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siffler

siffler [ sifle ] v. <conjug. : 1>
XIIe; bas lat. sifilare, class. sibilare
I V. intr.
1Émettre un son aigu, modulé ou non, en faisant échapper l'air par une ouverture étroite (bouche, sifflet, instrument). Il sait siffler, il siffle très bien. Siffler comme un merle. « Il siffla pour la faire venir » (Montherlant). « La locomotive siffla » (Martin du Gard).
Émettre un cri analogue, en parlant des animaux. « Un oiseau siffle dans les branches » (Gautier). « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (Racine).
Sortir d'un orifice avec un son aigu. Ce gaz « qui siffle, qui chuinte » (Duhamel).
2Produire un son aigu par un frottement, par un mouvement rapide de l'air. « La froide bise sifflait » (Hugo).
3Avoir les oreilles qui sifflent : éprouver une sensation de sifflement, sans cause extérieure. Fig. Tes oreilles ont dû siffler.
II V. tr.
1(XIVe) Appeler (qqn, un animal) en sifflant. Siffler son chien. Agent qui siffle un contrevenant. Siffler une fille dans la rue.
Signaler en sifflant. L'arbitre a sifflé une faute, la mi-temps.
2(1549) Désapprouver bruyamment, par des sifflements, des cris, etc. (une personne qui se produit en public, une œuvre, un auteur dramatique). conspuer, huer. Elle « siffle avec frénésie le même acteur » (Maupassant). Il s'est fait siffler.
3(fin XVIe) Moduler (un air) en sifflant. Il sifflait une chanson à la mode. siffloter.
4(XVe) Fam. Avaler, boire d'un trait. « les verres de punch et de champagne sifflés au passage » (A. Daudet).
⊗ CONTR. (du II, 2o) Acclamer, applaudir.

siffler verbe intransitif (bas latin sifilare, du latin classique sibilare) En parlant de certains oiseaux ou de certains animaux, émettre le cri propre à leur espèce ou des sons comparables à des sifflements : Écouter siffler un merle. Produire un son aigu, en chassant l'air entre ses dents, dans l'ouverture des lèvres, ou à l'aide d'un instrument : Siffler pour appeler un animal. Produire des sons qui tiennent du sifflement : Un malade qui siffle en respirant. En parlant de quelque chose, produire un son aigu et prolongé, en particulier lors d'un mouvement rapide : Des balles passaient en sifflant.siffler (difficultés) verbe intransitif (bas latin sifilare, du latin classique sibilare) Orthographe Avec deux f, de même que sifflement, siffleur, sifflet, siffloter, et contrairement à persifler qui n'en a qu'un. ● siffler (homonymes) verbe intransitif (bas latin sifilare, du latin classique sibilare) sifflet nom masculinsiffler verbe transitif Moduler un air en sifflant : Siffler une chanson. Appeler quelqu'un, un animal, attirer son attention en sifflant : Siffler les filles dans la rue. Rappeler quelqu'un à l'ordre, lui intimer de s'arrêter au moyen d'un sifflet, en parlant d'un agent. Accueillir quelqu'un, un spectacle, par des sifflements, des cris de désapprobation ; conspuer : Siffler un acteur. En parlant de l'arbitre, signaler, par un coup de sifflet, une phase du jeu, une faute, une irrégularité. Familier. Boire rapidement un verre, une bouteille, les avaler d'un trait. ● siffler (citations) verbe transitif Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 C'est un droit qu'à la porte on achète en entrant. L'Art poétique le droit de siffler au théâtre ● siffler (homonymes) verbe transitif sifflet nom masculinsiffler (synonymes) verbe transitif Accueillir quelqu'un, un spectacle, par des sifflements, des cris de...
Synonymes :
- chahuter (familier)
- conspuer
- huer
Contraires :
- acclamer
- applaudir
- bisser
- ovationner
- rappeler
Familier. Boire rapidement un verre, une bouteille, les avaler d'un trait.
Synonymes :
- vider

siffler
v.
rI./r v. intr. Produire un son aigu, en chassant l'air par une ouverture étroite (dents, lèvres, ou à l'aide d'un sifflet, d'un appeau, etc.). Syn. (Acadie) subler.
|| Par anal. Le vent siffle.
rII./r v. tr.
d1./d Moduler (un air) en sifflant. Siffler une rengaine.
d2./d Siffler qqn, un animal, l'appeler en sifflant.
|| Huer (qqn) par des sifflets. Siffler un acteur.
d3./d Indiquer par un coup de sifflet. Siffler la fin du match.
d4./d Fam. Avaler d'un trait. Siffler un verre.

⇒SIFFLER, verbe
I. — Empl. intrans.
A. — [Le suj. désigne une pers.]
1. Émettre un ou des sons aigus en chassant l'air entre les lèvres serrées. [Colomba] se mit alors à siffler entre ses doigts (...) et la sentinelle avancée des bandits ne tarda pas à paraître (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 159). V. sifflement A 1 a ex. de Pourrat.
[Avec un compl. en de exprimant le sentiment manifesté] Il siffla d'admiration et travailla sans parler (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 93).
[Avec un compl. de but] Elle siffla encore un coup pour se faire voir. Alors Olivier dressa le bras, puis il siffla lui aussi pour dire oui (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 63). Elle était arrêtée devant une affiche, Costals devant une autre, à quelques mètres d'elle. Il siffla pour la faire venir, comme un souteneur (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1401).
Expr. Tu peux toujours siffler! (Dict. XIXe et XXe s.) [Expr. par laquelle on exprime son refus d'obéir] (Dict. XIXe et XXe s.).
2. a) Produire un son ou une série de sons aigus en soufflant dans un sifflet. L'étranger (...) tira un sifflet, et, sifflant trois coups, fit venir deux domestiques (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 228). Puis, avant de siffler pour donner le signal du départ, il s'assura encore de la bonne ordonnance du train (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 56).
b) Faire fonctionner le sifflet d'une locomotive, d'un bateau pour signaler une manœuvre. Le mécanicien siffla, le train se mit en marche, et disparut bientôt (VERNE, Tour du monde, 1873, p. 181).
CH. DE FER, vieilli. Siffler au disque. Siffler pour obtenir le panneau autorisant le passage du train. Pop., vieilli. [Par jeu de mot] Faire des propositions à une femme:
1. Rien à faire de cette femme-là... J'ai sifflé au disque assez longtemps... Pas mèche... La voie est barrée. — Pardieu! vous, d'Axel (...) dit Christian quand il eut compris le sens de cette expression passée de l'argot des mécaniciens dans celui de la haute gomme.
A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 184.
[Le suj. désigne le train, le bateau, etc.] Après une longue attente, la locomotive siffla longuement, et le train s'ébranla dans le brouillard (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 861). Et les remorqueurs sifflent et les gros tramways grondent (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 110).
3. Exécuter un air musical en sifflant. Synon. siffloter. [Darcy] se fit ramener chez lui en sifflant de l'air d'un homme très satisfait de sa journée (MÉRIMÉE, Double mépr., 1833, p. 109). La corporation est gaie. Tous les peintres sifflent. Tous les plâtriers chantent (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 300).
4. P. anal.
a) [Le suj. désigne certains oiseaux] Émettre un cri ou une série de cris modulés (dits flûtés). Le merle siffle. V. merle ex. de Rolland.
b) [Le suj. désigne des serpents, certains animaux] Émettre un bruit strident avec la bouche, en accompagnement d'une conduite d'attaque ou de défense. V. jars1 ex. de Zola.
B. — 1. [Le suj. désigne un animé] Avoir une respiration stridente.
[Le suj. désigne une partie de l'appareil respiratoire, la respiration] Bréval ne bougeait plus; on n'entendait que sa respiration courte qui sifflait (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 236).
2. [Le suj. désigne une pers.] Prononcer d'une manière stridente ou en émettant des sifflements ou des chuintements parasites. Celui-ci grasseye, celui-là blaise, cet autre siffle parce qu'il a perdu une incisive (MÉRIMÉE, Ét. litt. russe, t. 2, 1870, p. 4).
[Le suj. désigne la voix ou des productions verbales] Sa voix sifflait un peu car il ne quittait pas du bout des dents un gros cigare (GIDE, Journal, Feuillets, 1911, p. 352). Je crois que je le hais, je les hais tous. Les mots sifflaient dans sa bouche (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1136).
3. Produire un son ou un bruit strident.
a) [Le suj. désigne une chose qui frappe l'air, se meut rapidement] Le fouet siffle; la courroie siffle. Ses deux garçons étaient tisserands, et dans ce vieux nid on entendait grincer les métiers et siffler les navettes du matin au soir (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 27). Lever la tête lorsque sifflait l'aile des canards sauvages (MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 90). [P. méton.;] [le suj. désigne un appareil] Une buée tiède (...) que brassaient en sifflant les ventilateurs (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1127).
b) [Le suj. désigne un projectile] Les balles sifflent. Comme il passait derrière un mur, il entendit siffler un obus et se blottit (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 288).
Siffler aux oreilles de qqn. Passer à proximité. Une balle lui siffla aux oreilles (MONTHERL., Songe, 1922, p. 78). P. anal. Être entendu avec désagrément. Sa fidèle Nanon paraissait-elle au marché, soudain quelques lazzis, quelques plaintes sur son maître lui sifflaient aux oreilles (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 207).
c) [Le suj. désigne de la vapeur ou un gaz sous pression qui s'échappe ou se détend] Le gaz siffle.
[Le suj. désigne le conduit, le récipient] À chaque bouffée de vent, la bouilloire sifflait et crachotait sur le poêle (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 524).
d) [Le suj. désigne un corps qui brûle, une flamme, un corps brûlant mis au contact de l'eau, etc.] Synon. grésiller. Les bûches sifflaient. Un des becs de gaz sifflait (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 693). Les linges mouillés sifflaient et fumaient sur la pierre chaude (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 258).
4. [Le suj. désigne un vent violent] Souffler en produisant des sons aigus. Synon. hurler, gémir.
[Le suj. désigne les objets que le vent fait vibrer] Les cordages sifflent. Le vent se lamentait, les broussailles sifflaient (HUGO, Rhin, 1842, p. 209).
5. Avoir les oreilles qui sifflent. Éprouver une sensation intense de sifflement, à la suite d'un traumatisme auditif, à cause d'un excès de pression artérielle. Mon cœur battait au point que je crus qu'il allait se rompre, les oreilles me sifflaient, tous les objets tourbillonnaient autour de moi, je tombai comme un homme ivre et m'évanouis (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 39). Au fig. Être encore sous le coup du danger couru lors d'une fusillade, d'un bombardement. Ses oreilles sifflaient encore du bruit des boulets (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 248).
Les oreilles ont dû lui siffler. [Expr. par laquelle on indique qu'un absent a été l'objet de médisances] V. oreille I B 1 a.
[Le suj. désigne ce qui provoque la sensation] Le sang sifflait aux oreilles du braco (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 272).
II. — Empl. trans.
A. — [Corresp. à supra I A]
1. a) Siffler un animal. L'appeler ou lui donner un ordre, en sifflant. Siffler son chien. On entendit encore une seconde l'homme siffler ses bêtes en s'éloignant; puis plus rien (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 270).
b) Siffler qqn. Lui ordonner une manœuvre, lui donner une instruction, en sifflant. Siffler un automobiliste, siffler un joueur qui a commis une faute. P. méton. Siffler une automobile. Dès qu'une auto est sifflée, si elle fait mine de ne pas s'arrêter, on tire dessus (MORAND, New-York, 1930, p. 91).
Siffler une femme. Lui manifester l'intérêt qu'on lui porte, en sifflant. J'allais parmi cette foule, avec des envies de faire mimi sur la joue des enfants, de siffler les femmes, de poser la main sur la tête des chiens, d'interpeller les fleurs des fleuristes (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 624).
c) [Le compl. désigne la manœuvre, l'ordre demandé] Siffler la pause, la fin du match, la remise en jeu. On siffla le départ qui survint dans un branle énorme, en catastrophe de ferraille, à la minute bien précise (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 544).
En partic. Signaler l'exécution d'une manœuvre, en sifflant. Le vapeur de M. Merlin sifflait sa sortie et entrait dans le bief (HAMP, Champagne, 1909, p. 198).
2. a) Se moquer, marquer son hostilité, sa désapprobation par des sifflements.
[Le compl. désigne le destinataire, une manière d'être du destinataire] Synon. huer. Ils ne se contentèrent pas de siffler les malheureux comédiens anglais, mais ils leur jetèrent des pommes à la tête et troublèrent si bien les représentations que l'on fut obligé de les suspendre (DELÉCLUZE, Journal, 1828, p. 453). Pendus en grappes autour des portières, on saluait chaque village de clameurs, on sifflait les Allemands, on chantait la Marseillaise (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 232).
[Le compl. désigne un spectacle, un auteur, un discours] Casimir Gide (1804-1868) vit son Roi de Sicile outrageusement sifflé à l'Opéra-Comique en 1830 (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 135).
b) Mod. Exprimer son approbation, son enthousiasme, selon l'usage du public populaire américain. Pour la Saint-Sylvestre, on réveillonna au dancing (...). On buvait ferme. Cela n'empêchait pas d'écouter le programme avec beaucoup d'attention, d'applaudir frénétiquement et de siffler, manière américaine d'exprimer le comble de l'enthousiasme (TRIOLET, Œuvres croisées, t. 13, L'Inspecteur des Ruines, Paris, R. Laffont, 1965 [1949], p. 179).
B. — Exécuter un air de musique, en sifflant. L'homme se laissait dandiner sur le dos de sa bête et sifflait un air campagnard (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 118):
2. C'était bien lui, un peu courbé, les mains derrière le dos; cet uniforme si leste et si simple, ce petit chapeau si renommé! Il était debout sur le seuil de la porte, sifflant un air de vaudeville, quand je l'abordai.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 155.
Siffler un air à un oiseau. Le lui apprendre, en sifflant. Synon. seriner. Ta ta ta! Vous parlez comme un petit sansonnet qui répète l'air qu'on lui siffle! (CLAUDEL, Soulier, 1929, 3e journée, 10, p. 824).
Vx, empl. factitif. Siffler un oiseau. Même sens. P. anal. Siffler la linotte. Indiquer à une personne ce qu'elle devra dire (dans une intrigue, lors d'un interrogatoire). Synon. faire la leçon, chambrer. Eh bien! cher père, trouvez-vous encore qu'il n'y a que les contre-révolutionnaires qui sifflent la linotte? (DESMOULINS ds Vx Cordelier, 1793-94, p. 186).
C. — 1. Fam. Avaler en aspirant, boire d'un trait. Siffler une coupe de champagne. Et elle s'attablait très bien, sans afficher des airs dégoûtés comme la première fois, sifflant les verres d'un trait (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 727):
3. — Oh! nous, répondit le reporter qui faisait avec ses lèvres, quand il voulait paraître modeste, la moue d'un homme qui siffle un œuf, nous ne sommes que des enfants.
THARAUD, Dingley, 1906, p. 40.
Pop. Boire beaucoup. Le père Janet? C'était peut-être pas un gros buveur, mais il sifflait ses six litres tous les jours; de vin, eh, je compte pas le marc, ça c'est une autre affaire (GIONO, Colline, 1929, p. 24).
2. Au fig., fam. Dépenser très rapidement. Vos cent mille francs sur la banque, mes cent mille francs sur sa charge, cent mille francs à monsieur Claparon, voilà trois cent mille francs de sifflés, sans les vols qui vont se découvrir, reprit le jeune notaire (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 232).
D. — En incise. [Le compl. est un énoncé]
1. Dire d'une voix âpre et stridente, dénotant la colère, l'hostilité. — Je suis bien libre, protestait le cousin. D'abord, elle est mieux que toi. — Une roulure, sifflait Juliette. Elle me paiera ça (AYMÉ, Jument, 1933, p. 221). Moi, croire? siffla Costals, avec un atroce mépris. Mais cela m'est venu ainsi (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1209).
2. Dire à voix basse ou à mi-voix. Synon. souffler. Et, se glissant vers Octave, il lui siffla dans l'oreille: « Amuse-les par ici en tirant sur la fenêtre, tantôt de ta place, tantôt de la mienne! Moi, je vais les prendre à revers! » (VERNE, 500 millions, 1879, p. 229). — Je vous défends de vous asseoir là, siffla-t-elle plus fort. — Chut, chut, fit-il en montrant du doigt à travers les murs M. et Mme Ligneul (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 227).
REM. 1. Sifflable, adj. [En parlant d'une pièce de théâtre] Qui mérite d'être sifflée (v. supra II A 2 a). Hector doit en partie son succès à ce qu'il n'y avait pas un vers choquant et sifflable, c'était l'ensemble qui était mortellement ennuyeux (STENDHAL, Journal, t. 2, 1808, p. 410). 2. Sifflade, subst. fém., vx. synon. de sifflets (v. sifflet B 2). Pour couronner tous mes ennuis, j'aurai peut-être une sifflade de première classe et force pommes plus ou moins cuites (SAND, Corresp., t. 2, 1840, p. 151). 3. Sifflage, subst. masc., méd. vétér. ,,Bruit anormal que certains chevaux font entendre dans une allure un peu vive, ou lorsqu'ils font de grands efforts`` (PEARSON 1872). Synon. cornage. 4. Sifflée, subst. fém., vx. Synon. de gorgée, lampée. [Il] aspira une longue sifflée d'air, tic qui lui était familier quand surgissait un événement considérable (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 169). 5. Sifflerie, subst. fém., rare. Synon. de sifflement. Un léger susurrement, une obscure sifflerie, qui part doucement en soupir (SUARÈS, Voy. Condottière, t. 3, 1932, p. 131).
Prononc. et Orth.:[sifle], (il) siffle []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. [D'un animal] pousser un cri 1. 1130-40 sifler intrans. (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 313 [ms. A]: Corocha soi et si sifla [le dragon]); ca 1290 (GAUTIER DE BIBBESWORTH, Traité, éd. A. Owen, 253: cerpent cifle); 1538 part. prés. adj. sifflants (EST., s.v. sibilus: sibila ora [angium]) 2. 1539 [entendre] siffler l'escoufle (Cl. MAROT, Œuvres lyriques, LXXXIX, Eglogue III, 218, éd. C. A. Mayer, p. 351). B. 1. a) ca 1170 sifler « [d'une personne] produire un son aigu en refoulant l'air par la bouche » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1990; éd. W. Foerster, 2043: var. sible, ms. B, déb. XIIIe s.); 1680 « id. à l'aide d'un sifflet » (RICH.); b) 1690 en parlant de tuyaux d'orgues (FUR.); c) 1878 en parlant d'un bateau, pour avertir (FLAUB., Corresp., p. 125); 1890 p. ext. (ZOLA, Bête hum., p. 153: le mécanicien sifflait éperdument); 2. 1387-91 siffler pour les chienz (GASTON PHÉBUS, Chasse, éd. G. Tilander, 75, 9, p. 278); fin XIVe s. [ms.] trans. cyfler ung levrier (FROISSART, Chron., III, § 21, éd. L. Mirot, t. 12, p. 84, 22, var. ms. Besançon 865); 3. 1547 trans. siffler une chanson (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, VIII, éd. J. M. Guichard, p. 181: sublant ou sifflant, lequel que l'on voudra, ou tous les deux, une chanson); 1643 en parlant d'un oiseau (SAINT-AMANT, Rome ridicule ds Œuvres, éd. J. Lagny, t. 3, p. 77, 994: En marbre, en airain on les grave [Pétrarque et Du Bellay] [...] Et jusqu'au Merle d'un Fripier, Il les sifle alors, et s'en brave); 4. 1549 siffler contre aucun; siffler [quelqu'un] « huer quelqu'un à coups de sifflet » (EST.); 1552 estre huyé et sifflé et chassé du theatre (EST., s.v. sibilus); 1738 [pièce de théâtre] sifflée (PIRON, Métromanie, V, 2 ds LITTRÉ); 5. 1658 siffler [un oiseau] « lui apprendre à siffler des airs » ici, fig. siffler [quelqu'un] « l'instruire de ce qu'il doit faire » (GUEZ DE BALZAC, Aristippe ou De la Cour, 2e discours ds Œuvres, éd. 1665, t. 2, p. 142); 1688 siffler des serins au flageolet (LA BRUYÈRE, Caractères, De la Mode, 2 ds Œuvres, éd. J. Benda, p. 390). C. Se moquer, plaisanter fin XIIe s. chifler intrans. (Lai du cor, 268 ds T.-L.); ca 1200 trans. cifler [aucun] (St Jean Bouche d'Or, 562, ibid.). D. P. anal. 1. 1306 « produire un bruit aigu [vent, flèche fendant l'air] » (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 19250: Quarriaus siflent); 2. a) 1552 part. prés. adj. voix aiguë et sifflante (PONTUS DE TYARD, Disc. philos., 25b d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p. 163); b) 1702 id. consones siflantes (FUR., s.v. siflant); 1835 id. subst. fém. sifflante (Ac.); c) 1718 (Ac.: sa poitrine siffle). E. 1. 1640 siffler la rostie; siffler la linotte; siffler pour les bourgeois « boire beaucoup » (OUDIN Curiositez); 1718 « boire » (LE ROUX); 2. 1837 p. anal. « dilapider » (BALZAC, loc. cit.). Siffler est issu du lat. vulg. sifilare, doublet osco-ombrien du class. sibilare « siffler », intrans.; « siffler [quelqu'un] ». D'apr. Nonius (IVe s.), sibilare aurait été en usage dans les classes cultivées, tandis que les classes pop., subissant l'empreinte des patois ruraux, auraient utilisé sifilare; cf. aussi le dér. sifilum (class. sibilum) CGL IV, p. 395, 3; v. M. NIEDERMANN, Précis phon. hist. lat.4, § 48; ., § 169. De sibilare, le type sibler, relevé notamment dans les dom. fr.-prov. (ca 1160 [copiste de l'est de la France] en parlant d'un serpent Eneas éd. J. J. Salverda de Grave, 2594; déb. XIIIe s. [dial. bourg.?] CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, var., supra B 1; XIIIe s. fr.-prov. Isopet de Lyon, X, 29 ds Rec. des Isopets, éd. J. Bastin, t. 2, p. 103) et occit. (1130-48 siular « siffler [un oiseau] » MARCABRU, Poés., XIX, 65, éd. J. M. L. Dejeanne, p. 92; 1225-28 ciblar « émettre un sifflement » Jaufre, éd. Cl. Brunel, 2778). Les 2 types sifler (dominant dans le domaine d'oïl) et sibler connaissent des var. d'orig. onomat. [ts-; -; -]. Ils connaissent aussi, à côté des formes en si-, des formes parallèles en su- corresp. respectivement à un lat. vulg. sufilare (cf. la gl. suiflum: sifilum, CGL V, p. 484, 53) et subilare. Le type sufler (fin XIIIe s. trans. « railler, se moquer de » Liv. des Machab., éd. Goerlich, 37) est relevé notamment en wallon et dans les dial. norm. de l'ouest. Le type subler est relevé en agn. dès ca 1170 (Rois, éd. E. R. Curtius, III, IX, 8, p. 133), s'étendant progressivement dans la plus grande partie des domaines d'oïl et d'oc; pour la répartition précise de ces types, v. FEW t. 11, pp. 564b-570b. Le sens « boire » s'explique soit p. anal. entre le sifflement qu'on attaque par une inspiration rapide, et l'absorption rapide d'un liquide d'un seul trait, soit parce que l'aspiration très rapide d'un liquide par un buveur peut produire une espèce de sifflement. Fréq. abs. littér.:1 512. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 539, b) 2 246; XXe s.: a) 2 516, b) 2 399. Bbg. WARTBURG (W. von). Sibilare. In: Deutsche Akademie der Wissenschaft zu Berlin. 1956, pp. 389-399.

siffler [sifle] v.
ÉTYM. V. 1155; du bas lat. sifilare, lat. class. sibilare (cf. dial. sibler, subler; → aussi Sibilant); le lat. pop. et les langues romanes possèdent plusieurs variantes de sibilare.
———
I V. intr.
1 a (Personnes). Émettre, produire un son aigu en faisant échapper l'air par une ouverture étroite (bouche, tuyau, instrument). Sifflement; sifflet. || Savoir siffler. || Siffler en mettant deux doigts dans sa bouche, siffler avec une herbe. || Siffler pour appeler, pour avertir. || Siffler au spectacle, pour protester (→ ci-dessous, II., 3.) ou parfois, à la mode américaine, pour approuver. || Moduler un air en sifflant (→ ci-dessous, II.).
1 Il traversa la Joncière, il alla à la carrière du Chaumois, sifflant et chantant pour se faire remarquer; mais il ne rencontra que le blaireau qui fuyait dans les chaumes, et la chouette qui sifflait sur son arbre.
G. Sand, la Petite Fadette, XXI.
2 Elle était arrêtée devant une affiche, Costals devant une autre, à quelques mètres d'elle. Il siffla pour la faire venir, comme un souteneur.
Montherlant, les Lépreuses, I, V.
(Au moyen d'un sifflet). || Agent de police qui siffle.Mar. || Siffler sur le bord : rendre les honneurs au sifflet (cit. 1) de manœuvre (à un officier ou un personnage de marque qui franchit la coupée).
b (Choses, instruments). || La locomotive (→ Lampe, cit. 20), le train siffle.Par ext. || Le mécanicien sifflait éperdument (→ Haletant, cit. 8), sifflait au disque, faisait fonctionner le sifflet.Les mots sifflaient dans sa bouche (→ Hoquet, cit. 8).
2 (1690). Personnes, animaux; organes de la respiration. Produire un son aigu, lorsque la respiration est gênée. || Malade, dormeur qui siffle.Respiration qui siffle. Sibilant, sifflant. || Son nez siffle (→ Rhume, cit. 5).
Produire un sifflement en parlant (par un défaut de prononciation, en marquant trop les sifflantes). aussi Assibilation; assibiler.
3 (V. 1530; animaux). Émettre un cri analogue à un sifflet. || Le loriot, le merle siffle. Chanter. || « Un oiseau siffle dans les branches » (→ Merle, cit. 1).
3 Le jars siffle comme un tuyau d'arrosage.
J. Renard, Journal, 12 juil. 1899.
(En parlant des serpents). → 1. Aspic, cit. 2; dérouler, cit. 7; lover, cit. 1. || « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (→ Enfer, cit. 2, Racine).
4 (Déb. XVIIe, d'Aubigné). Produire un son aigu par un frottement, par un mouvement rapide de l'air. || Le vent, la bise, la bourrasque (cit. 4) siffle… (→ Démon, cit. 11; gibet, cit. 4; neiger, cit.). || Un courant (2. Courant, cit. 9) d'air sifflait sous les préaux.Balles (cit. 9), bombes (cit. 3), obus, flèches (cit. 11) qui sifflent.Les poulies grinçaient (cit. 7), piaulaient, sifflaient. — ☑ Siffler aux oreilles : être perçu comme un sifflement (→ Couteau, cit. 6).Par métaphore (en parlant de la calomnie, des sarcasmes) :
4 Sa fidèle Nanon paraissait-elle au marché, soudain quelques lazzis, quelques plaintes sur son maître lui sifflaient aux oreilles (…)
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 613.
5 Le vent siffle aux brèches des voûtes;
Une plainte sort des beffrois (…)
Hugo, Odes et ballades, Ballades, XIII.
6 Il y avait des moments de grand silence, puis les chênes parlaient, puis les saules, puis les aulnes; les peupliers sifflaient de gauche et de droite comme des queues de chevaux, puis tout d'un coup ils se taisaient tous.
J. Giono, le Chant du monde, I, VII.
Sortir d'un orifice avec un son aigu. || La vapeur (→ Purgeur, cit.), le gaz (cit. 6) siffle, chuinte (→ Papillon, cit. 10).
5 Les oreilles lui sifflent : il éprouve une sensation de sifflement (sans cause extérieure). Corner.
———
II V. tr.
1 (1547). Moduler (un air) en sifflant. Siffloter (→ Balader, cit. 2; courbature, cit. 4). || Siffler un air. || Siffler qqch. (un air…) à qqn. || Je vais te siffler cette chanson.
7 Je sifflai d'abord cette Polonaise de Bach qui me venait toute seule aux lèvres (…) puis je sifflai un menuet de Haydn et un menuet de Mozart.
J. Giono, Jean le Bleu, IV.
Par ext. || Siffler un oiseau, lui apprendre un air en le lui sifflant. Seriner.Fig. et vx. Instruire (qqn) de ce qu'il doit dire, faire (cf. Guez de Balzac, in Littré).
2 (XIXe). Appeler (qqn, un animal) en sifflant. || Siffler son chien. Hucher (→ Imiter, cit. 4). || Siffler une femme. || Agent qui siffle un contrevenant.
7.1 (…) on peut regarder les jolies femmes, tout le long de la route, les siffler au passage.
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 236.
(1900). Sports. Signaler en sifflant. || L'arbitre a sifflé une faute, la mi-temps.
7.2 Avant chaque mêlée, les avants espèrent un instant que c'est la fin qu'on va siffler, et ils appuient sur l'adversaire comme sur l'aiguille des minutes, mais l'arbitre juge le temps d'après sa montre.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 137.
Anc. (Mar.). || Siffler un commandement, le répéter au sifflet pour qu'il soit entendu sur tout le bord (hunes, beaupré, etc.).
3 (1549). Désapprouver bruyamment (par des sifflements, des cris, etc.) une personne qui se produit en public, et, par ext., une œuvre, un auteur… (au théâtre, etc.). Conspuer, chahuter, huer (II.); → Honnir, cit. 1. || Se faire siffler, conspuer…
8 (…) chacun (…) admire un certain poème (…) et siffle tout autre.
La Bruyère, les Caractères, I, 49.
9 En cinq minutes, elle applaudit avec enthousiasme et siffle avec frénésie le même acteur (…)
Maupassant, la Vie errante, La Sicile.
Fig. et vieilli. Accueillir avec dérision. Persifler. || « Si vous faites cette proposition, on vous sifflera » (Académie).
4 (Av. 1850; « boire », v. intr., dès le XVe). Fam. Avaler, boire d'un trait (→ Bistrot, cit. 3). || Le crieur d'imprimés… « ce gai siffle-litre » (Mallarmé, Chanson bas, VII). || Il a tout sifflé d'un coup.
10 (…) un état de bonne humeur, entretenu toute la soirée par les verres de punch et de champagne sifflés au passage sur les plateaux de la desserte.
Alphonse Daudet, le Nabab, XV.
10.1 Saturnin, gêné, avale son rhum.
— Un autre, commande-t-il et la tournée.
— Au quai ! répond le patron. (C'est le marin qui lui a appris cette locution.)
Yves Le Toltec siffle son alcool avec décision (…)
R. Queneau, le Chiendent, p. 99.
5 Vieilli ou littér. Dire d'une voix sifflante (de mépris, de colère).
11 Ce reptile vous a sifflé que j'étais là pour trahir vos secrets !
Beaumarchais, la Mère coupable, III, 9.
12 Le petit homme siffle avec dédain :
— Des nigauds, fait-il, des ignorants, des culs-terreux qui ne savent pas lire.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, I, III.
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sifflé, ée p. p. adj.
|| Un air mal sifflé.Conspué, hué. || Pièce sifflée. || « L'endroit le plus sifflé » (Voltaire). || Langages sifflés.
CONTR. (De II., 3.) Acclamer, applaudir, approuver.
DÉR. Sifflable, sifflage, sifflant, sifflement, sifflet, siffleur, siffleux, siffloter. — V. Sifflard.
COMP. V. Persifler.

Encyclopédie Universelle. 2012.