promettre [ prɔmɛtr ] v. tr. <conjug. : 56> I ♦
1 ♦ S'engager envers qqn à faire (qqch.). Il lui a promis son aide. « je n'ose rien projeter ni promettre » (A. Gide). — Promettre (à qqn) de (et l'inf.). Il a promis de faire l'impossible pour venir. La femme « promit ses grands dieux de se taire » (La Fontaine). ⇒ jurer. Fam. C'est promis juré. — Promettre que... « Si je vous promets [...] que dans quelques jours Meaulnes se mettra en campagne pour vous, rien que pour vous ? » (Alain-Fournier). Absolt, PROV. Promettre et tenir sont deux.
♢ Par ext. Affirmer, assurer. Tu ne riras pas toujours, je te le promets ! « Je te promets que cette partie de mon roman n'engendre pas la mélancolie » (Duhamel). — Fam. (suivi d'un présent ou d'un passé) Je vous promets qu'elles sont d'origine. ⇒ assurer, garantir, jurer .
2 ♦ S'engager envers qqn à donner (qqch.). Promettre une récompense, un poste à qqn. Il m'a promis le secret. « Il est plus facile de promettre un grand bonheur que de le donner » (France). Promettre la lune. Promettre monts et merveilles.
3 ♦ Annoncer, prédire. Je vous promets du beau temps pour demain.
4 ♦ (XIIIe) Faire espérer (un développement, des événements). La soirée promettait une belle nuit. « Il était impossible de rencontrer un lieu qui promît au voyageur une halte plus agréable » (Mérimée). Cela ne nous promet rien de bon. ⇒ présager. « Elle [une petite fille] promettait d'être bien faite » (Balzac).
♢ Absolt Donner de grandes espérances. C'est un enfant qui promet. — Fam. De la neige en septembre, ça promet pour cet hiver ! Ça promet ! les choses vont devenir mauvaises, pires.
II ♦ SE PROMETTRE v. pron.
1 ♦ (Réfl. dir.) Promettre sa propre personne. « Les unes se vendaient [...] celles-là se promettaient seulement » (Maupassant).
2 ♦ (1538) (Réfl. ind.) Espérer, compter sur. Les joies qu'il s'était promises. Se promettre du plaisir. « Je me promettais beaucoup de joie d'un peu de temps passé seul avec elle » (A. Gide). — Se promettre de (et inf.) :faire le projet de. ⇒ se jurer. « Il se promit de tirer parti de cette visite in extremis » (Balzac).
3 ♦ (Récipr.) Se promettre (qqch.) l'un à l'autre. Elles se sont promis de garder le secret.
● promettre verbe transitif (latin promittere, avec l'influence de mettre) S'engager à donner quelque chose à quelqu'un : Tu m'as promis un cadeau. S'engager à faire quelque chose : Il a promis d'être exact au rendez-vous. Laisser présager quelque chose : La séance promet d'être houleuse. Destiner quelqu'un à un avenir que définissent ses qualités présentes : Ses récents succès le promettent à une brillante carrière. ● promettre (citations) verbe transitif (latin promittere, avec l'influence de mettre) René Char L'Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse, 1907-Paris 1988 Tiens vis-à-vis des autres ce que tu t'es promis à toi seul. Feuillets d'Hypnos Gallimard François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes. Maximes Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Le plus lent à promettre est toujours le plus fidèle à tenir. Émile ou De l'éducation Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 On promet beaucoup pour se dispenser de donner peu. Réflexions et Maximes ● promettre (difficultés) verbe transitif (latin promittere, avec l'influence de mettre) Conjugaison Comme mettre. Construction et registre 1. Promettre que (+ futur ou conditionnel) = s'engager pour l'avenir à ce que. Je te promets qu'il n'ira pas ; il m'a promis qu'il ne dirait rien. Emploi correct et courant. 2. Promettre que (+ présent ou passé) = assurer, affirmer avec une certaine solennité, est aujourd'hui familier. Je vous promets que c'est vrai. Remarque Dans la langue classique, cette construction n'était pas familière. Accord Se promettre : attention à l'accord du participe passé avec le complément d'objet direct : elle s'est promise à un jeune homme (s' = pronom réfléchi, complément d'objet direct) ; les lettres qu'ils se sont promises (qu', pour lettres, est le complément d'objet direct). - Mais le participe passé reste invariable si le complément d'objet direct est un infinitif : elle s'est promis de réussir ; les lettres qu'ils se sont promis d'écrire (réussir et écrire sont les compléments d'objet direct ; s' et se sont des compléments indirects ; qu' pour lettres est complément de écrire). ● promettre (expressions) verbe transitif (latin promittere, avec l'influence de mettre) Familier. Je te promets que, je t'assure, je t'affirme avec vigueur que. ● promettre (synonymes) verbe transitif (latin promittere, avec l'influence de mettre) S'engager à faire quelque chose
Synonymes :
- assurer
- donner sa parole
- garantir
- jurer
Laisser présager quelque chose
Synonymes :
- faire augurer
- présager
● promettre
verbe intransitif
Faire naître des espérances pour l'avenir : Un jeune auteur qui promet.
Familier. Laisser présager un caractère, des relations de plus en plus difficiles : Pour son âge, cet enfant promet !
● promettre (expressions)
verbe intransitif
Familier. Ça promet, on peut s'attendre à des moments encore plus difficiles.
promettre
v.
rI./r v. tr.
d1./d S'engager à l'égard de qqn à (faire, donner qqch). Il m'a promis de venir. Promettre un jouet à un enfant.
d2./d Assurer. Je vous promets que vous ne le regretterez pas.
|| Annoncer comme sûr, prédire. La météo avait promis du soleil.
d3./d Laisser espérer. Ce ciel nous promet du beau temps.
|| Absol. Donner de grands espoirs pour le futur. Un jeune homme qui promet.
rII./r v. Pron.
d1./d (Récipr.) S'engager dans une promesse mutuelle. Ils se sont promis de s'épouser.
d2./d (Réfl. indir.) Prendre une résolution. Je me suis promis de ne plus le voir.
d3./d Espérer, faire le ferme projet de. Je m'étais promis un jour de vacances.
⇒PROMETTRE, verbe trans.
A. —1. S'engager à faire, à dire, à donner quelque chose. Clément VII (...) fit prêcher la croisade en Angleterre, et promettre des indulgences à ceux qui s'armeraient (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.284). Gonthramn (...) eut une entrevue avec son frère Sighebert, auquel il promit par serment une paix inviolable et une sincère amitié (THIERRY, Récits mérov., t.2, 1840, p.29):
• 1. Quand Jean V fut enlevé, au pont de Loroux, par le comte de Penthièvre, il promit une rançon d'un million; il promit sa fille aînée, fiancée déjà au roi de Sicile. Il promit Moncontour, Sesson et Jugan, et ne donna ni sa fille, ni l'argent, ni les places fortes.
FLAUB., Champs et grèves, 1848, p.211.
SYNT. Promettre de l'argent, un asile, sa foi, ses bons offices, le pardon, une récompense, le salut, le secret, la victoire; promettre aide et soutien, obéissance, secours et protection, la vie sauve à qqn; promettre en conscience, sur l'honneur, publiquement, solennellement; promettre ce que l'on voudra, tout ce que l'on veut.
♦Promettre de + inf. Promettre d'aider, d'être raisonnable, de faire l'impossible; promettre de partir, de revenir, de se taire. Promettez-moi d'exécuter mes dernières volontés, et je serai payé de tout ce que j'ai fait pour vous (VERNE, Île myst., 1874, p.575). Christophe avait beau promettre de se surveiller: il ne pouvait s'empêcher d'être expansif. Il disait tout ce qui lui passait par la tête (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p.1097):
• 2. ...ils exigèrent, avant de se rendre, que le roi leur promît, sous le serment, de ne point user de son autorité pour les séparer l'un de l'autre. Hilperik fit cette promesse, mais d'une manière adroitement perfide (...); il jura que, si telle était la volonté de Dieu, il ne les séparerait point.
THIERRY,, Récits mérov., t.2, 1840 p.73.
♦Promettre que. Mme de Villeparisis voyant que j'aimais les églises me promettait que nous irions voir une fois l'une, une fois l'autre (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.708):
• 3. ... ils répondirent qu'ils ne suivraient que le roi en personne ou son fils. Le duc se montra fort content de cette réponse, il leur promit que le duc de Guyenne s'armerait, se promènerait par la ville, et commanderait tout.
BARANTE, Hist. ducs Bourg.,, t.2, 1821-24, p.391.
♦Promettre la main d'une jeune fille; promettre sa main à qqn. V. main 1re Section I E 3 a. Il s'écria: «Brave Lusignan, je t'entends, et je promets la main de ma soeur au vainqueur de Malek Adhel» (COTTIN, Mathilde, t.2, 1805, p.89).
♦Promettre sa voix. S'engager à voter pour quelqu'un. Elle lui gagnait les coeurs par la façon dont elle serrait tendrement la main aux électeurs qui promettaient leurs voix (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p.1152).
— Expressions
♦Promettre plus de beurre que de pain. ,,Faire des promesses exagérées, que l'on ne tiendra pas`` (DIONNE 1909).
♦Promettre la lune. V. lune D 4 c.
♦Promettre des merveilles, monts et merveilles. V. merveille II A.
♦Il ne sera pas si méchant qu'il l'a promis à son capitaine (pop., vx). ,,On n'a rien à craindre des menaces qu'il a faites`` (Ac. 1798).
— Absol., proverbe. Promettre et tenir sont deux. ,,Il y a grande différence entre promettre et tenir`` (Ac.). Vx. Il se ruine à promettre, et s'enrichit à ne rien tenir. ,,Il fait beaucoup de promesses et ne les tient pas`` (Ac. 1835, 1878).
2. P. ext., fam. Affirmer formellement quelque chose; assurer qu'une chose sera. Je vous promets que je ne le ménagerai pas. Je vous promets qu'il s'en repentira (Ac. 1835-1935). Pardonne, chère Adèle, si pour cela je commence par te désobéir. Je te promets que ce sera la dernière fois (HUGO, Lettres fiancée, 1821, p.65). Quelle idée de te battre! Est-ce qu'on se bat avec ces gens? Tu vas me promettre tout de suite que tu ne recommenceras plus jamais (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1543).
B. —1. Annoncer comme sûr, prédire.
— Qqn promet qqn ou qqc. Promettre la victoire. Je crois cependant que je puis vous promettre un pape modéré et éclairé (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.505). Les astronomes nous promettent maintenant, si tout va bien, plusieurs centaines de millions d'années (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p.305).
♦Fam., ell., vieilli. Promettre qqn. ,,Annoncer sa visite, sa société`` (Ac. 1878). Vous nous promettez toujours votre ami, il ne vient jamais (Ac. 1878.
— Qqc. promet qqc. L'almanach nous promet de la pluie, du beau temps (Ac. 1798, 1835). Le ciel s'est rasséréné et promet une suite de beaux jours pour le mois qui commence (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.188). Il y a ce nez [de la Dauphine] (...): c'est un nez assez prononcé et qui, selon la remarque d'un fin physionomiste, promet déjà celui de Louis XVI (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.11, 1867, p.89).
♦Cela ne promet rien de bon. Un soldat anglais: Une lettre du gouverneur pour le général Bonaparte. Marchand: Bien (...). C'est le cachet de sir Hudson Lowe; cela ne promet rien de bon (DUMAS père, Napoléon, 1831, VI, tabl. 23, 1, p.154).
2. Laisser, faire espérer. Si la vigne peut passer fleur et ne point couler, on ne saura où mettre tout le vin cette année (...). Les champs aussi promettent du blé à pleine faucille (COURIER, Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p.182). Madame la duchesse de Nevers promettait dès ce temps-là tout ce qu'elle est devenue depuis (DURAS, Édouard, 1825, p.122):
• 4. ... en tournant cette dernière île dans sa partie occidentale, nous aperçûmes une mer tranquille, qui paraissait promettre de bons mouillages, au moins tant que les vents seraient du Nord au Sud par l'Est...
Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.237.
— Absol. Donner des espérances pour l'avenir. Cet enfant promet. Il promettait beaucoup dans sa jeunesse (Ac.). Son fils (...) promet beaucoup, il ira loin. Les Frères en font l'éloge (MICHELET, Peuple, 1846, p.103). Il estime que sur ces dix enfants, qui promettent beaucoup, au moins quatre seront d'une beauté exceptionnelle (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p.29).
♦P. plaisant. et iron. Cela promet/ça promet (pop., fam.). Ce début augure mal (plus souvent mal que bien). C'est au bas d'un arrêt de mort que le roi a mis sa première signature; cela promet (DUMAS père, Tour Nesle, 1832, IV, tabl. 7, 5, p.73). —Eh bien! ça promet! déclare l'abbé. Votre mère n'a rien exagéré. Mais j'en ai maté d'autres que vous, je vous le garantis (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.165).
C. —Empl. pronom.
1. réfléchi
a) S'engager au mariage. Mais je me suis engagée, promise joyeusement, sans coquetterie (COLETTE, Vagab., 1910, p.171).
b) S'engager à venir chez quelqu'un. Enfin, l'homme illustre a bien voulu se promettre; et aujourd'hui, le ménage Charpentier l'attend sous les armes, la maîtresse de maison (...) dans l'angoisse que le dieu ne se soit trompé d'invitation, et aussi dans la terreur que le dîner ne soit trop cuit (GONCOURT, Journal, 1877, p.1167).
2. réfl. indir.
a) Espérer, compter sur. Il se promet cela de votre bonté. Je n'oserais me promettre que vous me ferez cet honneur (Ac. 1798-1935). Je me promettais beaucoup de joie d'un peu de temps passé seul avec elle (GIDE, Et nunc manet, 1951, p.1138).
b) Faire le projet d'une chose qui vous est agréable. Le roi d'Angleterre se promettait d'entraîner sa passagère très avant dans la haute mer (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p.123).
c) Prendre une ferme résolution. Se promettre de se corriger, de veiller sur qqn. Elle se promettait d'économiser, afin de rendre plus tard (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.29).
3. réciproque. S'engager mutuellement à. Se promettre fidélité. Les trois ducs (...) jurèrent de vivre entre eux comme frères, parens et bons amis. Ils se promirent en outre que si l'un d'entre eux avait affaire pour garder son honneur ou ses pays, terres et seigneuries, chacun des autres serait tenu de lui fournir cinq cents hommes d'armes ou de trait (BARANTE,, Hist. ducs Bourg.,, t.4, 1821-24, p.400).
— Absol., vieilli. De mon temps à moi, me semble qu'on s'embrassait, quand on s'était promis (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p.227).
Prononc. et Orth.:[], (il) promet []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. Trans. 1. 2e moit. du Xes. «s'engager à quelque chose» (St Léger, 192 ds HENRY Chrestomathie t.1, p.12: Peis li promest ad en avant); 2. ca 1160 «sembler annoncer (en parlant d'une chose)» (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 262: et ciel et mer li promet mort); 3. a) ca 1220 «prédire, annoncer» (GUI DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, 7528 ds T.-L.: Molt li promet grignor anui); b) ) 1559 [éd.] absol. «donner de grandes espérances» (AMYOT, Les Vies des hommes illustres, Grecz et Romains, Agesilaus, fol. 418 v°: bien trouve l'on qu'il estoit de petite stature, et qu'il promettoit bien peu de soy a le veoir); ) 1784 iron. ça promet (DESFORGES, L'Epreuve villageoise, p.26 ds QUEM. DDL t.19). B. Pronom. 1. Ca 1135 se promettre à «faire le voeu de» (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 236); 2. XIIIes. se promettre à qqn «promettre sa propre personne à quelqu'un» (Poire, 2062 ds T.-L.); 3. 1538 se promettre qqc. «avoir une ferme confiance en, espérer quelque chose» (EST. d'apr. FEW t.9, p.441b); 4. 1689 [éd.] réciproque «s'engager mutuellement à» (LA BRUYÈRE, Les Caractères de Theophraste, Lyon, p.96). C. Part. passé 1. terre promise a) XVes. relig. (d'apr. FEW, loc. cit.; cf. terre de promission); de nouv. av. 1662 (PASCAL, Pensées, 267 ds OEuvres, éd. L. Lafuma, 1963, p.534); b) 1707 [éd.] «pays riche et fertile» (FÉNELON, Rituale ad usum diocesis Camaracensis, p.105); 2. a) 1538 «fiancé» (EST. d'apr. FEW t.9, p.442a); b) 1752 subst. fém. «fiancée» (Trév. Suppl., avec citat. d'aut.); 3. 1675 promis à «destiné à, voué à» (RACINE, Iphigénie, I, 1 ds OEuvres, éd. R. Picard, t.1, p.677). Francisation, d'apr. mettre, du lat. promittere «assurer, prédire; garantir» (comp. de pro-, fr. pro- et de mittere, v. mettre). Fréq. abs. littér.:4915. Fréq. rel. littér.: XIXes.: a) 9298, b) 7604; XXes.: a) 6367, b) 5061. Bbg. PINCHON (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, p.258. - QUEM. DDL t.6, 19.
promettre [pʀɔmɛtʀ] v. tr.
ÉTYM. Fin Xe, prometre; lat. promittere, avec infl. de mettre.
❖
♦ Assurer à qqn qu'on fera ou qu'on donnera (qqch.). ⇒ Engager (s'), parole (donner sa); obliger (s').
1 (…) promettre est évidemment moins fort que s'engager. En promettant vous faites naître des espérances; en vous engageant vous donnez un droit. Celui qui a promis ne peut guère refuser; il est absolument impossible à celui qui s'est engagé de sortir des liens dans lesquels il se trouve pris (…) Donner parole ou sa parole a la même force que s'engager : mais il la tire d'ailleurs. Comme la parole est purement verbale, non consacrée par un écrit, elle repose sur la loyauté de celui qui la donne; c'est un engagement d'honneur.
Lafaye, Dict. des synonymes, Promettre…
1 Promettre de (et inf.), que (et futur ou conditionnel)… à quelqu'un. S'engager envers qqn à (qqch.). — Promettre (à qqn) de…, suivi de l'infinitif (→ Apparence, cit. 31; congédier, cit. 2; employer, cit. 19; équivoque, cit. 20; grâce, cit. 40). || Promettre devant Dieu et devant les hommes de… ⇒ Jurer (→ Accusé, cit. 2). || Promettre de payer. ⇒ Accepter. — Promettre que…, suivi du futur après un présent, ou du conditionnel après un passé (→ Bravement, cit. 1; faire, cit. 191; muet, cit. 7). — (Avec un pron. compl.). || J'ose (cit. 24) vous le promettre. || Je n'ose rien projeter ni promettre (→ Biaiser, cit. 9). — ☑ Absolt (prov.). Promettre et tenir sont deux. || « Promettre est un et tenir est un autre » (→ Hui, cit., La Fontaine).
2 La femme (…)
Crut la chose et promit ses grands dieux de se taire.
La Fontaine, Fables, VIII, 6.
3 (…) rebuté de sa facilité à promettre et de sa négligence à tenir (…)
Rousseau, les Confessions, IX.
4 Le jeune roi (Louis XVI) lui pressa les mains (à Turgot), lui dit qu'il entrerait dans toutes ses vues, promit qu'il aurait du courage.
Michelet, Hist. de France, XIII.
5 Si je vous promets (…) que dans quelques jours Meaulnes se mettra en campagne pour vous, rien que pour vous ?
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, III, VIII.
♦ (À la première pers., suivi d'une complétive au futur ou au conditionnel). Par ext. Affirmer que l'on est sûr, se porter garant de ce (que…). || Je vous promets qu'il s'en repentira. || Tu ne riras pas toujours, je te le promets ! || Je te promets bien que je n'y suis pour rien.
6 Je vous promets que je ne saurais les donner à moins.
Molière, le Médecin malgré lui, I, 5.
♦ (Suivi d'un présent ou d'un passé). Fam. || Je te promets qu'il est venu hier. || Je vous promets qu'elles sont d'origine. ⇒ Assurer, garantir, jurer. — REM. Cette construction n'était pas familière dans la langue classique.
7 Je vous promets que ce qu'il m'a dit ne m'a point du tout offensée (…)
Molière, l'Avare, III, 7.
8 Je vous abuserais si j'osais vous promettre
Qu'entre vos mains, Seigneur, il voulut la remettre (…)
Racine, Andromaque, I, 1.
2 Promettre qqch. (à qqn) : s'engager (envers qqn) à lui donner (qqch.), à le faire bénéficier de (un avantage). || Les alchimistes (cit. 2) promettent des montagnes d'or à ceux qui les écoutent. — ☑ Loc. Promettre monts (cit. 7) et merveilles. ☑ Promettre la lune… ⇒ Briller, miroiter (faire). — Au passif. || Le bonheur qui nous est promis. ⇒ Attendre (qui nous attend). — Promettre une récompense (→ Entier, cit. 6; gâcher, cit. 2), un poste (→ Piétiner, cit. 3) à quelqu'un. || Je te promets une récompense si tu fais cela, si tu réussis, quand tu réussiras. || Il m'a promis le secret (→ Juger, cit. 30). || Promettre son cœur, son amour. Absolt (avec cette valeur spéciale). → ci-dessous, cit. 9. || « On promet beaucoup pour se dispenser (cit. 16, Vauvenargues) de donner peu. » — Spécialt. || Promettre quelque chose à Dieu par un vœu. ⇒ Vouer. || Promettre à quelqu'un le bonheur, une vie agréable.
9 Avant que de promettre, elle songe longtemps.
Après avoir promis, ses propos sont constants (…)
(…) Car de promettre à deux, ou à trois, ou à quatre,
C'est signe d'inconstance, et le cœur généreux
Ne doit jamais promettre un même bien à deux.
Ronsard, Élégies, XXI.
10 Pour trouver le larron qui détruit mon troupeau
Et le voir en ces lacs pris avant que je parte,
Ô monarque des dieux, je t'ai promis un veau :
Je te promets un bœuf si tu fais qu'il s'écarte.
La Fontaine, Fables, VI, 1.
11 Le ciel sembla promettre une fin à ma peine.
Racine, Bérénice, I, 4.
12 (…) ne craignez point de lui paraître trop favorable; il faut tout promettre pour ne rien accorder.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, XV.
13 — (…) Je te promets mieux qu'ivresse fleurie et que songes d'une nuit brève. Je te promets de saintes agapes et des noces célestes (…)
— Il est plus facile de promettre un grand bonheur que de le donner.
France, Thaïs, II, p. 118.
3 (V. 1460). Annoncer, prédire. || Je vous promets du beau temps pour demain (Littré, Académie). — (Sujet n. de chose). Faire espérer. ⇒ Promesse. || Bouton (cit. 3) qui promet une belle rose. || La soirée promettait une belle nuit (→ Étale, cit. 1). || Cela ne nous promet rien de bon. ⇒ Prévoir (laisser). || Une époque (cit. 9) qui ne promet guère de repos. || Un regard langoureux (cit. 4) qui promet beaucoup. — (Suivi de de et l'infinitif). || Au moment où la pièce promettait de mieux aller (→ Force, cit. 66). || J'aime acquérir ce qui promet de durer (→ Instinct, cit. 36).
14 Surnommée la petite Vierge, elle promettait d'être bien faite et blanche.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 543.
15 J'appelle fausses passions celles qui nous promettent, dans telle situation, un bonheur que nous ne trouvons pas lorsque nous y sommes arrivés.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, éd. Charpentier, p. 199.
16 Il était impossible de rencontrer un lieu qui promît au voyageur une halte plus agréable.
Mérimée, Carmen, I.
17 Ton œil promet l'amour, ton cœur donne le ciel.
Tu passes dans la vie, humble, sans peur, sans fiel.
Hugo, la Légende des siècles, XXXIX, « En Grèce ».
♦ Promettre beaucoup. Iron. || « Les filles de l'ogre (cit. 1) n'étaient pas encore fort méchantes, mais elles promettaient beaucoup. »
♦ Absolt. Donner de grandes espérances. || C'est un enfant qui promet. || Il vient de lancer une affaire qui promet. — Fam. || De la neige en septembre, ça promet pour cet hiver !
♦ ☑ (1784, in D. D. L.). Fam. Ça promet ! : les choses vont devenir mauvaises, pires.
——————
se promettre v. pron.
1 (XIIIe). Réfl. dir. Promettre sa propre personne.
18 Et votre cœur, paré de beaux semblants d'amour,
À tout le genre humain se promet tour à tour.
Molière, le Misanthrope, V, 4.
19 Cette vaste plage n'était donc qu'une halle d'amour où les unes se vendaient, les autres se donnaient, celles-ci marchandaient leurs caresses et celles-là se promettaient seulement.
Maupassant, Pierre et Jean, V.
2 (1538; dès le XIIe avec de et inf.). Réfl. ind. Espérer, compter sur (qqch.). || Les joies qu'il s'était promises (→ Homme, cit. 132). || Se promettre du plaisir (→ 2. Original, cit. 8). || Le succès que vous vous en promettez (→ Novice, cit. 5). || Se promettre beaucoup de plaisir de… ⇒ Fête (se faire une). — (Avec de et l'infinitif). ⇒ Compter. || Un benêt qu'on se promettait de mener par le nez (cit. 23).
20 Je me promettais beaucoup de joie d'un peu de temps passé seul avec elle (…)
Gide, Et nunc manet in te, in Souvenirs, Pl., p. 1138.
♦ Faire le projet de…, prendre la ferme résolution de… || Nous nous promettons de boycotter (cit. 1)… → aussi Place, cit. 36.
3 (XVIIe). Récipr. Se promettre (qqch.) l'un à l'autre. || Elles se sont promis qu'elles partiraient ensemble. — Ils se sont promis de s'admirer (cit. 8) réciproquement.
21 Tous, Montagnards et Girondins, faisant encore trêve à leurs haines, se promirent union et fraternité (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., X, I.
——————
promis, ise p. p. adj.
1 (1080, Chanson de Roland). Qui a été promis. || Un eldorado (cit. 2) promis par le destin. ☑ Chose promise, chose due : on doit faire, donner ce qu'on a promis. — Spécialt. Promis par Dieu. || La terre promise : la terre de Chanaan que Dieu avait promise au peuple hébreu. — ☑ Fig. Terre promise. Pays riche et fertile; domaine, milieu dont on rêve, qu'on attend. ⇒ Eldorado (cit. 1). — Le Paradis (→ Dessillement, cit.).
22 Il voit tout Chanaan et la terre promise
Où sa tombe, il le sait, ne sera point admise.
A. de Vigny, le Livre mystique, « Moïse ».
23 Tout cela vous attendait, mais personne ne vous l'a indiqué, parce que vous n'aviez pas assez de relations. La terre promise vous entoure : vous ne le savez pas.
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 27.
2 (V. 1200). Fig. Personnes. || Promis à… : destiné à, voué à… || Jeune homme promis à un brillant avenir.
24 La nation entière est promise aux vautours.
Racine, Esther, II, 1.
♦ N. || Promis, promise (vieilli ou régional). ⇒ Fiancé, ée. || Le promis et la promise; les promis. || C'est son promis.
25 Rien n'est plus rare aussi que de voir rompre un mariage communiqué. Une fois, il y a une vingtaine d'années, une promise ayant dansé avec un cavalier autre que son promis, celui-ci en prit occasion de rompre le mariage.
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. II, p. 201 (1838).
26 Ce sont des lettres ordinaires, telles qu'une fiancée de campagne en envoie chaque semaine à son promis, donnant des nouvelles de la ferme ou des voisins (…)
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 214.
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DÉR. Prometteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.