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obliger

obliger [ ɔbliʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1246 « engager » (des liens); lat. obligare, de ligare « lier »
1(fin XIIIe) Assujettir par une obligation d'ordre juridique. Le contrat oblige les deux parties. Obliger à (et subst. ou inf.). « La loi oblige l'homme à quantité d'actes » (Valéry). Être obligé par contrat de faire telle ou telle chose. Pronom. Se lier par une obligation. s'engager, promettre. S'obliger à faire, à fournir.
2Assujettir par une obligation d'ordre moral. « Ces devoirs nous obligent vis-à-vis de la cité » (Bergson). Obliger qqn à qqch., à faire qqch. L'honneur m'y oblige. Les coutumes, la bienséance, la politesse nous obligent à certaines choses. « L'intérêt général nous oblige à faire litière de certaines conventions » (Aymé). Absolt Loc. prov. Noblesse oblige. (Sur ce modèle) Jeunesse oblige.
3Mettre dans la nécessité (de faire qqch.). astreindre, contraindre, forcer. Vieilli Obliger de. « Les persécutions les ont obligés de passer dans les Indes » (Montesquieu). Mod. Obliger à. Ses parents l'ont obligé à travailler. « La gêne domestique l'obligea à tenir un hôtel » (Sainte-Beuve). « Tout nous oblige à admettre son existence » (Paulhan). Rien ne vous y oblige. Fam. Tu vas m'obliger à me fâcher ! Pronom. S'imposer de. « Michèle s'obligea à réciter deux fois de suite le De Profundis » (F. Mauriac). Pass. Être obligé de (faire qqch.). obligé.
4(1538) Attacher (qqn) par une obligation, en rendant service, en faisant plaisir. aider, secourir; obligeance, obligeant. « Il faut autant qu'on peut obliger tout le monde » (La Fontaine ). Vous n'obligerez pas un ingrat. Vous m'obligerez, vous m'obligeriez infiniment en faisant, si vous faisiez telle chose.
⊗ CONTR. Affranchir, dispenser; exempter; désobliger.

obliger verbe transitif (latin obligare, de ligare, lier) Lier par un contrat, par une convention : Votre signature vous oblige. Forcer quelqu'un, le mettre dans la nécessité de faire quelque chose ou le contraindre moralement : Je l'ai obligé à recommencer. Rendre service à quelqu'un, l'aider par complaisance, lui être agréable : Vous m'obligeriez en me prêtant ce livre.obliger (citations) verbe transitif (latin obligare, de ligare, lier) Eugène Labiche Paris 1815-Paris 1888 Académie française, 1880 Avant d'obliger un homme, assurez-vous bien d'abord que cet homme n'est pas un imbécile. Le Voyage de Monsieur Perrichon Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde : On a souvent besoin d'un plus petit que soi. Fables, le Lion et le Rat Nestor Roqueplan Montréal, Aude, 1804-Paris 1870 Qui oblige s'oblige. Nouvelles à la main Théognis de Mégare VIe s. avant J.-C. C'est peine perdue que d'obliger des méchants ; autant vaudrait ensemencer les blanches plaines de la mer. Élégies, I, 105-106 (traduction J. Carrière) obliger (difficultés) verbe transitif (latin obligare, de ligare, lier) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : j'oblige, nous obligeons ; il obligea. Construction 1. Obliger à / obliger de (= contraindre). Dans ce sens, obliger se construit avec à à la voix active et avec de à la voix passive : on m'oblige à le faire, je suis obligé de le faire. - Obliger de à l'actif est vieilli : on m'oblige de le faire. 2. Obliger de (= rendre service, être agréable, faire plaisir). Dans ce sens, obliger se construit avec de suivi d'un infinitif ou d'un substantif, ou avec le gérondif : je vous suis obligé de prendre soin d'elle ou du soin que vous prenez d'elle ; vous m'obligeriez en venant demain. Registre soutenu. ● obliger (synonymes) verbe transitif (latin obligare, de ligare, lier) Lier par un contrat, par une convention
Synonymes :
- assujettir
- enchaîner
- engager
- lier
Forcer quelqu'un, le mettre dans la nécessité de faire quelque chose...
Synonymes :
- astreindre
- condamner
- entraîner
- forcer
Rendre service à quelqu'un, l'aider par complaisance, lui être agréable
Synonymes :
- aider
- dépanner (familier)
- servir

obliger
v. tr.
d1./d Obliger à: contraindre, forcer à. La crainte l'oblige à se taire.
d2./d DR Lier juridiquement. La loi oblige tous les citoyens.
d3./d Rendre service, faire plaisir à (qqn).

⇒OBLIGER, verbe trans.
A. — 1. [Correspond à obligation B, obligatoire C; le suj. est un inanimé] Contraindre (quelqu'un) à, (le) mettre dans la nécessité de.
a) Obliger (qqn) à
) Obliger (qqn) à + verbe. C'est une nécessité toute semblable qui nous oblige à scinder la linguistique en deux parties ayant chacune son principe propre (SAUSSURE, Ling. gén., 1916, p.115). La stabilité de la direction et la tenue de route de la voiture ont obligé les ingénieurs à définir la position des roues avant de (...) manière rigoureuse (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p.234). La configuration du pays, son étendue et sa massiveté obligèrent, avec le plus d'évidence, à donner à la route terrestre la supériorité sur la route fluviale (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p.152).
Au part. passé. V. obligation A 4, ex. du Code civil.
) Obliger (qqn) à + subst. Les manipulations que le germe subit en pépinière, où il est d'abord enfoui et puis repiqué avant d'être transplanté en station, le fatiguent, en l'obligeant à une triple reprise, à un triple départ (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.29). Les situations concurrentielles obligent la plupart du temps le chef d'entreprise à une certaine discrétion (Univ. écon. et soc., 1960, p.22-8).
Au part. passé. Elle profite de ce qu'il est temporairement obligé à de longues absences pour se mal conduire (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.103).
b) Obliger (qqn) de + verbe
) Vieilli ou littér. La dette américaine, dont le ministre du Congrès demandait chaque année l'acquittement, m'obligea d'étudier le travail de mes prédécesseurs (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.205). Ce fut à Paris, après que des intrigues de théâtre l'eurent obligé de quitter Riga en 1839 que Wagner put achever Rienzi (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p.137):
1. Voilà l'idiot que j'étais et que je fusse demeuré peut-être sans l'hémoptysie qui terrifia ma mère et qui, deux mois avant le concours de normale, m'obligea de tout abandonner.
MAURIAC, Noeud vip., 1932, p.27.
) Au part. passé. À Oran comme ailleurs, faute de temps et de réflexion, on est bien obligé de s'aimer sans le savoir (CAMUS, Peste, 1947, p.1218).
2. [Correspond à obligation A, obligatoire A] Assujettir, lier (quelqu'un) par une prescription juridique, administrative (loi, contrat, acte donnant recours en justice). Je ne veux défendre le concordat et rester fidèle à cette politique, que tout autant que le concordat sera interprété comme un contrat bilatéral qui vous oblige et vous tient, comme il m'oblige et comme il me tient! (GAMBETTA ds Doc. hist. contemp., 1877, p.43). Le concordat passé entre le souverain pontife et le gouvernement français, comme du reste tous les traités du même genre que les états concluent entre eux, était un contrat bilatéral qui obligeait les deux côtés (PIE X ds Recueils textes hist., 1906, p.99).
Au part. passé. Les Banques sont obligées: De signaler (...) les ouvertures et les fermetures de comptes (...). De déclarer, en cas de décès d'un client, (...) le solde du compte à la date du décès (Banque 1963).
Emploi pronom. réfl. S'obliger par-devant notaire (Ac.).
Emploi abs. Les lois de majorité sont lois de l'état: sans cela, elles n'obligeraient pas (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p.45).
3. [Correspond à obligation B, obligatoire B] Lier (quelqu'un) par une prescription morale ou sociale. Comme il [l'homme] est libre, la raison ne le contraint pas, mais elle l'oblige (COUSIN, Kant, 1857, p.343). Il n'aimait pas qu'on lui rendît service, parce cela l'obligeait à retourner la politesse, ce qui posait des problèmes qui le mettaient à la torture (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.803). La conscience nous oblige à... (FOULQ.-ST-JEAN 1962).
Emploi pronom. réfl. Elle s'obligeait à un effort quotidien pour détourner Jean de ses projets de voyage (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p.180). Plus que tout autre orateur, il [l'avocat] s'oblige à la bienséance (WICART, Orateur, t.2, 1936, p.307):
2. Alors, elle se taisait, elle s'obligeait à ne plus écrire, dans quelque temps. Christophe ne comprenait pas les raisons de ces silences.
ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1551.
Au part. passé
Se croire obligé de. Il se croit toujours obligé de m'attaquer; je suis forcé de lui répondre, ça ennuie tout le monde et moi le premier (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.212).
Rare, vieilli. Se croire obligé à. Coffe, en sachant résister à Leuwen, s'était fait aimer et, par reconnaissance, se croyait obligé à lui répondre (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1836, p.195). Je l'environnerai, elle, de tant de soins et d'amour, qu'elle se croira obligée à faire mon bonheur et à assurer un protecteur à son fils (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.498).
Loc. proverbiale. Noblesse oblige.
P. anal. et p. plaisant. On n'a pas eu impunément quelques ancêtres [corbeaux] à Montfaucon, noblesse de gibet oblige (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p.33):
3. Il incline à la philanthropie. Il fonde des dispensaires. Des crèches. Noblesse obligeait. Bourgeoisie oblige. Il doit faire ce qu'il peut pour les hommes placés au-dessous de lui...
NIZAN, Chiens garde, 1932, p.95.
♦[Constr. sur le même modèle] Discrétion, fonction oblige. Et pour vous y conduire, nous vous offrons le sérieux et la gentillesse qui ont fait notre réputation. Tradition hollandaise oblige (Le Monde, 9 déc. 1977, p.5).
Rem. 1. Obliger un apprenti (vx). Engager un apprenti chez un maître, pour lui faire apprendre pendant un certain temps le métier de ce maître (d'apr. Ac. 1798-1878). 2. À l'actif on emploie de préférence obliger à + inf., obliger de + inf. étant plus usuel au passif.
B.Littér., vieilli. [Correspond à obligation C] Obliger qqn. Rendre service à quelqu'un, lui être utile ou agréable, avoir droit à sa reconnaissance. Je lui demandai (...) quel sentiment l'avait poussé à me faire payer de si énormes intérêts, et par quelle raison, voulant m'obliger, moi son ami, il ne s'était pas permis un bienfait complet (BALZAC, Gobseck, 1830, p.420). J'ai cédé, avec le désir de vous obliger personnellement, et pressé également par le consentement de M. Ch. Blanc, votre ami (DELACROIX, Journal, 1849, p.252). Si vous pouviez me montrer ça tout de suite [ce que vous emporterez], ça m'obligerait (MAUPASS., Une Vie, 1883, p.23).
+ compl. prép. de. Monsieur le Chevalier de Saint Louis, obligez-moi de déguster ce vin; ça ne coûte rien (FONGERAY, Soir. Neuilly, t.1, 1827, p.165). Puis, pour tout dire, le comte est généreux. Si vous l'obligez de ça, dit le valet en montrant l'ongle d'un de ses doigts, il vous le rend grand comme ça, reprit-il en allongeant le bras (BALZAC, Début vie, 1842, p.317).
[Pour assurer qqn à l'avance qu'on lui sera reconnaissant d'un bienfait] En me rendant ce service vous n'obligerez pas un ingrat (Ac. 1838-1935).
[Dans des formules de politesse] Vous m'obligerez extrêmement, infiniment (Ac.). À Georges Sand. Paris, mi-février 1872. Chère bon maître, Pouvez-vous, pour le Temps, écrire un article sur Dernières chansons? Cela m'obligerait beaucoup. Voilà (FLAUB., Corresp., 1872, p.350).
Prononc. et Orth.:[], (il) oblige []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1243 pronom. et trans. dr. «(s')engager, (se) donner comme caution» (Chartes et doc. poit. du XIIIes. en lang. vulg., éd. M. S. La Du, t.2, p.309: en avom obligé nos e totes les noz chou[s]es moubles et non moubles); 1459 part. passé subst. le principal obligé (Coutumes de Bourgogne, chap.V ds Nouv. Coutumier gén., t.2, p.1174); 1468 part. passé subst. obligé «personne liée par une obligation juridique» (Ordonnances des Rois de France, t.17, p.143: tels debteurs et obligez); 1690 obligé «acte passé entre un apprenti et un patron» (FUR.); 2. ca 1245 part. passé adj. ablégie «fortement liée, constante» (PHILIPPE MOUSKET, Chron., éd. de Reiffenberg, 4976); ca 1265 obligier «lier par une obligation morale» (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 78, p.398); 1260-1311 pronom. «s'engager» (Auberon, éd. J. Subrenat, 1543: A vous servir voel mon cors obligier); 3. a) ca 1485 «contraindre, forcer» (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 3670: Tous obligez sont a cecy [à mourir]); 1530 (PALSGR., p.424a: je suis obligé de le faire); 1540 (N.DE HERBERAY DES ESSARS, Le Premier Livre de Amadis de Gaule, éd. H.Vaganay, t.1, p.87: la raison vous oblige à dire ce que vous dictes); b)1703 mus. (BROSSARD, Dict. de mus., s.v. obligato: a deux violons obligez [...] Basson obligé); 1705 (ibid., s.v. fugue: fugue [...] obligée); 1757 récitatif obligé (DIDEROT, Entretiens sur le Fils naturel, p.165); 1768 partie obligée (ROUSSEAU); c) 1797 part. passé adj. «imposé par l'usage, les circonstances; nécessaire, inévitable» (CHATEAUBR., Essai Révol., t.2, p.402: décrire [...] leur courbe obligée); 1825 en parlant de qqn (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, p.390: l'intermédiaire obligé). II.a)1370-72 passif «être lié (à quelqu'un) par un lien de reconnaissance» (ORESME, Éthiques, éd. A. D. Menut, p.460: il est plus tenu et plus obligié a son bienfaicteur); 1540 part. passé adj. et subst. «(personne) redevable à quelqu'un d'un service, d'un bienfait» (N.DE HERBERAY DES ESSARS, op. cit., t.1, p.7 et p.66); b)av. 1378 part. prés. adj. obligant «empreint de reconnaissance» (JEHAN D'ARKEL [et non JEHAN LE BEL], Li ars d'amour, éd. J. Petit, t.1, p.389: paroles humles et obligans); 1601 obligeant «qui a le caractère de l'obligeance» (CHARRON, Sagesse, l. III, chap.XI, p.616 ds GDF.: bienfaicts [...)] plus ou moins obligeans); 1636 en parlant de qqn «qui aime à rendre service, à faire plaisir» (MONET); 1828-29 part. prés. subst. «personne qui aime à rendre service» (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mém. forçat, t.1, p.105: le métier d'obligeant). Empr. au lat. obligare «attacher à, contre; fig.: lier, engager, obliger (par un contrat; un voeu; un bienfait, un service)», dér. de ligare «attacher, lier» au moyen du préf. ob- «devant; à cause de, pour; en échange de». Fréq. abs. littér.:2799. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a)4195, b)2516; XXes.: a) 3343, b) 4964.

obliger [ɔbliʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. Fin XIIIe, au sens 1; « engager » des liens, 1246; lat. obligare, comp. de ligare « lier ».
1 Assujettir par une obligation d'ordre juridique ( Obligation, 1.). || Le contrat oblige les deux parties. || Obliger à (et subst. ou inf.). || Il y a dans le bail une clause qui l'oblige aux réparations.(Passif et p. p.). || Être obligé de (et inf.). || Être obligé par contrat de faire telle chose.« Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage (cit. 1, Code civ.), oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer ». Délit (et quasi-délit). || Disposition légale obligeant telle personne à telle ou telle chose. || « Les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire » (Code civ., art. 3). || L'Ancien Testament obligeait les juifs à remettre la dîme (cit. 2) à leurs lévites. || L'hommage (cit. 4) lige obligeait le vassal à servir sans limite. || La loi (1. Loi, cit. 20) oblige l'homme à quantité d'actes.
(V. 1283). Pron. || S'obliger : se lier par une obligation. || Le consentement de la partie qui s'oblige (→ Cause, cit. 42). || Contrat (cit. 5) par lequel les deux parties s'obligent à… Engager (s'), promettre. || S'obliger à faire, à fournir qqch. || S'obliger par-devant notaire. || S'obliger solidairement. || S'obliger pour qqn, lui servir de caution.
1 Un fort honnête médecin (…) me promet et veut s'obliger par-devant notaires de me faire vivre encore trente années (…) Je lui ai dit (…) que je serais satisfait de lui pourvu qu'il s'obligeât de ne me point tuer.
Molière, Tartuffe, 3e placet.
2 (…) quelqu'un vient d'être condamné en justice de payer pour un autre pour qui il s'est obligé (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, Du contretemps.
Par ext. (Vx). Engager (des fonds, des biens). || Il a obligé tous ses biens (Académie).Fig. (Vx). || Obliger sa foi (→ Avouer, cit. 1, Calvin).
2 (Mil. XVIe). Assujettir par une obligation d'ordre moral. || Obliger qqn à qqch., à faire qqch. ( Obligation, 2.). || La loi naturelle, la loi divine nous oblige à honorer père et mère (Académie). Imposer (de). || À quoi oblige la loi (cit. 43) chrétienne. || L'honneur, la conscience nous y obligent (→ Dénoncer, cit. 4). || Les véritables motifs qui m'obligent à faire les choses (→ Fond, cit. 25). || Les maximes (cit. 3) morales qui obligent l'homme. || Les devoirs (cit. 23) qui nous obligent (→ Étroit, cit. 22). — ☑ Prov. (Absolt). Noblesse oblige.Son métier, son service l'y oblige (→ Écrivain, cit. 12; hiver, cit. 7; midship, cit.). || Les coutumes, la politesse, la bienséance nous obligent à certaines choses (→ Formalité, cit. 8).
3 (…) on voit naître un « sentiment de l'honneur » qui ne fait qu'un avec l'esprit de corps. Telles sont les premières composantes du respect de soi. Envisagé de ce côté (…) il oblige par tout ce qu'il apporte avec lui de pression sociale.
H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, p. 67.
3 (1507, avec de; 1530, à…). || Obliger qqn à (et inf.), de (et inf.) : mettre qqn dans la nécessité de (faire qqch.). Obligation (2.); astreindre, commander, contraindre, exiger, forcer, imposer. || Son père, pour l'obliger à écrire, l'enfermait (→ Drôlement, cit. 1). || Le vent vous oblige à baisser la tête (→ Face, cit. 27, La Fontaine). || On l'a obligé à émigrer, à s'exiler. Condamner. || Le furet (cit. 1) oblige les lapins à sortir du terrier. || Les sauvages obligent leurs femmes à travailler (→ Hamac, cit. 2).(Sujet n. de chose). || Les circonstances, la situation, la vie… nous obligent à…, de… (→ Anticipation, cit. 1; gâcher, cit. 7; gravité, cit. 14; hôtel, cit. 6; impérial, cit. 5). Porter (à). || Cela m'oblige, c'est ce qui m'oblige à… (→ Échiquier, cit. 5; inclination, cit. 11; larmier, cit. 2). || Rien ne vous y oblige (→ Dessein, cit. 16). || Qu'est-ce qui vous oblige à lui en parler ?(1641). Pron. (réfl.). || S'obliger (soi-même) de… (vx; → Destinée, cit. 5), à… (→ Disperser, cit. 5; effarer, cit. 2) : s'imposer de.
4 Les Normands d'Italie tinrent souvent en respect les empereurs d'Orient et d'Occident. Les Normands d'Angleterre, vassaux formidables du roi de France, l'obligèrent longtemps de se livrer sans réserve aux papes.
Michelet, Hist. de France, IV, II.
5 Il y a des projets qu'on laisse ses amis ignorer, car les en instruire c'est les obliger à une complicité qui contrarie peut-être leur ligne de conduite.
M. Barrès, Leurs figures, p. 15.
6 Sur la tombe recouverte de fleurs (…) Michèle s'obligea à réciter deux fois de suite le De Profundis qui me parut interminable.
F. Mauriac, la Pharisienne, XII.
7 (…) un fait dont nous ne connaissons pas la nature, alors même que tout nous oblige à admettre son existence, demeure pour nous comme s'il n'était pas.
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 35.
REM. L'infinitif après obliger peut être introduit par à ou par de. Obliger à insiste sur l'action du sujet, tandis que obliger de s'emploie de préférence au passif et est vieilli à l'actif (→ ci-dessous, obligé).
Obliger qqn à qqch. || Les faits n'obligent pas à l'affirmation (→ Génération, cit. 5).
4 (1538). || Obliger qqn : attacher (qqn) par une obligation (4.), en rendant service, en faisant plaisir. Aider, secourir. || Nos sentiments envers ceux qui nous obligent (→ Bienfait, cit. 4 et 10; donner, cit. 6). || La manière dont vous venez de m'obliger m'engage (cit. 10) à la plus vive reconnaissance. || Vous n'obligerez pas un ingrat. || Vous m'avez obligé de la meilleure grâce (cit. 92) du monde. || Le plaisir d'obliger; aimer à obliger. Obligeant, obligeance. || Il n'y a que l'intention (cit. 3) qui oblige. || Vous m'obligerez, vous m'obligeriez infiniment en faisant (→ Honoraire, cit. 4), si vous faisiez telle chose (→ Bonté, cit. 10; honoraire, cit. 4).Vx. || Vous m'obligez beaucoup, vous m'avez obligé de faire telle chose, en faisant telle chose (→ 2. Affecter, cit. 7; intendant, cit. 3; mademoiselle, cit. 3; moi, cit. 62). || On m'obligera de ne m'en plus parler : on me fera plaisir en ne m'en parlant plus (→ Missive, cit. 1).Vous m'obligez beaucoup, c'est très gentil de votre part.
8 (…) je viendrai vous voir de temps en temps (…) — Vous m'obligez beaucoup.
Molière, le Malade imaginaire, III, 10.
9 Il faut autant qu'on peut obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
La Fontaine, Fables, II, 11.
10 Ce n'est pas un grand malheur d'obliger des ingrats, mais c'en est un insupportable d'être obligé à un malhonnête homme.
La Rochefoucauld, Maximes, 317.
11 (…) et bien loin de ressembler à ces fanfarons qui se vantent du bien qu'ils n'ont point fait, il ne m'a jamais dit qu'il eût obligé personne.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, IV.
12 Tu m'as sauvé la vie et, par Dieu, je ne l'oublierai jamais ! Tu n'auras pas obligé un ingrat. Je ferai ta fortune.
A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques, p. 137.
13 Vous m'obligeriez infiniment, Politzer, en expédiant ce soir même les trois lettres que je vous ai prié d'écrire.
G. Duhamel, Salavin, V, XII.
REM. Sans être vieilli, ce sens, comme ses dérivés, est du style soutenu.
——————
obligé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (Fin XIIIe).
A (Personnes).
1 Tenu, lié par une obligation, assujetti par une nécessité.Dr. || Une personne obligée envers un créancier.
N. || Le principal obligé : le débiteur principal, par oppos. à la caution.(Par métaphore). || L'homme (cit. 84), dès le jour de sa naissance, est un obligé.
Être, se sentir obligé à qqch., au secret (→ Discrétion, cit. 14), à une falsification (cit. 4). || Quand on n'y est pas obligé. Besoin (avoir). → Gaieté, cit. 9. — Vx. || Être obligé à faire une chose (→ Employer, cit. 11; emprunter, cit. 1; esclave, cit. 9; libéralisme, cit. 1).Mod. || Être obligé de faire une chose (→ Assiéger, cit. 14; avance, cit. 31; courber, cit. 19; démolir, cit. 9; dévorer, cit. 25; dieu, cit. 12…). || On est obligé de faire ce qu'on a promis (→ Chose promise, chose due). || Se croire obligé de… (→ Hypocrisie, cit. 14; large, cit. 14). || Se voir, se trouver obligé de… (→ Exportation, cit. 2). || Je suis bien obligé de croire… (→ Généreux, cit. 20; goujat, cit. 7).
14 Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 2.
15 (…) à deux reprises il tomba (dans le bassin) et fut obligé de se changer.
Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, II.
2 (1559). Attaché, lié (par un service reçu). → ci-dessus, 4. || Je vous suis fort obligé de la peine que vous avez prise, de toutes vos attentions (cit. 40)… (→ 1. Dire, cit. 89; guérison, cit. 1; honnêteté, cit. 18). Gré (savoir); reconnaissant; redevable. || Je vous suis infiniment obligé de prendre part… (→ Arriver, cit. 50).(Remerciement). || Je vous suis bien obligé.
16 (…) c'est du fond du cœur que je vous parle. — Je vous suis bien obligée, si ça est. — Point du tout; vous ne m'êtes point obligée de tout ce que je vous dis, et ce n'est qu'à votre beauté que vous en êtes redevable.
Molière, Dom Juan, II, 2.
17 Ma femme est bien obligée à ma sœur des peines qu'elle prend (…)
Racine, Lettres, 81, 28 juin 1688.
N. || L'obligé(e) : celui, celle qu'on a obligé. || Le bienfaiteur (cit. 3 et 4) et l'obligé. || Je suis son obligé. || Sa manière de faire le bien glace (cit. 18) ses obligés.
18 Vouloir se passer de tous les hommes et n'être l'obligé de personne est le signe certain d'une âme dépourvue de sensibilité.
Joseph Joubert, Pensées, V, LXXVIII.
19 Il avait prêté plusieurs fois de l'argent à madame Vauquer et à quelques pensionnaires; mais ses obligés seraient morts plutôt que de ne pas le lui rendre (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 858.
20 Il ne se considérait donc comme l'obligé de personne. Les services qu'on avait pu lui rendre, il les avait achetés et bien payés.
E. Fromentin, Dominique, X.
21 Dès qu'un bonhomme se sent l'obligé d'un autre, il devient susceptible, nerveux (…)
G. Duhamel, Cri des profondeurs, IV.
B (1703, Brossard, Dict. de musique; de l'ital. obbligato). Choses.
1 « On appelle partie obligée… celle qu'on ne saurait retrancher sans gâter l'harmonie ou le chant; ce qui la distingue des parties de remplissage,… celui qui est chargé d'une partie obligée ne peut la quitter un moment sans faire manquer l'exécution » (Rousseau, Dict. de musique). || Récitatif obligé.
22 Obligé, en terme de musique, signifie nécessaire, dont on ne peut se passer, ou sans lequel quelque chose ne serait pas entier. À deux violons obligés (…) Souvent il signifie aussi contraint ou restreint dans de certaines bornes, ou assujetti à certaines lois (…) Une fugue obligée (…)
Dict. de Trévoux, art. Obligé.
2 (Fin XVIIIe). Cour. (En épithète). Qui résulte de quelque obligation ou nécessité; qui est commandé par l'usage, par les faits… Indispensable, nécessaire. || La moralité vulgaire, obligée, courante (→ Bon, cit. 54, Balzac). || « Le duel (…) supplément obligé aux lois (…) » (→ Honneur, cit. 9, Chateaubriand). || Le contact obligé de deux êtres liés l'un à l'autre (→ Indifférent, cit. 18). || La formule obligée d'une lettre, d'une pétition (Académie). Obligatoire, ordonné, requis. || Une dépense (cit. 6) presque toujours obligée. || Corollaire (cit. 3) obligé.(En parlant d'une personne). || Le clergé, instituteur obligé du peuple sous l'Ancien Régime (→ Incapable, cit. 12, Michelet).
3 (En attribut). || C'est obligé ! : c'est forcé. || C'était obligé : c'était fatal, ça devait arriver. Obligatoire; immanquable, inévitable.
CONTR. Affranchir, délier, dispenser, épargner, exempter; désobliger. — Exempt, quitte.
DÉR. Obligeant.

Encyclopédie Universelle. 2012.