sage [ saʒ ] adj. et n.
• 1080; p.-ê. lat. pop. °sapius, °sabius, du lat. class. sapidus (cf. ne sapius « imbécile »), avec infl. de sapiens
I ♦ Adj.
1 ♦ Vx Qui a la connaissance juste des choses. ⇒ éclairé, savant. « Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami. Mieux vaudrait un sage ennemi » ( La Fontaine).
2 ♦ (Au sens fort) Vx ou littér. Qui a un art de vivre supérieur, qui peut être considéré comme un modèle. Le penseur, le héros, hommes sages (cf. infra, II, 2o). « La parfaite raison fuit toute extrémité, Et veut que l'on soit sage avec sobriété » (Molière).
3 ♦ Mod. et littér. Qui a du jugement, qui est avisé, sensé dans sa conduite (d'une manière habituelle). ⇒ averti, avisé, sensé. Les vierges folles et les vierges sages. — Par ext. De sages conseils. ⇒ 1. bon, judicieux. Une sage décision.
4 ♦ (XVIe) Cour. Réfléchi et modéré. ⇒ circonspect, équilibré, mesuré , modéré, prudent, raisonnable, réfléchi, sérieux. L'éducation « a eu pour sa fin de nous faire non bons et sages, mais savants » (Montaigne). « Savez-vous à qui appartiendra la victoire ? Au plus sage » (Thiers). — Impers. Il serait plus sage d'y renoncer, d'attendre.
5 ♦ (v. 1170) Honnête et réservé dans sa conduite sexuelle. ⇒ chaste, honnête, pudique. « On dit qu'une fille est sage quand elle ne sait rien » (France). — Fam. « Asseyez-vous près de moi, lui dit-elle, et soyez sage » (M. Prévost).
6 ♦ (Enfants) Calme et docile. Un enfant sage. ⇒ 2. gentil, obéissant, tranquille. Sage comme une image. « On pourrait dire sage, comme un enfant malade » (Goncourt). — Allons les enfants, soyez sages !
7 ♦ (Choses) Mesuré. Un air sage. « le grand tragédien nègre [...] a un jeu sage, réglé, classique, majestueux » (Gautier). Des goûts, des désirs sages. ⇒ modeste. — (1765) Un roman, un tableau sage, sans excès d'aucune sorte, classique et un peu froid. Fam. Une petite robe sage, classique et non provocante.
II ♦ N. m.
1 ♦ (1135) Vx Celui qui a une connaissance juste des choses. ⇒ savant. Les sept sages de la Grèce. Le Sage, nom donné à Salomon.
2 ♦ Mod. Celui qui, par un art de vivre supérieur, se met à l'abri de ce qui tourmente les autres hommes. ⇒ philosophe. Le sage stoïcien. Sage bouddhique (⇒ bodhisattva) . « Le vrai bonheur appartient au sage » (Rousseau). « Les anciens sages, dont Socrate est le modèle, vivaient à peu près comme des saints, sans espérer beaucoup des dieux » (Alain).
♢ (1953) Personne désignée pour sa compétence et sa réputation d'objectivité comme conseiller du gouvernement, d'un organisme, en matière économique et sociale. Comité, commission des sages.
3 ♦ (Opposé à fou) Personne qui a sa raison, son bon sens. Les sages et les fous. PROV. Un fou enseigne bien un sage.
⊗ CONTR. Fou, insensé. Déraisonnable, désordonné, désobéissant, insupportable, turbulent. Audacieux, excentrique, 2. original.
● sage adjectif (latin populaire sabius, du latin classique sapidus, qui a du goût) Qui fait preuve de sûreté dans ses jugements et sa conduite : Avoir la réputation d'un homme sage. Qui est prudent, réfléchi, qui est conforme à la mesure, au bon sens : Prendre de sages mesures. Dont les mœurs sont irréprochables, qui montre de la réserve dans ses rapports avec l'autre sexe : Un homme rangé, mais qui n'a pas toujours été sage. Qui est conforme à cette pudeur, à cette réserve : Une petite robe sage. Qui se comporte avec calme, docilité : Un enfant sage. Qui évite tout excès, toute originalité, et reflète un certain conformisme : Avoir des goûts très sages en peinture. ● sage (citations) adjectif (latin populaire sabius, du latin classique sapidus, qui a du goût) Anonyme Il n'est pas d'homme si sage qu'il ne commette parfois une sottise, ni de sot qui ne fasse aucun acte sensé. Il n'est hons qui si sages soit qui aucune eure ne foloit, ne fol qui aucuns sans ne face. Roman de Renart Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Le plus sage est celui qui ne pense point l'être. Satires Guillaume Amfrye, abbé de Chaulieu Fontenay, Vexin normand, 1639-Paris 1720 Pour mon arrière saison, Je ne vois et n'envisage, Que le malheur d'être sage. Sur la goutte Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 C'est qu'on se croit toujours plus sage que sa mère. Fables, la Carpe et les Carpillons Frédéric II le Grand, roi de Prusse Berlin 1712-Potsdam 1786 Ceux qui pensent être les plus sages sont les plus fous de l'espèce à deux jambes et sans plumes dont nous avons l'honneur d'être. Lettre à Voltaire, 12 mars 1759 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le plus sage en ce monde immense est le plus ivre. La Légende des siècles, Diderot François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 C'est une grande folie de vouloir être sage tout seul. Maximes Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 La parfaite raison fuit toute extrémité, Et veut que l'on soit sage avec sobriété. Le Misanthrope, I, 1, Philinte Cicéron, en latin Marcus Tullius Cicero Arpinum 106-Formies 43 avant J.-C. Ils sont sages trop tard. Sero sapiunt. Lettre à des familiers, VII, 16 Confucius, en chinois Kongzi ou Kongfuzi [maître Kong] 551-479 avant J.-C. L'homme sage n'est pas comme un vase ou un instrument qui n'a qu'un usage ; il est apte à tout. Entretiens, I, 2 (traduction S. Couvreur) Jonathan Swift Dublin 1667-Dublin 1745 Nul homme sage ne souhaita jamais être plus jeune. No wise man ever wished to be younger. Thoughts on Various Subjects ● sage (synonymes) adjectif (latin populaire sabius, du latin classique sapidus, qui a du goût) Qui fait preuve de sÛreté dans ses jugements et sa...
Synonymes :
- avisé
- prudent
- réfléchi
- sagace
Contraires :
- borné
- insensé
- irréfléchi
Qui est prudent, réfléchi, qui est conforme à la mesure...
Synonymes :
- calme
- équilibré
- modéré
- pondéré
- posé
- serein
Contraires :
- déraisonnable
- écervelé
- farfelu
- hurluberlu (familier)
- loufoque (familier)
Dont les mœurs sont irréprochables, qui montre de la réserve...
Synonymes :
- chaste
- honnête
- pudique
- pur
- vertueux
Contraires :
- débauché
- impur
- pervers
- vicieux
Qui se comporte avec calme, docilité
Synonymes :
- calme
- discipliné
- docile
- gentil
- obéissant
Contraires :
- désobéissant
- indocile
- odieux
- terrible (familier)
Qui évite tout excès, toute originalité, et reflète un certain...
Synonymes :
- avisé
- pondéré
- prudent
Contraires :
- délirant
- déraisonnable
- échevelé
- effréné
- excessif
- fou
- insensé
- violent
● sage
nom masculin
Dans l'Antiquité, homme réputé pour ses connaissances, son expérience, son jugement, et dont les avis sont écoutés.
Homme qui est parvenu à la maîtrise de soi et tend à réaliser un modèle idéal de vie : Le sage selon le bouddhisme.
Homme raisonnable, réfléchi et mesuré dans ses pensées et ses actions.
Personne compétente et indépendante, chargée par les pouvoirs publics d'étudier une question délicate : Soumettre un projet à une commission de sages.
● sage (citations)
nom masculin
Émile Chartier, dit Alain
Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951
[…] Un sage se distingue des autres hommes, non par moins de folie, mais par plus de raison.
Idées, Étude sur Descartes
Flammarion
Anonyme
Laissons les fous, tenons-nous-en aux sages.
Laissun les fols, as sages nus tenuns !
Chanson de Roland
René Descartes
La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650
Je ne suis point de ces philosophes cruels qui veulent que leur sage soit insensible.
Correspondance, à Élisabeth, 18 mai 1645
Denis Diderot
Langres 1713-Paris 1784
Il y a longtemps que le rôle de sage est dangereux parmi les fous.
Jacques le fataliste
André Gide
Paris 1869-Paris 1951
Le sage est celui qui s'étonne de tout.
Les Nourritures terrestres
Gallimard
Jean de La Fontaine
Château-Thierry 1621-Paris 1695
La mort ne surprend point le sage :
Il est toujours prêt à partir.
Fables, la Mort et le Mourant
Jean de La Fontaine
Château-Thierry 1621-Paris 1695
Que de tout inconnu le sage se méfie.
Fables, le Renard, le Loup et le Cheval
François Rabelais
La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553
Un fol enseigne bien un sage.
Le Tiers Livre, 37
Jean-Jacques Rousseau
Genève 1712-Ermenonville, 1778
Vous ne parviendrez jamais à faire des sages si vous ne faites d'abord des polissons.
Émile ou De l'éducation
Commentaire
Il s'agit de l'éducation des enfants.
François Marie Arouet, dit Voltaire
Paris 1694-Paris 1778
N'est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle, et que les sages n'en aient pas ? Il faut être prudent, mais non pas timide.
Pensées détachées de M. l'abbé de Saint-Pierre (à la suite du Dîner du comte de Boulainvilliers)
Aristophane
Athènes vers 445-vers 386 avant J.-C.
De leurs ennemis les sages apprennent bien des choses.
Les Oiseaux, 375 (traduction H. Van Daële)
Bible
Mieux vaut écouter la semonce du sage qu'écouter le chant du fou.
Ancien Testament, Ecclésiaste VII, 5
Commentaire
Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ».
Bible
Malheur à ceux qui se croient des sages et s'estiment très malins !
Ancien Testament, Isaïe V, 21
Commentaire
Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ».
William Blake
Londres 1757-Londres 1827
Un sot ne voit pas le même arbre qu'un sage.
A fool sees not the same tree that a wise man sees.
The Marriage of Heaven and Hell
● sage (expressions)
nom masculin
Les Sept Sages de la Grèce, nom donné à sept grands personnages grecs, philosophes ou hommes d'État : Bias de Priène, Chilon de Lacédémone, Cléobule de Lindos, Périandre de Corinthe, Pittacos de Mytilène, Solon d'Athènes, Thalès de Milet.
sage
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Modéré, prudent, raisonnable.
d2./d Rangé dans sa conduite, dans ses moeurs. Un jeune homme sage.
d3./d Tranquille, obéissant, qui ne fait pas de sottises, en parlant d'un enfant. Il est sage comme une image.
d4./d (Choses) Qui est sans excès. Une mode sage.
rII./r n. m.
d1./d Celui qui évite de se tourmenter pour ce qui n'en vaut pas la peine, celui que son art de vivre met à l'abri des passions, des inquiétudes, de l'agitation. Un vieux sage.
d2./d Les sages: nom donné à certains experts chargés d'étudier une question politique, économique ou déontologique et de proposer des solutions. Comité des sages.
⇒SAGE, adj. et subst.
I. — Adjectif
A. — [Corresp. à sagesse I A et C]
1. Vieilli. [Souvent p. réf. à un sens relig.] Qui a la capacité de comprendre et de juger justement toutes choses. Qui sera savant, s'il n'est sage? Qui sera sage, s'il n'est éclairé? Qui sera éclairé, s'il ne connoît la raison des choses? (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 109). Le plus sage ou le plus savant est donc celui qui, avec le souvenir de plus de choses, se rend le compte le plus exact de ces choses (BOUCHER DE PERTHES, Création, t. 2, 1838-41, p. 323).
2. RELIGION
a) [En parlant de Dieu] Qui possède la connaissance parfaite, le discernement parfait entre le bien et le mal. Dieu est l'être infiniment sage, infiniment bon, infiniment puissant (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 393).
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le juste, le beau, le bon, le sage est ce qui est conforme aux idées que Dieu a du juste, du beau, du sage et du bon (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 111).
b) [En parlant de l'homme, participant par la foi à la sagesse divine]:
• 1. Voyez-vous ce sage vieillard, qui a passé ses jours dans la contemplation des œuvres de Dieu et de la vérité? Ses yeux étincellent du feu de l'esprit, ses discours respirent la sagesse, son intelligence est perçante, comme une épée, et sa parole opere des œuvres vives. C'est qu'en lui la vie divine s'est unie à son être, et l'a aidé à traverser sa matière...
SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 299.
B. — [Corresp. à sagesse II]
1. Dont le jugement, la conduite sont réglés sur l'idée d'un bien fondé en raison.
a) Qui juge, choisit, se conduit selon la raison, le bon sens. Synon. judicieux, raisonnable, réfléchi, sensé; anton. déraisonnable, fou, insensé. Comme il n'y a aucun raisonnement capable de résoudre un tel problème, les gens sages proposent que l'on ait recours à un arbitrage (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 85):
• 2. Sire lion, monarque sage,
Songeoit à confier son enfant bien aimé
Aux soins d'un gouverneur vertueux, estimé,
Sous qui le lionceau fît son apprentissage.
FLORIAN, Fables, 1792, p. 89.
— [En constr. impers.] Il est/c'est sage de + inf. Il est sage d'interdire dans les voies de 12 mètres de largeur et au-dessous, les saillies, les encorbellements (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 319). Serait-il sage de poursuivre un idéal, qui peut-être n'existe pas, quand on a sous la main un à peu près (...)? (FEUILLET, Journal femme, 1878, p. 56).
♦ Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Je veux: Ou la publication immédiate. Ou le renvoi de mon manuscrit. Le sage et le raisonnable et l'utile, ce serait la publication avec la deuxième édition (HUGO, Corresp., 1866, p. 518).
♦ P. méton. Conduite, loi sage; parti le plus sage. Les chimères les plus absurdes (...) paralysaient l'influence des sages raisonnements de l'abbé Pirard (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 439). Je crois beaucoup aux histoires des fées, disait madame de Rozée en souriant — et, en effet, à l'écart de sa raison sage, son cœur y croyait (NOAILLES, Nouv. espér., 1903, p. 197).
b) Qui se conduit selon une loi morale ou selon sa conscience. Synon. vertueux. Ne sois pas trop sage, cela ennuie; ne sois pas vicieux, cela effraie (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 80). Une cité, un État parfaitement sage vivrait, jugerait sans lois, les normes étant dans l'esprit de son aréopage. L'homme sage vit sans morale, selon sa sagesse (GIDE, Journal, 1894, p. 55).
— Spéc. Qui est chaste. Alors de jeunes filles ordinairement sages et honnêtes perdent toute raison, toute pudeur, et provoquent les hommes qui se trouvent auprès d'elles par les gestes les plus lascifs (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 492).
♦ [En parlant d'une femme] Qui est plein de pudeur, de décence. Il fut impossible de ne pas la trouver toujours belle femme, d'un maintien sage et plein de décence (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 69).
2. Qui juge, se conduit selon la prudence, avec prudence. Un homme sage en même temps qu'honnête se doit à lui-même de joindre à la pureté, qui satisfait sa conscience, la prudence, qui devine et prévient la calomnie (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 34). Peu flattés de construire une voiture difficile à placer si elle leur restait, ces sages négociants ne l'entreprirent qu'après un versement de deux mille francs opéré par Pierrotin (BALZAC, Début vie, 1842, p. 312).
— [En constr. impers.] Le conseil du roi de France n'avait pas voulu qu'il fût de sa personne à cette bataille; tout eût été perdu avec lui, et il était sage d'en agir ainsi. Toutefois cette prudence faisait dire que ce prince n'aimait pas tant la guerre que les rois ses pères (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 431).
— [P. allus. à la parabole des vierges folles et des vierges sages ds Matth. XXV, 1-13] Prévoyant. L'une était une vierge sage et l'autre était une vierge folle. J'ai vu l'une mesurer l'huile de sa lampe, au déclin du jour, pour éclairer sa tâche austère. J'ai vu l'autre, en proie au fou rire, laisser sa torche s'éteindre, et elle ne la remplaçait pas dans la nuit (JAMMES, Mém., 1922, p. 225).
— [P. méton.] Intentionnel, calculé. Sage et lente circonspection; crainte sage; sage précaution, prévoyance, prudence. En descendant les marches avec une sage lenteur, Cécile (...) fut étonnée de l'admiration de son prétendu pour les brimborions de son cousin Pons (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 84).
3. Dont la conduite ou le comportement est plein de modération; qui est éloigné de tout excès, exempt de passion. Son caractère avait la modération du possible; il aurait été le ministre très-sage d'une restauration patiente, prudente et mesurée (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 292).
— P. méton. Sage médiocrité; sage patience; réserve convenable et sage. Tous les collaborateurs du Réveil s'y entretenaient de l'influence du journal semi-hebdomadaire de Léon Giraud, influence d'autant plus pernicieuse que le langage en était prudent, sage et modéré (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 510). C'est ici le cas d'imiter la sage réserve des moralistes et des jurisconsultes qui nous avertissent de ne porter rien à l'extrême (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 177).
♦ Synon. de rangé. Vie, existence sage. La jeunesse (...) que continue un âge mûr plein de confort et sûr de lui-même et que couronnera une vieillesse sage, abondante en petits enfants (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 3).
♦ [En parlant de ce qui révèle un trait de caractère ou un comportement] L'année que Gisèle eut quinze ans; — si tranquille, avec des yeux dormants, deux tresses sages (MAURIAC, Fleuve de feu, 1923, p. 133). Celui-ci avait le dos voûté, la barbe brève, le vêtement sage et sérieux, la rosette (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 160).
C. — [En parlant le plus souvent d'un enfant]
1. Docile, discipliné. En quelle composition as-tu été le premier? Tu as donc été bien sage que ton professeur t'a donné la croix? (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 280):
• 3. Quel beau petit homme, quel enfant sage! Ce sont les enfants sages, madame, qui font les révolutionnaires les plus terribles. Ils ne disent rien, ils ne se cachent pas sous la table, ils ne mangent qu'un bonbon à la fois, mais plus tard ils le font payer cher à la société. Méfiez-vous des enfants sages!
SARTRE, Mains sales, 1948, 3e tabl., 1, p. 70.
— P. méton. Synon. de appliqué. De gros cahiers d'écolier emplis jusqu'à la dernière ligne d'une sage et fine écriture (GIDE, Si le grain, 1924, p. 366).
— Sage comme. C'est franc comme l'osier et sage comme un Enfant-Jésus (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 41). Des millions de démobilisés (...) rendirent leurs armes et rentrèrent chez eux, sages comme des petits moutons (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 296).
♦ [P. allus. à la muette immobilité des enfants des images qui ont pendant longtemps représenté l'idéal du comportement enfantin (d'apr. REY-CHANTR. Expr. 1979)] Sage comme une image. Elle peut venir maintenant, ta Zéléda, tu vas voir! Je serai sage comme une image (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 113). Chacun, pénétré de son rôle, s'y tient et s'y maintient, sage comme une image d'Épinal (GIDE, Journal, 1943, p. 242).
— [En parlant d'un animal domestique] Qui est docile, obéissant. Le cheval est sage, il est doux, il n'a pas trop d'ardeur. Le chien est sage, il est obéissant, il ne s'emporte point à la chasse (Ac. 1798-1878).
2. Calme, tranquille. Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille (BAUDEL., Fl. du Mal, 1861, p. 134). Elle tomba tout d'un coup sur un petit jeune homme (...). Il était assis en haut d'une malle, bien tranquille, l'air très sage (ZOLA, Nana, 1880, p. 1141).
♦ Sage comme une fille. Posé, réservé. Le Toulousain (...) regardait Alexis non avec animosité, il en était bien incapable ce grand garçon joli et sage comme une fille (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 105).
D. — P. anal. [En parlant d'un objet considéré d'un point de vue esthét.; corresp. à sagesse II C 4]
1. Régulier, classique. Elle était tendre, instruite, d'une beauté sage (NOAILLES, Nouv. esp., 1903, p. 252).
2. Souvent péj. Qui est sans audace, sans originalité, sans génie. Il y a peu à dire à la gloire de Rossini. Cette romance est bien écrite, elle est d'un style sage, et voilà tout (STENDHAL, Rossini, t. 1, 1823, p. 301). De Castro (...) est un tout jeune homme. Sa peinture est sage et il est encore sensible aux compliments (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 172).
II. — Subst. masc.
A. — 1. [Vieilli ou p. réf. à l'Antiq.] Celui qui possède la connaissance, cherche le vrai et le bien; celui qui conforme sa vie à une doctrine morale. Synon. savant, philosophe. Le sultan, voyant son pays menacé de la famine par le manque d'eau pour les irrigations, consulta les sages de son empire (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 240):
• 4. On comprend pourquoi Béatrix, revêtue de l'autorité de la foi, descend dans la nuit infernale, afin d'en faire sortir Virgile, qui représente la raison. On comprend les fonctions du sage païen (...); soit que les secrets du monde matériel et de la vie morale lui semblent familiers; soit qu'il reconnaisse et pose les problèmes d'un ordre supérieur, qu'il en décline ordinairement la solution, ou qu'il ne puisse s'empêcher de la laisser entrevoir quelquefois.
OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 96.
— Les Sept Sages (de la Grèce). Les sept philosophes et hommes d'État qui, au VIe s. av. J.-C., se sont illustrés par leur sagesse dans le domaine de la morale et de la politique. Si les sept sages, dans leur banquet, avaient été assujettis à cette condition [la présence de femmes dans leur auditoire], je doute qu'ils eussent si hautement disserté (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 526).
2. RELIG. [Corresp. à sagesse I C] Celui qui tient de Dieu sa science et son pouvoir de guide et de prophète. [Moïse s'adressant à Dieu:] Hélas! vous m'avez fait sage parmi les sages! Mon doigt du peuple errant a guidé les passages. J'ai fait pleuvoir le feu sur la tête des rois; L'avenir à genoux adorera mes lois (VIGNY, Poèmes ant. et mod., 1837, p. 15).
— Le Sage. Salomon, le Sage entre les sages à qui fut attribué le livre de la Sagesse. Le prince Hayëm (...), l'énigmatique rejeton que la reine du Sud, dès son retour en Lybie, avait envoyé au beau Sage, seigneur des Hébreux (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 380).
3. ALCHIM. Mercure des sages. Pierre des sages. Pierre philosophale. Cette pierre des sages que Prélati a vue, flexible, cassante, rouge, sentant le sel marin calciné, ils la cherchent, à eux deux furieusement, en invoquant l'Enfer (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 132).
B. — 1. Celui dont le jugement et la conduite sont inspirés par la raison et le bon sens. Synon. philosophe. Vivre en sage, comme un sage. Vous êtes un sage, Monsieur Sorel (...). Ces folies vous étonnent sans vous séduire (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 284):
• 5. Point de discordes, point de partis, point de plaintes ouvertes, point de murmures, si ce n'est celui de quelque grand fleuve qui porte silencieusement à la mer le produit de l'industrie de cette nation de philosophes. Ce voyageur rentrerait chez lui, infailliblement persuadé qu'il vient de découvrir un peuple de sages, lequel a échappé par miracle aux tourmentes de l'esprit moderne.
QUINET, All. et Ital., 1836, p. 87.
— En partic. Personne désignée pour sa compétence et sa réputation d'objectivité comme conseiller ou arbitre, dans un conflit politique, économique ou social. Comité des sages. En Italie, l'« ensablement » de questions délicates par des « sages » ou des commissions d'enquête est chose courante (Libération, 13 sept. 1985, p. 9, col. 4). La commission des Sages, chargée de l'évaluation des entreprises à privatiser (...) devrait être installée la semaine prochaine (L'Est Républicain, 28 mai 1986, p. 424).
— Rarement au fém. N'accuse pas d'être avare Une sage qui prépare Tant d'or et d'autorité: Par la sève solennelle Une espérance éternelle Monte à la maturité! (VALÉRY, Charmes, 1922, p. 155).
2. Celui qui se conduit avec modération. J'y bois à petits coups, en clignotant des yeux, Un mazagran avec un doigt de cognac vieux; Puis je lis — (et quel sage à ces excès résiste?) — Le Journal des Débats, étant orléaniste (VERLAINE, Œuvres poét. compl., Poèmes div., Paris, Gallimard, 1938 [1896], p. 775).
REM. Sagissime, adj., plais. Extrêmement sage. J'espère sortir bientôt dans de normales conditions et quelles intentions sagissimes, c'est effrayant tout simplement (VERLAINE, Corresp., t. 3, 1891, p. 181).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) ca 1050 savie « instruit, savant » (Alexis, éd. Chr. Storey, 375); b) 1100 sage « judicieux, intelligent » (Roland, éd. J. Bédier, 648); c) id. saive « expérimenté » (ibid., 112); d) déb. XIIe s. « prudent » (Chanson de Guillaume, éd. Wathelet-Willem, 56); e) ca 1140 « juste » (GEFFREI GAIMAR, Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 2094); f) ca 1170 « réservée (d'une jeune fille) » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 1271); g) ca 1590 « modéré, maître de ses passions » (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 487); h) 1671 « qui n'est pas turbulent (d'un enfant) » (POMEY); i) 1694 « qui n'est pas capricieux (d'un animal) » (Ac.); 2. ca 1135 « mesuré » reson sage (Couronnement de Louis, éd. Y.-G. Lepage, 493); b) 1765 « sans excès » tableau sage (Encyclop. t. 14). B. Subst. 1. a) 1100 « celui qui a sa raison, son bon sens » [oppos. à fol] (Roland, 229); b) 1181-90 « celui qui a une connaissance juste des choses; qui est le représentant de la sagesse » (CHRÉTIEN DE TROYES, Conte du Graal, éd. F. Lecoy, 1651); 2. ca 1165 « nom de ceux qui se sont distingués (chez les Anciens Grecs) par leur connaissance de la philosophie et de la science » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 10476); 1376 (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, I, 15, p. 131: Solon fu un des .VII. Sages qui firent les loys a ceuls d'Athenes); 3. 1580 « celui qui, par un art de vivre, se met à l'abri de ce qui tourmente les autres hommes » (MONTAIGNE, op. cit., I, 23, p. 118). Du lat. pop. sabius, issu de sabidus par changement de suff., altér. du lat. impérial sapidus « qui a du goût, de la saveur », au IVe s. (AUSONE) « sage ». Le passage du lat. sapidus à la forme sabidus est peut-être dû à ses liens étroits avec le verbe sapere « savoir » d'où sont issues les formes rom. du type saber (FEW t. 11, p. 204b, COR. t. 4, p. 106). Ch. BRUCKER ds Sage et son réseau lex. en a. fr., 1979, t. 1, pp. 111-114 fait une distinction entre les formes saive/savie issues d'une forme pop. sapidu/savidu et la forme sage issue de sabidu. Fréq. abs. littér.:6 903. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 11 511, b) 8 089; XXe s.: a) 8 071, b) 6 092. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 414. — KOGELSCHATZ (B.). Theorie und Praxis des sprachlichen Feldes. München, 1981, pp. 98-101, 172-174. — LÅNGFORS (A.). Notes lexicogr. Neuphilol. Mitt. 1942, pp. 192-195. — QUEM. DDL t. 14. — SUBRENAT (J.). E oliver est proz. In: [Mél. Horrent (J.)]. Liège, 1980, pp. 461-467. — VENCK. 1975, pp. 452-521.
sage [saʒ] adj. et n.
ÉTYM. 1080, la Chanson de Roland; savie, 1050; p.-ê. lat. pop. sapius, sabius, du lat. class. sapidus « qui a du goût » — cf. ne sapius « imbécile » (Pétrone) —, avec infl. de sapiens.
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I Adj.
1 Vieilli. Qui a la connaissance juste des choses. ⇒ Éclairé, judicieux, savant. || « Vous convient d'être sages pour estimer ces beaux livres » (cit. 24, Rabelais). || Un ignorant ami (cit. 5) et un sage ennemi. || Sage vieillard (⇒ Nestor); sage conseiller (⇒ Mentor). → Commettre, cit. 16. || Un sage général doit connaître ses soldats (→ Armée, cit. 2). || Un roi si vaillant et si sage (→ Apprentissage, cit. 14). || Le sage Locke (→ Droguer, cit. 1). || Il est contre la loi de la nature (cit. 42) qu'un imbécile conduise un homme sage. || Éminemment sage (→ Déférence, cit. 4). — Par ext. || L'histoire, sage conseillère (cit. 3) des princes. || Nature, sage ouvrière… (→ Artificieux, cit. 1). — REM. Dans cet emploi, sage est le plus souvent placé avant le nom, en épithète.
2 (Au sens fort. → ci-dessous II., 2., un sage). Vx ou littér. (En général après le nom). Qui a un art de vivre supérieur, qui peut être considéré comme un modèle. || Un roi sage (→ Fardeau, cit. 14). || Le penseur (→ Extérieur, cit. 13), le héros, hommes sages (→ Héroïque, cit. 17). || L'épicurien est sage. || C'est par le peu qu'il envie (cit. 8) que l'homme est sage. || « La parfaite raison fuit toute extrémité (cit. 14), Et veut que l'on soit sage avec sobriété ». ⇒ Vertueux. || Qui vit sans folie (cit. 16) n'est pas si sage qu'il croit. || Ceux qui dominent les autres ne sont ni plus sages ni plus heureux qu'eux (→ Grandeur, cit. 7).
3 (XIIe). Mod. et littér. Qui a du jugement, qui est avisé, sensé dans sa conduite (d'une manière habituelle). ⇒ Averti, avisé, circonspect, intelligent, sensé. || Un homme sage; un sage vieillard. ☑ Les vierges folles et les vierges sages. (Antéposé avec un nom propre). || Le sage Ulysse (→ Recevoir, cit. 24). || « Quand le mal est certain (cit. 1)… le moins prévoyant est toujours le plus sage » (La Fontaine). || « …Mais le père fut sage De leur montrer… Que le travail est un trésor » (→ Argent, cit. 30). || Est-on sage de n'aimer pas ? (→ Âge, cit. 33). || Sage ou non je parie encore (→ Faire, cit. 59). || Je ne parle pas des fous, je parle (cit. 52) des plus sages (→ aussi Priver, cit. 2). — Par ext. || Notre instinct (cit. 12) est bien plus sage que la raison. Impers. || Il est sage… : il est habile, efficace… || Il est plus sage d'employer la douceur (cit. 31). → aussi Apporter, cit. 14.
♦ Par ext. || Sage exemple (→ Après, cit. 11). || De sages conseils. ⇒ Bon, judicieux (→ Modéré, cit. 7). || L'exemple, le conseil était sage. || Sages avertissements (cit. 2 et 8). || Sages paroles des conciliateurs (→ 2. Importer, cit. 25). || Sage conduite.
1 Jamais auprès des fous ne te mets à portée.
Je ne te puis donner un plus sage conseil.
La Fontaine, Fables, IX, 8.
4 Cour. Qui est réfléchi et modéré. ⇒ Circonspect, équilibré, grave, mesuré, modéré, posé, prudent, raisonnable, réfléchi, réglé, sérieux. || « Roland est preux (cit. 2) mais Olivier est sage ». || Sage magistrat (→ Calmer, cit. 18). || Un roi sage en ses projets (→ 1. Calme, cit. 8). || Paysan religieux et sage (→ Comparer, cit. 10). || Le despote arrache l'arbre (cit. 39), le sage monarque l'ébranche. || Les républicains les plus sages (→ Lettre, cit. 30). || Gouvernement très sage (→ Côté, cit. 17). || Les femmes sages ne font point de sensation (→ Bruyant, cit. 3; dans ce cas, l'antéposition est impossible à cause de sage-femme). || « L'éducation nous fait savants mais non sages » (Montaigne; → Étymologie, cit. 6). || On n'est sage qu'après (cit. 20) qu'il en a cuit de ne pas l'être. ☑ Loc. prov. On devient sage à ses dépens. || Un peu de vache enragée (cit. 12) le rendra plus sage. ⇒ Assagir, calmer, mûrir. — Impers. || Il est sage de s'en contenter (→ Opinion, cit. 20), plus sage de renoncer (cit. 15).
2 La belle avait un père, homme prudent et sage :
Il laissa le torrent couler.
La Fontaine, Fables, VI, p. 21.
3 Messieurs, je m'adresse à tous les partis indistinctement. Savez-vous à qui appartiendra la victoire ? Au plus sage (…)
Thiers, Disc. au Parlement, 27 mars 1871.
5 (V. 1175). Honnête et réservé dans sa conduite sexuelle (→ Avance, cit. 35). ⇒ Chaste, honnête, pudique, pur, réservé. || Sage par raison, libertine par tempérament (→ Remords, cit. 2). || Femme sage, hors d'atteinte (cit. 3); sage et inaccessible (→ Inconséquent, cit. 5). || Aussi sages que belles (→ Broder, cit. 1). || Rendre sages les filles (→ Barreau, cit. 1). || Sois belle si tu peux (cit. 5), sage si tu veux… || Des hommes très sages (→ 1. Cabaret, cit. 1). ⇒ Continent.
3.1 Moi qui mettais toute ma gloire, toute ma félicité dans ma vertu, moi, qui me consolais de tous les maux de la fortune, pourvu que je fusse toujours sage, je ne puis tenir à l'horrible idée de me voir aussi cruellement flétrie par ceux de qui je devais attendre le plus de secours et de consolation : mes larmes coulent en abondance, mes cris font retentir la voûte (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 152.
4 La charmante fille ! toujours riante, verdissante, pleine de gaieté, d'esprit, d'amour et de délices ! mais sage !
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, 1, 2.
5 Sage veut dire savant. On dit qu'une fille est sage quand elle ne sait rien. On cultive son ignorance. En dépit de tous les soins, les plus sages savent (…) mais elles savent mal (…)
France, l'Île des pingouins, VII, I.
♦ Spécialt. Réservé dans son comportement avec le sexe opposé.
6 Il se passa la main sur la face, comme pour s'en ôter la cuisson qui le brûlait. En le voyant redevenu sage, elle, gentille, se pencha, lui posa un gros baiser sur la joue, voulant lui montrer qu'elle l'aimait bien tout de même.
Zola, la Bête humaine, I.
7 — Asseyez-vous près de moi, lui dit-elle, et soyez sage. Nous avons à causer sérieusement.
Marcel Prévost, les Demi-vierges, I, IV.
6 (Postposé). Calme et docile. || Un enfant sage. ⇒ Docile, doux, gentil, obéissant, posé, tranquille. ☑ Sage comme une image (→ Se repentir, cit. 3). || Les élèves les plus sages (→ Friandise, cit. 3). || Allons, soyez sages ! || Si tu n'es pas sage, tu seras puni.
8 On pourrait dire sage, comme un enfant malade.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 10 nov. 1869, t. III, p. 237.
9 (…) cette parade exemplaire, où chacun, pénétré de son rôle, s'y tient et s'y maintient, sage comme une image d'Épinal.
Gide, Journal, 19 mai 1943.
7 (Mil. XVIIe; choses). Mesuré. || Un pas sage (→ Pied, cit. 4). — Spécialt. Qui est dépourvu d'ambition, de hardiesse, d'originalité. || Des goûts, des désirs sages. ⇒ Modeste. || Un roman, une peinture sage : sans excès, classique et un peu froid. — Fam. || Une petite robe sage, modeste (infl. du sens 5.).
10 (…) le grand tragédien nègre, sans doute pour paraître aussi civilisé qu'un blanc, a un jeu sage, réglé, classique, majestueux (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, I, XII.
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II N. m. || Un sage.
1 (V. 1080). Vx. Celui qui a une connaissance juste des choses. ⇒ Philosophe, savant (→ 2. Bourse, cit. 8). || Les sept sages de Grèce (→ Aucun, cit. 31). || Silène était un sage (→ Abrutir, cit. 4). || Les rois mages (1. Mage, cit. 3), sages d'Orient. || Les sages d'Égypte (→ 1. Hermétique, cit. 6). || Pierre des sages (⇒ Alchimiste) ou philosophale. || Le Sage : nom donné à Salomon, auteur présumé des Proverbes de l'Ancien Testament (→ Ecclésiaste, cit. 3). || Le sage de Montbar : Buffon (→ Philosophe, cit. 3). || « L'impiété (cit. 1) des sages superbes » (Pascal). || Parler peu et bien est d'un sage (→ Beaucoup, cit. 27). || Les fautes des sots… mettent les sages en défaut (→ Difficile, cit. 2).
11 Un sage assez semblable au vieillard de Virgile,
Homme égalant les rois, homme approchant des dieux,
Et, comme ces derniers, satisfait et tranquille.
La Fontaine, Fables, XII, 20.
12 Certain roi qui régnait sur les rives du Tage,
Et que l'on surnommait le Sage,
Non parce qu'il était prudent,
Mais parce qu'il était savant,
Florian, Fables, III, 9.
2 (XVIe). Mod. Celui qui, par un art de vivre supérieur, se met à l'abri de ce qui tourmente les autres hommes. ⇒ Philosophe. || Sage stoïcien, hédoniste (cit. 1), cynique. || Sage bouddhiste qui entre dans le nirvâna (cit. 1). || La vie et la mort de Socrate sont d'un sage (→ Dieu, cit. 39). || Les sages et les saints. || Le sage, homme modèle (cit. 4). || Le vrai bonheur appartient (cit. 21) au sage. || Le sage se juge (cit. 12) bien. || Le sage s'abstient pour jouir (→ Épicurisme, cit. 1). || Les sages vivent sans passion et sans impatience (→ Quiétude, cit.). || Le sage, « un homme qui ne serait affecté (cit. 4) dans la vie que par la souffrance physique ». || L'oisiveté (cit. 1), le détachement, la sérénité du sage. || La mort ne surprend point le sage (→ Avertir, cit. 1).
13 — C'était (Socrate) un sage d'Athènes. Il y a longtemps que le rôle de sage est dangereux parmi les fous. Ses concitoyens le condamnèrent à boire la ciguë.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 564.
14 Les anciens sages, dont Socrate est le modèle, vivaient à peu près comme des saints, sans espérer beaucoup des dieux. Descartes ne trouva rien de mieux que d'aller à la guerre, évidemment par dégoût d'une vie frivole à laquelle il avait goûté, et qu'il avait jugée. Et combien d'autres ont choisi une vie difficile, sans d'autre raison que de retrouver l'équilibre et la paix !
Alain, Propos, 1er mars 1933, Les saints.
♦ (1953, cit. 14.2 infra). Personne désignée pour sa compétence et sa réputation d'objectivité comme conseiller du gouvernement, d'un organisme, en matière économique et sociale (le plus souvent dans des expressions du type : Comité des sages).
14.1 (…) le collège des Médiateurs (comprenant des « sages » réputés pour leur compétence et leur neutralité) intervenait en cas de désaccord (en matière de salaires).
Jean-Paul Courthéoux, la Politique des revenus, p. 8.
14.2 Vint ensuite le responsable du parti communiste, (…) puis le manitou du M. R. P. (…) puis un des sept sages de l'Europe (…)
Jacques Perret, Bâtons dans les roues, p. 171 (1953).
REM. Dans ces emplois, pour désigner une femme, on pourrait employer le nom féminin une sage.
3 (Opposé à fou). Souvent au plur. Personne qui a sa raison, son bon sens. || Les sages et les fous (→ Autant, cit. 4; 1. mort, cit. 13; 1. fou, cit. 22). || Le fou prend le sage en pitié (→ Intellect, cit. 3). ☑ Loc. prov. Un fou enseigne (cit. 19) bien un sage.
15 Il y a plus de fous que de sages, et dans le sage même il y a plus de folie que de sagesse.
Chamfort, Maximes, Philosophie et morale, XXXVI.
16 Mais la voix me console et dit : « Garde tes songes :
Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous ! »
Baudelaire, les Épaves, Pièces diverses, XVII.
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CONTR. Fou, imbécile. — Étourdi, insensé, malavisé; absurde, aventureux, extravagant, impertinent. — Déraisonnable, déréglé, hurluberlu, imprudent; débauché, désordonné, dévergondé, dissipé; désobéissant, insupportable, turbulent; échevelé, forcené; excentrique, hardi, original.
DÉR. Sagement, sagesse.
COMP. Sage-femme.
Encyclopédie Universelle. 2012.