révolution [ revɔlysjɔ̃ ] n. f.
• 1267 « achèvement d'un cycle; écoulement d'une période de temps »; bas lat. revolutio « déroulement »
I ♦ Mouvement en courbe fermée.
1 ♦ Retour périodique d'un astre à un point de son orbite; par ext. Marche, mouvement d'un tel astre; temps qu'il met à parcourir son orbite. Révolution sidérale, tropique, synodique. Révolutions et rotations de la Terre. Le temps de révolution d'une planète. ⇒ période.
2 ♦ (1727) Géom. Rotation complète (d'un tour entier) d'un corps mobile autour de son axe (axe de révolution). Surface de révolution, engendrée par la rotation autour d'un axe d'une courbe indéformable (appelée méridienne). Ellipsoïde de révolution.
♢ Cour. Tour complet (d'une pièce mobile autour d'un axe, d'un objet enroulé sur lui-même). ⇒ 3. tour. — Par anal. (1764) Forme de ce qui est enroulé sur soi-même. Escalier à double révolution, à deux volées symétriques.
3 ♦ Physiol. Révolution cardiaque : chaque cycle de l'activité cardiaque comportant une systole et une diastole.
II ♦ Plus cour. Changement soudain.
1 ♦ (déb. XVIIe; 1559 « fin d'un cycle »; cf. révolu) Changement brusque et important dans l'ordre social, moral; transformation complète. ⇒ bouleversement, renversement. La révolution agricole anglaise des XVIII e et XIX e siècles. La révolution industrielle de la fin du XIX e siècle. La révolution scientifique et technique. La révolution néolithique : invention de l'agriculture. — La révolution copernicienne. La révolution sexuelle. C'est une révolution dans l'art de s'habiller. — Une petite révolution : un bouleversement soit de courte durée, soit limité à un milieu restreint.
♢ Fam. ⇒ agitation, ébullition, effervescence, fermentation . Tout le quartier est en révolution. — Cette page « qui fit révolution dans le journalisme » (Balzac).
2 ♦ Spécialt (1680; révolution d'État 1636) Vx Coup d'État. Une révolution de palais : complot organisé par les personnes proches du pouvoir. — Brusque changement politique, social; catastrophe. « Nous approchons de l'état de crise et du siècle des révolutions » (Rousseau).
♢ (v. 1760, Montesquieu) Mod. Ensemble des événements historiques qui ont lieu dans une communauté importante (nationale, en général), lorsqu'une partie du groupe en insurrection réussit à prendre le pouvoir et que des changements profonds (politiques, économiques et sociaux) se produisent dans la société. Révolution et guerre civile. Une révolution éclate. Faire la révolution. — (XIXe) Révolution bourgeoise, libérale, prolétarienne, sociale, socialiste. « Une révolution fait en deux jours l'ouvrage de cent ans, et perd en deux ans l'œuvre de cinq siècles » (Valéry). — La Révolution française (de 1789). La révolution russe, la révolution d'Octobre (1917). Les révolutions de 1848. La révolution mexicaine. Les révolutions islamiques.
♢ Absolt LA R ÉVOLUTION, celle de 1789 jusqu'au Consulat de Bonaparte, et les changements qu'elle détermina. Avant la Révolution : sous l'Ancien Régime. « Je définis la Révolution, l'avènement de la Loi, la résurrection du Droit, la réaction de la Justice » (Michelet).
♢ Loc. (v. 1966; d'apr. une expr. chinoise signifiant « bouleversement, destruction des mœurs ») LA RÉVOLUTION CULTURELLE : mouvement politique instauré par la Chine de Mao Zedong luttant contre les influences du passé dans la vie sociale. — Par ext. Bouleversement dans les modes d'échange socioculturels. — Loc. La révolution tranquille : changement politique profond, sans violence, depuis le début de l'année 1960, au Québec.
♢ Le changement de la société par des moyens radicaux. « La révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis » (Robespierre). La révolution permanente (doctrine de Trotski).
3 ♦ Les forces révolutionnaires, le pouvoir issu de la révolution. La victoire de la révolution sur la réaction.
⊗ CONTR. 1. Calme; contre-révolution, réaction.
● révolution nom féminin (latin revolutio, de revolvere, ramener en arrière) Mouvement orbital périodique d'un corps céleste, en particulier d'une planète ou d'un satellite, autour d'un autre de masse prépondérante ; période de ce mouvement, appelée aussi période de révolution. Mouvement d'un objet autour d'un point central, d'un axe, le ramenant périodiquement au même point. Changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d'un État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir. Les forces révolutionnaires, le pouvoir issu de ce changement : La victoire de la révolution. Changement brusque, d'ordre économique, moral, culturel, qui se produit dans une société : Une révolution dans la peinture. Agitation soudaine et passagère, provoquée dans le public par un fait inhabituel : Un cambriolage audacieux a mis le quartier en révolution. Pour une futaie, temps nécessaire pour obtenir la régénération complète d'une forêt ; pour un taillis, temps qui sépare deux passages successifs en coupe sur une même parcelle. ● révolution (citations) nom féminin (latin revolutio, de revolvere, ramener en arrière) Jacques Bainville Vincennes 1879-Paris 1936 Académie française, 1935 L'optimisme est la foi des Révolutions. Lectures Fayard Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 En révolution, le premier de tous les principes est de diriger le mal qu'on ne saurait empêcher. Physiologie du mariage Henri Barbusse Asnières 1873-Moscou 1935 À l'ulcère du monde, il y a une grande cause générale : c'est l'asservissement au passé, le préjugé séculaire qui empêche de tout refaire proprement selon la raison et la morale. L'Enfer Librairie Mondiale Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 La Révolution a été faite par des voluptueux. Notes sur « les Liaisons dangereuses » Jean, dit Jean-Richard Bloch Paris 1884-Paris 1947 Il n'y a guère de révolution esthétique qui puisse se priver du support d'une révolution politique. Naissance d'une culture Rieder Louis, vicomte de Bonald château du Monna, près de Millau, 1754-château du Monna, près de Millau, 1840 Académie française, 1816 Des sottises faites par des gens habiles ; des extravagances dites par des gens d'esprit ; des crimes commis par d'honnêtes gens… voilà les révolutions. Pensées sur divers sujets Pierre Boulez Montbrison 1925 Il faut aussi rêver sa révolution, pas seulement la construire. Relevés d'apprenti Le Seuil André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 C'est par la force des images que, par la suite des temps, pourraient bien s'accomplir les « vraies » révolutions. Les Nouvelles littéraires, Hommage à Saint-Pol Roux, 1925 François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Toute révolution qui n'est pas accomplie dans les mœurs et dans les idées échoue. Histoire de France Auguste Comte Montpellier 1798-Paris 1857 La révolution féminine doit maintenant compléter la révolution prolétaire, comme celle-ci consolida la révolution bourgeoise, émanée d'abord de la révolution philosophique. Catéchisme positiviste Marcel, dit Jean Guéhenno Fougères 1890-Paris 1978 Académie française, 1962 Ce n'est pas à l'Université que se fait la Révolution. Caliban et Prospéro Gallimard Édouard Herriot Troyes 1872-Saint-Genis-Laval, Rhône, 1957 Académie française, 1946 La Révolution n'est pas un bloc. Elle comprend de l'excellent et du détestable. Aux sources de la liberté Gallimard Commentaire Réponse à l'affirmation de Clemenceau. Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 La Révolution leur criait : — Volontaires, Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! — Contents, ils disaient oui. Les Châtiments, À l'obéissance passive, II, 7 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 En temps de révolution, prenez garde à la première tête qui tombe. Elle met le peuple en appétit. Le Dernier Jour d'un condamné, Préface de 1832 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le corollaire rigoureux d'une révolution politique, c'est une révolution littéraire. Littérature et philosophie mêlées Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le sens révolutionnaire est un sens moral. Les Misérables Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Une révolution est un retour du factice au réel. Les Misérables Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le correcteur d'épreuves de la Révolution, c'est Robespierre. Il revoyait tout, il rectifiait tout. Quatrevingt-Treize, Reliquat Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Danton fut l'action dont Mirabeau avait été la parole. Quatrevingt-Treize, Reliquat Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 La populace ne peut faire que des émeutes. Pour faire une révolution, il faut le peuple. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Jean Jaurès Castres 1859-Paris 1914 Il ne peut y avoir révolution que là où il y a conscience. Études socialistes Rieder Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Le temps seul peut rendre les peuples capables de se gouverner eux-mêmes. Leur éducation se fait par leurs révolutions. Cours familier de littérature, in Méditations poétiques Gustave Le Bon Nogent-le-Rotrou 1841-Paris 1931 Les révolutions n'ont généralement pour résultat immédiat qu'un déplacement de servitude. Aphorismes du temps présent Flammarion Michel Leiris Paris 1901-Saint-Hilaire, Essonne, 1990 Toute poésie vraie est inséparable de la Révolution. Brisées Mercure de France comte Joseph de Maistre Chambéry 1753-Turin 1821 Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c'est la révolution qui emploie les hommes. Considérations sur la France comte Joseph de Maistre Chambéry 1753-Turin 1821 Il y a dans la révolution française un caractère satanique qui la distingue de tout ce qu'on a vu et peut-être de tout ce qu'on verra. Considérations sur la France André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Le rêve secret d'une bonne partie de la France et de la plupart de ses intellectuels, c'est une guillotine sans guillotinés. Antimémoires Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Il n'y a pas cinquante manières de combattre, il n'y en a qu'une, c'est d'être vainqueur. Ni la révolution ni la guerre ne consistent à se plaire à soi-même. L'Espoir Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 La révolution, c'est les vacances de la vie. L'Espoir Gallimard Roger Martin du Gard Neuilly-sur-Seine, 1881-Sérigny, Orne, 1958 L'esprit de la révolution sera trahi par l'esprit militaire. Correspondance avec A. Gide Gallimard Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 Par devant l'Europe, la France, sachez-le, n'aura jamais qu'un seul nom, inexpiable, qui est son vrai nom éternel : La Révolution. Le Peuple, Introduction Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau Le Bignon, aujourd'hui Le Bignon-Mirabeau, Loiret, 1749-Paris 1791 Le meilleur moyen de faire avorter la Révolution, c'est de trop demander. Lettre au major de Mauvillon Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 C'est le jour des révolutions que les choses rentrent dans l'ordre. Les Jeunes Filles Gallimard Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Les révolutions font perdre beaucoup de temps. Malatesta, I, 4, Porcellio Gallimard Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Il faut des haines à la société en vue des bouleversements dont elle progresse, comme la terre a besoin d'être labourée pour être fertile. Les Olympiques Gallimard Emmanuel Mounier Grenoble 1905-Châtenay-Malabry 1950 Toute révolution qui ne s'accompagnera pas d'une transfiguration mourra de sa mort. Intervention à l'Union pour la Vérité, in revue Esprit avril 1933 Roger Nimier Paris 1925-Garches 1962 L'efficacité est la révolution dirigée par les conservateurs. Amour et néant Gallimard André Pieyre de Mandiargues Paris 1909-Paris 1991 L'histoire, la révolution, l'amour ne vont à leurs hauts paroxysmes que par la folie de la poésie. Le Troisième Belvédère Gallimard Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 Il faut plutôt, pour opérer une révolution, une certaine masse de bêtise d'une part qu'une certaine dose de lumière de l'autre. Fragments et pensées politiques Louis Antoine Léon Saint-Just Decize 1767-Paris 1794 Les révolutions sont moins un accident des armes qu'un accident des lois. Esprit de la Révolution et de la Constitution en France Louis Antoine Léon Saint-Just Decize 1767-Paris 1794 Ceux qui font des révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau. Rapport à la Convention, 26 février 1794 Victorien Sardou Paris 1831-Paris 1908 Académie française, 1877 L'émeute, c'est quand le populaire est battu : tous des vauriens !… La révolution, c'est quand il est le plus fort : tous des héros. Rabagas Lévy Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 On ne forme pas impunément des générations en leur enseignant des erreurs qui réussissent. Qu'arrivera-t-il un jour, si le matérialisme étouffe le projet révolutionnaire ? Situations III Gallimard Alexis Clérel de Tocqueville Paris 1805-Cannes 1859 Les grandes révolutions qui réussissent, faisant disparaître les causes qui les avaient produites, deviennent ainsi incompréhensibles par leurs succès mêmes. L'Ancien Régime et la Révolution Simone Weil Paris 1909-Londres 1943 On pense aujourd'hui à la révolution, non comme à une solution des problèmes posés par l'actualité, mais comme à un miracle dispensant de résoudre les problèmes. Oppression et Liberté Gallimard Georges Clemenceau Mouilleron-en-Pareds, Vendée, 1841-Paris 1929 La Révolution est un bloc. Intervention à la Chambre des députés, 29 janvier 1891 Commentaire Un drame de V. Sardou, Thermidor, représenté en 1891, avait été à l'origine de tels désordres que Clemenceau l'évoqua devant la Chambre des députés : « Que cela nous plaise ou que cela nous choque, la Révolution française est un bloc… un bloc dont on ne peut rien distraire, parce que la vérité historique ne le permet pas. » Louis XVI, roi de France Versailles 1754-Paris 1793 — C'est une révolte ? — Non, Sire, c'est une révolution. Commentaire Ce dialogue eut lieu le matin du 15 juillet 1789 à Versailles, dans la chambre du roi, entre Louis XVI et son grand-maître de la garde-robe, La Rochefoucauld-Liancourt, qui lui apportait la nouvelle de la prise de la Bastille. Pierre Paul Royer-Collard Sompuis 1763-Châteauvieux, Loir-et-Cher, 1845 Académie française, 1827. Les révolutions commencent par les avocats, mais elles ne finissent pas par eux. Commentaire Destitué du Conseil des Cinq-Cents comme modéré, en 1795, par le coup d'État du 18 fructidor, Royer-Collard prévoyait et souhaitait l'intervention salvatrice d'un général. Georg Büchner Goddelau, près de Darmstadt, 1813-Zurich 1837 La Révolution, comme Saturne, dévore ses propres enfants. Die Revolution ist wie Saturn, sie frißt ihre eigenen Kinder. La Mort de Danton Emilio Castelar y Ripoll Cadix 1832-San Pedro del Pinatar 1899 Quand la pensée se tait, les révolutions parlent. Cuando el pensamiento calla, las revoluciones hablan. En el discurso defendiendo al periódico, La Soberanía nacional Giuseppe Mazzini Gênes 1805-Pise 1872 L'insurrection finit quand la révolution commence. L'insurrezione finisce quando la rivoluzione comincia. Scritti politici ● révolution (expressions) nom féminin (latin revolutio, de revolvere, ramener en arrière) Révolution culturelle, bouleversement complet des valeurs morales et culturelles qui fondent un type de société. Révolution de palais, action qui porte au pouvoir de nouveaux responsables, à la suite d'intrigues dans les sphères gouvernementales ; changement soudain, mais limité, dans le personnel dirigeant d'une institution, d'une entreprise. La Révolution, la Révolution française de 1789. Solide de révolution, solide d'un seul tenant, limité par une surface de révolution et aussi, parfois, par un ou deux disques de même axe que celle-ci. Surface de révolution d'axe D, surface engendrée par la rotation autour de D d'un arc Γ. (Les sections de cette surface par un plan perpendiculaire à D sont des cercles appelés parallèles.) Symétrie ou autosymétrie de révolution, invariance (d'une figure) par des rotations d'angle arbitraire. ● révolution (synonymes) nom féminin (latin revolutio, de revolvere, ramener en arrière) Changement brusque, d'ordre économique, moral, culturel, qui se produit dans...
Synonymes :
- chambardement (familier)
- chamboulement (familier)
révolution
n. f.
rI./r
d1./d Didac. Mouvement d'un mobile (partic. d'un astre) accomplissant une courbe fermée; durée de ce mouvement. La révolution de la Terre autour du Soleil.
d2./d GEOM Mouvement d'un corps autour de son axe. Axe de révolution d'une surface: axe autour duquel une ligne (dite génératrice) de forme invariable engendre, par rotation, une surface (dite de révolution). Axe de révolution d'un solide: axe autour duquel une surface de forme invariable engendre, par rotation, un solide (dit de révolution). Cône, cylindre de révolution.
|| Cour. Tour complet (d'une chose autour d'un axe).
rII./r évolution, changement importants (dans l'ordre moral, social, etc.). Révolution scientifique.
— Révolution agraire: en Algérie, politique visant la transformation de l'agriculture par l'attribution des terres nationalisées aux paysans.
— Révolution verte: généralisation dans un pays de nouvelles techniques visant à l'amélioration de la production agricole et des conditions de vie des paysans.
— Révolution industrielle: transformation économique profonde, intervenue dans les pays capitalistes à partir du XVIIIe s., liée à l'industrialisation.
— Révolution tranquille: au Québec, période (1960-1966) de changements politiques, économiques et sociaux qui ont eu une grande influence sur la société québécoise.
|| Spécial. Bouleversement d'un régime politique et social, le plus souvent consécutif à une action violente. La Révolution française ou, absol., la Révolution.
|| Par ext. Ensemble des événements, des actions qui aboutissent à ce bouleversement. Révolution qui éclate.
⇒RÉVOLUTION, subst. fém.
I. — Mouvement en courbe fermée autour d'un axe ou d'un point, réel ou fictif, dont le point de retour coïncide avec le point de départ.
A. — 1. ASTRON. Mouvement orbital d'un corps céleste qui repasse à intervalles réguliers par le même point. Révolution de la lune, des planètes; durée de révolution. Pendant les douze années que Jupiter emploie à faire sa révolution autour du soleil, la terre a fait douze années, ou douze révolutions, autour du même astre (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 416). En même temps qu'elle accomplit sa révolution annuelle, la terre tourne sur elle-même en vingt-quatre heures (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 5).
— P. méton. Temps nécessaire pour effectuer ce mouvement et qui est estimé par le retour à une étoile fixe, ou à la même position par rapport au point équinoxial, ou relativement au soleil et à la lune. Révolution tropique. La durée de la lunaison, ou du retour de la nouvelle lune, est de 29 jours 12 heures 44 minutes et 3 secondes. C'est ce qu'on appelle la révolution synodique de la lune. La révolution réelle se nomme la révolution sidérale (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 125).
— Révolution draconitique.
2. P. anal. Trajectoire effectuée par un satellite artificiel. Vitesse de révolution. « Telstar I », le premier [satellite] expérimenté, se présente sous la forme d'une sphère (...). Son orbite est elliptique et, à la vitesse de 25 000 km à l'heure, il met environ 2 heures 40 minutes pour effectuer une révolution autour de la terre (Admin. P. et T., 1964, p. 43).
3. P. anal., littér., domaine temporel. Retour périodique; durée déterminée par un cycle. Révolution des siècles, des temps, des saisons (Ac. 1798-1935). Si une révolution d'heures amène les diverses harmonies du jour, et une révolution de jours celles de l'année, une révolution d'années amène à son tour celles de la vie (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 302). Une race nouvelle régnera en Égypte et bâtira des temples pour un culte nouveau; mais par la révolution des âges, ces temples tomberont en poussière (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 133). V. apparition ex. 11.
— SYLVIC. ,,Intervalle de temps compris entre deux coupes d'un même bois`` (LIZERAND ds FÉN. 1970). P. méton. ,,La révolution est parfois confondue avec (...) âge d'exploitabilité; ou avec (...) âge d'exploitation`` (MÉTRO 1975). [Le bûcheron] portait sur un mot d'écrit le compte des « révolutions » qui avaient eu lieu sur ce terrain-là (...) c'est-à-dire combien de coupes il y avait faites (D'ESPARBÈS, Printemps, 1906, p. 262):
• 1. L'aménagement en futaie régulière comporte au départ la fixation de la révolution principale et celle de la durée de la période nécessaire à la succession, sur un groupe de parcelles donné, des diverses coupes de régénération.
COCHET, Bois, 1963, p. 120.
B. — 1. GÉOM. Mouvement effectué autour d'un axe de rotation immobile par une ligne, un plan, une figure mathématique. Le mot voûte vient du latin volutare, qui signifie tourner. En effet, la voûte est censée produite par la révolution de l'arc; elle n'en est que le développement (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 242). Appliquons au volume total de l'anneau, c'est-à-dire au volume engendré par la révolution de ACD autour de OX, la formule bien connue de Green (H. POINCARÉ, Hyp. cosmogon., 1911, p. 22).
♦ Cône de révolution. ,,Surface de révolution dont une directrice est une droite coupant l'axe de révolution. C'est une quadrique`` (BOUVIER-GEORGE Math. 1979). Les coniques réelles bitangentes à cette conique cyclique doivent en effet être distinguées; ce sont les intersections avec le plan de l'infini des cônes de révolution et des quadriques de révolution (E. BOREL, Paradoxes de l'infini, 1946, p. 62).
♦ Solide de révolution. Volume tel que le cylindre, le cône, la sphère et qui est supposé être engendré par la rotation d'un rectangle, d'un triangle ou d'un demi-cercle autour de l'un de ses côtés ou diamètre (cône, cylindre, sphère de révolution). Si l'on demandait le moment d'inertie d'un segment de solide de révolution, compris entre deux plans menés par l'axe de figure, il est évident (...) que le moment d'inertie d'un segment quelconque est au moment d'inertie du solide entier (POISSON, Mécan., t. 2, 1811, p. 84).
♦ Surface de révolution. ,,Surface engendrée par une courbe, appelée directrice, tournant autour d'une droite fixe appelée axe de révolution`` (BOUVIER-GEORGE Math. 1979). Pseudo-sphère, surface à courbure négative constante. On appelle ainsi la surface de révolution engendrée par la rotation autour de son asymptote d'une tractrice ou courbe aux tangentes égales (Gds cour. pensée math., 1948, p. 136).
2. MÉCAN. Mouvement circulaire effectué par un corps autour de son axe ou d'un point fixe appelé centre; ,,tour d'une machine ou d'un moteur`` (SOÉ-DUP. 1906). Révolution de la roue. L'effort à la jante des locomotives à vapeur est variable au cours d'une révolution complète des essieux moteurs (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 168). Comme les opérations d'admission et d'évacuation du gaz se font toujours simultanément, au-dessus et au-dessous du piston, il ne faut que deux temps pour un cycle de travail égal à une révolution du vilebrequin (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 261).
— P. métaph. Mouvement ample décrivant un cercle ou un arc de cercle. Je revois (...) le prince de Sagan (...) se découvrant pour présenter ses hommages à la Duchesse, avec une si ample révolution du chapeau haut de forme dans sa main gantée de blanc (...) qu'on s'étonnait que ce ne fût pas un feutre à plume (PROUST, Sodome, 1922, p. 720). Grégoire (...) décrivit d'une main martiale une double et vive révolution (ARNOUX, Solde, 1958, p. 266).
3. P. anal. État, forme de ce qui est enroulé sur soi-même.
♦ Révolution d'escalier. ,,I Parcours complet accompli en plan par un escalier. II Parcours accompli en plan par un escalier pour mener d'un étage à un autre, même lorsqu'il ne fait pas un tour complet`` (NOËL 1968). La marche palière [dans] (...) l'escalier à scellement dans les murs de la cage (...) sert à supporter la révolution d'escalier (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 47).
♦ Escalier à double révolution. ,,Escalier monumental à deux volées symétriques, dont chacune accomplit le même tracé en arc, de part et d'autre d'un axe médian`` (Constr. métall. 1975). Un escalier à double révolution, d'une grâce majestueuse et convaincante (...) invitait à gagner le premier étage (ARNOUX, Double chance, 1958, p. 162).
II. — Changement brusque et profond.
A. — Vieilli
1. GÉOPHYS. Ensemble des phénomènes naturels, des changements successifs qui ont marqué la surface de la terre. Les masses de pierre qui composent nos montagnes, formées par les débris des animaux marins, monuments authentiques des anciennes révolutions du globe (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 137). Révolutions antédiluviennes de l'océan (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 264). Les cycles thermiques qui séparent les grandes révolutions du globe durent des millions d'années (ROTHÉ, Géophys., 1943, p. 384).
2. MÉD., PHYSIOL. Révolution d'humeurs. ,,Mouvement extraordinaire dans les humeurs`` (Ac. 1798-1878).
— P. ext. Trouble, dû à un choc, à une émotion violente; bouleversement intervenant dans la santé. Révolution intérieure. En supposant que le médecin le plus habile ne puisse prévoir les révolutions de la santé d'un homme bien portant, il peut prévoir tout le cours d'une maladie quand elle est déterminée (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 92). [La baronne] éprouva l'une de ces révolutions nerveuses si violentes, que le corps en garde éternellement la trace (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 275).
♦ Absol. Hélas! la mort de mon homme, qui a péri noyé, m'a fait une révolution: j'ai eu la petite vérole (BALZAC, Interd., 1836, p. 168).
— Au fig. Ce calme relatif devant la fatalité (...) je ne l'ai pas atteint sans traverser une effroyable révolution intérieure. Pendant des jours, d'interminables nuits d'insomnie, j'ai vécu au fond d'un gouffre, les tortures de l'enfer (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 911). Nous suivions avec anxiété les péripéties du combat [de Stalingrad]. Quelle révolution dans nos cœurs au lendemain du 3 février, quand la reddition de von Paulus et de ses troupes nous fut connue! (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 314).
B. — 1. [Sans idée de violence] Évolution des opinions, des courants de pensée, des sciences; découvertes, inventions entraînant un bouleversement, une transformation profonde de l'ordre social, moral, économique, dans un temps relativement court. Le christianisme me paraît avoir fait une révolution ou, si vous l'aimez mieux, un changement très considérable dans les idées relatives aux devoirs et aux droits (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1843, p. 45). V. révolutionnaire I C ex. de Wilbois:
• 2. Lorsque sur un fait physique, intellectuel ou social, nos idées, par suite des observations que nous avons faites, changent du tout au tout, j'appelle ce mouvement de l'esprit révolution [it. ds le texte]. S'il y a seulement extension ou modification dans nos idées, c'est progrès. Ainsi le système de Ptolémée fut un progrès en astronomie, celui de Copernic fit révolution.
PROUDHON, Propriété, 1840, p. 148.
— Révolution + adj., révolution de + subst., révolution dans + subst. précisant l'époque ou le domaine plus ou moins large dans lequel s'est produit la révolution
a) Révolution + adj. Révolution agricole, scientifique, technique; révolution sexuelle; révolution verte; révolution copernicienne. Lors de la révolution romantique, les paysagistes, à l'exemple des plus célèbres Flamands, s'adonnèrent exclusivement à l'étude de la nature; (...) ce qui (...) donna un éclat particulier à l'école du paysage moderne (BAUDEL., Salon, 1846, p. 177). Appliquer sur les plaies des filaments de toile, (...) personne ne doutait de l'excellence de ce procédé avant la révolution médicale qui a proscrit les pansements humides (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 82).
♦ Révolution culturelle. Révolution dans le domaine de la culture. Sa carrière révolutionnaire [de la psychologie française] commence au seuil de la caractérologie. Elle n'est pas indépendante de l'ensemble de la révolution culturelle qui est appelée par la crise du XXe siècle (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 11).
En partic. Mouvement politique chinois lancé par le président Mao-Tsé-Toung en 1966 et tendant à un bouleversement profond et permanent des institutions révolutionnaires afin d'éviter la sclérose du parti communiste au pouvoir. La révolution culturelle chinoise (...) semble avoir fait le choix d'admettre dans les universités des jeunes gens qui se seraient signalés par « le caractère correct de leur pensée politique ou leur aptitude à assimiler la pensée du président Mao » (ANTOINE, PASSERON, Réforme Univ., 1966, p. 192).
♦ Révolution industrielle. Passage de l'économie du stade artisanal et manuel au stade industriel grâce au machinisme instauré dans les textiles, les transports, les charbonnages; période correspondant à ce bouleversement, allant du milieu du XVIIIe siècle en Angleterre et du début du XIXe siècle en Europe continentale, jusqu'au milieu du XIXe siècle. En Angleterre (...) après la révolution industrielle, les préoccupations hygiénistes s'affirment énergiquement (...). La désertion des campagnes a fait naître la plus haute et la plus souriante des théories modernes d'urbanisme (LAVEDAN, Urban., 1926, p. 246).
b) Révolution de + subst. Révolution des arts, des mœurs. Les révolutions du culte ont suivi, chez les protestants, celle des dogmes; car, en toute religion, le culte est l'expression du dogme (LAMENNAIS, Indifférence, t. 1, 1817-23, p. 188).
c) Révolution dans + subst. La découverte de la boussole avait produit une révolution dans le commerce (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 311).
2. [Avec idée de violence] Renversement soudain du régime politique d'une nation, du gouvernement d'un état, par un mouvement populaire, le plus souvent sans respect des formes légales et entraînant une transformation profonde des institutions, de la société et parfois des valeurs fondamentales de la civilisation. Révolution politique; révolution bourgeoise, prolétarienne. Dans un temps de révolution, le gouvernement ou ce qui en tient lieu (...) croit ne pouvoir régner qu'en détruisant. À mesure que l'empire remonte de l'état de révolution à l'état social, le principe du gouvernement change: il sent qu'il ne peut régner qu'en conservant (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1818, p. 98). Il n'y a jamais de révolutions absolues. Toute révolution est à la fois une rupture avec la tradition et une utilisation de cette tradition (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 14).
— Au fig. En 1807, il eut à subir [le Journal des Débats] une révolution intérieure, un vrai coup d'État. MM. Bertin, propriétaires du journal, furent évincés (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 1, 1850, p. 376).
♦ En révolution (fam.). En état d'effervescence, d'agitation dans la vie domestique, quotidienne. En ce moment les claquements de fouet d'un postillon (...) le piaffement de deux chevaux (...) avaient mis la rue de la Cerisaie en révolution (BALZAC, Début vie, 1842, p. 419). Le quartier est en révolution depuis ce crime, on n'a pas idée des histoires affreuses qui circulent (ZOLA, Vérité, 1902, p. 37).
3. HIST. (souvent avec une majuscule). La Révolution française, ou absol., La Révolution. [Nom donné aux mouvements qui se sont succédé en France depuis la réunion des États généraux (5 mai 1789) jusqu'au coup d'État du 18 brumaire 1799; période et régime correspondants] Il y avait dans la Révolution et l'Empire quelque chose d'excellent (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917, p. 223).
— P. méton. Ensemble des événements, des actions ayant abouti à un bouleversement historique ou ayant eu lieu pendant celui-ci; ensemble des forces révolutionnaires; gouvernement, pouvoir issus de la révolution. Il appartient aux politiques d'abattre la révolution et aux penseurs de produire des remèdes, de fabriquer des recettes, qui inspireront confiance à la bourgeoisie (NIZAN, Chiens garde, 1932, p. 211).
— Empl. générique. Changement des institutions politiques et sociales par des moyens radicaux:
• 3. La théorie marxiste de la révolution suppose que le capitalisme sera frappé au cœur, alors qu'il est encore en pleine vitalité, quand il achève d'accomplir sa mission historique avec sa complète capacité industrielle, quand l'économie est encore en voie de progrès. Marx ne semble pas s'être posé la question de savoir ce qui se passerait dans le cas d'une économie en voie de décadence...
SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 121.
— En partic.
♦ Révolution permanente. Théorie de Trotsky selon laquelle la révolution, pour l'avènement de la dictature du prolétariat, ne doit pas cesser lors de la prise du pouvoir par les socialistes dans un pays. En même temps triomphe la thèse stalinienne du « socialisme dans un seul pays » qui veut que le communisme consolide d'abord ses positions en URSS avant de s'efforcer de gagner les autres pays, tandis que la thèse de Trotsky était celle de la « révolution permanente et mondiale » (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 211).
♦ Révolution de Palais. V. palais1 A 2.
REM. Révolutionnette, subst. fém., fam., rare. Petite révolution. [À Marcel Schwob] Et cette révolutionnette? Vous êtes aux premières loges [à L'Écho de Paris] pour la suivre (RENARD, Corresp., 1893, p. 126). Il y aura des révolutionnettes en France. Il n'y aura même pas une nouvelle révolution (L. DAUDET, Temps Juda, 1920, p. 206).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1740: re-, ensuite ré-. Étymol. et Hist. I. 1. a) Déb. XIIIe s. astron. « retour périodique d'un astre à un point de son orbite » (Sapientia ds Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 286, 39: par assidueies revolutions); b) 1690 « temps que met un astre pour parcourir son orbite » (FUR.); 2. a) 1267 « écoulement d'une période de temps » (Mestré, sac 2, ch. 5 ds GDF. Compl.: revolucion de sis ans prochains a venir); 1559 (AMYOT, Vies des hommes illustres, Lucullus, 77 ds LITTRÉ: revolution et prefixion de temps); b) 1314 « tour de fil, nœud » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 741: soit faite la .3. revolution par dessus les .2.); c) 1727 géom. « rotation complète d'un mobile autour de son axe » (FONTENELLE, Eloge de Newton ds BRUNOT t. 6, p. 1170); 1799 surface de révolution (MONGE, Géom. descr., p. 19); 1811 solide de révolution (POISSON, Mécan., t. 1, p. 155); d) 1765 « tour complet d'une pièce, d'un objet » (Encyclop.); e) 1857 archit. et menuis. (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, p. 267: révolution d'escalier); 1883 (ZOLA, Bonh. dames, p. 626: escaliers de fer, à double révolution); 3. 1870 sylvic. (LITTRÉ); 4. 1946 méd. révolution cardiaque (Ce que la Fr. a apporté à la méd., p. 179). II. A. 1. a) 1559 « changement brusque, bouleversement » (AMYOT, Vies des hommes illustres, Démosthènes, éd. J. Normand, p. 26: quelque fatale destinee et revolution des affaires); b) av. 1720 « trouble, agitation, effervescence » (HAMILTON, Les Quatre Facardins, Paris, 1730, p. 10); c) 1722 « émotion, trouble » (MARIVAUX, Le Spectateur fr., 10 nov., éd. F. Deloffre et M. Gilot, p. 167: les funestes révolutions qui s'y passent [dans le cœur d'un amant]); 2. 1694 méd. revolution d'humeurs « mouvement extraordinaire dans les humeurs qui altère la santé » (Ac.); 3. 1749 géol. « phénomènes naturels qui ont bouleversé la surface terrestre » (BUFFON, Hist. et théorie de la terre, p. 96: de grandes révolutions sur la surface de la terre). B. 1. ca 1615 pol. (NICOLAS PASQUIER, Remonstrances très humbles au Roy ds E. PASQUIER, Œuvres complètes, Genève, 1971, t. 2, p. 1210 ds K. H. BENDER, Revolutionen, München, 1977, p. 29: certaines revolutions des Estats, pendant lesquelles toutes choses viennent en vigueur; et elles finies, tombent en ruyne); 1636 « coup d'État » (MONET: Revolution d'etat: Publicae rei commutatio, conversio); 2. a) 1789 révolution française (Annales patriotiques, 18 déc., 1/2 ds Fonds BARBIER); 1789 absol. la révolution (Réimpression de l'Ancien Moniteur, t. 2, p. 467); b) 1831 révolution de palais (LAMENNAIS ds L'Avenir, 1er juill., p. 352); 1878 p. ext. (GONCOURT, Journal, p. 1257); c) 1839 révolution industrielle (COMTE, Philos. posit., t. 4, p. 278: la révolution industrielle produite par l'usage de l'imprimerie); 1846 (MICHELET, Peuple, p. 100); d) 1917 révolution russe (Le Petit Parisien, 9 nov. ds Hist. de France à travers les journaux du temps passé, 14-18, éd. A. Rossel, 1983, p. 243); 1928 révolution d'octobre (MALRAUX, Conquér., p. 48); e) 1920 révolution continue (F. BERTAUX, L'utopie de Rathenau in Nouv. r. fr., n ° 80, mai, 789 ds QUEM. DDL t. 12); 1938 révolution permanente (Le Populaire, 2 mars ds Hist. de France à travers les journaux du temps passé, 1918-1939, éd. A. Rossel, 1984, p. 279); f) 1934 révolution sexuelle (E. ARMAND, La Révolution sexuelle et la camaraderie amoureuse, Paris, s. d. ds QUEM. DDL t. 14); g) 1966 révolution culturelle (en Chine) (ANTOINE, PASSERON, loc. cit.); 1968 p. ext. (à la Sorbonne) (Le Monde, 10 janv. ds GILB. 1980); h) 1970 révolution verte (L'Aurore, 11 déc., p. 1). Empr. au b. lat. et lat. chrét. revolutio « révolution, retour (du temps); cycle, retour (des âmes par la métempsychose) » (BLAISE Lat. chrét.); lat. médiév. « révolution (astron.) » (1086 ds LATHAM); dér. du lat. revolvere « rouler (quelque chose) en arrière; imprimer un mouvement circulaire à, faire revenir (quelque chose) à un point de son cycle; au passif: accomplir une révolution, revenir à son point de départ ». Fréq. abs. littér.:8 621. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 17 207, b) 12 971; XXe s.: a) 8 990, b) 9 623. Bbg. Archit. 1972, p. 38. — BALDINGER (K.). Z. rom. Philol. 1977, t. 93, n ° 5/6, pp. 676-677. — BENDER (K.-H.). Revolutionen. München, 1977, 216 p. — BOUVEROT (D.). Le Mot Révolution dans les dict. av. et apr. 1789. Fr. mod. 1989, t. 57, pp. 3-12. — DUB. Pol. 1962, pp. 407-410. — GALL. 1955, p. 49, 118, 493-494. — GOHIN 1903, p. 291. — HASSELROT (B.). Petit suppl. de dimin. fr. St. neophilol. 1959, t. 31, p. 39. — LÜSEBRINK (H.-J.), REICHARDT (R.). Révolution à la fin du 18e siècle... MOTS. 1988, n ° 16, pp. 35-68. — MAULNIER (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 204-207. — MORAZÉ (Ch.). Révolution: sens et contre-sens. In: [Mél. Greimas (A. J.)]. Amsterdam, 1985, pp. 1009-1021. — QUEM. DDL t. 9 (s.v. révolutionnette), 11, 12, 14, 21. — SÉGUIN (J. P.). Lexicogr. et conformisme en 1798. La Licorne. 1978, n ° 2, p. 97. — TOURNIER (M.). Un Vocab. ouvrier en 1848... Thèse, Paris, 1975, pp. 92-100. — TRACC. 1907, p. 165. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970] p. 303.
révolution [ʀevɔlysjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1190 en astron.; bas lat. revolutio, du lat. revolutum, supin de revolvere « ramener ». → Révolu.
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I Didact. Mouvement en courbe fermée.
1 Astron. Retour périodique d'un astre à un point de son orbite. — Par ext. Marche, mouvement d'un tel astre; (1690) temps qu'il met à parcourir son orbite. ⇒ Courbe; gravitation. || Révolution sidérale, révolution synodique de la Lune. || Les révolutions de la Terre (→ Irrégularité, cit. 2).
♦ (1727). Géom. Rotation complète (d'un tour entier) d'un corps mobile autour de son axe (axe de révolution). || Une révolution complète. — (1870). (De révolution). || Surface de révolution, engendrée par la rotation autour d'un axe (dit de révolution) d'une courbe indéformable (appelée méridienne). || Le tore est une surface de révolution. || « La sphère (…) est de révolution autour de tout axe passant par son centre » (Encycl. Universalis, art. Géométrie différentielle classique, vol. 7, p. 660 a). || Cône, cylindre, ellipsoïde de révolution (→ Hélice, cit. 2). || Solide de révolution. || Corps solide de révolution (→ Gyroscopique, cit. 2).
♦ (1765). Cour. Tour complet (d'une pièce mobile autour d'un axe). || Les révolutions d'une roue. ⇒ 3. Tour. — Fig. Courbe fermée. || Saluer en faisant une ample révolution de chapeau (cit. 2, Proust).
2 (1267). Vx. L'écoulement (d'une période de temps, d'un cycle). ⇒ Révolu. || La révolution des saisons.
1 (…) n'essayer des richesses, de la grandeur (…) que pour les voir changer inviolablement et par la révolution des temps en leurs contraires (…)
La Bruyère, les Caractères, XVI, 33.
♦ (1870). Techn. (Eaux et forêts). Nombre déterminé d'années formant un cycle au bout duquel les mêmes parties d'une forêt reviennent en exploitation. || Baliveau d'une révolution.
3 (1764). Forme de ce qui est enroulé sur soi-même, en hélice. — Archit. Courbe d'un escalier. || Escalier à double révolution, qui se divise en deux volées symétriques.
2 (…) il entra dans le vestibule du sud-est, et gravit le large escalier qui fait sa révolution autour d'un pilier unique.
A. Hermant, l'Aube ardente, III.
4 Physiol. || Révolution cardiaque : chaque cycle de l'activité cardiaque, comportant une systole et une diastole.
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II (XVIe, plus cour.). Changement soudain dans la société.
1 (1559). Changement brusque et important dans l'ordre social, intellectuel, moral, esthétique. ⇒ Bouleversement, cataclysme, chambardement, convulsion (fig.), incendie (fig.), renversement, tourmente (→ Libraire, cit. 2). — La révolution des mœurs (→ Infraction, cit. 2). || Révolution dans la société (→ Métallurgie, cit. 2). || Les annonces payées furent une immense révolution (→ Publicité, cit. 2). — Révolution des opinions (Condillac). || Révolution dans l'esprit, dans les esprits. || La révolution bergsonienne (→ Négativement, cit. 2). — Les révolutions des arts (Marmontel). || Révolution politique et artistique (→ Contrecoup, cit. 3). — Révolution scientifique et technique. || La révolution copernicienne, einsteinienne. — Révolution des mœurs. || La révolution sexuelle.
3 Une mode a à peine détruit une autre mode, qu'elle est abolie par une plus nouvelle (…) Pendant ces révolutions, un siècle s'est écoulé (…)
La Bruyère, les Caractères, XIII, 15.
4 Les changements et les révolutions de la langue étaient si brusques que le siècle où on vivait dispensait toujours de lire les ouvrages du siècle précédent.
Rivarol, Disc. sur l'universalité de la langue française.
♦ Fam. (et souvent senti comme fig. du II., 2.). ⇒ Agitation, bagarre, ébullition, effervescence, fermentation, 1. feu. — || Cette page « qui fit révolution dans le journalisme » (Balzac, Illusions perdues, t. IV, p. 732), qui le révolutionna.
♦ ☑ Loc. adj. En révolution. || Toute la ville était en révolution.
♦ Transformation complète (avec l'idée de grands changements dans la société, mais sans idée de brusquerie, ni de violence). || La révolution industrielle (cit. 1). || Les révolutions profondes et cachées (→ Inaperçu, cit. 2).
5 J'appelle révolution, non pas ces événements bruyants, violents qui souvent ne produisent rien, mais un changement réel, efficace, durable.
Fustel de Coulanges, Leçons à l'Impératrice, p. 195.
6 Révolution ? oui ! mais entendez-bien : il n'y a de vraie révolution que morale. Tout le reste est misère, sang gaspillé, larmes vaines.
G. Duhamel, Entretiens dans le tumulte, Dernier entretien avec l'irréductible.
REM. Ce sens, étant donné la fréquence de l'acception politique (ci-dessous, 2.), est souvent senti comme une métaphore ou un figuré de cette acception.
2 (1680; révolution d'État, 1636; « les fatales révolutions des monarchies », 1669, Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette-Marie de France).
REM. Jusqu'au XIXe s., révolution désigne tout changement politique brutal; il ne se distingue guère d'un coup d'État et n'implique pas, comme de nos jours, des changements profonds dans la société (cf. Montesquieu, De l'esprit des lois, V, XI).
7 (En 1789) des sphères du rêve et de la spéculation, révolution passait dans la vie. En outre, un peuple entier, jusque-là courbé sur sa besogne quotidienne, le répétait, s'en repaissait (…) sorti du domaine de l'intelligence, il entrait dans celui du sentiment, faisait battre les cœurs, les attirait ou les repoussait (…) Qu'on y prenne garde, il est resté depuis lors incarné; dieu ou démon, il est une personne, il a conservé une âme.
Brunot, Hist. de la langue franç., t. IX, p. 617 (Un mot transfiguré : Révolution).
♦ ☑ Loc. (1835). Révolution de palais : conquête et redistribution du pouvoir fomentées dans les milieux proches du gouvernement sans participation populaire. ⇒ Mutinerie.
♦ Mod. (Sens le plus courant du mot). Ensemble des événements historiques qui ont lieu dans une communauté importante (nationale, en général), lorsqu'une partie du groupe en insurrection réussit à prendre le pouvoir politique et que des changements profonds (politiques, économiques et sociaux) se produisent dans la société. ⇒ Insurrection, rébellion, révolte. — REM. Révolution se distingue de révolte (et d'insurrection, de rébellion) par son importance et ses conséquences, de réforme par sa soudaineté et par le recours à la violence qu'elle implique généralement. || Révolution et guerre civile. — Une révolution, les révolutions (→ Chambardement, cit. 1; conduite, cit. 7; déicide, cit. 2; effondrer, cit. 8; gouvernement, cit. 29; histoire, cit. 8; larve, cit. 4). || Marx a dit que les révolutions sont les locomotives (cit. 7) de l'histoire. || Une émeute tournée en révolution (→ Barricade, cit. 6). || Révolution qui éclate (→ Malaise, cit. 1). || Écrasement (cit. 4) des révolutions. — Révolution et lutte des classes. || Révolution bourgeoise, libérale, prolétarienne, sociale, socialiste.
8 Vous vous fiez à l'ordre actuel de la société sans songer que cet ordre est sujet à des révolutions inévitables (…) le grand devient petit, le riche devient pauvre, le monarque devient sujet (…) Nous approchons de l'état de crise et du siècle des révolutions.
(Note de R. Je tiens pour impossible que les grandes monarchies de l'Europe aient encore longtemps à durer…).
Rousseau, Émile, III.
9 Qu'est-ce qu'une révolution politique en général ?
Qu'est-ce, en particulier, que la Révolution française ?
Une guerre déclarée entre les patriciens et les plébéiens, entre les riches et les pauvres (…)
Le but de la révolution, étant de ramener au but de la société, dont on s'est écarté, est également le bonheur commun.
10 Les coups d'autorité des rois sont comme les coups de la foudre, qui ne durent qu'un moment; mais les révolutions des peuples sont comme ces tremblements de terre dont les secousses se communiquent à des distances incommensurables.
Rivarol, Politique, IV, Généralités.
11 Ô révolutions ! j'ignore,
Moi, le moindre des matelots,
Ce que Dieu dans l'ombre élabore,
Sous le tumulte de vos flots.
Hugo, les Chants du crépuscule, V, VI.
12 Une révolution fait en deux jours l'ouvrage de cent ans, et perd en deux ans l'œuvre de cinq siècles.
Valéry, Suite, p. 68.
13 (…) le mot de « révolution » se référait (au XIXe siècle) nécessairement à une grande Révolution historique, celle de 89. Et comme la bourgeoisie négligeait par une convention très générale l'aspect économique de cette Révolution, comme elle faisait à peine mention, dans son histoire, de Gracchus Babeuf, des vues de Robespierre et de Marat, pour donner son estime officielle à Desmoulins et aux Girondins, il en résultait que l'on désignait par « révolution » une insurrection politique qui réussit et qu'on pouvait appliquer cette dénomination aux événements de 1830 et de 1848 qui n'ont produit au fond qu'un simple changement du personnel dirigeant.
Sartre, Situations II, p. 301.
13.1 D'ailleurs, les vraies révolutions sont lentes et elles ne sont jamais sanglantes. Le sang, c'est toujours pour payer la hâte de quelques hommes comme vous, pressés de jouer leur petit rôle.
J. Anouilh, Pauvre Bitos, p. 46-47.
13.2 Une révolution ratée porte la marque de l'échec, même si elle semble réussir, même si de bons esprits l'appellent « révolution silencieuse », « révolution invisible et pacifique ». Ce n'est qu'une parodie.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 84.
♦ Hist. || La révolution anglaise de 1648. || Révolutions du XVIIIe siècle. || La révolution de 1830 (révolution de Juillet). → Dérogation, cit. 2; glorieux, cit. 3 (les Trois Glorieuses). || La révolution russe de 1917 (souvent appelée révolution d'Octobre).
14 Le dernier tiers du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle sont caractérisés par des révolutions en chaîne : révolution américaine, de 1774 à 1783, révolution genevoise de 1766 et 1781, révolution des Provinces-Unies de 1783 à 1787, révolution belge de 1787 à 1790, révolution française enfin à partir de 1787; celle-ci gagne peu à peu la plus grande partie de l'Europe, touche l'Afrique (…) et s'étend en Amérique (…) Au total, la moitié du monde est en proie, entre 1770 et 1815, à des révolutions, ou plutôt à une grande révolution, qui transforme plus ou moins profondément ses structures politiques et sociales.
J. Godechot, les Révolutions, in Encycl. Pl., Histoire universelle, t. III, p. 345.
♦ Spécialt. || La Révolution française, et, absolt, la Révolution, celle de 1789, jusqu'au Consulat de Bonaparte, et les changements qu'elle détermina (→ Apparaître, cit. 15; organiser, cit. 1). || Les conquêtes de la Révolution (→ Nivellement, cit. 1). || La Révolution, fille du christianisme (→ Fraternité, cit. 5). || La Révolution, nourrice (cit. 9) de Napoléon. || Les écrivains du XIXe siècle sont fils (cit. 14) de la Révolution française. || Avant la Révolution : sous l'Ancien Régime. || Les causes politiques, économiques de la Révolution, les principales périodes et les grands événements de la Révolution (réunion des États généraux, serment du Jeu de Paume, prise de la Bastille…) ⇒ Constituant(e), convention (et girondin, plaine; montagne, montagnard), terreur, thermidor, thermidorien, directoire… || Les sans-culottes, les tricoteuses… pendant la Révolution. — Les armées, les campagnes de la Révolution. — Considérations sur la Révolution française, de Mme de Staël; Histoire de la Révolution française, de Thiers (1823-1827), de Carlyle (1837), de Michelet (1847-1853)…
15 Je définis la Révolution, l'avènement de la Loi, la résurrection du Droit, la réaction de la Justice.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Introd., I, §1er.
16 Pour que la Révolution soit, il ne suffit pas que Montesquieu la présente, que Diderot la prêche, que Beaumarchais l'annonce, que Condorcet la calcule, qu'Arouet la prépare, que Rousseau la prémédite; il faut que Danton l'ose.
Hugo, les Misérables, III, I, XI.
17 La révolution française a préparé indirectement l'avènement du prolétariat. Elle a réalisé les deux conditions essentielles du socialisme, la démocratie et le capitalisme. Mais elle a été, en son fond, l'avènement politique de la classe bourgeoise.
Jaurès, Hist. socialiste, Introd.
17.1 On sortait alors, que personne ne l'oublie, du Front populaire et de la Libération, qui eurent en effet l'allure de fêtes géantes. La rupture du quotidien faisait partie de l'activité révolutionnaire et surtout du romantisme révolutionnaire. Depuis, la révolution a trahi cet espoir en devenant elle aussi quotidienneté : institution, bureaucratie, organisation de l'économie, rationalité productiviste (au sens étroit du mot production). Devant ces faits, on se demande si le mot révolution n'a pas perdu son sens.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 74.
♦ ☑ Loc. (V. 1966; adaptation d'une expr. chinoise signifiant plutôt « bouleversement de la civilisation, des mœurs ») La révolution culturelle : le mouvement instauré par la Chine de Mao Tsé-Tung et qui vise à détruire toutes les influences du passé dans la vie sociale.
17.2 La révolution culturelle a surgi dans la rue et pour la rue, sans prévoir qu'un jour elle aurait à s'étendre et peut-être à sombrer là où il n'existe pas de rues : dans l'immense campagne chinoise.
l'Express, 8-14 juil. 1968.
♦ Par ext. Bouleversement dans les modes d'échange socio-culturels, en fonction de leur critique radicale au niveau théorique. || « Cette “révolution culturelle” que les étudiants français veulent introduire en Sorbonne » (le Monde, 10 janv. 1968).
17.3 La révolution culturelle a pour première condition et démarche, pour exigence initiale et fondamentale la réhabilitation pleine et entière de ces notions : œuvre, création, liberté, appropriation, style, valeur (d'usage), être humain. Ce qui ne peut se mener à bien sans une sévère critique de l'idéologie et de l'économisme, ainsi que des mythes et pseudoconcepts de participation, d'intégration, de créativité, y compris leurs applications pratiques. La révolution culturelle veut une stratégie culturelle, dont quelques principes peuvent s'énoncer.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 364.
♦ ☑ Loc. (1960, dans un éditorial du Devoir de Montréal). La révolution tranquille : les profonds changements de la société québécoise, depuis le début de l'année 1960.
♦ ☑ Loc. La révolution des œillets (au Portugal).
♦ Absolt. || La révolution : le changement de la société par des moyens radicaux (→ Idéologie, cit. 11). || Les mystiques de la révolution (→ Illuminer, cit. 23). || Venir à la révolution par générosité (cit. 9) individuelle. || La révolution syndicaliste (→ Naïveté, cit. 8). || La révolution s'est toujours faite avec les pauvres (cit. 14).
18 La Révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis (…)
Robespierre, Disc. sur les principes du gouvernement révolutionnaire, 25 déc. 1793, in Textes choisis, t. III, p. 99.
19 Comme l'antique Némésis (…) la révolution s'avance, d'un pas fatal et sombre, sur les fleurs que lui jettent ses dévots, dans le sang de ses défenseurs, et sur les cadavres de ses ennemis.
Proudhon, Idée générale de la Révolution au XIXe siècle, p. 9.
♦ ☑ Loc. La révolution en permanence (cit. 5), la révolution permanente (doctrine de Trotski).
19.1 Il (Mao) a voulu refaire la Chine, et il l'a refaite; mais il veut aussi la révolution ininterrompue, avec la même fermeté, et il lui est indispensable que la jeunesse la veuille aussi (…) Je pense à Trotski, mais la révolution permanente se référait à un autre contexte, et je n'ai connu Trotski qu'après la défaite.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 560-561.
♦ Par métonymie. Les forces révolutionnaires; le gouvernement, le pouvoir issu de la révolution. || La victoire de la révolution sur la réaction.
———
III (Fig., de II.).
1 (1694, en méd.). Vx. Changement brusque qui apporte un trouble. || Révolution d'humeurs. — (1761). Vx. Trouble passager, émotion violente.
20 Un matin que je n'étais pas plus mal qu'à l'ordinaire, en dressant une petite table sur son pied je sentis dans tout mon corps une révolution subite et presque inconcevable. Je ne saurais mieux la comparer qu'à une espèce de tempête qui s'éleva dans mon sang et gagna dans l'instant tous mes membres.
Rousseau, les Confessions, VI.
2 (1765). Vieilli. Phénomènes naturels qui ont bouleversé la surface terrestre.
21 Si l'on met de l'intérêt à suivre dans l'enfance de notre espèce les traces presque effacées de tant de nations éteintes, comment n'en mettrait-on pas aussi à rechercher dans les ténèbres de l'enfance de la terre les traces de révolutions antérieures à l'existence de toutes les nations ?
Cuvier, Disc. sur les révolutions…, p. 3.
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CONTR. 1. Calme. — Contre-révolution, réaction.
DÉR. Révolutionnaire, révolutionner.
Encyclopédie Universelle. 2012.