1. voile [ vwal ] n. m. I ♦ Morceau d'étoffe destiné à cacher.
1 ♦ Étoffe qui cache une ouverture. ⇒ rideau. Le voile du temple de Jérusalem. — Étoffe dont on couvrait les statues des dieux; dont on couvre un monument, une plaque... avant l'inauguration.
2 ♦ Morceau d'étoffe destiné à cacher le visage ou le front et les cheveux d'une femme, pour un motif religieux. Voile des musulmanes, voile islamique. ⇒ foulard, haïk, tchador. « Melek les pressait aussi de relever leur voile, par bravade » ( Loti). Voile de religieuse catholique. — Loc. Prendre le voile : se faire religieuse. Prise (II, 2o) de voile.
3 ♦ Partie d'un vêtement féminin en voile (5o), porté sur la tête. Voile blanc de mariée, de communiante. Voile de veuve. ⇒ 2. crêpe. Voile d'infirmière, porté par mesure d'hygiène.
4 ♦ Littér. (du vêtement antique) Vêtement léger et transparent qui couvre le corps féminin. « Un satyre qui soulevait les voiles d'une nymphe endormie » (France). La danse des sept voiles de Salomé.
5 ♦ (1723 ; du voile des religieuses) Tissu léger et fin, d'armure toile. Voile de coton, de tergal, de soie, de laine. — Voile transparent pour faire des rideaux. ⇒ 1. voilage. « Dans ta robe de voile mauve et de strass » (Colette).
II ♦ Abstrait
1 ♦ Ce qui cache qqch. ⇒ enveloppe, masque. « Je ne veux mettre aucun voile au-devant des sentiments que j'ai pour vous » (Mme de Sévigné).
♢ Loc. Littér. Étendre, jeter, tirer un voile (sur qqch.), le cacher; par ext. le condamner à l'oubli. « la pieuse hypocrisie qui conseille de jeter sur la vilenie un voile pudique, afin de ne pas effaroucher l'innocence » (Caillois). — Lever le voile (⇒ dévoiler) . « Le mystère dont j'avais levé quelques voiles » (Nerval). Soulever un coin du voile : faire entrevoir. Arracher le voile : révéler brusquement.
2 ♦ Ce qui rend moins net, ou obscurcit. Des vapeurs « qui jetaient sur l'horizon un léger voile » (Maupassant). Voile de brume. — Photogr. Partie anormalement obscure d'une épreuve, due à un excès de lumière.
♢ Physiol. Obscurcissement du champ visuel. Le voile de la mort. ⇒ ténèbres. — Aviat. Voile noir, gris, rouge : trouble physiologique provoqué par une grande accélération.
♢ Méd. Diminution de la transparence d'une partie du poumon, visible à la radioscopie. Avoir un voile au poumon droit.
♢ Trouble se produisant dans un liquide.
III ♦
1 ♦ (1788) Voile du palais : cloison musculaire et membraneuse, à bord inférieur libre et flottant, qui sépare l'arrière-bouche (oropharynx) de l'arrière-nez (rhinopharynx), appelée aussi palais mou. Appendice charnu du voile du palais. ⇒ luette. Rôle du voile du palais dans l'émission des sons (⇒ vélaire) .
2 ♦ Bot. Ensemble des membranes qui tapissent le dessous du chapeau de jeunes champignons et se déchirent à maturité. Voile d'agaric.
3 ♦ Archit. Structure de grande surface et de faible épaisseur (10 cm au plus) en ciment armé ou matière plastique armée, formant une coque autoporteuse.
voile 2. voile [ vwal ] n. f.
• v. 1160; veil 1120; de 1. voile
1 ♦ Morceau de forte toile destiné à recevoir l'action du vent pour faire avancer le navire. Bateau, navire à voiles. Naviguer à la voile. Les voiles font partie des agrès, du gréement (⇒ toile, 1. voilure) . Voiles d'évolution, de l'extrême arrière et de l'extrême avant; de propulsion, celles des mâts. Voiles basses, les dernières, près de la quille. Voiles majeures, les plus employées. Parties d'une voile (ralingue, ris).— Voiles carrées. Voiles auriques. Voiles latines. Voiles sur lattes des jonques. Voile d'avant (spinnaker). Voiles du beaupré (clinfoc, petit et grand foc, tourmentin, trinquette). Voiles de misaine (petit cacatois, petit hunier, misaine, petit perroquet). Voiles du grand mât (grand cacatois, grand hunier, grand perroquet). La grand-voile : principale voile du grand mât. Voiles d'artimon (brigantine, cacatois de perruche, perroquet de fougue, perruche). Voiles d'étai enverguées sur des drailles. Voiles supplémentaires enverguées sur des bout-dehors (bonnette, dériveur, fortune). — Amener, brasser, caler, carguer, enverguer, établir, ferler, hisser, larguer, serrer... les voiles, une voile. Voiles pendantes, en bannière. (Mettre les) voiles en ciseau(x), ou en oreilles de lièvre : manière de mettre les voiles (en général misaine et grand-voile) au vent arrière, l'une bordée sur tribord, l'autre sur bâbord. « Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles » (A. Chénier). « Un grand bruit de vent dans les voiles » (Fromentin). Voiles qui claquent. Voile qui ralingue contre le mât. — Mettre à la voile, mettre les voiles, pour faire avancer le bateau. Mettre toutes voiles dehors; fig. employer tous les moyens. Faire force de voiles. Être sous voiles, les voiles hautes déployées. Faire voile dans une direction, sur tel port. ⇒ 1. cingler.
♢ Loc. Avoir le vent dans les voiles, se dit d'une personne dont les affaires vont bien, qui est en train de réussir (cf. Avoir le vent en poupe). — Fam. Mettre les voiles : s'en aller, partir (cf. Mettre les bouts). Être, marcher à voile et à vapeur : être bisexuel (cf. Bique et bouc, poil et plume).
2 ♦ Par méton. Voilier. « Au loin court quelque voile hellène » (Hugo).
3 ♦ Navigation à voile. « Un jour de voile » (Chateaubriand).
♢ (régatiers à la voile 1855) Sport nautique sur voilier. Faire de la voile.
4 ♦ VOL À VOILE : pilotage des planeurs. Amateur de vol à voile. ⇒ vélivole.
♢ Planche à voile. Char à voile. ⇒aussi speed-sail.
5 ♦ (1958; ext. du sens 1) Voile solaire : large structure destinée à recevoir des photons solaires pour permettre des déplacements dans l'espace. « La voile peut être fabriquée avec un film plastique [...] aluminisé » (Science et Vie, 1989).
● voile nom masculin (latin velum) Pièce d'étoffe, le plus souvent légère, qui sert à couvrir, à cacher quelque chose à la vue : Ôter le voile qui couvre une statue. Étoffe très légère de laine, de coton, de soie, de textiles artificiels ou synthétiques, utilisée pour la confection de vêtements ou pour la fabrication de rideaux de fenêtre. Pièce d'étoffe servant à cacher le bas du visage ou à couvrir la tête des femmes dans certaines circonstances : Les femmes musulmanes portent un voile. Voile d'infirmière, de première communiante, de deuil. Pièce d'étoffe légère et transparente dans laquelle quelqu'un se drape : La danseuse s'enroulait dans ses voiles. Littéraire. Tout ce qui cache, dérobe à la vue ou fait paraître plus flou : Un voile de brume. Littéraire. Un semblant, quelque chose qui en a l'apparence : Je vis dans son regard un voile de tristesse. Aéronautique et Astronautique Ensemble de perturbations physiologiques dues à de fortes accélérations (supérieures à 4 g) et qui se manifestent par des troubles de la vision. Automobile Disque à surface conique qui, dans une roue, assure la liaison entre le moyeu et la jante. Botanique Enveloppe qui réunit le chapeau des champignons basidiomycètes au pied, et dont on retrouve parfois les débris, après ouverture, sous forme d'anneau sur le pied et d'écailles sur le chapeau. Charpente Charpente moderne formée d'une nappe de lamelles disposées en réseau. Médecine Lésion peu importante du poumon, qui correspond à un aspect radiologique de diminution homogène de la transparence. (Il peut s'agir de tuberculose, ou d'une pneumopathie banale.) Œnologie Pellicule microbienne que l'on rencontre sur le vin et les boissons alcooliques laissées en vidange. Optique Altération du brillant spéculaire d'une surface caractérisée par la présence de plages diffusantes. Photographie Noircissement parasite d'une émulsion, qui peut être dû à la nature de la surface sensible, au développement, à une oxydation aérienne ou à un vieillissement. Textiles Assemblage léger de fibres textiles obtenu à la sortie de la carde. Zoologie Synonyme de velum. ● voile (citations) nom masculin (latin velum) Maurice Donnay Paris 1859-Paris 1945 Académie française, 1907 La gaieté est aux hommes ce que la mélancolie est aux femmes ; mais la mélancolie est une voilette, et la gaieté est un voile plus difficile à soulever. Le Geste Fasquelle ● voile (expressions) nom masculin (latin velum) Avoir un voile sur (devant) les yeux, avoir un trouble de la vision ; être aveuglé, être le jouet de vaines illusions, qui empêchent de voir la réalité. Jeter, tirer, mettre un voile (pudique) sur quelque chose, le tenir caché. Lever le voile, révéler ce qui était caché ou ignoré. Prendre le voile, se faire religieuse. Sans voile(s), sans détour, sans rien dissimuler. Voile de (la) mariée, tissu qui accompagne une robe de mariée et que revêt pendant la cérémonie une femme qui se marie. Voile gris, voile noir, troubles de la vision affectant, en l'absence d'équipement spécial, les pilotes d'avions de combat soumis à de fortes accélérations. (Ils résultent de la baisse de la pression dans l'artère rétinienne, le système cardio-vasculaire devenant incapable d'assurer une circulation sanguine adéquate dans la tête.) Voile du palais, cloison musculo-membraneuse qui prolonge en arrière la voûte palatine, et qui sépare la partie nasale de la partie buccale du pharynx. Voile mince, structure de grande surface et de faible épaisseur (6 à 10 cm au plus) en ciment ou en matière plastique armés. (Les voiles fournissent des coques autoportantes à courbure simple [en demi-cylindre] ou doubles [coupoles, paraboloïdes hyperboliques].) Racine voile, racine aérienne d'orchidée épiphyte, comportant un manchon de cellules mortes remplies d'air, absorbant l'humidité atmosphérique. ● voile (homonymes) nom masculin (latin velum) voile nom féminin voile forme conjuguée du verbe voiler voilent forme conjuguée du verbe voiler voiles forme conjuguée du verbe voiler ● voile (synonymes) nom masculin (latin velum) Étoffe très légère de laine, de coton, de soie, de...
Synonymes :
- voilage
Anatomie. Voile du palais
Synonymes :
- palais mou
Synonymes :
- Zoologie. velum
● voile
nom masculin
(de voiler)
Déformation accidentelle subie par une roue d'un véhicule.
Écart de planéité d'une surface imparfaitement plane.
Déformation d'une pièce tournante qui n'est pas rigoureusement perpendiculaire à son axe de rotation.
● voile
nom féminin
(latin populaire vela, du latin classique velum, voile de navire)
Assemblage de pièces de toile ou d'autres tissus cousues ensemble pour former une surface capable de recevoir l'action du vent et de servir à la propulsion d'un bateau.
Le bateau lui-même.
Pratique sportive de la navigation à voile : École de voile. Faire de la voile.
● voile (homonymes)
nom masculin
(de voiler)
voile
nom féminin
voile
forme conjuguée du verbe voiler
voilent
forme conjuguée du verbe voiler
voiles
forme conjuguée du verbe voiler
● voile (difficultés)
nom féminin
(latin populaire vela, du latin classique velum, voile de navire)
Orthographe
Au singulier dans : marine à voile (= dont les navires marchent à la voile, opposée autrefois à la marine à vapeur) ; navigation à voile ; faire voile vers. Au pluriel dans : à pleines voiles, à toutes voiles ; toutes voiles dehors. - Bateau à voiles (ou bateau à voile, plus rare, si le bateau n'a qu'une voile).
Sens
Ne pas confon-dre mettre à la voile (= appareiller, en parlant d'un voilier) et mettre les voiles (= s'en aller), très familier.
● voile (expressions)
nom féminin
(latin populaire vela, du latin classique velum, voile de navire)
Faire voile (vers un lieu), naviguer (dans une direction donnée).
Voile solaire, surface réfléchissante se déplaçant dans l'espace sous l'effet de la pression de rayonnement du Soleil. (Ce mode de propulsion économique pourrait être utilisé pour de futures missions d'exploration du système solaire.)
Voile prétendue, structure tendue à double courbure inverse, formée en général d'un réseau de câbles garni de plaques d'étanchéité.
Bateau sous voiles, bateau dont les voiles sont établies.
Mettre à la voile, appareiller.
Voile de l'avant, chacune des voiles du mât de misaine, ainsi que chacun des divers focs.
● voile (homonymes)
nom féminin
(latin populaire vela, du latin classique velum, voile de navire)
voile
nom masculin
voile
forme conjuguée du verbe voiler
voilent
forme conjuguée du verbe voiler
voiles
forme conjuguée du verbe voiler
voile
n. f.
d1./d Pièce d'étoffe résistante destinée à recevoir l'action du vent et à assurer la propulsion d'un navire. Bateau à voiles. Voile carrée, latine.
|| Loc. Faire voile sur: naviguer vers.
— Mettre à la voile: appareiller.
— Mettre toutes voiles dehors, les déployer toutes.
d2./d Par méton. Une voile: un voilier.
d3./d Sport consistant à naviguer en voilier. Faire de la voile.
d4./d Vol à voile: pilotage des planeurs.
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voile
n. m.
d1./d Pièce d'étoffe destinée à cacher qqch. Couvrir une statue d'un voile. Corps sans voiles, nu.
d2./d Morceau de tissu qui cache les cheveux et, entièrement ou partiellement, le visage. Voile islamique.
d3./d Coiffure féminine faite d'une pièce d'étoffe. Voile de mariée.
— Loc. Prendre le voile: entrer en religion, en parlant d'une femme.
d4./d Tissu fin et léger. Des rideaux en voile.
d5./d Fig. Ce qui dissimule à la vue ou à l'esprit. Un voile de fumée. Un voile nous cache l'avenir.
— Jeter un voile sur un fait, tenter de le cacher; ne pas ou ne plus en parler.
d6./d Nuage floconneux se formant dans un liquide.
d7./d PHOTO Défaut d'une épreuve surexposée, qui amoindrit les contrastes et donne l'impression d'un voile (sens 1) interposé entre l'objectif et le sujet.
d8./d MED Voile au poumon: opacité anormale et homogène d'une partie du poumon, visible à la radiographie.
|| ANAT Voile du palais: V. palais 2.
d9./d BOT Voile partiel, qui enveloppe le chapeau des champignons supérieurs jeunes et qui subsiste parfois sous forme d'un anneau autour du pied.
— Voile général, qui enveloppe les jeunes carpophores des champignons supérieurs et qui persiste parfois à la maturité, formant la volve et des écailles sur le chapeau.
d10./d CONSTR Voile mince: élément de construction en béton ayant une vaste surface et une faible épaisseur.
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voile
n. m. TECH Gauchissement, renflement d'une pièce de bois, de métal, etc. Cette porte prend du voile.
I.
⇒VOILE1, subst. masc.
A. — Pièce d'étoffe qui recouvre, protège ou masque.
1. [À propos d'une chose]
a) Pièce d'étoffe, qui cache une ouverture (porte, fenêtre...) et fait office de rideau (d'apr. LITTRÉ). Le porche du parvis de Saint-Clément a conservé entre les deux chapiteaux antérieurs une barre de fer qui porte des anneaux; ils indiquent qu'un voile y était suspendu pour préserver les religieux des importunités de la rue (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 100).
b) Pièce d'étoffe qui dérobe aux regards un objet de culte, un monument, une plaque commémorative avant ou pendant une cérémonie. Une brume impondérable noyait les cannelures et le grand voile tricolore qui battait du haut en bas de la façade du Palais-Bourbon (NIZAN, Conspir., 1938, p. 40). V. voiler1 A 1 a ex. de Desmoulins.
— En partic.
♦ LITURG. Voile (du calice). Pièce de soie ornée qui couvrait le calice et la patène pendant une partie de la messe et dont l'usage est aujourd'hui abandonné. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ [Dans le temple juif] Grande pièce d'étoffe précieuse séparant le saint des saints du reste du temple et masquant le sanctuaire où se trouvait l'arche d'alliance (Dict. XIXe et XXe s.). Le voile du temple de Jérusalem se déchira de haut en bas au moment où mourut Jésus (Lar. Lang. fr.).
2. [À propos d'une pers.]
a) Pièce d'étoffe légère et transparente dont les femmes se couvrent la tête, le visage et parfois une partie du corps, soit de façon habituelle, soit à l'occasion de certains événements ou de certaines cérémonies. Voile de mariée, de communiante; voile de coton, de gaze, de mousseline, de soie, de tulle. Teresina: Eh bien, don José, appelle le chapelain, qu'à l'instant même il nous unisse... Don José: Eh bien, ma belle Teresina, allez mettre votre voile blanc (DUMAS père, Don Juan, 1836, II, 2e tabl., 8, p. 40). J'écoutais Mrs. Weldon, déjà célèbre alors, qui interprétait Gallia. Vingt ans plus tard, elle faisait un « numéro » sur la scène d'un music-hall; et c'était une sorcière de Macbeth, en voiles de deuil, les cheveux tout blancs (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 220).
b) Morceau de tissu fin qui orne un chapeau, une coiffure féminine. Synon. voilette. Voile d'un hennin. Le couvert mis, le souper préparé, elle vint s'asseoir au milieu de nous, sans châle, sans chapeau ni voile, et je pus la regarder à mon aise (A. DAUDET, Femmes d'artistes, 1874, p. 73).
c) Dans la relig. islam.
— Pièce d'étoffe légère mais opaque que portent en public les femmes musulmanes et les Touaregs et qui leur cache le bas du visage à partir des yeux. Julie: Qu'est-ce que vous faites de toutes les femmes arabes que vous prenez? Saqueville: On les met dans une tente avec les enfants (...) Ordre de casser la tête à quiconque oserait toucher le voile d'une des prisonnières (MÉRIMÉE, Deux hérit., 1853, p. 70).
— Pièce d'étoffe qui recouvre la chevelure des femmes musulmanes. Le foulard est une « obligation fondamentale inscrite dans le Coran », assurent les théologiens, même les plus modérés. Contraindre une musulmane à ôter son voile reviendrait donc à nier la religion d'Allah (Télérama, 23 févr. 1994, p. 18, col. 1).
d) Dans la relig. cath. Pièce d'étoffe que les religieuses et les novices portent sur la tête et dont elles se couvrent parfois le visage. Du cloître nous passâmes dans le jardin, où la religieuse me dit qu'on avait porté la sœur malade: en effet, je l'aperçus à l'extrémité d'une longue allée de charmille; elle était assise, et son grand voile noir l'enveloppait presque tout entière (DURAS, Ourika, 1824, p. 10). Les cornettes des sœurs, les voiles, les béguins (LAFORGUE, Poés., 1887, p. 66).
♦ Prendre le voile (pour une femme). Entrer en religion. Sous Ferdinand VII, c'était, paraît-il, chose courante qu'une jeune fille, à la veille de prendre le voile, assistât à une course et même fît quelques passes à un jeune taureau (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 514). Prise de voile. Cérémonie qui consacre l'entrée en religion. Les dames causaient d'une prise de voile, une cérémonie très touchante (ZOLA, Nana, 1880, p. 1153).
e) Coiffure de tissu sous laquelle, dans certaines professions, les femmes enferment leurs cheveux par mesure d'hygiène. En revenant dans un taxi où Pauline l'embrassait, il se disait qu'elle n'était acceptable que comme un souvenir d'enfance, le reflet des infirmières à voile bleu avec leurs seins si beaux sous les empiècements carrés (NIZAN, Conspir., 1938, pp. 27-28).
f) P. ext. Tissu très léger fait de laine, de coton, de soie, de fibres synthétiques, utilisé dans la confection de vêtements ou dans la fabrication de rideaux. Je n'aime pas beaucoup cette robe-là, trop parée, trop messe de mariage. Je préfère tout bas la mienne en voile ivoire (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 145). Peu de temps après, j'étais conduit de nouveau devant le juge d'instruction. Il était deux heures de l'après-midi et cette fois, son bureau était plein d'une lumière à peine tamisée par un rideau de voile (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1171).
g) Littér., souvent au plur. Vêtement léger et qui recouvre le corps de la femme. Danse des sept voiles. Les nuits où tu voudras que je danse, je danserai jusqu'au matin. Je danserai tout habillée, avec ma tunique traînante, ou sous un voile transparent, ou avec des caleçons crevés et un corselet à deux ouvertures pour laisser passer les seins (, Aphrodite, 1896, p. 56).
♦ Sans voile(s). Sans vêtements, entièrement nu. Dès le lendemain, l'étonnement fut pour lui. Car la petite épouse convaincue se promenait déjà sans voile (COLETTE, Belles sais., Nudité, 1943, p. 136).
B. — Au fig.
1. Tout ce qui cache, dissimule, altère la réalité. Un voile sombre commençait à descendre sur les destinées de la France (STENDHAL, Napoléon, t. 1, 1842, p. 259).
♦ Abaisser, étendre, jeter, mettre, tirer un/le voile (sur qqc.). Tenir une chose cachée ou la condamner à un oubli définitif. Ce seroit en vain que nous voudrions jeter le voile brillant des arts et des sciences physiques sur les plaies épouvantables que nous avons faites à l'humanité (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 225). Dissiper l'ignorance, ce n'est pas créer la lumière, mais abaisser le voile qui la cachait en partie (LAMENNAIS, Indifférence, t. 2, 1817-23, p. 138).
♦ Avoir un voile devant/sur les yeux. Ne pas voir la vérité, avoir des préjugés. Il faut que l'imagination d'une femme reste toujours vierge: il faut qu'elle ait toujours un voile devant le cœur et devant les yeux. L'amour n'est que mistère et délicatesse (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, p. 178). Un voile tombe des yeux de qqn. Être subitement éclairé. Depuis que ce secret m'a été connu... il m'a semblé qu'un voile tombait de mes yeux (DUMAS père, Angèle, 1834, V, 5, p. 200).
♦ Lever, soulever le voile. Révéler. Il faut, pour les grossières illusions du respect extérieur, une simplicité que nous n'avons plus; nous sommes trop fins pour ne pas soulever le voile (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 463). Lève un voile, un voile encore; il y a toujours sous un symbole, un autre symbole (TOULET, Nane, 1905, p. 13). Soulever un coin du voile. Faire entrevoir, découvrir. Le regretté, le cher Alfred Vallette souleva pour moi un coin du voile en me faisant un jour remarquer qu'un Parisien, c'est un Français (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 171).
♦ Arracher, déchirer le voile; le voile se déchire, tombe. Révéler de façon brusque ou brutale; avoir cette révélation. Un jour, pourtant, le voile se déchira, une lumière nouvelle fut jetée sur les choses que j'étudiais (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 28).
♦ Couvrir, envelopper d'un voile. Cacher, tenir secret. Je ne vous dirai pas que c'est pendant la guerre que le ministère achève d'épuiser le peuple et de dissiper les finances, qu'il couvre d'un voile impénétrable ses déprédations et ses fautes (ROBESP., Discours, Guerre, t. 8, 1791, p. 48). Mais encore ces deux événements furent-ils enveloppés d'un voile qui ne se leva qu'au jour des aveux suprêmes (BALZAC, Lys, 1836, p. 216).
♦ Sous le voile de. Avec un déguisement trompeur. Un de ces hommes qui cachoient, sous le voile du patriotisme, les intentions les plus favorables pour la cause du pouvoir exécutif... (ROBESP., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 102).
♦ Sans voile(s). Sans détour ni dissimulation. Dites-moi sans voiles, avec une liberté de reine, dans quel sentiment vous voilà étendue auprès de moi (BARRÈS, Mystère, 1923, p. 38).
2. Tout ce qui obscurcit, rend moins nette l'apparence, la réalité des choses et des êtres vivants. Voile de tristesse. Elle est toute jeune, la dame du caïque, et très belle, malgré je ne sais quel voile de mystérieuse mélancolie jeté sur tout son pur visage (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 81). Et je sais que, quelque application que j'apporte à remettre ma vie et son amour avec elle dans l'axe des relations contrôlables, la nature surréelle de cette femme se révélera avec une évidence accrue et se confirmera, de jour en jour, avec des faits sur lesquels mon esprit, attentif à garder intacte une raison, étend le voile de l'oubli (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 237).
C. — P. anal.
1. Tout ce qui cache partiellement ou en totalité, qui rend la vision imprécise. Voile des nuages, de la nuit. Puis Jules aperçut à ses pieds (...) le véritable Paris, enveloppé d'un voile bleuâtre, produit par ses fumées (BALZAC, Ferragus, 1833, p. 143). Pendant une demi-heure, l'eau tomba à seaux, la foudre gronda sans relâche. Les hommes, debout devant la porte, contemplaient le voile gris de l'averse, les ruisseaux grossis, la poussière d'eau volante montant du clapotement des flaques (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 440).
2. Spécialement
a) ANAT. Voile du palais. Cloison musculo-membraneuse qui sépare la partie nasale de la partie buccale du pharynx. V. palais2 A anat. ex. de Zola.
b) BOT. [Chez les basidiomycètes] Enveloppe qui réunit le chapeau au pied de ces champignons (d'apr. GATIN 1924).
c) MÉD. Voile du poumon. Diminution homogène de la transparence d'une partie du poumon atteinte d'une lésion peu importante, visible à la radioscopie. [Le médecin] ayant fait mettre l'enfant le torse nu lui trouva la cage thoracique étroite, un voile au poumon, des membres cachexiques (VIALAR, Homme de chasse, 1961, p. 99).
d) ŒNOL. Pellicule microbienne qui se forme à la surface du vin et des boissons alcoolisées laissées en vidange (d'apr. GDEL).
e) PEINT. ,,Altération d'un film de vernis se traduisant par une diminution du brillant et un aspect trouble`` (Lar. Lang. fr.).
f) PHOT. Partie anormalement obscure d'une épreuve — blanche sur la photo — due à diverses causes, notamment à une exposition excessive à la lumière. Voile de développement. (Dict. XXe s.).
g) PHYSIOL. Trouble de la vision, obscurcissement du champ visuel. Avoir un voile dans le regard (Dict. XXe s.).
— Vx. Voile(s) de la mort. Obscurcissement de la vision à l'approche de la mort. À travers les voiles de la mort qui semblaient s'étendre sur ses paupières, Consuelo vit sa joie, et n'en fut point effrayée (SAND, Consuelo, t. 2, 1842-43, p. 35).
— [Chez les aviateurs] Voile noir, rouge. Obscurcissement du champ visuel dû à un trouble de la circulation sanguine provoqué par une forte accélération. (Dict. XXe s.).
h) ZOOL. [Chez les larves de mollusques] Expansion cutanée bordée de cils, placée au-dessus de la bouche, et qui sert d'organe locomoteur (d'apr. Lar. encyclop.). Le bourrelet interne, musculaire [des Lamellibranches], peut constituer un « voile » (...) capable de se relever ou de se rabattre pour modifier l'admission de l'eau dans la cavité palléale ou son expulsion (Zool., t. 1, 1963, p. 1041 [Encyclop. de la Pléiade]).
Prononc. et Orth.:[vwal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1180 vol « pièce d'étoffe qui couvre la tête des religieuses » (GAUTIER D'ARRAS, Ille et Galeron, éd. F. A. G. Cowper, 3342: Un vol et une blance gone Comme rencluse et comme none); 1571 prendre le voile (RONSARD, Epitaphe de Françoise de Viel-Pont ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 15, p. 303); 1667 quitter le voile (R. ARNAULD D'ANDILLY, Mémoires, t. 2, p. 95); b) ) ca 1170 voil « pièce d'étoffe qui couvre une partie du corps » (BEROUL, Tristan, éd. E. Muret et L. M. Defourques, 4001); spéc. ) 1210-14 voil en parlant d'une femme (JEAN RENART, Galeran de Bretagne, éd. L. Foulet, 2019); 1623 porter le voile de l'espousee (COEFFETEAU, Histoire Romaine, p. 388); ) 1821 « morceau de tissu fin qui orne un chapeau » (Obs. modes, t. 7, p. 96); c) 1721 « pièce d'étoffe avec laquelle les femmes musulmanes se masquent le visage » (MONTESQUIEU, Lettres Persannes, p. 172); 1721 vivre sous le voile (ID., ibid., p. 181); 1743 sans voiles « à visage découvert » (Cl. GODARD D'AUCOUR, Mémoires turcs, t. 1, p. 134); 2. a) 1193-97 voile « grand rideau, tenture » (HÉLINANT, Les Vers de la Mort, éd. Fr. Wulff et Em. Walberg, XXXIII, 10, p. 31: Morz voit par mi voile et cortine); b) déb. XIIIe s. hist. juive Le veil del temple (ANDRÉ DE COUTANCES, Evangile de Nicodème, éd. G. Paris et A. Bos, 131); c) 1622 « étoffe légère qu'on place sur le calice pendant la messe » (Inv. de Notre Dame de Reims, fol. 67 v° ds GAY); 1637 voiles de calice (N. DE PEIRESC, Lettres, t. 5, p. 48); 3. 1627 « vêtement léger et transparent qui couvre le corps » ici, celui des dieux (Ch. SOREL, Le Berger extravagant, p. 231); 1772 (CREBILLON fils, Le Sylphe, p. 154: son sein n'avoit d'autre voile qu'une gaze légère, que le zéphyr derangeoit); 4. 1723 « tissu léger et croisé analogue à celui dont on fait le voile des religieuses » (SAVARY t. 2, p. 1935). B. Sens métaph. 1. ca 1200 voil « élément qui modifie l'apparence de quelque chose » (Moralité sur Job ds Li Dialogue Gregoire le Pape, éd. W. Foerster, p. 303: a la foiz si(u)t la tristece la maurteit de lever, et aumbret par un voil de dolor tote la bone oevre ke la pense avoit comenciet par bone entencion); 2. 1561 « moyen employé pour dissimuler la réalité » (RONSARD, Elégie à J. Grévin ds Œuvres, t. 14, p. 196: & d'un voile divers Par fables ont caché le vray sens de leurs vers); 1593 (Satyre Ménippee, Harangue de Monsieur d'Aubray, éd. Ch. Read, p. 263: Vous estes descouvert, le voile est levé!); 1647 (Cl. MALLEVILLE, Œuvres Poét., p. 297: J'exposeray tes faits sans ombres et sans voiles); 1679 déchirer le voile de (J.-F. DE RETZ, Mémoires, t. 2, p. 105); 1742 lever un coin du voile (RACINE, La Religion, p. X). C. Sens anal. 1. 1550 se dit de ce qui rend moins net ou obscurcit (RONSARD, Odes, IV, 16 ds Œuvres, t. 2, p. 142: Mais quand le paresseus voile De la nuit quitte les cieux); 2. a) 1584 « obscurcissement du champ visuel » (ID., Elégies, ibid., t. 18, p. 126: Mes yeux estoyent couverts d'un voile tenebreux, Mes oreilles tintoyent, & ma langue seichée Estoit à mon palais de chaleur attachée); b) 1733 le voile mortel (A. PIRON, Gustave Wasa, p. 377); 1761 les voiles de la mort (Ch. P. COLARDEAU, Caliste, p. 356); c) 1876 phot. (L. GIRARD, Journ. offic., 6 oct., p. 7350, 2e col. ds LITTRÉ Suppl.). D. 1. a) 1667 bot. « enveloppe sèche, mince et coriace qui entoure les fleurs de certaines liliacées » (P. MORIN, Remarques nécessaires pour la culture des fleurs, p. 279 d'apr. FEW t. 14, p. 224b); b) 1872 « membrane qui enveloppe les bords du chapeau des champignons avant leur maturité » (LITTRÉ); 2. 1784 anat. les voiles du palais (DIDEROT, Éléments de physiol., p. 148). Du lat. velum « voile, toile, tenture, rideau », empl. également au figuré.
II.
⇒VOILE2, subst. fém.
A. — 1. Pièce de tissu résistant en fibres naturelles ou synthétiques, montée sur le mât d'un voilier, de façon à recevoir l'action du vent pour faire avancer l'embarcation. Bateau à voiles; marine à voiles; voiles d'évolution, de propulsion; voiles basses, majeures; voiles auriques, carrées, latines; voiles d'artimon, du beaupré, du grand mât, de misaine; manœuvrer des voiles; la voile bombe, claque, s'enfle, s'incline, ralingue; amener la voile; larguer, hisser les voiles. Je vois un port rempli de voiles et de mâts (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p. 40). Les maisons, où l'on entrait en passant sur un petit pont de bois étaient, toutes alignées au bord d'un fossé qui descendait la rue, comme autant de barques, voiles carguées, amarrées dans le calme du soir (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 237). V. enverguer ex. de Hugo et de Verne.
— P. anal. Ensemble des toiles qui garnissent et actionnent sous l'effet du vent les ailes d'un moulin à vent. Il adressa une requête aux meuniers, sollicitant de leur bienveillance les vieilles voiles de tous les moulins à vent de la contrée (ZOLA, Contes Ninon, 1864, p. 190).
2. Locutions
♦ À pleines voiles. Avec les voiles entièrement déployées. P. métaph. La France entière était sur un radeau; elle avait besoin, après trois années d'expédients et de misères, de se retrouver voguant à pleines voiles sous le plus noble pavillon (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 15, 1857, p. 315). Au fig. À pleines voiles. Totalement, sans restriction, de tout cœur.Il entre aussitôt, à pleines voiles, dans les raisons qu'on lui oppose (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 484).
♦ Toutes voiles dehors. Toutes voiles hissées pour atteindre la vitesse maximale. Au fig. Toutes voiles dehors. Avec ostentation. Toutes particularités que la situation de reine de Mme de Guermantes lui avait permis d'exhiber plus facilement, de faire sortir toutes voiles dehors (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 494).
♦ Mettre les voiles au vent, mettre un navire à la voile, mettre à la voile. Appareiller. Je disais donc, monsieur, que les vaisseaux anglais, Bien plus que nos vaisseaux, mettent au vent leurs voiles, Et sur l'eau portent moins de bois et de toiles (A. DUMAS père, Christine, 1830, I, 1, p. 208). Un soir (...) à Jersey (...) une corvette mettait à la voile (HUGO, Quatre-vingt-treize, t. 1, 1874, p. 17). Au fig., pop., fam. Mettre les voiles. S'esquiver, partir précipitamment. Après quinze jours de cette comédie, M. Valmoral a voulu épater ses copains et sortir avec sa conquête. Il voulait mener Maxime dans une boîte de nuit. Moi, je le suppliais de mettre les voiles. Mais mon Maxime se marrait et il me traitait d'idiote (COCTEAU, Théâtre poche, 1949, p. 93).
♦ Faire voile pour, vers. Naviguer vers, à destination de.Un navire faisait voile pour le Levant, toutes les précautions furent prises (BALZAC, Facino Cane, 1836, p. 383).
♦ Faire force de voiles. V. force II C 3.
♦ Faire petites voiles. Naviguer doucement, avec une voilure réduite. Incertain de la direction de cette côte, qui n'avait jamais été explorée, je fis petites voiles au sud-sud-ouest (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 240).
♦ Mettre toutes voiles dehors, mettre voile à tout vent. Au fig. Mettre tout en œuvre pour réussir. Vraiment elle met toutes voiles dehors pour plaire (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 283).
♦ Avoir le vent dans/sur ses voiles. Au fig. Bien réussir dans ses affaires (d'apr. Ac. 1935).
♦ Avoir du vent dans les voiles. Au fig., fam. Être ivre au point de ne pas pouvoir marcher droit. La vraie comtesse (...) s'apprêtait à boire encore, bien qu'ayant déjà du vent dans les voiles (L. DAUDET, Phryné, 1937, p. 78).
♦ À voile et à vapeur ; être, marcher à voile et à vapeur. V. vapeur1 B 1.
— Proverbe. Il faut tendre (la) voile selon le vent. Il faut savoir adapter ses projets, ses aspirations aux circonstances (d'apr. BESCH. 1845).
B. — P. méton. Bâtiment à voiles, voilier. Flotte de mille voiles. Enfin on signala la flotte de Castille, forte de quatre-vingts voiles, dont vingt galères de Séville, dix de Portugal (MÉRIMÉE, Don Pèdre Ier, 1848, p. 386).
C. — 1. Navigation à la voile; durée de cette navigation. Être à un jour de voile. Plaignons-les, songeons aux dangers qu'ils vont courir. Truphénus seul parmi eux a quelques notions de la voile (A. DAUDET, Port-Tarascon, 1890, p. 198).
2. Sport ou divertissement pratiqué sur un engin dont le mode de propulsion est le vent.
a) Sport nautique dont la pratique consiste à manœuvrer, seul ou non, un bateau à voiles. Faire de la voile; club, école de voile. Claude Rosenthal (...) allait faire de la voile en Seine avec de jeunes boursiers (NIZAN, Conspir., 1938, p. 124).
b) Char à voile. Véhicule à quatre roues muni d'une voile utilisé pour des compétitions sportives sur les plages du Nord. En hiver, les planchistes ne ramènent pas trop « leurs chars ». Ils préfèrent remiser leur matériel en attendant les beaux jours. Ils ont tort car, sans se jeter à l'eau, ils peuvent hisser les voiles et jouer la fille de l'air. Il suffit pour cela de fixer le gréement (mât et voile) de leur planche sur ce char à voile biplace spécialement conçu à cet effet (Le Point, 19 janv. 1981, p. 26, col. 2).
c) Planche à voile. V. planche I B 2 c.
d) Vol à voile. V. vol1 A 2 et C 2.
REM. Voile-contact, subst. fém., parach. Figure acrobatique de groupe. Le parachutisme de compétition offre une grande variété de figures et de disciplines. La voile-contact se pratique à huit ou à quatre et consiste, à plus de 2 000 mètres, à prendre appui sur le parachute d'un équipier et à constituer une chaîne en rotation (Magazine hebdo, 31 août 1984, p. 45, col. 3).
Prononc. et Orth.:[vwal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1155 veilles « morceau de forte toile attaché aux vergues des mâts d'un navire » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 5113); ca 1160 voilles (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 202); 1176 la voile tendue (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 250); 1463 grant voille (Arch. Nord, B 3537, 125759 ds IGLF); 1687 la grand' voile, les basses voiles (Abbé F. T. CHOISY, Journal du Voyage du Siam, p. 128 et p. 159); 2. loc. a) 1204 a plainne voille (GUIOT, Bible, éd. J. Orr, 2363); 1555 mettre la voile au vent (RONSARD, Odes, éd. P. Laumonier, t. 7, p. 61); 1559 faire grande voile ou petite « porter toutes ses voiles ou une partie » (ID., Suite de l'hymne du Cardinal de Lorraine, 83, t. 9, p. 149); 1559 se mettre à la voile (AMYOT, Périclès, éd. L. Clément, p. 57); 1678 se tenir sous voiles (GUILLET 3e part., p. 342); 1678 forcer de voiles (ibid., p. 343); 1773 avoir toutes voiles dehors (BERN. DE ST-P., Voyage à l'Île de France, p. 25); b) 1306 faire voile « naviguer » (JOINVILLE, Vie de Saint Louis, éd. N.-L. Corbett,127); 1572 faire voile à (RONSARD, La Franciade, I, 1117, éd. P. Laumonier, t. 16, p. 85); 1615 faire voile en (A. DE MONTCHRESTIEN, Traicté Œconomie Politique, p. 285); 1726 faire voile vers (Abbé J. J. BARTHELEMY, Voyage du Jeune Anacharsis, p. 443); 1727 faire voile pour (A. M. RAMSAY, Les Voyages de Cyrus, p. 170); 3. loc. fig. 1559 aller à pleines voiles « aller vite » (AMYOT, Caton, 7 ds LITTRÉ: son intention estoit d'aller à pleines voiles, en manière de parler); 1609 à pleines voiles « sans restriction » (MALHERBES, Poésies, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 117: quand la faveur à pleines voiles, Toujours compagne de vos pas); 1652 mettre voile au vent « s'enfuir » (CORNEILLE, D. Bertran de Cigarral, V, 6); 1831 mettre toutes voiles dehors (BALZAC, Corresp., p. 503); 1858 faire force de voiles pour que... (HUGO, Corresp., p. 279); 1900 mettre les voiles (d'apr. CHAUTARD Vie étrange Argot); 1916 avoir du vent dans les voiles (BARBUSSE, Feu, p. 262: il évoque la vision de la nuit où l'on est monté aux tranchées [...] y en avait du vent dans les voiles cette nuit là); 1925 se sentir du vent dans les voiles « se mouvoir avec rapidité » (POURRAT, Gaspard, p. 67). B. 1369 p. méton. « voilier » (GUILLAUME DE MACHAUT, La Prise d'Alexandrie, éd. L. de Mas-Latrie, 2435). C. 1. 1797 « voyage sur un bateau à voiles » (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 157: aucun voyage n'a été aussi vaste. Nous avons déjà passé un an sous voile); 1848 un jour de voile (CHATEAUBR., Mém., t. 1, p. 478); 2. 1855 sports (Le Sport, 12 avr. ds PETIOT 1982: l'élite des régatiers à la voile). D. 1864 vol à voile « navigation aérienne », v. vol1. Du lat. pop. vela « voile », plur. neutre pris pour un subst. fém. sing. de velum « voile de navire » (ordinairement utilisé au plur. vela, -orum). On rencontre en a. fr. le subst. masc. veil, issu directement du lat. velum: déb. XIIe s., BENOÎT DE SAINT-MAURE, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 209.
STAT. — Voile1 et 2. Fréq. abs. littér.:5 294. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 10 544, b) 9 264; XXe s.: a) 6 643, b) 4 552.
DÉR. 1. Voilerie, subst. fém., mar. Atelier où l'on fabrique, où l'on répare les voiles. Art de confectionner les voiles. Travaux de voilerie (Lar. Lang. fr.). — []. Att. ds Ac. dep. 1762. — 1res attest. a) 1691 « atelier où l'on confectionne les voiles » (OZANAM), b) 1872 « art de confectionner les voiles » (LITTRÉ), c) 1876 « magasin où l'on garde les voiles » (Lar. 19e); de voile2, suff. -erie. 2. Voilette, subst. fém., mar. ,,Petite voile et nom de la voile moyenne du grand mât, dans les galères françaises du XVIIe s.`` (JAL.). — []. — 1re attest. 1593 (DU CHESNE DE LA VIOLETTE, Le Grand miroir du monde, livre 6 ds RITTER, Les Quatre dictionnaires français, Genève, H. Kündig ds Extrait du B. de l'Inst. nat. genevois, t. XXXVI, p. 531: on y voit son Nautil qui apprend dedans l'eau A tirer l'aviron la coque de son bateau De sa queuë lui sort une peau tendrelette Qu'il tend, et qui lui sert d'une prompte voilette), attest. isolée, 1832 (RAYMOND); de voile2, suff. -ette (-et).
BBG. — GOUG. Mots. t. 1. 1962, p. 211. — KEMNA 1901, pp. 43-44 (et s.v. voilière). — QUEM. DDL t. 36.
1. voile [vwal] n. m.
ÉTYM. 1170, « rideau »; du lat. velum. → Velum.
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I Morceau d'étoffe destiné à dérober aux regards une chose, une personne.
1 Étoffe qui cache une ouverture, une porte, une fenêtre. ⇒ Rideau. || Le voile du Temple de Jérusalem. — Étoffe dont on couvrait les statues des dieux; dont on couvre un monument, une plaque… avant l'inauguration.
1 (…) Vercingétorix serait apporté place Sainte-Ursule, par les soins mêmes de l'artiste (…) Un voile recouvrirait l'ensemble de la statue jusqu'à l'heure des discours.
J. Romains, les Copains, VII.
♦ (1622). Liturgie. || Voile du calice : étoffe de soie destinée à couvrir le calice.
2 Morceau d'étoffe plus ou moins transparente destiné à cacher le visage. || Voile d'une vierge (→ Harmonie, cit. 28). || Vénus baissa (cit. 1) son voile. — (Déb. XIXe). Dans certains groupes sociaux — notamment islamiques —, Voile qui cache le bas du visage et ne laisse apparaître que les yeux, porté par les hommes (⇒ Litham), ou plus souvent par les femmes (⇒ Tchador). → Cagoule, cit. 3; dévoiler, cit. 6; harem, cit. 5. — Porter le voile (⇒ 1. Voiler [voilé]). || Relever son voile par bravade (cit. 2). || Sans voile : à visage découvert. — Voile d'un Targui (cit. 1). — Voile noir de deuil, que portent les femmes en deuil. ⇒ Crêpe (→ Lugubre, cit. 1; spectre, cit. 5). || Veuve qui porte le voile (→ aussi Renifleur, cit.).
1.1 Il marchait longtemps sur la mousse humide et molle, tandis qu'une légion de corbeaux, accourus de tous les voisinages pour coucher dans les grandes cimes, se déroulait à travers l'espace, à la façon d'un immense voile de deuil flottant au vent, en poussant des clameurs violentes et sinistres.
Maupassant, la Petite Roque, Pl., t. II, p. 633.
3 Coiffure féminine de tissu fin, flottante, qui cache la tête. || Voile de religieuse. ⇒ Velet (→ Notre, cit. 5). — Spécialt. Cette coiffure, symbole de la profession, de l'entrée en religion des femmes. — ☑ Loc. (Fin XVIIIe). Prendre le voile : se faire religieuse (→ Monastère, cit. 3). ☑ Prise (cit. 21) de voile : entrée en religion (→ Froc, cit. 4).
♦ Voile de mariée (cit. 12), de communiante : voile de gaze, de dentelle, de tulle blanc qui fait partie de la parure traditionnelle, et souvent maintenu par une couronne. || Demander un morceau de son voile à la mariée, comme porte-bonheur.
2 Son voile de Malines — ce manteau impérial de toutes les mariées, fragile, hélas ! comme leur empire, — descendait jusqu'à ses pieds (…)
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, I, XI.
♦ Morceau de tissu fin qui orne un chapeau, une coiffure. ⇒ Voilette. || Le voile d'un hennin.
3 (…) à travers son voile, qui de son chapeau d'homme descendait obliquement sur ses hanches, on distinguait son visage dans une transparence bleuâtre, comme si elle eût nagé sous des flots d'azur.
Flaubert, Mme Bovary, II, IX.
♦ (Déb. XXe). Coiffure flottante de tissu fin qui enferme les cheveux par mesure d'hygiène. || Voile d'infirmière (→ Inlassable, cit. 3). || Voile blanc à croix rouge (→ Fanchon, cit.). || Voile bleu des nurses (cit.).
4 (Déb. XIXe). Littér. (Du vêtement antique). Vêtement léger et transparent qui couvre le corps féminin (→ Pudique, cit. 1). || Satyre (cit. 2) qui soulève les voiles d'une nymphe endormie. || La transparence des voiles (→ Indécent, cit. 6). || La danse des sept voiles de Salomé.
4 La femme nue, c'est le ciel bleu. Nuages et vêtements font obstacle à la contemplation. La beauté et l'infini veulent être regardés sans voiles.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, VI.
5 (1723; du voile des religieuses, fait de ce tissu). Tissu léger et fin, d'armure toile. || Voile de coton, de soie, de laine. — Voile pour faire des rideaux. ⇒ Voilage.
5 Dans ta robe de voile mauve et de strass, tu as pourtant l'air toute nue (…)
Colette, Prisons et Paradis, p. 219.
➪ tableau Noms et types de tissus.
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II (Fin XIIe, voil). Abstrait.
1 Ce qui cache quelque chose. ⇒ Enveloppe, masque, manteau (fig.). Littér. || Mettre un voile devant ses sentiments (→ Clair, cit. 27). ⇒ Cacher, 1. gazer (vx), dissimuler, masquer. || Couvrir (cit. 23) ses passions d'un voile. — ☑ Loc. (Littér.). Étendre, jeter, tirer un voile sur qqch., cacher, et, par ext., condamner à l'oubli. ⇒ Oublier. — Mystérieux bonheur enveloppé de voiles (→ Distribuer, cit. 8). || La nature sans voiles (→ Intermédiaire, cit. 6). — ☑ Avoir un voile devant les yeux : ne pas voir la vérité, avoir des préjugés. ⇒ Aveugle (fig.). — ☑ Lever le voile de… : montrer, révéler qqch. (→ Hiérophante, cit. 3). ⇒ Dévoiler. || Le mystère dont j'avais levé (1. Lever, cit. 12) quelques voiles. — ☑ Soulever un coin du voile : commencer à montrer, faire entrevoir (→ Habitude, cit. 26). ☑ Arracher, déchirer le voile : révéler brutalement. — Vieilli. || Un voile de… ⇒ Apparence, couvert, masque, prétexte. || Un voile de pudeur (→ Envelopper, cit. 14), d'équité (cit. 5). || Sous le voile d'une dévotion apparente (cit. 5).
6 D'un voile d'amitié j'ai couvert mon amour.
Racine, Bérénice, 1, 2.
7 Il paraissait frappé de l'importance de sa mission et s'enveloppait dans ses discours du voile du mystère.
G. Sand, Histoire de ma vie, II, VII.
8 Et ne crains jamais d'être trop compris ! Parle sans ombres et sans voiles, clair et ferme, au besoin, lourd !
R. Rolland, Jean-Christophe, Introd., p. XVII.
2 (1690). Se dit de ce qui rend moins net, ou obscurcit (par anal. d'aspect avec les voiles clairs ou noirs). || Vapeurs qui jettent un voile sur l'horizon (→ Imprégner, cit. 5). || Voile de brume. || Les voiles de l'aube, du couchant (→ Étoile, cit. 11), de la nuit (→ 1. Avoir, cit. 67; cortège, cit. 3; substance, cit. 11), des ténèbres. || Un voile de feuillages (→ Forêt, cit. 3), de longs cils noirs (→ Doux, cit. 34).
9 L'immense plaine andalouse toute blonde et toute rose, s'étendait à perte de vue jusqu'aux sierras neigeuses qu'estompait un léger voile de brume (…)
Louis Bertrand, le Livre de la Méditerranée, Espagne, V.
♦ Emplois spéciaux. a (1876). Photogr. Partie anormalement obscure d'une épreuve (partie blanche sur la photo) due à un excès de lumière. ⇒ 1. Voiler. || Voile de développement, de vieillissement.
b (1728). Physiol. (Vieilli). Obscurcissement du champ visuel. || Le voile de la mort. ⇒ Ténèbres. ☑ Avoir un voile devant les yeux (fig.) : être aveuglé.
c Voile noir, gris, rouge : trouble de la circulation sanguine provoqué par une grande accélération, et se traduisant par l'impression d'un voile obscurcissant le champ visuel.
d (XXe). Méd. Diminution homogène de la transparence d'une partie du poumon, visible à la radiographie (symptôme d'une atteinte légère de tuberculose pulmonaire). || Avoir un voile au poumon.
e Trouble qui se produit dans un liquide.
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III
1 (1788). Anat. || Voile du palais : cloison musculo-membraneuse, à bord inférieur libre et flottant, qui sépare l'arrière-bouche (oropharynx) et l'arrière-nez (rhinopharynx), appelée aussi palais mou. ⇒ Palais (2. Palais, cit. 1). || Appendice charnu du voile du palais. ⇒ Luette. || Rôle du voile du palais dans l'émission des sons. ⇒ Vélaire (→ Nasalisation, cit. 2).
2 Bot. || Voile des champignons. || Voile général, qui enveloppe le carpophore entier, et dont le reste est la volve. — Voile partiel : membrane qui unit le pied au chapeau avant la maturité, puis se déchire, en formant l'anneau.
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DÉR. et COMP. Velet, 2. voile, 1. voiler, voilette. Dévoiler.
HOM. 2. Voile, 3. voile.
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2. voile [vwal] n. f.
ÉTYM. V. 1160; veil, 1120; de 1. voile.
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1 Morceau de tissu résistant (naguère, toile de coton ou de chanvre; aujourd'hui, textile synthétique) envergué à un mât, une vergue, une draille, et destiné à recevoir l'action du vent pour faire avancer le navire (→ 2. Quille, cit. 2). — À voiles. || Bateau, barque, canot à voiles. ⇒ Voilier. → Gréer, cit. 1; navigation, cit. 3. || Navire mixte, à voiles et à vapeur. || Marine à voiles. — Les voiles font partie des agrès, du gréement. ⇒ Toile. || Ensemble des voiles d'un mât (⇒ 2. Phare), d'un bateau (⇒ Voilure; vélique), des voiles déployées d'un navire (⇒ Toile). || Voiles d'évolution, de l'extrême arrière et de l'extrême avant; de propulsion, celles des mâts. || Voiles basses, les dernières, près de la quille. || Lofs de basses voiles. || Voiles majeures (cit. 1), les plus employées. || Parties d'une voile. ⇒ Ralingue, 2. ris. || Voile qui tamise. — Voiles carrées, en trapèze isocèle, dont le bord supérieur (⇒ Têtière; envergure) est fixé à une vergue. ⇒ aussi Bourcet. || Empointure d'une voile carrée. || Voiles auriques, en quadrilatère irrégulier, fixées à un étai, à une draille ou à une corne (⇒ Goélette). || Voiles latines, triangulaires, fixées à une antenne (⇒ aussi Houari). || Voiles marconi. → Patache, cit. 1. || Voiles sur lattes des jonques. || Voiles blanches (cit. 1), rouges (→ 2. Orque, cit.). — Voiles du beaupré. ⇒ Civadière, clinfoc, foc (petit et grand foc), trinquette. || Voiles de misaine. ⇒ Cacatois (petit), hunier (petit), misaine, perroquet (petit). || Voiles du grand mât. ⇒ Cacatois (grand), hunier (grand), perroquet (grand). || Grand-voile (ou cape, vx), principale voile du grand mât (→ Hisser, cit. 1). || Voile d'artimon. ⇒ Brigantine, cacatois (de perruche), perroquet (de fougue), perruche (et aussi tapecul). || Voiles d'étai enverguées sur des drailles (⇒ Diablotin). || Voiles supplémentaires enverguées sur des bouts-dehors. ⇒ 2. Bonnette, dériveur, fortune. — Manœuvre (1. Manœuvre, cit. 1) des voiles. ⇒ Amener (cit. 14 et 15), amurer (cit), arriser, bouliner, brasser, caler, carguer, déferler (cit. 1), déployer, enverguer (→ Gabier, cit. 1), étarquer, éventer, ferler, gambeyer, hisser, lacer, larguer, mailler, orienter, prendre (le vent), rabaner, ralinguer, serrer, tendre (→ Navire, cit. 14); amure, bouline, cargue, drisse, étrangloir, fanon, mouton, raban. || Voiles pendantes, en bannière (→ Frôlement, cit. 3). || Orientement (cit.) des voiles. || Mettre les voiles en ciseaux. || Vent qui souffle dans les voiles (→ Envelopper, cit. 24), enfle (cit. 1), bombe (cit. 1) les voiles. || Le sein de la voile. || Grand bruit de vent dans les voiles (→ Coup, cit. 33). || Voile frappée de côté (⇒ Faséyer, cit.), de front (⇒ Masquer), qui s'incline (cit. 30). || Voiles qui claquent (→ Frissonner, cit. 11), palpitent (→ Loin, cit. 4). || Voile qui ralingue (cit.) contre le mât; qui en masque une autre. — (Collectif). || Naviguer à la voile. || Bateau, bon voilier, qui marche bien à la voile.
1 Leurs voiles (des barques) descendaient aux deux tiers des mâts; et, la misaine gonflée comme un ballon, elles avançaient (…)
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », II.
♦ À voile (opposé à à moteur).
1.1 La principale caractéristique d'un bateau à voile, de nos jours, est son inutilité flagrante. Il a perdu tous ses emplois traditionnels. Les passagers qu'il accueille n'ont aucune raison sérieuse d'entreprendre un voyage. Les marchandises qu'il transporte sont dévorées en cours de route. Lorsqu'on part vers l'Ouest, on sait où l'on va. Les pirates sont devenus rares.
Reste l'envie de naviguer. Les bateaux à voile d'aujourd'hui sont faits (faut-il le rappeler ?) pour des hommes, et des femmes, qui éprouvent le besoin de courir les mers pour leur plaisir.
Nouveau cours de navigation des Glénans, p. 49.
♦ ☑ Loc. Mettre à la voile (→ 1. Frais, cit. 34), mettre les voiles, pour faire avancer le bateau. ☑ Mettre toutes voiles dehors. — Donner pleines voiles (→ Escale, cit. 2). || Faire force (cit. 14) de voiles. ⇒ Forcer. — Faire voile dans une direction (→ Puissance, cit. 18). ⇒ Cingler.
2 Je m'assis sur un roc, près de la mer. Un navire venait de mettre toutes voiles dehors pour s'éloigner de ce parage (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, II.
♦ ☑ Loc. fig. Avoir le vent dans ses voiles, dans les voiles, se dit d'une personne dont les affaires vont bien, qui est en train de réussir. ⇒ Chance, succès. — ☑ Fam. Avoir du vent dans les voiles, il y a du vent dans les voiles, se dit d'une personne ivre, qui ne marche pas droit. ☑ À pleines voiles : très vite. ☑ Caler (1. Caler) la voile.
♦ ☑ (Fin XVIIIe). Mettre toutes voiles dehors : déployer tous les moyens (pour réussir, séduire quelqu'un).
3 — Vraiment elle met toutes voiles dehors pour plaire. Vois, vois ce sourire gracieux au moment où elle figure seule dans cette contredanse.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, VIII.
♦ ☑ (V. 1900). Fam. Mettre les voiles : s'en aller, partir (→ Poivrer, cit. 2).
♦ ☑ Fam. À voile et à vapeur, se dit d'une personne bisexuelle (→ Bique et bouc). || Il est, il marche à voile et à vapeur.
2 (1559, Amyot). Littér., par métonymie. Voilier (→ Loin, cit. 16). || Trente voiles (→ Clarté, cit. 1). || Au loin court (cit. 28) quelque voile.
3 Navigation à voile. || Un jour de voile (→ Passer, cit. 18, Chateaubriand).
♦ (1896, Cercle de la voile; régatiers à la voile, 1885, in Petiot). Sport nautique sur voilier. || Faire de la voile. || Aimer la voile et le tennis. || École de voile. || Club de voile (⇒ Nautique). || Fédération française de voile. ⇒ Yachting.
4 J'ai quelques petits bateaux, car il faut bien s'amuser un peu dans ce trou perdu (…) Tu fais de la voile ?
Quelle ironie dans sa voix en demandant au gros Maigret s'il faisait de la voile dans un de ces frêles esquifs qu'on voyait entre des bouées !
G. Simenon, Maigret se fâche, II.
♦ (1864). Navigation aérienne en planeur, manœuvre des planeurs. ⇒ Vélivole, 1. vol (A., 3.). || Pratiquer le vol à moteur et le vol à voile.
b (1898). || Char à voile : véhicule à voile, utilisé pour un jeu sportif (d'abord sur les plages belges).
c Planche à voile. ⇒ Planche; véliplanchiste.
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HOM. 1. Voile, 3. voile.
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3. voile [vwal] n. m.
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♦ Techn. Déformation d'une roue voilée (2. Voiler, cit. 2, par métaphore). ⇒ Voilement.
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HOM. 1. Voile, 2. voile.
Encyclopédie Universelle. 2012.