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imposer

imposer [ ɛ̃poze ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1302 « imputer »; de 2. in- et poser, d'apr. lat. imponere
I(1596) Vx IMPOSER À :en faire accroire à (qqn). ⇒ abuser, tromper. « Le fourbe qui longtemps a pu vous imposer » (Molière). II
1(1335) Faire payer autoritairement. Imposer un tribut, une contribution.
2Faire payer à (qqn), assujettir à l'impôt. Imposer le capital. Être imposé sur ses bénéfices.
Imposer une marchandise : percevoir sur elle des taxes, des droits. ⇒ taxer.
3(1342 imposer silence) IMPOSER QQCH. À QQN : prescrire, faire subir à qqn (une action, une attitude pénible, désagréable). ⇒ commander, exiger, ordonner; infliger. Imposer un travail, une tâche à qqn. Imposer (le) silence à qqn, le faire taire. Imposer sa loi, sa volonté. dicter. Imposer des conditions. « La liberté a les limites que lui impose la justice » (Renard).
Faire accepter, admettre (qqch.) par une pression, une contrainte morale. Imposer ses façons de voir. Imposer un produit par la publicité.
♢ S'IMPOSER (à soi-même). S'imposer qqch. : s'en faire une obligation. S'imposer un effort, une discipline, de l'exercice. S'imposer de faire qqch. Pronom. (sujet chose) Être nécessaire, ne pouvoir être rejeté. La solution qui s'impose. Prendre les mesures qui s'imposent. Ça ne s'impose pas (souvent péj.) :ce n'est pas indispensable.
4Faire accepter (qqn) par force, autorité, prestige, etc. Imposer qqn pour, comme chef. « Elle l'imposerait dans un petit rôle » (Aragon). Par ext. Imposer sa présence.
Pronom. (1829) S'IMPOSER :se faire admettre, reconnaître (par sa valeur...). S'imposer comme chef. S'imposer par le talent. À ce poste, il s'impose, il est le plus qualifié. Notre équipe s'est imposée en finale. Péj. Il a le chic pour arriver à l'heure du repas et s'imposer.
5Trans. ind. (1638) Vx IMPOSER À (qqn) :faire une forte impression, inspirer le respect. Il leur impose par ses façons de grand seigneur. impressionner. Mod. EN IMPOSER À (qqn). « J'ai vu des gens se troubler, tellement il leur en imposait » (Zola). « Un grand nom en impose à tout le monde » (Valéry). S'en laisser imposer : se laisser impressionner par qqn.
III(1530) Poser, mettre (sur).
1 Liturg. Imposer les mains, pour bénir, conférer certains sacrements. — Par ext. Guérisseur qui impose les mains (pour faire passer le fluide).
2(1690) Imprim. Imposer une feuille : grouper les pages de composition de façon à obtenir, après pliage de la feuille imprimée, un cahier présentant des marges correctes et une pagination suivie (travail de l' imposeur ).
⊗ CONTR. (du II) Affranchir, dégrever, dispenser. Incliner (s').

imposer verbe transitif (ancien français emposer, mettre sur, francisation, d'après poser, du latin imponere) Obliger quelqu'un à faire ou à subir telle action en se soumettant à un ordre, à un règlement : Le directeur nous impose le silence. Entraîner telle action, tel état par son existence, sa nature mêmes : La situation impose qu'on fasse des sacrifices. Faire connaître, reconnaître, accepter son autorité, sa volonté, ses idées, sa valeur : Il a réussi à imposer son point de vue. Couturier qui a imposé son nom aux États-Unis. Faire naître sans conteste le respect, l'admiration, etc., chez autrui : Attitude héroïque qui impose le respect. Faire l'imposition pour l'établissement d'une forme d'impression. ● imposer (expressions) verbe transitif (ancien français emposer, mettre sur, francisation, d'après poser, du latin imponere) Imposer les mains, en parlant du prêtre ou de l'évêque, pratiquer l'imposition des mains. ● imposer (synonymes) verbe transitif (ancien français emposer, mettre sur, francisation, d'après poser, du latin imponere) Obliger quelqu'un à faire ou à subir telle action en...
Synonymes :
- édicter
Contraires :
Entraîner telle action, tel état par son existence, sa nature...
Synonymes :
imposer verbe transitif indirect En imposer, impressionner (quelqu'un), forcer le respect, l'admiration : Il veut nous en imposer avec ses manières.imposer verbe transitif (de imposer) Soumettre à l'impôt : Imposer les contribuables sur leurs revenus. Imposer les boissons alcoolisées.imposer (expressions) verbe transitif indirect En imposer, impressionner (quelqu'un), forcer le respect, l'admiration : Il veut nous en imposer avec ses manières.imposer (synonymes) verbe transitif indirect En imposer
Synonymes :
- bluffer (familier)
- éblouir
- épater (familier)
- esbroufer (vieux)
- jeter de la poudre aux yeux (familier)
imposer (synonymes) verbe transitif (de imposer) Soumettre à l' impôt
Synonymes :
Contraires :
- dégrever
- détaxer
- exonérer

imposer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Faire accepter en contraignant. Imposer une tâche. Imposer un mari à sa fille.
|| v. intr. En imposer: susciter le respect, l'admiration.
d2./d Soumettre à l'impôt. Imposer les contribuables. Imposer telle catégorie de revenus.
d3./d LITURG Imposer les mains, les mettre sur la tête de qqn selon un rite sacramentel.
rII./r v. Pron.
d1./d Se contraindre à. S'imposer des sacrifices.
d2./d (Choses) être indispensable. Cette démarche s'impose.
d3./d Se faire accepter par ses qualités personnelles ou par des manifestations d'autorité. Un chef qui s'impose.

⇒IMPOSER, verbe
I. — Emploi trans.
A. — [Le suj. désigne un animé]. Vx ou littér. Poser (sur quelqu'un ou quelque chose). Je me penchai pour imposer sur son front le baiser solennel qui consacrait notre mariage (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 145). Monté sur un rocher de cette sombre sierra où fut imposé l'énorme monastère [l'Escurial], quel voyageur n'a subi le despotisme de ce paysage (...)! (BARRÈS, Sang, 1893, p. 49) :
1. ... quelle joie donc d'être un escargot. Mais cette bave d'orgueil ils en imposent la marque à tout ce qu'ils touchent. Un sillage argenté les suit. Et peut-être les signale au bec des volatiles qui en sont friands.
PONGE, Parti pris, 1942, p. 31.
En partic.
Imposer les mains. Poser, étendre les mains sur quelqu'un ou sur quelque chose pour le bénir, le guérir, lui conférer un pouvoir. Les apôtres donnaient le Saint-Esprit en imposant les mains (Ac.). L'étranger (...) imposa les deux mains en signe de deuil sur la tête de l'indienne, car elle avoit perdu son père et sa mère (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 131). L'évêque (...) m'imposa les deux mains sans mot dire, et il prolongea ce geste, il l'appuya dans l'intention évidente d'y faire passer toute son autorité d'évêque (BILLY, Introïbo, 1939, p. 144) :
2. ... comme les débauches de la nuit lui avaient donné faim, il pilla le couvent et se mit à table. Les hanaps emplis, il se souvint des moines et les appela. « C'est le moment de consacrer », dit-il. Et il leur ordonna d'imposer les mains sur cette orgie.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 272.
LITURG. CATH. Imposer les Cendres. Déposer sur la tête ou le front d'un pénitent un peu de cendre, à l'entrée du Carême (d'apr. Foi t. 1 1968, s.v. imposition).
TYPOGR. Imposer une feuille. Disposer dans les formes les paquets de composition de manière à obtenir, après l'impression d'une feuille et son pliage, la suite des pages dans leur ordre numérique et avec des marges correctes (d'apr. L. RADIGUER, Maîtres imprimeurs et ouvriers typographes, 1903, p. 101).
Au fig., vx. Imposer un nom. Donner un nom. J'ai eu l'attention la plus scrupuleuse à ne pas changer les noms que le capitaine Cook avait imposés aux différens caps qu'il avait reconnus (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 169). Après les trente ou quarante jours de purification, l'accouchée se dispose à revenir à sa cabane : les parents s'y rassemblent pour imposer un nom à l'enfant (CHATEAUBR., Voy. Amér., 1827, p. 156). V. cercle ex. 9.
B. — 1. [Le compl. d'obj. désigne une chose généralement désagréable, pénible ou difficile] Obliger à subir ou à faire.
a) [Le compl. d'obj. est un subst.] Les conventions théâtrales imposées aux acteurs par la configuration d'un théâtre (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 112). Les restrictions cruelles imposées à la distribution du gaz (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 451). Un réacteur atomique (...) doit être mené avec la même discipline que celle imposée à l'équipage d'un navire (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 226). V. avent ex. 4 :
3. ... il était musulman, et sa religion, ainsi que les usages, lui imposaient la plus grande réserve avec les femmes quand elles n'ont pas été achetées par un bon contrat, ou prises à la guerre.
MILLE, Barnavaux, 1908, p. 204.
SYNT. Imposer son autorité, ses conditions, une contrainte, des devoirs, une épreuve, son joug, sa loi, une obligation, une pénitence, sa présence, une tâche, sa volonté (à qqn); privations, sacrifices imposés par la nécessité.
Imposer (le) silence. Faire taire, ne pas laisser parler. Ne m'interrompez pas, dit Camusot en imposant silence à Lucien qui voulait parler, je ne vous interroge pas encore (BALZAC, Splend. et mis., 1846, p. 448). Au beau milieu du silence qu'imposa la majesté d'une pièce de pâtisserie (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 51).
Au fig.
[Le compl. second. désigne le siège ou une manifestation de l'affectivité humaine] Réprimer l'agitation, les élans. Imposer silence à ses passions. Il cherchait à imposer silence à son cœur, pour concentrer toute la force de son attention dans la discussion du parti à prendre (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 133). Le véritable devoir consiste à imposer silence aux sentiments d'une stérile humilité (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1327).
[Le compl. second. désigne des détracteurs ou leurs propos] Enlever tout crédit, la possibilité de poursuivre des attaques. Imposer silence aux médisants, à la calomnie, au mensonge (Ac.). Il est aisé de voir où cette inculpation [de magie] l'aurait conduit (...) s'il n'eût eu l'esprit d'imposer silence à ses ennemis en faisant bâtir l'église Saint-Jacques-la-Boucherie (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 32).
Emploi pronom. réfl. indir. Malgré la contrainte qu'il s'imposait pour être aimable, sa figure vieillotte ne parvenait pas à plaire (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 256). Pour se punir, il s'était imposé son châtiment coutumier : dix fois de suite une longue épingle dans la cuisse (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 14) :
4. ... pour chaque dîner, où son devoir de fidèle sujet l'avait obligé à manger comme tout le monde, il s'imposait une pénitence de deux journées de nourriture au pain et à l'eau.
STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 130.
Emploi pronom. passif. Être nécessaire. Prendre les mesures qui s'imposent. Plus une tâche est difficile, plus aussi elle s'impose à des consciences comme les nôtres (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 99). Duputel était un des grands aigles du régime. Les obsèques nationales s'imposaient (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 428).
En partic. (cf. infra I C) [Le compl. d'obj. désigne une somme d'argent] Faire payer d'autorité. Imposer une contribution, un tribut. Les charges qu'on impose au contribuable (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 511). La taxe extraordinaire imposée sur les charges de secrétaire du roi (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 209) :
5. L'argent manquait : une nouvelle taille fut imposée; et l'on était si pressé, qu'au lieu de laisser les gens des bonnes villes lever eux-mêmes leur impôt (...) des commissaires du roi furent envoyés partout...
BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 350.
Emploi pronom. réfl. indir. Une loi autorise ce département à s'imposer extraordinairement deux centimes additionnels (Ac.).
b) [Le compl. d'obj. est un inf. introd. par de] Comme devoirs de vacances on m'avait simplement imposé de lire Télémaque (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 183). La situation imposait de s'en tenir à la défense des Hauts-de-Meuse (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 312) :
6. M. Homan me punit d'arrêt fixe, ensuite me relégua seul dans une cour voisine, enfin m'imposa de marcher à vingt mètres derrière le dernier rang pendant la promenade.
BILLY, Introïbo, 1939, p. 26.
Emploi pronom. réfl. indir. Parfois, il s'imposait bien de rester à la maison jusqu'au soir; mais c'était, en fin de compte, se priver sans profit pour la malade (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 50) :
7. ... un athée, c'était (...) un fanatique (...) qui s'imposait de prouver la vérité de sa doctrine par la pureté de ses mœurs, qui s'acharnait contre lui-même et contre son bonheur au point de s'ôter le moyen de mourir consolé...
SARTRE, Mots, 1964, p. 79.
2. Faire accepter, faire admettre par une pression morale.
a) [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr., une manifestation de l'esprit humain] Imposer ses idées, son jugement, son opinion, sa pensée, ses vues; imposer le respect. Il avait beau se défendre d'imposer aux autres sa façon de sentir, il n'était pas tolérant (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1536). Comment, par quels moyens, le peintre a-t-il contribué à imposer cette notion : l'art? (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 65) :
8. ... il dominait la cliente, il se hâtait de l'expédier pour passer à une autre, en lui imposant son choix, en lui persuadant qu'il savait mieux qu'elle l'étoffe dont elle avait besoin.
ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 490.
9. Nulle emphase, chez lui, nulle infatuation; mais une sorte de conviction profonde qui impose la confiance.
GIDE, Journal, 1943, p. 249.
Imposer l'antienne.
Emploi pronom. réfl. dir. Faire accepter, faire admettre sa valeur, ses mérites. Des hommes (...) qui, par leur maîtrise d'eux-mêmes, savent s'imposer à leurs subordonnés et dominer les événements (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 370) :
10. Quel honneur, monsieur [Pétain], que de recevoir dans des conjonctures si formidables, la plénitude du commandement, que de s'imposer à tous comme celui dont les circonstances proclament qu'il faut ou le prendre ou périr!
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 83.
Emploi pronom. passif. L'idée était revenue, peu à peu enveloppante, pressante; et, maintenant, elle s'imposait, de toute la force victorieuse de sa simplicité et de son absolu (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 531). L'impressionnisme, bon ou mauvais, s'était imposé à l'attention du public (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 157) :
11. ... là où le monothéisme a été franchement reconnu, c'est-à-dire dans le monde chrétien, il a immédiatement occupé une place centrale et s'est imposé comme le principe des principes.
GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 46.
b) [Le compl. d'obj. désigne un auteur, un artiste considéré du point de vue de son œuvre] Maugis est un de ceux qui ont « découvert » Wagner en France. Il l'a imposé, d'années en années, par des chroniques têtues (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 185). Quand Taine veut imposer un romancier, c'est Hector Malot; Anatole France un poète, c'est Frédéric Plessis (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 19).
Emploi pronom. réfl. dir. Nul pédantisme, aucune affectation de grandeur vaniteuse ou de morgue choquante : tout naturellement il [Rubens] s'impose (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 38). Renoir s'impose à la déférence par l'obstination de son labeur, par l'originalité de sa vision, par sa réunion des dons fondamentaux de son art (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 139).
3. [Le compl. d'obj. désigne une pers. gén. indésirable] Obliger à accepter, à admettre. Un père est un domestique imposé par la nature; on le dépose au vestiaire avec les parapluies, quand il est grognon et laid (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 74). La Chambre, de son autorité, impose à une circonscription un représentant qu'un arrêt ayant la force de chose jugée déclare criminel (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1918, p. 390). V. cafard2 ex. 3.
Emploi pronom. réfl. dir. Il s'imposa comme directeur de l'entreprise (Ac. 1878-1935). On donne des dîners partout; as-tu seulement tenté une démarche pour faire inviter ta femme et ta fille? — J'ai pour principe de ne jamais m'imposer (THEURIET, Mar. Gérard, 1875, p. 43) :
12. Dans l'état précaire où était son autorité dans le pays, il ne croyait pouvoir gouverner qu'en faisant peur et en s'imposant comme un souverain arbitre des différends industriels.
SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 308.
C. — Le plus souvent au passif. Soumettre à un impôt (v. supra I B 1 en partic.).
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une collectivité] Imposer qqn à tant (Ac.). Le contribuable qui est trop peu imposé ne réclame pas pour qu'on augmente sa quote, et celui qui est surtaxé paie mal (SAY, Écon. pol., 1832, p. 513) :
13. ... Mazarin (...) imagina d'établir une taxe sur les principales maisons de Paris, mais (...) ayant rencontré dans les intéressés quelque résistance, il se borna à ajouter les cinq millions dont il avait besoin au brevet général de la taille. Il voulait imposer les citoyens les plus opulents; il se trouva avoir imposé les plus misérables...
TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 182.
Emploi pronom. réfl. dir. Autoriser un département à s'imposer extraordinairement (Ac.).
2. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Imposer le vin, le sel, les cartes. Imposer les allumettes (Ac. 1935). Si l'on impose chez nous les cotonnades, la demande de ces produits devenant moins forte, les services productifs de nos fabricans seront moins payés (SAY, Écon. pol., 1832p. 527). Le bruit s'était mystérieusement répandu (...) que tout chapelet serait prochainement imposé d'une taxe de cinq francs cinquante (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 241) :
14. ... le percepteur des contributions n'osait pas trop vous vexer si vous étiez en retard sur la somme annuelle de cent francs à laquelle étaient imposées vos petites propriétés.
STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 465.
II. — Emploi intrans.
A. — Vx ou littér. (En) imposer. Tromper par de fausses apparences. S'en laisser imposer. Les côtes de la tortue (...) s'engrènent entre elles et avec les vertèbres du dos pour former le test. Ces sutures en ont même imposé à plusieurs naturalistes, qui ont pris des tests fossiles de tortue pour des fragmens de crânes humains (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 124) :
15. Quel attrait (...) me ramène toujours vers tes mânes, ô Clytie? Tu m'as trompé pourtant, c'est-à-dire tu m'en as imposé par orgueil et par fausse gloire, tu m'as entouré de faux prestiges et de fables (...) sans me dire (...) la vérité...
SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 14.
16. Camarade, ne crois à rien; n'accepte rien sans preuve (...). L'appétit de savoir naît du doute. Cesse de croire et instruis-toi. L'on ne cherche jamais d'imposer qu'à défaut de preuves. Ne t'en laisse pas accroire. Ne te laisse pas imposer.
GIDE, Nourr. terr., 1897, p. 295.
B. — En imposer (usuel) ou imposer (vx ou littér.). Inspirer l'admiration, le respect, parfois la crainte. Un verbe énorme qui en imposait aux badauds (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1530). La vérité est la seule force qui impose, parce qu'elle est la seule puissance qui protège (MASSIS, Jugements, 1923, p. 218). V. aimable ex. 23 :
17. Non, il [ton mari] ne t'impose pas, tu n'as pas pour lui ce profond respect, cette tendresse pleine de crainte qu'une véritable amante a pour celui en qui elle voit un Dieu.
BALZAC, Mém. jeunes mar., 1842, p. 307.
18. Ce peuple expansif et aimable s'en laisse imposer par la morgue pédante et la nullité prétentieuse des pontifes de la cravate blanche : (...) ils ont seuls son admiration secrète et sa confiance absolue!
PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, I, 2, p. 8.
Rem. ,,En imposer a été pris souvent dans le sens précédent [sens II B]; mais il signifie plus exactement tromper, abuser, surprendre, en faire accroire`` (Ac.).
REM. Imposeur, subst. masc. Typographe qui procède à l'imposition (v. imposition A et imposer I A). Nous ne parlerons que pour mémoire des clichés montés sur bois, qui n'offrent aucune difficulté, sauf les vices d'équerre, auxquels l'imposeur est obligé de remédier (E. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 345).
Prononc. et Orth. : [], impose []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1302 trans. « imputer à tort » (Cart. de S.-Bertin, IV, 5, Guérard ds GDF.); 1536 [éd.] id. « faire croire une chose fausse » (CALVIN, Instit. chrétienne, éd. J.-D. Benoit, III, XVI, § 1); 1596 intrans. « faire accroire, tromper » (HULSIUS). II. 1. a) 1370-72 « frapper d'une peine » (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, fol. 27c : Les painnes que l'en impose a ceulz qui pechent); b) XIVe s. [ms.] « faire subir, faire accepter par contrainte » ces charges furent ... imposees (BERSUIRE, Trad. de T. Live, ms. B.N. fr. 20312 ter, f° 21 verso ds LITTRÉ); c) 1342 imposer par jugement ... silance ... ausdiz acuseurs et denonceurs (A.N. JJ 74, f° 7 v° ds GDF. Compl., s.v. silence); 1358 imposer silance à son procureur (Lett. de remission, Bibl. des ch., 5e série, t. 1, p. 82 ds LITTRÉ); 2. a) 1332, 29 janv. impouser a qqn « soumettre quelqu'un à un impôt » (Ord., XII, 15 ds GDF. Compl., s.v. emposer); 1422 imposer qqn « frapper d'un impôt » (Doc. dans Livre Roisin, éd. Brun-Lavainne, p. 192 ds T.-L.); b) 1690 « lever un tribut sur les marchandises » (FUR.); 3. 1552 « se faire une obligation de » (DU BELLAY, Enéide, livre III, 717, éd. H. Chamard, t. 6, p. 257); 4. a) 1564 trans. « faire accepter par une pression morale » (CALVIN, op. cit., IV, X, § 1 : on ne doit imposer nécessité aux consciences ès choses desquelles elles sont affranchies par Iesus-Christ); b) 1715 id. « faire une forte impression, commander le respect, l'admiration » imposant part. prés. adj. un air imposant (LESAGE, Gil Blas, II, III ds ROB.); c) 1735 en imposer (MARIVAUX, Marianne, 4e part. ds LITTRÉ); d) 1828 pronom. « faire reconnaître son ascendant moral ou intellectuel » (GUIZOT, Hist. civilisation, 4e leçon, p. 25); e) 1732 « impressionner par son importance » en partic. part. prés. adj. un faste imposant (VOLT., Zaïre, IV, 5 ds LITTRÉ); 1825 « qui est important » une majorité imposante (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, p. 25); en partic. 1855 qui est de forte corpulence l'imposante matrone (NERVAL, Bohême gal., p. 145); 5. 1664 « contraindre quelqu'un à admettre une personne indésirable » (RACINE, Thébaïde, III, 4); 1829 pronom. « se faire accepter par contrainte » (BOISTE). III. 1. 1499 imposer un nom « désigner par un nom spécial » (ds FEW t. 8, p. 64a et b); cf. 1567 (AMYOT, Démosth., 6 ds IGLF : ce surnom luy fut imposé); 2. 1530 « poser, mettre sur » (PALSGR., p. 602 : Il ma imposé une grant charge); en partic. 1541 imposer les mains (CALVIN, op. cit., IV, XVI, § 7); 3. 1690 impr. (FUR.). Empr. au lat. imponere « placer sur; donner une charge à quelqu'un; imposer un tribut; abuser, tromper » francisé d'apr. poser; d'abord en a. fr. emposer « poser, mettre sur » 1re moitié XIIe s. (Psautier Cambridge, 50, 20 ds T.-L.), en partic. emposer [un] num 1119 (PH. DE THAON, Comput, 554, ibid.) puis imposer par latinisation du préf. (FEW t. 8, 64 a et 74 a). Fréq. abs. littér. : 4 793. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 5 267, b) 3 985; XXe s. : a) 6 552, b) 9 814.
DÉR. Imposable, adj. Qui peut être imposé, qui peut être soumis à l'impôt. Matière imposable (v. assiette de l'impôt). Tous les impôts possibles sur les matières les moins vraisemblablement imposables, un service militaire de plus en plus écrasant (...) tout cela passe sur nos Français comme un chien dans un troupeau (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 63). Les privilégiés redoutaient les impôts : une assemblée du clergé, réunie par Brienne qui en espérait un subside, le refusa net, déclara (...) que le peuple français n'était pas imposable à volonté (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 23). []. Att. ds Ac. dep. 1798. 1re attest. 1454, 26 juin « qui peut être soumis à l'impôt » imposables et contribuables (Sent. de l'abbé de Vezelai, Hist. d'Auxerre ds GDF. Compl.); de imposer, suff. -able. Fréq. abs. littér. : 12.
BBG. — JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917/18, t. 30, pp. 68-69.

imposer [ɛ̃poze] v. tr.
ÉTYM. 1302, « imputer à tort à qqn », sens III, 1; emposer, v. 1120; Oresme « frapper de (une peine) », 1370; de im- (→ 2. In-) « sur », et poser, sur le modèle du lat. imponere.
———
I (1530). Poser, mettre (sur).
1 Liturgie. || Imposer les mains, pour bénir, conférer certains sacrements ( Imposition).Par ext. || Guérisseur, hypnotiseur qui impose les mains.Imposer les cendres, lors de la cérémonie de la distribution des cendres. || « L'officiant impose (…) les cendres au prêtre qui les lui a imposées, à ses Ministres (…) et aux fidèles » (Robert Lesage, Dict. de liturgie).
1 (…) après lui avoir imposé les mains sur la tête, il lui déclara ce que le Seigneur avait commandé.
Bible (Sacy), Nombres, XXVII, 23.
2 Après avoir imposé ses mains au-dessus du front de Wilfrid (…)
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 482.
2 (1690). Techn. (imprim.). || Imposer une feuille : grouper les pages de composition et les serrer dans le châssis de façon à obtenir, après pliage de la feuille imprimée, un cahier présentant des marges correctes et une pagination suivie ( Forme).
3 (1499). Vx. || Imposer un nom à une chose, à une idée… (→ Géomètre, cit. 3), la désigner par un nom spécial.
3 (…) dans toutes les sciences on a eu la petite vanité d'imposer des noms fastueux aux choses les plus communes.
Voltaire, Des singularités de la nature, VII.
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II
1 a (1342; imposer silence). || Imposer qqch. à qqn. : prescrire à qqn (une action, une attitude pénible, difficile, désagréable…). Commander, demander (impérativement), exiger, prescrire; astreindre, contraindre, enjoindre, forcer, obliger. || Imposer un travail, une tâche (→ Griserie, cit. 6) à qqn. || La charge, le fardeau, le travail qui lui est imposé ( Incomber). || Imposer un châtiment, une peine, une punition à un coupable. Infliger; condamner (à). → Expiatoire, cit. 2. || Imposer le silence, imposer silence à qqn, le faire taire (→ Avocat, cit. 5; étaler, cit. 41; face, cit. 7).(1736). Fig. || Imposer silence à ses passions, à ses scrupules. || Imposer le secret. Enjoindre.(Avec ou sans compl. en à). || Imposer une loi, sa loi. Dicter, donner, faire. || Imposer son autorité à qqn. Soumettre (à). || Imposer sa volonté, sa domination, son caprice (cit. 8 et 10). || Savoir imposer le respect de ses arrêts, de ses décisions (→ Arbitre, cit. 9). || Imposer un joug, des chaînes (→ Faveur, cit. 19). || Imposer à des vaincus des conditions sévères, draconiennes. Fixer. || Imposer à tous les citoyens l'obligation, la nécessité de… (→ Exposition, cit. 14). || Imposer des règles, un régime.
4 Puisque Sertorius m'impose ce devoir.
Corneille, Sertorius, II, 5.
5 Quelques (sic) dures que soient, Madame, les conditions que vous m'imposez, je ne refuse pas de les remplir.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XLII.
6 En vous soumettant à des privations légères, que je ne vous impose point, mais que je vous demande (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XC.
7 Surtout, sa grande idée (de Charlemagne) était d'en finir avec la Germanie, de dompter et de civiliser ces barbares, de leur imposer la paix romaine.
J. Bainville, Hist. de France, III.
8 (…) aussi le général entendait-il imposer, plus que faire agréer, les conditions qu'il avait signées.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, IX.
9 (…) les hommes supportent mal les restrictions qui leur sont imposées par le tyran national ou par la domination étrangère (…)
G. Duhamel, Scènes de la vie future, IV.
(Sujet n. de chose). || Devoir, obligations qu'impose la conscience (→ Engagement, cit. 2), la foi (→ Fréquentation, cit. 7). Impératif. || Les mesures que la nécessité avait imposées (→ Généraliser, cit. 1). || La civilisation du XVIIIe siècle avait imposé sa forme à l'Europe (→ Hiérarchie, cit. 10).
10 Le fort fait ses événements, le faible subit ceux que la destinée lui impose.
A. de Vigny, Journal d'un poète, p. 25.
11 En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun.
Renan, Discours et conférences, Qu'est-ce qu'une nation ? Œ. compl., t. I, p. 904.
12 La liberté a les limites que lui impose la justice.
J. Renard, Journal, 9 août 1905.
13 Les hommes (…) ont besoin d'un mode de vie qui impose à chacun un effort constant, une discipline physiologique et morale, et des privations.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, III, XIV.
Spécialt. || Imposer le respect. Inspirer (→ ci-dessous, III., 3.).
14 (…) ce magistrat, dont la vieillesse vénérable impose le respect à tout un peuple (…)
Pascal, Pensées, II, 82.
(1541). Faire accepter, admettre (qqch.) par une pression, une contrainte morale. || Imposer aux autres son opinion, son point de vue, ses façons de voir (→ Catéchiser, cit. 1). || Imposer au public ses théories (→ Faire, cit. 267). || Imposer son nom par la réclame (→ Concurrent, cit. 6).Imposer une idée à son propre esprit.
15 La science lui impose la foi dans l'unité de la raison.
R. Rolland, Au-dessus de la mêlée, p. 1.
16 Le premier homme qui a su imposer à l'esprit d'un adolescent le respect d'une force morale plus haute conserve sur lui une autorité que l'orgueil même ne détruit pas.
A. Maurois, Vie de Byron, I, VIII.
b Pron. (Réfl.). || S'imposer qqch. (à soi-même), s'en faire une loi, une obligation.Littér. (le compl. désigne une contrainte extérieure). || S'imposer l'obligation de… || S'imposer une contrainte, une discipline (cit. 8), une loi (→ Dérober, cit. 26; éviter, cit. 49).Cour. (Le compl. désigne une action, un comportement). || S'imposer un effort de volonté (→ Ascèse, cit. 2), un sacrifice. || S'imposer un exercice, une promenade, un exil (cit. 1). || S'imposer une attitude, un comportement (→ Candeur, cit. 7). || S'imposer de faire qqch., en surmontant ses répugnances (→ Se faire violence).
17 (…) quiconque s'impose un devoir que la nature ne lui a point imposé, doit s'assurer auparavant des moyens de le remplir; autrement il se rend comptable même de ce qu'il n'aura pu faire.
Rousseau, Émile, I.
18 Quand tu t'imposes le silence, tu trouves des pensées; quand tu te fais une loi de parler, tu ne trouves rien à dire.
Stendhal, Journal, p. 303.
19 Ce garçon (Lousteau), habitué à ne rien dissimuler, s'imposait au logis un sourire semblable à celui du débiteur devant son créancier. Cette obligation lui devenait de jour en jour plus pénible.
Balzac, la Muse du département, Pl., t. IV, p. 187.
20 (…) elle s'était imposé, pour qu'au moins il réussît, des privations constantes et extrêmes.
Loti, Matelot, III.
21 Une méthode, c'est là ce que je ne puis parvenir à m'imposer (…)
Gide, Journal, 3 mai 1906.
22 La première règle que les maîtres doivent s'imposer, s'ils veulent imposer les autres aux enfants, c'est de respecter le langage réel, la vérité du langage.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 10.
23 (…) l'aptitude que possède l'être humain de s'imposer à lui-même une règle de conduite (…) crée en lui le sentiment d'une obligation, d'un devoir.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, IV, III.
c S'imposer v. pron. (Passif). Sujet n. de chose. Devoir être accepté, ne pas pouvoir être refusé. || Choix, solution, nécessité qui s'impose (→ Café, cit. 5; fédérer, cit.). || Le recours à l'analyse (cit. 6) s'impose. || Les croyances qui s'imposent à l'homme (cit. 86). || Ces déductions (cit. 5) s'imposèrent à son esprit. || Cette notion ne s'est pas imposée sans lutte (→ Homme, cit. 7). || Les maximes d'équité (cit. 19) qui s'imposent au législateur lui-même. || Technique qui s'impose à une époque donnée (→ Gouvernail, cit. 3). || Cette tournure s'est imposée dès le moyen âge (→ Gérondif, cit. 3). || Cela ne s'impose pas : ce n'est pas indispensable.S'imposer à… || Passé, image qui s'impose au souvenir, à la mémoire (→ Film, cit. 2). || S'imposer à l'imagination (→ Abstraction, cit. 9). || Scène qui s'impose à l'œil, à l'esprit (→ Assiette, cit. 10). || Œuvre qui s'impose à tous. || Les estampes (cit. 3) de Rembrandt s'imposent même aux ignorants.Absolt. || La vérité s'impose par l'évidence. Triompher. || Le génie s'impose, n'est pas contesté (cit. 5).
24 Mais la réalité présente parlait plus haut que les rêves du passé; elle s'imposait, impérieuse.
R. Rolland, Vie de Tolstoï, p. 34.
25 Mme de Fontanin faisait de vains efforts pour se ressaisir, et ne parvenait pas à accepter le spectacle qui s'imposait à sa vue.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 237.
2 a (1664). Faire accepter (qqn) par force, autorité, prestige, etc. || Imposer qqn (à qqn, à un groupe, etc.) pour chef, pour maître, comme chef, en tant que chef. Impatroniser (→ Efflanqué, cit. 2).Passif ou p. p. || Maître imposé par la force (→ Exécrer, cit. 5).Par ext. || Imposer sa présence dans un lieu, quelque part, chez quelqu'un.
26 Elle l'imposerait dans un petit rôle, pour commencer (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XIV.
b (1829). || S'imposer v. pron. (Réfléchi). Sujet n. de personne. Se faire admettre, reconnaître… || S'imposer comme chef. || S'imposer comme épouse (→ Ascendant, cit. 9). || Il s'imposa pour remplir cet emploi. || Dans cette circonstance, c'est lui qui s'impose, qui est le plus qualifié.Absolt. || S'imposer par le talent, la compétence… (→ Gagner, cit. 41).Péj. || S'imposer d'une façon indiscrète. || Il n'aime pas les gens qui s'imposent (→ Défaire, cit. 17).
27 Barère d'ailleurs persuadait d'autant mieux qu'il ne paraissait pas vouloir s'imposer.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. VI, p. 330.
28 C'est alors que Bennigsen se décida à agir pour s'imposer par un éclatant succès.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Vers l'Emp. d'Occident, XX.
29 Qu'isolé dans les premières semaines, l'homme se soit, par un mélange de dignité et d'habileté, de fermeté et de tact, imposé aux puissances, puis insinué entre elles pour briser leur union contre la France, c'est là évidemment une de ces belles parties de jeu qui ravissent les connaisseurs.
Louis Madelin, Talleyrand, XXX.
3 (1422; imposer à qqn, 1332). Faire payer autoritairement. Charger, frapper, grever. || Imposer une charge, un tribut, une taxe, une contribution, des droits (à qqn). Imposition, impôt. || Indemnités imposées au vaincu (→ Boucher, cit. 3).Passif et p. p. || Gabelle (cit. 1) imposée sur…
Faire payer à (qqn). || Imposer qqn (XVe), l'assujettir à l'impôt, déterminer le montant de son imposition (→ 3. Forfait, cit. 2). || Ceux que l'on impose. Contribuable, imposable (→ ci-dessous Imposé, p. p.). || Imposer exagérément, excessivement. Surcharger, surimposer.
(1690). || Imposer une marchandise, percevoir sur elle des taxes, des droits. Taxer.
30 (…) le roi avait le cens et la taille, l'évêque avait la dîme, le seigneur imposait tout, battait monnaie avec tout. Plus rien n'appartenait au paysan, ni la terre, ni l'eau, ni le feu, ni même l'air qu'il respirait.
Zola, la Terre, I, V.
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III
1 Vx. (1302 : premier emploi attesté du mot). Mettre sur le compte de, attribuer faussement à quelqu'un. Imputer.
31 (…) l'on a voulu très méchamment m'imposer une extravagance, pour me tourner en ridicule (…)
Ch. de Sévigné, in Mme de Sévigné, Lettres, 1478, 31 août 1697.
Absolument :
32 Il n'est ni calomniateur ni faussaire, et vous ne vous plaignez point qu'il lui impose (à l'auteur qu'il cite).
Pascal, les Provinciales, XI.
2 Vieilli ou littér. Mettre dans l'esprit, faire croire (une chose fausse).(1596). Trans. ind. || Imposer à : en faire accroire à (qqn). Abuser, tromper. || Celui qui impose à qqn. Imposteur. || Apparence (cit. 10) qui impose au vulgaire. Illusion (faire illusion). || Imposer aux yeux (→ Farder, cit. 7, La Bruyère).
33 (…) pour puissant et rusé qu'il soit, il ne me pourra jamais rien imposer.
Descartes, Méditations, I, XI.
34 Le fourbe qui longtemps a pu vous imposer (…)
Molière, Tartuffe, V, 6.
35 L'on ne cherche jamais d'imposer qu'à défaut de preuves. Ne t'en laisse pas accroire. Ne te laisse pas imposer.
Gide, Nouvelles nourritures, IV.
Vieilli. || En imposer (même sens) :
36 Qu'elle ne pense pas que, par de vaines plaintes,Des soupirs affectés, et quelques larmes feintes,Aux yeux d'un conquérant on puisse en imposer (…)
Voltaire, l'Orphelin de la Chine, III, 1.
37 Le discours affectueux de Néron n'en imposa point à Sénèque.
Diderot, Essai sur les règnes de Claude et Néron, I, 90.
3 (1538). Trans. ind. a Vx ou littér. || Imposer à (qqn), faire une forte impression, commander le respect, l'admiration, inspirer une sorte de soumission craintive… ( Imposant). || Son allure, sa prestance, son ton imposent à tous. || Il leur impose par ses façons (cit. 45) de grand seigneur. || Il impose par la fierté de son regard, par son aspect majestueux (Académie). Impressionner, subjuguer.Absolt. || Esprit éblouissant (cit. 5) qui impose.
38 De bien des gens il n'y a que le nom qui vale (vaille) quelque chose. Quand vous les voyez de fort près, c'est moins que rien; de loin ils imposent.
La Bruyère, les Caractères, II, 2.
39 Le monde est rempli de ces hommes qui imposent aux autres, par leur réputation ou leur fortune (…)
Vauvenargues, Réflexions et maximes, DXX.
40 (…) il imposait tellement à cette jeune et touchante créature, qu'en sa présence, ou en tête-à-tête, elle tremblait.
Balzac, la Maison du Chat-qui-pelote, Pl., t. I, p. 55.
41 Froides, sérieuses et soignées dans leur mise, respectables aux étrangers et à leurs familles, elles (ces femmes) vivent au milieu des soldats et leur imposent.
Michelet, Hist. de France, III.
42 — Si je vous entends bien, Protos a eu sur vous de l'influence. — Peut-être. Il m'imposait.
Gide, les Caves du Vatican, II, VI.
b Mod. || En imposer à (même sens). || La multitude à qui un cordon (cit. 6, d'Alembert) en impose plus qu'un bon ouvrage. || Force de caractère (cit. 56) qui en impose (Rousseau). || Son apparence, son extérieur (cit. 13) en impose (Rousseau). || S'en laisser imposer. || L'éloquence en impose (Gilbert).
REM. « Des grammairiens » constatait Littré « ont essayé de distinguer imposer et en imposer. Mais l'usage des auteurs et aussi l'usage du public ne permettent aucune distinction. » Malgré l'opinion de l'Académie (8e éd.) pour qui en imposer « signifie plus exactement tromper, abuser, surprendre, en faire accroire », cette construction tend, au contraire, de plus en plus a remplacer imposer au sens de « faire impression, inspirer le respect ».
43 Ils n'auraient point cédé aux évêques; mais le cardinal légat leur en imposait.
Voltaire, Hist. du Parlement de Paris, XXXVII.
44 Il est sûr que de hautes montagnes, que d'antiques forêts, que des ruines immenses en imposent.
Diderot, Essai sur la peinture, III.
45 L'ascendant de son génie (de Buffon) lui soumit tous les esprits (…) son nom seul en imposait aux factieux de la littérature.
P.-L. Courier, Lettres, II, 310, in Littré.
46 Il vous regardait si fixement, de ses gros yeux, qu'on baissait la tête tout de suite. J'ai vu des gens se troubler, ne pas pouvoir lui adresser un mot, tellement il leur en imposait, avec son grand renom de sévérité et de sagesse (…)
Zola, la Bête humaine, I, p. 15.
47 Un grand nom en impose à tout le monde. Mais il agit singulièrement sur celui qui le porte, et qui s'en trouve gêné pour être quelqu'un, enhardi pour être quelque chose.
Valéry, Rhumbs, p. 104.
48 Elle aimait les œuvres de Brahms, et elle le soupçonnait en secret d'être un artiste de second ordre; mais sa gloire lui en imposait (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, p. 430.
49 (…) l'espèce de gravité qui régnait ici finissait par en imposer.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXII, p. 240.
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s'imposer v. pron.
Voir ci-dessus à l'article.
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imposé, ée p. p. adj. et n.
1 Obligatoire. || Des règles imposées.(Sport). || Figures imposées, ou (1928) n. f. pl. imposées : épreuves imposées dans les compétitions de patinage artistique ou de gymnastique. || Le patineur ne disposait que d'une faible avance, acquise en imposées. S'oppose à figures libres.Prix imposé, qui doit être observé strictement, sans réduction ni majoration.
50 L'été, ce qui marchait bien, c'était les chapeaux de pêche, en paille non bordée : ça ne rapportait guère, bien qu'il n'y eût pas de prix imposé.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, II.
2 Soumis à l'impôt.|| Les artisans, les commerçants imposés. || « Monsieur Grandet (…) devint le plus imposé de l'arrondissement » (Balzac).N. (1845). || Les imposés. Assujetti, contribuable.Marchandises imposées.
51 Un règlement spécial, donné après convocation, appelait comme électeurs primaires, non pas tous les imposés, mais ceux-là seulement qui payaient six livres d'impôt.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, I.
CONTR. Affranchir, dégrever, dispenser, épargner.
DÉR. Imposable, imposant, imposeur.
COMP. Réimposer, surimposer.

Encyclopédie Universelle. 2012.