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demeurer

demeurer [ d(ə)mɶre ] v. intr. <conjug. : 1>
demourer, demorer 1080; lat. demorari « tarder », d'où « séjourner, habiter »
1Vieilli ou littér. S'arrêter, rester en un lieu. rester . « Demeurez au logis, ou changez de climat » (La Fontaine). On l'a retenu, il a demeuré (vx) , il est demeuré plus longtemps qu'il ne pensait. « Il était demeuré là jusqu'à la nuit noire » (Bourget).
Mod. Il ne peut pas demeurer en place, en repos, rester tranquille. ⇒ tenir. Fig. « Nous y sentions surtout certain besoin de ne pas demeurer en reste, en arrière, à l'écart » (A. Gide).
Fig. EN DEMEURER LÀ : ne pas donner suite à une affaire (cf. En rester là). — (Choses) Les choses en demeurèrent là.
2Littér. Passer du temps (à). rester, tarder. Demeurer longtemps à table, à sa toilette. s'attarder. Demeurer longtemps à écrire. Vx « je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire » (Molière).
3(Avec l'auxil. avoir) Habiter, faire sa demeure (dans un lieu). habiter, loger, résider, 1. vivre; fam. crécher, percher. Nous avons demeuré à Lausanne pendant plusieurs années. Demeurer (dans la) rue Molière, (sur le) boulevard de la Gare, numéro 12, au (numéro) 12. Une parente « qui lui offre de venir demeurer avec elle » (Sand).
4(Choses) Continuer d'exister. durer, se maintenir, persister, rester, subsister. « ces heures divines qui demeurent au fond de notre mémoire » (Barrès). « Rien ne demeure plus des jours de grandes vacances » (Jammes).
Impers. Il n'en demeure pas moins que (et l'indic.) :il reste que. — (Avec l'inf.) Littér. « si l'on méprise tout, que demeure-t-il à célébrer ? » (Caillois).
5(Avec l'auxil. être) Continuer à être (dans un état, une situation). (Personnes) Ils sont demeurés longtemps sans secours. Avec un attribut « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » ( DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ). « je serais toujours demeuré étranger à cette vanité » (Renan). Il est demeuré court. J'en demeure d'accord avec vous. (Choses) La porte est demeurée fermée. « Et l'Agora demeura vide » (Louÿs). « des raisons qui me sont toujours demeurées obscures » (Duhamel).
6(Choses) vieilli DEMEURER À (qqn) :rester la propriété de. Cette maison lui est demeurée de ses parents.
⊗ CONTR. 1. Partir, 1. sortir. Changer, quitter. Disparaître.

demeurer verbe intransitif (latin demorari, séjourner) Littéraire. Rester quelque part, y être pendant longtemps : La voiture est demeurée au garage. Avoir son domicile quelque part, y habiter, y loger : Il a demeuré à l'hôtel. Rester comme souvenir dans l'esprit : Notre rencontre est demeurée dans ma mémoire. Continuer d'être dans un certain état, persister à être ; rester : Demeurer silencieux toute la soirée. Littéraire. Rester la propriété de quelqu'un : La ferme lui est demeurée après le partage.demeurer (citations) verbe intransitif (latin demorari, séjourner) Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure. Alcools, le Pont Mirabeau Gallimarddemeurer (difficultés) verbe intransitif (latin demorari, séjourner) Conjugaison 1. Demeurer = rester, s'arrêter quelque part. Se conjugue avec l'auxiliaire être : il est demeuré étendu, il est demeuré sur la route. 2. Demeurer = habiter, résider. Se conjugue avec l'auxiliaire avoir : il a demeuré quelque temps dans le quartier, puis il a déménagé en banlieue. Construction Demeurer / demeurer sur / demeurer dans. On dit demeurer dans une rue, une impasse, un passage, une ruelle, mais demeurer sur un boulevard, un cours, une place. Avec avenue, les deux prépositions sont possibles : demeurer sur une avenue, dans une avenue. Le français d'aujourd'hui emploie volontiers demeurer sans préposition : demeurer rue de la Liberté, passage de l'Horloge, avenue de la République. Emploi Demeurer court. → courtdemeurer (expressions) verbe intransitif (latin demorari, séjourner) En demeurer là, ne pas poursuivre plus avant, ne pas donner suite à quelque chose. ● demeurer (synonymes) verbe intransitif (latin demorari, séjourner) Littéraire. Rester quelque part, y être pendant longtemps
Synonymes :
Avoir son domicile quelque part, y habiter, y loger
Synonymes :
- nicher (familier)
- résider
- séjourner
Continuer d'être dans un certain état, persister à être ; rester
Synonymes :

demeurer
v. intr.
d1./d (Avec l'auxiliaire avoir.) Avoir sa demeure, son habitation. Nous avons demeuré longtemps dans ce quartier.
d2./d Litt. S'arrêter, rester un certain temps en quelque endroit. Notre vaisseau a (est) demeuré trois jours à l'ancre. Syn. séjourner.
d3./d Persister, durer (choses). Les écrits demeurent.
d4./d (Avec l'auxiliaire être.) Persister à être (dans un certain état). Il est demeuré inébranlable.
|| Loc. En demeurer là: ne pas donner suite à qqch.
d5./d Demeurer à qqn, lui rester, lui être laissé. Ce titre lui demeure.

⇒DEMEURER, verbe intrans.
I.— [Avec une idée de s'attarder; le plus souvent conjugué avec l'auxiliaire avoir]. Vieilli. Tarder; p. ext. mettre un certain temps à faire quelque chose. Il est demeuré une heure à lire la lettre (DG). Sa plaie a demeuré longtemps à guérir (Ac.) :
1. M. Arnold me propose de porter au ministre de l'Intérieur un plan en relief de Bologne, ce plan a 9 pouces de long (...) Il a demeuré six mois à le faire.
STENDHAL, Journal, t. 1, 1801-18, p. 54.
II.— [Avec une idée d'arrêt, de séjour dans un lieu]
A.— [Parfois avec l'auxil. avoir, le plus souvent avec l'auxil. être] Rester, séjourner dans un lieu. J'eus donc le plaisir de demeurer deux ou trois jours avec ma mère (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 336). J'ai ramené Martin du Gard à Cuverville, où il a demeuré trois jours (GIDE, Journal, 1923, p. 752).
Demeurer à + inf. Cet amiral (...) demeura à dîner (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 28).
Loc. Demeurer chez soi. Ne pas sortir de sa maison ou de son pays. Demeurer sur la place. ,,Être tué, terrassé sur la place où l'on a combattu`` (Ac.). Trois mille hommes demeurèrent sur la place; il est demeuré trois mille hommes sur la place (Ac.). Demeurer sur le cœur, sur l'estomac.
B.— P. anal. et au fig.
1. Rester, continuer d'être dans un certain état ou situation.
[Suivi d'un attribut] Demeurer immobile; il est demeuré ferme dans son opinion. Demeurer maître de ses facultés (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 161). Les vitres demeuraient baissées (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Idylle, 1884, p. 1284). Nous aurons (...) quelque peine à demeurer les maîtres (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 496).
Emploi impers. Il demeure prouvé que les femmes ne doivent lever leur robe que très-secrètement (BALZAC, Théor. démarche, 1833, p. 634). Il demeure vrai que les frontières de la nation subsistent et doivent subsister (BLONDEL, Action, 1893, p. 267).
Il n'en demeure pas moins que + ind. Il n'en demeure pas moins que le conservatisme (...) est, dans son essence, quelque chose d'entièrement différent du patriotisme (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 257).
Demeurer sans. Tu pourras demeurer sans broncher debout (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 142).
a) Demeurer à. Continuer d'être, d'appartenir à. Ce bien lui est demeuré, malgré les efforts de ceux qui le lui disputaient (Ac.).
b) Locutions
En demeurer là [Le suj. désigne une pers.] Ne pas poursuivre plus avant quelque chose; ne pas aller plus loin. Je désire que vous en demeuriez là (Ac.). [Le suj. désigne une chose abstr.]. Ne pas avoir de conséquence, de suite. L'affaire n'en demeurera pas là (Ac.). Synon. en rester là. La conversation en demeura là (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 205).
Demeurons-en là. ,,N'en parlons pas davantage`` (Ac.). Synon. restons-en là.
Demeurer sur son appétit, sur la bonne bouche; demeurer d'accord, demeurer court.
Demeurer en arrière, demeurer en reste. ,,Rester débiteur`` (Ac.). Ne pas demeurer en reste. ,,Rendre la pareille`` (Ac.).
2. Continuer d'exister; durer. Les erreurs passent avec les générations, les seules vérités demeurent! (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 955). Une immense espérance demeurait (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 230) :
2. Ainsi raisonnait Benès, non sans que je sentisse le trouble qui demeurait au fond de son âme.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 212.
En partic. Résister contre les causes de destruction. À peine d'autrefois quelques nymphes demeurent aux bas-reliefs fleuris (RODENBACH, Règne silence, 1891, p. 76).
3. ,,Rester, être de reste`` (Ac.). La circonstance rend sa virulence (...) à la boue qui demeure après le décantage (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 204).
Emploi impers. Beaucoup de ces barbarismes sont assez fugitifs, mais il en demeure assez pour infecter même la langue commerciale (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 35).
C.— P. ext. Avoir sa demeure, habiter. Vous demeurez dans l'impasse? (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 288). L'autre hiver nous demeurions sous les arches des ponts. On se serrait pour ne pas geler (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 881). Un rebouteux de renom demeurait au bourg d'Arlanc (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 280).
Demeurer dans une rue, dans ou sur une avenue, sur un boulevard, sur une place (cf. GREV. 1961, p. 961). P. ell. Il demeurait rue des Carmélites (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 66).
Demeurer ensemble. J'espérais vivre et mourir près de lui. J'allai le rejoindre pour demeurer ensemble (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Humble drame, 1883, p. 404) :
3. Aimez Monsieur de Rubempré, protégez-le, faites-en tout ce que vous voudrez, mais ne demeurez pas ensemble!
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 163.
Prononc. et Orth. :[], (je) demeure []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 demorer « tarder » (Alexis, éd. C. Storey, 460); 1176-84 [ms. de la fin XIIIe s.] demeurer « id. » (G. D'ARRAS, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 1636); 2. ca 1100 demurer « rester un certain temps là où l'on se trouve » (Roland, éd. J. Bédier, 162); av. 1200 demorer « résider en un lieu » (Première Continuation Perceval, éd. W. Roach, 13998); 3. 1349 subst. demorant « ce qui subsiste » (Songe vert, 551 ds T.-L.); 1489-90 loc. adv. au demourant « au reste » (COMMYNES, Mémoires, éd. J. Calmette, t. II, p. 44); 4. 1919 part. passé substantivé demeuré « être humain qui en est resté à un stade inférieur du développement mental » (L. DAUDET, Le Monde des images, p. 83). Empr. au lat. class. « tarder », « rester, s'arrêter »; l'inf. demeurer p. anal. avec les formes accentuées sur le radical. Fréq. abs. littér. :10 527. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 13 689, b) 13 201; XXe s. : a) 18 228, b) 15 047.
DÉR. Demeurance, subst. fém., vx ou région. a) Action de demeurer, de séjourner dans un lieu. Cette Hospitalière, cause du chagrin qu'on lui fait ici ne peut prolonger sa demeurance à Mirande (F. FABRE, Le Chevrier, 1867, p. 278). b) P. méton. Demeure, habitation. Je vous veux emmener à ma demeurance du moment, qui est ce vieux château du Chassin (SAND, Les Maîtres sonneurs, 1853, p. 262). 1re attest. 1re moitié XIIe s. demurance « habitation » (Psautier Cambridge, 68, 28 ds T.-L.); de demeurer, suff. -ance. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — COHEN 1946, p. 37. — DARM. Vie 1932, pp. 145-146. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — LEW. 1960, p. 64, 119, 124, 131 (s.v. demeurance).

demeurer [d(ə)mœʀe] v. intr.
ÉTYM. XIIe, demorer, demourer; lat. demorari « tarder », d'où « séjourner, habiter », de de-, et morari, de mora « retard, délai ». → Moratoire.
———
I (Avec l'auxiliaire avoir).
1 Vx ou littér. S'arrêter, rester en un lieu. Rester.
1 demeurer, rester. L'idée commune à ces deux mots est de ne pas s'en aller; et la différence consiste en ce que demeurer ne présente que cette idée simple et générale de ne pas quitter le lieu où l'on est; et que rester a de plus l'idée accessoire de laisser aller les autres.
Littré, Dict., art. Demeurer.
Demeurer chez soi : ne pas sortir, se montrer casanier, et aussi, ne pas quitter son pays.Mod. (Littéraire ou régional). || Il ne peut pas demeurer en place : il bouge, il voyage continuellement; il est toujours en mouvementDemeurer en repos; demeurer dans sa chambre. Tenir (se).Rare. || Demeurer avec soi-même.
2 (…) j'ai découvert que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre.
Pascal, Pensées, II, 139.
3 Demeurez au logis, ou changez de climat (…)
La Fontaine, Fables, I, 8.
4 Il s'en allait, et moi je restais (…) rien ne distrait les personnes qui demeurent (…)
Marivaux, la Vie de Marianne, V (→ Aller, cit. 103).
2 Vieilli ou littér. Mettre du temps (à faire qqch.). Rester, tarder. || Demeurer longtemps à table, à sa toilette. Attarder (s'). || Demeurer une heure à écrire. || Il n'a demeuré qu'une heure à faire cela. On dit aussi dans ce sens : || Il n'est demeuré qu'une heure…
5 (…) je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire.
Molière, le Misanthrope, I, 2.
Rester (longtemps). || Demeurer longtemps en voyage, en route.
3 Habiter, faire sa demeure. Être, gîter, habiter, loger, nicher, percher (fam.), résider, séjourner, tenir (se), vivre. || Nous avons demeuré à Paris pendant plusieurs années. || Demeurer à la campagne. || Il demeure dans la grand-rue. || Il demeure dans une avenue, sur une avenue, avenue de Paris, boulevard de la République. || Demeurer rue Molière, numéro 12, au numéro 12. || Aller demeurer avec qqn, chez qqn.
6 demeurer, loger. Ces deux mots sont synonymes dans le sens où ils signifient la résidence; mais demeurer se dit par rapport au lieu topographique où l'on habite, et loger par rapport à l'édifice où l'on se retire. On demeure à Paris, on loge au Louvre, à l'hôtel, etc. (Guizot).
Littré, Dict., art. Demeurer.
7 — Êtes-vous de ce village ? — Oui, Monsieur. — Et vous y demeurez ? (…) vous n'êtes pas née pour demeurer dans un village. Vous méritez (…) une meilleure fortune (…)
Molière, Dom Juan, II, 2.
8 Pourquoi me tuez-vous ? — Eh quoi ? ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ?
Pascal, Pensées (→ Assassin, cit. 7).
9 (…) nous y avons demeuré paisiblement et agréablement pendant sept ans, jusqu'à mon délogement pour l'Ermitage.
Rousseau, les Confessions, VIII.
10 Cette ville (Milan) où je croyais ne pouvoir demeurer sans mourir, je ne puis la quitter sans me sentir arracher l'âme.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 6.
11 Elle a une parente très bonne, qui lui offre de venir demeurer avec elle, et qui la soignera bien (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXIX, p. 194.
REM. Sans être forcément archaïque ou littéraire, cet emploi est marqué par rapport à habiter, loger, etc. Il peut être senti comme régional ou populaire.
———
II (Avec l'auxiliaire être).
1 Vieilli ou littér. S'arrêter, rester (en un lieu, en un certain endroit). Rester. || Demeurer à son poste. || Demeurez ici. || Demeurer à la même place. Stationner. || On l'a retenu, il est demeuré plus longtemps qu'il ne pensait. || Demeurez là jusqu'à ce soir. Attendre.
12 Si tu veux demeurer, je vais quitter ce lieu.
Molière, Mélicerte, I, 1.
13 Il était demeuré là jusqu'à la nuit noire, absorbé dans une contemplation dont l'ivresse inondait son âme d'une joie presque surhumaine.
Bourget, Un divorce, III, p. 118.
Il est demeuré en arrière. — ☑ Fig. Demeurer en arrière; demeurer en reste : rester débiteur de qqn. || Ne pas demeurer en reste avec qqn, lui rendre la pareille.
14 Hélas ! nous y sentions surtout certain besoin de ne pas demeurer en reste, en arrière, à l'écart (…)
Gide, Journal, 10 févr. 1929.
Vx. Demeurer sur la place : être tué, terrassé par l'ennemi. Impers. || Il est demeuré dix mille hommes sur la place.
15 Il y demeura quelque cinq cents hommes sur la place.
d'Ablancourt, Arrien, I, 10.
Demeurer en chemin. Arrêter (s').Fig. Demeurer en chemin : ne pas faire de progrès, ne pas poursuivre ce qui avait été décidé. || Ne demeurez pas en si beau chemin.
16 C'est une chose si délicate que la réputation de ces Messieurs (les officiers) qu'ils aiment mieux passer le but que de demeurer en chemin.
Mme de Sévigné, Lettres, 634, 6 août 1677.
Fig., mod. En demeurer là : ne pas donner suite à une affaire (→ En rester là). || En demeurer là d'un projet, ne pas le poursuivre davantage. || Reprendre sa lecture au point où l'on en était demeuré.(Choses). || L'affaire n'en demeurera pas là, elle aura des suites, des conséquences. || Les choses en demeurèrent là, n'allèrent pas plus loin.
17 Cette affaire, venue au point où la voilà,
N'est pas assurément pour en demeurer là (…)
Molière, le Dépit amoureux, IV, 1.
18 Je vis bien que le roi n'était pas persuadé, mais je crus qu'il n'y avait qu'à en demeurer là.
Mme de Maintenon, Lettre au cardinal de Noailles, 25 mai 1698.
Loc. (où demeurer tend à être remplacé par rester). Demeurer sur la bonne bouche : ne plus prendre de nourriture, après une chose qui laisse un goût agréable, et, au fig., rester sur une bonne impression.
Demeurer sur son appétit. Appétit (supra cit. 18). || Demeurer sur sa soif. || Demeurer sur sa crainte.
2 (Choses). Continuer d'exister. Durer (I., 3.), maintenir (se), persévérer, persister, rester, subsister, survivre, tenir. || Les paroles s'envolent, les écrits demeurent. || La cicatrice de sa blessure demeure toujours.Impers. || Il lui en est demeuré une cicatrice au visage.Ce bâtiment est provisoire, il n'est pas fait pour demeurer. || Ce qui demeure d'un ancien monument. Ruine, vestige. || Rien ne demeure plus de ce qui est passé. || Il n'y demeurera pas un épi (→ Épi). || Image, impression qui demeure dans la mémoire.
19 Tout passe. — L'art robuste
Seul a l'éternité :
Le buste
Survit à la cité (…)
(…) Les dieux eux-mêmes meurent.
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus fort que les airains.
Th. Gautier, Émaux et Camées, « L'Art ».
20 Quand je vous livre mon poème,
Mon cœur ne le reconnaît plus :
Le meilleur demeure en moi-même,
Mes vrais vers ne seront pas lus.
Sully-Prudhomme, Stances et Poèmes, « Au lecteur ».
21 Ce sont de ces heures divines qui demeurent au fond de notre mémoire comme un trésor pour nous enchanter.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 1.
22 Rien ne demeure plus des jours de grandes vacances qu'empourpraient les agonies solaires de l'Automne.
Francis Jammes, Almaïde d'Étremont, I.
23 Pourquoi certaines images demeurent-elles pour nous aussi nettes qu'au moment de la vision, alors que d'autres, en apparence plus importantes, s'estompent puis s'effacent si vite ?
A. Maurois, Climats, I, II, p. 19.
Pièce qui demeure au théâtre, qui continue à être jouée. || Ce film est demeuré un mois sur, à l'écran. Tenir.Absolt (vx) :
24 (…) il est arrivé de cette pièce ce qui arrivera toujours des ouvrages qui auront quelque bonté. Les critiques se sont évanouies; la pièce est demeurée.
Racine, Britannicus, 2e préface.
(Personnes). || Demeurer dans… Persister; persévérer || Demeurer dans sa conviction, dans son erreur… Continuer (à croire…); entretenir, garder… || Demeurer dans un état de péché.
25 (…) jusques à quand demeurerez-vous dans votre impureté ?
Bible (Sacy), Jérémie, XIII, 27.
26 Eh bien ! puisque vous ne voulez pas m'écouter, demeurez dans votre pensée, et faites ce qu'il vous plaira.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 10.
Spécialt. || Demeurer éternellement. Survivre.
27 L'Écriture dit que le Christ demeure éternellement, et celui-ci dit qu'il mourra.
Pascal, Pensées, VIII, 573.
28 Vous qui passez, venez à lui, car il demeure.
Hugo, les Contemplations, III, IV.
3 Continuer à être (dans un état, une situation). (Personnes). || Ils sont demeurés à l'état sauvage. || Vous ne pouvez demeurer en cet état. || Demeurer sans secours (→ Abandonné, cit. 16). || Demeurer les bras croisés.
(Avec un adjectif attribut). || Demeurer étranger à la politique. || Il préfère demeurer inconnu, obscur. || Chacun demeure libre d'agir à sa fantaisie. || Demeurer attaché, fidèle à ses habitudes. || Demeurer silencieux. Garder (le silence). || Demeurer confus, interdit, stupide, bouche bée, interloqué; immobile, froid, impassible, neutre; ferme, inébranlable. || Il demeure garant de sa probité. || Demeurer responsable de ses actes.
29 Car qui pensera demeurer neutre sera pyrrhonien par excellence.
Pascal, Pensées, VII, 434.
30 (…) il demeura stupide comme le Cinna de Corneille.
P.-L. Courier, Lettre à M. Chlewaski, 8 janv. 1799.
31 Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.
Déclaration des droits de l'homme, art. 1er.
32 (…) sa pensée semblait loin et sa figure calme demeurait impassible.
Maupassant, Contes, « L'auberge », p. 106.
33 En tout cas, si j'étais resté en Bretagne, je serais toujours demeuré étranger à cette vanité que le monde a aimée, encouragée, je veux dire à une certaine habileté dans l'art d'amener le cliquetis des mots et des idées.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, I, p. 117.
34 Même depuis sa maladie, qui l'avait à demi paralysé, l'ardeur et la confiance de Pasteur demeuraient proverbiales.
Henri Mondor, Pasteur, VIII, p. 135.
Demeurer court. Court (cit. 23).Demeurer d'accord avec (qqn).
(Choses). || Après la pluie, le terrain demeura longtemps inondé. || Ce remède est demeuré inefficace. || Votre raisonnement demeure obscur. || Le temps demeura mauvais toute la matinée. || La question demeure indécise. || Son appartement est demeuré vide durant son absence.
35 Votre concierge, voyant que les chambres demeuraient vides, en a meublé quelqu'une et l'a louée.
Racine, Lettre, 3 oct. 1692.
36 (…) les sciences, séparées des lettres, demeurent machinales et brutes (…)
France, la Vie en fleur, VI, p. 77.
37 Et l'Agora demeura vide, comme une plage après la marée.
Pierre Louÿs, Aphrodite, IV, III, p. 203.
38 C'est que Poirier était pour des raisons qui me sont toujours demeurées obscures, le plus « chahuté » de tous les professeurs.
G. Duhamel, Biographie de mes fantômes, X, p. 204.
4 (Choses). || Demeurer à (qqn) : rester la propriété, l'acquisition de (qqn). || Cette maison lui est demeurée de ses parents. || Ce titre seul lui demeure. || La victoire demeura au camp ennemi.Impers. || Il ne lui est rien demeuré de sa fortune. Conserver, garder.
39 Ecbatane est du moins sous mon obéissance :
C'est tout ce qui demeure aux enfants de Cyrus (…)
Voltaire, les Scythes, II, 4.
——————
demeuré, ée p. p. adj. et n.
Intellectuellement retardé. Arriéré, attardé; innocent, simple (d'esprit).
40 (…) c'est un cas pour un médecin, cela a quelque chose de pathologique, c'est une espèce d'« innocente », de crétine, de « demeurée » comme dans les mélodrames ou comme dans l'Arlésienne.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VIII, p. 128.
41 Au bout de quelques jours, les élèves, voyant qu'il n'était pas méchant, se dégelèrent et consentirent à lui parler, comme on parle à un copain un peu demeuré.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 26.
Fam. Inintelligent.
42 Est-elle tout à fait sotte ? Ou un peu demeurée ? Ou paralysée de timidité ?
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 276.
CONTR. Aller (s'en aller), décamper, déguerpir, démarrer, filer, partir, retirer (se), sortir; vite (faire vite); dépêcher (se). — Changer, quitter. — Disparaître.
DÉR. Demeurant, demeure.

Encyclopédie Universelle. 2012.