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solitude

solitude [ sɔlityd ] n. f.
• 1393; « état d'un lieu désert » 1213; lat. solitudo
1Situation d'une personne qui est seule, de façon momentanée ou durable. isolement. La solitude lui pèse. « La Solitude seule est la source des inspirations. La solitude est sainte » (Vigny). « Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée » (Baudelaire). Avoir besoin de solitude. Troubler la solitude de qqn. Solitude à deux : situation d'un couple qui s'isole.
Situation d'une personne qui vit habituellement seule ou presque seule, qui a peu de contacts avec autrui. 1. retraite. Vivre dans la solitude. La solitude des inadaptés, des exclus. « La solitude effraye une âme de vingt ans » (Molière).
État d'abandon, de séparation, dans lequel se sent l'être humain, en face des consciences humaines ou de la société. isolement. Solitude morale. « La pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne » (Malraux). « Le sentiment d'une solitude universelle me glaçait » (Bosco).
2Vieilli ou poét. Lieu solitaire. « Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères » (Lamartine).
Cour. Caractère, aspect, atmosphère solitaire (d'un lieu). La solitude des forêts, de la nuit. « La solitude de cet endroit où il s'était commis tant de crimes avait quelque chose d'affreux » (Hugo).
⊗ CONTR. Compagnie, société.

solitude nom féminin (latin solitudo) État de quelqu'un qui est seul momentanément ou habituellement : Profiter d'un instant de solitude pour réfléchir. Aimer la solitude. État de quelqu'un qui est psychologiquement seul : Solitude morale. Caractère d'un lieu où l'on se sent seul, isolé : La solitude des forêts. Littéraire. Lieu solitaire : Habiter dans une solitude champêtre.solitude (citations) nom féminin (latin solitudo) Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 La misère me fait plus peur que la solitude, parce qu'elle est l'humiliation et l'abaissement, et que celle-ci est seulement l'ennui ou la tristesse. Journal intime, 5 janvier 1866 Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 On se lasse d'être quarante ans dans sa propre compagnie ; on finit par se subir comme un ennui et se traîner comme un boulet. Journal intime, 20 septembre 1866 Albert Béguin La Chaux-de-Fonds 1901-Rome 1957 La solitude de la poésie et du rêve nous enlève à notre désolante solitude. Poésie de la présence Le Seuil Georges Bernanos Paris 1888-Neuilly-sur-Seine 1948 On ne va jamais jusqu'au fond de sa solitude. Journal d'un curé de campagne Plon Léon Bloy Périgueux 1846-Bourg-la-Reine 1917 Plus on approche de Dieu, plus on est seul. C'est l'infini de la solitude. Méditations d'un solitaire en 1916 Mercure de France Henri Bosco Avignon 1888-Nice 1976 Il n'y a pas deux temps pareils de solitude car on n'est jamais seul de la même façon. Malicroix Gallimard Louis Brauquier 1900-1976 La liberté des mers, avec leur solitude, Qui parleront toujours au sel de notre sang… Eau douce pour navires Gallimard Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Pour la plupart des hommes, la guerre est la fin de la solitude. Pour moi, elle est la solitude définitive. Carnets Gallimard Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Imaginer Dieu sans les prisons. Quelle solitude ! Les Justes Gallimard Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 On est plus heureux dans la solitude que dans le monde. Cela ne viendrait-il pas de ce que, dans la solitude, on pense aux choses et que dans le monde on est forcé de penser aux hommes. Maximes et pensées Jacques Boutelleau, dit Jacques Chardonne Barbezieux 1884-La Frette-sur-Seine 1968 Chacun est seul de sa race. Propos comme ça Grasset Émile Michel Cioran Răşinari, près de Sibiu, 1911-Paris 1995 Nul ne peut veiller sur sa solitude, s'il ne sait se rendre odieux. Syllogismes de l'amertume Gallimard Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Il n'y a que le méchant qui soit seul. Le Fils naturel, IV, 3, Constance Commentaire Cette phrase, en 1758, brouilla Diderot avec Rousseau, qui se crut visé. Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Il faut peut-être plus de force d'âme encore pour résister à la solitude qu'à la misère ; la misère avilit, la retraite déprave. La Religieuse Georges Duhamel Paris 1884-Valmondois, Val-d'Oise, 1966 Académie française, 1935 L'homme est incapable de vivre seul, et il est incapable aussi de vivre en société. Le Désert de Bièvres Mercure de France Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 […] L'autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans éloignement. Le Fil de l'épée Plon Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 […] Toujours le chef est seul en face du mauvais destin. Mémoires de guerre, l'Appel Plon Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 Dans le tumulte des hommes et des événements, la solitude était ma tentation. Maintenant, elle est mon amie. De quelle autre se contenter quand on a rencontré l'Histoire ? Mémoires de guerre, le Salut Plon Jean Genet Paris 1910-Paris 1986 C'est en haussant à hauteur de vertu, pour mon propre usage, l'envers des vertus communes que j'ai cru pouvoir obtenir une solitude morale où je ne serai pas rejoint. Pompes funèbres Gallimard Jean Giono Manosque 1895-Manosque 1970 Est-ce que je me trompe […] si je me crois plus grand quand j'agis seul ? Le Hussard sur le toit Gallimard Pierre Gringore ou Pierre Gringoire Thury-Harcourt vers1475-en Lorraine vers 1539 Mieux vaut être seul que mal accompagné. Notables Enseignements, adages et proverbes Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 Je n'ai vraiment l'impression que je suis libre que lorsque je suis enfermé. Lorsque je fais tourner la clef ce n'est pas moi qui suis bouclé ce sont les autres que j'enferme. Un soir quand on est seul Plon Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 L'enfer est tout entier dans ce mot : solitude. La Fin de Satan Panait Istrati Brăila 1884-Bucarest 1935 Dès que l'homme est trop heureux, il reste seul ; et il reste seul, également, dès qu'il est trop malheureux. Oncle Anghel Rieder Panait Istrati Brăila 1884-Bucarest 1935 C'est cela que je suis : solitude et solidarité. Pour avoir aimé la terre Denoël Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Tout notre mal vient de ne pouvoir être seuls : de là le jeu, le luxe, la dissipation, le vin, les femmes, l'ignorance, la médisance, l'envie, l'oubli de soi-même et de Dieu. Les Caractères, De l'homme Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais ? Fables, le Songe d'un habitant du Mogol Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 Je n'ai pas de conseils à te donner. Je n'ai rien à te dire dont tu puisses profiter. Chacun des hommes a été mis à part, chacun des hommes a été réservé. A. O. Barnabooth, Journal intime Gallimard Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 La solitude conserve neuf. Journal littéraire Mercure de France Charles Joseph, prince de Ligne Bruxelles 1735-Vienne 1814 Ceux qui ne savent pas rester chez eux sont toujours des ennuyés et, par conséquent, des ennuyeux. Mes écarts Stéphane Mallarmé Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898 […] Ayant peur de mourir lorsque je couche seul. Poésies, Angoisse André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 S'il existe une solitude où le solitaire est un abandonné, il en existe une où il n'est solitaire que parce que les hommes ne l'ont pas encore rejoint. Le Triangle noir Gallimard Gabriel Marcel Paris 1889-Paris 1973 La solitude est essentielle à la fraternité. La Dignité humaine Aubier François Mauriac Bordeaux 1885-Paris 1970 Académie française, 1933 J'ai peine à croire à l'innocence des êtres qui voyagent seuls. Journal Grasset Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz, dit O. V. de L. Milosz Tchereïa, Lituanie, 1877-Fontainebleau 1939 Solitude, ma mère, redites-moi ma vie. Poèmes, Symphonie de septembre Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 La solitude effraye une âme de vingt ans. Le Misanthrope, V, 4, Célimène Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 La vraie solitude […] se peut jouir au milieu de villes et de cours de rois ; mais elle se jouit plus commodément à part. Essais, I, 39 Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Nous sommes plaisants de nous reposer dans la société de nos semblables : misérables comme nous, impuissants comme nous, ils ne nous aideront pas ; on mourra seul. Pensées, 211 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Pablo Ruiz Picasso Málaga 1881-Mougins 1973 Rien ne peut être fait sans la solitude. Cité par Jean Leymarie dans Picasso, métamorphoses et unité Skira André Pieyre de Mandiargues Paris 1909-Paris 1991 […] la rue, Ruisseau des solitudes. Ruisseau des solitudes Gallimard Henri de Régnier Honfleur 1864-Paris 1936 Académie française, 1911 La solitude n'est possible que très jeune, quand on a devant soi tous ses rêves, ou très vieux, avec derrière soi tous ses souvenirs. « Donc… » Kra Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Être adulte, c'est être seul. Pensées d'un biologiste Stock Marc Antoine Girard, sieur de Saint-Amant Quevilly, près de Rouen, 1594-Paris 1661 Académie française, 1634 Ô que j'aime la solitude ! C'est l'élément des bons esprits. La Solitude Marie-René Alexis Saint-Leger Leger, dit, en diplomatie, Alexis Leger, et, en littérature Saint-John Perse Pointe-à-Pitre 1887-Giens, Var, 1975 C'est une déformation de l'extrême solitude, qu'elle finisse par nous faire croire en songe que notre monologue intime puisse être perçu au loin sans mots. Correspondance, à Paul Claudel, 7 janvier 1950 Gallimard Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 L'absence c'est Dieu. Dieu, c'est la solitude des hommes. Le Diable et le Bon Dieu Gallimard Victor Segalen Brest 1878-Huelgoat 1919 Repose-toi du son dans le silence, et, du silence, daigne revenir au son. Seul, si tu sais être seul, déverse-toi parfois jusqu'à la foule. Stèles Plon Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 On peut tout acquérir dans la solitude, hormis du caractère. De l'amour Pierre Teilhard de Chardin Sarcenat, Puy-de-Dôme, 1881-New York 1955 L'âme humaine est faite pour n'être pas seule. Écrits du temps de la guerre Le Seuil Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 La solitude est à l'esprit ce que la diète est au corps, mortelle lorsqu'elle est trop longue, quoique nécessaire. Réflexions et Maximes Épictète Hiérapolis, Phrygie, vers 50-Nicopolis, Épire, vers 130 après J.-C. Homme, si tu es quelqu'un, va te promener seul, converse avec toi-même et ne te cache pas dans un chœur. Entretiens, III, 14, 2 (traduction Souilhé) Marc Aurèle, en latin Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus, empereur romain Rome 121-Vindobona 180 Fais de toi la sphère parfaite d'Empédocle, exultant en sa stabilité, sa solitude circulaire… Pensées, XII, 3 (traduction A. I. Trannoy) Commentaire Marc Aurèle était fasciné par ce fragment d'Empédocle (Diels 28), évoquant la sphère cosmique, joyeuse de sa stabilité qui est en même temps solitude. Il la transpose à l'âme du sage. Voir Pensées (XI, 12) : « La sphère de l'âme reste semblable à elle-même quand, sans s'élancer au-dehors ni se replier au-dedans, sans se disperser, ni s'affaisser, elle s'éclaire d'une lumière qui lui fait voir la vérité universelle et celle qui habite en elle-même. » Mihály Babits Szekszárd 1883-Budapest 1941 Je suis seul avec moi. Mon être est ma prison, Car je demeure, hélas ! ma cause et ma raison, L'alpha et l'oméga de mon vocabulaire ! Épilogue, 4e strophe, 1908 Jorge Guillén Valladolid 1893-Málaga 1984 Je ne suis pas seul. Il y a les mots ! No estoy solo. ¡ Palabras ! Clamor, III, A la altura de las circunstancias Hermann Hesse Calw, Wurtemberg, 1877-Montagnola, Tessin, 1962 Étrange voyage dans la brume ! Ô vie où nous sommes perdus. Où nul jamais ne connaît l'autre, Où tout est solitude. Seltsam im Nebel zu wandern ! Leben ist Einsamsein. Kein Mensch kennt den andern, Jeder ist allein. Maler Freude Henrik Ibsen Skien 1828-Christiania 1906 L'homme le plus fort du monde est celui qui est le plus seul. Un ennemi du peuple Félix Lope de Vega Carpio Madrid 1562-Madrid 1635 À mes solitudes je vais, De mes solitudes je viens. A mis soledades voy, de mis soledades vengo. A mis soledades voy… Thomas Quincey, dit De Quincey Manchester 1785-Édimbourg 1859 Personne ne déploiera jamais les facultés de son intelligence s'il n'intercale, pour le moins, quelques moments de solitude dans sa vie. No man ever will unfold the capacities of his own intellect, who does not at least checker his life with solitude. Suspiria De Profundis Rainer Maria Rilke Prague 1875-sanatorium de Val-Mont, Montreux, 1926 Il est bon d'être seul, parce que la solitude est difficile. Qu'une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l'entreprendre. Es ist gut, einsam zu sein, denn Einsamkeit ist schwer ; daß etwas schwer ist, muß uns ein Grund mehr sein, es zu tun. Lettres à un jeune poète, 14 mai 1904 bienheureux Jan Van Ruusbroec, dit l'Admirable Ruusbroec, près de Bruxelles, 1293-Groenendaal, près de Bruxelles, 1381 Ce qui est nécessaire, c'est la solitude du cœur et de l'esprit. Si vous ne l'avez pas, fussiez-vous seul au monde, vous n'êtes pas solitaire. Si vous l'avez, fussiez-vous mêlé à toutes les foules du monde, vous êtes solitaire. De praecipiis quibusdam virtutibus, De l'abstraction intérieure solitude (synonymes) nom féminin (latin solitudo) État de quelqu'un qui est seul momentanément ou habituellement
Synonymes :
- isolement
- retraite

solitude
n. f.
d1./d Fait d'être solitaire; état d'une personne solitaire. Rechercher, supporter la solitude.
d2./d Sentiment d'être seul moralement. éprouver douloureusement sa solitude dans la foule.
d3./d Litt. Lieu désert. Les solitudes infinies de ces pays.
|| Caractère d'un lieu solitaire. La solitude de la haute mer.

⇒SOLITUDE, subst. fém.
A. — [À propos de pers.]
1. a) Situation de quelqu'un qui se trouve sans compagnie, séparé, momentanément ou durablement, de ses semblables. Se promener de grand matin, pour qui aime la solitude, équivaut à se promener la nuit, avec la gaîté de la nature de plus. Les rues sont désertes, et les oiseaux chantent (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 101). Il sentait encore le besoin, pour assouvir sa rêverie, d'un instant de solitude (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 140). V. école ex. 7.
SYNT. Aspirer, prendre goût, être accoutumé, habitué à la solitude; chercher, craindre, fuir la solitude; avoir besoin de solitude; souhaiter, retrouver un peu de solitude; avoir peur, avoir horreur de la solitude; se réfugier, se plaire dans la solitude; respecter, déranger, troubler la solitude de qqn; goûter, savourer qqc. dans la solitude; moment, heure de solitude; coin de solitude; solitude féconde, studieuse; charme, joies de la solitude.
P. méton.
♦ Souvent au plur. Période, moment pendant lequel une personne est seule. Les longues solitudes, les propos rentrés font que l'on perd un rien le contrôle, dès qu'on commence à ouvrir les vannes (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 104). V. avent ex. 4.
Rare. Fait d'éprouver, d'accomplir quelque chose seul. Je n'aime pas cette petite guerre de dérobades, cette solitude du plaisir. Sortons vite de l'onanisme à deux (NIZAN, Conspir., 1938, p. 33).
b) Situation de personnes qui sont ensemble, sans témoin ou en dehors de la présence d'autres personnes, volontairement ou non. C'était le salon qu'un accord tacite réserve, dans toutes les réceptions bien agencées, aux couples en quête de solitude et d'intimité (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 61):
1. Accoudés l'un et l'autre sur le parapet du pont, Édouard et Caroline s'enivraient de souvenirs; ils épuisaient une émotion qui ne parlait qu'à eux et qu'ils doublaient en la partageant. Ceux qui auraient savouré comme nous, par une soirée d'automne, les douceurs de leur solitude sur le pont du Grand-Canal, s'expliqueraient peut-être leur indéfinissable rêverie.
GOZLAN, Notaire, 1836, p. 80.
Solitude à deux. La solitude à deux, quand elle n'est pas prolongée jusqu'à la satiété et jusqu'à l'ennui, permet une lente montée de sentiments et de confiance qui rapprochent beaucoup ceux qui la goûtent ensemble (MAUROIS, Climats, 1928, p. 117). V. deux I A 2 b ex. de Lamartine.
2. a) État d'une personne qui vit seule, sans compagnon ou compagne, de manière voulue ou subie. Une femme, le plus souvent, ne cède à l'amour-passion qu'à l'âge où la solitude n'effraye plus (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 92). Quel bonheur de n'avoir pas de femme ni d'enfant et de trouver à ma maison la bonne, la calme, la réconfortante solitude (LÉAUTAUD, Journal littér., 3, 1917, p. 248). V. ermite ex. 2, manque1 A 3 ex. de Montherlant.
SYNT. Affronter, supporter la solitude; être voué à, se retirer dans, s'accommoder de, jouir de, renoncer à la solitude; la solitude aigrit qqn; la solitude convient, pèse à qqn; accepter, organiser, rompre, briser sa solitude; distraire qqn dans sa solitude; tirer qqn de sa solitude; égayer, partager la solitude de qqn; laisser qqn à sa solitude; solitude chaste, vertueuse; solitude hautaine, orgueilleuse, paisible, sereine.
b) État d'une personne, et en particulier d'un religieux, qui vit à l'écart du monde et des autres, qui recherche, cultive, protège son isolement. Ménager, déranger, troubler, forcer la solitude de qqn; protéger, verrouiller sa solitude; être, homme de solitude; solitude farouche, infranchissable; rempart de solitude. La première guerre de la Fronde suivit de peu de mois le retour aux Champs. La mère Angélique y trouva une occasion d'exercer et d'élargir sa charité, un motif, cette fois suffisant, d'infraction à la solitude (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 301). Alors commence pour Maxence une vraie vie de solitude et de silence [dans le désert africain]. Là, dans ce carré de trente mètres, n'ayant plus même le bourdonnement des départs et des arrivées, il apprit réellement ce qu'est la solitude, enfouie au sein même de la silencieuse nature (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 25). V. ermite ex. 1, monachisme ex. de Marrou.
c) État d'une personne qui est isolée par manque d'amitié, d'amour, d'affection, de relations, par défaut de communication. Synon. isolement. Sa rudesse venait de sa solitude, d'une enfance malheureuse, et d'un orgueil susceptible sous lequel Mithoerg dissimulait sans doute quelque lutte intime ou quelque faiblesse (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 80). V. délaissement ex. 2, jucher B ex. de Drieu La Rochelle:
2. Bon, très bien, j'étais peut-être le seul type livide de la soirée, mais qu'est-ce que je voyais derrière tous ces visages sinon la folie, l'inquiétude, l'angoisse, sinon la souffrance et la peur, l'abandon, sinon l'ennui, sinon la solitude, sinon la rage et l'impuissance, merde qu'est-ce que je voyais qui aurait pu me remonter un peu...?
Ph. DJIAN, 37,2 o le matin, Paris, J'ai lu, 1986 [1985], p. 273.
SYNT. a) Découvrir, connaître, endurer la solitude; échapper à la solitude; être condamné, livré, réduit à la solitude; s'enfoncer, s'abîmer, être plongé, se morfondre, étouffer, retomber dans la solitude; être en proie à la solitude; toucher le fond de la solitude; lutter contre la solitude; souffrir, guérir de la solitude; arracher qqn à la solitude; malade de solitude; la solitude guette, tient, mine qqn, s'abat, tombe sur qqn, ne vaut rien à qqn; fardeau, froid, vide, cercle infernal, enfer, démon(s) de la solitude. b) Avouer, porter, surmonter sa solitude; mesurer l'étendue de sa solitude; sentir, ressentir cruellement sa solitude; vivre replié, être muré dans sa solitude; retourner à sa solitude; délivrer qqn de, rejeter, renvoyer qqn à sa solitude; compatir à la solitude de qqn. c) Solitude absolue, accablante, affreuse, amère, âpre, sans borne, complète, douloureuse, dramatique, effroyable, extrême, inhumaine, insupportable, intolérable, irrémédiable, irrévocable, noire, pénible, poignante, sans remède, terrible, tragique, vertigineuse.
P. méton.
Solitude d'un destin, d'une vie. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l'horizon (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 71).
♦ Existence solitaire. Elle qui craque avec sa beauté oubliée, inutile, sa beauté comme une barrière qui l'isole... Moi et mon strabisme. Et lui avec son cerveau à ramages, ses poèmes à méandres; il est seul aussi puisqu'il vient me voir. Peut-être l'intelligence, la sensibilité isolent-elles aussi... On était trois ce matin, trois solitudes qui se sont frôlées (P. CAUVIN, Pourquoi pas nous? Paris, Le Livre de poche, 1989 [1978], p. 184).
d) Situation (morale, intellectuelle, matérielle) d'une personne dont les préoccupations sont éloignées de celles du plus grand nombre ou qui se singularise par ses choix, ses idées, ses actes, sa manière d'être. Solitude de l'artiste, du poète. La vulgarité des hommes fait de la solitude morale le lot obligé de celui qui les dépasse par le génie ou par le cœur (RENAN, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, II, 6, p. 559). Voilà la vraie raison de sa solitude [de De Gaulle]: étranger autant qu'on peut l'être aux idéologies de la gauche, il l'est encore plus à ce camouflage des intérêts les plus âpres qui fait horreur dans la droite française (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1960, p. 299). V. désert II A 1 d ex. de Mauriac.
P. méton. Solitude d'esprit; solitude d'une conviction; solitude de l'héroïsme, du pouvoir. Relisez (...) la préface de 1875 que l'historien [Taine] a mise à la tête de son grand ouvrage sur les Origines de la France contemporaine, et vous apercevrez les raisons profondes de l'étrange solitude d'opinion où il s'est placé (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 191).
e) [Dans des cont. philos., métaphys.] Condition de l'homme dans son rapport avec Dieu, avec autrui, avec le monde. Nous aurions aboli, nous aurions arraché du cœur d'Adam le sentiment de sa solitude [si l'homme s'était su le fils de Dieu]. Avec leur ribambelle de dieux, les païens n'étaient pas si bêtes: ils avaient tout de même réussi à donner au pauvre monde l'illusion d'une grossière entente avec l'invisible (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1045). D'une certaine manière, l'absurde qui prétend exprimer l'homme dans sa solitude le fait vivre devant un miroir (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 20). V. accablement ex. 23.
P. méton., le plus souvent au plur. Personne dans sa nature, son identité uniques et irréductibles. C'est tout un monde que chacun porte en lui! Un monde ignoré qui naît et qui meurt en silence! Quelles solitudes que tous ces corps humains! (MUSSET, Fantasio, I, 2, 1834, p. 188). Nos ipséités personnelles, composant un pluriel de solitudes c'est-à-dire d'absolus, ne communiquent entre soi que par les voies amoureuses de l'intuition et de la sympathie (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 185).
B. — 1. a) État d'un lieu, d'un site isolé, peu ou pas fréquenté, peu habité ou inhabité. Il se trouva derrière le village, face à la solitude de l'île, nue sous le ciel gris, entre la mer à droite et la mer à gauche (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 191):
3. Cela pouvait être très-beau lorsque c'était un hôtel-de-ville [le palais royal], lorsque ces grands appartements déserts s'animaient aux libres discussions, lorsque la justice s'y rendait, qu'on y envoyait des ordres par delà les océans; mais maintenant, déshabité et refroidi par la solitude, c'est triste et navrant à parcourir.
DU CAMP, Hollande, 1859, p. 114.
b) Atmosphère, qualité d'un lieu peu fréquenté. Solitude grandiose, mélancolique, romantique; morne solitude d'un lieu; solitude des forêts, des grands espaces, des hauteurs enneigées. [Pierre] resta séduit un instant par cette paix tiède, cette solitude limpide du jardin (ZOLA, Rome, 1896, p. 247). Mais ceci [la beauté des plages d'Oranie] ne peut se partager. Il faut l'avoir vécu. Tant de solitude et de grandeur donne à ces lieux un visage inoubliable (CAMUS, Été, 1954, p. 59). V. lotissement ex.
P. ext. Atmosphère silencieuse, sereine d'un lieu à un moment, à une époque où l'agitation se réduit ou cesse. Solitude hivernale. En vain l'air pur et embaumé, la douce solitude de la nuit venaient rafraîchir ses sens (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 25).
2. P. méton.
a) Le plus souvent au plur. Lieu, espace peu ou pas fréquenté, peu habité ou inhabité. Synon. désert. Il est de ces solitudes si belles qu'il faut se rappeler la misère de ceux qui y végètent et qui pourraient y vivre, pour souhaiter que la civilisation et la culture viennent en détruire la poésie (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 289). On aurait dit un de ces convois d'émigrants à travers une solitude vierge, comme on en voit dans les gravures (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 157). V. bondir ex. 3, désert ex. 1, insondable A ex. de Céline, promeneur A ex. de Hugo.
SYNT. Solitude désolée, ignorée, inviolée, sauvage; solitudes silencieuses, sombres, tristes; solitudes inaccessibles, perdues; immenses, vastes solitudes; solitudes boisées, champêtres, montagnardes, sylvestres; solitudes alpestres, australes, glacées, océaniques, polaires, thibétaines; solitudes de l'Australie, du Nouveau Monde.
En partic., vieilli. Lieu qui cesse d'être fréquenté. Jadis (...), ces lieux étoient animés par le bruit et le mouvement de la vie, et le tumulte d'une nombreuse garnison (...). Quelle différence aujourd'hui! Cette vaste enceinte n'est plus qu'une solitude (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. 217).
b) Lieu où l'on se retire, à l'écart des autres et du monde. Il résolut de la posséder à lui seul, et d'aller vivre ensemble bien loin, au fond d'une solitude (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 218). Sarah, au fond de sa solitude campagnarde, se voyait assiégée par des gens du pays qui demandaient des faveurs (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 205).
En partic. Communauté religieuse catholique où l'on peut faire une retraite ou vivre retiré. Il obtint de moi qu'avant de m'enfermer dans un monastère, je passerois un an dans une solitude (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 78). Les Sulpiciens sont du clergé séculier. Aucun vœu ne les attache à leur société où, pour être admis, il faut passer deux ans à la « Solitude » d'Issy-les-Moulineaux (BILLY, Introïbo, 1939, p. 39).
P. méton., rare. Synon. de retraite (v. retraite1). Hortense lui apprit, quelques jours après, qu'elles avaient fait leur solitude afin de prier pour elle et pour ceux qui allaient se battre (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 115).
P. anal. Lieu où l'on aime être seul. Synon. buen retiro. Tout espace réduit où l'on aime à se blottir, à se ramasser sur soi-même, est, pour l'imagination une solitude, c'est-à-dire le germe d'une chambre, le germe d'une maison (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 130).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1213 « état d'un lieu inhabité ou peu habité » solitude de desert (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 226, ligne 12); b) 1265 « lieu désert, non fréquenté » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 122, p. 113: les grandesimes solitudes et les terres desabitees); c) ca 1409 « lieu où l'on vit retiré, à l'écart du monde » suis demouré en solitude (Traict. de Salem., ms. Genève 165, f ° 105 r ° ds GDF. Compl.); 2. a) ca 1393 « état d'une personne qui est seule, qui est retirée du monde » (Ménagier, I, 100 ds T.-L.: il amoit fort solitude); b) 1633 « fait de se sentir seul, isolé » l'ennui et la solitude (VOITURE, Lettres à M. de Chaudebonne ds Œuvres, éd. M. A. Ubicini, t. I, p. 90). Empr. au lat. class. solitudo « solitude, état d'abandon, vie isolée, sans protection », dér. de solus, v. seul. Fréq. abs. littér.:6 415. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9 647, b) 9 653; XXe s.: a) 7 343, b) 9 546.

solitude [sɔlityd] n. f.
ÉTYM. 1213, « état d'un lieu désert »; lat. solitudo, de solus « seul ».
1 (V. 1398). Situation d'une personne qui est seule (I., 1.), de façon momentanée ou durable. Isolement (cit. 5). || « La solitude est à l'esprit ce que la diète (1. Diète, cit. 2) est au corps ». || Quelques heures de solitude chaque jour (→ Écrasant, cit. 4; et aussi rêverie, cit. 13). || Solitude supportable, insupportable (→ Indépendance, cit. 7; jeu, cit. 57). || La solitude lui pèse (→ Effrayer, cit. 12). || Solitude complète (→ 1. Part, cit. 16). || Savoir peupler (cit. 4) sa solitude. || Avoir besoin de solitude (→ Défriper, cit.), le goût de la solitude (→ Bruit, cit. 4). || Troubler la solitude de qqn. (→ aussi Indiscret, cit. 4). || La solitude nécessaire à l'artiste (→ Conquérir, cit. 7; élément, cit. 15; étude, cit. 35; mission, cit. 9).Solitude à deux, d'un couple qui s'isole (→ Montée, cit. 7; noce, cit. 3).
1 (…) il la (l'âme) faut ramener et retirer en soi : c'est la vraie solitude, et qui se peut jouir au milieu des villes et des cours des Rois; mais elle se jouit plus commodément à part.
Montaigne, Essais, I, XXXIX.
2 seul et libre, accomplir sa mission. Suivre les conditions de son être, dégagé de l'influence des Associations, même les plus belles. Parce que la Solitude seule est la source des inspirations. la solitude est sainte.
A. de Vigny, Stello, XL.
2.1 La solitude, ce n'est pas de vivre seule, c'est de vivre chez les autres, chez des gens qui ne s'intéressent pas à vous, pour qui vous comptez moins qu'un chien (…)
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 109.
3 (…) à peine Albertine était-elle partie pour sa promenade que j'étais vivifié, fût-ce pour quelques instants, par les exaltantes vertus de la solitude.
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 25.
4 Robert a aussi réussi ce tour de force : il m'a protégée de l'isolement sans me priver de la solitude. Tout nous était commun : pourtant j'avais mes amitiés, mes plaisirs, mon travail, mes soucis à moi.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 47.
Situation d'une personne qui vit habituellement seule (I., 2.) ou presque seule, qui a peu de contacts avec autrui. Retraite. || Vivre dans la solitude. Cocon, coin, coque, 1. ombre, tanière. || « La solitude effraye (cit. 3) une âme de vingt ans ». || « Le commerce des livres (1. Livre, cit. 26) me console en la vieillesse et en la solitude ». || Le monde (cit. 45) et la solitude (→ aussi Davantage, cit. 15; renoncement, cit. 1).
5 Je suis né avec un amour naturel pour la solitude qui n'a fait qu'augmenter à mesure que j'ai mieux connu les hommes. Je trouve mieux mon compte avec les êtres chimériques que je rassemble autour de moi qu'avec ceux que je vois dans le monde (…)
Rousseau, Première lettre à M. de Malesherbes, 4 janv. 1762.
5.1 Une solitude excessive est un aussi grand mal que le manque de solitude.
R. Rolland, Deux hommes se rencontrent, p. 121.
6 Les religieuses de la Providence expulsées, sœur Marie-Gabrielle s'est réfugiée chez Mme Macaire, et, après un demi-siècle de solitude, ne peut-elle reprendre l'habitude de la foule ?
M. Jouhandeau, Chaminadour, II, XIII.
(Av. 1648). État d'abandon, de séparation, où se sent l'homme, vis-à-vis de Dieu, des consciences humaines ou de la société. Isolement (→ Rappeler, cit. 26). || Le Christ a vaincu la solitude humaine. Déréliction (→ Croix, cit. 11). || Solitude morale (→ Horreur, cit. 22). || L'écrivain parle volontiers de sa solitude (→ Écriture, cit. 17; et aussi œuvre, cit. 24). || Ce fardeau (cit. 8) terrible, la solitude ! || L'individu et sa solitude (→ Fonder, cit. 20).
7 Il savait d'expérience que la pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne.
Malraux, la Condition humaine, IV, 11 avril, 3 heures et demie.
8 Le sentiment d'une solitude universelle, quand je pensais à ce vieux prêtre, me glaçait. J'enfonçais dans un froid désespoir. L'absence de Dieu, d'une désolante évidence, me devenait aussi sensible que, dans le sanctuaire déserté, le silence des prières. J'étais seul.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 217 (→ Seul, cit. 13).
2 (V. 1265). Vieilli ou poét. Lieu solitaire (3.). || « Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères… » (→ Dépeupler, cit. 11). || S'écarter (1. Écarter, cit. 18) dans les solitudes. || L'amour des solitudes (→ 3. Mal, cit. 23).Spécialt. Désert. || « Des grands sphinx allongés au fond des solitudes » (→ Attitude, cit. 7; et aussi gypaète, cit. 2).
9 Solitude, où je trouve une douceur secrète,
Lieux que j'aimai toujours (…)
La Fontaine, Fables, XI, 4. (→ Asile, cit. 21).
10 (…) nous voulions aller vivre comme des ermites dans une solitude rustique ?
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, V, III.
(XVe). Vx. Propriété, habitation dans un lieu solitaire. Thébaïde (→ Dérouter, cit. 1; déranger, cit. 12; local, cit. 4).
Par métaphore, fig. || Paris est une solitude peuplée (→ Désert, cit. 18; et aussi, cit. 11). || Solitude intérieure (→ Désert, cit. 14).
11 (…) tout ce que les hommes se disent entre eux se ressemble (…) mais, dans l'intérieur de toutes ces machines isolées, quels replis, quels compartiments secrets ! C'est tout un monde que chacun porte en lui ! un monde ignoré qui naît et qui meurt en silence ! Quelles solitudes que tous ces corps humains !
A. de Musset, Fantasio, I, 2.
Cour. Caractère, aspect, atmosphère solitaire (d'un lieu). || La mythologie (cit. 2) ôtait à la création sa grandeur et sa solitude (→ aussi 3. Mal, cit. 11). || La solitude des forêts (→ Exprimer, cit. 20; nature, cit. 65), de l'océan (→ Instinct, cit. 14), de la nuit (→ Mécontent, cit. 4). || Dans la solitude de sa chambre (→ Frileux, cit. 2).
12 La solitude de cet endroit où il s'était commis tant de crimes avait quelque chose d'affreux.
Hugo, les Misérables, II, IV, I.
CONTR. Compagnie, société.

Encyclopédie Universelle. 2012.