impudence, Et la fourbe (fourberie) passa pour exquise prudence (…)
Boileau, Satires, XII.
5 (…) il vous aura mandé le choix très exquis que le roi a fait du duc de Beauvilliers (…)
Mme de Sévigné, 983, 15 déc. 1685.
♦ (Personnes). Admirable, remarquable, et aussi adroit, habile. || Hommes rares et exquis (→ Apparaître, cit. 9, La Bruyère).
4 (1655, Molière → cit. 6). Mod. (Qualités humaines). Qui est d'une délicatesse recherchée. ⇒ Délicat (cit. 19), raffiné. || Sensibilité exquise (→ Article, cit. 13). || Il est d'une exquise discrétion (→ Délicatesse, cit. 21). || Aménité (cit. 2), douceur, politesse exquise. || Délicatesse (cit. 15) exquise. || Avoir un tact exquis. || Un goût exquis et difficile à satisfaire. || Des manières exquises. ⇒ Distingué. || Sa conversation est exquise. ⇒ Charmant (→ Ancien, cit. 3).
6 Ma langue est impuissante, et je voudrais avoir celles (les « langues », les paroles) de tous les gens du plus exquis savoir (…)
Molière, l'Étourdi, II, 11.
7 Leur tempérament, plus vite affiné, les porte plus vite au raffinement. Ils veulent savourer des sensations exquises : ils ne peuvent se contenter de sensations ternes (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 234.
8 (…) une politesse tellement exquise que le grand maître des cérémonies de l'Escurial, comparé à lui, tombe sur-le-champ au niveau d'un débardeur.
Léon Bloy, la Femme pauvre, p. 147.
♦ Par ext. || Une vie élégante, raffinée, exquise (→ Démoralisation, cit. 1).
5 (Av. 1549, M. de Navarre). Cour. Qui produit une impression agréable par sa délicatesse. ⇒ Agréable, bon, délicieux. || Mets exquis, nourriture exquise. ⇒ Délectable, friand, savoureux. || C'est exquis. → fam. C'est du nanan. || Un morceau exquis (→ Un morceau de roi). || Vin exquis. — Aliment d'un goût exquis, d'une saveur exquise. — Odeur, musique exquise; arôme, parfum exquis. ⇒ Suave. || L'exquise douceur de la brise (→ Alisé, cit. 1).
9 Ce vieux vin de Chypre est exquis
Moins, Camargo, que votre nuque.
Verlaine, Fêtes galantes, « Sur l'herbe ».
10 (…) vous me direz si ce sandwich n'a point le goût exquis des noisettes fraîches !
Huysmans, Là-bas, p. 274.
♦ D'une beauté délicate et fine. ⇒ Beau, joli. || Dessin exquis (→ Draper, cit. 3). || Arabesques (cit. 5), courbes exquises. || Couleur, teinte exquise. || La pâleur exquise des blés (cit. 5). || L'ovale exquis d'un visage. || Un minois exquis. || Teint d'une fraîcheur exquise. — (Avec un compl. en de). || Femme exquise d'élégance et de beauté (→ Bijou, cit. 9).
11 Cette mer (…) et la sourde richesse de ses tons gris, les nuances exquises, opalines, à peine avouées.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 367.
♦ (Av. 1910, Renard). En parlant des qualités du caractère et de leur expression. ⇒ Adorable, aimable, charmant, délicieux. || Sourire exquis, moue exquise. || Il est d'une spontanéité, d'une franchise exquise. — (Personnes). || C'est une compagne exquise, un ami exquis. || Un homme exquis.
12 (…) le sourire exquis des hommes tristes qui sourient rarement.
France, le Petit Pierre, p. 17.
13 (…) d'homme plus intelligent, meilleur, plus fin, tranchons le mot, plus exquis que ce Luxembourg-Nassau, je n'en ai jamais rencontré.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VIII, p. 190.
14 Il pouvait être exquis ou cynique, par un désir égal d'être soi-même, de plaire à qui lui plaisait, et de déplaire à qui ne lui aurait plu jamais.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V, p. 246.
15 (…) d'exquises créatures (…) fort belles et de beaucoup d'esprit.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 212.
♦ Sensation, impression exquise. ⇒ Doux. || Nous avons passé avec vous un moment exquis. || Heure, journée exquise (→ Déchirant, cit. 4). || Il fait un temps exquis. || Printemps exquis (→ Débarquer, cit. 3).
16 Il me semble à présent que j'ai rêvé ce voyage (…) Pise, Sienne, Orvieto, Rome; temps exquis, s'il n'eût été pris sur le travail.
Gide, Journal, 26 nov. 1921, p. 702.
♦ N. m. || L'exquis : ce qui est exquis.
6 Allus. littér. || Cadavre exquis. ⇒ Cadavre.
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CONTR. Commun, ordinaire; imparfait. — Lourd, rustre, vulgaire. — Acre, aigre, amer, détestable, exécrable, mauvais, médiocre; insipide; laid; désagréable, rébarbatif, repoussant.
DÉR. Exquisément, exquisité.
Encyclopédie Universelle. 2012.