1. basse [ bas ] n. f.
• 1660; it. basso « bas »
1 ♦ Celle des parties qui fait entendre les sons les plus graves des accords dont se compose l'harmonie. Jouer la basse d'un quatuor. Basse fondamentale : basse non écrite qui formait le fondement rationnel de l'harmonie dans la théorie de Rameau. Basse chiffrée, se dit d'un procédé de notation consistant en chiffres et signes qui symbolisent des intervalles et que l'on place au-dessus des notes de la partie de basse pour indiquer les accords. Basse continue, qui ne s'interrompt pas pendant la durée du morceau. ⇒ continuo.
2 ♦ Voix de basse ou une basse : voix d'homme la plus grave. « Une belle voix de basse, étoffée et mordante » (Rousseau). Basse profonde, au registre le plus grave (anciennt basse-contre ). Basse chantante, au registre plus élevé (anciennt basse-taille). Basse bouffe, convenant à un genre plus léger. — Loc. fam. Doucement les basses ! n'exagérez pas, modérez-vous !
♢ Chanteur qui a cette voix. Le pupitre des basses. Une basse de l'Opéra.
3 ♦ Se dit d'instruments dont l'échelle sonore correspond à la voix de basse. Basse de viole (cf. Viole de gambe). En jazz, Contrebasse. Guitare basse. Jouer de la basse. ⇒ bassiste. La basse électrique.
4 ♦ Plur. Grosses cordes de certains instruments; sons qu'elles rendent. Ce piano a de belles basses.
⊗ CONTR. Ténor. 2. Dessus.
basse 2. basse [ bas ] n. f.
• 1484; de 1. bas
♦ Mar. Banc de roches ou de corail, situé à faible profondeur, mais que l'eau ne découvre pas à marée basse.
● basse nom féminin Son bas ; voyelle basse. Dans un animal de boucherie, ensemble des morceaux à bouillir ou à mettre en sauce. ● basse (synonymes) nom féminin Son bas ; voyelle basse.
Contraires :
- haute-contre(vx)
- ténor
● basse
nom féminin
(italien basso)
Partie la plus grave d'une composition vocale ou instrumentale.
Voix masculine la plus grave.
Chanteur qui possède cette voix.
Instrument de musique le plus grave d'une famille.
● basse (expressions)
nom féminin
(italien basso)
Basse d'Alberti, formule d'accompagnement en accords décomposés en arpèges dont les notes se suivent au même rythme.
Basse chiffrée, ligne inférieure d'un accompagnement instrumental, complétée par un code chiffré.
Basse continue (b.c.), basse instrumentale se poursuivant sans interruption à travers toute une composition musicale.
Basse obstinée ou contrainte, répétition continuelle, à la basse, d'un court motif, dit ostinato.
Familier. Doucement les basses !, pas de précipitation, d'énervement.
● basse (synonymes)
nom féminin
(italien basso)
Basse continue (b.c.)
Synonymes :
- continuo
● bas, basse
adjectif
(bas latin bassus)
Peu élevé, moins haut en valeur absolue ou relative : Une chaise basse. Une chambre au plafond bas.
Incliné vers le bas : Marcher la tête basse.
Se dit d'un son grave : Les notes les plus basses d'un instrument.
Qui, géographiquement, occupe une position inférieure par rapport à une autre partie (dite haute) : La basse vallée du Rhône.
Qui correspond à la partie tardive d'une période historique : La basse latinité.
Qui est moindre en grandeur, en quantité, en qualité, en valeur, en rang social : Conserver des aliments à basse température. Les bas salaires. Les basses besognes.
Qui est méprisable, abject : Une basse vengeance.
Phonétique
Se dit d'une voyelle émise avec la langue située dans la partie inférieure de la cavité buccale.
● bas, basse (difficultés)
adjectif
(bas latin bassus)
Emploi
1. En bas de / au bas de. Ces deux locutions sont synonymes : signer au bas de la page ou en bas de la page.
Recommandation Éviter le pléonasme descendre en bas. Mais on peut dire ou écrire : descendre plus bas, descendre très bas, etc.
2. À bas de est aujourd'hui vieilli. « Fabrice se jeta à bas de soncheval »(Stendhal).
3. Bas suivi d'un nom propre. Ne constitue un nom composé avec majuscule et trait d'union que dans la désignation d'une unité administrative ou d'une période historique : le Bas-Rhin, Basse-Terre, le Bas-Empire ; mais la basse Bretagne, la basse Loire.
● bas, basse (expressions)
adjectif
(bas latin bassus)
Au bas mot, au moins (dans une évaluation).
Familier. Avoir l'oreille, la queue, l'échine, la tête basse, être rempli de confusion, très penaud.
Avoir la vue basse, être myope.
À voix basse, en parlant tout doucement.
Bas morceaux, parties du bœuf de boucherie appartenant à la troisième catégorie.
Bas quartiers, quartiers situés dans la partie basse d'une ville, ou habités par les classes populaires.
Basses eaux, état de la mer au moment où les marées sont le moins fortes ; niveau le moins élevé d'un cours d'eau ; période de crise économique, d'activité réduite.
En ce bas monde, ici-bas, sur terre.
Le temps est bas, le ciel est couvert de nuages bas.
Marée basse, mer basse, état de la mer quand le reflux est à son terme.
Bas allemand, ensemble des dialectes germaniques parlés au Moyen Âge dans la plaine d'Allemagne du Nord.
Bas latin, latin du haut Moyen Âge, considéré comme corrompu.
Basses voiles, basses vergues, voiles ou vergues inférieures.
Côte basse, terre basse, terre peu élevée, qu'on aperçoit quand on en est tout près.
● bas, basse (homonymes)
adjectif
(bas latin bassus)
bah !
interjection
bat
forme conjuguée du verbe battre
bât
nom masculin
bats
forme conjuguée du verbe battre
● bas, basse (synonymes)
adjectif
(bas latin bassus)
Peu élevé, moins haut en valeur absolue ou relative
Contraires :
- haut
Incliné vers le bas
Synonymes :
- baissé
- incliné
Contraires :
- haut
Se dit d'un son grave
Synonymes :
- grave
Contraires :
- aigu
- élevé
- fort
Qui est moindre en grandeur, en quantité, en qualité, en...
Synonymes :
- faible
- infime
- modéré
- modique
Contraires :
- considérable
- élevé
- exagéré
- excessif
Qui est méprisable, abject
Synonymes :
- abject
- avili
- dégoûtant
- dégradant
- honteux
- ignoble
- infâme
- méprisable
- vil
Contraires :
- noble
- relevé
- soutenu
- sublime
- vénérable
Phonétique. Se dit d'une voyelle émise avec la langue située dans...
Contraires :
- haut
Marine. Côte basse, terre basse
Contraires :
- abrupt
- élevé
- escarpé
- haut
- surélevé
bas, basse
adj.
rI./r Qui a peu de hauteur ou d'élévation.
d1./d Qui est au-dessous d'une hauteur moyenne ou normale. Porte basse.
— Qui est au-dessous d'un degré pris comme terme d'une comparaison. à cette heure-ci, la mer est basse. Le baromètre, le thermomètre est bas.
— Spécial. Ciel bas, par ext., temps bas, couvert, avec des nuages peu élevés.
|| (En parlant de l'âge.) Enfant en bas âge, très jeune, tout petit.
— (Afr. subsah.) Enfant en (à) bas âge: enfant (sens 1).
d2./d (Par comparaison avec une autre partie d'un même ensemble.) Les basses branches d'un arbre.
— (Dans l'espace géographique.) La ville basse (par oppos. à la ville haute), le bas pays.
— (Avec un nom propre.) Le bas Congo: la partie du Congo la plus voisine de son embouchure.
— Basse-Côte-Nord (au Québec): V. côte.
— Bas-Canada: V. Canada (Bas-).
|| Ce bas monde: ce monde où nous vivons (par oppos. au ciel des chrétiens).
d3./d (En parlant de la voix ou du chant.) Grave (par oppos. à haut, à aigu).
— à voix basse: sans élever la voix.
|| Messe basse: messe non chantée.
— Loc. Fam. Faire des messes basses: chuchoter.
d4./d Loc. Avoir la vue basse: ne distinguer les objets que de fort près.
|| Marcher la tête basse, la tête inclinée vers l'avant.
— Fig. Avoir la tête basse: être honteux.
|| Faire main basse sur: dérober, piller.
d5./d Dont la valeur matérielle est moindre. Pratiquer des prix bas, des prix modiques.
— Loc. Au bas mot: V. mot, sens 2.
rII./r D'un niveau inférieur, avec ou sans idée de comparaison sociale ou morale.
d1./d D'un rang considéré comme inférieur dans la hiérarchie sociale. Le bas peuple. Les basses classes de la société.
d2./d Inférieur, subalterne. De basses fonctions. Besognes de basse police.
d3./d Vil, moralement méprisable. Un individu bas. Une basse jalousie.
d4./d Trivial. Cette expression est basse.
d5./d Qui appartient à une époque relativement récente. Le bas latin, le Bas-Empire.
rIII/r (Pris comme adv.)
d1./d Dans la partie basse, inférieure. Le coup est parti de plus bas.
— Loc. Chapeau bas: en ayant enlevé son chapeau; fig. en marquant du respect.
|| Mettre bas: V. mettre (sens I, 2).
|| Loc. Plus bas: plus loin en descendant. Il habite trois maisons plus bas.
— Ci-dessous, ci-après. Voyez dix lignes plus bas.
|| être très bas, près de mourir.
d2./d Bas, plus bas, tout bas: en baissant la voix; à mi-voix.
d3./d Loc. à bas. Jeter, mettre à bas: renverser, détruire.
|| Suivi d'un nom, marque le mépris et la révolte. à bas la tyrannie!
d4./d Loc. adv. En bas: dans le lieu qui est en dessous. Il habite en bas. Regardez en bas.
d5./d Loc. Prép. à bas de, en bas de, au bas de (avec ou sans mouvement): au pied de. être jeté à bas de son lit. Il habite en bas de la colline. La rivière coule au bas de notre jardin.
d6./d Loc. adv. Ici-bas: V. ici. Là-bas: V. là.
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basse
n. f. MAR Fond rocheux suffisamment profond pour ne jamais découvrir, mais où la mer brise aux grandes marées.
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basse
n. f. MUS
d1./d Partie la plus grave d'un morceau.
— Voix de basse: voix apte à chanter les parties basses.
|| Chanteur capable de chanter ces parties. Paul Robeson fut une célèbre basse.
|| Instrument de musique (à vent ou à cordes) servant à exécuter la basse.
d2./d (Toujours au Plur.) Grosses cordes de certains instruments.
I.
⇒BASSE1, subst. fém.
A.— [Dans une œuvre musicale] Partie d'un morceau qui fait entendre les sons les plus graves et sur laquelle s'établissent les accords d'harmonie. Synon. Basse harmonique :
• 1. ... il [le courrier mélomane] me présentait aussitôt sa polka... pour que j'en ecrivisse la basse et l'harmonie...
H. BERLIOZ, Souvenirs de voyages, 1869, p. 231.
• 2. La Basse ne comportant d'ordinaire qu'une seule note exécutée par la main gauche, ...
H. REBER, Traité d'harmonie, 1949, p. 9.
1. En partic.
— Basse noble, basse profonde. Partie qui exécute les sons les plus graves (plus grave que la basse-taille et la basse-contre) :
• 3. ... s'arrêtant, redressant gravement la tête, prenant une note de basse profonde qu'il tâcha de rendre harmonieuse, il ajouta : « et c'est si loyal! »
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 255.
♦ P. métaph. :
• 4. ... des thèmes, pour lui [Byron] nouveaux, apparaissaient dans les vers qu'il écrivait alors. Au « vanité des vanités » qui formait la basse profonde de toute poésie byronienne se mêlaient des notes plus douces.
A. MAUROIS, Byron, t. 2, 1930, p. 83.
• 5. Un raidillon nous mène en moins de rien devant l'évêché, une bien jolie bâtisse du dix-huitième siècle, mélange de grès blond de Salamanque et d'une pierre bleutée qui fait une basse harmonique à cette chanson dorée.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 262.
— Basse chiffrée. ,,Au XVIIIe siècle (...) on créa des procédés d'enseignement pour apprendre l'Art de composer, parmi lesquels on faisait usage de basses composées de notes au-dessus desquelles on plaçait des chiffres correspondant aux intervalles formant des accords que les élèves devaient écrire ou jouer sur l'orgue ou le clavecin`` (ROUGNON 1935).
♦ P. métaph. :
• 6. ... les condors des Andes qui s'inscrivent comme des coulées de notes noires... entre les portées parallèles des Cordillières, dont les volcans enneigés sont les blanches en arpège ou les accords d'accompagnement, la basse chiffrée, le point d'orgue...
CENDRARS, Le Lotissement du ciel, 1949, p. 155.
— Basse continue. ,,Lorsque s'accomplit tant à l'église qu'à la chambre et au théâtre, l'avènement du style monodèque, on adopta la figuration de la partie d'A[ccompagnement] sur une seule portée de basse, chiffrée ou non, dite basse continue ou continuo, que l'accompagnateur développait selon des formules convenues, sur l'instrument qui lui était familier`` (M. BRENET, Dict. pratique et hist. de la musique, 1926, p. 26). Basse contrainte. ,,Partie de basse dans laquelle un sujet, borné à un petit nombre de mesures, se reproduit sans cesse, tandis que le compositeur s'est astreint à varier le chant et l'harmonie dans les parties supérieures`` (BACH.-DEZ. 1882). Basse fondamentale. ,,Basse qu'on pourrait appeler théorique, parce qu'elle n'est formée que des sons fondamentaux de l'harmonie`` (BACH.-DEZ. 1882).
♦ P. compar. :
• 7. .., dans une tête philosophique, il n'y a point, et il ne peut y avoir, de questions entièrement indépendantes et substantiellement isolées. On y trouve, au contraire, comme une basse continue, le sentiment, le son fondamental d'une dépendance latente, quoique plus ou moins prochaine, entre toutes les pensées qu'elle contient ou pourrait jamais contenir.
VALÉRY, Variété 3, 1936, p. 140.
• 8. ... ces voix d'enfants, ces cris, ces chocs dans la maison de granit et de sapin près de la mer... Ces sursauts de l'ouïe dont le chant de cuisson et de frisson, le soyeux et homogène froissement forme la base, ou la basse continue, donne aussi l'idée, au possesseur de l'oreille philosophique, — sous l'apparence de vie, de vacarme et de jaillissement, — d'une dissipation, dépense.
VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 23.
2. P. anal. Des basses sourdes, caverneuses :
• 9. ... au milieu de la canonnade sourde des vagues, sous un rayon de soleil passager, on entendit nasiller un disque et — sur la basse inégale du ressac, au milieu de la grande caisse de résonance des nuages et de l'eau — sans trace aucune de vulgarité.
GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 14.
♦ Un bruit de basse profonde (noble), qui fait entendre des sons très graves :
• 10. À force de pas et de glissements d'autos dans tous les quartiers s'était élevé un grondement de basse noble qui ondulait sur un mouvement de respiration logique, mais surhumaine. Il soutenait le ténor déchirant des tramways, frottant la courbe des rails dans les détours du boulevard...
J. GIONO, L'Eau vive, 1943, p. 316.
B.— Voix de basse. Voix apte à chanter les parties basses :
• 11. En un clin d'œil nous arrivâmes à la brasserie où tous les soirs une société chorale d'Allemands graves vient prendre son bock et chante gratis, avec d'effroyables voix de basse et des hurlements qui se marient au bruit du Rhin, les chœurs de tous les opéras de Wagner, de Weber et de Gluck.
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance, 1869, p. 130.
— Spéc. (Voix de) basse noble ou profonde, voix la plus grave. Basse chantante. ,,Voix de basse (...) (qui) ne le cède en rien aux voix aiguës pour le charme et la légèreté`` (BACH.-DEZ. 1882).
— P. méton. Celui qui a une voix de basse :
• 12. ... Remorini... belle basse, et qui a une voix très flexible, très travaillée, chose rare dans les basses...
STENDHAL, Rome, Naples et Florence, t. 1, 1817, p. 19.
C.— Instrument de musique exécutant les parties basses.
— Basse de viole, basse de violon. Instruments à cordes, ancêtres du violoncelle. Basse à cordes. Violoncelle :
• 13. Quatre petits démons, sous un archet de fer, font ronfler et mugir quatre basses géantes. Un gras soprano tord ses mâchoires béantes.
T. GAUTIER, Albertus, 1833, p. 181.
Rem. Cf. TÉNOT 1967 : ,,basse, abréviation de contrebasse``.
— ,,Instrument de cuivre usité dans les musiques d'harmonie et de fanfare`` (ROUGNON 1935).
— Les basses d'un instrument. Les grosses cordes.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
— Expr. fam. Doucement les basses. Expression qui sert à modérer les paroles ou l'action de quelqu'un :
• 14. AURÉLIE — Écoute, je vais te dire la vérité.
LE BOULANGER — Oh! Doucement les basses, mon petit cœur. C'est encore un truc comme les trucs de M. le Curé, ça : il faut regarder les choses en face... Un peu de vérité, je ne dis pas, mais beaucoup de vérité... Je me fais vieux, qu'est-ce que tu veux, une clarté un peu vive ça me gêne, ça me pique les yeux.
GIONO, La Femme du boulanger, 1943, III, 15, p. 343.
Rem. 1. En arg. la basse, la terre (cf. MICHEL 1856, LARCH. 1880, FRANCE 1907, LA RUE 1954 et ESN. 1965). 2. Man. ,,Pente douce sur laquelle on dresse le cheval à galoper et à plier les jambes`` (LITTRÉ; attesté dans la plupart des dict. généraux).
Prononc. — 1. Forme phon. :[]. 2. Homon. : basse2.
Étymol. ET HIST. — [1512 déjà dans basse-contre] 1. 1660 « la partie qui fait entendre les sons les plus graves des accords dont se compose l'harmonie » (OUDIN, Fr.-Esp.); 2. 1670 « voix d'homme la plus grave » (MOLIÈRE, Bourg. gent. II, 1 dans LIVET, Lex. de la lang. de Molière, Paris, Imprimerie Nationale, p. 220 : Il nous faudra trois voix : un dessus, une haute-contre et une basse, qui seront accompagnées d'une basse de viole); 3. 1670 basse de viole (ID., op. cit.); 1690 « se dit des instruments servant à jouer la partie basse » (FUR.).
Empr. à l'adj. ital. basso (fém. bassa) (EWFS2; DAUZAT 1968; BL.-W.5; DEI). L'ital. basso, adj. substantivé, terme de mus. désignant la partie d'un morceau la plus grave en harmonie, est attesté dep. 1561 (A. CITOLINI, La Tipocosmia, 491 dans TOMM.-BELL.) au sens de « corde au son grave » (ID., op. cit., 494, ibid.); dep. 1640 pour désigner l'instrument qui exécute la partie la plus grave (DONI GIOVANBATISTA [1594-1647] I. IX., ibid.) et av. 1643 pour désigner la plus grave des voix masculines (ID., I, 284 dans BATT.), cf. basso continuo dep. 1640 (ID., 2, 34, 99 dans TOMM.-BELL.).
STAT. — Voir stat. après basse2.
BBG. — DUF. t. 2 1965, p. 362. — POPE 1961 [1952], § 570. — ROUGNON 1935, p. 22, 134, 135, 198, 216.
II.
⇒BASSE2, subst. fém.
MAR. ,,Banc de roche ou de corail s'approchant très près de la surface de la mer, mais ne découvrant jamais`` (GRUSS 1952) :
• Certains par une longue expérience de n'y rencontrer [sur cette route marine] ni vigies ni basses, ils [les Espagnols] peuvent naviguer la nuit avec aussi peu de précautions que dans les mers d'Europe.
Voyage de La Pérouse, t. 2, 1797, p. 294.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
Prononc. Cf. basse1. Homon. basse1. Étymol. et Hist. 1484 mar. « haut-fond » (GARCIE, Le Grant routier, Rouen d'apr. Arveiller dans Fr. mod., t. 25, p. 306 : il y a une basse). Substantivation du fém. de l'adj. bas.
BBG. — DAINV. 1964, p. 121. — POPE 1961 [1952], § 570.
STAT. — (bas1 et 2, basse1 et 2). Fréq. abs. littér. :17 260. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 20 072, b) 33 619; XXe s. : a) 28 498, b) 21 122. Basse, fém. de bas, basse1 et 2. Fréq. abs. littér. :6 313. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 009, b) 10 486; XXe s. : a) 11 655, b) 9 091.
1. bas, basse [bɑ, bɑs] adj., n. m. et adv.
ÉTYM. 1119; bas lat. bassus, bassulus, d'abord « épais, gras », d'orig. incert.; le lat. class. connaît le surnom Bassus, selon Guiraud du grec Bassos, de basson, compar. de bathus « profond, épais ».
❖
———
I Adj.
A (Définissant une dimension, dans l'espace). Qui est, dans le sens vertical, d'une faible dimension par rapport aux êtres, aux objets de même espèce (s'oppose à haut). || Les Alpes sont plus basses du côté de l'Italie. || Une côte basse et marécageuse. || Basses terres, basses régions. || Les Pays-Bas. || Haie basse. || Végétation basse. || Navire bas sur l'eau. || Maison basse. || Mur bas. || Porte, fenêtre basse. || Salle basse. ⇒ Basse-fosse. || Plafond bas. — Un bureau bas de plafond, un chapeau bas de forme. — Chaise, table basse. || Un divan très bas (→ Ameublement, cit. 2).
1 Madame d'Heudicourt était auprès du roi sur un petit siège tout bas et presque au ras de terre (…)
Saint-Simon, Mémoires, 97, 25.
2 Et toutes ces chaumières étaient pareilles, basses, enterrées, sombres (…)
Loti, Mon frère Yves, XXI, p. 72.
2.1 (…) le pavillon est très bas, il n'a pas vingt-cinq pieds, et les enceintes composées, les unes de murailles, les autres de haies vives très serrées les unes sur les autres, en ont chacune plus de cinquante de haut (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 160-161.
♦ Vx. || Un homme de basse stature (Académie). ⇒ Court, petit… — Mod. || Cheval bas sur jambes ou bas de jambes. || Bas sur pattes (1. Patte, cit. 7). || Le basset est bas sur pattes. || Front bas.
3 Le lynx est moins gros que le loup et plus bas sur ses jambes.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le lynx.
B (Définissant une position).
1 (Dans l'espace). Qui est à une faible hauteur dans un ensemble de choses identiques. || Cette branche est plus basse que les autres. || Les branches les plus basses. || Basses voiles, basses vergues, basses lisses. || Rehausser une étagère trop basse dans un rayonnage.
4 Il suffit que cet arbre ait un seul étage de bonnes racines, c'est-à-dire qu'il y ait des racines sortant tout autour du pied, de sorte qu'il n'y en ait point de beaucoup plus hautes ni de beaucoup plus basses que les autres (…)
♦ Qui est dans une position particulièrement peu élevée par rapport aux positions que la même chose peut occuper dans d'autres circonstances. || Vous êtes trop basse sur cette chaise, je vais vous donner un coussin. || Pantalon taille basse.
♦ Spécialt. || Le soleil est bas, près de son coucher. || Le jour est bas, sur son déclin. || Les nuages sont bas. || Plafond bas. || Le temps, le ciel est bas, chargé de nuages bas (→ Assombrir, cit. 9).
5 J'aime les temps bas; mais quand ils sont si bas qu'ils tombent sur notre nez, et qu'il pleut (…) j'ai envie de pleurer.
Mme de Sévigné, Lettres, 944, 13 déc. 1684.
6 Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, LXXVIII.
7 Le soleil est déjà bas et sa lumière un peu jaunie, quand Stamboul commence de dessiner au loin ses flèches aiguës et ses dômes.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 3.
♦ Qui est dans la position la moins élevée (que l'objet peut occuper lui-même, ou dans un ensemble d'objets identiques); à son niveau le plus faible. || Le bas bout d'une table. || Bas hauban. || La rivière est basse. || Les eaux sont basses, au niveau le plus bas. || Marée basse, basse mer. || Se baigner à marée basse. — La basse Seine, la basse Loire, la partie voisine de l'embouchure. ⇒ Inférieur. || La basse Égypte, la partie la plus voisine de la mer. — Vx. || La basse Normandie, la basse Bretagne, la partie occidentale de ces régions, située plus près de la mer. || Un bas-breton ou un bas Breton. || Un cultivateur bas normand.
8 (…) c'était à la campagne,
Près d'un certain canton de la basse Bretagne (…)
La Fontaine, Fables, VI, 18.
REM. Bas, étant ressenti comme péjoratif dans ces emplois, n'est plus employé. Deux des noms de département qui le comportaient ont été modifiés. Les Basses-Alpes sont devenues les Alpes de Haute-Provence, les Basses-Pyrénées sont devenues les Pyrénées-Atlantiques.
♦ La partie basse d'une ville, la basse ville, les bas quartiers. ⇒ Quartier, ville. || Les bas-champs : les terres les plus proches de la mer.
♦ ☑ Loc. Ce bas monde : la terre, par opposition au ciel. ⇒ Sublunaire. || En ce bas monde, en ce bas univers. ⇒ Ici (ici-bas).
9 Et prie Dieu qu'il nous garde en ce bas monde ici,
De faim, d'un importun, de froid et de souci.
Mathurin Régnier, Satires, VIII.
10 Elle nous fit l'honneur en ce bas univers
De préférer notre hémisphère
À celui des mortels qui nous sont opposés (…)
La Fontaine, Fables, VI, 20.
10.1 Luxe, calme… Ce n'est pas si souvent désormais dans ce bas monde, très bas, n'est-ce pas, de plus en plus bas…
Ph. Sollers, Femmes, p. 66.
♦ Baissé (par oppos. à levé). || Marcher la tête basse. || Ce chien porte les oreilles basses. — ☑ Fig. S'en aller l'oreille basse. ⇒ Confus, honteux, humilié, mortifié (cf. La queue entre les jambes).
11 Il remarqua ma contenance basse, éperdue, humiliée, indice de mes remords (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, 63.
♦ ☑ Faire main basse sur qqch. (l'abaisser pour le prendre), s'en emparer. ⇒ Piller.
♦ ☑ Avoir la vue basse, une vue courte qui force à se baisser pour distinguer un objet. — Fig. Manquer de perspicacité. — ☑ Fam. Avec son air con et sa vue basse…
12 (…) sa vue, qui était si basse qu'à peine pouvait-il écrire.
Mairan, Éloge de l'abbé Bignon.
13 Tous les utopistes sans exception, ont eu la vue trop basse et ont manqué d'esprit de prévision.
A. de Vigny, Journal d'un poète, p. 242.
2 (Sur l'échelle des degrés d'intensité). ⇒ Faible, inférieur. || Zones de basse pression. || Émetteur à basses fréquences. || La température est basse. || À basse altitude. || Sous les basses latitudes.
♦ Spécialt (sur l'échelle, le registre des sons, des notes). ⇒ Grave. || Les notes basses. || Prendre un morceau un ton trop bas. || La chanterelle de ce violon est trop basse, elle a été accordée trop bas. || Son bas et sourd. ⇒ Caverneux. || Une voix basse. ⇒ 1. Basse, voix.
♦ Par ext. Dont le registre est grave. ⇒ 1. Basse. || Clarinette basse. ⇒ 2. Basset.
14 La façon dont il appuyait sur certaines voyelles (…) rappelait l'écrasement de l'archet sur les cordes basses d'un violoncelle.
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 1 (cf. Appuyer, cit. 22).
♦ (Sur l'échelle des degrés de puissance de la voix). || À voix basse, d'un ton bas : sans élever la voix, en parlant doucement. ⇒ Faible, inaudible.
15 À table, nous demandions du pain à voix basse.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, 1.
16 Remarquant son air étonné, ses futurs collègues lui expliquèrent à voix basse l'anomalie d'un tel accoutrement en un pareil lieu (…)
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 118.
17 Rumelles s'exprimait sur un ton bas et monocorde (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 89.
♦ ☑ Fam., vx. Faire parler qqn d'un ton plus bas, rabaisser, rabattre son ton, son caquet.
♦ Messe basse (par oppos. à grand-messe) : messe non chantée, où le prêtre ne fait que réciter les prières. — ☑ Fig., fam. Dire, faire des messes basses : parler à voix basse. ⇒ Chuchoter, murmurer; aparté (faire un).
3 (Sur l'échelle des prix, des valeurs cotées). Qui est peu élevé. ⇒ Inférieur, moindre. || Monnaie de bas aloi. — Bas prix. ⇒ Modéré, modique. || Acheter, vendre une marchandise à bas prix. || Céder qqch. à très bas prix. ⇒ Infime, vil (à vil prix). || Les cours sont plus bas qu'hier. || Les fonds sont bas. || Une politique patronale de bas salaires. || Le change est bas. || Le change est plus bas que le pair, au-dessous du pair. — Figuré :
18 Rien n'est jamais à si bas prix que la vie des hommes.
Guez de Balzac, Livre II, Lettre 5.
19 Peut-on laisser aliéner des cœurs qu'on peut gagner à si bas prix ?
Massillon, Humanité des grands, I.
♦ ☑ Au bas mot : en faisant l'évaluation la plus faible. ⇒ Minimum (au), moins (au); mot (cit. 39). || Cela vaut un million, au bas mot.
♦ Basses cartes, les cartes qui ont la moindre valeur.
♦ Bas morceaux : morceaux de qualité inférieure, de prix moindre, en boucherie.
19.1 En dedans de lui-même, il accusa le père Rouault d'être fier, et il alla se joindre dans un coin à quatre ou cinq autres des invités qui, ayant eu, par hasard, plusieurs fois de suite à table les bas morceaux des viandes, trouvaient aussi qu'on les avait mal reçus, chuchotaient sur le compte de leur hôte et souhaitaient sa ruine à mots couverts.
Flaubert, Mme Bovary, I, IV.
♦ (Dans le rang, le degré, l'ordre de la puissance sociale et politique, la hiérarchie). ⇒ Inférieur, subalterne. || À un degré plus bas de la hiérarchie. || Les postes les plus bas. || Les basses classes d'une école : les classes élémentaires. — Vx. || Le bas peuple. || Le bas clergé. || Basses fonctions. — Maître (ou, par plais., exécuteur) des basses œuvres : vidangeur. — Par antiphr. ☑ Exécuteur des basses œuvres. ⇒ Bourreau. — Basse origine, naissance, extraction, condition. ☑ De bas étage.
20 Si ma naissance est basse, elle est du moins sans tache (…)
Corneille, Don Sanche, V, 5.
21 On trouve la sainteté dans les emplois les plus bas et un esclave s'élève à la perfection dans le service d'un maître mortel, pourvu qu'il sache regarder l'ordre de Dieu (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
22 Un courage aussi grand dans un rang aussi bas (…)
Voltaire, Mérope, IV, 1.
23 Le bas peuple en vaudra certainement mieux, quand les principaux citoyens cultiveront la sagesse et la vertu (…)
Voltaire, Lettre à Damilaville, 13 avr. 1766.
♦ Basse justice (par oppos. à haute et moyenne justice), sous la féodalité, Celle qui connaissait de délits peu importants. || Seigneur bas justicier.
♦ Chambre basse, la Chambre des communes, en Angleterre (par oppos. à la Chambre haute, la Chambre des lords).
4 (Sur l'échelle des valeurs morales). ⇒ Abject, grossier, ignoble, impur, indigne, infâme, médiocre, méprisable, mesquin, odieux, servile, vénal, vil, vulgaire. || Âme basse. || Esprit bas. || Cœur bas. || Le caractère bas et rampant d'un laquais, d'un valet. ⇒ Avili, lâche, plat, rampant. — Sentiments bas. || L'avarice, passion basse. || Avoir de basses pensées. || Une basse complaisance, une basse envie, une basse jalousie. ⇒ Avilissant, dégradant, honteux, infamant, innommable, laid. || De basses actions. — Cour. || Basses besognes. || Une basse vengeance. ⇒ Avilissant, dégradant, infamant, laid; crapuleux. — (Personnes). Rare. || C'est un individu bas et lâche. || Vous êtes bas (→ ci-dessous, cit. 38).
24 N'apprendras-tu jamais, âme basse et grossière
À voir par d'autres yeux que les yeux du vulgaire ?
Corneille, Rodogune, II, 2.
25 Elle ne peut souffrir une basse pensée (…)
Corneille, le Cid, II, 3.
26 Qu'à des pensers si bas mon âme se ravale !
Corneille, Polyeucte, II, 1.
27 Les vices odieux des âmes les plus basses.
Molière, le Misanthrope, IV, 2.
28 Mon Dieu, que votre esprit est d'un étage bas !
Molière, les Femmes savantes, I, 1.
29 Je trouve que vous appuyez un peu trop sur l'argent; et l'intérêt est quelque chose de si bas (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 1.
30 Laissez aux gens grossiers, aux personnes vulgaires,
Les bas amusements de ces sortes d'affaires (…)
Molière, les Femmes savantes I, 1.
31 Y a-t-il rien de plus bas et de plus honteux que cette passion (la colère) ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 3.
32 Madame, je n'ai point des sentiments si bas.
Racine, Phèdre, II, 5.
33 Fuyez surtout, fuyez ces basses jalousies,
Des vulgaires esprits malignes frénésies.
Boileau, l'Art poétique, VI.
34 Ta secte obscure et basse avilit les mortels (…)
Voltaire, Mahomet, II, 5.
35 En tout état de cause, un dénonciateur qui se cache joue un rôle odieux, bas, lâche (…)
Rousseau, Dialogue, V.
36 Vile et basse flatterie, soins séducteurs, insidieux, puérils qui, à la longue, rapetissent l'âme et corrompent le cœur (…)
Rousseau, Narcisse, Préface.
36.1 Julie qui allait, prétendait-elle, devenir une grande dame, consentirait-elle à recevoir une petite fille dont les inclinations vertueuses mais basses, seraient capables de la déshonorer ?
Sade, Justine…, t. I, p. 10.
37 Galérius prolonge dans les ténèbres de la nuit de basses et crapuleuses orgies (…)
Chateaubriand, les Martyrs, 122.
38 Vous êtes bas, vous êtes bas ! Le mensonge, l'hypocrisie, le vice, la trahison, voilà ce que vous aimez, ce qui vous plaît à respirer. Il n'y a dans votre cœur rien de pur, rien de vrai !
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, XXIV, 202.
39 Il y a des jours où l'on touche au fond des choses, où l'on se débat en vain contre tout ce qui est bas et vil.
A. Maurois, le Cercle de famille, I, p. 122.
40 Nous avons cru que la virtuosité des âmes basses pouvait aider au triomphe des causes nobles (…)
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, p. 206.
REM. Encore vivant dans la langue écrite ou soutenue, cet emploi a vieilli dans l'usage spontané; il était neutre et courant dans la langue classique.
♦ Vx (langue class.). Grossier et propre à un usage déprécié de la langue. ⇒ Commun, trivial, vulgaire. || Un mot bas. — Un style, un ton bas.
41 Elle a (…) insulté mon oreille
Par l'impropriété d'un mot sauvage et bas
Qu'en termes décisifs condamne Vaugelas.
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
42 Il lui était échappé (…) beaucoup de paroles très basses.
Racine, Port-Royal.
43 Cette manière basse de plaisanter a passé du peuple à qui elle appartient jusque dans une grande partie de la jeunesse de la cour, qu'elle a déjà infectée.
La Bruyère, les Caractères, V, 71.
5 (Dans le temps). Qui est au début. ⇒ Premier. || Bas âge [bɑzɑʒ], l'âge du berceau. ⇒ Âge (cit. 26). — ☑ Loc. cour. Enfant en bas âge.
♦ Qui vient en dernier lieu, dans une période. ⇒ Proche, récent. || Le Bas-Empire : l'empire romain après Constantin. || La basse latinité. — REM. Parfois employé péjorativement, avec l'idée de décadence, de dégénérescence. — Par ext. || Le bas latin : le latin du moyen âge, qui a subi des altérations du fait du contact avec d'autres langues.
44 Cette fameuse constitution qu'on appelle bulle d'or, à cause du sceau d'or qu'on nommait bulla dans la basse latinité (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, 70.
———
II N. m.
1 Partie inférieure. || Le bas du visage. || Le bas du corps. || Le bas du dos, euphémisme pour derrière, fesses. ⇒ Chute (des reins), derrière. — Étiquette (cit. 2) portant les mentions haut et bas. || Le bas d'une montagne. ⇒ Base, pied. || Le bas d'un meuble, le bas de la rue. || Le bas du pavé. || Vers le bas de la colline.
45 Il y avait au bas de votre lettre, trois écritures différentes.
Voiture, Lettres, 30.
46 Soigneusement, il apposa sa signature au bas de la page.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, I.
46.1 Le bas du tablier est très ample, ainsi que la jupe, tandis que le haut n'est qu'un simple carré de toile protégeant le devant du corsage.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 63.
♦ Vx. || Le bas. ⇒ Anus, fondement. || Aller par haut et par bas (→ Aller, cit. 15).
47 L'opération (produite par les gouttes d'Angleterre, sorte de purgatif) sur le maréchal de Lorge fut douce, mais prodigieuse par le bas (…)
♦ Imprim. || Bas de casse. ⇒ 3. Casse.
♦ (Abstrait). || Le bas de la hiérarchie. || Le bas de la société. || Le bas d'une gamme de produits. — Ellipt. || Un produit bas de gamme.
47.1 Le bonheur est avant tout le nivellement, ni par le bas ni par le haut : par le milieu.
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 115.
♦ Spécialt. Ensemble des sons graves. ⇒ Grave. || Il a du mal à chanter dans le bas.
♦ ☑ Du haut, de haut en bas [dəotɑ̃bɑ]. ⇒ Haut (cit. 74, 75 et 76). || Aller de bas en haut. ⇒ Monter. || Du bas jusqu'en haut. ☑ Regarder qqn de bas en haut, des pieds à la tête. ⇒ Toiser.
48 Par ma foi, nous voilà plaisamment équipés,
Noirs du bas jusqu'en haut et des mieux encrêpés (…)
Hauteroche, le Deuil, 1.
49 Charlotte, assise, contemplait son fils de bas en haut (…)
Colette, la Fin de Chéri.
♦ ☑ Loc. prép. Au bas de… || Au bas de la côte (→ Après, cit. 30). || Au bas de l'escalier. || Un falbala au bas de la jupe. || Au bas de la page. — Se situer au bas de l'échelle sociale.
♦ Régional. || Bas de : au bas de.
49.1 (Il) poussa bas de la table l'assiette au hareng.
Simenon, Pietr-le-Letton, p. 58.
♦ ☑ Loc. adv. Au plus bas. || Niveler au plus bas (→ ci-dessous, au fig., cit. 58).
2 ☑ Fig. Des hauts (cit. 77 et 78) et des bas : des alternatives de bon et de mauvais état, de disposition heureuse ou chagrine.
50 Il faut du haut et du bas dans la vie.
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 1.
51 N'admirez-vous pas comme cette vie est mêlée de haut et de bas, de blanc et de noir ?
Voltaire, Lettre à Damilaville, 9 févr. 1767.
52 Il s'était fait une vie de hauts et de bas perpétuels. Les brusques transitions de la rêverie à l'exaltation et de la nonchalance absolue aux excès bruyants étaient devenues un état normal dont il ne pouvait plus se passer.
G. Sand, Elle et Lui, 5.
53 Nous n'en sommes qu'à la première oscillation; nous verrons pendant vingt ans des hauts, des bas, des hauts, des bas, d'amplitude décroissante. Puis tout rentrera dans le calme jusqu'à la prochaine secousse.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXV, p. 162.
53.1 (…) la patronne (…) m'a assuré que Liliane était une bonne cliente, dont la trésorerie pouvait avoir des hauts et des bas, mais qu'elle finissait toujours par régler ses factures.
René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 70.
3 Vieilli ou littér. (Dans l'ordre moral). Ce qui est bas, vil, trivial.
54 Dangereux modèles et tout propres à faire tomber dans le froid, dans le bas et dans le ridicule (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 64.
55 Tous les dehors du vice y sont spécieux (chez les grands); mais le fond, encore une fois, y est le même que dans les conditions les plus ravalées; tout le bas, tout le faible et tout l'indigne s'y trouvent.
La Bruyère, les Caractères, IX, 53.
56 Le trivial et le bas défigurent la tragédie (…)
Voltaire, Lettre à Walpole, 15 juil. 1758.
57 Le christianisme (…) a fait voir le haut et le bas de notre cœur (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, II, III, 1.
REM. On trouve aussi, dans cet emploi fig., les loc. prép. et adv. traitées en II., 1.
58 Au lieu de niveler au plus bas, nous avons nivelé au plus haut. C'est mieux (…)
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, VI, p. 64.
———
III Adv.
1 À faible hauteur, à un niveau inférieur. || Les hirondelles volent bas, très bas, bien bas; je ne les avais jamais vues voler aussi bas, si bas. || S'incliner très bas en saluant. || Cette planche est placée trop bas, il faut la hausser d'un cran. || Baisser une chose, c'est la mettre plus bas qu'elle n'était. ⇒ Abaisser (cit. 1), baisser, descendre… || Il faut creuser plus bas. ⇒ Profond. || Le coup est parti de plus bas (Académie). || Il habite deux étages plus bas. ⇒ Dessous (au-dessous). || La taille se portera plus bas. || Être assis trop bas. || Le magasin est plus bas dans la rue. — Cheveux plantés bas.
59 Falbala par (en) haut pour celles qui n'ont point de hanches, celles qui en ont trop le portent plus bas.
J.-F. Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 6.
60 Si les fenêtres, par exemple, sont mal disposées, que les unes soient plus grandes, les autres plus petites, les unes placées plus haut, les autres plus bas, ce dérangement blesse les yeux et semble leur faire une sorte d'injure; c'est l'expression de Saint-Augustin.
Rollin, Œuvres, t. II, 1, p. 26.
61 Enfin l'un des deux vaisseaux lâcha à l'autre une bordée si bas et si juste, qu'il le coula à fond.
Voltaire, Candide, 20.
62 (…) quelque chose dans la joue de trop rond, de bébête, l'oreille attachée un peu bas (…)
Colette, la Fin de Chéri, p. 83.
62.1 Maigret ne s'était pas trompé en l'imaginant avec des cheveux drus, très bruns, plantés bas sur le front, des sourcils épais.
G. Simenon, Maigret et le client du samedi, p. 369.
♦ ☑ Fig. Ça vole bas : c'est médiocre, peu intéressant (en parlant d'une discussion, d'une plaisanterie, etc.).
62.2 Naturellement, l'existence, le nom et la profession de Madame Astiné étaient une source d'ébaudissement infini, à base de contrepèteries et de calembours d'un goût exécrable; mais plus la facétie volait bas, plus vif était l'amusement.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 22.
♦ Porter bas (en parlant d'un cheval) : avoir la tête baissée. || Porter bas l'oreille : avoir l'oreille basse.
63 Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris,
Serrant la queue et portant bas l'oreille.
La Fontaine, Fables, I, 18.
♦ Couler bas (un navire), l'envoyer par le fond. — V. intr. || Le bâtiment coula bas, s'enfonça brutalement. || Navire chargé à couler bas.
♦ Fig. À un niveau inférieur, dans une échelle de valeurs. || Les prix sont descendus très bas cette année. || Vous le placez bien bas dans votre estime !
♦ Le thermomètre est tombé très bas. || La température est descendue très bas. || Les cours (de l'or, de la Bourse) sont tombés très bas, se sont affaissés, se sont effondrés (→ Assignat, cit. 3).
♦ ☑ Fig. (Personnes). Est-il possible de tomber si bas ? à un tel degré d'abaissement, d'abjection, d'avilissement, etc.
63.1 Nous sommes bien bas ! Pauvre France ! Où allons-nous ?
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 630.
♦ Vx. || Penser bas, d'une manière vile.
64 Elle (l'âme) ne peut pas demeurer en cet état, tout triste qu'il est : il faut qu'elle tombe encore plus bas.
Bossuet, Sermon pour la profession de Mlle La Vallière.
65 On décline misérablement (…) néanmoins un rayon d'espérance, si bas que l'on soit, relève aussi haut qu'on était auparavant.
Pascal, les Passions de l'amour.
♦ ☑ Fig. et fam. Mettre qqn plus bas que terre, le rabaisser en en disant beaucoup de mal, le maltraiter.
66 (…) ce garçon que tu mets à présent plus bas que terre (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 48.
66.1 Qu'elle éclate, bon Dieu ! Qu'elle me mette plus bas que terre ! Mais qu'on en finisse !
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 313.
♦ Être bas : être en mauvais état, physique ou moral. || Le pauvre vieux est bien bas. ⇒ Mal. ☑ Il est au plus bas, près de mourir. || Son moral est très bas.
67 (Il) trouva sa pauvre femme si bas qu'elle avait plus besoin de confession que de médecin.
♦ ☑ Vieilli. Mettre, jeter (qqn, qqch.) bas : mettre, jeter à terre (ce qu'on portait). — Fig. ⇒ Abandonner, déposer, ôter. || Mettre bas un dictateur. ⇒ Renverser.
68 Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
La Fontaine, Fables, I, 16.
69 Jetant bas sa robe de chasse (…)
La Fontaine, Fables, XII, 9.
69.1 Il mit bas le peu de bois qui couvrait les sacs et il porta dans sa maison les sacs, qu'il posa et arrangea devant sa femme, qui était assise sur un sofa.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 268.
♦ Fig., vx. || Mettre bas tout scrupule, toute considération humaine (Académie). ⇒ Écarter, renoncer (à).
70 Allons donc, messieurs, mettez bas toute rancune, et faisons ici votre accommodement.
Molière, l'Amour médecin, III, 1.
♦ ☑ Mettre bas les armes, les déposer, et, fig., se rendre, capituler, s'avouer vaincu, renoncer à la lutte. — Ellipt. || Bas les armes !
71 Ils mirent bas les armes pour les regarder (…)
Fénelon, Télémaque, XX.
72 (…) le niais qui met bas les armes est armé de nouveau pour le service du vainqueur.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, X.
♦ ☑ Mettre pavillon bas : amener, baisser le pavillon, et, fig., céder, s'avouer vaincu.
73 J'ai conçu, dirigé, produit un stratagème
Devant qui tous les tiens, dont tu fais tant de cas,
Doivent sans contredit mettre pavillon bas.
Molière, l'Étourdi, II, 11.
♦ ☑ Mettre chapeau bas, l'ôter pour saluer, et, fig., s'incliner, reconnaître telle ou telle supériorité. — Ellipt. || Chapeau bas ! || Chapeau bas devant un tel courage ! ⇒ Chapeau.
74 Tous les plus gros monsieurs me parlaient chapeau bas (…)
Racine, les Plaideurs, I, 1.
75 Chapeau bas ! Chapeau bas ! Gloire au marquis de Carabas !
Béranger, le Marquis de Carabas.
♦ ☑ Fam. Bas les mains, bas les pattes, n'y touchez pas !
75.1 — Bonjour, madame Cloche. Bonjour ma p'tite Titine, et lui pinça la taille.
— Bas les pattes que j'vous dis. M'touchez pas avant qu'on soye mariés.
R. Queneau, le Chiendent, p. 235.
♦ ☑ Absolt. Mettre bas (en parlant des animaux supérieurs) : accoucher, faire son ou ses petits. ⇒ Mise (bas), parturition; chatonner, chevretter, chevroter, chienner, cochonner, vêler.
76 (…) en général, dans presque tous les animaux sauvages, le mâle devient plus ou moins féroce lorsqu'il cherche à s'accoupler, et la femelle lorsqu'elle a mis bas (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, Les quadrupèdes, t. I, p. 302.
77 Lorsque la martre est prête à mettre bas, elle grimpe au nid de l'écureuil, l'en chasse, en élargit l'ouverture, s'en empare et y fait ses petits.
Buffon, Hist. nat. des animaux, t. II, p. 245.
2 (En parlant d'un écrit). || Plus bas : plus loin dans le texte. ⇒ Après (ci-après), dessous (ci-dessous), infra. || On lira plus bas… || Dont nous parlerons plus bas. || Voyez plus bas.
3 (Dans l'échelle des sons). a Sur un ton grave. || Vous chantez trop bas, vous avez pris ce morceau trop bas. || Ma voix ne descend pas si bas.
78 Parlons bas; écoute.
Corneille, le Cid, II, 2.
79 Isabelle, à Clarice, tout bas.
Corneille, le Menteur, I, 3 (Jeu de scène).
80 Parle bas, pendarde : tu viens m'ébranler tout le cerveau, et tu ne songes pas qu'il ne faut point parler si haut à des malades.
Molière, le Malade imaginaire, II, 2.
81 Ils appellent tout bas Mme de Maintenon Madame de Maintenant (…)
Mme de Sévigné, 854, Lettres, 18 sept. 1680.
82 Plusieurs se parlèrent des yeux et du coude en se retirant, et puis à l'oreille bien bas (…)
Saint-Simon, Mémoires, 60, 13.
83 Tous deux parlent très bas. Leur vie est un perpétuel chuchotement, un murmure étouffé dont on ne surprend presque rien (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, XIII.
84 Il riait tout bas, et ne semblait pas gai quand il riait.
Colette, la Fin de Chéri.
♦ Dire qqch. entre haut (III., B., 3.) et bas.
84.1 (…) beaucoup mouraient, et les médecins, surchargés de travail, à court d'espérance, disaient entre haut et bas que cette grippe était la peste, concourant ainsi à aggraver le désarroi des gens.
Suzanne Prou, la Terrasse des Bernardini, p. 132.
♦ Tout bas : intérieurement, sans parler, en secret, à part soi. ☑ Exprimer tout haut ce que chacun pense tout bas (→ 1. Général, cit. 14).
85 Mon cœur me condamne tout bas (…)
Racine, Andromaque, IV, 5.
86 En même temps que sa bouche
Me disait : je ne veux pas,
Ses yeux me disaient tout bas :
Je ne suis pas si farouche (…)
87 Ce n'est pas que je n'aie tout bas l'insolence de la croire bonne (cette tragédie); mais je n'oserais le présumer tout haut (…)
Voltaire, Lettre à Richelieu, 25 mai 1772.
4 À bas. || Mettre, jeter qqch. à bas. ⇒ Abattre, démolir, renverser. || Sauter à bas.
88 (…) Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras !
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas (…)
Ronsard, Élégies, XXX.
88.1 On nous porta chacun dans notre chambre. — Une heure après, sentant que je ressaisissais la possession de moi-même, je sautai à bas, je fourrai tout ce que j'avais, pêle-mêle, dans ma valise, et je me mis à fuir par le jardin, escorté silencieusement et jusqu'à la porte, par le basset.
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 148.
♦ Par métaphore :
88.2 On sentait qu'un dernier effort de ceux qu'on appelait les Oranges allait pouvoir jeter à bas tout l'édifice, si patiemment édifié, de l'Empire.
J. d'Ormesson, la Gloire de l'Empire, t. II, p. 451.
♦ ☑ Fig. Mettre, jeter… à bas. ⇒ Abattre, détruire, renverser.
89 Pour jeter un des partis à bas (…)
Corneille, Horace, I.
90 Je vous l'avoue, il n'est pas encore temps de mettre à bas Mazarin (…)
Retz, III, 97.
91 Les ennemis sont à bas (…)
91.1 « La Révolution qui a suivi (le Concile) a jeté à bas trop de choses (…) »
Julien Green, Vers l'invisible, 6 mai 1965, p. 428.
♦ Ellipt. Cri d'improbation (s'oppose à vive !). || À bas la calotte ! || À bas les flics ! || À bas le gouvernement !
92 Crier à bas les ministres (…)
92.1 À bas les Sarah Bernhardt, la grande passionnée, qui, aussitôt après être morte au cinquième acte, se relève et court à la caisse pour savoir combien ça lui a rapporté de mourir pour nous !
J. Renard, Journal, 15 déc. 1897.
➪ tableau Principales interjections.
♦ ☑ Loc. prép. Vx. À bas de.
93 Il saute à bas de son lit (…)
Rousseau, Émile, II.
5 ☑ En bas : vers le bas, vers la terre. || De haut en bas : en descendant. || La pointe en bas. || Tirer en bas. || Se précipiter la tête en bas. || Marcher la tête en bas (→ Antipode, cit. 2; arbre, cit. 35).
94 Le galant fait le mort, et du haut d'un plancher
Se pend la tête en bas (…)
La Fontaine, Fables, III, 18.
95 (…) En rapprochant la mâchoire d'en bas de celle d'en haut (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
96 Un jeune enfant (…) tomba du haut du clocher en bas (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, IV.
♦ Au-dessous, en dessous. || Il loge en bas, au rez-de-chaussée. || Qui frappe en bas ? || Attendez-moi en bas. || Venir d'en bas. ⇒ Monter.
97 D'en bas, monta, par la fenêtre entrouverte, sur le jardin, la voix de baryton du docteur Arnaud (…)
Colette, la Fin de Chéri.
97.1 (…) le commissaire cria à tout hasard :
— Attention, en bas (…)
G. Simenon, Maigret et le client du samedi, p. 402.
♦ Par en bas. || Tirer par en bas. || Ce vase s'élargit par en bas.
98 Sa taille est devenue plus fine par en bas (…)
♦ ☑ Loc. prép. En bas de … (→ ci-dessus, Au bas de). || Il était en bas de la colline (Académie). || Il est tombé en bas d'une échelle. — Retrouvons-nous en bas de l'immeuble, fam. en bas de chez moi. — En bas, tout en bas de la hiérarchie.
♦ ☑ Ici-bas. ⇒ Ici. — ☑ Là-bas. ⇒ Là.
❖
CONTR. (Adj.) Élevé, haut. — Supérieur. — Levé, relevé. — Aigu (son), 1. fort. — Considérable, élevé, important. — Auguste, digne, généreux, grand, noble, pur, respectable, sublime. — Élégant. — (N.) Cime, comble, dessus, faîte, haut, sommet. — (Adv.) Haut.
DÉR. 2. Bas, 2. basse, bassement, bassesse, 1. basset. — V. 1. Basse (et dér.); baisser.
COMP. Branle-bas, basculer, contrebas. Passe-bas. — V. Soubassement. — Bas-côté, bas-dessus, bas-fond, bas-jointé, bas-mât, bas-port, bas-relief, bas-ventre; basse-cour, basse-fosse, basse-lice, basse-taille.
HOM. 2. Bas, bât, formes du v. battre. — (Du fém.) 1. Basse, 2. basse.
————————
1. basse [bɑs] n. f.
ÉTYM. 1660; ital. basso « bas » (« basse », en mus.), bas lat. bassus. → 1. Bas.
❖
♦ Musique et courant.
1 Celle des parties qui fait entendre les sons les plus graves des accords dont se compose l'harmonie. || Composer, chanter, jouer la basse d'un quatuor. — Basse fondamentale : basse non écrite qui formait le fondement rationnel de l'harmonie dans la théorie de Rameau. — Basse chiffrée, se dit d'un procédé de notation consistant en chiffres et signes qui symbolisent des intervalles et que l'on place au-dessus des notes de la partie de basse pour indiquer les accords. — Basse continue, qui ne s'interrompt pas pendant la durée du morceau. ⇒ Continuo. — Basse contrainte, qui reproduit une même phrase pendant que varient les autres parties. — REM. Dans le langage courant, basses se dit pour sons graves.
1 Il y a (dans Atys de Quinault) un sommeil et des songes dont l'invention surprend; la symphonie est toute de basses et de tons si assoupissants qu'on admire Baptiste sur nouveaux frais.
Mme de Sévigné, 271.
2 Lulli fut le premier en France qui fit des basses (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 33.
3 (…) deux méchantes voix dont l'une chantait le dessus et l'autre râlait une basse (…)
Scarron, le Roman comique, I, 15.
2 Voix de basse, ou, ellipt., basse : voix d'homme la plus grave. ⇒ Basse-taille (vx). || Basse noble ou profonde, la voix la plus grave (autrefois basse-contre). || La basse des chantres de l'église orthodoxe. — Basse chantante : intermédiaire entre la basse profonde et la voix de baryton. — Appos. || Baryton-basse.
4 (…) une belle voix de basse, étoffée et mordante, qui remplissait l'oreille et sonnait au cœur.
Rousseau, les Confessions, V.
5 (…) l'évêque de Beauvais qui avait une caverneuse voix de basse était venu donner l'absoute.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 265.
5.1 Et la basse faisait encore monter, descendre et remonter, dans le sourd et le voilé de sa gorge, la lamentation du Sacrifice, d'une agonie d'Homme-Dieu, modulée, soupirée avec le timbre humain.
Ed. et J. de Goncourt, Madame Gervaisais, p. 97.
♦ Celui qui a une voix de basse. || Une basse de l'Opéra. || Une basse noble. || Une basse chantante. || Les basses du chœur.
6 Et Gorillon la basse; et Grandin le fausset (…)
Boileau, le Lutrin, V.
7 Il m'a cité l'exemple d'un chantre de Notre-Dame (je crois que c'était une basse), à qui un rhume avait fait perdre entièrement la voix (…)
Racine, Lettres, III, À Boileau.
♦ ☑ Loc. fam. Doucement les basses ! : n'exagérez pas, modérez-vous !
8 Au plus gracieux d'une arabesque, Samuel est heurté de dos, ce qui lui fait accélérer le mouvement de façon très inesthétique. Il dit cordialement : « Hé là, doucement, les basses ! » et fait pivoter Hélène afin de voir quel est son agresseur involontaire.
Denyse Vautrin, le Reste de l'âge, p. 112.
3 Instrument de musique dont l'échelle sonore correspond à la voix de basse. — Basse de viole, « que les Italiens appellent aussi “viola di gamba”, c'est-à-dire, viole de jambe (ou gambe), parce qu'on la tient entre les jambes » (Brossard, in Encyclopédie, 1703). || La basse de viole est aujourd'hui remplacée par le violoncelle.
♦ Techn., mus. (vieilli dans le lang. cour.). Violoncelle. — Instrument de cuivre jouant les notes graves (dans les fanfares, les orchestres d'harmonie).
9 (…) puis les musiciens entrèrent les uns après les autres, et ce fut d'abord un long charivari de basses ronflant, de violons grinçant, de pistons trompettant, de flûtes et de flageolets qui piaulaient.
Flaubert, Mme Bovary, II, XV.
♦ Dans la pop-music, Guitare basse. || Basse électrique.
10 Le passage à la basse ne lui posa guère de problèmes : il (Paul Mc Cartney) retrouvait un instrument qui satisfaisait son goût de la régularité et de la précision.
Alain Dister, les Beatles, p. 46.
4 Plur. || Basses : grosses cordes de certains instruments; sons qu'elles rendent. || Ce piano a de belles basses.
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CONTR. Contre-ténor, dessus, haute-contre, ténor.
DÉR. Bassiste. — V. 2. Basset (cor de), basson.
COMP. V. Basse-contre, contrebasse.
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2. basse [bɑs] n. f.
ÉTYM. 1484; de 1. bas.
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♦ Mar. Banc de roches ou de corail, situé à faible profondeur, mais que l'eau ne découvre pas à marée basse. ⇒ Bas-fond (II.).
0 L'entrée du port était étroite et dangereuse à cause des bancs et des basses qui s'y rencontrent (…)
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Encyclopédie Universelle. 2012.