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courir

courir [ kurir ] v. <conjug. : 11>
curir 1080; a remplacé l'a. fr. courre, lat. currere courre
I V. intr. A(Êtres animés)
1Aller, se déplacer rapidement par une suite d'élans, en reposant alternativement le corps sur l'une puis l'autre jambe, l'une puis l'autre patte. course; filer, galoper, trotter; bondir, s'élancer; fam. calter, cavaler, 1. droper, foncer, pédaler, tracer, 3. trisser (cf. Jouer des flûtes; avoir le feu au derrière, le diable à ses trousses; prendre ses jambes à son cou). Courir à toutes jambes, ventre à terre, tête baissée. Courir à perdre haleine, comme un dératé, comme un lapin, un zèbre. Courir à fond de train. Courir pour s'enfuir. fam. se carapater, détaler. Courir pour garder la forme. jogger. Courir sus à l'ennemi. Courir au-devant de qqn. Courir après qqn, pour le rattraper. ⇒ poursuivre. Fig. Le voleur court toujours, court encore, n'a pas été arrêté.
2Spécialt Disputer une épreuve de course. Courir dans une compétition d'athlétisme.
Faire courir un cheval. engager.
3Aller vite, sans précisément courir. se démener, se dépêcher, s'empresser, se hâter, se précipiter, se presser. Ce n'est pas la peine de courir, nous avons le temps. « va, cours, vole, et nous venge » (P. Corneille). Faire qqch. en courant, à la hâte, précipitamment.
Aller rapidement (quelque part); atteindre qqch. le plus vite possible. Je prends ma voiture et je cours chez vous; j'y cours. accourir. Les gens courent à ce spectacle ( affluer; couru) ; on y court. Courir à sa perte, à la faillite, à un échec. Sans compl. Se hâter pour aller quelque part. Ce spectacle fait courir tout Lyon. attirer. Fam. COURIR APRÈS qqn,le rechercher avec assiduité. ⇒ importuner, presser (cf. ci-dessous II, 6o). Courir après une femme, la poursuivre de ses assiduités. « Une femme est comme votre ombre; courez après, elle vous fuit; fuyez-la, elle court après vous » (Musset). Courir après les honneurs. Je ne cours pas après les huîtres, je ne les aime pas tellement.
(Semi-auxil., suivi de l'inf.) Je cours acheter du pain.
Absolt Il vaut mieux tenir que courir (cf. Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras). Fam. Tu peux toujours courir ! se dit d'un souhait qui ne se réalisera pas, ou pour refuser qqch. ⇒ se brosser, se fouiller. PROV. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » (La Fontaine).
B(Choses)
1Se mouvoir avec rapidité. « De grandes ombres noires [...] couraient sur les eaux vertes » (Maurois). glisser. « Le vent qui courait sur la neige était glacial » (Barrès). L'eau qui court. couler, s'écouler; 2. courant. Faire courir, laisser courir sa plume sur le papier : écrire au courant de la plume.
2(Navire) Faire route. 1. cingler, filer. Courir à terre, au large. Courir largue, vent arrière.
3Être répandu, passer de l'un à l'autre. circuler, se communiquer, se propager, se répandre. Le bruit court que... : on dit que... « la légende court, se répand, s'enjolive » (A. Daudet). Faire courir une nouvelle. colporter. Impers. Il court un bruit sur elle.
4(1396) Suivre son cours, se passer (temps). continuer, passer. L'année, le mois qui court (cf. En cours). Par les temps qui courent : dans la conjoncture. ⇒ actuellement. Spécialt L'intérêt de cette rente court à partir de tel jour, est compté à partir de ce jour.
Fam. Laisser courir : laisser faire, laisser aller (cf. Laisser tomber, pisser).
5S'étendre, se prolonger au long de qqch. Le chemin court le long de la berge.
II V. tr.
1( XIIIe) Poursuivre à la course, chercher à attraper. Chasse Courir le cerf, le sanglier. courre. Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois.
2Sport Participer à (une épreuve de course). disputer. Courir le cent mètres. Ce cheval a couru le grand prix.
Pronom. Le tiercé se court aujourd'hui à Enghien.
3Rechercher avec ardeur, empressement. chercher, poursuivre, rechercher. Courir les honneurs. Courir le cachet.
4Aller au devant de, s'exposer à. Courir les aventures.
Courir un danger, y être exposé. Courir le risque de. C'est un risque à courir. Courir sa chance. essayer, tenter.
5(XIVe) Parcourir, sillonner. Courir la ville, les rues. Courir les bois, la campagne. battre. Courir le monde. voyager. Loc. fig. Courir les rues : être répandu, banal, commun. Ce genre d'esprit court les rues.
6Fréquenter assidûment. hanter. Courir les théâtres, les magasins. Courir les filles, la gueuse; courir le jupon. coureur (4o) (cf. ci-dessus I, 3ofam. courir après). Absolt Son mari à tendance à courir. coureur. Courir le cotillon, le guilledou, la prétentaine.
7(1902) Fam. Courir qqn, l'ennuyer (cf. Casser les pieds, cavaler). Il commence à me courir (sur le haricot, sur le système). « Il m'court, avec ses boniments » (Carco).

Courir en parlant de quelqu'un qui s'est échappé ou qui est en fuite, recherché par quelqu'un ou par la police, être toujours en fuite.

courir
v.
aA./a v. intr.
rI./r (Sujet n. d'être animé.)
d1./d Aller avec vitesse, mouvoir rapidement les jambes ou les pattes. Courir vite. Courir à toutes jambes.
d2./d SPORT Disputer une course, une compétition. Voir courir des cyclistes.
d3./d Se porter rapidement vers. Courir au feu, aux armes. Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite (P. Fort).
d4./d Faire qqch en se hâtant. Lisez plus lentement, ne courez pas.
|| Courir à sa perte, à sa ruine: se conduire de manière à hâter sa perte, sa ruine.
d5./d Courir après une chose, la rechercher avec ardeur. Courir après les honneurs.
Fam. Courir après qqn, le poursuivre de ses assiduités.
rII./r (Sujet n. de chose.)
d1./d être en cours, suivre son cours. Par les temps qui courent: dans les circonstances actuelles.
d2./d Fig. Se mouvoir rapidement. Ses doigts couraient sur le clavier.
d3./d Couler (en parlant des liquides). Le ruisseau court dans la prairie.
d4./d Circuler; se propager. Faire courir un bruit.
d5./d MAR Faire route. Courir vent arrière. Courir sur son ancre: conserver de la vitesse après avoir mouillé.
aB./a v. tr.
d1./d Poursuivre pour attraper. Courir le cerf: V. courre.
d2./d SPORT Participer à (une course, une compétition). Courir le marathon.
d3./d Parcourir. Courir le monde.
|| Fréquenter. Courir les bals.
Fam. Courir les rues: être fréquent, banal. Des occasions comme celle-ci, ça ne court pas les rues.
|| (Québec) Courir le poisson d'avril. Courir la galipote.
(Acadie) Courir la Chandeleur: faire la quête de la Chandeleur. Courir la mi-carême: aller de maison en maison en chantant et en dansant à cette occasion.
(Louisiane) Courir le Mardi Gras: se costumer et passer de maison en maison (traditionnellement à cheval) afin de recueillir les ingrédients nécessaires pour faire la fête en préparant un gombo.
d4./d Rechercher avec ardeur. Courir les honneurs.
|| Fam. Courir les filles, les garçons: rechercher les aventures.
d5./d S'exposer à. Courir un risque, un danger.

⇒COURIR, verbe.
I.— Emploi intrans.
A.— Emploi abs. [Aspect imperf. du procès]
1. [Le suj. désigne un animé]
a) [En parlant de l'homme et de certains animaux] Se déplacer rapidement par un mouvement successif et accéléré des jambes ou des pattes prenant appui sur le sol :
1. Car si le blaireau ne provoque personne, il se défend dangereusement. Nul carnassier de nos climats n'en vient à bout. Ne pouvant ni courir ni bondir, il se renverse sur le dos, mord et griffe.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 91.
SYNT. (exprimant la très grande vitesse de course). Courir à toutes jambes, ventre à terre; courir à perdre haleine, comme un dératé; courir comme un lapin. Cf. infra II A 2 a courir la poste.
Proverbe. [P. empr. à la fable de La Fontaine Le lièvre et la tortue] Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Mieux vaut un effort soutenu et régulier qu'une action brillante mais désordonnée au dernier moment.
En partic.
) [En parlant d'un cavalier] Courir à toute bride, à bride abattue. Ne freiner en rien l'allure très rapide d'un cheval. Au fig. Cf. bride.
) SP. Participer à une course de vitesse :
2. Elle avait mis une grosse somme sur un cheval qui courait ce jour-là aux courses de Chantilly.
A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 332.
♦ [Course à pied] Courir (dans telle ou telle épreuve athlétique).
♦ [Course de vitesse quelconque] Courir à bicyclette, en auto, etc. :
3. ... sous les yeux et les applaudissements de toute la nation, dépouillés de leurs habits, ils [les jeunes gens] luttaient, boxaient, lançaient le disque, couraient à pied ou en char.
TAINE, Philos. de l'art, t. 1, 1865, p. 70.
Faire courir (un cheval, un pilote, etc.). L'engager dans une course. Il avait fait courir jadis et avait eu des succès d'écurie (LORRAIN, Phocas, 1901, p. 5).
b) [Avec une nuance appréciative]
) [Étonnement admiratif ou au contraire nuance de reproche] Marcher d'un pas (trop) rapide; se dépêcher.
[En emploi factitif avec nuance d'étonnement admiratif] Ce spectacle fait courir les foules.
[Nuance de reproche] Vous ne marchez pas, vous courez (LITTRÉ).
Au fig. Passer vite, ne pas s'attarder sur quelque chose :
4. Pour bien dire la messe, le prêtre devrait redevenir jeune ou souple; ad deum qui laetificat juventutem meam. Car il faut courir, et l'on n'a pas le droit de s'appesantir sur telle ou telle impression, comme dans la prière privée.
BREMOND, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 235.
Loc. adv. En courant. À la hâte, superficiellement. Lire en courant. Excusez cette cacographie; je ne veux pas vous faire attendre et j'écris en courant (GIDE, Corresp. [avec P. Claudel], 1899-1926, p. 163).
Rem. Noter la loc. adv. vieillie tout courant, « en toute hâte », citée par les dict. gén. et, dans ce même sens, l'emploi abs. de l'inf. Je n'ai pas le temps de faire ma petite écriture à ma façon comme je fais quelquefois, vous savez, celle que vous trouvez jolie. J'écris à courir, et je vous demande bien pardon (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 395).
) Aller librement ici ou là; vagabonder.
Au fig. Faire courir (vieilli), laisser courir (usuel). Laisser faire, le plus souvent par résignation, ne plus intervenir dans une action en cours. Il [Maxime] avait renoncé au Conseil d'État, il faisait courir (ZOLA, Curée, 1872, p. 589). Au point de vue religieux il [Lamartine] n'avait pas d'opinion très nette (...) il laissait courir (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913-14, p. 52).
) [En parlant d'un malfaiteur ou de quelqu'un qui ne veut ou n'ose pas rester sur place] S'enfuir, s'échapper le plus rapidement possible.
Loc. Il court encore. Il s'est enfui pour ne pas se laisser prendre, ou parce qu'il n'ose pas insister :
5. — Et qu'a répondu ce M. Bloch? demanda distraitement Mme de Guermantes (...)
— Ah! je vous assure que M. Bloch n'a pas demandé son reste, il court encore.
PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 505.
c) Faire des courses., des démarches pour se procurer ou pour obtenir quelque chose. 24 janvier. Couru pour les affaires de Mme de St(aël). Elle sera payée, je le crois (CONSTANT, Journaux, 1815, p. 429).
Rem. Ce sens se rattache aux emplois mentionnés sous I B 2 c.
Péj. Faire courir qqn. Faire faire une démarche inutile; faire perdre son temps à quelqu'un.
2. P. anal. [Le suj. désigne un inanimé capable de mouvement]
a) [L'accent est sur la rapidité du mouvement] Se déplacer rapidement. Des nuages couraient dans le ciel, de temps à autre la pluie tombait (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 18). Un vent glacial courut, accéléra le vol éperdu de la neige, intervertit l'ordre des couleurs (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 61).
[En parlant de corps liquide] Couler rapidement. Le sang court dans les veines :
6. ... son visage étincelait d'amour,
Et mes regards, fermés pour les choses profanes,
Voyaient le sang courir dans ses bras diaphanes!
T. DE BANVILLE, Les Exilés, Le Cher fantôme, 1874, p. 96.
b) [L'accent est sur la régularité et la continuité du mouvement]
) [En parlant du temps] Se dérouler de façon continue :
7. On a aplani la difficulté, un contrôle de disponibilité est ouvert. Là les officiers inscrits voient courir leur temps comme s'ils rendaient des services effectifs.
CHATEAUBRIAND, Correspondance gén., t. 2, 1789-1824, p. 34.
Par le(s) temps qui court (courent). Actuellement. — Ah! C'était un brave ami (...) un homme rare par le temps qui court (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 306).
) Au fig., FIN. [Avec une idée de délai] Être compté régulièrement comme dépense à partir d'une certaine date (exprimée ou laissée implicite). Les intérêts courent à partir d'aujourd'hui :
8. [Il faut] tenir compte des jours de chômage pendant lesquels l'animal de trait ne produit aucun travail utile, alors que son entretien continue cependant à courir.
HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 752.
c) [L'accent est sur l'avancement spontané du mouvement]
) [En parlant d'un aspect de la nature] Se répandre dans un espace. Une plante court sur le sol.
GÉOGR. S'étendre dans une certaine direction. La côte court du Nord au Sud. Les racines [de la bourdaine] courent à fleur de terre (BAUDRILLART, Nouv. Manuel forest., trad. de Burgsdorf, t. 1, 1808, p. 304). Le lierre courait sur les murs des maisons basses (DRUON, Roi de fer, 1955, p. 150).
) [En parlant d'un bruit, d'une nouvelle] Se propager. Elle-même répéta la phrase, qui courut ainsi d'oreille à oreille, au milieu des exclamations et des rires étouffés (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 719).
Loc. verbale. Le bruit court que :
9. Le bruit courait que Gundermann, contrairement à ses habitudes de prudence, se trouvait engagé dans d'effroyables risques...
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 316.
) [En parlant d'un objet destiné à se déplacer] Aller librement, sans contrainte, sans contrôle. Laisser courir sa plume :
10. Représenter, rendre ce monde, ces trois dimensions, avec cette plume qui gratte régulièrement, qui court sur le papier.
PÉGUY, Victor-Marie, comte Hugo, 1910, p. 700.
MAR. Faire (laisser) courir une manœuvre (un cordage) :
11. Tout le gréément du bateau est englobé dans une coque de glace (...) et il est totalement impossible de faire courir les manœuvres.
J.-B. CHARCOT, Le « Pourquoi Pas? » dans l'Antarctique, 2e expédition antarctique fr., 1908-10, 1910, p. 352.
B.— Emploi prép. [La prép. ajoute à l'aspect imperf. du verbe une valeur d'aspect perf. ou une nuance de cet aspect]
1. [Aspect perf. pur et simple; la prép. indique le but, le terme du procès] Courir à.
a) [Le suj. désigne une pers.] Se porter rapidement et parfois en masse vers quelqu'un ou vers quelque chose. Courir au feu, aux armes; courir à un spectacle. Les hommes courent à leurs quêtes Sur la terre, ardents et pressés (DIERX, Poèmes et poés., 1864, p. 17) :
12. À peine se fut-on quitté, que le chevalier de Beauvoisis courut aux informations : elles ne furent pas brillantes.
STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 269.
Courir au plus pressé. Se hâter d'accomplir ce qui est urgent :
13. En me promettant à moi-même qu'Albertine serait ici ce soir, j'avais couru au plus pressé et pansé d'une croyance nouvelle l'arrachement de celle avec laquelle j'avais vécu jusqu'ici.
PROUST, La Fugitive, 1922, p. 428.
Courir à sa ruine, à sa perte. Tomber inexorablement dans une situation extrême :
14. Vous n'avez pas reconnu votre véritable ennemi, vous lui prêtez de petits motifs. Il n'en a que de grands et vous courez à votre perte.
CAMUS, Caligula, 1944, II, 2, p. 34.
Spéc., MAR. Courir au nord, au sud, à terre, au large, etc. Faire route en direction de.
b) Au fig. [Le suj. désigne une chose abstr.] Être sur le point de (finir). La saison court à sa fin :
15. Les événements courent trop vite à leur fin; on n'a pas assez de temps pour faire, en quelque sorte, connaissance avec les personnages, ce qui rend l'intérêt moins vif.
LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1830, p. 216.
2. [Aspect connotatif progressif au procès; la prép. suggère l'idée d'un effort dans une poursuite voulue par le suj. pers.] Courir après.
a) [Le compl. désigne une pers.] Courir après qqn. Chercher à l'atteindre rapidement. Son oncle, ne la voyant pas revenir du bout de la place, courut après elle (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 128). Courir après un homme, une femme (au fig.). Le, la poursuivre de ses assiduités :
16. Ce hideux calotin ose insinuer et même dire assez clairement que, lorsqu'il portait encore la soutane, toutes les femmes couraient après lui, et qu'il n'avait qu'à se baisser pour en prendre.
BLOY, Journal, 1900, p. 384.
b) [Le compl. désigne une chose] Chercher à atteindre, à obtenir une chose par tous les moyens. Courir après les honneurs, la gloire. Courir après son argent. Essayer de regagner, de rattraper l'argent perdu au jeu ou essayer de se faire payer l'argent dû. Courir après l'esprit. Chercher à être spirituel. Courir après son ombre. Chercher à atteindre l'impossible :
17. Ne me demande point à moi, sculpteur, de courir après la beauté : je m'assiérai ne sachant où courir.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 697.
c) Loc. [Avec ell. du compl. prép.]
Fam. Tu peux toujours courir! Tu auras beau faire, tu n'obtiendras pas ce que tu veux.
Proverbe. Il vaut mieux tenir que courir (cf. un tiens vaut mieux que deux tu l'auras).
3. [Aspect directif; la prép. exprime une idée d'approche, souvent doublée d'une valeur affective] Courir sur ou sus à.
a) [Le compl. désigne l'âge de qqn avec parfois une idée de vivacité ou d'appréhension] S'approcher rapidement de. Courir sur ses trente ans. Marianne est très vieille et court sur ses cent ans (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 346).
Rem. Dans l'expr. courir sur les brisées de qqn, sur exprime le terrain dans lequel on a pénétré, avec sans doute, comme plus haut, une idée d'illicite.
b) [Avec gén. une idée d'hostilité] Se précipiter sur :
18. Indouvoura courut sur Yassiguindja. Elle l'aurait frappée, mordue, griffée. Elle débitait des menaces pendant que ses compagnes la maintenaient.
MARAN, Batouala, 1921, p. 55.
Au fig. S'attaquer à, combattre. Courir sus aux abus.
C.— Emploi semi-auxil. Courir + inf. [Le plus souvent pour dire que l'on fait vite l'action exprimée par l'inf.] Qu'on coure me chercher de l'huile de térébenthine et de l'émétique (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 303).
Rem. Pour souligner l'idée de but, l'inf. peut être précédé de la prép. pour. Elle courait pour chercher quelque drogue à la pharmacie (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 145).
II.— Emploi trans.
A.— [Le suj. désigne un animé]
1. [Aspect perf. du procès, avec une idée de poursuite; l'obj. désigne un animé ou un inanimé suggérant une idée de proie à prendre]
a) [La proie est une bête sauvage] Donner la chasse à. Courir le cerf, le lièvre :
19. Quoique je sois bien décidé à ne frayer qu'avec les gens de la plus haute volée, vous aurez cependant vos petites entrées, mon cher Monsieur Jolibois, et de temps en temps vous viendrez courir un cerf avec moi.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 3.
Proverbe. Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois. S'engager dans deux entreprises différentes, c'est risquer d'échouer dans l'une comme dans l'autre.
Rem. Courir qqn se rencontre dans la lang. class. au sens de « poursuivre qqn en courant » et dans la lang. pop. au sens de « importuner » : tu me cours (sur le système, sur le haricot, sur le ciboulot, etc.). Elle me court! menace Jady (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 199).
b) P. anal., dans le lang. de la galanterie. [La proie est une pers. gén. du sexe fém., ou ce qui la représente] Courir les filles, la gueuse, les jupons; courir la prétantaine :
20. Madame de Kergant (...) voyait (...) dans le champ étroit et fantasque de ses préjugés l'ancien pupille de son frère (...) courant le guilledou sous l'étrange costume qu'elle prêtait aux sans culottes...
FEUILLET, Bellah, 1850, p. 20.
c) P. ext. [La proie est un avantage recherché] Rechercher vivement, poursuivre assidûment. Courir le cachet, les honneurs.
P. méton. Au cours de cette poursuite affronter des périls, s'y exposer. Courir des risques.
d) P. méton., SP. [La proie est suggérée par la nature de l'épreuve au bout de laquelle la victoire peut être atteinte] Participer à une course pour la gagner. Courir un cent mètres. Ce dimanche-là (...) on courait le Grand Prix de Paris au bois de Boulogne (ZOLA, Nana, 1880, p. 1375).
2. [Aspect perf. instrumental; l'obj. désigne un lieu à travers lequel on se déplace en tout sens dans une intention plus ou moins précise]
a) [Le lieu est un espace d'une certaine étendue ou complexité] Parcourir, sillonner, voyager à travers un lieu pour y chercher à satisfaire un désir. Courir la ville, le monde. C'était un de ces forains qui courent les campagnes, le dos chargé de leur marchandise (A. DAUDET, Jack, t. 1, 1876, p. 230).
Vieilli. Courir le pays. Faire une incursion rapide en pays ennemi.
P. méton. Courir la poste. Parcourir vite les relais de poste, aller fort vite et au fig. se dépêcher outre mesure pour atteindre son but. Le lendemain, Suter court la poste sur la route de Paris (CENDRARS, Or, 1925, p. 26) :
21. Une voyageuse, qui courait la poste, fut prise des douleurs de l'enfantement à la poste du prieuré...
G. SAND, La Comtesse de Rudolstadt, t. 1, 1844, p. 97.
Courir la mer. Faire la course :
22. On eût dit un de ces vieux récits (...) où il est question de corsaires barbaresques courant les mers latines...
A. DAUDET, Le Nabab, 1877, p. 172.
Emploi abs. :
23. Or, vers la fin de 1702, elle [l'Espagne] attendait un riche convoi que la France faisait escorter par une flotte de vingt-trois vaisseaux commandés par l'amiral de Château-Renaud, car les marines coalisées couraient alors sur l'Atlantique.
VERNE, Vingt mille lieues sous les mers, t. 2, 1870, p. 92.
b) [L'obj., gén. au plur., désigne une suite de locaux que fréquente la Société] Fréquenter assidûment en allant d'un lieu à un autre pour y chercher son plaisir. Courir les théâtres, les salons.
B.— [Le suj. désigne un inanimé]
1. Vieilli. [En parlant d'une rumeur, d'un bruit] Se répandre dans (cf. supra II A 2 a). Cette nouvelle court la ville, les rues.
Loc. fig. Courir les rues. Se trouver partout, être normal, commun. Nous habitons une ville de commerçants, où le bon goût ne court pas les rues (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 367).
2. MAR. [En parlant d'un navire et p. ext. des marins] Courir une (des) bordée(s).
Prononc. et Orth. :[], (je) cours [], couru, ue []. Ds Ac. depuis 1694. Ac. 1694-1798 : « courir ou courre ». Les mots de la famille de courir s'écrivent evec un seul r sauf courre (chasse à —), courrier, courriériste, concurrent, occurrence, récurrent et leurs dér. (pour cette liste cf. Ortho-vert 1966, p. 173). Comparer l'imp. je courais et le fut. et cond. je courrai(s) dans lesquels la consonne double qu'on prononce géminée [kuRR] sert à distinguer les temps (cf. NYROP Phonét. 1951, § 130 et § 251, ainsi que MART. Comment prononce 1913, p. 217). Noter que FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 transcrivent à l'inf. [] qui est l'anc. prononc. des inf. en -ir du moy. fr. jusqu'au milieu du XVIIIe s. où r final est restauré sous l'infl. des verbes comme dire, écrire, etc. (cf. BOURC.-BOURC. 1967, § 183 H). Homon. : formes du verbe courir et cour, cours, court. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. mil. XIe s. curre « se déplacer par élans » (Vie de Saint Alexis, éd. Chr. Storey, 423); 2. a) mil. XIe s. « (d'une chose) se mouvoir avec rapidité » (ibid., 79); b) 1262-68 « se dépêcher » (BRUNETTO LATINI, Li Livres dou Tresor, éd. F. J. Carmody, p. 23, 13); 3. 1559 « courir dans une compétition » (AMYOT, Vies. Thémistocle, 47 ds LITTRÉ); 4. a) ca 1100 curir a aucun « courir pour atteindre quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 2086); b) ca 1160 + inf. « aller vite dans un certain but » (Enéas, éd. J.J. Salverda de Grave, 909); 5. a) ca 1100 « couler » ewe curant (Roland, 2226); b) 1119 « avoir cours, être en vigueur » (PH. DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 3544); c) apr. 1225 « être répandu, circuler (bruit, renommée) » (GERBERT DE MONTREUIL, Continuation de Perceval, éd. M. Williams, 3638); d) 1690 « s'étendre, se dérouler » (FUR. [ici, en parlant d'un rhumatisme, d'une dartre]). B. Trans. 1. ca 1210 « parcourir, sillonner (un pays, etc.) » (HERBERT LE DUC DE DAMMARTIN, Folque de Candie, éd. O. Schultz-Gora d'apr. FEW t. 2, p. 1570a); 2. a) ca 1225 « poursuivre à la course » (PÉAN GATINEAU, Saint Martin, éd. W. Söderhjelm, 1252); b) 1434-38 « poursuivre quelqu'un » (JACQUES D'ESCH, Chronique messine, éd. G. Wolfram d'apr. FEW t. 2, p. 1569 b); c) 1690 « rechercher, courtiser » (FUR.); 3. 1547 « fréquenter assidûment (un lieu) » (NOËL DU FAIL, Propos rustiques et facétieux, t. 1, p. 75 ds IGLF); 4. av. 1558 « s'exposer à, risquer » (MELLIN DE SAINCT-GELLAIS, Œuvres complètes; éd. P. Blanchemain, t. 2, p. 78); 5. 1585 « rechercher avec ardeur » (NOËL DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, t. 2, p. 233 ds IGLF); 6. [1883?] 1895 pop. courir à qqn « importuner quelqu'un » (sans réf. ds ESN.); 1901 courir qqn (ibid.); 7. 1901 fam. c'est couru « c'est prévisible » (BRUANT, p. 175 [à l'orig., terme de turf]). Du lat. currere « courir ». L'anc. forme courre a été supplantée à partir du XIIIe s. par courir (ca 1275, Rose, F. Lecoy, 15890), formé d'apr. les verbes en -ir. Fréq. abs. littér. : 13 612. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 17 337, b) 24 133; XXe s. : a) 20 292, b) 17 961. Bbg. BALDENSPERGER (F.). Notes lexicol. R. de philol. fr. et de litt. 1927, t. 39, p. 58. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 135. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, pp. 298-299. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 82. — QUEM. 2e s. t. 2 1971. — ROG. 1965, p. 131, 179, 234, 237. — SPITZER (L.). Courir la calabre. Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 165-166.

courir [kuʀiʀ] v. intr. et tr.
CONJUG. je cours, tu cours, il court, nous courons, vous courez, ils courent; je courais; je courus, nous courûmes; je courrai; je courrais; cours, courez, courons; que je coure; que nous courions; que je courusse; courant; couru, courue.
ÉTYM. 1080, curir; a remplacé l'anc. franç. courre, du lat. currere. → Courre.
———
I V. intr.
A (Sujet n. d'être animé).
1 Aller, se déplacer par une suite d'élans, en reposant alternativement le corps sur l'une puis l'autre jambe, et d'un train généralement plus rapide que la marche. Course; bondir, cavalcader, élancer (s'), hâter (se), précipiter (se); détaler, filer, galoper, gazer, trotter, voler, voltiger; fam. caleter, carapater (se), cavaler, droper, foncer, pédaler, tracer, trisser. Cf. les loc. (littér. et vx) Dévorer l'espace, fendre l'air…; (fam.) jouer des flûtes; tricoter des pincettes; avoir le feu au derrière, le diable à ses trousses; (vx) brûler le pavé; prendre ses jambes à son cou; piquer un cent mètres. — Courir vite. || Courir à toutes jambes, de toutes ses forces, courir ventre à terre, tête baissée. || Courir à perdre haleine, comme un dératé. || Courir à fond de train. || Courir comme un cerf, un lapin, un lévrier, un lièvre, un zèbre; comme le vent, très vite. || Il traversa la rue, monta les escaliers en courant. || Être essoufflé, hors d'haleine, brisé, éreinté, fourbu, avoir un point de côté pour avoir trop couru.
1 (…) et nous partons, lui (un conducteur de pousse-pousse) courant ventre à terre; moi traîné par lui, tressautant sur la route dans son char léger (…)
Loti, Mme Chrysanthème, III, p. 17.
2 Le matin, de la terrasse de sa chambre, elle voyait les enfants courir dans l'herbe (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, II, p. 327.
3 Jerphanion qui avait joué sur des toits de village, grimpé à travers des éboulements de phonolithes, couru pieds nus à flanc de précipice (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, I, p. 7.
Courir pour s'échapper, pour fuir. Enfuir (s'), détaler, filer; cf. Ficher, foutre le camp. || Courir pour atteindre, pour rattraper. Fondre (sur), jeter (se jeter sur), pourchasser, poursuivre, ruer (se ruer sur). || Courir sus à l'ennemi. || Manifestation de personnes qui courent nues dans la rue. Streaking. || Courir au-devant de qqn. || Courir à la rescousse, au secours de qqn. || Courir après qqn, pour le rattraper. Après, cit. 48.Fam. || On lui court après : on le recherche.
4 Ou plutôt on se dira que c'est la vieille qui a renversé le guéridon en se levant précipitamment pour me courir après.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, IV, p. 43
Figuré :
5 (…) ils apercevaient les bus et motorbus (…) se courant l'un après l'autre avec des allures bousculées de troupeau (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 252.
Pop. et régional. || Tout courant : en courant très vite. || Il est arrivé tout courant.
(Animaux). || La gazelle, le zèbre courent très vite. || Un lapin traversa la route en courant. || Le lapin, le lièvre courent en sautant (→ régional Boultiner). || Cheval courant à bride abattue, à toute bride, à franc étrier.REM. Pour le cheval et les équidés, courir est plutôt stylistique; on emploie normalement les verbes spécifiques. Trotter; galoper.Il court, il court le furet…, chanson d'enfant.
6 (…) un cheval eut alors différend
Avec un cerf plein de vitesse,
Et, ne pouvant l'attraper en courant,
Il eut recours à l'homme, implora son adresse.
La Fontaine, Fables, IV, 13.
2 Disputer une épreuve de course. || Courir dans une compétition d'athlétisme. || Courir aux Jeux Olympiques.(1855, in Petiot). || Ce cheval a couru dans la troisième course. || Faire courir un cheval, des lévriers.Participer à une épreuve de vitesse de cyclisme, de motocyclette, d'automobile, de bateau, de ski, etc. ( Coureur, course). || Courir à bicyclette.Loc. Courir contre la montre. || Faire courir un pilote, le faire participer à une course.
7 (…) je parle à Émile de ses anciennes courses (…) on lui demande s'il sait courir encore (…) Chacun se tient prêt, le papa donne le signal en frappant des mains. L'agile Émile fend l'air, et se trouve au bout de la carrière qu'à peine mes trois lourdauds sont partis (…) Au milieu de l'éclat du triomphe, Sophie ose défier le vainqueur, et se vante de courir aussi bien que lui.
Rousseau, Émile, V. (→ Course, cit. Rousseau).
7.1 Semelles raides ou pieds armés de pointes, les modernes courent des pieds et du mollet. Les Anciens, forcés de poser en courant le pied à plat par terre, couraient de plus haut : les cuisses de leurs athlètes se prolongent sur les flancs jusqu'à la naissance des côtes flottantes; les fesses se continuent au niveau des reins; les muscles des cuisses et des jambes sont longs, et seul le pied se cambre et devient trapu, grâce à la liberté des orteils.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 59.
3 Aller vite, se dépêcher (sans précisément courir). Dépêcher (se), empresser (s'), hâter (se), presser (se); pas (presser le pas). || « Vous ne marchez pas, vous courez » (Littré). || Ce n'est pas la peine de courir, nous avons le temps. || Faire qqch. en courant, à la hâte, précipitamment. || On ne fait pas les affaires en courant. || Lire qqch. en courant, superficiellement (→ Couramment).
8 Achille va combattre, et triomphe en courant (…)
Racine, Iphigénie, I, 1.
9 Il ne les lit pas, ou il ne les lit qu'en courant.
Bossuet, Avertissement, I.
Aller rapidement à un but; chercher à atteindre qqch. le plus vite possible. Accourir, porter (se porter vers, sur). || Je prends ma voiture et je cours chez vous.Les gens courent à ce spectacle ( Affluer); on y court ( Écraser : on s'y écrase). || Ce chanteur fait courir tout Paris. Attirer.Courir au feu. || Courir au plus pressé. || Courir aux armes. Prendre (les armes). || Courir à la vengeance, au combat.Courir à sa fin, à sa perte, à sa ruine. Marcher, toucher. || Courir à la mort.
Courir après les honneurs, les places, la richesse; courir après la gloire, la fortune. Aspirer (à). || Courir après les aventures, les dangers. Chercher, rechercher. || Courir d'aventure en aventure.Courir après l'argent, chercher à en obtenir par tous les moyens. || Courir après son argent : chercher à regagner, à recouvrer une somme perdue ou prêtée, etc.Courir après l'esprit, chercher à en faire étalage.Fam. || Courir après qqn, le rechercher avec assiduité. Presser, importuner. || Courir après une femme, la poursuivre de ses assiduités. || Courir après toutes les femmes. Coureur, II., 2.; fam. cavaler. — ☑ Courir après son ombre : poursuivre vainement un but inaccessible. — ☑ Courir après les papillons. — ☑ Courir sur les brisées de quelqu'un.
10 Montre toi digne fils d'un père tel que moi.
Accablé des malheurs où le destin me range,
Je vais les déplorer : va, cours, vole, et nous venge.
Corneille, le Cid, I, 5.
11 Au tombeau comme au trône on me verra courir.
Corneille, Héraclius, IV, 1.
12 (…) le mérite a pour moi des charmes si puissants, que je cours partout après lui.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
13 (…) L'homme au vœu
Courut au trésor comme au feu (…)
La Fontaine, Fables, IX, 13.
14 Mon cœur court après elle, et cherche à s'apaiser.
Racine, Andromaque, II, 5.
15 (…) après l'invective (…) contre les honneurs, les richesses et le plaisir, il ne reste plus à l'orateur qu'à courir à la fin de son discours (…)
La Bruyère, les Caractères, XV, 26.
16 Il court de femme en femme, comme tous les jeunes cavaliers ont coutume de faire.
A. R. Lesage, Gil Blas, I, IV, V, p. 229.
17 Quand on court après l'esprit, on attrape la sottise.
Montesquieu, Variétés.
18 Une femme est comme votre ombre; courez après, elle vous fuit; fuyez-la, elle court après vous.
A. de Musset, Namouna, épigr.
19 L'amour est comme la fortune, il n'aime pas que l'on coure après lui.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, X, p. 215.
20 « Il court après l'esprit », disait-on devant Boufflers d'un prétentieux personnage (…) « Je parie pour l'esprit » (répondit Boufflers).
H. Bergson, le Rire, p. 88.
21 (…) voici cinq pesetas (…) Cours, ou plutôt descends en vol plané jusqu'à l'infernal paradis de Planche-à-pain.
P. Mac Orlan, la Bandera, XIV, p. 165.
(Semi-auxiliaire, suivi de l'inf.). → Aller. || Je cours acheter du pain. || Elle a couru le prévenir.
Prov. Mieux vaut tenir que courir (→ Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras).
Fam. Tu peux toujours courir !, attendre (se dit d'un souhait qui ne se réalisera pas, ou pour refuser quelque chose).
S'échapper en hâte. Détaler, distancer, enfuir (s'), fuir; (fam.) caleter, cavaler. — ☑ Fig. et fam. Il court encore, il s'est échappé; il ne se laissera plus prendre…
22 Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encor.
La Fontaine, Fables, I, 5.
23 (…) Ami, je te conseille
De fuir, en attendant que ton maître s'éveille;
Il ne saurait tarder; détale vite, et cours.
La Fontaine, Fables, VIII, 17.
24 (…) et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent.
Descartes, Disc. de la méthode, I, p. 70.
Prov. || Rien ne sert de courir, il faut partir à point (La Fontaine, VI, 10, Le Lièvre et la tortue) : en toutes choses mieux vaut une allure soutenue, régulière, qu'une ardeur déréglée.
4 Se déplacer beaucoup et rapidement, pour des démarches ( aussi Course). || Il a couru toute la journée pour ses affaires.
24.1 Courant de porte en porte, j'expédiai le soir même les courses de Péra (…)
Loti, Aziyadé, III, p. 180.
5 a Spécialt et vx. Vagabonder.
b Fréquenter les « mauvais lieux », les hommes (pour une femme; Coureuse), les femmes (pour un homme; Coureur) [→ ci-dessous, II., 6.]. fam. Cavaler. || Il ferait mieux de travailler au lieu de courir. || Son mari est gentil, mais il a tendance à courir.
B (Sujet n. de chose).
1 Se mouvoir avec rapidité. || Le train court dans la campagne. || Les nuages courent dans le ciel. || Des ombres courent sur le mur. Glisser.Le ruisseau court entre les roseaux. || L'eau qui court. Couler, écouler (s'); 1. courant. || Un frisson lui courut par tout le corps. Parcourir.Faire courir, laisser courir sa plume sur le papier, écrire au courant de la plume.
25 Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang (…)
Corneille, le Cid, IV, 3.
26 (…) il est dans sa chaise, avec mille petites douleurs qui courent par toute sa personne.
Mme de Sévigné, 1123, 14 janv. 1689.
27 Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours (…)
Hugo, les Contemplations, I, « Aurore », XIX.
28 Au loin court quelque voile hellène ou candiote.
Hugo, les Contemplations, V, « En marche », XX.
29 (…) j'écris sur mes genoux, à la lueur de ma bougie qui se tourmente et fait courir des ombres folles sur les murs blancs (…)
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 195.
30 Quoique l'air fût encore tiède, on y sentait courir des fraîcheurs humides.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 103.
31 (…) et, sur la cime des platanes, la lune courait dans les nuées.
France, Histoire comique, II, p. 32.
32 Le vent qui courait sur la neige était glacial.
M. Barrès, Leurs figures, p. 222.
33 (…) un frémissement parut courir sur toutes ces nuques ployées (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 199.
34 De grandes ombres noires, plissées par le vent, couraient sur les eaux vertes (…)
A. Maurois, le Cercle de famille, I, p. 14.
35 Deux navires courent à contre bord, lorsqu'ils vont l'un au nord, l'autre au sud, par exemple, en recevant la brise chacun de différent côté.
Jules Lecomte, Dict. pittoresque de marine (1836), p. 129.
2 Mar. a (D'un navire). Faire route. Filer. || Courir à terre, au large. || Courir sur un navire, se diriger vers lui. || Courir largue, vent arrière, au plus près. || Courir sur son erre, sur son ancre.
b Jouer librement (d'un cordage). Claquer, glisser.
36 Tout le gréement du bateau est englobé dans une coque de glace (…) et il est totalement impossible de faire courir les manœuvres (…)
Charcot, le « Pourquoi-pas ? » dans l'Antarctique, p. 352, in T. L. F.
3 Circuler rapidement; aller çà et là. Circuler, mouvoir (se), passer. || Les dés couraient sur le feutre vert. || La conversation, les propos courent à bâtons rompus, d'un sujet à l'autre.
4 (Choses; propos.). Être répandu, passer de l'un à l'autre. Circuler, communiquer (se), propager (se), répandre (se). || Faire courir une nouvelle. Colporter. || Le bruit court que… : on dit que… || Les propos joyeux courent à la ronde. || La rumeur courut dans la foule.Impers. || Il court un préjugé contre cette théorie.Par ext. Être en vogue, à la mode. || Une chanson qui court par le pays. || La mode qui court (Académie).
37 (…) je me mets entre vos mains, et connaissant votre fidélité, je dormirai en repos de ce côté-là, mais répondez-moi aussi de M. de Grignan; car ce ne serait pas une consolation pour moi que de voir courir mon secret par cet endroit.
Mme de Sévigné, 485, 1er jour de l'an 1676.
38 (…) vous verrez courir de ma façon, dans les belles ruelles de Paris, deux cents chansons (…)
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
39 (…) Mille bruits en courent à ma honte.
Racine, Britannicus, IV, 2.
40 On fit courir sous son nom cet écrit.
Racine, Port-Royal.
41 Et la légende court, se répand, s'enjolive, un vrai roman de George Sand.
Alphonse Daudet, Numa Roumestan, IX, p. 180.
(Le sujet désigne une maladie). Sévir sous forme d'épidémie. || Il courait alors une fièvre dangereuse (Littré). || Le mal court, pièce d'Audiberti.
5 (En parlant du temps). Suivre son cours, se passer. Continuer, passer. || L'année, le mois qui court. Cours (en). — ☑ Loc. Par le temps qui court, par les temps qui courent, dans le temps où nous sommes. Actuellement (→ fam. Au jour d'aujourd'hui). || Le délai ne court qu'après la sommation.
42 (…) ma douleur était de voir courir le temps trop vite.
Mme de Sévigné, 813, 25 mai 1680.
43 Dans le temps qui court, ce n'est pas un petit mérite (…)
Mme de Sévigné, 402, in Littré.
44 Quand chaque année on est sûr de la suivante, qui peut troubler la paix de celle qui court ?
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, Lettre II.
44.1 Je suppose que vous êtes toujours apatride, ce qui présente de graves inconvénients « par les temps qui courent ».
Patrick Modiano, les Boulevards de ceinture, p. 108.
(Le sujet désigne une somme d'argent due). Être compté (à partir d'une date). || L'intérêt de cette rente court à partir de tel jour. || Mon loyer court du mois de décembre. || Ses appointements, son calvaire courent du début de l'année.
(Sujet n. de chose). Aller rapidement; être en voie, en chemin de. || Courir à sa fin.
Fam. Laisser courir : laisser faire, laisser aller (cf. laisser tomber).
44.2 Ou vous diminuez la circulation fiduciaire, et c'est la porte ouverte à tous les conflits sociaux; ou vous laissez courir et c'est l'inflation.
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 238.
6 (Sujet n. de chose concrète; spatial). S'étendre, se prolonger au long de qqch. || La côte court d'est en ouest. || Le chemin court le long de la berge. || La voie ferrée court vers le nord. || Cette chaîne de montagne court jusqu'à la mer.
45 (…) deux grandes chaînes de montagnes qui courent presque depuis l'extrémité occidentale de l'Asie Mineure… jusqu'à la mer qui baigne les côtes de Chine (…)
G. T. Raynal, Hist. philosophique, I, 4.
———
II V. tr.
1 (XIIIe). Poursuivre à la course, chercher à attraper. Courser.Vx. || Courir qqn.Mod. Chasse. || Courir le cerf, le chevreuil, le daim, le lièvre, le sanglier. Courre.
46 Ce maraud de farceur m'a fait si bien connaître,
Que les petits enfants, sitôt qu'on m'aperçoit,
Me courent dans la rue et me montrent au doigt.
Corneille, la Suite du Menteur, I, 3.
47 Mais aller attaquer de ces bêtes vilaines
Qui n'ont aucun respect pour les faces humaines,
Et qui courent les gens qui les veulent courir (…)
Molière, la Princesse d'Élide, I, 2.
48 (…) le duc (…) m'a voulu mener (…) courir un cerf avec lui ?
Molière, les Précieuses ridicules, 11.
Fig. Courir le même lièvre, se dit de deux personnes qui poursuivent le même but. — ☑ Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, poursuivre deux buts en même temps.
2 Sports. Participer à (une épreuve de course). || Courir le cent mètres. || Ce cheval a couru le grand prix.(Vx). || Courir la bague… : participer à une course de bague…
49 Ce dimanche là (…) on courait le Grand Prix de Paris au Bois de Boulogne.
Zola, Nana, Pl., t. II, p. 1375.
Pron. (Passif). || Cette épreuve se court demain.
3 Rechercher avec ardeur, avec empressement. Chercher, poursuivre, rechercher. || Courir les honneurs. || Courir une place. — ☑ Loc. Courir le cachet. || Courir la leçon.
Vx. || Courir qqn, le rechercher. (S'emploie encore au p. p. infra, Couru).
50 (…) je crois tout de bon que nous les verrions (les femmes) nous courir (…)
Molière, la Princesse d'Élide, III, 2. (→ Acoquiner, cit.1).
51 L'oisiveté des femmes, et l'habitude qu'ont les hommes de les courir partout où elles s'assemblent (…)
La Bruyère, les Caractères, XV, 19.
4 Aller, s'exposer au devant de (qqch.). Exposer (s'exposer à), jeter (se jeter dans, sur…). || Courir les aventures (cit. 21 et 23).
Spécialt. || Courir un danger. || Courir risque, le risque de… : être en péril de… || Il court le risque d'être ruiné. || Courir la chance. Essayer, tenter. || Chacun doit pouvoir courir sa chance. || Courir fortune. Chercher.Vx. || Courir la même fortune : être exposé aux mêmes risques.
52 Ils sont trop habiles pour vouloir courir la fortune.
Mme de Sévigné, 44, in Littré.
53 Elle (ma mère) se représentait avec une terreur folle les dangers que je courais sans elle (…)
France, le Petit Pierre, I, p. 11.
54 (…) Au moins, là-bas (sur le front), chacun court sa chance; on peut s'en tirer, avec deux sous de veine !
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 281.
55 Pour sauver la vie d'un malade, il était capable de tenter n'importe quelle action téméraire, de courir personnellement n'importe quel risque (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 210.
5 Parcourir (un lieu, un espace) fréquemment. Parcourir, sillonner, traverser. || Courir la ville, les rues. Errer. || Courir le pays, les bois, la campagne, les champs. Battre. || Courir le monde. Voyager. || Courir la mer, les océans (spécialt, faire la course comme corsaire). || Les ennemis courent le pays, y font des incursions.
56 Tout cassé que je suis, je cours toute la ville (…)
Corneille, le Cid, III, 5.
57 (…) je ne crois pas que personne s'avise de courir maintenant les rues.
Molière, le Sicilien, 2.
58 (…) Angélique avait couru les quatre coins du monde, seule avec Roland, et on assure le lecteur qu'elle était aussi entière que quand elle était sortie de chez son père (…)
Mme de Sévigné, 901, 23 déc. 1682.
59 Les dimanches et les jours où j'étais libre, j'allais courir les campagnes et les bois des environs, toujours errant, rêvant, soupirant (…)
Rousseau, les Confessions, IV.
60 Ah ! ces grands chevaux de filles qui courent les chemins seules (…) mènent leur voiture, fument du gros tabac et engueulent père et mère (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 127.
Loc. Courir des bordées. Bordée (cit. 2, 3, 4).
(Sujet n. de chose). Se répandre, se propager. || Une nouvelle, une rumeur qui court les salons, les ruelles. — ☑ Courir les rues : être banal, commun, vulgaire. || Ce genre d'esprit court les rues.
61 Il y a, dans la vertu qui court le monde, beaucoup de paille (…)
André Suarès, Trois hommes, III, « Pascal », p. 52.
6 a Fréquenter assidûment. Fréquenter, hanter. || Courir les théâtres, les salons, les bals… || Courir les maisons de jeu, les mauvais lieux.
REM. Cet emploi est archaïque avec des compl. d'une autre nature.
62 (…) je lui ai laissé la liberté de courir les sermons.
Mme de Sévigné, 909, 5 mars 1683.
63 Courir le bal la nuit, et le jour les brelans ?
Racine, les Plaideurs, I, 4.
b Rechercher (un, une partenaire) pour des relations sexuelles. || Courir les filles; courir la gueuse, courir le jupon. Courailler; coureur (II., 2.). || Courir la prétantaine, le guilledou.REM. Le verbe ne s'emploie qu'avec un compl. au plur. ou collectif, pour exprimer une activité habituelle (→ Coureur). aussi Draguer (fam.).
7 Vieilli ou littér. Suivre (une profession, une carrière). || Courir la carrière des armes. || Courir une brillante carrière.
64 Ô vous donc qui, brûlant d'une ardeur périlleuse,
Courez du bel esprit la carrière épineuse,
N'allez pas sur des vers sans fruit vous consumer (…)
Boileau, l'Art poétique, VIII.
65 Le dégoût de la théologie l'avait jeté dans les belles-lettres, ce qui est très ordinaire en Italie à ceux qui courent la carrière de la prélature.
Rousseau, les Confessions, III.
8 Loc. (vx). Courir la poste, au fig., aller fort vite.
9 (1902). Fam. || Courir qqn, l'ennuyer (cf. Casser les pieds, cavaler…). || Tu nous cours avec tes histoires. || Il commence à me courir !(On dit de même courir sur le haricot, sur le système…).
66 Il m'court, avec ses boniments.
Francis Carco, Jésus-la-Caille, II, VIII, p. 137.
66.1 Cette Fiona commence à la courir mais, bon, elle ne peut pas la laisser, dans l'état où elle est, ce soir.
Geneviève Dormann, Je t'apporterai des orages, p. 107-108.
66.2 Une dame qui passait dans le couloir a dit à une autre : Elle commence à nous courir avec son escalier, son couloir.
Jean Ferniot, Pierrot et Aline, p. 220.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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courant, ante p. prés. et adj. Voir à l'article et à l'ordre alphabétique.
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couru, ue p. p. et adj.
1 Recherché. || Prédicateur, conférencier, auteur très couru, à la mode, en vogue. || Réunion très courue. || C'est un spectacle très couru.
67 Ce n'est pas un attachement à ce qui est parfait, mais à ce qui est couru (…)
La Bruyère, les Caractères, XIII, 2.
2 Fam. C'est couru : on peut le prévoir d'avance, cela se produira, la chose ne fait pas de doute; c'est prévu. Certain, sûr; → Cuit (c'est du tout cuit).
67.1 Mais j'avais beau dire : « Attendez et prenez patience ». La réponse était toute prête : « Est-ce à l'impatient Lyautey qui trouve toujours qu'on ne va pas assez vite, qui ne cesse de secouer nerveusement son entourage, à nous prêcher la patience ? Il y a là un dessous; il ne veut pas de colons et voilà tout ! » C'était « couru ».
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 171.
67.2 Maintenant, c'est foutu, dit M. Jo (…)
— C'était couru, dit Suzanne, puis, c'est toujours comme ça.
M. Duras, Un barrage contre le Pacifique, p. 130-131.
REM. Le courir, n. m., est stylistique et peu usuel.
68 Nier, croire, et douter bien, sont à l'homme ce que le courir est au cheval.
Pascal, Pensées, IV, 260.
Vx (et critiqué). || S'en courir : aller (quelque part) en courant.
69 (…) À la fin le pauvre homme
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus.
La Fontaine, Fables, VIII, 2.
70 Des grammairiens ont condamné cette locution (s'en courir) comme fautive; c'est à tort; elle est aussi correcte que s'en aller ou s'enfuir. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'elle est archaïque et tombée en désuétude.
Littré, Dict., art. Courir.
REM. 1. Courir a été employé avec l'auxiliaire être (Sévigné, Correspondance 224, 472, 482, 766, 953, 1096; Racine, Bérénice, II, 1…).
2. Le participe passé couru employé avec avoir s'accorde lorsque le verbe est transitif, et reste invariable lorsque le verbe est intransitif. Ex. : les cent mètres qu'il a courus; les vingt minutes qu'il a couru (il a couru pendant vingt minutes).
CONTR. Marcher, piétiner. — Arrêter (s'), stationner, stopper. — Ralentir. — Éviter, laisser. — Fuir.
DÉR. Courable, courailler, courant, courante, coureur.
COMP.V. Accourir, concourir, encourir, parcourir, recourir, secourir.

Encyclopédie Universelle. 2012.