préparer [ prepare ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1380; « panser » 1314; lat. præparare
I ♦ PRÉPARER QQCH.
1 ♦ Mettre, par un travail préalable, en état d'être utilisé, de remplir sa destination. ⇒ apprêter, arranger, disposer. Préparer une chambre pour qqn. Préparer ses affaires pour partir. « Le milieu du cirque était une arène préparée pour les combattants » (Fénelon). Préparer la table (⇒ dresser, mettre) . — P. p. adj. Tout préparé. ⇒ 1. prêt. — Préparer la route, la voie. ⇒ frayer, ouvrir. Préparer le terrain.
♢ Préparer la viande, le poisson, le gibier. Préparer le thé, le café. Il demanda « qu'on lui préparât de la tisane » (Diderot). Préparer le repas. Se préparer un sandwich. P. p. adj. Plat préparé : plat que l'on achète tout cuisiné, et qu'il suffit de réchauffer. — Préparer des médicaments, des potions (⇒ préparation) . « Antoine, le dos tourné, [...] préparait son dosage » (Martin du Gard).
♢ Préparer la terre, pour semer, planter.
2 ♦ Faire tout ce qu'il faut en vue d'une opération à réaliser, d'une œuvre à accomplir, etc. ⇒ organiser, prévoir. Préparer un plan, un projet. ⇒ combiner, ébaucher, échafauder, élaborer, étudier, former, mûrir. Préparer soigneusement un voyage. Préparer un attentat. « Il crut apercevoir [...] l'indice d'une embuscade habilement préparée » (Balzac). Je ne sais pas ce qu'ils préparent. ⇒ tramer. Un coup préparé de longue main. ⇒ machiner, monter. Préparer son évasion.
♢ Travailler (à). « Il préparait, disait-il, des discours importants sur les questions agricoles » (Zola). Professeur qui prépare son cours. Préparer l'édition d'une œuvre. ⇒ éditer. — Par ext. Préparer un examen. — Préparer une grande école, le concours d'entrée à cette école.
3 ♦ Rendre possible, par son action. Préparer l'avenir. « La gloire de l'auteur d'une découverte éclipse celle des savants qui l'ont préparée » (Condorcet). Préparer sa succession.
♢ Préparer qqch. à qqn, faire que la chose lui arrive. ⇒ réserver. On lui a préparé une surprise. Le sort qu'on vous prépare. Tu te prépares bien des ennuis.
♢ (Sujet chose) Rendre possible ou probable. ⇒ produire, provoquer. Une haine patiente « a préparé cette ruine et l'a consommée » (Suarès). — « Nous ne savons pas ce que le retour de ton frère nous prépare » (Maeterlinck).
4 ♦ (Dans une œuvre, etc.) Rendre possible ou naturel en enlevant le caractère arbitraire. ⇒ 1. amener. Le dénouement est mal préparé.
II ♦ PRÉPARER QQN.
1 ♦ (1564) Rendre (qqn) capable de, prêt à, par une action préalable et concertée. Préparer un élève à un examen. Préparer le pays à soutenir une guerre. Préparez-vous à sauter, à atterrir. — Absolt L'État doit préparer plus d'ingénieurs et de savants. ⇒ former, instruire. — Préparer un malade (à une intervention, un examen).
♢ Mettre dans les dispositions d'esprit requises. Il était déjà préparé à accepter cet échec. — Absolt Préparer l'auditoire, le public, l'opinion. — « Quelque chose de nouveau, à quoi rien ou à peu près rien, dans le passé, ne nous préparait » (Siegfried). Préparer qqn à une nouvelle, la lui annoncer avec ménagement et peu à peu.
2 ♦ Mettre en situation d'être exposé à. « On prépare la France [...] à toutes les fureurs de l'anarchie » (J. Cambon).
III ♦ SE PRÉPARER (1538) v. pron.
1 ♦ (Réfl.) Se mettre en état, en mesure de faire. — Se préparer à la guerre. Se préparer à la mort, à mourir. L'homme isolé « se prépare à affronter, au temps du retour, le jugement de la honte » (Maurois). — Se préparer pour un voyage.
♢ Absolt Faire sa toilette, s'habiller. Je me prépare et j'arrive.
♢ (Sens faible) Se mettre en situation de. ⇒ s'apprêter, se disposer. Iron. Elle se prépare un bel avenir. On se prépare encore à perdre du temps.
2 ♦ (Pass.) Être préparé. « La chaumine où se prépare la cuisine » (Baudelaire). Une expédition, ça se prépare.
♢ Être en voie de se produire. Je crois qu'un orage se prépare. ⇒ imminent. « Il y a peut-être une tragédie qui se prépare, toute une vie gâchée » (Bergson). Impers. Il se prépare qqch. qui nous inquiète.
⊗ CONTR. Accomplir, réaliser. Improviser.
● préparer verbe transitif (latin praeparare) Mettre quelque chose en état, le rendre propre à une utilisation : Préparer les lignes pour la pêche. Donner à quelqu'un certains soins, l'apprêter, le munir de tout ce dont il aura besoin pour quelque chose : Préparer les enfants pour l'école. Choisir, prendre, disposer à l'avance ce qui sera nécessaire pour une opération quelconque : Préparer sa monnaie. Faire quelque chose à l'intention de quelqu'un à partir d'éléments divers : Préparer le repas. Réfléchir à l'avance à une action concernant quelqu'un : Je vais lui préparer un tour à ma façon. Familier. Être sur le point d'être atteint d'un mal, d'une maladie : Tu nous prépares un bon rhume. Réfléchir à l'avance à quelque chose, en établir les bases, les modalités : Il avait préparé sa réponse. Travailler à quelque chose pour être prêt le moment venu : Étudiant qui prépare un examen. Guider quelqu'un dans son travail, l'entraîner, le faire travailler en vue d'une épreuve : Professeur qui a bien préparé ses élèves au bac. Amener progressivement quelqu'un à être dans les conditions qui lui permettront de franchir un obstacle, de supporter au mieux quelque chose : Préparer la famille à cette nouvelle. ● préparer (synonymes) verbe transitif (latin praeparare) Mettre quelque chose en état, le rendre propre à une utilisation
Synonymes :
- faire
Réfléchir à l'avance à une action concernant quelqu'un
Synonymes :
- machiner
- ménager
- mijoter (familier)
Familier. Être sur le point d'être atteint d'un mal, d'une maladie
Synonymes :
- laisser prévoir
Réfléchir à l'avance à quelque chose, en établir les bases, les...
Synonymes :
- calculer
- combiner
- échafauder
- élaborer
- mûrir
- ourdir (littéraire)
- tramer
Travailler à quelque chose pour être prêt le moment venu
Synonymes :
- bûcher (familier)
- étudier
- potasser (familier)
Guider quelqu'un dans son travail, l'entraîner, le faire travailler en...
Synonymes :
- entraîner
● préparer
verbe intransitif
En Afrique, faire la cuisine.
préparer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Apprêter, disposer; mettre (une chose) dans l'état qui convient à l'usage envisagé. Préparer une chambre pour ses invités.
|| Constituer, former en rassemblant divers éléments. Préparer un repas.
|| (Afr. subsah.) (Sans compl.) Faire la cuisine. Je dois rentrer tôt pour préparer.
d2./d Combiner par avance. Il avait soigneusement préparé son coup.
d3./d Ménager, réserver pour l'avenir. Cela nous prépare de grands malheurs.
d4./d Mettre (qqn) en mesure de supporter ou de faire qqch. Préparer un élève à un examen.
|| Mettre (qqn) dans un certain état d'esprit. Nous dûmes la préparer à la sinistre nouvelle.
rII./r v. Pron.
d1./d Se mettre en état de faire. Se préparer pour sortir.
— Se préparer à la guerre.
|| être sur le point de. Je me préparais à vous le dire.
d2./d être imminent. Un orage se prépare.
⇒PRÉPARER, verbe trans.
I. —[Le compl. d'obj. dir. désigne une chose]
A. —[Le suj. désigne une pers.] Qqn prépare qqc.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose concr.] Disposer, apprêter.
a) Disposer au mieux une ou plusieurs choses en vue d'une utilisation plus ou moins proche. Tout préparer pour un dîner, pour le coucher; préparer une chambre (pour qqn); préparer de l'encre et du papier (pour écrire); préparer un bain, un lit, une table, des bagages. Ne faut-il pas préparer un appartement pour M. Truguelin et son fils? (GUILBERT DE PIXER., Coelina, 1801, I, 1, p.3). Personne ne fut là pour sonner la messe à neuf heures moins le quart, personne n'était là pour allumer les cierges ni pour préparer l'autel (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.214):
• 1. Voyez, je rentre le linge que j'ai fait sécher pour le départ d'Augustin. J'ai passé la nuit à régler ses comptes et à préparer ses affaires. Le train part à cinq heures, mais nous arriverons à tout apprêter...
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p.247.
b) Choisir une chose, rassembler un certain nombre de choses nécessaires à une opération à venir et les tenir prêtes. Préparer sa monnaie, son bulletin de vote. Préparez-moi l'argent... tout sera fini demain (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.454). Le trajet coûtait six sous en première classe. Wazemmes prépara une pièce de cinquante centimes, et se demanda s'il ne conviendrait pas de se faire remarquer en donnant un pourboire de deux sous au conducteur (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.259).
c) Mettre (un outil, un instrument, etc.) en état de remplir sa destination. Préparer un piège, une bicyclette, des lignes pour la pêche; préparer des enveloppes; peintre qui prépare sa palette, sa toile. À l'hôtel de La Cloche (...) on menait grand bruit, ce matin. Les chiens aboyaient, les chasseurs préparaient leurs armes (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p.525). Les ouvriers de la maison Hartmann venaient de Reims préparer les pressoirs (HAMP, Champagne, 1909, p.132):
• 2. Bon! le second jour de mon arrivée chez les Daudet, une crise (...) à trois heures, je descends trouver Daudet, auquel je dis: «Mon petit, il faut me faire une piqûre.» Il prépare ses aiguilles, les flambe...
GONCOURT, Journal, 1894, p.614.
♦Part. passé en empl. adj., MUS. Piano préparé. V. piano2 A 1 a .
— P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal] Ernest m'avait fait préparer un bon cheval d'escadron à tout crin, harnaché d'une selle française à troussequin (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.96).
d) Confectionner à l'avance. Préparer un trousseau. Il faut préparer des paquets de buchettes, les faire égaux, en donner un à chaque nation, et en garder un pareil pour nous. Ils serviront à marquer la quantité des jours. Chaque matin on ôtera une buchette (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p.43). Toutes ces dames s'employèrent à préparer la layette (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p.36).
e) Faire subir certains traitements préalables à divers éléments afin de confectionner quelque chose. Préparer le petit déjeuner. Quel plaisir d'être sa servante, de faire sa couche, de lui préparer à manger et d'habiter une cabane avec lui (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1809, p.45). C'est de lui que je tiens l'art de préparer un feu dans un trou de terre (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.367):
• 3. L'extrait gras du haschisch, tel que le préparent les Arabes, s'obtient en faisant bouillir les sommités de la plante fraîche dans du beurre avec un peu d'eau. On fait passer, après évaporation complète de toute humidité, et l'on obtient ainsi une préparation qui a l'apparence d'une pommade de couleur jaune verdâtre...
BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.352.
— Spécialement
♦ART CULIN. Soumettre des produits alimentaires à certaines opérations avant de les consommer. Préparer du gibier, du poisson; préparer une boisson, une sauce; préparer du thé, une citronnade; plat qui peut se préparer la veille. Je la regrette, moi, cette jeunesse; elle apportait une grande distinction dans la manière de préparer le café, qui est le breuvage des esprits sérieux (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.264). Un matin, l'oncle Gradelle fut foudroyé par une attaque d'apoplexie, en préparant une galantine. Il tomba le nez sur la table à hacher (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.649). V. lavasse ex. de Benjamin.
Part. passé en empl. adj. Plat préparé. Plat cuisiné d'avance, qu'il suffit de réchauffer avant de le consommer. Cassoulet (plat préparé) préparation comprenant: des haricots en grains (...) de la charcuterie (...) de la viande (R. PUJOL, Dict. du consommateur, 1968, p.46).
♦DESSIN, PEINT. Faire un premier travail, qui sera modifié, affiné par la suite. Excellent frottis pour préparer des chairs fraîches comme la cuisse de Junon et son pied (DELACROIX, Journal, 1853, p.5). Rubens préparait un corps avec un ton rose qu'il recouvrait, dans la lumière, de jaune (GONCOURT, Journal, 1894, p.591).
♦CHIM. Extraire une substance par des moyens chimiques. Préparer du chlore, de l'oxygène (LITTRÉ). J'entends avec épouvante Marie Belhomme qui répond à Roubaud que «pour préparer de l'acide sulfurique, on verse de l'eau sur de la chaux, que ça se met à bouillonner; alors on recueille le gaz dans un ballon» (COLETTE, Cl. école, 1900, p.224).
Empl. pronom. passif. L'hydrogène atomique actif (...) se prépare en soumettant l'hydrogène ordinaire (...) à une décharge électrique sous pression réduite (FROMH.-KING 1968, p.76).
♦PHARM. Fabriquer une substance en amalgamant divers éléments. Préparer un cataplasme, un sirop, une pommade, une potion, une tisane. En préparant sans cesse les remèdes, en observant les résultats de leurs différentes applications, (...) ils [les disciples d'Hippocrate] acquéraient des notions précises (...) sur leurs effets dans le corps humain (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.23). Je suis assez bon chimiste, et je prépare mes pilules moi-même (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.588). [Le préparateur en pharmacie] est (...) habilité à préparer, sous la responsabilité du pharmacien, certains produits d'après ordonnances médicales (Mét. 1955).
f) Effectuer certains traitements sur une matière afin de permettre son utilisation. Préparer un bloc de pierre; préparer la laine, les cuirs, les peaux; peintre qui prépare ses encres, ses couleurs. Les métaux rares sont difficiles à extraire de la terre et à préparer (Al. BRONGNIART, Arts céram., t.1, 1844, p.IX). Préparer une surface à peindre ou à repeindre (Peint. 1978):
• 4. —Oh! mais je suis là comme dans une fabrique... voilà du bois et des bassines, s'écria David. —Eh! bien, à demain, dit le père Séchard, je vais vous enfermer (...) je suis sûr qu'on ne vous apportera pas de papier. Montre-moi des feuilles demain, je te déclare que je serai ton associé (...). Kolb et David se laissèrent enfermer et passèrent deux heures environ à briser, à préparer les tiges, en se servant de deux madriers.
BALZAC, Illus. perdues, 1843, p.631.
— AGRIC., JARD. Faire les diverses opérations nécessaires avant le semis ou la plantation (labour, bêchage, amendement). (Dict. XIXe et XXes.). Préparer les terres, préparer un carré pour y planter des fleurs.
— Au fig. Préparer le terrain.
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr.] Acheminer à une réalisation prochaine.
a) Faire le nécessaire, le plus souvent par une action tenace et réfléchie, en prévision d'une opération à réaliser ou d'un événement prévu. Synon. élaborer, organiser. Préparer un attentat, un meeting, un projet, un voyage; préparer une ascension, une évasion, une exposition, une fête, une manifestation, une révolution. [Il] prépara son départ pour Nohant, où il voulait aller passer huit jours (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.71). Il préparait alors des spectacles que l'on répétait avec ferveur dans un studio glacial, au fond d'une cour sans soleil (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.22):
• 5. Durant cet après-midi du 28, où j'avais fait mes efforts pour stabiliser la situation de notre gauche et préparer l'offensive de la 5e armée, j'avais eu à me préoccuper de la menace qui se préparait dans la région de Rocroi contre la gauche de la 4e armée.
JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.335.
b) Travailler à la réalisation de choses futures dont l'accomplissement est encore improbable. Préparer un monde nouveau, une découverte; préparer le succès d'une entreprise. Quelques années avant la révolution, le château d'Ermenonville était le rendez-vous des illuminés qui préparaient silencieusement l'avenir (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p.572). Vous ne marchez tout de même pas pour les billevesées du président Wilson! (...) Acclimater chez nous ces utopies, ce serait préparer un beau gâchis! (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.806):
• 6. Les trois quarts de la vie se passent à préparer le bonheur; mais il ne faut pas croire que pour cela le dernier quart se passe à en jouir. On a trop pris l'habitude de ces sortes de préparations, et, quand on a fini de préparer pour soi, on prépare pour les autres; de sorte que le moment propice est remisé par delà la mort.
GIDE, Journal, 1895, p.56.
— Empl. pronom. réfl. Il offrit donc une caution pécuniaire en se faisant accorder un intérêt et en exigeant que ces messieurs employassent dans leur commerce d'argent les fonds qu'il leur déposerait: il se préparait ainsi des appuis (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.83). Il s'occupait alors de se préparer une nouvelle vie: il annonça un soir à son père qu'il allait chercher un petit appartement (NIZAN, Conspir., 1938, p.161).
c) Préparer qqc. à qqn. Agir en sorte qu'une action, un événement, un état de fait concernant quelqu'un se réalise. Préparer à qqn une petite plaisanterie, une surprise. La Prusse avec son Zollverein nous préparait des embarras (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.79). Je l'entends déjà: les sacrifices que je m'impose pour te préparer un avenir dont la famille n'ait pas à rougir. Vieux con (AYMÉ, Jument, 1933, p.117):
• 7. Je suis refait et je suis un imbécile! J'avais cru préparer un petit traquenard, et je n'ai réussi qu'à lui donner l'éveil! Il a répondu, sans la moindre hésitation, et son explication est parfaitement plausible.
VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.106.
— Empl. pronom. réfl. Agir de telle manière que l'on doive s'attendre à certaines conséquences de ses actes. Se préparer des beaux jours, des jours difficiles, des déceptions. Le schisme déchire et ne guérit pas; et ceux-là se préparent d'éternels remords, qui profitent des nuits sombres de l'Église pour semer l'ivraie dans son champ (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.117). Son oppression ne cessait d'augmenter. «Pourquoi suis-je là?» songeait-il, furieux contre lui-même. «Je me prépare une belle nuit!» (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.807).
— Fam. [À la 2e et à la 3e pers.] Préparer une maladie à qqn. Être sur le point d'être atteint par une maladie. Tu nous prépares un bon rhume (GDEL).
3. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr.]
a) Réfléchir à l'avance à ce que l'on va dire, pour être prêt le moment venu. Préparer un mensonge, une réplique, sa réponse. Je n'ai pas eu le loisir, dit Homais, de préparer quelques paroles que j'aurais jetées sur sa tombe (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.186). Pendant le voyage de nuit entre Bordeaux et Paris, j'imaginais les reproches qu'il m'adresserait, je préparais ma défense (MAURIAC, Noeud vip., 1932, p.171):
• 8. Au moment de la mort de mon père, le comte de Chambord avait envoyé à ma mère une grande gravure qui le représentait à vingt-cinq ans (...) et elle avait préparé une phrase pour lui rappeler cet envoi et l'en remercier de nouveau. Mais elle n'eut pas le loisir de la placer.
GYP, Souv. pte fille, 1928, p.317.
b) Accomplir un travail intellectuel préalable à une tâche déterminée. Préparer un cours, une leçon; préparer un discours, un plaidoyer, un réquisitoire; préparer un article, un rapport, une étude, une thèse; préparer une édition; préparer un acte notarié, un décret, une loi; (en empl. pronom. passif) dictée qui se prépare à la maison. Le secrétaire de la mairie prépare une notice sur la ville, sur ses archives, etc. (MICHELET, Journal, 1835, p.202). Je prépare une petite élucubration pas torp sotte, émaillée de citations variées, pour montrer qu'on connaît un peu son Molière (COLETTE, Cl. école, 1900, p.201):
• 9. Qui songerait aujourd'hui à prendre encore au sérieux (...) les articles que Virginia Woolf, quelques années après l'autre guerre, écrivait sur l'art du roman? (...) Sans doute, avait-elle quelques excuses (...). Elle-même préparait Mrs Dalloway. Elle manquait évidemment de recul.
SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p.81.
♦Part. passé en empl. adj. [En parlant d'un devoir scol.] Qui est fait en classe après avoir fait l'objet d'un travail préparatoire à la maison. Lecture préparée (GDEL).
— En partic. Étudier les matières d'une épreuve scolaire, d'un examen, d'un concours. Synon. fam. potasser. Préparer un examen, une composition, une licence. Ne pourrais-tu pas me conseiller pour cet oral: il y a huit matières dont chacune demanderait une année de révision: il y a quinze jours pour les préparer (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p.169). —Que faisait-elle à la faculté? —Elle préparait l'agrégation de philo. Lui n'en était qu'à la licence (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.102):
• 10. Plus tard, en seconde, en rhétorique, ce fut une autre fête pour le pauvre Taciturne qui ne rêvait que poésie et que l'horreur du baccalauréat à préparer n'empêchait pas de lire, de droite et de gauche, de forts fragments de la littérature d'alors.
VERLAINE, OEuvres posth., t.1, Souv., 1893, p.252.
♦[P. méton.] Préparer une grande école. Préparer le concours d'entrée d'(une grande école). Préparer l'École navale, polytechnique. Je ne me suis jamais attelé à une besogne (...) de révision (...) ainsi, j'étais loin de l'état d'esprit d'un de mes camarades qui préparait les Arts et Métiers (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1386). Le cadet, Élie, était celui des Coëtquidan qui donnait le plus d'espérances. Il préparait les Sciences politiques, pour lesquelles il n'était nullement fait (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.752).
c) Souvent au part. passé en empl. adj. (dans le vocab. de la crit. littér. ou mus.). Amener progressivement un changement dans le déroulement d'une forme littéraire ou musicale. Préparer ses effets; préparer un nouveau développement par une habile transition; métaphore bien préparée; modulation mal préparée. Fantasio est une rêverie, mais de la pire espèce; une rêverie préparée, combinée, machinée, fardée et fatiguée (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p.232). L'artifice admirable avec lequel les contrastes sont préparés, les surprises causées par le retour d'un motif (...) inspirent l'intérêt le plus vif (PROD'HOMME, Symph. Beethoven, 1921, p.63). Il surgit à ces moments-là un personnage inattendu, non préparé, qui étonne les amateurs (ARNOUX, Roi, 1956, p.142).
— MUS. Préparer la/une dissonance. V. préparation I D. Dissonance préparée et résolue normalement (GEDALGE, Fugue, av. 1938, p.183).
B. —[Le suj. désigne un fait, un événement] Qqc. prépare qqc.
1. Rendre possible ou probable, favoriser, produire. Synon. annoncer. L'esclavage des individus prépare l'esclavage des nations. La physionomie du XVIIIe siècle que nous venons d'esquisser est incomplète et partiale. Nous n'y avons fait paraître ni le profond courant occultiste, qui prépare l'éclosion des sciences nouvelles (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.9):
• 11. Si Aristote avait songé à donner un rang aux «sciences historiques», il les eût sans doute introduites parmi les pures descriptions qui peuvent préparer la science, mais ne la constituent pas.
MASSIS, Jugements, 1923, p.64.
— P. anal. Gide prépare Claudel (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p.72). Les enfants longuement malades peuvent ainsi préparer les adultes insupportables (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.222).
2. [Avec un compl. prép. introd. par à et précisant le destinataire] Qqc. prépare qqc. à qqn. Être destiné à procurer à quelqu'un quelque chose (de mauvais); réserver. Tout cela nous prépare encore de beaux jours! Quel sort lui prépare l'avenir? Politique désastreuse qui nous prépare des déboires. Mais je sais que mon attente me prépare une déception de plus (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907 p.87). Quel siècle nous prépare cet enseignement mis à la portée de tous, si l'on ne prévient le mal en rendant l'instruction publique aux corporations religieuses! (BALZAC, Lys, 1836, p.51). Ma nouvelle imposture me préparait un drôle d'avenir; sur l'instant j'y gagnai tout (SARTRE, Mots, 1964, p.141).
3. Empl. pronom. Être sur le point de se produire, être en voie d'accomplissement.
a) Empl. pronom. passif. Une guerre se prépare, de graves événements se préparent. Il y eut des scènes sanglantes; des barricades se formèrent, et les troupes envoyées pour rétablir l'ordre furent obligées de faire feu: ainsi se préparaient les dernières et fatales journées (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.295). Il ne pressentit rien de ce qui se préparait à ce tournant de son destin (MAURIAC, Baiser lépreux, 1922, p.155). Malgré les pistolets, les menottes, Kyo sentait se préparer l'atmosphère de marchandage chinois qu'il avait si souvent rencontrée dans la révolution (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p.293).
b) Constr. impers. Il se prépare un orage, il se prépare de grands bouleversements, il se prépare qqc. de louche. Il se prépare à cette heure un jeu de bascule curieux à observer: dans vingt ans le gentilhomme bourgeois aura remplacé le bourgeois gentilhomme (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.218). Il se prépare pour toi une vie de fêtes, il paraît. Nous avons des amis à Maremma, et des amis qui voudraient beaucoup te voir (GRACQ, Syrtes, 1951, p.52):
• 12. Vers trois heures après minuit, comme j'étais en sentinelle, voyant cette agitation dans Francfort, au milieu du silence je pensai qu'on ne pouvait pas se fier aux Allemands; qu'ils tenaient tous ensemble contre nous et qu'il se préparait quelque chose.
ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.82.
II. —[Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou un ensemble de pers.]
A. —[Le suj. désigne une pers.] Qqn prépare qqn à/pour + subst./inf.
1. Rendre quelqu'un capable d'accomplir quelque chose, le mettre dans les dispositions physiques, intellectuelles ou morales requises, par une action préalable et concertée. Synon. former, entraîner. Préparer un élève à un examen, un sportif à une épreuve; préparer les enfants pour l'école; préparer le pays à faire la guerre. Il tâche de préparer les élèves de l'École Normale primaire à exercer une influence morale (MICHELET, Journal, 1835, p.173). Alors qu'on le préparait à sa première communion, Mme de Coantré avait donné à son petit-fils l'édition pour la jeunesse de Quo Vadis (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.385):
• 13. L'homme de catégorie moyenne a végété sa vie entière, afin de devenir juge en province ou médiocre employé; mais il prépare obstinément ses fils à l'imiter, en vue de la retraite, aussi certaine que misérable, au moyen de laquelle lui et eux termineront leur carrière.
GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.88.
— P. anal. [Le suj. désigne une chose] Les expériences commencèrent; les quatre jeunes filles vinrent se placer sur une même ligne, et le discours du maître les avait si bien préparées à dormir, qu'en un moment le doigt magnétique les plongea dans un profond sommeil (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.149). L'éducation en commun (...) non seulement ne prépare pas l'élève à la vie pour laquelle il est fait, mais l'y rend inapte, si peu qu'il ait l'esprit obéissant et docile (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.428). On a coutume de regarder le prêtre français comme pourvu d'une culture étendue. Il faut (...) reconnaître que ses études l'ont bien préparé à se spécialiser ensuite sans maîtres dans une discipline de son choix (BILLY, Introïbo, 1939, p.83).
— Empl. abs. Préparer un athlète. Le coiffeur: Je suis à vous, je finis, soyez sans inquiétude mon élève vous préparera, moi seul je déciderai de la coupe (BALZAC, Comédiens, 1846, p.337).
♦Préparer un malade. ,,Le soumettre à un certain régime en vue d'une opération chirurgicale ou d'un traitement`` (Ac. 1935).
2. Empl. pronom. réfl.
a) Prendre les dispositions nécessaires pour être prêt, le moment venu, à faire quelque chose. Se préparer au combat; se préparer à être avocat, à entrer au conservatoire; se préparer au sommeil; les candidats qui ne s'étaient pas préparés à l'examen ont échoué. De temps en temps, Cyrus Smith consultait sa montre, afin de se préparer à temps pour l'observation solaire, qui devait être faite à midi précis (VERNE, Île myst., 1874, p.128). [Sully-Prudhomme] quitta les Lettres, dès la troisième, pour se préparer à l'École Polytechnique (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.32). [Marx] n'avait pas sous les yeux de grandes et nombreuses expériences lui permettant de connaître dans le détail les moyens que le prolétariat peut employer pour se préparer à la révolution (SOREL, Réflex. violence, 1908, p.202).
— Empl. abs. «Les généraux commandant les groupes d'armées et les armées doivent envisager ces éventualités et prendre les mesures préparatoires nécessaires... Signé: Joffre.» Il reposa le papier sur la table. —Qu'est-ce que je vous disais ce matin, Radigué?... Donc, il faut nous préparer, messieurs (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.86).
b) Être sur le point de faire quelque chose. Les émigrés, les Prussiens et les Autrichiens remplissaient la Champagne (...) le traître Lavergne venait de leur livrer Longwy; d'autres traîtres se préparaient à leur livrer Verdun (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.47). Un beau jour, en tête du papier sur lequel il se préparait à écrire son article (...) sa plume arrondit en fort beaux caractères ce titre:«La France était-elle désarmée en 1898?» (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p.230).
c) Faire sa toilette, s'habiller. Se préparer pour sortir, pour un bal. Je n'ai eu après mon lever tardif comme à l'ordinaire que le temps de me préparer pour aller à 10 heures à la séance du comité de l'Intérieur (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.240). La pensée que l'on m'empêcherait de sortir si l'on s'apercevait que j'étais malade me donna (...) la force de me traîner jusqu'à ma chambre (...) et ensuite de me préparer pour aller aux Champs-Élysées (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.495).
— Empl. abs. Les femmes sont longues à se préparer. Robert (...) revient le premier, apportant le manteau de la comtesse qui commence à se préparer (HERMANT, M. de Courpière, 1907, I, 8, p.8).
B. —[Le suj. désigne une pers.] Qqn1 prépare qqn2 ou p.méton., son esprit, son opinion à/pour + subst./inf.
1. Mettre quelqu'un dans des dispositions d'esprit particulières. Synon. prédisposer, travailler. Il est de mon devoir de préparer l'esprit du lecteur à admettre (...) que je ne suis que le vulgaire rapporteur d'une affaire unique dans le monde (G.LEROUX, Parfum, 1908, p.56). Dans quatre ou cinq jours peut-être, la cavalerie allemande se présenterait devant Paris. Il était urgent de préparer l'opinion à cette éventualité (JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.330):
• 14. On [les jésuites] attirait simplement Geneviève, on la flattait (...). Pendant plusieurs mois, avec un art infini, elle fut de la sorte préparée, travaillée pour la besogne qu'on attendait d'elle, dans l'espoir évident de déterminer la rupture conjugale, en heurtant (...) la femme du passé (...) contre l'homme de pensée libre...
ZOLA, Vérité, 1902, p.297.
♦P. métaph. ou au fig. L'amitié nous prépare à l'amour (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.103).
— Empl. pronom. réfl. Se préparer à tous les événements, se préparer à rencontrer qqn. Mathilde avoit à peine goûté quelques heures de solitude, lorsqu'on vint lui annoncer que Richard lui faisoit dire de se préparer à recevoir, le matin même, sa visite et celle du roi de Jérusalem (COTTIN, Mathilde, t.2, 1805, p.233). Mais dans le cas où (...) tu accepterais ma proposition, je t'avertis qu'il faut te préparer à ne revoir ni ton village ni tout ce qui fut tien (MARAN, Batouala, 1921, p.149).
— Empl. abs.
♦[Avec effacement de qqn2] Il ne faut pas t'abandonner ainsi à ces rêves qui préparent à l'amour et ôtent la force de le combattre (KRÜDENER, Valérie, 1803, p.260).
♦[Avec effacement de à/pour qqc.] Préparer l'auditoire, l'attention des spectateurs. Il avait employé dix minutes à préparer l'esprit de sa mère. Elle avait, comme lui, horreur de la banqueroute, et avait offert le sacrifice de sa dot (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1836, p.411). Tu sais qu'on n'a rien à craindre avec moi. Je prépare ton Muffat, tu rentres au tréâtre, et je te l'amène par la patte (ZOLA, Nana, 1880, p.1317):
• 15. Je passais chaque jour sur la prairie, à midi. Je me préparais dès le matin. Je ne m'attachais à rien afin d'avoir ma liberté entière, et toute mon énergie pour le rite de midi: je ne concevais dans la journée que cette solennité unique.
JOUVE, Scène capit., 1935, p.181.
2. En partic. Disposer quelqu'un avec ménagements à quelque chose d'inattendu, de brutal, le mettre progressivement en état de supporter au mieux quelque chose. Le roi et la reine lui disaient seulement que son mari avait été blessé et retenu prisonnier. Jean Mercier était chargé de la préparer doucement à recevoir la triste nouvelle (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.276). D'une voix blanche elle disait des choses qui me semblaient sans suite et augmentaient seulement mon angoisse. Elle se tut. Je compris qu'elle me préparait à une nouvelle. Elle dit «Pauliet est mort» (JOUVE, Scène capit., 1935 p.231). Le commissaire voulait voir cependant le malade. Mais Rieux pensait qu'il valait mieux préparer d'abord Cottard à cette visite (CAMUS, Peste, 1947, p.1241).
— Empl. pronom. réfl. Mon frère, ajouta-t-elle, vous m'avez donné deux jours pour me préparer à mon sort, je n'en demande pas davantage; mais, pendant ce court intervalle, ne puis-je pas être seule? (COTTIN, Mathilde, t.2, 1805 p.234). Il faut me préparer à mourir, à rendre mon âme à Dieu (DUPANLOUP, Journal, 1876, p.69). Jos-Mari s'était préparé à entendre Kate lui annoncer qu'elle partait par le funiculaire du lendemain matin (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p.195).
C. —[Le suj. désigne une pers. ou une chose] Qqn/qqc. prépare qqn à qqc. Rendre exposé (à un danger). Préparer la France à l'anarchie. On prépare la France à tous les déchirements de l'ambition, à toutes les fureurs de l'anarchie (J. CAMBON ds Hist. socialiste, sous la dir. de J. Jaurès, t.4, 1923 [1792], p.270):
• 16. ... le roi me gratifia du cordon bleu. Ces misères, à l'époque du renversement des trônes, font pitié; elles donnèrent suite néanmoins à la défaveur qu'avaient annoncée mes succès; elles me ramenaient et ramenaient la cour arriérée à ces guerres de la Fronde, alors que la distinction du tabouret de Mme Pons prépara la France à une seconde révolte, et fit arrêter le grand Condé.
CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.223.
Prononc. et Orth.:[], (il) prépare [-]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. a) 1314 «apprêter quelque chose» ici «panser» (HENRI DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. Ch. Bos, 1944); b) 1370-80 «mettre en état de remplir sa destination» (Trad. OVIDE, Remede d'Amour, 402-406 ds T.-L.); c) 1406 «arranger, faire les préparatifs en vue de quelque chose» (EUSTACHE DESCHAMPS, OEuvres, V, 208, 36, ibid.); d) 1510 «apprêter des produits alimentaires» (P. GRINGORE, La Coqueluche, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, I, 192); e) 1563 «faire une préparation chimique» (B. PALISSY, Recepte, p.67 ds IGLF); f) 1690 «faire subir un apprêt» (FUR.); g) 1705 mus. «préparer une dissonance» (BROSSARD, p.129, s.v. syncope); 2. a) 1485 «disposer, apprêter une personne dans un certain but» (Mystere viel Testament, éd. J. de Rothschild, 800: (Dieu à Adam] car pour te aider et consoler, Te ay ceste femme preparee); b) 1694 «préparer un élève à un examen» (Ac.); 3. a) 1485 verbe pronom. «s'apprêter, se mettre en certaines dispositions» (Mystere Viel Testament, éd. citée, 23869: allez mengier l'aigneau pascal Tous ensemble et vous preparez); b) 1604 «se disposer à» (MONTCHRÉTIEN, Les Lacenes, p.173, ibid.:Certes je ne voy pas que le ciel se prepare A nous tirer du joug de ce Prince barbare); c) 1639 «en parlant de choses qui sont en voie de se faire» (CORNEILLE, L'Illusion, III, 7: Tout se prépare mal du côté de mon père). Empr. au lat. praeparare «ménager d'avance, apprêter d'avance», dér. avec préf. prae- «devant, en avant», de parare «apprêter, arranger». Fréq. abs. littér.:9321. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 12915, b) 11247; XXes.: a) 12375, b) 15149. Bbg. BÄCKER 1975, p.110. —PINCHON (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, p.118. —SIGURS 1963/64, p.578.
préparer [pʀepaʀe] v. tr.
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I (Compl. n. de chose).
1 Mettre par un travail préalable, en état d'être utilisé, de remplir sa destination (préparer pour). ⇒ Apprêter (cit. 1), arranger, disposer (cit. 4); régional appareiller, arrimer. || Préparer un emplacement, un local, une chambre… pour quelqu'un (→ Arène, cit. 6; déloger, cit. 8; gymnase, cit. 4), pour un usage. || Préparer le lit (cit. 3; ⇒ Faire), la table (⇒ Dresser, mettre; → Feuillage, cit. 3; néophyte, cit. 2). || Préparer son équipement (cit. 3), ses effets, ses outils (→ Broyer, cit. 4; gaufrer, cit. 0.1). || Tout préparer pour (un dîner, un voyage, etc.). → Grand, cit. 34; 1. pas, cit. 37. — ☑ Loc. Préparer la route, la voie (propre et fig.). ⇒ Aplanir, faciliter, frayer, ouvrir. ☑ Préparer le terrain. ⇒ Déblayer. — Préparer des lignes (cit. 33) de défense. ⇒ Organiser. || Préparer un piège (→ Indiquer, cit. 4). — Préparer des marchandises avant l'expédition. ⇒ Manutentionner.
♦ (1689). || Préparer la viande, le poisson, le gibier… ⇒ Apprêter, parer (→ Assaisonnement, cit. 3; chair, cit. 64; 2. cru, cit. 2). || Préparer des mets, des boissons, le thé, le café (→ Couscous, cit. 1; four, cit. 5; mélange, cit. 10; moût, cit. 1). || Préparer le repas (→ Expédier, cit. 4; 1. officier, cit. 3). || Le dîner est préparé. — (1564). Techn. (pharm., etc.). ⇒ Composer, fabriquer. || Préparer des médicaments (cit.), des cataplasmes, un philtre (cit. 3), des potions (→ Farine, cit. 5; extrait, cit. 1; kermès, cit.; pharmacien, cit. 1). ⇒ Préparation; préparateur.
1 Il demanda (…) qu'on lui préparât de la tisane et qu'on lui apportât une bouteille de vin blanc : ce qui fut exécuté sur-le-champ.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 638.
2 Antoine, le dos tourné, debout près de l'autoclave, préparait son dosage.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 207.
♦ (1690). Techn. || Préparer la laine (→ Obtenir, cit. 5). || Préparer les cuirs, les peaux. ⇒ Corroyer. || Préparer un bloc de pierre. ⇒ Façonner. — (Anat.). || Préparer un squelette. || Collectionneur d'insectes qui prépare des coléoptères (cit. 1).
♦ Agric. || Préparer la terre, pour semer, planter, etc. || Champ mal préparé (→ Exercer, cit. 9).
♦ Absolt. (en franç. d'Afrique). Faire la cuisine.
2 (1559). Faire ce qu'il faut en vue d'une opération à réaliser, d'une œuvre à accomplir, d'un événement à provoquer, etc. ⇒ Organiser, prévoir. || Préparer un plan, un projet. ⇒ Combiner, concerter, ébaucher, échafauder, élaborer, étudier, former. || Concevoir un projet, puis le préparer longuement en secret. ⇒ Méditer, mûrir, nourrir. || Préparer soigneusement un voyage. || Préparer un assaut, une attaque (→ Jalousement, cit. 1). ☑ « Si tu veux la paix, prépare la guerre » (adage). || Préparer une embuscade (cit. 2), un attentat, des crimes (→ Association, cit. 14), une révolution (→ Instrument, cit. 14). || Préparer un débat (→ Leader, cit. 1). || Préparer un complot. ⇒ Conspirer, couver, machiner, monter, ourdir. || Préparer sa fuite (→ Impénétrable, cit. 21).
♦ Travailler (à). || Préparer un discours, un plaidoyer (cit. 1), un réquisitoire (→ Irritable, cit. 3). || Préparer ses phrases, ses mots, une réplique (→ Approche, cit. 4; étude, cit. 49; neutre, cit. 10). ⇒ (fig.) Mijoter (cit. 3), mitonner (cit. 5). || Professeur qui prépare une leçon (cit. 5), un cours (→ Copie, cit. 6; maître, cit. 70). — Préparer un roman, un drame, une thèse, y travailler avant de rédiger (→ Fable, cit. 17; garder, cit. 90; micro-organisme, cit.; passer, cit. 94). || Préparer une édition (→ Addition, cit. 2; extrait, cit. 2). || Préparer des actes (→ Notoriété, cit. 2), des lois, des décrets… || Préparer une question difficile. ⇒ Défricher (fig.).
3 (…) et il préparait, disait-il, des discours importants sur les questions agricoles.
Zola, la Terre, II, V.
4 L'image la plus courante que nous formions du rhétoriqueur montre un homme qui prépare et assure, avant d'y couler sa pensée, des combinaisons de langage.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 118.
♦ (1821). || Préparer un examen, une licence (cit. 4), son bachot… (→ Lampe, cit. 7; passe-temps, cit. 4). || Préparer une matière d'examen (cit. 14). ⇒ Potasser. — Préparer une grande école, le concours d'entrée à cette école. Ellipt. || Préparer Polytechnique.
3 Rendre possible par son action. || Préparer l'avenir (→ Illuminer, cit. 24). || Ils préparent et semblent presque déterminer (cit. 11) le hasard. || Les savants qui ont préparé une découverte (→ Éclipser, cit. 4). || Préparer le bonheur des générations futures (Académie).
5 On sait bien que nous jugeons les hommes et qu'ils se jugent eux-mêmes, sur leur succès, bon ou mauvais, comme s'ils avaient de tout temps préparé ce succès.
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 65.
♦ Préparer quelque chose à quelqu'un, faire que la chose lui arrive. ⇒ Réserver. || On lui a préparé une surprise. || Les épreuves que ses camarades lui préparent (→ Assouplir, cit. 1). || Les peines éternelles préparées aux impies. ⇒ Destiner (→ Gouffre, cit. 1). || Le coup, le sort qu'on vous prépare (→ Mérite, cit. 4; 1. penser, cit. 46). Pron. || Se préparer une méfiance (cit. 2) qui risque d'empoisonner la vie. || Vous vous préparez bien des déceptions, bien des ennuis.
6 Et l'on voit en vous deux un mérite si rare,
Qu'un tendre avis veut bien prévenir par pitié
Ce que votre cœur se prépare.
Molière, Psyché, I, 2.
♦ (Sujet n. de chose; 1490). Rendre possible ou probable. ⇒ Produire, provoquer; faciliter (→ Coopération, cit. 2; démolition, cit. 3; ébranlement, cit. 3, Hugo; fascisme, cit. 2; opposer, cit. 16; piqûre, cit. 9). || Floraison préparée profondément et de loin par une élaboration (cit. 1) de la sève. || Modification psychologique, préparée obscurément (→ Désagrégation, cit. 2). || Nouvelle inattendue (cit. 1), si peu préparée. || Le roman d'observation (cit. 4) a été préparé par des siècles de roman historique. || Les joyeusetés (cit. 1) rabelaisiennes préparaient Molière. ⇒ Annoncer.
7 J'ignore quel conseil prépara ma disgrâce (…)
Racine, Britannicus, I, 1.
8 (…) une haine patiente, infatigable pour tout dire, a préparé cette ruine et l'a consommée.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », I.
♦ Tout ce que lui avait préparé une avarice ingénieuse (→ Frustrer, cit. 10). || Les avantages que mon amitié lui préparait (→ Fumée, cit. 17).
9 Ah ! Myrtil, vous avez du Ciel reçu des charmes
Qui nous ont préparé des matières de larmes (…)
Molière, Mélicerte, II, 6.
10 Il faudrait attendre quelque temps cependant (…) Nous ne savons pas ce que le retour de ton frère nous prépare.
Maeterlinck, Pelléas et Mélisande, I, 2.
4 (Dans une œuvre, etc.). Rendre possible ou naturel en enlevant le caractère arbitraire. ⇒ Amener, 1. ménager (cit. 15). || Le poète a su préparer cette métaphore. || Préparer ses effets. ⇒ Scène (mise en). — Transition préparant un nouveau développement. — Mus. || Préparer une dissonance.
11 Il possédait une façon d'ironie, une manière de plaisanter sans qu'on fût averti, ni que rien préparât le trait, que je n'ai vues à personne.
Renan, Souvenirs d'enfance…, Œ. compl., t. II, p. 771.
———
II (Compl. n. de personne).
1 (1564). Rendre (quelqu'un), par une action préalable et concertée, capable de…, prêt à… || Préparer un élève à l'examen, aux grandes classes (→ Abréger, cit. 4). || Préparer le pays à soutenir une guerre. || Préparer à la prêtrise (⇒ Séminaire). Absolt. || L'État doit préparer plus d'ingénieurs et de savants. ⇒ Former, instruire. || Effondrement militaire d'un pays mal préparé. || Préparer un athlète. ⇒ Entraîner.
12 Les esprits préparés pour la foi parmi les êtres supérieurs aperçoivent seuls l'échelle mystique de Jacob.
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 560.
13 Cela signifie qu'elle doit non seulement préparer des techniciens, des savants du second degré, mais encore inspirer ce que j'appelle des inventeurs de méthodes et des philosophes de la science.
G. Duhamel, la Turquie nouvelle, III.
♦ Rendre disposé à…, mettre dans les dispositions d'esprit requises. ⇒ Prédisposer (→ Négocier, cit. 5). || Il était déjà préparé à accepter cette fin (cit. 25). — Absolt. || Préparer l'auditoire (→ Oratoire, cit. 1), l'attention des auditeurs (→ Exorde, cit. 3). || Il faut préparer les esprits, l'opinion. || Peu préparé par son éducation (→ Irrécusable, cit. 2).
13.1 (…) il devra essayer d'aller au-devant d'eux pour les préparer, les amadouer, quémander leur indulgence (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 283.
♦ Spécialt. (À quelque chose d'inattendu, de brutal). || Préparer quelqu'un à une nouvelle, lui annoncer la chose avec ménagement et progressivement.
14 Un télégramme annonçant une maladie, un décès, ou même des fiançailles, devait être adressé à un oncle ou à un cousin, qui avait pour mission de « préparer » l'intéressé.
A. Maurois, Mémoires, I, IX.
15 Nous sommes donc en présence de quelque chose de nouveau, à quoi rien, ou à peu près rien, dans le passé, ne nous préparait.
André Siegfried, l'Âme des peuples, I.
2 Rendre exposé à…, conduire à… (un danger). || « On prépare la France à toutes les fureurs de l'anarchie » (cit. 3, Cambon).
——————
se préparer v. pron.
ÉTYM. (1538).
1 (Réfl.). Se mettre en état, en mesure de faire, de soutenir. — Se préparer au combat, à la guerre (→ Bon, cit. 48; mythe, cit. 7). || Préparez-vous au départ ! || Se préparer aux études (→ Endosser, cit. 3). || Se préparer à tous les événements (→ Peur, cit. 2). || Se préparer à la souffrance, à la mort. ⇒ Cuirasser (se). — Se préparer à affronter (cit. 5), à attaquer (→ 1. Foudre, cit. 10). || Se préparer à être avocat (→ On, cit. 7). — Se préparer pour un voyage, pour le bal… — (Av. 1696). Absolt. (→ Animer, cit. 31; impromptu, cit. 9). || Les femmes sont longues à se préparer quand elles doivent sortir. ⇒ Parer (se); toilette (faire sa).
16 Les femmes se préparent pour leurs amants, si elles les attendent (…)
La Bruyère, les Caractères, III, 9.
♦ (Dans un sens affaibli). Se mettre en devoir de, être sur le point de… ⇒ Apprêter (s'), demeure (se mettre en), disposer (se). → Accolade, cit. 1; égal, cit. 38; frater, cit. 2; lier, cit. 34; noble, cit. 14. || On se prépare encore à perdre (cit. 35)des heures.
2 Passif. (1801). Être préparé. || « La chaumine où se prépare la cuisine » (cit. 7, Baudelaire). — (1669). Être en voie de se produire. || Je crois qu'un orage se prépare. ⇒ Imminent, menacer. || Une grande bataille se prépare (→ Lutte, cit. 5). || Une tragédie qui se prépare (→ Gâcher, cit. 6). || Une nouvelle éruption (cit. 1) se prépare. || Période où une chose se prépare, couve… ⇒ Incubation. — Impers. (1687). || Il se prépare quelque chose…
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préparé, ée p. p. adj.
1 (Au sens 1.). || Tout préparé. ⇒ Prêt (→ Naître, cit. 2); accommodé.
♦ Soie préparée (opposé à écru, naturel). — (Au sens 2.). || Un coup préparé de longue main. || Épreuves préparées, dans un concours.
2 (Au sens 3.). || Événement préparé (→ Escompter, cit. 6).
3 (Personnes; sens II.). Qui a la formation, les connaissances nécessaires; qui est dans la disposition d'esprit convenable (pour quelque chose).
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CONTR. Accomplir, réaliser… — Improviser. — (Du p. p., en parlant d'événements) Fortuit.
DÉR. Préparage, préparateur, préparatif, préparatoire. — V. Préparation.
Encyclopédie Universelle. 2012.